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Féminisme

  • Egalité dans l’héritage : les hommes du Front populaire ont décidé que ce n’était pas le moment (Nawaat.tn)

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    Une réponse autonome, c’est-à-dire localisée, contextualisée, populaire, à la question de l’inégalité dans l’héritage pourrait être apportée. Elle pourrait devenir une arme au service de la révolution et non pas un handicap ou un simple hochet que l’on agite selon les « moments » pour des objectifs qui n’ont rien à voir avec les droits des femmes.

    Le Front populaire vient de rendre publique sa nouvelle « Initiative pour le salut et la construction » adoptée par son troisième Conseil national des 29 et 30 avril. Il y a beaucoup de choses justes dans ce texte en ce qui concerne la description de la situation déplorable du pays. Des choses contestables aussi. Mais ce qui apparaît au premier abord c’est tout de même une masse de généralités, inscrites sans surprise dans le rejet de la politique suivie par l’« alliance des quatre partis » qui forment le gouvernement. Au chapitre des propositions, l’appel à l’unité pour modifier les rapports de forces ne signifie pas non plus grand-chose et on comprend mal en quoi cette déclaration constitue ce qu’il est convenu d’appeler une « initiative ». Un connaisseur pourra nous dire ce qu’il faut lire entre les lignes, les nuances, peut-être, qui indiqueraient une évolution dans l’orientation de cette organisation.

    Un alibi honteux

    Pour ma part, je voudrais souligner un problème plus général en regardant, comme on me le reprochera, par ce que certains considèrent être le petit bout de la lorgnette. Au point 8 de la plateforme politique proposée, on lit que l’un des 9 objectifs de cette initiative est la « défense des acquis » dans le domaine des droits des femmes ainsi que leur « élargissement et leur approfondissement ».

    En bonne logique, si l’on prend au sérieux les déclarations du Conseil national du Front populaire, l’égalité dans l’héritage devrait être d’actualité. Or, on apprend que les députés du Front populaire qui avaient signé initialement le texte de Mehdi Ben Gharbia proposant une loi allant dans ce sens, s’en sont finalement désolidarisés. Le moment n’est pas opportun, nous dit-on en substance, il y a d’autres « priorités » que brouillerait une polémique inopportune sur cette question. Le moment où le Front populaire avait signé ce texte, dont aujourd’hui il se retire, était-il différent ? On aurait bien aimé savoir ce qui caractérise un moment opportun. Serait-ce quand il ne se passe rien dans le pays ? Mais, en vérité, la question fondamentale n’est pas là. Elle n’est pas même dans celle de savoir s’il est juste ou légitime d’établir l’égalité dans l’héritage. Au-delà de l’opportunisme que semble révéler (confirmer ?) ce revirement brutal ou des possibles dissensions internes au Front Populaire qui auraient ainsi trouvé leurs solutions, se posent des problèmes bien plus graves à mon avis.

    Le plus évident est l’instrumentalisation de la question des femmes qui n’est rien d’autre qu’une politique contre les femmes. Et qui bien sûr réduit la lutte pour l’égalité des genres à un simple souci tactique, susceptible, comme on le voit aujourd’hui, de tous les retournements. Cette instrumentalisation n’est certes pas une invention de la révolution : nous avons connu auparavant ce qu’on a appelé le « féminisme d’Etat ». Expression de notre « exceptionnalité », les femmes tunisiennes sont devenues un « avantage comparatif », monnayable sur le marché économique et politique occidental. De même, en Europe et plus particulièrement en France, les droits des femmes ont été mobilisés comme argument raciste à l’encontre des communautés musulmanes.

    Les droits des femmes comme marchepieds de la restauration

    Dans les pages consacrées à la gauche dans le livre de Hédia Baraket et Olfa Belhassine, « Ces nouveaux mots qui font la Tunisie », sur lequel je reviendrai sûrement, on trouve ce commentaire de Chérif Ferjani :

    Tant que la page de l’islam politique n’a pas été complètement tournée, comme ce fut le cas pour le christianisme politique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en Europe, l’opposition entre les partisans d’un Etat religieux et les partisans d’un Etat séculier, restera un structurant important du champ politique tunisien devançant le clivage gauche-droite.

    Sans être membre du Front populaire, Chérif Ferjani, qui a la sincérité du cœur, demeure un représentant assez typique de la gauche. Passons sur le rapprochement extrêmement discutable auquel il se livre – au moins dans ce commentaire – entre une histoire européenne présentée de manière réductrice et la situation tunisienne actuelle. Passons également sur le désaveu suggéré de toute forme de politique fondée en islam et sur l’essentialisation de l’islam politique qu’il opère. Ce qu’il dit ici n’a pas seulement valeur de constat mais définit une orientation politique, largement partagée au sein de la gauche tunisienne qui subordonne le « clivage gauche-droite » – entendre ici la question sociale – à l’éradication des mouvements politiques se réclamant de l’islam.

    C’est justement l’orientation autour de laquelle le Front populaire a construit son identité politique. Une orientation qui a servi de socle au désastreux rapprochement entre cette organisation et de nombreuses autres forces et notamment Nida Tounes, prudemment dans un premier temps, au lendemain de l’assassinat de Chokri Belaïd, puis de manière de plus en plus assumée après le meurtre de Mohamed Brahmi, avant d’aboutir aux mobilisation du Bardo et aux élections législatives et présidentielles qui ont ironiquement conduit à l’alliance gouvernementale actuelle, une alliance assez prévisible, je dois dire. L’un des axes de la convergence anti-islamiste a été la défense des droits des femmes ou, comme on le dit plus souvent, de « la femme tunisienne » – bizarrement, on n’entend jamais parler de « l’homme tunisien » ! C’est ainsi que l’on a pu voir « l’homme tunisien », de gauche, moderniste, bourguibiste, RCD-iste, etc., jurer de sa foi inébranlable en l’égalité homme-femme. Je ne nie pas l’engagement authentique de nombreux militants et militantes de gauche en faveur des femmes mais, il faut bien le dire, celles-ci ont servi de bélier pour démolir la troïka. Et ceux qui en ont bénéficié, vous savez qui c’est…

    Le Front populaire butte contre ses propres impasses

    L’attitude pour le moins désinvolte du Front populaire vis-à-vis de l’égalité dans l’héritage pose un autre problème fondamental. Un projet de loi concernant la violence à l’encontre des femmes devrait bientôt être présenté à l’ARP. Le Front populaire considère-t-il la discussion de ce projet de loi comme inopportune en ce « moment » ? Probablement non. Il sait qu’en dehors peut-être d’une minorité des députés nahdhaoui, personne à l’assemblée ne se risquera à condamner cette loi comme une atteinte décisive aux canons de l’islam, comme cela est, au contraire, majoritairement admis en ce qui concerne l’égalité dans l’héritage. Le Front populaire qui est pourvu d’un certain réalisme, n’ignore pas le péril politique que représenterait pour lui le fait d’apparaître comme un parti opposé aux croyances populaires. Sur la question de la violence à l’encontre des femmes, il peut se prononcer comme bon lui semble, protégé en quelque sorte par le large consensus de la classe politique, y compris sans doute les principaux dirigeants d’Ennahdha.

