Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Tunisie

  • « 1967 Une agression planifiée depuis longtemps par Israël » (Dossier)

    Alain Gresh Spécialiste du Proche-Orient, directeur de la revue Orient XXI
    Alain Gresh Spécialiste du Proche-Orient, directeur de la revue Orient XXI
     

    Guerre des Six-Jours. Dans un entretien, Alain Gresh évoque le climat qui règne alors en France et la position de De Gaulle, qui, contre tous les partis à l’exception du PCF, condamne l’attitude de Tel-Aviv.

    Le 5 juin 1967 éclatait ce qu’on a ensuite appelé la guerre des Six-Jours. Dans quel contexte se produisent ces événements ?

    Alain Gresh Personnellement, je n’utilise pas le terme de guerre des Six-Jours parce que c’est un terme israélien qui renferme un certain mépris vis-à-vis des pays arabes. En 1967, on est en pleine guerre froide, en pleine guerre du Vietnam.

    C’est un affrontement soviéto-américain et, au Proche-Orient, un affrontement politique entre un courant nationaliste-révolutionnaire, représenté par Nasser en Égypte et le parti Baas en Syrie, et les pays arabes réactionnaires représentés par l’Arabie saoudite d’un côté et Israël de l’autre.

    La guerre israélo-arabe de 1948 s’est terminée par des accords d’armistice, pas par des accords de paix. Il y a des conflits permanents notamment entre Israël et la Syrie dans la zone démilitarisée. En 1966, une fraction radicale du parti Baas a pris le pouvoir à Damas, qui proclame la nécessité de libérer la Palestine. Ce qui inquiète les Israéliens. Les tensions sont fortes, l’aviation israélienne abat des avions militaires syriens. C’est donc une période particulièrement tendue et l’Égypte de Nasser décide de fermer le détroit d’Akaba et de demander le retrait des troupes de l’ONU qui stationnent là depuis la guerre de 1956. Jusqu’en 1956, ce détroit était fermé aux navires israéliens.

    Un des résultats de la guerre de 1956, une guerre d’agression israélo-franco-britannique, est d’obtenir l’installation des forces des Nations unies qui permettent, entre autres, le passage des navires israéliens. Dans le cas de cette escalade entre Israël et les pays arabes, Nasser demande à l’ONU de retirer partiellement ses troupes. En fait, elles vont être retirées totalement. En solidarité avec la Syrie, le président égyptien va faire entrer une partie de son armée dans le Sinaï.

    À partir de là, il va y avoir une campagne de presse, notamment en France, disant qu’Israël est encerclé.

    Et, le 5 juin 1967, Israël détruit au sol l’aviation égyptienne et syrienne, ce qui est le déclenchement des hostilités. Au départ, les Israéliens affirment que ce sont les Égyptiens qui ont attaqué. France Soir titre même sur l’attaque égyptienne et l’on sait aujourd’hui que c’est faux. Mais l’argument qui va prévaloir est qu’Israël était menacé d’extermination. En France, il y a une véritable émotion autour de cette question. On assiste à de grandes manifestations de soutien à Israël. Or on sait par les archives et les déclarations des généraux israéliens qu’à aucun moment ils n’ont cru qu’ils étaient menacés d’extermination ! C’est une guerre qu’Israël a planifiée depuis très longtemps pour reconquérir Jérusalem et l’ensemble de la Palestine historique. L’armée égyptienne est vaincue très rapidement, l’armée syrienne aussi. Israël sort grand vainqueur de cette guerre, a la main sur la Palestine historique, occupe le Golan et le Sinaï.

    Un des résultats de cette guerre de 1967, n’est-ce pas le lancement d’une politique de colonisation des territoires palestiniens par Israël ?

    Alain Gresh Ce qui est caractéristique de la politique sioniste depuis ces années, c’est la politique du fait accompli. L’idée fondamentale est que toute la Palestine est juive, donnée par Dieu. Même pour des gens qui sont des laïques et des athées. Ensuite, ils jouent avec le rapport de forces. Dès qu’ils le peuvent, ils font un pas en avant. C’est comme ça que la colonisation s’est développée après 1967. Il faut rappeler qu’il existait déjà une politique de colonisation interne à l’égard de la minorité arabe israélienne notamment par la confiscation des terres. Ça va se développer petit à petit en Cisjordanie et dans le Golan. Au départ, des raisons militaires sont invoquées mais, très vite, les colonies se répandent. Pour les travaillistes qui sont au pouvoir de 1967 à 1977, il y a l’idée qu’il faudra un accord avec la Jordanie. Après 1977, avec l’arrivée au pouvoir de la droite et de Menahem Begin, la colonisation va se poursuivre pour ne plus s’arrêter.

    En 1967, au moment de la guerre, les pays occidentaux soutiennent Israël, mais la France se démarque de cette position ?

