Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Religions

  • Wahhabisme (Orient 21)

    le m de r.JPG

    Conférence

    Orient XXI et Le Monde des Religions organisent le 22 juin une conférence intitulée :

    « Vers la fin du wahhabisme ? »

    avec Fatiha Dazi-Héni, politologue spécialiste de la péninsule Arabique, maître de conférences à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et auteure de L’Arabie Saoudite en 100 questions (éditions Tallandier, 2017).

    Né en Arabie saoudite au 18è siècle, le wahhabisme imprègne le pays depuis sa fondation et s’est répandu au-delà de ses frontières. Mais aujourd’hui, cette doctrine s’avère être en perte de vitesse dans ce pays en dépit d’un conservatisme ancré, qui demeure la toile de fond à partir de laquelle les autorités comme la société tentent d’agir.

    Inscription obligatoire ici.

    Auditorium du journal Le Monde
    80, boulevard Auguste Blanqui
    75013 Paris
    Tarif : 8 €
    De 19 h à 21 h (justificatif d’identité demandé à l’accueil)

    http://orientxxi.info/

  • Sur le voile (Slate)

    brernie

    Bernie Sanders étreint une étudiante musulmane..

    Le voile, un symbole de 3.000 ans de machisme religieux

    Depuis des années, tout le monde parle du voile, de plus en plus de personnes portent le voile, pas seulement à Bamako ou au Caire, mais aussi à Londres, Paris ou New York. Symbole religieux ou signe religieux? Que signifie ce carré de tissus qui met la planète en émoi? Intrigué par autant de questions, j’ai décidé de consacrer quelques semaines de mes vacances à compulser  les livres d’histoire religieuse pour remonter aux racines du signe, pour ne pas dire du mal.

    Et là, en remontant au plus loin des traces écrites des civilisations antiques, en fouillant dans les annales des histoires sumériennes, j’ai  découvert avec stupéfaction que le voile découle à l’origine d’une illusion optique. En effet, une croyance sémitique très ancienne attestée en Mésopotamie, considérait la chevelure  de la femme comme le reflet de la toison pubienne!

    «Les prostituées ne seront pas voilées»

    Donc, il a fallu très tôt lui couvrir la tête, afin de lui occulter le sexe! Cette croyance était si répandue dans les pays d’Orient, notamment en Mésopotamie, qu’elle a fini par avoir force de loi. Aussi, le port du voile est-il rendu obligatoire dès le XIIe siècle avant J.-C. par le roi d’Assyrie, Teglat Phalazar Ier: «Les femmes mariées n’auront pas leur tête découverte. Les prostituées ne seront pas voilées.»

    C’était dix-sept siècles avant Mahomet et cela se passait en Assyrie, l’Irak d’aujourd’hui.

    Dans la Bible hébraïque, on ne trouve aucune trace de cette coutume, cependant la tradition juive a longtemps considéré qu’une femme devait se couvrir les cheveux en signe de modestie devant les hommes.

    Le voile comme instrument de ségrégation pour l’Eglise

    Il faudra attendre l’avènement du christianisme pour que le voile devienne une obligation théologique, un préalable à la relation entre la femme et Dieu. C’est saint Paul qui, le premier, a imposé le voile aux femmes en avançant des arguments strictement religieux. Dans l’épître aux Corinthiens, il écrit: «Toute femme qui prie ou parle sous l’inspiration de Dieu sans voile sur la tête, commet une faute identique, comme si elle avait la tête rasée. Si donc une femme ne porte pas de voile, qu’elle se tonde; ou plutôt, qu’elle mette un voile, puisque c’est une faute pour une femme d’avoir les cheveux tondus ou rasés.»

    Et plus loin:

    «L’homme, lui, ne doit pas se voiler la tête: il est l’image et la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l’homme. Car ce n’est pas l’homme qui a été tiré de la femme, mais la femme de l’homme, et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme. Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête la marque de sa dépendance.» L’Eglise s’en servira à l’égard des femmes, pour les considérer comme des créatures inférieures par nature et selon le droit.

    On voit qu’à l’origine, le voile est utilisé comme un instrument de ségrégation qui fait de la femme un être inférieur, non seulement vis-à-vis de l’homme mais aussi de Dieu.

    Il est intéressant de noter que ce passage des Corinthiens est repris aujourd’hui par la plupart des sites islamistes qui font l’apologie du foulard.

    .

    Pour lire la suite sur l’islam

    .

    Mohamed Kacimi, 26 octobre 2012
    .
    Lire aussi:
    .

    10 thèses sur la religion et contre l’islamophobie (TC)

    La laïcité n’est pas anti-religieuse…

    Commentaire:

    Nos camarades vivant dans des pays à majorité musulmane et qui résistent à l'obligation du voile doivent s'étonner de la fougue avec laquelle les révolutionnaires occidentaux défendent le droit de se voiler...

