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Syrie

  • Syrie. Utilisation de phosphore blanc par la coalition dirigée par les États-Unis : un possible crime de guerre (Amnesty)

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    L'utilisation de munitions au phosphore blanc par la coalition dirigée par les États-Unis met gravement en danger la vie des milliers de civils piégés dans la ville de Raqqa et aux alentours, et pourrait dans ces circonstances constituer un crime de guerre.
    Samah Hadid, directrice Campagnes pour le Moyen-Orient à Amnesty International

    L'utilisation par la coalition emmenée par les États-Unis de munitions au phosphore blanc dans la banlieue de Raqqa, en Syrie, est illégale et pourrait constituer un crime de guerre, a confirmé Amnesty International après avoir étudié soigneusement cinq vidéos des faits.

    Ces vidéos, publiées en ligne les 8 et 9 juin 2017, montrent des tirs d'artillerie de la coalition utilisant de telles munitions sur les quartiers civils de Jezra et d'El Sebahiya. Le droit international humanitaire interdit d'utiliser du phosphore blanc à proximité de civils. 

    « L'utilisation de munitions au phosphore blanc par la coalition dirigée par les États-Unis met gravement en danger la vie des milliers de civils piégés dans la ville de Raqqa et aux alentours, et pourrait dans ces circonstances constituer un crime de guerre. Cette substance peut provoquer de terribles blessures en brûlant la chair et les os, et reste dangereuse pendant des semaines après son utilisation car des résidus peuvent se rallumer spontanément et atteindre des températures extrêmement élevées », a déclaré Samah Hadid, directrice Campagnes pour le Moyen-Orient à Amnesty International.

    « Les forces dirigées par les États-Unis doivent enquêter immédiatement sur les tirs d'artillerie qui ont visé Jezra et El Sebahiya et prendre toutes les mesures possibles pour protéger les civils. L'utilisation de phosphore blanc dans des zones densément peuplées fait courir aux civils un risque inacceptable et s'apparente presque immanquablement à une attaque menée sans discrimination. »

    Amnesty International a vérifié et recoupé cinq vidéos rendues publiques les 8 et 9 juin 2017.

    Celles-ci montrent clairement, sous différents angles, du phosphore blanc exploser au dessus de ces zones et une pluie de particules de phosphore en combustion retomber sur des bâtiments de faible hauteur. L'utilisation répétée de phosphore blanc dans des conditions où des civils risquent d'entrer en contact avec des particules en combustion est contraire au droit international humanitaire.

    Selon le groupe d'observateurs locaux « Raqqa est assassinée en silence » et d'autres sources locales, 14 civils ont été tués lors d'une des frappes. Des militants de « Raqqa est assassinée en silence » ont dit à Amnesty International que, outre la population civile, de nombreuses personnes déplacées ayant fui l'ouest de Raqqa avaient aussi trouvé refuge dans ces zones au moment de l'attaque.

    Du phosphore blanc de fabrication américaine

    Selon l'analyse réalisée par Amnesty International, les obus au phosphore blanc que l'on voit sur les images sont très probablement des M825A1 de 155 millimètres, fabriqués aux États-Unis.

    Le phosphore blanc est le plus souvent utilisé pour créer un écran de fumée dense susceptible de dissimuler des mouvements de troupes aux forces ennemies, ainsi que pour marquer des cibles en vue d'une nouvelle attaque. Si son utilisation à ces fins n'est pas interdite, elle doit être entourée des plus grandes précautions. Cette substance ne doit en aucun cas être utilisée à proximité de civils.

    « La protection des forces ne doit pas être prioritaire sur la protection des civils. La coalition emmenée par les États-Unis, ainsi que les Forces démocratiques syriennes, doivent s'abstenir d'utiliser des armes explosives puissantes et des armes imprécises dans des zones habitées, et doivent prendre toutes les mesures possibles pour protéger la population civile », a déclaré Samah Hadid.

    Utilisation confirmée de phosphore blanc à Mossoul, en Irak

    La coalition dirigée par les États-Unis a confirmé avoir récemment utilisé du phosphore blanc dans la ville irakienne de Mossoul, mais n'a pas confirmé l'utilisation de cette substance à Raqqa. À Mossoul, elle a affirmé avoir utilisé du phosphore blanc pour créer un écran de fumée afin d'aider les civils à fuir les zones de la ville contrôlées par le groupe armé se faisant appeler État islamique (EI).

    Complément d’information

    Les combats s'intensifient à Raqqa tandis que les Forces démocratiques syriennes, soutenues par la coalition emmenée par les États-Unis, cherchent à reprendre le contrôle de la ville à l'EI. Des centaines de milliers de civils restent pris au piège dans la ville et aux alentours.

    Amnesty International surveille le comportement de toutes les parties au conflit à Raqqa, au regard de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et du droit international relatif aux droits humains qui s'applique.