    Alain Gresh C’est une décision prise essentiellement par le général de Gaulle. Durant la crise qui a précédé la guerre, la France essaie de jouer les médiateurs. De Gaulle reçoit des émissaires arabes à qui il demande de ne pas déclencher le conflit et fait de même avec le ministre israélien des Affaires étrangères. Et quand Israël déclenche quand même le conflit, la France, ou plutôt de Gaulle, va condamner. Il va décréter un embargo sur les armes. Ce qui est important puisque, jusqu’en 1967, la France est le principal fournisseur d’Israël, notamment des Mirage. En même temps, pour montrer qu’il n’est pas anti-israélien ou antisioniste, il va fournir les pièces de rechange à l’aviation israélienne. Il condamne car il pense que c’est une guerre d’agression qui va rendre plus compliquée la situation dans la région. L’histoire va lui donner raison. Il le fait contre l’opinion publique et contre l’ensemble de la classe politique, y compris les gaullistes qui sont pour la plupart pro-israéliens, à l’exception du Parti communiste français (PCF), qui est le seul à mettre en garde et à dénoncer la politique israélienne.

    Ce revirement de la politique française est-il de circonstance ou est-ce un véritable changement dans la durée ?

    Alain Gresh Il faut prendre en considération la vision de De Gaulle sur la Méditerranée et les relations avec le monde arabe. Dès la fin de la guerre d’Algérie, il va faire un effort pour développer les relations avec l’Algérie indépendante, avec l’Égypte de Nasser… Évidemment, il considère aussi les intérêts économiques et politiques de la France. Il ne voit pas seulement le cas israélien. Sinon, une fois de Gaulle parti, cette politique aurait changé. Or une des choses étonnantes est que, globalement, avec des nuances, la politique qu’il lance en 1967 va être celle de ses successeurs, indépendamment des sensibilités des uns et des autres. Il est vrai que lorsque Mitterrand arrive à la présidence, les Israéliens ont beaucoup d’espoirs sur l’amélioration des relations. Ce sera le cas mais ça ne changera rien fondamentalement. Giscard a ainsi inscrit dans le marbre une politique avec la déclaration de Venise. C’est une déclaration faite en 1980 par les six pays européens qui fixe deux principes pour toute solution : le droit à l’autodétermination des Palestiniens et la négociation avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Cela va rester même sous Mitterrand, malgré son syndrome pro-israélien. Ce sont ces principes qui vont permettre la négociation entre Israéliens et Palestiniens. Ce qui montre le rôle que la France peut jouer politiquement en fixant des orientations qui correspondent aux principes du droit international. C’est ce qui, à l’époque, explique le rayonnement de la France dans la région.

    On a néanmoins le sentiment que, depuis, il y a un véritable rapprochement de la France vis-à-vis de la politique israélienne…

    Alain Gresh Il y a un véritable tournant qui commence après 2003, même si Chirac reste sensible à la question palestinienne. Mais, avec Sarkozy et Hollande, on assiste à ce que j’appelle un « tournant silencieux ». Les responsables français affirment que la politique n’a pas changé : pour un État palestinien, condamnation de la colonisation… Mais, en fait – et c’est nouveau –, on développe les relations bilatérales avec Israël comme si la question de la Palestine n’existait pas. Avant, ces relations bilatérales dépendaient, d’une certaine manière, de ce qu’Israël faisait en Palestine. Nicolas Sarkozy disait que, pour avoir une influence, il fallait être gentil avec Israël. Mais, à la fin de son mandat, il a reconnu que cette politique était une erreur en traitant Benyamin Netanyahou de menteur. François Hollande est allé encore plus loin dans cette politique avec cette fameuse rencontre avec Netanyahou et son chant d’amour pour Israël (allusion à une soirée privée dont on a néanmoins pu voir des images sur YouTube, très certainement postées par les Israéliens, où l’on voit le président français dire son « amour » pour Israël – NDLR). En fait, c’est le retour à l’idée occidentale, à l’Otan. Israël fait partie du camp occidental, nous sommes en guerre contre l’islam et le terrorisme, et Israël est notre allié. Une argumentation que l’on retrouve aussi bien à droite (LR) qu’au PS. Là est le véritable tournant. Il est presque difficile à combattre parce que l’idée qui est développée est de laisser Palestiniens et Israéliens négocier seuls. Comme si au moment de l’invasion du Koweït par l’Irak on avait dit que l’émir koweïtien devait négocier seul avec Saddam Hussein. Et puis, il y a cette capitulation de la France. Nous sommes dans l’Otan, nous n’avons jamais été aussi suiviste des États-Unis. De Gaulle a pourtant montré que la France pouvait avoir une volonté politique et jouer un rôle.

     
    Entretien réalisé par Pierre Barbancey
    Mercredi, 7 Juin, 2017
    L'Humanité

    http://www.humanite.fr/

    Un chant d’amour et une bande dessinée

    Sans doute inspirés par les déclarations de François Hollande qui, en privé, a déclamé son amour pour Israël devant Benyamin Netanyahou, Alain Gresh et Hélène Aldeguer viennent d’éditer un ouvrage assez remarquable, car il propose en même temps une bande dessinée de qualité et un texte aussi didactique qu’agréable. Même ceux qui pensent connaître cette histoire, qui s’étend de 1967 à 2017, sont étonnés de découvrir des informations assez peu révélées. Comme par exemple cette chanson commandée à Serge Gainsbourg mais jamais enregistrée, dans laquelle il affirme être prêt à aller se battre pour Israël ! Plus sérieusement, on se plongera dans l’atmosphère d’une époque pas si révolue. Un livre à mettre entre toutes les mains.