    Sur l’égalité dans l’héritage, ce n’est pas du tout le cas et le Front populaire se trouve complètement désarmé. Prisonnier d’une conception du religieux et de l’Etat inspirée par l’expérience de la laïcité anticléricale française, redevable d’une vision de l’émancipation puisée largement dans les paradigmes de la gauche occidentale où s’enracine le féminisme contemporain, le Front populaire, et plus largement la gauche tunisienne, butte contre ses propres impasses. Sur l’inégalité de genres, comme sur d’autres questions, il ne peut que se référer à ce qu’il appelle dans la proclamation de son dernier Conseil national, « les valeur du modernisme et du progressisme », autrement dit les mots d’ordre de la gauche occidentale, élevée au statut d’Universel alors que, dans notre pays, ils devraient constituer des questions et non des solutions.

    Le Front populaire s’est ainsi montré parfaitement incapable de penser l’intégration de la culture populaire, dont la dimension religieuse est constitutive, à une politique de libération et d’élaborer en conséquence une stratégie qui lui permette de battre en brèche la polarisation modernistes/islamistes et de disputer l’hégémonie aux courants qui se réclament d’une politique islamique, dépourvue de tout lien avec une perspective de libération, voire dans le cadre d’une démarche carrément contre-révolutionnaire. Or, dans le cadre d’une telle approche, une réponse autonome, c’est-à-dire localisée, contextualisée, populaire, à la question de l’inégalité dans l’héritage pourrait être apportée. Elle pourrait devenir une arme au service de la révolution et non pas un handicap ou un simple hochet que l’on agite selon les « moments » pour des objectifs qui n’ont rien à voir avec les droits des femmes.

    Sadri Khiari

    Membre fondateur du Conseil National des Libertés en Tunisie (CNLT) et d'ATTAC-Tunisie (RAID). Co-fondateur en France du Parti des indigènes de la république. Sadri est aussi l’auteur de nombreux articles sur la Tunisie et d’un ouvrage intitulé Tunisie, le délitement de la cité, éditions Karthala, Paris, 2003. Voir également « La révolution ne vient pas de nulle part », entretien avec Sadri Khiari conduit par Beatrice Hibou, in Politique africaine, n°121, éd. Karthala, Paris, mars 2011, disponible en français et en anglais. Il a publié également Sainte Caroline contre Tariq Ramadan. Le livre qui met un point final à Caroline Fourest, éditions LaRevanche, Paris, 2011, La Contre-révolution coloniale en France. De de Gaulle à Sarkozy, éditions La Fabrique, Paris, 2009 et Pour une politique de la racaille. Immigrés, indigènes et jeunes de banlieue, éditions Textuel, Paris, 2006. "Malcolm X, stratège de la dignité noire", éditions Amsterdam, Paris, 2013. Artiste-peintre et dessinateur, collaborateur régulier du magazine tunisien de bandes dessinée, "LAB 619".
     
  • Femmes en Arabie saoudite : l’ONU renforce les barreaux (Lutte Ouvrière)

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    Le 22 avril dernier, 47 des 54 membres du Conseil économique et social de l’ONU ont approuvé l’entrée de l’Arabie saoudite au sein de la Commission de la condition des femmes des Nations unies.

    Le vote s’est fait à bulletin secret, mais plusieurs pays européen dont la Belgique ont voté pour.

    En Arabie saoudite, les femmes, privées de toute liberté, sont traitées comme des mineures à vie. Elles doivent avoir la permission d’un mâle de la famille pour ouvrir un compte en banque, détenir un passeport, sortir du domicile ou se soigner. Cette monarchie intégriste d’un autre âge va pouvoir participer à partir de 2018 à un organisme censé promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomie des femmes.

    Immédiatement, des femmes d’Arabie saoudite, en lutte contre la dictature quotidienne, ont dénoncé cette décision qui va conforter ce régime patriarcal où la misogynie a force de loi.

    Par cette nouvelle insulte pour la moitié de l’humanité, la décision de l’ONU démontre une fois de plus toute l’hypocrisie de cette institution. Elle a toujours servi de feuille de vigne aux grandes puissances, justifiant leurs rapines au nom de grandes déclarations sur les droits de l’homme. En montrant tout son mépris pour les droits humains les plus élémentaires, l’ONU en fait une nouvelle fois la démonstration.

    Gilles BOTI 03 Mai 2017
     
  • Quand Zoulikha, dite «Toute fine», slame contre le harcèlement de rue en Algérie (TV5 Monde)

    Les Algérien-nes appelés aux urnes le 4 mai 2017 pour renouveler leurs député-es à l'Assemblée populaire nationale, peinent à se mobiliser. Dans la morosité ambiante, les femmes s'invitent dans le scrutin, pour le pire et le meilleur. L'occasion d'aller à la rencontre de Zoulikha qui slame contre le harcèlement de rue et au delà pour faire résonance aux maux de ses concitoyennes.

    Sur le site de Intymag, un webzine lancé en mars 2016 par un collectif de journalistes algériennes afin de rendre compte de la condition des femmes en Algérie et plus largement au Maghreb, Zoulikha se présente sobrement, économe de mots, elle qui pourtant les manie avec succès, à l'écrit ou en rimes slamantes.

    La jeune femme vient de rejoindre, en février 2017, le magazine en ligne pour "apporter du réconfort, du courage et de la volonté [aux lectrices de Inty]. On partage un peu toutes et tous les mêmes peines. Je veux leur parler de mes peines pour qu’elles s’y reconnaissent. Je veux qu’elles aient foi en elles et qu’elles ne se limitent pas et qu’elles détachent leur envie des conventions sociales et autres. Je veux du courage et de l’investissement pour toutes. Je veux leur montrer qu’elles peuvent faire autant que moi j’ai pu. Je veux leur ouvrir une brèche d’expression."

    J'ai pour passion l'expression
    Zoulikha Tahar, dite Toute Fine, slameuse

    Zoulikha Tahar, de son nom de scène, Toute Fine, dit encore qu'elle est "doctorante en deuxième année, mécanique des matériaux." Qu'elle a 24 ans et "pour passion l’expression". 

    Toute Fine est sa voix, toute fine sa silhouette, toute fine sa délicatesse dans un tempo musical qui mêle Orient, Maghreb et Europe. Zoulikha slame la tête couverte d'un foulard coloré, loin des clichés, libre de toute entrave. La plateforme culturelle ONORIENT.com lui a consacré un long article biographique en janvier 2017 : "Elle refuse les clichés et les cases dans lesquels les gens aiment classer les autres. Ni revendication identitaire, ni symbole religieux proclamé, Toute Fine aime considérer le voile comme un medium d’expression, un message fort, une façon de jouer avec l’identité, les traditions, comme objet esthétique à part entière. En d’autres termes, elle a fait du voile une arme à son arsenal, une arme d’expression et de jeu. A contre-pied des clichés et des préjugés, elle reprend un vêtement devenu dominant dans l’espace public pour s’amuser et montrer sa singularité. Finalement, c’est un peu cela la démarche artistique de Toute Fine, prendre sa souffrance et les travers de sa société, pour en faire des armes douces et fines dirigées vers la société."