    16 juin 2017

    https://www.amnesty.org/

  • Syrie, des centres éducatifs en zone assiégée de la banlieue de Damas «pour casser la routine quotidienne de la mort» (A l'Encontre.ch)

    Garderie d’enfants bombardée

    Entretien avec Majd al-Dik

    En mai 2017, deux quartiers de Damas (Qaboun et Barzeh) ont été repris par le régime syrien et les habitants déportés. Par conséquent le siège s’est accru dans la banlieue de Damas, sur la Ghouta Est, et ses habitants sont à leur tour menacés de déportation. Ces déportations s’accompagnent entre autres d’une destruction du tissu social et de la vie civile, soit avec les conseils locaux d’organisation de la survie, les structures associatives, médicales, éducatives.

    Bombardés par le régime de Assad, assiégés depuis 2013, de nombreux civils syriens de la banlieue Est de Damas (la Ghouta orientale, entre 350’000 et 400’000 habitant·e·s) cherchent à organiser «la vie au quotidien». Parmi eux Majd al-Dik, qui a grandi dans la Ghouta et a pris part à la révolution syrienne, a fondé des centres éducatifs comme Nabea El-Hayat (Source de vie). Il continue de s’occuper aujourd’hui, depuis la France, de l’appui à ces centres qui offrent un soutien psycho-social aux enfants. Cet entretien témoigne d’un aspect de la lutte pour la vie dans la Ghouta. Il a été publié dans le n° 9 de la revue de l’Emancipation syndicale et pédagogique. L’entretien a été effectué par Laure Jinquot. La traduction a été assurée part Luiza Toscane. (Avril 2017)

    Comment t’est venue l’idée de fonder un centre éducatif et psychologique?

    Majd al-Dik: En 2007, j’ai travaillé pour le projet “Child Friendly Spaces”, mené par le Croissant-Rouge et l’Unicef à destination des enfants irakiens réfugiés en Syrie. Avec la révolution syrienne, la répression et les bombardements, j’ai vu que ce qui se passait avec les enfants syriens, c’était comme ce qui se passait avec les enfants irakiens.

    On a eu ce rêve de développer un projet éducatif, mais pas comme l’éducation officielle sous la dictature de Assad, un projet alternatif. Les écoles avaient souffert de deux choses : les bombardements et les salaires qui n’étaient plus payés aux instituteurs.

    Le premier centre a ouvert en 2013. Au début, il ne devait être que provisoire. Aujourd’hui Nabea El-Hayat a neuf centres pour enfants. En parallèle à l’enseignement, nous avons mis en place un soutien psychologique et une aide alimentaire pour les enfants.

    Comment s’organise la journée pour les enfants?

    Majd al-Dik: Les enfants arrivent à 9h. Quand tous sont à la porte du centre, nous regardons s’il y a des avions ou non, nous évaluons si la situation est dangereuse pour que, si besoin, les enfants puissent repartir. Mais l’école est en général plus sûre que les maisons. Il y a trois ou quatre jours, il y a eu 90 survols d’avions dans la journée. On faisait chanter les enfants pour qu’ils n’entendent pas le bruit des avions.

    La matinée commence toujours par une activité avec des jeux, pour que les enfants oublient, afin qu’ils puissent ensuite se concentrer. De façon générale, l’enseignement n’est pas traditionnel, il y a toujours une part de jeu qui y est intégrée. Il y a des jeux, beaucoup de jeux collectifs, de la musique, des activités poétiques quotidiennes. L’objectif est de voir les enfants heureux, pour casser la routine quotidienne de la mort.

    Après manger, il y a une autre séance pour que les enfants révisent ce qu’ils ont fait dans la journée. Puis nous attendons que les parents viennent chercher leurs enfants. C’est là que nous rencontrons le plus de problèmes, nous sommes souvent obligés de ramener les enfants chez eux. Si un enfant est absent, nous voulons savoir pourquoi, nous nous sentons une responsabilité. Un matin, un enfant était absent, il avait été tué chez lui à cause d’un bombardement d’avion.

    Le repas du midi est préparé sur place?

    Majd al-Dik: Non, nous avons une cuisine centrale dans le Ghouta, dans laquelle dix adultes travaillent. Ils achètent la nourriture, préparent les repas. Puis les voitures amènent les repas dans chacun des neuf centres. Il y a souvent des problèmes pour circuler, à cause des bombardements. Il y a aussi des problèmes pour trouver et acheter de la nourriture à cause du siège.

    A 9h, des enfants arrivent avec la tête qui tourne à cause de la faim, car ils n’ont rien à manger chez eux. C’est pourquoi aussi le matin, dans les centres, nous leur donnons un petit en-cas.

    Comment s’organisent les sessions?

    Majd al-Dik: Au début les sessions étaient de trois mois, mais ce n’était pas assez important pour arriver à mettre en place un suivi psychologique. Aujourd’hui, les sessions vont de quatre mois et demi à un an. Sur les neuf centres, quatre prennent en charge les petits, de quatre à six ans, et cinq écoles prennent en charge les plus grands, de sept et huit ans. Dans les deux types de centres, il y a un soutien psychologique. Chaque centre accueille 150 à 170 enfants, pour chaque session, et cela six jours sur sept.