    Lire aussi:

    Juin 1967, la guerre des Six-Jours : un tournant vers la guerre permanente au Moyen-Orient (Lutte Ouvrière)

    A 50 ans de la Guerre des Six Jours (Julien Salingue Npa)

    Comment les généraux israéliens ont préparé la conquête bien avant 1967 (Afps)

    Cette matinée incandescente qui a scellé le destin des juifs de Tunisie (Orient 21)

     

  • Tataouine : sur le front d'une guerre médiatique (MEE)

    L'image des véhicules de la Garde nationale calcinés a permis au gouvernement de développer un discours sécuritaire et d'éluder les motivations du mouvement (AFP)
     

    Un discours officiel focalisé sur le risque sécuritaire versus des médias locaux citoyens hyper connectés : dans le sud tunisien, le rapport de forces s’est aussi joué sur le terrain de l’information

    ­

    TATAOUINE, Tunisie – Dès 9 h du matin, lundi 22 mai, à Tataouine, Mounir Hellal en charge de la programmation à Radio Tataouine et employé depuis la création de la station locale, commence à relayer les événements qui se passent juste en face de l’immeuble de la radio, devant le gouvernorat, à l’entrée de Tataouine.

    « Nous avons voulu faire un travail qui se rapproche le plus possible des valeurs journalistiques car nous étions au plus près des événements », explique Mounir Helal à Middle East Eye, dans son bureau à la peinture défraîchie, qui a le mérite de se trouver face à l’entrée principale du gouvernorat.

    « Nous avons fait un livestream depuis ce bureau, mais aussi depuis le toit », souligne-t-il. Avec un autre média, Tataouine TV, Radio Tataouine a diffusé ses vidéos en direct sur Facebook, permettant à tous les utilisateurs de réseaux sociaux de suivre les événements au cours de la journée. À 10 h 23, le Facebook live depuis le toit de la station avait reçu près de 1 000 commentaires et plus de 600 000 vues.

    Une première pour cette radio qui tente de « faire un effort de service publique » et « non plus de radio officielle, comme sous Ben Ali »

    Une première pour cette radio qui tente de « faire un effort de service publique » et « non plus de radio officielle, comme sous Ben Ali », précise Mounir Helal. Dès midi, les journalistes relaient les images amateurs des premiers blessés asphyxiés par le gaz lacrymogène et transportés dans les hôpitaux. Puis ce sont les photos en direct, les articles, les alertes qui s’enchaînent.

    En l’espace de quelques jours, la radio locale devient une référence pour les médias. La télévision nationale reprend plusieurs de ses images, et les journalistes continuent de diffuser des informations au jour le jour d’événements allant aussi bien de la rupture du jeûne à Tataouine que des dernières informations quotidiennes de Tunis.

    Pour sa couverture au jour le jour des sit-in à El Kamour – même avant la médiatisation des protestations, une vidéo documentaire de huit minutes avait été réalisée – la radio gagne en crédibilité.

     

    « Nous avons aussi demandé à des journalistes crédibles comme Khemaies Boubtane (un correspondant très connu des Tunisiens pour sa couverture des événements en Libye), de couvrir les sit-in pendant plusieurs jours », témoigne Mounir Hellal.

    Si Radio Tataouine est devenue le média du sit-in d’El Kamour, beaucoup d’informations – pas toujours vérifiées  – sur les participants au sit-in ont aussi circulé via les pages Facebook et les médias traditionnels. Selon plusieurs personnes que MEE a rencontrées à Tataouine et El Kamour, la couverture médiatique du sit-in et des événements du 22 mai a été « complètement biaisée ».

    « On nous a traités de ‘’Daech’’, de voleurs, de casseurs alors que pendant plus de deux mois, personne n’est venu nous voir »

    - Tarek Haddad, porte-parole du sit-in

    Sur place à El Kamour, les participants aux sit-in sont d’ailleurs toujours méfiants à l’égard des médias qui les approchent. Certains comme Nessma ou El Hiwar Ettounssi (des télés) n’ont, à leurs yeux, plus vraiment de légitimité.

    « On nous a traités de ‘’Daech’’, de voleurs, de casseurs alors que pendant plus de deux mois, personne n’est venu nous voir. Notre sit-in était pacifique et non violent », affirme Tarek Haddad, porte-parole du sit-in qui lui-même communique avec les protestataires et leurs soutiens via des vidéos postées sur la page Facebook du sit-in.

    Amalgame entre manifestants et contrebandiers

    Le jour des affrontements à Tataouine, des experts sécuritaires défilent sur les plateaux télé. La majorité ne se trouve pas sur place.