    L'un de ses combats prioritaires, c'est de mettre le doigt sur la plaie ouverte du harcèlement de rue, fléau en Algérie aussi. Et d'ouvrir une brèche dans le patriarcat. Mais sans stigmatiser les hommes, parce que, dit-elle, "Le problème ce n'est pas l'homme mais la culture et l'éducation qu'on lui impose". Et de citer des proverbes algériens qui montrent l'enfermement dans lequel grandissent les filles, et en miroir les normes de virilité supérieure auxquelles doivent se plier les garçons.

    Ces sujets, "une vue sur les jeunes Algériennes", ont pourtant fait défaut lors de la campagne électorale des législatives du 4 mai 2017 en Algérie. Pourtant, l’enjeu est d’importance. L’hebdomadaire Jeune Afrique nous apprend que si « en 2012, les députées algériennes étaient les championnes du Maghreb en nombre de sièges obtenus au Parlement, cinq ans plus tard, leur influence au sein de l'institution est contrecarée par le conservatisme grandissant de la société. (.../...) Avec 143 femmes élues sur un total de 474 sièges, les Algériennes ont, à l’époque, surclassé les Tunisiennes [et même les Françaises avec 26%] − qui se sont rattrapées en 2014 en s’octroyant 30,88% des sièges au Parlement − et carrément battu les Marocaines (17% des sièges en 2011, 21% en 2016). Mais c’est un pourcentage en trompe-l’œil, car beaucoup de partis politiques ne conçoivent la participation féminine que pour faire du « remplissage. »

    Au delà de ce quasi universel plafond de verre, les droits des femmes se sont invités dans la campagne de façon tragiquement anecdotique. Avec la proposition d'un chef de gouvernement "inspiré" pour "inciter" les époux récalcitrants à aller voter, et des affiches électorales amputées des visages de candidates.

    Battre son mari... pour qu'il aille voter - le mythe de la mégère

    L'édition maghrébine du Huffington Post suit avec beaucoup d'attention la campagne électorale. Et voici que ses journalistes nous révèlent ce dérapage commis au plus haut niveau de l'Etat : "Dimanche 30 avril 2017 à Sétif, dernier jour de la campagne électorale des législatives du 4 mai, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a refait des siennes en appelant les femmes à... battre leurs maris qui refusent d'aller voter. Blagueur comme à son habitude, M. Sellal a appelé à réveiller les maris tôt le 4 mai, à ne pas leur préparer de café et à les "traîner" aux bureaux de vote. "Et celui qui ne vote pas, frappez-le avec un bâton!", a conseillé le Premier ministre à une audience féminine présente lors d'un discours qu'il a prononcé à Sétif (ville de petite Kabylie à l'Est d'Alger où le 8 mai 1945 des manifestations autour de la fin de la seconde guerre mondiale furent réprimées dans le sang, point de départ de la guerre d'indépendance, ndlr)."

    Femmes sans visages

    La chaîne de radio internationale RFI met au jour une autre particularité qui nous laisse pantoises : "Sur les affiches du Front des forces socialistes, un parti de gauche laïc, pour ses candidates femmes aux élections législatives, pas de photo, mais un dessin et un blanc à la place du visage. Relevé par la presse, l'affaire fait réagir le parti qui évoque une « initiative malencontreuse » et affirme se battre pour l'émancipation des femmes. La Haute autorité de surveillance des élections commence par demander le remplacement des affiches. Mais deux jours plus tard, le président de l'instance fait volte-face : « Ces partis ont bien le droit de ne mettre que le nom des candidates, réagit-il. Cela est lié à leur politique de la communication. Nous ne voulons pas porter atteinte aux mœurs et aux traditions algériennes. »"

    Le collectif pour les Droits et la Dignité de la femme algérienne (CDDFA) avait réagi dès le 15 avril 2017 pour faire part de sa stupéfaction : "un phénomène inattendu et pour le moins consternant retient l’attention d’une bonne partie de la société civile, celui de présenter pour la première fois dans l’histoire de notre pays, des candidates appartenant à diverses formations politiques dans une posture des plus inquiétantes, à savoir "sans visages", complètement couvertes ou présentées de dos. Nous, les initiatrices du Manifeste pour l’intégrité et la dignité de la femme algérienne, regroupées en un Collectif portant le nom de CDDFA (Collectif pour les Droits et la Dignité de la femme algérienne), une fois de plus, nous nous indignons fortement des pratiques alarmantes et réductrices de l’image de la femme par des partis politiques candidats aux législatifs algériennes."

    Cette année, sur plus de 11000 prétendants aux 462 postes de députés, 30% sont des femmes. On leur souhaite bon courage et bonne chance.

    Le slogan officiel des élections « <em>Fais entendre ta voix</em> » a été détourné sur les réseaux sociaux en « <em>Montre ton visage </em>» en réponse aux femmes candidates qui n’ont pas souhaité apparaître en photo sur les affiches.
    Le slogan officiel des élections « Fais entendre ta voix » a été détourné sur les réseaux sociaux en « Montre ton visage » en réponse aux femmes candidates qui n’ont pas souhaité apparaître en photo sur les affiches.
    (Twitter)
     
    Reportage Les Hauts parleurs/TV5MONDE, Djamila Ould Khettab, Amina Boumaza
     
    03 mai 2017 Sylvie Braibant
     
  • Éveil et révoltes du « deuxième sexe » en Arabie saoudite (Orient 21)

    « Deux femmes de Djeddah »le 3 mai prochain à 18 h 30 à l’Iremmo, 7, rue des Carmes 75005 Paris.

    À travers l’histoire de deux femmes aux prises avec le machisme d’une société très conservatrice, Deux femmes de Djeddah, de la romancière saoudienne Hanaa Hijazi démonte le système patriarcal qui la régit socialement. Un roman non censuré dans le royaume et qui participe aussi de la vitalité méconnue de la création saoudienne contemporaine.

    Le lecteur du roman de la Saoudienne Hanaa Hijazi Deux femmes de Djeddah, dont L’Harmattan vient de publier la traduction française1 ne sera pas surpris du tableau que l’auteure dresse de la condition de la femme à Djeddah, pourtant réputée la ville la plus libérale d’Arabie saoudite : une description qui s’apparente à une descente aux enfers. L’auteure fait pourtant évoluer ses personnages dans des milieux qui ne comptent pas parmi les plus rétrogrades. Mais elle montre bien comment le conformisme social vient à bout de l’homme le plus libéral qui soit, en partie par simple machisme et en partie pour prix de son intégration dans la société. La femme, elle, reste la victime. Tout est fictif, mais rien n’est inventé.