    Les parents remplissent une fiche au moment de l’inscription pour qu’on sache qui est l’enfant. Des enfants amenés ont parfois un lourd handicap (comme des enfants sourds, à cause des bombardements, ou comme des enfants nécessitant la pose d’une prothèse). Se pose alors la question de savoir s’il faut d’abord accueillir l’enfant dans une structure d’enseignement ou d’abord le soigner. Après l’attaque chimique d’août 2013, de nombreux enfants étaient orphelins et avaient besoin d’adultes qui jouent le rôle de parent. D’autres associations prennent en charge les enfants blessés mais elles ont peu de moyens et sont aussi débordées. Nous nous sentons impuissants face à ces handicaps.

    En début de session, lors de la première période, toutes les activités sont collectives. Puis nous évaluons les enfants pour voir comment ils se comportent. Par exemple quelle est leur réaction à un bombardement: est-ce qu’ils cherchent à se réfugier à l’intérieur ou non? Puis, dans la deuxième période, nous adaptons les activités à l’état de l’enfant.

    Le soutien psychologique les aide, mais les enfants, quand ils rentrent chez eux, voient du sang dans la rue tous les jours. Nous travaillons au quotidien, mais la cause du problème est là au quotidien.

    Les centres présentent-ils des aménagements spécifiques?

    Majd al-Dik: Les centres sont localisés dans les sous-sols d’immeubles, pour qu’ils soient protégés des bombardements. En 2011, l’État a commencé à couper plusieurs fois par semaine l’accès à l’eau, l’électricité, le gaz et l’accès à internet. En 2012, les coupures ont été définitives. Pour obtenir l’électricité, la méthode alternative mise en place est l’utilisation de générateurs. Mais cela nécessite d’importer du diesel, ce qui coûte cher. Dans les centres éducatifs, nous obtenons de l’électricité grâce à des panneaux solaires. Mais l’éclairage est parfois insuffisant.

    Les locaux que nous occupons sont soit prêtés par le Conseil local des villes soit loués à des particuliers. Les centres sont localisés dans huit villes de la Ghouta orientale contrôlées par différentes forces (l’Armée Syrienne Libre et Jaish al-Islam [qui parfois s’affrontent – réd. A l’Encontre]).

    Comment se répartit le personnel?

    Majd al-Dik: Par centre, pour 150-170 enfants environ, on compte: une directrice, quatre institutrices, quatre animatrices (pour les activités), deux personnes pour le nettoyage, une personne pour les menus travaux (réparation,…), une personne formée aux premiers secours. Il y a également un photographe, qui travaille sur plusieurs centres. Les réunions d’équipe sont quotidiennes.

    Une partie du matériel utilisé est celui qui était présent avant la mise en place du siège. Nous fabriquons aussi du mobilier (chaises, tables, tableaux…) et pouvons faire rentrer du petit matériel (stylos, livres…) par des tunnels, au niveau de points de passages. Depuis un mois, les tunnels sont fermés, le régime ayant bombardé nombre d’entre eux. Par conséquent, les taxes prélevées aux points de passage d’entrée du siège ont augmenté de 3% à 12%.

    Les salaires perçus par le personnel sont obtenus grâce à des ONG. Ces ONG, souvent internationales, passent des accords avec nous. Nous devons, en contrepartie, constituer une documentation sur ce que nous faisons.

    Aujourd’hui, nous avons trois bailleurs pour tous les centres. A chaque fois se pose la question de comment on va arriver à financer ces activités. Parfois, les financements durent trois mois, parfois un an. Le financement d’un de nos centres va s’arrêter en juin. Mon rôle est de chercher les financements. C’est le devoir du monde de protéger cette société civile.

    Nabea El-Hayat prend part à d’autres aspects de la vie civile, en plus des centres éducatifs?

    Majd al-Dik: En plus des neuf centres pour enfants, nous avons cinq centres délivrant une formation professionnelle pour les femmes: premiers secours, couture, informatique, langue, gestion de la maison en cas de blocus. Il y a environ 125 femmes par centre. Comme dans les centres pour enfants, tout est gratuit.

    Nous distribuons aussi des chèvres, à raison de quatre par famille. Ceci permet de produire du lait et maintenir une activité économique pour certaines familles. Depuis octobre 2016, nous louons des terres où sont cultivés du blé, du maïs et des légumes. Une quarantaine de personnes travaillent ces terres puis distribuent les récoltes aux familles, gratuitement toujours.

    Au total, il y a 185 personnes qui travaillent dans la Ghouta orientale dans les centres éducatifs, dans les centres pour femmes et dans l’agriculture. (Avril 2017)

    Publié par Alencontre le 9 - juin - 2017
     
  • Lyon Conférence Débat: « Les Forces Politiques Syriennes Clandestines » (Souria Houria)

    CONFERENCE DEBAT
    LES FORCES POLITIQUES SYRIENNES CLANDESTINES
    1970-2010
    Samedi 10 juin 19h,
    Maison des Passages,
    44 rue st.Georges, Lyon 69005

    Avec le militant et opposant syrien MAZEN ADI, membre dirigeant du « Parti Démocrate du Peuple en Syrie ».
    Arrêté au début du mouvement de contestation du régime syrien en Mars 2011, il a quitté la Syrie dès sa libération.