  • révolutonnaires socialistes (égypte)

    Revolutionary Socialists' logo

     

    Terrorism and tyranny are complicit in the crimes against the Copts

    Yet another bloody holiday for the Copts of Egypt. Once again churches are bombed and dozens of churchgoers are killed on a religious holiday. Once again the corpses of Copts lie with the debris of their icons and what is left of their churches. Once again, al-Sisi’s regime, its military rule and its police state fail to protect Coptic lives and churches.

    Al-Sisi took power promising the Copts of Egypt that the days of fear, terror and sectarian violence were gone, and his regime would protect them from dark terrorism. Here we are in the fourth year since the coup, the third year of Sisi’s presidency, and the last four months alone saw the bombing of the Peter and Paul church, the killings and displacements of Christians in Arish and the two latest massacres in Tanta and Alexandria.

    When a terrorist was allowed to go inside the Peter and Paul church and blow it up, the Coptic youth raged at the flagrant security failings and demanded the sacking of the interior minister. But al-Sisi intervened to prevent any talk of failings and naturally did not sack his interior minister. And now terrorists were able to attack a church barely a week after a bomb was discovered outside that same church! Here the security failings and the lack of accountability have become complicity with the crime.

    We must remember that the few weeks before the January 2011 revolution saw large demonstrations of Coptic youths against the burning and bombing of their churches and the complicity of the security services. One sign of the political bankruptcy of the Mubarak regime was the abhorrent sectarian “deal” that counted on the Coptic Church to support the regime and contain the anger of Copts while giving free reign to the sectarian agitation of al-Azhar and the Salafists. Mubarak’s state was a particularly sectarian one, and al-Sisi’s state is based on the same sectarian principle.

    The January 2011 revolution shattered this sectarian “deal” and saw, for the very first time in modern Egyptian history, unity between the Christian and Muslim masses not around hollow nationalist slogans like “Religion is for God and the Nation is for everyone”, or police-sponsored superficial alliances between the Coptic and Muslim religious leaders, but around a common revolutionary struggle for democracy, freedom and social justice.

    But this unique revolutionary moment did not last long. The Muslim Brotherhood betrayed the revolution by siding with the Military Council (SCAF) who exploited sectarian and inflamed it with the Maspero massacre. The secular opposition has also allied itself with the military to get rid of the Muslim Brotherhood, paving the way for al-Sisi’s 2013 coup.

    Al-Sisi restored the bases of the Egyptian sectarian State and reestablished the very sectarian and securitarian deals that Mubarak’s regime had set up; the Copts are once again paying the price with their blood. The security services’ incompetence and complicity are only part of the picture, and we must of course join the Coptic youths when they demand that the interior minister be sacked and put on trial for criminal negligence.

    But the security failings are part and parcel of the political bankruptcy of the al-Sisi regime. Not only did the military rule and its security forces fail to protect the Copts and their churches, but this regime’s policies can only lead to more violence, bloodshed, terrorism and sectarianism. A regime that is based on tyranny, dictatorship and the suffocating of the political arena. A regime whose economic policies impoverish the majority for the sake of the same big businessmen who monopolised the country’s wealth in the Mubarak years and shared it with the generals. A regime that is based on sectarianism, and uses the religious institutions from the Coptic Church to al-Azhar Mosque to gather support for the dictatorship. A regime that hasn’t made a single step to dismantle the systemic discrimination and persecution that the Coptic masses suffer, but on the contrary re
    inforces the discrimination and persecution, exploiting the sectarian card along with tyranny and repression in order to remain in power.

    Once more, al-Sisi and the al-Azhar Imam will present their condolences to Pope Tawadros. And once more they will talk of national unity and the evil plots against Egypt and other nonsense.

    It is about time that we built an opposition that rejects all forms of sectarianism, be it coming from al-Sisi’s regime or groupings of political Islam. An opposition that doesn’t content itself with condemning terrorism and the terrorists and the failings and complicity of the security forces. An opposition that puts the struggle against sectarianism and the persecution of Copts at the center of its priorities.

    Glory to the martyrs
    We won’t forget al-Qaddisayn
    We won’t forget Maspero
    We won’t forget Peter and Paul
    We won’t forget Arish
    We won’t forget the Palm Sunday massacres

    The Revolutionary Socialists
    9 April 2017

    http://global.revsoc.me/

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

    Tunisian_crowd11.png

    •  
      A gauche
      Tunisie - Six mois de gouvernement Echahed : La crise empire !

      , par Parti des Travailleurs (Tunisie)

      Le gouvernement Echahed dirige le pays depuis six mois. Pourtant, la crise continue, et rien ne laisse présager de son dépassement prochain.
      Le processus constitutionnel est à l’arrêt, ce qui implique l’impossibilité de mettre en place les nouvelles institutions de l’Etat, comme le Haut conseil de la (...)

    • USA
      United States Muslim and refugee ban: Trump Makes Early Enemies

      , by LA BOTZ Dan

      President Donald Trump and his alt-right advisor Stephen Bannon—“President Bannon” as he is being called —are making enemies fast, and lots of them. Leaders of some of the country’s largest corporations have come out against Trump’s Muslim and refugee ban. Some Christians, including Evangelicals, (...)