    Pourtant, contrairement au cliché de la Saoudienne accablée par la tradition au point de s’y soumettre, la victime n’est ici pas consentante, et c’est là que le roman prend son intérêt et son originalité. Elle est, certes, tentée par la prison dorée offerte à toute Saoudienne soumise, pourvu qu’elle appartienne aux classes aisées. Une vie confortable et futile qui ferait rêver bien des Occidentales, libérées de la tyrannie masculine pour tomber dans celle du travail… Les héroïnes rebelles de Hanaa Hijazi se démènent pour maîtriser leur destin mais, livrées à elles-mêmes, échouent face à un système qui rejette pareil comportement. L’auteure relate leur révolte sans didactisme aucun et dans une langue simple qui rend son œuvre très accessible.

    Ce faisant, Hanaa Hijazi traduit bien deux traits fondamentaux de la société saoudienne contemporaine. Tout d’abord son atomisation, le système patriarcal en place empêchant avec efficacité la formation de groupes contestataires ou alternatifs. Dans ces conditions, le dissident se trouve face à lui-même dans un combat perdu d’avance. Le second enseignement est que le système autoritaire auquel se heurte les Saoudiennes — mais aussi les Saoudiens — est d’ordre social avant d’être politique ou religieux. L’alliance du sabre et de la chahada (profession de foi musulmane) qui régit la société figure bel et bien sur le drapeau national, mais elle repose sur un soubassement invisible qui forme l’obstacle premier à l’émancipation : le système patriarcal. Hanaa Hijazi en montre bien la puissance, qui parvient à faire de ses victimes des alliées, quand la mère accable sa fille à son tour. Camille Lacoste-Dujardin l’avait bien expliqué dans un travail fondateur2.

    Dynamisme culturel

    On pourrait désespérer face au pessimisme de l’auteure. Mais c’est celui-là même qui porte au contraire à ne pas perdre espoir. Hanaa Hijazi connaît la réussite professionnelle dans la ville même où se déroule son roman — elle est médecin à Djeddah — et rencontre en Arabie une véritable reconnaissance sur le plan intellectuel. Malgré la critique sociale radicale qu’il contient, son roman est autorisé dans un pays où la censure est tatillonne, et elle tient une rubrique hebdomadaire dans le principal quotidien, Al-Riyadh. Rançon du succès, les milieux conservateurs la dénigrent sur les réseaux sociaux, mais il y a de quoi déjouer les idées simples des pourfendeurs de l’obscurantisme de l’Arabie saoudite. Car voilà un pays plus divers et complexe qu’il ne paraît à ceux qui le critiquent en méconnaissance de cause, un pays misogyne où une féministe jouit d’une grande estime… Elle n’est ni la seule romancière à s’élever contre l’inégalité entre hommes et femmes, ni le premier écrivain contestant le caractère inique de l’ordre local. Depuis les années 1990, nombre de Saoudiens ont pris la plume pour s’opposer au conservatisme social par le biais de la littérature.

    Le roman de Hanaa Hijazi participe au contraire d’un courant alimenté par les diverses facettes d’une culture saoudienne contemporaine dont le dynamisme échappe largement à un œil occidental focalisé sur le politique et le religieux. On disait autrefois que l’Égypte écrivait, le Liban publiait et l’Irak lisait. L’Arabie saoudite a désormais supplanté ce malheureux pays. Les foires du livre y rencontrent un succès croissant et le grand public trouve dans la lecture le traditionnel moyen d’évasion dont il a tant besoin, en particulier via le roman3. Ceci éveille des vocations et les jeunes auteurs saoudiens foisonnent désormais.

    Mais l’éveil culturel ne se borne pas à l’écrit. Il touche tous les domaines de l’art, devenu le vecteur privilégié de l’expression dans un pays où elle est bridée sur le plan politique. Les espaces de liberté bourgeonnent au sein d’une Arabie moins monolithique qu’on ne le croit. Ce bouillonnement culturel en prépare-t-il d’autres ? À long terme peut-être, mais certainement pas tant que les liens traditionnels ligoteront la société de la manière dont l’illustre le roman.

    Libéralisation des mœurs ?

    D’aucuns en Occident regretteront que les opprimé(e)s ne se rebellent pas davantage. Mais les Saoudiennes courageuses qui ont défié l’ordre social en défilant dans les rues au volant se sont heurtées au marais de l’indifférence tout autant qu’au mur des gardiens de la tradition. D’autres ont choisi un mode plus adapté aux pesanteurs locales, qui sont loin d’être limitées à la condition de la femme. Alliant clarté et fermeté, loin de tout extrême et dénué de violence, le style de Hanaa Hijazi exprime bien le mode de révolte calme mais déterminé, adopté avec réalisme par la plupart des femmes saoudiennes qui luttent pour leur émancipation. On peut y voir une prise de recul salutaire.

    Tout d’abord, la société saoudienne n’a pas toujours été conservatrice. Nombreux http://orientxxi.info/ecrire/?exec=article_edit&id_article=1839#sont les nostalgiques de la période qui a précédé la vague islamiste de 1979 et des années qui suivirent. L’attaque cette année-là de la grande mosquée de La Mecque par Juhayman Al-Otaibi a provoqué un traumatisme durable dont les conservateurs ont profité pour mettre la société au pas, au désespoir des nombreux progressistes relégués dans l’ombre. Ici comme dans l’ensemble du monde arabe, le conservatisme des mœurs n’a rien d’un atavisme et une nouvelle vague de libéralisation n’a rien d’une hypothèse absurde, quelque incongrue qu’elle puisse paraître aujourd’hui. À Djeddah, les aînés se souviennent d’un temps où des femmes circulaient en ville au volant de leur voiture ou déambulaient dans la rue habillées à l’occidentale, le temps des piscines mixtes… Si l’on remonte avant même l’occidentalisation des mœurs qui a suivi la seconde guerre mondiale, on pourra rappeler la liberté de mouvement et d’habillement de la Bédouine des steppes d’Arabie ou de la paysanne de ses montagnes, avant que l’urbanisation ne cloître la femme et ne l’enserre sous des atours noirs moins traditionnels qu’il n’y paraît.

    Sous une critique d’autant plus féroce qu’elle semble objective, Deux femmes de Djeddah contribue à humaniser une société dont on comprend mieux la complexité, en relatant l’histoire poignante de deux amies alliées contre l’adversité. Ce roman réaliste témoigne aussi de la vitalité de la création saoudienne contemporaine, encore trop méconnue.

    1Hanaa Hijazi, Deux femmes de Djeddah, traduit de l’arabe par Philippe Mischkowsky, Paris, L’Harmattan, 2017. Édition originale Dar al-Saqi, Beyrouth, 2015.

    2Camille Lacoste-Dujardin, Des mères contre les femmes. Maternité et patriarcat au Maghreb, Paris, La Découverte, 1996.