    Le 2 mai, le porte-parole de l’administration générale de la Garde nationale et colonel major, Khalifa Chibani, invité plusieurs fois dans l’une des émissions les plus regardées en Tunisie, « 24/7 » de la présentatrice Myriam Belkadhi, se trouve sur le plateau pour parler d’une opération antiterroriste à Sidi Bouzid. Le 23 mai, il revient pour commenter les événements de la veille à Tataouine, et fait le lien entre les manifestants et les « barons de la contrebande » en s’appuyant sur les plaques d’immatriculation retrouvées sur les lieux.

    Très vite, l’amalgame entre les manifestants et des contrebandiers est fait. Les commentaires circulent sur Facebook et le mouvement social laisse place aux préoccupations sécuritaires, la plupart des médias tunisiens reprenant les déclarations des porte-parole du ministère de la Défense et de l’Intérieur évoquant un mort « tué accidentellement ».

    « Criminaliser les mouvements sociaux est une matrice dans les médias dominants »

    - Riadh Ferjani sociologue des médias

    Sur place, les manifestants parlent d’un homicide volontaire et les vidéos montrent des scènes chaotiques où certaines voitures de police foncent dans la foule. Une dépêche de l’AFP confirme aussi cette version des faits et la venue d’un juge militaire sur les lieux le lendemain pour enquêter corrobore les faits.

    Or, ni le gouvernement, ni le ministère de l’Intérieur ne se sont exprimés sur le sujet depuis, bien que la radio Mosaïque FM vienne tout juste de confirmer l’ouverture d’une enquête par la justice militaire.

     

    « Criminaliser les mouvements sociaux est une matrice dans les médias dominants. En janvier 2016, la vague de contestation qui a démarré à Kasserine pour se propager dans quinze villes, a été stoppée par une campagne d’intox sur de prétendus agressions et vols. Ce n’était que des rumeurs, lancées sur les réseaux sociaux puis relayées par les médias », rappelle Riadh Ferjani sociologue des médias, à Middle East Eye.

    « À propos de Jemna [oasis autogérée par un groupe qui a fait pression pour préserver les terres et la récolte de dattes qu'ils avaient remis en marche], certains animateurs radio ont demandé, à une heure de grande écoute, pourquoi on n’enverrait pas l’armée pour mettre fin à un mouvement, encore une fois pacifique. »

    Des évolutions depuis le soulèvement de Gafsa en 2008

    Pour Tataouine, la situation est d’autant plus compliquée que certaines thèses sécuritaires développées par la majorité des médias et plusieurs politiques, affirment que les mouvements de protestation ont été infiltrés, soit par des casseurs, soit par des milices, en s’appuyant sur des vidéos et des photos montrant le siège du commissariat de police et celui de la Garde nationale brûlés, sur lesquelles s’est focalisé le discours officiel.

    Or selon les témoins, le feu n’a pas été allumé par des manifestants de Tataouine mais par des personnes venues en moto et en pick-up, qui ont vidé des bidons d’essence sur les lieux.

    Le grand coup de filet anticorruption lancé par le Premier ministre Youssef Chahed le même jour, qui s’est accompagné d’arrestations directement liées aux événements de Tataouine pour « atteinte de la sûreté nationale », en a toutefois dit très long sur les craintes du gouvernement.

    Les directs diffusés sur les réseaux sociaux « ne sauraient remplacer une information vérifiée, où les acteurs et les enjeux sont clairement identifiés »

    Les directs diffusés sur les réseaux sociaux « ne sauraient remplacer une information vérifiée, où les acteurs et les enjeux sont clairement identifiés », selon Riadh Ferjani. Mais ils ont au moins montré en direct une situation qui, jusqu’alors, était peu ou mal couverte par les médias.

    La couverture des manifestations de Tataouine montre combien le paysage médiatique tunisien a évolué depuis les évements du bassin minier en 2008.

    À l’époque, alors que la région de Gafsa se soulevait contre le chômage et les inégalités, l’information était verrouillée et seules quelques vidéos amateurs arrivaient à passer. Mais si le mouvement de protestation de Tataouine a été largement couvert et relayé, les théories du complot et les amalgames entre les manifestants et les terroristes ont été privilégiés au détriment de véritables analyses.

  • Daech assassine une fois de plus en Tunisie (ESSF)

    o-MANIF-BARDO-facebook.jpg

    Samedi 3 mai, jour où a été commis le dernier attentat islamiste de Londres, le cadavre d’un jeune berger de la région de Sidi Bouzid a été retrouvé. Enlevé la veille par la branche tunisienne de Daech, Khalifa Soltani avait ensuite été égorgé et mutilé.
    Mabrouk, un de ses frères, avait subi un sort encore plus atroce le 13 novembre 2015, le jour même où la barbarie de Daech s’était abattue en région parisienne, en particulier au Bataclan.