    • Tunisie
      Tunisie : le militant associatif Massoud Romdhani rétabli dans ses droits

      , par BELHASSEN Souheir

      Cet article fait suite à celui disponible sur ESSF à l’adresse suivante : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article40142
      Communiqué du Comité national et international de soutien à Massoud Romdhani
      Le comité national et international de soutien au militant Massoud Romdhani a appris avec (...)

    • USA
      Isis hails Donald Trump’s Muslim immigration restrictions as a ’blessed ban’

      , by McKERNAN Bethan

      Extremist social media channels delighted with new US President’s executive order, claiming it fulfils an al-Qaeda leader’s prediction that the West would eventually turn against its Muslim citizens
      Al Qaeda, Isis and other jihadi groups are thrilled with US President Donald Trump’s executive (...)

    • Economie
      Tunisie : la victoire à portée de main à l’oasis de Jemna - Interview -

      , par BARON Alain, ETAHRI Tahar

      Interview - de Tahri Mohamed Tahar (dit Tahar Etahri), président de l’association de Jemna (Tunisie)
      Comment s’est passée, le jeudi 19 janvier, votre rencontre avec les ministères concernés ?
      Nous avons tout d’abord rencontré le ministère de l’agriculture. Le ministre était en déplacement à l’étranger, (...)

    • Women
      Iranian Migrant in Norway – The hymen: from shame to liberation

      , by BAI Mina

      On Sunday 28 August, Isra Zariat, writing for the the Norwegian broadcasting website NRK , revealed that Norwegian doctors are conducting ‘virginity tests’ on behalf of concerned Muslim parents. Doctor Therese Kristina Utgård revealed that her website Klara Klok answers questions about the hymen (...)

    • USA
      United States – Opposition, Protest, Resistance to Trump Muslim Ban – Day 2

      , by LA BOTZ Dan

      Opposition and resistance to Trump’s Muslim ban continued for a second day on Sunday, January 29 with more massive demonstrations in American cities, as some corporate CEOS as well as Republican and many Democratic politicians also spoke out against Trump’s Muslim ban.
      Democrats rushed to put (...)

    • Histoire & mémoire
      Appel pour la reconnaissance des crimes coloniaux commis par la France

      , par Collectif

      Populations « indigènes » soumises au travail forcé, dispositions racistes et d’exception – codes de l’indigénat, internement administratif, responsabilité collective, etc… – imposées aux colonisés qui, dans leur écrasante majorité, n’étaient pas considérés comme des citoyens mais comme des « sujets français (...)

    • Tunisie
      Tunisie : Grève de la faim, mon ultime recours

      , par ROMDHANI Messaoud

      Messaoud a été de toutes les luttes pour la justice sociale et la démocratie. Cela a notamment été le cas lors de la campagne de soutien aux habitant-e-s du bassin minier à laquelle les organisations syndicales française, dont la mienne, ont eu l’honneur de participer. Il est donc particulièrement (...)

     

  • La crise de l’islam politique (I) : Problèmes de terminologie (Chronique de palestine)

    Azmi Bishara

     
    Azmi BisharaDes groupes se réclamant de l’islam politique ont récemment franchi deux importantes étapes représentant chacune une crise et peut-être bien une bifurcation de la route.

    L’échec de l’expérience des Frères musulmans après la révolution en Égypte, l’émergence du groupe État islamique en Irak et en Syrie soulèvent de sérieuses questions quant à la notion d’islam politique.

    Dans ce contexte, toutefois, il faut dire qu’une démarche récente du parti Ennahdah tunisien pour rompre avec l’islamisme n’est pas tant un signe de crise que celui de l’amorce d’une tentative de surmonter cette crise.

    De nombreux experts et certains islamistes influents réfutent l’expression « islam politique ». On peut résumer leurs arguments ainsi :

    1. La religion est par définition sociale, et s’intéresse à la sphère publique. L’islam en particulier n’a jamais été séparé de la politique depuis ses origines; par conséquent il n’existe pas d’islam apolitique.

    2. Si l’expression se rapporte au chevauchement entre la religion et la politique, et l’exploitation de la religion à des fins politiques, alors elle ne devrait pas s’appliquer exclusivement aux mouvements islamistes. Elle doit également englober les régimes qui ont utilisé la religion en tant qu’idéologie de légitimation – notamment ceux qui revendiquent l’islam comme religion d’état et base de la législation, tout en combattant les groupes islamistes.

    La première objection, en réalité, confirme la profonde imbrication de la religion et de la politique avant l’apparition de la laïcité, semblable à l’entrelacement des fonctions sociales et du tribalisme et des communautés en général.

    A l’époque, « l’état » était un euphémisme pour désigner le pouvoir des dynasties régnantes – qui ont donné leur nom au pays – et d’autres entités sociales avec des fonctions se chevauchant.

    Mais depuis l’apparition de la sphère politique moderne, avec les états nation, les structures bureaucratiques, les organismes de sécurité et les armées – et des hommes politiques de carrière – les fonctions politiques, sociales, et cognitives de la religion ont régressé.