    3Voir à ce sujet l’article de la Saoudienne Salwa Al-Maiman «  Le roman contemporain saoudien face à ses défis  », in Arabian Humanities, 3, 2014.

     

    http://orientxxi.info

  • Sur le voile (Slate)

    brernie

    Bernie Sanders étreint une étudiante musulmane..

    Le voile, un symbole de 3.000 ans de machisme religieux

    Depuis des années, tout le monde parle du voile, de plus en plus de personnes portent le voile, pas seulement à Bamako ou au Caire, mais aussi à Londres, Paris ou New York. Symbole religieux ou signe religieux? Que signifie ce carré de tissus qui met la planète en émoi? Intrigué par autant de questions, j’ai décidé de consacrer quelques semaines de mes vacances à compulser  les livres d’histoire religieuse pour remonter aux racines du signe, pour ne pas dire du mal.

    Et là, en remontant au plus loin des traces écrites des civilisations antiques, en fouillant dans les annales des histoires sumériennes, j’ai  découvert avec stupéfaction que le voile découle à l’origine d’une illusion optique. En effet, une croyance sémitique très ancienne attestée en Mésopotamie, considérait la chevelure  de la femme comme le reflet de la toison pubienne!

    «Les prostituées ne seront pas voilées»

    Donc, il a fallu très tôt lui couvrir la tête, afin de lui occulter le sexe! Cette croyance était si répandue dans les pays d’Orient, notamment en Mésopotamie, qu’elle a fini par avoir force de loi. Aussi, le port du voile est-il rendu obligatoire dès le XIIe siècle avant J.-C. par le roi d’Assyrie, Teglat Phalazar Ier: «Les femmes mariées n’auront pas leur tête découverte. Les prostituées ne seront pas voilées.»

    C’était dix-sept siècles avant Mahomet et cela se passait en Assyrie, l’Irak d’aujourd’hui.

    Dans la Bible hébraïque, on ne trouve aucune trace de cette coutume, cependant la tradition juive a longtemps considéré qu’une femme devait se couvrir les cheveux en signe de modestie devant les hommes.

    Le voile comme instrument de ségrégation pour l’Eglise

    Il faudra attendre l’avènement du christianisme pour que le voile devienne une obligation théologique, un préalable à la relation entre la femme et Dieu. C’est saint Paul qui, le premier, a imposé le voile aux femmes en avançant des arguments strictement religieux. Dans l’épître aux Corinthiens, il écrit: «Toute femme qui prie ou parle sous l’inspiration de Dieu sans voile sur la tête, commet une faute identique, comme si elle avait la tête rasée. Si donc une femme ne porte pas de voile, qu’elle se tonde; ou plutôt, qu’elle mette un voile, puisque c’est une faute pour une femme d’avoir les cheveux tondus ou rasés.»

    Et plus loin:

    «L’homme, lui, ne doit pas se voiler la tête: il est l’image et la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l’homme. Car ce n’est pas l’homme qui a été tiré de la femme, mais la femme de l’homme, et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme. Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête la marque de sa dépendance.» L’Eglise s’en servira à l’égard des femmes, pour les considérer comme des créatures inférieures par nature et selon le droit.

    On voit qu’à l’origine, le voile est utilisé comme un instrument de ségrégation qui fait de la femme un être inférieur, non seulement vis-à-vis de l’homme mais aussi de Dieu.

    Il est intéressant de noter que ce passage des Corinthiens est repris aujourd’hui par la plupart des sites islamistes qui font l’apologie du foulard.

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    Pour lire la suite sur l’islam

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    Mohamed Kacimi, 26 octobre 2012
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    Lire aussi:
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    Commentaire:

    Nos camarades vivant dans des pays à majorité musulmane et qui résistent à l'obligation du voile doivent s'étonner de la fougue avec laquelle les révolutionnaires occidentaux défendent le droit de se voiler...

  • Tunisie: un appel pour que les femmes puissent épouser des non-musulmans (L'Express)

    Une circulaire de 1973 interdit le mariage des musulmanes avec des non-musulmans, alors que les hommes ne sont pas concernés par une telle restriction. Une inégalité dénoncée par un collectif d'associations.

    C'est un texte qui date de l'ère Bourguiba, mais qui ne reflète pas les efforts pour l'émancipation féminine du premier président de la République tunisienne. Depuis 1973, une circulaire du ministère de la Justice empêche la célébration du mariage des Tunisiennes musulmanes avec des non-musulmans. Tandis qu'aucune interdiction de ce type n'existe pour les hommes.

    Une soixantaine d'associations ont lancé ce lundi un appel à la retirer. "Il est aujourd'hui inadmissible qu'une simple circulaire, de valeur juridique quasiment nulle (...), commande la vie de milliers" de Tunisiennes, a martelé lors d'une conférence de presse Sana Ben Achour, juriste et présidente de l'association Beity. 

    Un certificat de conversion exigé du futur époux

    Un certificat de conversion du futur époux est actuellement exigé pour le mariage de toute Tunisienne, considérée a priori comme musulmane et désireuse d'épouser un non-musulman. Si elle se marie à l'étranger avec un non-musulman sans ce papier, son mariage ne peut être enregistré en Tunisie.

    Il n'existe pas de statistiques fiables et précises sur ces situations, mais ce texte "remet en cause un droit fondamental pour tout être humain: le choix libre du conjoint (...). Cette prohibition est une souffrance pour des milliers de Tunisiennes et leurs familles", qui sont "privées de leur droit fondamental à la sécurité juridique", déplore le collectif dans un communiqué. 

    En contradiction avec la Constitution de 2014

    Pour Wahid Ferchichi, de l'Association tunisienne de défense des libertés individuelles (Adli), il est déjà problématique que la circulaire identifie ces Tunisiennes comme étant musulmanes, alors qu'"aucun certificat ne prouve la religion" en Tunisie. Et la circulaire est en contradiction avec la Constitution adoptée trois ans après la Révolution de 2011. Ce texte prône la liberté de conscience et l'égalité entre les citoyens.

    Malgré cette nouvelle Constitution, la loi tunisienne reste discriminatoire pour les femmes, notamment en matière d'héritage. 

     LEXPRESS.fr 

    http://www.lexpress.fr/

  • Soutien pour la maison LGBTQI de Sidi Bou Saïd (Ulule.com)

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    Appel à la solidarité.

    À propos du projet

     Bonjour, je m'appelle Amina Sboui, je suis une militante des droits humains, féministe et activiste LGBTQI. Après avoir passé deux ans à Paris, je suis de retour en Tunisie pour y terminer mon combat ; malheureusement j'ai assisté dès mon retour en 2015 à une montée d'homophobie. En Tunisie comme ailleurs, des dizaines d'activistes et personnes LGBTQI se retrouvent à la rue à cause de leur sexualité. Ma maison a servi de refuge pour eux, j'ai réussi à loger quelques dizaines de gays, transgenres, lesbiennes... Plusieurs d'entre eux trouvent une solution au bout de quelques jours, d'autres au bout de quelques semaines...