    Réfugié en France depuis 2012, il est membre fondateur du CODSSY et du mouvement Damir. Militant de la branche dissidente du Parti Communiste syrien, branche connue sous le nom du Bureau Politique présidée par Riad Turk, devenu ‘Parti du Peuple’, il rentre dans la clandestinité dès 1980.

    Raconter la complexité et la difficulté de mener une action politique dans la Syrie d’Assad père et fil un devoir de tout instant que nous avons voulu concrétiser avec la conférence d’un bon connaisseur en la personne de Mazen ADI.

    L’ayant vécue de l’intérieure et dont il était acteur majeur, le conférencier nous relatera la vie politique syrienne clandestine de 1970 au 2010.

    CISYLDComité d’Information pour une Syrie Libre et DémocratiqueAvec le soutien du « Collectif Unitaire Lyon-69 avec la Révolution Populaire Syrienne »

    Voici le lien vers la page Facebook de l’événement :

    https://www.facebook.com/events/197784684074498/


    Et le lien vers la page Facebook de CISYLD :

     https://www.facebook.com/CISLD-Comité-dInformation-pour-une-Syrie-Libre-et-Démocratique-639187106121742/

    https://souriahouria.com/

  • Les évacuations de rebelles à Damas ou la « nouvelle démographie confessionnelle » d’Assad (OLJ)

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    Plus de mille rebelles syriens et leurs familles ont, pour la première fois depuis le début de la guerre en mars 2011, commencé à évacuer lundi le quartier de Barzé en périphérie de Damas.

    Des négociations sont également en cours pour l'évacuation de rebelles de Qaboun, un autre quartier de Damas devenu il y a plusieurs mois un champ de bataille. Quatre autres quartiers – Jobar, Tadamoun, Techrine et Yarmouk – sont toujours aux mains des rebelles. Ziad Majed, professeur des études du Moyen-Orient à l'Université américaine de Paris, revient sur ces évacuations pour L'Orient-Le Jour.

    Dans quel contexte s'inscrit l'évacuation des rebelles du quartier de Barzé ?

    Le processus a débuté il y a quelque temps et concerne essentiellement les localités périphériques de la ville de Damas, notamment entre la capitale syrienne et la frontière libanaise. La volonté du régime syrien, mais également des Russes et surtout des Iraniens, est de modifier la démographie de cette zone stratégique, qui permettrait d'avoir un meilleur contrôle de la capitale et de la route menant au Liban. Il s'agit donc de pousser la population locale sunnite des quartiers pauvres, qui a soutenu la révolution dans sa phase pacifique puis dans sa phase militaire, à l'exil vers d'autres régions.

    En ce qui concerne le contexte international, ces « évacuations » sont davantage acceptées désormais. Autrefois, des acteurs rappelaient que le droit international qualifie de crime de guerre le déplacement forcé de populations. La présence politique et militaire russe a néanmoins commencé à normaliser cette réalité, avec des communiqués saluant certains déplacements de civils, comme ce fut le cas à Alep-Est.

    Qui sont ces forces rebelles qui ont quitté Barzé ? Comment ont-elles fait pour survivre au siège du régime ?

    Parmi les insurgés, on peut identifier comme force combattante ces derniers mois à Barzé : la « première division », les martyrs de Jabal el-Zawiya, ainsi que la brigade de Qassioun, tous affiliés à l'Armée syrienne libre (ASL). Ahrar el-Cham, l'autre groupe rebelle présent, est une union d'islamistes et de salafistes. Un autre acteur essentiel au sein du quartier est le conseil local, élu après la révolution par les sympathisants rebelles, qui est en train de négocier pour maintenir certains civils sur place. Je tiens cette information d'une source locale. Pour survivre dans les autres villes assiégées, certains avaient des routes souterraines comme à Jobar, qui permettaient aux combattants de maintenir des voies de ravitaillement avec la Ghouta.

    Sinon, au fil des années, des techniques de guérillas urbaines, comme vivre la nuit et se terrer le jour, alliées à une certaine combativité, ont permis aux différentes factions rebelles de se maintenir dans ces zones. Avec le temps cependant, sans soutien, ces groupes vont avoir des difficultés à tenir. Ce sont les bombardements russes de ces deux derniers mois qui ont précipité les négociations de Barzé. Il se peut que Yarmouk suive.

    Suite à ce processus, quelles sont les perspectives pour les dernières régions contrôlées par les rebelles, en premier lieu celle d'Idleb ?

    Même si les rebelles tiennent d'autres vastes régions au Sud, celle d'Idleb est très particulière, car, outre les combattants locaux, cette région accueille tous les autres groupes réfugiés des villes assiégées. Pour les Russes et le régime syrien, garder Idleb isolée déstabilise les rebelles. Car, en plus d'une forte densité de population qui empêche d'assurer les services de base, cela va créer des tensions et une pression interne, avec l'apparition de certaines contradictions entre les différents groupes rebelles. Ces flux continuels de rebelles vers Idleb entraîneront certainement une fragmentation territoriale et communautaire de la région. Une situation que les Russes et les Iraniens souhaitent.