    L’apparition des mouvements politiques et religieux réformistes

    C’est dans ce contexte que sont apparus des mouvements politiques et religieux réformistes s’appuyant idéologiquement sur le discours religieux et les écritures, et que des groupes ont investi la sphère politique. Le soi-disant islam politique résulte donc d’une réalité où la religion et la politique sont deux entités distinctes.

    Il s’ensuit que la première objection est erronée.

    L’utilisation de l’expression « islam politique » est née de l’aspiration nostalgique de relier les deux, en réaction à la rupture qui les a séparées. Ou dans d’autres cas elle vient d’une forte croyance découlant de l’analyse de l’état postcolonial des pays islamiques, selon laquelle la nation islamique ne pourra se relever à moins de revenir à son identité culturelle comme base d’interaction avec la modernité.

    Mais je serais assez d’accord avec la seconde objection.

    Plusieurs régimes ont utilisé la religion comme idéologie de légitimation, se servant de la puissance de l’état pour imposer leur propre interprétation de celle-ci.

    Il n’y a aucune raison pour que l’expression « islam politique » ne s’applique pas à ces régimes, puisqu’ils politisent l’islam pour servir leurs propres intérêts. Il est aussi presque naturel que ces régimes s’engagent dans un combat existentiel avec des groupes islamistes, qui se présentent comme un autre choix fondé sur la même source de légitimité.

    A cet égard, leur guerre avec des groupes islamistes est féroce car c’est après tout une guerre civile. Toutefois, pour ces régimes l’expression « islam politique » ne devrait recouvrir que l’islamisme militant – mais ceci devrait faire l’objet d’une autre étude.

    Les dilemmes devant lesquels se trouvent les mouvements politiques religieux peuvent être résumés comme suit :

    La religion est une sphère sacrée, tandis que le rôle de la politique consiste à administrer les affaires humaines dans le cadre d’une société organisée, et de faire fonctionner les institutions étatiques. La sphère de la politique, c’est le pouvoir et la distribution et la gestion de la richesse sociale et des avantages sociaux, caractérisés souvent par des conflits entre divers groupes d’intérêt et communautés.

    Et le rapprochement entre les deux sphères ne peut se faire que de deux façons :

    – En sécularisant et politisant la religion, ce qui veut dire soumettre l’interprétation de la religion aux considérations politiques du moment. Que cela soit fait «de bonne foi » ou non, cet effort finira presque toujours par malmener la religion.

    – En sacralisant la politique, en élevant certaines valeurs politiques au niveau du religieux. C’est une pratique des mouvements séculiers totalitaires, mais cela se produit également lorsqu’un mouvement islamiste – en faisant partie – devient sacré, plus encore que les valeurs religieuses elles-mêmes.

    Le discours des groupes religieux politiques s’appuie sur des sources qui ont vu le jour dans des contextes historiques dont nous sommes séparés de plus d’un millénaire, et qui sont elles-mêmes totalement coupées de la modernité et de ses productions intellectuelles dans le domaine des sciences sociales, des lettres, de l’économie et des sciences politiques.

    Ainsi ces mouvements se trouvent confrontés à deux options : soit ils s’imposent l’adoption de notions modernes, réinterprétant les écritures et leur signification originelle inacceptable à l’âge moderne, avec pour résultat que de tels enseignements finiront par être déformés. Soit, ils imposent ces écritures et leur signification d’origine perçue, à la réalité moderne créant un affrontement avec celle-ci et ses valeurs, pouvant même dégénérer en un conflit terriblement dévastateur et sanglant– comme nous avons pu le constater récemment.

    Par ailleurs, des forces non-islamistes se sentent souvent menacées par l’amalgame que font les mouvements islamistes entre politique et religion. Ceci est dû au fait que les idées des mouvements religieux sont par implication sacrées, tandis que celles des mouvements non religieux sont décriées comme obscènes.

    Sphère politique et sphère religieuse

    Dans une société religieuse, cette implication délibérée a pour but de gêner ceux qui critiquent les propositions islamistes ou s’y opposent, en laissant entendre qu’ils portent atteinte à la religion elle-même. Et ceci en dépit du fait, que les mouvements islamistes ont des structures laïques conçues par des hommes et entretiennent des relations tout comme les autres mouvements politiques, et ont des objectifs politiques liés à une orientation politique, au pouvoir, à la domination, et à des intérêts partisans sinon factieux et confessionnels.

    La sphère politique est une sphère destinée à l’organisation des affaires publiques. C’est également une sphère de pouvoir et de monopole de la violence. C’est donc une arène où règnent la rivalité et le conflit entre les différents intérêts et visions.

    Le pire qui puisse arriver à la politique c’est qu’elle soit absorbée par l’une des deux formes d’extrémisme : une mobilisation de masse mue par les instincts, ou l’élévation de ces derniers au niveau du sacré.

    Les deux barrent la route à la communication rationnelle et au dialogue qui s’efforcent de trouver les meilleures mesures politiques, les plus appropriées et acceptables qui soient. Elles mènent au rejet du compromis lorsqu’une victoire décisive est inatteignable et donc au recours à la violence.