    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36457

    4 juin : Le gouverneur de Sidi Bouzid reçu par des « dégages » aux funérailles de Khlifa Soltani

    http://www.webdo.tn/2017/06/04/le-gouverneur-de-sidi-bouzid-recu-par-des-degage-aux-funerailles-de-khlifa-soltani/
    En visite à la maison du martyr Khalifa Soltani, avant d’assister aux funérailles, le gouverneur de Sidi Bouzid et le délégué de Jelma ont été reçus par des « dégage ».
    Les habitants de Douar Slatnia ont scandé des slogans contre les responsables. Ils ont également dénoncé le décalage de l’heure de l’inhumation du martyr.
    Des renforts sécuritaires et militaires ont été déployés dans la matinée de ce dimanche 4 juin 2017, au domicile du martyr.

    4 juin : Funérailles de Soltani - La délégation gouvernementale malmenée par les habitants en colère

    http://www.businessnews.com.tn/funerailles-de-soltani--la-delegation-gouvernementale-malmenee-par-les-habitants-en-colere,520,72750,3
    Une grande colère a accueilli la délégation gouvernementale qui s’est rendue, ce dimanche 4 juin 2017, aux funérailles de Khalifa Soltani pour présenter ses condoléances à la famille du défunt.
    La délégation, composée du ministre de la Défense, Farhat Horchani, du ministre de l’Agriculture, Samir Taieb, du ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi et du secrétaire d’Etat aux Domaines de l’Etat et aux Affaires foncières, Mabrouk Korchid, était marquée par une forte présence militaire et sécuritaire.
    Les habitants ont pris à partie les membres de la délégation et ont scandé « Pilleurs du pays, tueurs de nos enfants » ; « le peuple souffre du terrorisme » ou encore « gouvernement dégage ».

    Manifestation nocturne du Front populaire contre le terrorisme

    https://tunisie14.tn/article/detail/manifestation-nocturne-du-front-populaire-contre-le-terrorisme
    Des partisans du Front populaire se son rassemblés, samedi 3 au soir, devant le théâtre municipal de Tunis pour protester contre l’assassinat, par des éléments terroristes, du berger Khalifa Soltani frère de Mabrouk Soltani tué lors d’une opération similaire le 13 novembre 2015.
    “Le gouvernement assume la responsabilité de se qui est arrivé à la famille Soltani“, a déclaré, le coordinateur du Front populaire dans le gouvernorat de Ben Arous Mahmoud Doggi, rappelant que cette famille avait sollicité la protection du gouvernement juste après l’assassinat de son premier fils Mabrouk.
    Le responsable a en outre indiqué que le Front populaire « organisera, à partir de dimanche, d’autres actions de protestation contre ces terribles assassinats lâches ».

    Rassemblement lundi 5 juin 2017 à 18h devant l’Ambassade de Tunisie à Paris

    à la sortie du métro Saint François Xavier (ligne 13)

    En hommage à Khalifa Soltani, jeune tunisien assassiné par les terroristes, un an après avoir égorgé son frère,
    En hommage aux victimes du même terrorisme à Londres
    Pour exprimer notre indignation face à ces lâches assassinats
    Pour dénoncer l’incapacité des pouvoirs publics tunisiens à protéger les citoyens.
    A bas le terrorisme vil et lâche qui assassine !
    La FTCR et le CRLDHT se joignent à cet appel.

    lundi 5 juin 2017

    http://www.europe-solidaire.org/

  • Dossier Tunisie (Anti-k)

     

    Tunisie : La guerre contre la corruption est-elle réellement déclarée ?

    Les associations démocratiques de l’immigration tunisienne depuis toujours mobilisées contre la corruption qui gangrène le pays s’associent à l’appel ci-dessous « la guerre contre la corruption est-elle réellement déclarée ? » et appellent l’ensemble des tunisien(ne)s à l’étranger à faire barrage à ce fléau.

    Depuis quelques jours, les Tunisiens découvrent avec un sentiment d’émoi et d’indignation les effets de cette campagne d’arrestations qui vise des affairistes véreux sur lesquels, et depuis longtemps, de graves soupçons pèsent sur eux : activités douteuses, des grands contrebandiers, d’anciens cadres de la Douane suspectés de corruption et impliqués dans le commerce parallèle… La Commission de confiscation a d’ores et déjà procédé à la confiscation des biens de certains d’entre eux.

    Tout en exprimant notre soutien à cette campagne de salubrité publique qui constitue un début de concrétisation de l’un des objectifs de notre Révolution, nous tenons toutefois à affirmer que :

    - Cette campagne ne doit en aucune manière être sélective. Les arrestations doivent s’inscrire réellement dans un processus de démantèlement de tout le système de la corruption qui, au mépris de toutes les lois, gangrène encore la société tunisienne et met en péril l’institution étatique elle-même.

    - Les procédures légales et les normes de la justice équitable doivent être observées pour tous les acteurs publics afin d’éviter les risques d’abus, mais aussi les atteintes aux libertés ainsi que les possibles règlements de comptes, fussent-ils, sous couvert des recours « judiciaires ».

    - La justice doit examiner les affaires qui lui seront soumises en toute indépendance, sans pression aucune ; afin que nous, citoyens de ce pays, puissions en toute objectivité, constater la souveraineté de la loi et apprécier l’engagement résolu des autorités publiques dans la lutte contre le fléau de la corruption.