    Maxime PLUVINET 10 mai 2017

    https://www.lorientlejour.com/

  • Rennes Syrie

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    A l'occasion de la sortie de son ouvrage LE MIROIR DE DAMAS Syrie, notre histoire, paru aux Editions de la Découverte, Jean-Pierre Filiu, universitaire français né à Paris en 1961, historien et arabisant, spécialiste de l'Islam contemporain, professeur des universités à Sciences Po Paris, est invité par la Librairie Le Failler, en partenariat avec le CNL (Centre National du Livre), la Région Bretagne et l'association rennaise Tous Pour La Syrie.
    Entrée gratuite dans la limite des places disponibles.

    Mardi 23 MAI 18H30

    Espace Ouest-France, 38 rue du Pré-Botté, 35000 Rennes

  • Guerre en Syrie : que contient l’accord d’Astana ? (Souria Houria)

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    Signé jeudi 4 mai par la Russie, l’Iran et la Turquie, le texte n’a été validé ni par le régime syrien ni par l’opposition.

    Le quatrième round de pourparlers à Astana s’est conclu, jeudi 4 mai, par un accord entre la Russie et l’Iran, alliés de Bachar Al-Assad d’un côté, et la Turquie, soutien des rebelles syriens de l’autre, pour la création de quatre « zones de désescalade en Syrie » en vue de parvenir, annoncent les chefs des délégations des trois pays parrainant les pourparlers, à une trêve durable.

    Les pays garants doivent désormais définir avant le 4 juin les contours de ces zones, qui seront instaurées avec une validité initiale de six mois, avec possibilité de prolongation.

    • Qui sont les signataires du texte ?

    Ni les émissaires du régime syrien ni ceux des rebelles n’étaient invités à signer ce texte. L’accord d’Astana avalise ainsi le fait que le futur immédiat de la Syrie dépend désormais de la capacité à s’entendre des seuls parrains étrangers des belligérants syriens sur le terrain.

    Le terme, flou, de « zones de désescalade », désignées également comme des « zones de sécurité », s’approche de l’idée de zones tampon séparées du reste du territoire par des postes de surveillance contrôlés par les pays« garants ». Des « forces tierces » pourraient être déployées après « consensus » entre la Russie, la Turquie et l’Iran. Sans que l’on sache pour l’instant si le terme désigne d’autres pays ou, plus vraisemblablement, les forces du régime syrien dans le cadre de patrouilles mixtes.

    • Où seraient installées les « zones de désescalade » ?

    Seraient concernées la province d’Idlib (nord-ouest) et des zones des provinces limitrophes de Lattaquié, Hama et Alep, des zones dans le nord de la province de Homs (centre du pays), la Ghouta orientale à l’est de Damas et un territoire englobant une partie des provinces de Deraa et de Kuneitra dans le sud du pays. Soit les réduits contrôlés par la rébellion.

    Dans ces territoires, « les hostilités entre les parties en conflit [le gouvernement syrien et les groupes armés de l’opposition qui ont signé ou vont signer le cessez-le-feu] doivent cesser, tout comme l’emploi de tout type d’armes, y compris de moyens aériens », affirme le mémorandum, qui précise toutefois que les « pays garants doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour continuer de combattre “Daech” [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique], “Al Nosra” [aujourd’hui Front Fatah Al-Cham] et tous les individus, groupes ou entités associées à Al-Qaida ou Daech à l’intérieur comme à l’extérieur de ces régions ».

    La lutte contre le Front Fatah Al-Cham, ancienne branche d’Al-Qaida en Syrie, se poursuivra. Et avec elle le risque de représailles que pourraient mener les djihadistes contre des groupes de l’opposition déjà affaiblis qui s’associeraient à ce processus.

    • L’Iran, pays « garant » : inacceptable pour l’opposition

    Les représentants de l’opposition armée ont eux dénoncé, vendredi 5 mai, un « marché de dupes ». Si la création de zones de sécurité est une demande de longue date de l’opposition, celle-ci dénonce la présence de l’Iran en tant que « garant » de l’application de cet accord et exige toujours le retrait des forces de Téhéran et de ses alliés chiites du pays.

    « Les Iraniens tentent de se présenter et d’agir en tant que garants. C’est quelque chose que nous ne pouvons accepter. Depuis le premier jour, ils tuent des civils sur le terrain », dénonçait jeudi Yasser Abdul Rahim, un membre de la délégation de l’opposition armée, qui a spectaculairement claqué la porte des négociations devant les caméras.

    « Nous voulons des garanties sur l’intégrité territoriale de la Syrie », a ajouté Ossama Abou Ossama Abou Zaid, un des porte-parole de la délégation rebelle, qui critique aussi tout accord dont l’Iran serait le garant et a dénoncé « le gouffre entre les promesses et les actes de la Russie ».