    Au pire, ces deux formes d’extrémisme pourraient se croiser dans le cas de partis laïques et religieux extrémistes qui jouent à la fois sur la peur et la colère tout en sanctifiant des questions politiques terre-à-terre.

    Ce ne sont pas des questions théoriques mais concrètes, et qui affectent la vie quotidienne de millions de personnes. L’incapacité à les résoudre a conduit les mouvements islamistes dans une impasse, dont il est impossible de sortir sans un changement radical.

     * Azmi Bishara est un intellectuel palestinien, universitaire et écrivain. Consultez son site personnel et suivez-le sur Twitter: @AzmiBishara

    http://chroniquepalestine.com/

  • SOS Chrétiens d’Orient, une ONG très idéologique (Souria Houria)

     

     

    SOS Chrétiens d’Orient, une ONG très idéologique

    Les dirigeants et fondateurs de l’association sont pour la plupart issus de l’extrême-droite.

    « Nous ne sommes pas d’abord une organisation humanitaire, nous voulons surtout retisser des liens entre les chrétiens d’Orient et les chrétiens d’Occident », insiste Arthur du Tertre, le secrétaire général de SOS Chrétiens d’Orient. Créée en 2013, l’association a suscité en peu de temps une certaine mobilisation chez des catholiques français, avec notamment l’envoi sur place de plus de 400 volontaires.

    Ses dirigeants et fondateurs sont tous des jeunes issus de la droite catholique identitaire. À commencer par son président, Charles de Meyer, assistant parlementaire du député de la Ligue du Sud, Jacques Bompard.

    Le directeur général, Benjamin Blanchard, a également travaillé pour Jacques Bompard, avant de devenir l’assistant parlementaire de l’eurodéputée frontiste Marie-Christine Arnautu. L’association a pour chef de mission en Irak François-Xavier Gicquel, qui avait dû rendre sa carte du Front National à cause de photos le montrant en train de faire le salut nazi et de sa participation à un apéro « saucisson-pinard ».

    SOS Chrétiens d’Orient compte aussi parmi ses militants des membres de Génération identitaire, dont Damien Rieu, ancien porte-parole de cette organisation de jeunes qui fait partie du mouvement d’extrême droite Bloc identitaire.

    Capable de monter des campagnes de communication extrêmement efficaces, notamment en invitant à courir le semi-marathon de Paris, l’association dispose déjà d’un important réseau de donateurs (pour un budget qui serait de plusieurs millions d’euros), elle organise des voyages en Syrie pour des hommes d’Église et aussi des députés, dont Jean-Frédéric Poisson (Parti chrétien-démocrate), Véronique Besse (Debout la France), Thierry Mariani (Les Républicains) et Gérard Bapt (Parti Socialiste).

    Elle intervient dans nombre de paroisses et d’établissements catholiques.

    Le tout grâce à sa relation de confiance avec les communautés chrétiennes sur place, mais aussi avec le régime syrien de Bachar el-Assad, le dictateur qui serait, à ses yeux, le « protecteur des chrétiens » et que l’association se refuse de critiquer, allant jusqu’à organiser des rencontres avec lui. C’est par son entremise que le diocèse de Fréjus-Toulon a pu organiser un jumelage avec celui de Homs après un voyage sur place de Mgr Rey.

    « Nous n’avons aucun lien avec une organisation politique, nous voulons aider les chrétiens d’Orient, c’est tout »,  assure Arthur du Tertre, en suggérant que certains seraient jaloux du succès de sa jeune ONG. À l’Œuvre d’Orient, on tient en tout cas à se démarquer. L’année dernière, cette organisation qui dépend de l’Église catholique et qui soutient les communautés chrétiennes de la région depuis plus de 150 ans a même envoyé une lettre à ses donateurs pour les avertir du risque de confusion entre les deux associations.

    HENRIK LINDELL publié le 04/01/2017

    http://souriahouria.com/

    Commentaire:

    Sur les question religieuses, nous recommandons la lecture de "Golias" médias indépendant. La Vie (ex catholique) étant lié à l'Eglise.

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

    syrie.png

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    • Syrie
      Anger: To “leftist” admirers of Assad’s Syria

      , by MARDAM-BEY Farouk

      As a Syrian who has always identified politically with the left, I am particularly appalled by those men and women who call themselves left-wingers — and are therefore supposed to stand in solidarity with struggles for justice worldwide — and yet openly support the regime of the Assads, father (...)

    • Syria
      Document: The secret pact between Russia and Syria that gives Moscow carte blanche

      , by BIRNBAUM Michael, Russian Government, Syrian Government

      MOSCOW – When you are a major nuclear power and you want to make a secretive deployment to a faraway ally, what is the first thing you do? Draw up the terms, apparently, and sign a contract.
      That’s what the Kremlin did with Syria in August, according to an unusual document posted this week on a (...)

    • Human Rights, justice
      USA: New Trial for Palestinian community activist Rasmea Odeh

      , by FINKEL David, Solidarity (USA)

      RASMEA ODEH, THE Palestinian community activist in Chicago who was convicted in 2015 for “fraudulent procurement of naturalization” when she obtained her U.S. citizenship in 2004, has won a new trial.
      This is an important victory for Odeh and her defense team, who successfully argued on appeal (...)