    Mais depuis presque deux ans la situation générale n'a pas changé.

    Aujourd'hui je n'ai plus les moyens de payer mon loyer, en dépit des personnes de la communauté qui ont encore besoin de ce refuge. C'est pour cela nous que nous avons besoin de votre aide. La maison se situe à Sidi Bou Saïd, un quartier sécurisé dans la banlieue nord de la Tunisie.

    Cette maison a été attaquée par des homophobes en mi-septembre, un groupe de cinq personnes ont tenté de forcer notre porte, armés d'armes blanches. Quelques semaines après, 800 personnes ont signé une pétition pour revendiquer notre évacuation de la maison. J'ai profité de mon passage à la télé à propos de ces incidents pour faire un coming-out (une première sur la télé tunisienne) et pour défendre notre communauté ; par la suite deux autre pétitions ont été créées pour nous soutenir, une signée par une quarantaine d'artistes et de militants tunisiens, l'autre par une vingtaine d'associations tunisiennes qui militent pour les droits humains.

    Nous avons tenu et nous voulons tenir encore.

    Merci pour votre soutien.

    Amina Sboui

    A quoi va servir le financement ?

    Pouvoir assurer plusieurs mois de loyer afin de perpétrer et soutenir notre communauté et LGBTQI de Sidi Bou Saïd.

    5000€ = 4 mois de loyer + divers frais de la maison + frais Ulule et frais d'envoi
    8000€ = 6 mois de loyer + divers frais de la maison + frais Ulule et frais d'envoi
    15 000€ = 1 an de loyer + divers frais de la maison + frais Ulule et frais d'envoi

    A propos du porteur de projet :

    Safia Lebdi, née à Clermont Ferrand s'est engagée des 1998 d'abord pour les femmes de son quartier, animant des réunions et puis une marche nationale dans 23 villes de France la marche des femmes contre les ghettos et pour l’égalité qui donnera naissance à l'association Ni Putes Ni Soumises. Fondatrice et porte parole elle refuse la récupération politique, elle crée ensuite les Insoumis-e-s.

    En 2010 elle sera élue régionale en Île de France avec EELV, elle présidera pendant six ans la commission du film qui organise l’industrie du cinéma de la région doté d’un budget de 14 millions d’euros. Elle soutiendra alors de nombreuses créations exprimant la jeunesse issue de l’immigration dont Houda Benyamina qui obtient en mai 2016 au festival de Cannes la Caméra d'or pour son premier long métrage, Divines. Safia organise parallèlement la venue à Paris des Femen d'Ukraine, participant à l'internationalisation de ce mouvement dont elle est l'inspiratrice. Apparaîtront ainsi d'éminentes Femen dans le monde arabe, pour un combat qui rejoint celui des LGBT, particulièrement en Tunisie et au Maroc. Elle se consacre maintenant à la production de documentaires et d'une collection de livres féministes donnant la parole à toutes ces femmes remarquables qu'elle aura rencontré dans son parcours.

    Ces liens vous aiderons également à mieux comprendre notre cas :

    http://www.bbc.com/news/magazine-34942881

    http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/tunisie-38-personnalites-publiques-185537

    http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/tunisie-amina-l-ex-femen-n-est-pas-la-bienvenue-chez-elle-1592491241

    http://www.liberation.fr/direct/element/amina-sb-sboui-ex-femen-fait-son-coming-out-a-la-television-tunisienne_48240/

    http://www.wepostmag.com/habitants-de-sidi-bou-said-petition-contre-amina-sboui/

    http://www.tuniscope.com/article/102683/actualites/tunisie/menaces-amina-sboui-255814


    safia.l@hotmail.fr 

    https://fr.ulule.com/

  • N’oublions pas le calvaire des femmes en Syrie par Samar Yazbek (Souria Houria)

    En Syrie, la question des droits des femmes est indissociable de celle, affligeante, des Droits de l’Homme en général, malgré les tentatives du régime de se poser en défenseur progressiste et libéral des femmes.

    Elles subissent le même joug que les hommes, en plus de devoir se soumettre aux traditions patriarcales plus ou moins pesantes selon leur classe sociale et économique.

    Le régime syrien mène une politique perverse.

    Ainsi, l’Union des Femmes – fondée pour aider les femmes à revendiquer leurs droits et améliorer leur statut – dépend entièrement du régime et lui prête allégeance comme toutes les institutions partisanes et, en même temps, Bachar al-Assad autorise le groupe de femmes islamistes Kobeyssi à mener librement leurs activités de recrutement et de prosélytisme religieux.

    Dans ce contexte, les Syriennes, qui n’ont jamais cessé de lutter pour l’amendement de certains articles du Code civil, abusifs et injustes à leur égard, ont vu leurs libertés régresser depuis le soulèvement de mars 2011. Dès les premières manifestations pacifiques, les femmes se sont révélées comme la face lumineuse du mouvement populaire. Dans les villes, elles ont organisé et mené les manifestations côte à côte avec les hommes, rédigé et brandi les banderoles réclamant la démocratie, la libération des prisonniers et l’abolition de l’état d’urgence. Elles sont nombreuses à avoir fondé des associations civiles, juridiques ou révolutionnaires. Ecrivaines, poètes, artistes, cinéastes, avocates, militantes et anciennes détenues ont soutenu ou participé au soulèvement populaire aux côtés des femmes anonymes partout dans le pays, bien que l’action des femmes ait été plus réduite dans les campagnes où elles devaient militer séparément des hommes.

    Lorsque l’armée, les services secrets et les chabihha ont riposté avec la violence que l’on sait aux manifestants, les femmes ont dû limiter leur activité au secours social. Le nombre des militantes a aussi chuté après l’enlèvement et l’incarcération de plusieurs d’entre elles, proches parentes de militants recherchés par les services de renseignement.

    Ce n’est pas un fait nouveau : depuis les années 1970, de nombreuses prisonnières d’opinion ont subi la torture et le viol dans les prisons du régime.

    L’incarcération des femmes a toujours constitué une affaire grave dans la société syrienne traditionaliste à cause du viol et du harcèlement sexuel qu’elles risquaient de subir en détention et du déshonneur qui rejaillissait sur leurs familles. L’histoire de la militante Lama Chahoud est unique dans les annales: avant de décéder des séquelles de ses plaies dans un hôpital en Jordanie, elle a eu le courage de parler de la torture et du viol auxquels elle a été soumise pendant son incarcération. Ce n’est que sur son lit de mort qu’elle a réussi à transgresser la vision obscurantiste que portait la société arabe sur la femme violée.