    Les rebelles syriens accusent l’aviation russe et Damas de ne pas respecter la trêve théoriquement entrée en vigueur après la chute d’Alep, en décembre 2016. Depuis, les bombardements, loin de cesser, se sont mêmes intensifiés, notamment dans la province d’Idlib, où le régime a fait usage d’armes chimiques le 4 avril, entraînant une frappe américaine contre une base aérienne du régime deux jours plus tard.

    Les Etats-Unis, pays observateur dans les négociations d’Astana, ont d’ailleurs salué avec grande prudence cet accord : « Nous continuons à avoir des préoccupations au sujet de l’implication de l’Iran comme un soi-disant garant. Les activités de l’Iran en Syrie n’ont fait que contribuer à la violence, et le soutien inconditionnel de l’Iran au régime a perpétué la souffrance des Syriens », a réagi le département d’Etat.

    Comme en écho à cette posture circonspecte, Moscou a annoncé vendredi que les avions de la coalition internationale menée par les Etats-Unis pour combattre l’EI ne pourront pas opérer au sein des « zones de désescalade ».« Les opérations de l’aviation dans les zones de désescalade, en particulier celles des forces de la coalition internationale, ne sont absolument pas prévues. Qu’il y ait avertissement en avance ou non. Cette question est close », a déclaré Alexandre Lavrentiev, l’envoyé spécial du président russe, Vladimir Poutine, pour la Syrie.

    • Quid du processus politique ?

    Lancés le 23 janvier sous le triple parrainage de la Russie, de la Turquie et de l’Iran, les pourparlers d’Astana ont couronné un succès diplomatique obtenu par le Kremlin avec le soutien, par le Conseil de sécurité de l’ONU, le 31 décembre 2016, à l’accord russo-turc pour un cessez-le-feu et des négociations en Syrie. Les quinze membres avaient alors voté à l’unanimité la résolution 2336 présentée par Moscou et Ankara.

    S’ils appuient ces tentatives d’établir un cessez-le-feu et les voient comme un complément des négociations politiques de Genève (sous l’égide de l’ONU), les Occidentaux, comme les capitales arabes sunnites aujourd’hui marginalisées, insistent sur leur côté « technique » et la nécessité d’en revenir à la résolution 2254. Votée en décembre 2015, à un moment où la Russie et les Etats-Unis s’étaient accordés sur un texte, cette résolution établissait une feuille de route détaillée de sortie de crise. Celle-ci prévoyait l’instauration d’un cessez-le-feu, l’ouverture de négociations pour une transition politique, l’élaboration d’une nouvelle Constitution et des élections générales.

    « Nous continuons à soutenir fermement le processus dirigé par l’ONU à Genève, sous la direction de Staffan de Mistura, comme le cadre des efforts internationaux pour parvenir à un règlement négocié », a rappelé le 5 mai le département d’Etat américain.

    « La France appelle à une reprise des négociations politiques à Genève entre le régime et l’opposition sous l’égide des Nations unies. Seule une authentique transition politique, conforme à la résolution 2254, permettra de mettre un terme à la crise syrienne et de vaincre le terrorisme », a indiqué de son côté Paris, en référence aux négociations de Genève sur la Syrie, aujourd’hui à l’agonie.

    Le dernier cycle de ces négociations, qui devait « se concentrer sur la transition politique, sur la gouvernance et sur les principes constitutionnels », a été reporté sine die à la suite de la décision prise par les représentants de l’opposition syrienne d’y mettre un terme après des raids aériens gouvernementaux contre des marchés de la province d’Idlib, mi-avril.

    « Nous respecterons l’accord [d’Astana], mais nous continuerons à combattre le terrorisme là où il existe », a annoncé pour sa part le gouvernement syrien, qui n’a jamais cessé de qualifier de « terroriste »l’ensemble des groupes de l’opposition ni fait mystère de sa volonté de « reconquérir » l’ensemble du pays.

    La position de Damas est comme une piqûre de rappel : les précédentes tentatives de cessez-le-feu se sont jusqu’ici toutes soldées par un échec.

    LE MONDE | 05.05.2017  Madjid Zerrouky

    Souria Houria  7 mai 2017

     
     
    Lire aussi:
  • Syrie : un 1er mai sous les bombes (Collectif)

     
     
     
     
     
     
     
     
     

     

     

    Le 04 avril, le régime syrien larguait des bombes contenant du gaz sarin sur Khan Cheikhoun, faisant 87 morts.
     
    Trois jours plus tard, les USA bombardaient la base aérienne de Shayrat, après avoir averti les Russes pour que ces derniers évacuent auparavant leurs propres équipements.

    Depuis ? Les massacres continuent : jusqu’à ce jour, les avions syriens et russes poursuivent leurs bombardements, sur les civils notamment (les marchés, les hôpitaux, les camps de réfugiés...). Ainsi entre le 7 et le 11 avril, les avions russes et syriens massacraient plus de 98 civils. Entre mars 2011 et mars 2017, plus de 320 000 morts ont été comptabilisés (dont plus de 206 900 civils). Le régime d’Assad et les régimes russe et iranien (avec leurs bras armés tels le Hezbollah libanais) sont responsables de plus de 94 % des morts civils.