    • Religious arbitration forums
      Religious arbitration bodies – Sharia debate in the UK: who will listen to our voices?

      , by 300 abused women

      Over 300 abused women have signed a statement opposing Sharia courts and religious bodies, warning of the growing threat to their rights and to their collective struggles for security and independence.
      We are women who have experienced abuse and violence in our personal lives. Most of us come (...)

    • A gauche
      Tunisie : Une année s’achève… Une autre arrive

      , par Parti des Travailleurs (Tunisie)

      Dans quelques jours, le peuple tunisien fera ses adieux à 2016 pour accueillir la nouvelle année. L’année 2016 a été assurément dure pour les travailleurs et les couches populaires, en raison des choix du gouvernement de coalition Nidaa-Ennahdha. Les belles promesses électoralistes n’étaient qu’une (...)

    • Humanitaire associatif
      Le Collectif de Développement et Secours Syrien (CODSSY)

      , par Codssy

      Auto-présentation reprise du site du CODSSY le 31 décembre 2016.
      CODSSY est une association humanitaire à but non-lucratif, indépendante, non partisane et non-gouvernementale, fondée à Paris le 22 octobre 2012 et enregistrée sous le numéro W751217007. Elle est régie par la loi du 1er juillet 1901 et (...)

     

  • « Au Maroc, les professeurs de philosophie sont des foyers de résistance contre la bêtise » (Le Monde)

    Les enseignants de philosophie marocains sont mobilisés contre des nouveaux manuels d’éducation islamique, qui présentent la philosophie comme une « matière contraire à l’islam ». Noureddine Affaya, professeur de philosophie moderne et d’esthétique à l’université Mohammed-V de Rabat, décrypte les relations tendues entre la philosophie et le pouvoir, dans un contexte de retour au traditionalisme culturel sous Hassan II. Il a publié, en 2014, De la critique philosophique contemporaine (prix de la Fondation de la pensée arabe, Beyrouth, 2015).

    Avez-vous été surpris de la mobilisation des enseignants de philosophie ?

    Noureddine Affaya J’aurais été surpris que les enseignants de philosophie ne se mobilisent pas pour dénoncer les dérapages des nouveaux manuels d’éducation islamique. Cela prouve qu’au Maroc, et en dépit des élans rétrogrades, il y a toujours des défenseurs de la pensée moderne, y compris la philosophie.

    Comment expliquez-vous la tension récurrente entre la philosophie et les sciences sociales d’un côté, et la sphère religieuse de l’autre ?

    La philosophie, en tant que discipline et matière d’apprentissage, est le fruit du système d’enseignement introduit par le protectorat français [de 1912 à 1956]. D’ailleurs, elle n’a été arabisée qu’au milieu des années 1970. La tension entre la philosophie et la sphère religieuse n’est pas spécifique au cas marocain.

    Mais il faut dire que l’adversité à l’égard de la philosophie, au Maroc, s’explique, entre autres, par la peur et la résistance des milieux conservateurs contre toute pensée moderne enseignant la liberté, le questionnement et les principes de l’argumentation. L’enseignement de la philosophie est devenu un enjeu de pouvoir majeur.

    Qui est responsable de ce pourrissement ?

    La faute incombe au pouvoir politique qui a fait du système d’enseignement, après l’indépendance du pays, un front pour contrer les élans modernistes des élites et de la société marocaine, au lieu d’en faire un levier d’épanouissement et de progrès.

    Vous rappelez dans vos écrits que la philosophie a été considérée comme « dangereuse » et officiellement combattue pendant « les années de plomb », sous le règne d’Hassan II. Est-ce encore le cas ?

    Durant « les années de plomb », tant le pouvoir que les milieux traditionalistes ont vigoureusement combattu la philosophie et les sciences sociales et humaines. Néanmoins, les intellectuels marocains ont résisté, en investissant les institutions culturelles et par des pratiques pédagogiques et de sensibilisation.

    Pendant des années, le pouvoir politique a cru pouvoir contrer les habiletés critiques de la philosophie en encourageant les tendances islamisantes et conservatrices. Quand Mohammed VI a opté pour un discours moderniste, il s’est trouvé face à une opposition représentée par les différents courants islamistes qui avaient commencé à devenir plus visibles dès le début des années 1990.

    Comment avez-vous vécu cette montée en puissance de l’idéologie islamiste au Maroc, y compris et peut-être d’abord dans les facultés ?

    Il s’agit d’une histoire tumultueuse. Quand les autorités ont décidé d’élargir la carte universitaire dans les années 1980, de nouvelles universités ont été construites mais les facultés de lettres et sciences humaines étaient dépourvues de départements de philosophie.

    En lieu et place, on a ouvert de nouveaux départements d’« études islamiques », conçus et soutenus par un représentant officiel du wahhabisme marocain. Il est vrai qu’ensuite, l’Etat a permis l’ouverture de départements de philosophie dans les nouvelles facultés, mais dans des conditions extrêmement tendues et difficiles à cause de la nouvelle configuration idéologique caractérisée par la forte présence de l’islamisme.