    - Nous tenons également à souligner que la détermination du gouvernement à combattre la corruption suppose également le respect du processus de la Justice transitionnelle. 
    En conséquence, nous appelons le gouvernement à retirer le projet de loi dit de réconciliation économique et financière car, son maintien, ne peut que semer le doute sur sa ferme détermination à s’attaquer durablement et sans exclusive à la corruption, sous toutes ses formes.

    - Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme CRLDHT
    - Association vigilance pour la démocratie et l’État civique (Yakhadha)
    - Association Démocratique des Tunisiens en France – ADTF
    - Association des Tunisiennes et Tunisiens de Suisse – ATTS
    - Association des Tunisiens de l’Isère Citoyens des Deux Rives – l’ATI-CDR
    - Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie – Belgique – CVDT
    - Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme CRLDHT
    - Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives – FTCR
    - Réseau Euro Maghrébin Citoyenneté et Culture – REMCC

    Espérant mettre fin à son impopularité croissante, le pouvoir tunisien coupe quelques branches pourries

    En grande difficulté face à la révolte des populations paupérisées du sud tunisien (1), où rien n’est à ce jour réglé, le pouvoir a brusquement déclenché le 23 mai une grande opération contre certains affairistes.

    Un inventaire à la Prévert

    Tout a commencé par l’arrestation de Chafik Jarraya. « Ancien associé d’Imed Trabelsi (le neveu de Leïla Ben Ali), Jarraya se targuait publiquement d’acheter parlementaires, juges et journalistes. Longtemps proche du parti Nidaa Tounes, aujourd’hui dirigé par Hafedh Caïd Essebsi (le fils du chef de l’État), mais aussi des islamistes tunisiens et libyens, Jarraya personnifiait la caste des intouchables ».(2)
    Dans la foulée, ont été notamment arrêtés plusieurs importants « hommes d’affaires », des hauts responsables de la douane dont un ancien colonel, des gros bonnets et des lampistes de la contrebande, des petits et gros trafiquants de drogue, de métaux, de fruits secs, d’armes, l’ancien responsable de la lutte anti-terroriste et actuel responsable de la « police touristique », etc.
    Les biens de certains « hommes d’affaires », dont un yacht, ont été saisis, ainsi que des voitures et appartements qu’ils avaient mis à la disposition d’hommes politiques ou de journalistes. D’après certains media, la valeur totale des biens saisis serait « astronomique ».

    La volonté de mettre un coup d’arrêt à l’impopularité croissante du pouvoir

    D’après un sondage, 91,7% des citoyens tunisiens interrogés ont exprimé leur soutien à ces arrestations.(3)
    Reflétant cet état d’esprit, l’UGTT qualifie celles-ci de « courageuses » : « La lutte contre la corruption en Tunisie et son déracinement ont toujours été parmi les principales revendications de l’UGTT ».
    Gardant ses distances, l’UGTT ajoute néanmoins : « Il est nécessaire d’aller jusqu’au bout de cette campagne, de ne pas céder aux pressions et d’appliquer la loi contre tous ceux qui ont spolié l’argent public, et utilisé leur position et liens pour faire fortune ».

    De « curieux oublis »

    A ce jour, des individus connus pour faire partie des rouages essentiels du système de corruption qui ravage la Tunisie depuis des années continuent tranquillement à vaquer à leurs activités prédatrices. Il en va de même du côté d’hommes politiques particulièrement « arrosés ». La plupart d’entre eux appartiennent aux partis qui dirigent ou ont dirigé le pouvoir depuis 2011 :
    - Nidaa Tounès, constitué autour de notables de l’ancien régime (et qui dirige le pouvoir depuis janvier 2015),
    - le parti islamiste Ennahdha (qui a été au gouvernement en 2012-2013, et y participe à nouveau depuis 2015 aux côtés de Nidaa).

    Un pouvoir aux prétentions contradictoires

    - D’un côté, il déclare avoir engagé une offensive « anti-corruption » implacable ;
    - De l’autre, il persiste à vouloir imposer une loi de « réconciliation » (4) blanchissant les corrompus de l’époque Ben Ben Ali … dont fait justement partie Chafik Jarraya arrêté le 23 mai !

    Des menaces sur les libertés

    S’appuyant sur la proclamation de l’état d’urgence à la suite des attentats jihadistes, le pouvoir utilise abondamment des pratiques en vigueur du temps de Ben Ali, comme par exemple la comparution de civils devant le tribunal militaire.

    Le 1er juin 2017

    http://www.anti-k.org/

     

    Lire aussi:

    De Tataouine à Ouargla, le même malaise (El Watan)

    Tunisie : la guerre contre la corruption doit être globale et crédible (Front Populaire)

    Tunisie : le mouvement des chômeurs continue (Lutte Ouvrière)

    Tunisie : la bataille écologique des élections municipales (MEE)

     

     

  • Maghreb : les jeunes mettent la pression (Le Point)

    tun.jpg

    Du Sud tunisien au Rif marocain en passant par l'Algérie, la jeunesse maghrébine crie ses frustrations à la face des gouvernements.