    Pourquoi ? Car en 2011, le peuple syrien s’est soulevé massivement et pacifiquement contre plus de 40 ans de dictature dirigée par Assad, père puis fils. Une aspiration à la liberté totalement juste, à laquelle le régime syrien a répondu par une répression sans nom, relâchant nombre de chefs islamistes de ses prisons en 2011, et laissant Daech prendre sans combat nombre de villes et casernes. Cette révolution, aucun gouvernement ne l’a soutenue. Ainsi, les USA et la France délivrèrent des armes au compte goutte à l’opposition qui se vit refuser toute arme pour défendre les civils contre la mort venue du ciel. L’aide humanitaire de l’ONU a pour l’essentiel été livrée au régime. Quant au Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie, ils ont préféré financer les forces islamistes pour étouffer la révolution.

    L’abandon du peuple syrien, le pourrissement de la situation en Syrie ont favorisé l’émergence de Daech et de forces proches d’al-Qaida, puis leur renforcement. C’est alors qu’une coalition internationale, menée par les USA (et dont fait partie la France), est intervenue militairement en Irak puis en Syrie, contre Daech, confortant ainsi la propagande djihadiste et causant nombre de morts civils (plus de 3100 depuis 2014, en Irak et Syrie). Ouvrant la voie à l’intervention russe qui vise à écraser la révolution syrienne. Puis ouvrant la voie à l’intervention turque dont l’objectif premier est d’écraser les forces kurdes du PYD.

    Malgré les bombes, les civils syriens continuent de travailler, d’organiser la vie au quotidien (éducation, secours, logement…) et de manifester : contre certaines forces islamistes (notamment contre Hay’at Tahrir al-Cham), contre les déportations qui se poursuivent, contre les massacres du régime et de ses alliés. Dans des zones sous contrôle du régime, comme à Sweida le 17 avril, des hommes et femmes syriens exigent aussi, toujours, le départ de Assad.

    Aujourd’hui, le peuple syrien est l’otage des grandes puissances et certains acteurs politiques, comme le dictateur Sissi ou, en France , Marine Le Pen, soutiennent Assad. A l’inverse, nous considérons que le combat du peuple syrien pour la liberté et le droit à vivre dignement reste entièrement légitime ; l’accueil de ses exilés ne saurait être transigé. Et c’est au mouvement ouvrier que revient en premier lieu la tâche de le soutenir dans ces luttes. Car la défense des libertés est un combat qui n’a pas de frontières.


    ° Arrêt immédiat de tous les bombardements en Syrie !
    ° Levée immédiate de tous les sièges !
    ° Libération immédiate de tous les prisonniers politiques !
    ° Départ de toutes les forces armées étrangères de la Syrie !
    ° Mobilisation internationale pour l'aide humanitaire et l'accueil des réfugiés !

    Ni Assad, ni Daech ! C'est au peuple syrien et à lui seul de décider de son avenir. La revendication du peuple syrien pour le départ de Assad et la fin de son régime, immédiatement et sans condition, est légitime.


    Collectif Avec la Révolution Syrienne :
     
    Alternative Libertaire, Cedetim, Émancipation, Ensemble, Forum Palestine Citoyenneté, L’insurgé, NPA, UJFP, Union syndicale Solidaires
     
    http://aveclarevolutionsyrienne.blogspot.fr/
  • La question kurde dans l’impasse (Souria Houria)

     

    Fresque célébrant à Erbil les peshmergas (combattants kurdes) 

    Les batailles contre Daech, à Mossoul et à Rakka, loin de servir les intérêts des populations kurdes, risquent fort d’aggraver les conflits entre les différentes milices qui prétendent les représenter.

    La question kurde se trouve aujourd’hui dans une impasse paradoxale, alors même que la lutte de la coalition menée par les Etats-Unis contre Daech a fait du PDK (Parti démocratique du Kurdistan) son bastion en Irak et du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) son fer de lance en Syrie. Ces deux partis utilisent en effet la lutte anti-jihadiste pour pousser leur accaparement de la cause kurde. Les mouvements citoyens et les autres partis kurdes sont les premières victimes d’une politique aussi agressive.

    LES ETERNELS RIVAUX DU PDK ET DU PKK

    Le PKK est largement parvenu, dans l’opinion européenne, à associer « les Kurdes » à sa double stratégie partisane : d’une part, la confrontation armée depuis 1984 avec l’Etat turc, relancée en 2015, après deux années de « processus de paix » inabouti ; d’autre part, l’établissement d’une entité majoritairement kurde en Syrie, dénommée « Rojava » à partir de 2013, sous l’égide du PYD, la branche locale du PKK. Ce détournement de l’image d’un peuple entier au profit exclusif d’une organisation d’inspiration marxiste-léniniste est impressionnant.

