L’avant-projet de la Loi de Finances 2016, adopté mercredi 9 septembre par le Conseil du gouvernement, contient une nouvelle série de mesures destinées à augmenter les recettes de l’État, durement touchées par la baisse significative des cours du pétrole.
Parmi les mesures, le gouvernement prévoit le relèvement du taux de la TVA pour le gasoil, la 3G et la consommation d’électricité dépassant un certain seuil. L’avant-projet de loi prévoit aussi l’instauration d’un droit de douane à 30 % sur les importations d’ordinateurs, et de 5 % pour les composants informatiques (carte-mère, etc.). La Taxe sur les produits pétroliers (TPP) et la Taxe intérieure de consommation (TIC) subiront elles aussi une augmentation, tout comme les vignettes automobiles.
Pour la première fois depuis de nombreuses années, le gouvernement introduit massivement des taxes qui impacteront directement le quotidien des Algériens. Mais si ces mesures de prime abord semblent nécessaires pour faire face à la crise, on se rend compte rapidement que celles-ci risquent d’étrangler encore plus le pouvoir d’achat des Algériens, déjà mis à mal par la dévaluation du dinar décidée par la Banque d’Algérie.
Un seuil de consommation d’électricité trop bas
Dans le cas de l’électricité par exemple, la nuance est subtile mais bien présente. Le gouvernement prévoit en effet de garder un taux de TVA réduit de 7 % pour la consommation allant de zéro à 125 kilowatt heure (kwh), et de relever la TVA au taux normal (17 %) au-delà de ce seuil. Si la mesure laisse penser que le gouvernement s’attaque à la surconsommation d’électricité, on se rend vite compte que le seuil qui a été établi ratisse trop large.
En effet 125 kwh ne suffisent à priori même pas à couvrir la consommation de quelqu’un vivant seul et frugalement, encore moins d’un foyer de plusieurs membres avec un usage modéré d’électricité. Il y a en conséquent, de très fortes chances que l’augmentation du taux de la TVA sur la consommation électrique concerne tous les foyers algériens, et non seulement les gourmands en électricité adeptes de climatiseurs et de chauffages électriques.
La 3G par nécessité et non par choix
L’avant-projet de loi de finances vise aussi le pouvoir d’achat du citoyen lambda en augmentant le taux de TVA sur l’accès à internet par téléphonie mobile, c’est-à-dire la 3G. L’idée derrière la décision du gouvernement est d’encourager l’internet par téléphonie fixe (ADSL), dont Algérie Télécom détient le monopole. Cette mesure, cependant, s’affranchit de la réalité des choses. À part une minorité qui utilise la 3G comme gadget, la majorité des utilisateurs des clés 3G le font par obligation. Car en l’état, la 3G coûte cher pour un volume de données limité, contrairement à l’ADSL dont le volume de données est illimité en Algérie.
Mais face à l’ogre administratif et aux délais gargantuesques que représente l’installation d’une ligne de téléphone fixe chez soi, l’utilisateur lambda se voit souvent contraint par la force des choses à utiliser la 3G pour accéder à internet. Rarement un choix volontaire, le citoyen utilisera aussi souvent la 3G comme alternative à sa connexion internet ADSL lorsque cette dernière est de très mauvaise qualité.
Hausse du carburant, la fausse bonne idée ?
L’avant-projet de loi de Finances pour 2016 prévoit en outre une série de mesures visant les automobilistes. Ainsi, les vignettes automobiles vont augmenter, variant de 500 à 18 000 dinars selon le type et l’âge du véhicule. De plus, les véhicules de tourisme diesel seront soumis à une nouvelle taxe d’assurance à 1000 ou 2000 dinars en fonction de la puissance du véhicule.
Surtout, les prix des carburants vont grimper. L’essence (normal, super et sans plomb) va augmenter 2.91 dinars par litre suite à l’augmentation de la Taxe sur les produits pétroliers (TPP). Le gasoil subira quant à lui une double augmentation. Le relèvement de son taux de TVA de 7 à 17 %, ajouté à l’augmentation de 2,66 dinars par litre dictée par la TPP, pourrait faire grimper le litre du gasoil à 17.75 dinars.
La réduction de la subvention de carburants était une mesure nécessaire, mais elle ne tient compte, une fois encore, d’aucune notion d’équité sociale. Par conséquent, le prix des carburants va augmenter pour tous les automobilistes, que ce soit le jeune fils de riche qui erre sur les routes d’Algérie car il n’a rien de mieux à faire, ou le père de famille de classe moyenne obligé de prendre sa voiture pour traverser les 40 kilomètres séparant son lieu de travail de son domicile dans un pays où les transports en commun sont de piètre qualité. La réduction des subventions de carburants n’est pas assez importante pour décourager le jeune automobiliste de rouler sans objectif, mais la hausse des prix sera inévitablement par les citoyens qui comptent leurs sous.
La réalité économique est implacable et impitoyable pour l’Algérien lambda. Entre les mesures prises par le gouvernement dans l’avant-projet de loi de finances 2016 et la politique de dévaluation du dinar orchestrée par la Banque d’Algérie (le dinar a perdu plus de 30 % de sa valeur), le pouvoir d’achat des foyers algériens, notamment les plus fragilisés, est prise en sandwich et en ressort étranglé. Pire, dans l’état actuel des choses, il ne semble pas y avoir de lumière au bout du tunnel sur le court terme.
11 septembre 2015 par
Source: http://www.tsa-algerie.com/20150910/le-gouvernement-etrangle-le-portefeuille-des-algeriens/
http://www.anti-k.org/2015/09/11/le-gouvernement-etrangle-le-portefeuille-des-algeriens/