    Les années se suivent, se ressemblent et s'assemblent au Maghreb. Les revendications d'avant-hier, d'hier et d'aujourd'hui seront-elles celles de demain. L'histoire bégaie dans le ventre mou du Maghreb. Au Maroc, Al Hoceïma est une province jetée en bord de mer, avec pêche et tourisme pour sources de revenus. La mort suspecte d'un vendeur de poissons en octobre 2016 – broyé par le mécanisme de compactage d'une benne à ordures alors que la police venait de saisir sa marchandise – avait provoqué manifestations et heurts avec la police. L'événement avait été hâtivement rapproché de l'immolation d'un vendeur de fruits et légumes à Sidi Bouzid, en Tunisie, le 17 décembre 2010. Dans le cas tunisien, la police avait aussi confisqué le gagne-pain de Mohamed Bouazizi, le vendeur de fruits. Un mois plus tard, le régime chutait et la Tunisie entrait en démocratie. Mais Tunis n'est pas Rabat. Et réciproquement.

    Tataouine, Al Hoceïma : même combat ?

    Il y a huit jours à peine, le Sud tunisien s'embrasait. La mort « accidentelle » d'un manifestant, renversé par un véhicule de la garde nationale, déclenchait une fureur, provoquant des dizaines de blessés, la destruction de biens publics liés aux institutions sécuritaires et l'image terriblement symbolique de la destruction d'une vanne d'un puits de pétrole par une poignée d'individus. Quarante-huit heures après, le chef du gouvernement lançait une opération anticorruption qui éclipsait les événements du Sud. Mais, dans la zone d'El-Kamour, les sit-in perdurent. Cela fait deux mois.

    À Al Hoceïma, au nord-est du Maroc, de sérieux affrontements se sont déroulés samedi. La police a procédé à une vingtaine d'arrestations.

    En Algérie, on ne compte plus les sautes d'humeur. Ce que Boualem Sansal expliquait : « La jeunesse est pressurée par le pouvoir et par les religieux. Elle n'a pas d'horizon, a des angoisses existentielles. Elle est prise dans la nasse. En Algé- rie, c'est l'explosion de colère chaque jour. Des émeutes. Deux à trois mille chaque année. Le régime est d'un mépris et d'une arrogance à l'égard des jeunes.  »

    Des pays si différents et si proches

    Si l'Algérie, le Maroc et la Tunisie sont des nations aux régimes politiques différents, aux us sociaux divergents, aux cultures nuancées d'un pays à l'autre, il existe un point commun : le ras-le-bol d'une grande partie de la jeunesse. Ras-le-bol à l'égard d'un État jugé partial, injuste, protégeant les puissants, écrasant les sans-grade avec une administration élevant la « tatillonnerie » au rang de chef-d'œuvre sadique. Ces coups de colère enregistrés à intervalles réguliers font partie du quotidien. On s'émeut, on disserte, on s'apostrophe sur les plateaux télé, puis on oublie. Mais le ressentiment se nourrit de ce statu quo. Et l'irrationnel l'emporte parfois sur une perspective d'avenir construite sur la réalité et non sur l'utopie. La jeunesse attend tout de l'État, État qui ne peut plus assumer ce rôle paternaliste.

    Une solution économique

    En 1992, James Carville lançait au candidat démocrate Bill Clinton « it's the economy, stupid » , lui enjoignant de concentrer sa campagne et son action future sur l'économie, à rebours d'un George Bush. Depuis, cette phrase est devenue une maxime politique. Il serait bon que certains pays du Maghreb s'en emparent. Les taux de chômage des jeunes recueillis par la Banque mondiale sont alarmants. 31,8 % en Tunisie, 29,9 % en Algérie, 38,8 % au Maroc pour les jeunes en milieu urbain.

    Au royaume de Mohamed VI, le cap a été mis sur le continent africain afin que le pays devienne le hub logistique, bancaire et politique entre l'Europe et l'Afrique. Une stratégie à long terme.

    En Algérie, dans les décombres de la fin de règne d'Abdelaziz Bouteflika, on n'attend pas Godot, mais la fin du régime. Les législatives du 4 mai l'ont prouvé jusqu'à l'absurde : les deux partis qui dirigent le pays ont engrangé moins de voix que les bulletins blancs ou nuls. Et l'économie algérienne, dépendante à plus de 90 % des revenus des hydrocarbures, plonge avec un baril de pétrole dont le prix oscille entre 49 et 52 dollars.

    Quant à la Tunisie, son entrée en démocratie lui vaut les satisfecit internationaux. Mais sa politique économique – sept gouvernements se sont succédé depuis 2011 –  lui vaut les remontrances polies du FMI. L'absence de réformes structurelles (masse salariale de la fonction publique, maquis administratif, caisses des retraites dans le rouge…) est pointée du doigt. Si le tourisme redémarre, secteur saccagé par les attentats du Bardo et de Sousse en 2015, si le phosphate reprend une activité normale après des années de grèves et de malversations, la Tunisie compte 650 000 chômeurs. Difficile mission pour le chef du gouvernement, dont une grosse partie du budget est grevée par les salaires des fonctionnaires et le remboursement de la dette. Sa marge de manœuvre est très étroite alors que les exigences sont nombreuses.