    Le PDK, formation historique du nationalisme kurde depuis 1946, dirige pour sa part le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK), formé dans le cadre de la constitution irakienne de 2005, et doté de son propre cadre budgétaire, dix ans plus tard. L’Union patriotique du Kurdistan (UPK), qui a fait scission du PDK en 1975, a longtemps contesté la position dominante du PDK, imposant son fief de Souleymanié en regard d’Erbil, capitale du GRK. Mais les querelles de succession et les luttes de faction ont considérablement affaibli l’UPK.

    Tout concourt à opposer le PDK « traditionaliste » au PKK « gauchiste ». Le premier joue la carte de la Turquie, tandis que le second coopère avec le régime Assad et l’Iran (où la minorité kurde est pourtant privée de l’essentiel de ses droits). L’implantation de la direction militaire du PKK dans la chaîne montagneuse de Qandil, au nord-est du territoire du GRK, aggrave les différends. Les milices des deux partis s’affrontent dans la région du Sinjar/Shingal pour le contrôle des populations yézidies qu’elles affirment toutes deux avoir sauvées de l’horreur jihadiste. Malgré ce conflit ouvert entre PDK et PKK, les Etats-Unis continuent de s’appuyer dans leur lutte contre Daech sur celui-ci en Syrie et sur celui-là en Irak.

    MILICES ET « SECURITE » CONTRE SOCIETE CIVILE

     Le PDK et le PKK ont cependant en commun la préférence pour la répression armée à l’encontre de la contestation interne. La montée en puissance de l’aile militaire du PKK, aux dépens de sa direction politique, s’est déroulée en parallèle de la consolidation du pouvoir des différents services de « sécurité » (en kurde Assayich) à l’ombre du GRK. La lutte contre Daech et les attentats jihadistes n’ont pu que conforter cette militarisation du contrôle social (le terme Assayich désigne également la « sécurité » intérieure du PKK dans le « Rojava » de Syrie, distincte là comme ailleurs des peshmergas).

    L’émergence du parti Goran (Changement), aux élections régionales du Kurdistan d’Irak en 2009, laissait espérer une troisième voie citoyenne au bipartisme historique entre le PDK et l’UPK. Mais la crise d’octobre 2015, aggravée par l’escalade milicienne du PDK, a paralysé le fonctionnement du Parlement régional et rejeté Goran dans une opposition impuissante. L’UPK collabore depuis à l’étouffement de la protestation dans la zone de Souleymanié, par exemple lors de la récente grève des enseignants, pourtant dénuée de revendication politique (les professeurs ne sont depuis longtemps payés qu’au quart de leur salaire officiel).

    En Turquie, le HDP (Parti démocratique des Peuples), en sensible progression au sein de la population kurde, a remporté un score historique de 13% des voix aux législatives de juin 2015, privant l’AKP du président Erdogan de la majorité absolue. Le chef de l’Etat s’est acharné à réparer cet affront au scrutin suivant de novembre 2015, tandis que la reprise des hostilités avec le PKK semait la désolation dans les provinces majoritairement kurdes du sud-est de la Turquie. Quant au HDP, sa direction politique et sa représentation parlementaire ont été la cible d’une répression sans précédent.

    Ce double raidissement autoritaire à Ankara et à Erbil installe la question kurde dans une impasse qui risque d’être durable. La reprise d’un processus de paix entre Ankara et le PKK est moins que jamais à l’ordre du jour, ce qui amène la guérilla séparatiste, sur le recul en Turquie, à concentrer ses forces en Syrie, à la fois contre l’opposition anti-Assad (en coordination avec la Russie) et contre Daech (avec le soutien croissant des Etats-Unis). On voit pourtant mal ce que la cause kurde aurait à gagner d’une percée du PKK/PYD vers Rakka, où les peshmergas seraient rejetés comme des forces aussi étrangères que les milices pro-iraniennes aujourd’hui à Alep.

    Le PDK vient, pour sa part, de relancer l’idée d’un référendum sur l’indépendance du Kurdistan d’Irak, repoussant toute ouverture intérieure à cette échéance symbolique. Nul doute qu’une écrasante majorité de la population se prononcerait en faveur de l’indépendance du GRK, où le drapeau kurde flotte d’ores et déjà sans partage. Mais cela signerait l’avènement d’un Etat-PDK, fondé sur la redistribution clientéliste de la rente pétrolière, d’une part, et sur l’étouffement méthodique de toute contestation, d’autre part.

    Le PDK et le PKK sont ainsi tous deux engagés dans une fuite en avant : le premier vers le référendum pour l’indépendance, afin d’éluder la question de la démocratie au Kurdistan d’Irak ; le second dans une expansion territoriale en Syrie, afin d’éluder la question de son alliance de fait avec le régime Assad. A la lumière de tels développements, une question se pose aux « amis des Kurdes », nombreux en France et, pour certains d’entre eux, aussi estimables que sympathiques. De quels Kurdes au juste sont-ils aujourd’hui « les amis » ?

    Source : Blog Le Monde - Date de parution le : 30/04/2017
     
     Souria Houria le 1 mai 2017