    À mesure que la violence s’amplifiait dans le pays, que le bruit des armes s’intensifiait, que le communautarisme s’exacerbait et que les djihadistes envahissaient le territoire syrien par les frontières ouvertes, les femmes quittaient le devant de la scène pour se consacrer aux soins auprès des victimes, faisant passer clandestinement les médicaments dans les régions assiégées, traversant les barrages, dissimulant les blessés poursuivis, veillant sur les familles des prisonniers, réalisant des courts-métrages documentaires, se démenant sur les réseaux sociaux et enregistrant les violations du régime. L’avocate Razân Zeitouneh, qui a fondé le Centre de Documentation sur les Violations des Droits de l’Homme, est ainsi demeurée envers et contre tout dans la banlieue de Damas afin de participer aux projets civils – dont la scolarisation des enfants – jusqu’à son enlèvement. Elle a disparu entre les mains d’une brigade islamiste en compagnie de son époux et de son amie, Samira al-Khalil, ancienne détenue dans les prisons d’Assad père.

    La situation n’a fait que dégénérer depuis la fin 2013.

    La mainmise des diverses factions islamistes militarisées a contraint les femmes à adopter différentes attitudes selon les régions. Quand on évoque la situation des Syriennes, cet aspect est d’habitude occulté. Car le profond bouleversement provoqué par l’avènement de l’État islamique et des brigades djihadistes n’a pas seulement entraîné la violence flagrante, les bombardements et les massacres perpétrés par le régime et ses alliés. Une violence sournoise s’est aussi installée qui a miné lentement les bases de la société, banalisé la disparition tragique des humains en les réduisant à un nombre de victimes.

    Les femmes ont été les premières à payer le prix fort surtout dans les régions dominées par Daech, où elles ont été forcées de s’effacer et de se soumettre à la charia islamiste la plus radicale qui interdit toute mixité avec les hommes et qui réduit leur rôle à la sexualité et à la procréation.

    Dans les régions contrôlées par les brigades djihadistes telles que le Front al-Nosra ou Ahrar al-Cham, où les tribunaux religieux ont remplacé les tribunaux civils, où le voile a été imposé à toutes les femmes, une petite marge leur a été accordée, celle de s’occuper de l’instruction des enfants ainsi que de l’humanitaire. Mais elles ont subi des pressions de plus en plus fortes pour rester confinées chez elles et de nombreuses veuves se sont vues contraintes d’épouser des combattants venus d’ailleurs pour subvenir aux besoins de leurs familles restées sans soutien.

    Dans les régions telles qu’Idlib et la Ghouta de Damas, les femmes se sont rebellées et se sont regroupées au sein d’associations qui s’occupent de la scolarisation des enfants et apportent un soutien économique, politique, psychologique et technologique à leurs semblables. À Damas, elles ont fondé l’Association de Soutien au Soulèvement, entièrement dédiée à l’action pacifique. Aujourd’hui, elles gèrent efficacement les centres de Women Now et de Mazaya qui se trouvent souvent sur les lignes de front. Elles s’instruisent et instruisent leurs enfants en même temps, malgré les pressions sociales et religieuses, malgré les bombardements continus du régime d’Assad et des Russes. Elles ne cessent d’arracher la vie à la gueule même de la mort.

    La journaliste militante Zeina Arhim a quitté Londres où elle vivait pour revenir participer à la révolution dans le nord du pays, enregistrant et filmant les événements qui se déroulent entre Idlib et Alep. Ses trois documentaires de la série des Révoltées montrent le parcours de trois jeunes femmes qui ont refusé de s’exiler afin de participer à l’enseignement et aux secours et de témoigner des bouleversements survenus dans le pays. «Nous avons appelé de nos vœux l’armée libre et voilà que les djihadistes du monde entier déferlent chez nous. Nous avons revendiqué la liberté et nous nous retrouvons dans les chaînes. On veut m’obliger à me couvrir le visage et bientôt on m’imposera de ne plus respirer ! Je suis pourtant une femme libre et je vivais normalement avant l’arrivée des brigades radicales !», dit la jeune héroïne de l’un des films.

    Sous les pressions, les poursuites et les menaces des islamistes, Zeina Arhim a dû s’exiler, constatant qu’elle n’avait plus sa place en tant que femme et en tant que militante civile dans les régions dominées par ces brigades. Elle avait subi auparavant le même genre d’exactions de la part des services de renseignements du régime.

    Dans les régions dominées par Assad, la violence contre les femmes est d’une autre sorte: elle n’obéit pas aux critères de gender, mais à ceux d’allégeance et d’opposition. De nombreuses intellectuelles militantes ont vu leur réputation souillée pour mieux étouffer leur voix et, à défaut de les tuer concrètement, quelques figures féminines, parmi celles qui jouissaient d’une certaine aura symbolique, ont été immolées virtuellement sur la scène publique.

    L’exode et l’exil ont engendré de nouveaux modèles sociaux dans les camps des réfugiés. Les femmes sont soumises à des conditions abominables, depuis le mariage des filles impubères jusqu’à leur exploitation sexuelle et économique, en plus de l’hégémonie masculine. Les victimes sont issues en majorité des classes sociales les plus modestes qui n’ont pas eu accès à l’instruction ni au travail et pour lesquelles la religion constitue un modèle culturel de vie.

    Sur le plan politique, l’opposition officielle à Bachar al-Assad, représentée par le Conseil national et par la Coalition nationale, a eu recours à la même tactique d’exclusion ou de dépendance et la présence politique des femmes se limite presque toujours à une façade. Aujourd’hui, la situation est tellement désastreuse sur les lignes de front, dans les régions occupées par les brigades djihadistes et l’État islamique, et même ailleurs, qu’elle a freiné l’élan qui portait de nombreuses femmes à résister, les empêchant de s’engager dans une activité politique d’opposition.

    Reste les Syriennes d’origine kurde, qui jouissent d’une situation unique, d’un espace de liberté plus important qu’ailleurs: elles ont porté les armes et formé des brigades de combat contre l’État islamique, servant à la fois l’objectif politique et militaire des partis kurdes et constituant un outil de propagande politique en occident. Sur le front adverse, aucune stratégie généralisée de création de brigades de femmes islamistes n’a été relevée, excepté l’unique cas de la Brigade al-Khansa’.

    Confrontées à toutes les formes de violence, depuis le radicalisme religieux jusqu’aux crimes perpétrés par Assad, en passant par les avatars tragiques de la guerre, les Syriennes continuent d’avancer tant bien que mal sur le chemin qui les conduira vers les valeurs de liberté, de dignité et de justice. Mais cette route s’avère encore très longue.

    SouriaHouria.com سوريا حرية

     Souria Houria le 22 mars 2017

    Samar Yazbek

    Source : Nouvel Obs - Date de parution le : 15/03/2017

    souriahouria.com
     
  • Violences faites aux femmes en Egypte : quand un régime se dit féministe et persécute les féministes (TV 5 Monde)

    "Ne te tais pas", un mot d'ordre répété au Caire, comme ce 14 juin 2014, par des manifestantes, lors d'un sitting organisé par des organisations féministes, demandent le respect du corps des femmes et de leurs droits.