    Quel rôle joue l’islam officiel, qui légitime le pouvoir royal, dans cette « bataille des valeurs » ?

    L’islam légitime le pouvoir au Maroc et les discours officiels revendiquent un islam ouvert et tolérant, mais leur mise en œuvre est marquée par des dérapages souvent incontrôlables. Ceux qui sont censés traduire ces discours en programmes et actions publiques sont eux-mêmes traversés par les courants qui n’hésitent aucunement à idéologiser, voire à « islamiser » la fonction éducative et pédagogique.

    Le roi a lancé une réforme des programmes de l’enseignement religieux, qui s’est faite sous l’égide du conseil des oulémas. Or, cette institution est dominée par une lecture traditionaliste, sinon salafiste…

    La lecture traditionaliste est prépondérante au sein du corps des oulémas. Mais il y a aussi diverses sensibilités et approches interprétatives du corpus religieux dans les structures institutionnelles qui gèrent « le capital religieux » au Maroc. Le souci tient au manque de vigilance des autorités responsables des programmes. Elles ont travaillé dans l’urgence à les modifier, laissant passer des manipulations aberrantes, notamment vis-à-vis de la philosophie et plus largement de toute pensée critique.

    Les islamistes se targuent d’avoir remporté la bataille idéologique. La philosophie et l’esprit critique sont-ils passés de mode ?

    La philosophie se bat toujours pour arracher sa légitimité et sa crédibilité. Le Maroc est probablement le seul pays au monde qui programme trois années d’enseignement de philosophie avant le baccalauréat. Cet acquis est le fruit d’une lutte des professeurs, car l’idéologie islamiste est présente aussi et contribue aux côtés d’autres forces politiques et sociales à nous tirer vers le bas.

    Les professeurs de philosophie sont des foyers de résistance contre la bêtise, la régression et l’amalgame. Et, heureusement, des espaces d’expression et d’apprentissage de l’esprit critique émergent, que ce soit grâce aux supports numériques ou dans des lieux de vie culturels qui échappent au contrôle des différents censeurs.

    http://www.lemonde.fr/

    Le Maroc enterre trente ans d’arabisation pour retourner au français

    Au Maroc, un manuel scolaire affirme que la philosophie est « contraire à l’islam »

    Au Maroc, la disparition des écoles publiques accélère la marchandisation de l’éducation

  • L’Etat islamique, un orientalisme inversé (Cetri.be)

    orient.jpg

    Le Djihadisme comme "Orientalisme inversé"

    Les débats sur la puissance d’attraction de l’Etat islamique ne permettent pas de saisir la complexité d’un phénomène qui puise ses forces dans un discours qui cristallise la haine d’un Occident fantasmé.

    Depuis quelques mois, le groupe Etat islamique cède ostensiblement du terrain dans tous ses fiefs - notamment en Irak, en Syrie ou encore en Libye - et répond à ces revers militaires par de violentes contre-offensives et une démultiplication des attentats, non seulement au Moyen-Orient (contre une église copte du Caire pour le plus récent), mais aussi à travers le monde (sur un campus universitaire américain dans l’Ohio).

    Début décembre, Abou Hassan al-Mouhajir, intronisé nouveau porte-parole du groupe et successeur du charismatique Abou Mohammed al-Adnani (tué dans une frappe aérienne au mois d’août), enjoignait ses partisans de perpétrer des attaques-suicides partout et de ne surtout pas déserter le champ de bataille. Si le nombre de combattants cheminant à destination du « califat » en Irak et au Levant s’est drastiquement réduit, l’attraction du « récit » développé et sophistiqué par l’Etat islamique n’est donc guère en baisse pour sa part ; sans succomber à l’alarmisme, il est même plutôt vraisemblable que les faits d’armes signés par l’organisation terroriste se poursuivent, continuant d’alimenter à ce titre une profusion de commentaires et d’analyses qui, eux-mêmes, sont sujets à maintes controverses.

    Les déchirures interprétatives survenues depuis les attentats de novembre 2015 dans le champ français des études sur le jihadisme et la radicalisation, aujourd’hui les deux grands paradigmes dominants, en sont symptomatiques.

    « Islamisation de la révolte radicale » et « nihilisme » générationnel pour les chercheurs Alain Bertho et Olivier Roy, prépondérance du facteur religieux et de l’islam radical dans le passage au jihad armé selon Gilles Kepel, poids des héritages coloniaux et postcoloniaux ainsi que des ingérences et politiques occidentales dans leurs répercussions globales selon François Burgat, les explications proposées autour du phénomène ne manquent pas, en l’espèce plus ou moins antagoniques ou complémentaires selon leurs auteurs.

    Leurs vifs échanges ne traduisent pas d’ailleurs l’intégralité d’un débat qui se veut tout aussi vif outre-Atlantique et au sein des sociétés arabo-musulmanes elles-mêmes. Mais par-delà la persistance des désaccords et des querelles, force est de reconnaître que l’Etat islamique, sous bien des aspects, reste une sorte d’énigme pour le plus grand nombre, et qu’aucune hypothèse n’a réellement permis jusqu’ici d’en éclairer l’infinie complexité. Le plus saisissant reste sans doute, de ce point de vue, la très grande diversité des profils sociologiques que le groupe est parvenu à agréger autour de lui, dimension invitant à poursuivre les discussions engagées ces dernières années.

    « résistance absolue »

    Doit-on, à ce titre, borner la puissance d’attraction toujours exercée par l’Etat islamique aux conditions structurelles, matérielles ou contextuelles de son expansion ? Ou ces dernières n’étayent-elles qu’en partie les engagements militants et effets de bascule qu’il articule ? Là encore, aucune systématisation n’apparaît concluante et pousse à s’interroger. Au rang des présomptions que l’on peut raisonnablement émettre figure ici la problématique du discours : la faculté de l’Etat islamique à se reproduire, à se renouveler militairement et à maintenir ses allégeances dans le temps long ne tient-elle pas, en effet, au « message » qu’il véhicule pour l’essentiel ?

    Sophistiqué et amplement diffusé, sur fond d’un usage maîtrisé des technologies de l’information et de la communication (dont les réseaux sociaux, caractéristiques de cette modernité « liquide » contre laquelle l’Etat islamique s’érige formellement mais dont il est aussi un élément constitutif), ce discours n’est-il pas son premier garant ? Si l’on s’attache à en étudier les termes, alors la stratégie de l’Etat islamique recouvre un nom, précis et qui n’a rien de neuf en soi : l’« occidentalisme ». Celui-ci imprime une longue histoire d’opposition, tantôt objective, tantôt imaginée, entre l’Occident et ses « adversaires », et connaît donc une fortune renouvelée depuis l’émergence du groupe sur le front irakien en 2006 et ses progrès graduels puis spectaculaires à partir de 2014. Il est la caution de cette « résistance absolue » que l’Etat islamique entend incarner et en parfait accord avec sa nature révolutionnaire radicale.

    Qu’entendre par « occidentalisme », cet envers de l’orientalisme si brillamment déconstruit en son temps par l’intellectuel palestino-américain Edward Saïd dans son ouvrage paru en 1978 [1] ?

    Si l’on en retrace les origines, l’hostilité anti-occidentale est en réalité ancienne et place les courants islamistes et jihadistes contemporains sur une « chaîne de transmission » - c’est sans doute ce qui renseigne le mieux, au-delà du seul socle religieux qu’est l’islam, sur leur capacité de conviction toujours plus large. La haine et le rejet de la modernité occidentale dont l’Etat islamique se fait le tenant recouvrent une réalité mondiale, qui plonge ses racines dans un continuum d’images négatives et réductrices développées au fil des décennies sur l’Occident. L’élaboration et la diffusion de ces stéréotypes remontent d’ailleurs à la pensée occidentale elle-même, en réaction aux Lumières et au capitalisme à l’époque ; ils se sont par la suite propagés à tous les continents et au monde musulman en particulier, soumis au régime de la colonisation. Parmi les thèmes de l’occidentalisme, tous repris par l’Etat islamique dans sa propagande, citons l’impérialisme, le multiculturalisme, le matérialisme, le consumérisme, l’individualisme, mais aussi la vision d’un mode de vie occidental « débauché » que seul un sacrifice héroïque, inscrit au sein d’une communauté réinventée et utopique -l’oumma dans le cas présent- saura transcender.

    L’Etat islamique, et avant lui un mouvement comme Al-Qaeda, en a donc fait une « marque de fabrique », et plus encore une garantie de survie au-delà de sa situation volatile au sol.

    Ce discours reste son pouvoir par excellence, celui de la construction d’une identité qu’il veut parfaitement distincte de celle de ses ennemis. A travers l’adhésion idéologique à ce récit, aussi caricatural soit-il, tout membre ou sympathisant du groupe devient le « seul », « vrai » musulman, « pur » et « authentique ». Il intègre en quelque sorte un cadre cognitif nouveau, au prisme duquel l’Occident, énoncé comme tel, et ses partenaires sont supposés rechercher coûte que coûte la destruction de l’islam et de ses fidèles.

    Sans cette narration, il relève de l’évidence que l’Etat islamique ne serait pas en mesure de justifier sa cause absolutiste et irrédentiste, son opposition radicale à toute forme de présence occidentale dans le monde musulman - y compris celle de la Russie - et se présenter comme le seul acteur capable d’infléchir l’ordre mondial. Le philosophe égyptien Hassan Hanafi a parfaitement illustré cette prégnance occidentaliste du jihad, qu’il nomme istighrab en arabe, et sa fonction d’édification d’un musulman affranchi, indépendant, synonyme d’une modernité alternée, même bâtie dans l’hyper-violence.

    • Myriam Benraad
    • 27 décembre 2016

    Notes

    [1L’Orientalisme, l’Orient créé par l’Occident, Seuil, 430 pp

    http://www.cetri.be/