    "Ne te tais pas", un mot d'ordre répété au Caire, comme ce 14 juin 2014, par des manifestantes, lors d'un sitting organisé par des organisations féministes, demandent le respect du corps des femmes et de leurs droits.(c) Vinciane Jacquet
     

    En Égypte, en ce début 2017, il devient de plus en plus difficile de critiquer le gouvernement, singulièrement quand on est féministe. Les autorités égyptiennes semblent déterminées à éliminer non pas les violences faites aux femmes dans les espaces publics et privés mais les activistes qui les dénoncent. Rencontre avec des résistantes

    En Egypte, en ce début d’année 2017, c’est toute la société civile qui est durement malmenée. Et les féministes telles que Mozn Hassan, et son organisation Nazra (regard en arabe), ainsi qu’Azza Soliman, pivot du CEWLA (Center for Egyptian Women’s Legal Assistance - centre pour une assistance juridique aux Egyptiennes), goûtent à ce feu répressif. Malgré le travail essentiel qu’elles mènent pour combattre les violences faites aux femmes, et le soutien qu’elles apportent aux victimes depuis des années, ces militantes sont décrites comme des “espionnes”, des personnes qui “mettent en danger la sécurité du pays”, et incitent à la “libération irresponsable” des femmes.

    Le régime de Sissi et son féminisme à géométrie variable

    Azza Soliman est avocate, et membre actif du conseil d’administration du CEWLA. La police égyptienne la connaît bien. Activiste pour le droit des femmes depuis 1994, elle se fait arrêter dès 1995 pour être venue en aide à des femmes torturées par des officiers car elles étaient les épouses d’islamistes. “Ici, nous aidons toutes les femmes, peu importe leur religion, leur appartenance politique, leur origine”, assène-t-elle. La même année, après sa libération, elle fonde le Centre d’assistance légale pour les femmes égyptiennes (CEWLA). Puis en 1995, Azza Soliman est accusée de salir l’image de l’Égypte - un prétexte présent parmi les chefs d’accusation visant les journalistes -, pour avoir parlé lors de conférences internationales, des viols et agressions envers les femmes.

    Rien n’a changé aujourd’hui. Si ce n’est que le régime de Sissi est encore plus conservateur que les précédents
    Azza Soliman, avocate

    Cette femme, née dans une "fratrie" de cinq soeurs, a été poussée par sa famille à faire des études. Son combat pour les femmes l'a menée à témoigner dans une affaire qui a bouleversé l'Egypte et au delà, le monde entier : le 24 janvier 2015, la jeune poétesse Shaimaa al-Sabbagh était abattue par la police lors d'une manifestation alors qu’elle voulait simplement déposer une couronne de fleurs en mémoire des victimes de la révolution égyptienne du 25 janvier 2011. Son agonie avait été filmée.

    Pour tous ces combats, Azza Soliman est systématiquement harcelée par les autorités, entravée dans sa liberté de mouvement, empêchée de voyager, de sortir du pays par exemple. 

     

    Rien n’a changé aujourd’hui. Si ce n’est que le régime de Sissi est encore plus conservateur que les précédents”, se lamente l’avocate. “Ils utilisent le discours religieux, le même que celui des salafistes, à des fins politiques, dans le but de séduire et rassurer les démocraties occidentales”.

    Volontaires contre les agressions sexuelles

    Mozn Hassan est une activiste féministe à l’origine de "Nazra for Feminist Studies", organisation qu’elle a créée en 2005 et dirige toujours. La militante a étudié à l'université du Caire où elle a reçu un master en droit international des droits de l'Homme en 2002, puis un second en 2005, délivré par l'université américaine du Caire, dans le même domaine. Féministe bien avant la révolution, elle avait soutenu  une thèse sur "les interprétations légales du droit au divorce, de la polygamie et des mouvements féministes égyptiens". Nazra est donc davantage un accomplissement, plutôt qu'une vocation brutale née de la place Tahrir et de ses émeutes. Mozn avait en effet été très active au sein de plusieurs organisations en Égypte des années durant. Elle a également été une chercheuse engagée à l'Université américaine au Caire sur des projets portant sur la Shari’a (ensemble de règles dicté par l'Islam), la justice pénale et les droits humains dans la région Moyen-Orient/Afrique du Nord.

    Nazra a documenté et dénoncé depuis sa création un nombre effarant d’agressions physiques et sexuelles, et soutenu des milliers de femmes. En 2011, elle recrute des volontaires pour protéger les manifestantes pendant les rassemblements populaires qui accompagnent la révolution. L’organisation propose soutien psychologique et légal, ainsi que des soins médicaux. Elle encourage les Egyptiennes à prendre part à la vie politique, et mène une coalition pour inclure les droits des femmes dans la constitution de 2014 ainsi que les violences sexuelles dans le code pénal.

    Le 11 janvier 2017, un tribunal a ordonné le gel des avoirs personnels de Mozn, ainsi que ceux de Nazra, dans le cadre de l’affaire dite des “ONGs financées par l’étranger”, suspectées de comploter contre le gouvernement. Le gel de leurs avoirs personnels les empêche de subvenir à leurs besoins quotidiens en interdisant l’utilisation de l’argent en banque. “Je ne suis pas surprise du verdict”, avoue Mozn Hassan. “Mais c’est la première fois qu’une organisation enregistrée au Ministère de la solidarité sociale et approuvée par lui fait les frais d’une condamnation et d’un gel de ses avoirs”.

    Ils savent mieux que les femmes, ce qui est bon pour les femmes
    Mozn Hassan, féministe égyptienne

    Azza Soliman, accusée dans la même affaire, a vu ses avoirs personnels gelés, ainsi que ceux de son cabinet. Mais CEWLA, son organisation, est sauve. Personne n’arrive à décrypter le pourquoi de cette différence. Cette nouvelle étape dans l’escalade répressive est inédite, mais suit la rhétorique du gouvernement contre les mouvements indépendants. L’Etat veut s’arroger le monopole de la protection des femmes. Les protéger à leur manière, sans interférence des membres de la société civile, car “ils savent mieux que les femmes, ce qui est bon pour les femmes”, se moque Mozn. Sans surprise, les dictateurs sont des patriarches aux valeurs abusives et rétrogrades, et au discours féministe lorsque cela les arrange.

    Les attaques contre Mozn Hassan et Azza Soliman visent à effrayer les autres féministes qui luttent contre le système patriarcal, à les décourager, à anéantir leurs rêves d’une société juste et égalitaire. Un appel est possible, trois mois après le verdict. Les deux femmes ont décidé de se pourvoir, sans grand espoir cependant. “Ils veulent nous voir fermer de nous-mêmes”, assure Azza. “Cela n’arrivera pas. Ils devront m’arrêter d’abord”, ajoute Mozn.

    Aux yeux de l’Etat, Azza Soliman et Mozn Hassan ont franchi une ligne rouge, celle qui impose aux femmes de se taire et de se soumettre. Parce qu’elles haussent clairement le ton contre les violences cachées derrière les murs des foyers, celles perpétrées par les forces de l’ordre ou dans la rue.

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