    Capitalisme de rente et corruption

    Si l'État, qu'il soit algérien, marocain où tunisien, n'est plus en mesure de fournir des jobs à toute sa jeunesse, l'État peut agir d'une autre façon pour doper des économies anémiées. En luttant contre la corruption, en cessant de privilégier le capitalisme de rente qui profite à quelques clans, en misant sur une éducation nationale pragmatique, dénuée de diktats idéologiques, en créant un climat propice à l'entrepreneuriat (ce qui nécessite une forte réduction de l'économie informelle)… En s'attaquant sur le long terme à ces sujets-là, l'État cesserait de devenir l'unique réceptacle de toutes les frustrations.

     Correspondant à Tunis, Benoît Delmas
    Le Point Afrique
     
     
    Commentaire: Nous ne partageons pas l'orientation de ce journal!
     
  • Nouveautés "Tunisie"

    Résultat de recherche d'images pour "tunisie tataouine greve"

    Tunisie : Le sud du pays en ébullition (NPA)

    Tunisie : soutien du Front populaire aux luttes dans le sud tunisien (ESSF)

    Tunisie : Solidarité avec les manifestations pour l’emploi et le développement! (Union Syndicale Solidaires)

  • Le sud tunisien en ébullition (ESSF)

    Résultat de recherche d'images pour "tunisie revolte"

    Depuis 2011, les revendications sociales ne cessent d’alimenter la grogne un peu partout dans le pays, empêchant la stabilisation du régime.

    C’est en ce moment le cas de la région de Tataouine d’où est issue une grande partie de la production d’hydrocarbures.

    Petite chronologie

    16 mars
    Face à cette pression, particulièrement intense dans la région, L’UGTT de Tataouine appelle à la grève générale du secteur pétrolier où de nombreux conflits ont eu lieu ces dernières années. Cette grève fait notamment suite au licenciement de 24 salariés par la société canadienne Winstar qui refuse par ailleurs de participer au développement économique et social de la région.
    8 avril
    Des jeunes chômeurs exigeant notamment des créations massives d’emplois occupent les routes empruntées par les camions de pétrole. Ils appellent à la grève générale de toute la population pour le 11.
    11 avril
    Toutes les activités sont bloquées à Tataouine, à l’exception de quelques boulangeries, des pharmacies et de l’Hôpital régional. Les manifestants permettent à nouveau la circulation, sauf pour les camions des sociétés pétrolières.
    23 avril
    Des milliers de jeunes organisent un sit-in illimité à proximité de la zone pétrolière protégée par les forces armées.
    27 avril
    Le Premier ministre lors de sa venue à Tataouine propose la création 2 500 emplois précaires et mal payés, dont 500 immédiatement. Il est vivement contesté aux cris de « travail, liberté et dignité » et doit être évacué en catastrophe.
    7 mai
    La population manifeste massivement pour soutenir les sit-ins.
    16 mai
    Une nouvelle proposition du gouvernement inclue notamment l’embauche de 1 500 personnes par les sociétés pétrolière et 2 000 emplois précaires dans d’autres activités. Une partie des jeunes mobilisés juge ce compromis acceptable. Une partie le juge insuffisant et continue à bloquer l’exploitation pétrolière.
    20 mai
    Malgré des tirs de sommation de l’armée, les manifestants réussissent à mettre à l’arrêt la principale station de pompage de gaz du Sud tunisien ! Du jamais vu depuis le début de l’exploitation des hydrocarbures dans la région il y a plus d’un demi-siècle.

    Les principales revendications

    En plus de la création immédiate d’emplois, les manifestants veulent obliger les sociétés pétrolières et gazières à verser 20 % de leur profits à une caisse chargée du développement économique de la région.
    Cette dernière mesure est catégoriquement refusée par le gouvernement néolibéral de coalition constitué essentiellement d’islamistes d’Ennahdha et de certains notables de l’ancien régime.

    Une volonté d’auto-organisation

    Depuis des années, le gouvernement fait des promesses ou signe des accords qu’il ne respecte pas. Cette fois-ci, les jeunes chômeurs sont bien décidés à ne pas se faire avoir une nouvelle fois.

    L’un d’entre eux explique : « En 2013, après des mois d’occupation de la place centrale de la ville, on nous a baratiné avec une dizaine de postes dans un chantier appartenant à la présidente du syndicat patronal. Les contrats, sans couverture sociale, ont pris fin au bout de six mois », explique l’un des jeunes mobilisés. Il assure que cette fois-ci « ni la société civile, ni les partis politiques, ni l’UGTT ne négocieront à notre place. »

    Pour cette raison, chaque décision est prise après un vote effectué au niveau de chaque sit-in, puis au niveau de leur coordination.
    L’un de ses membres explique : « Nous essayons de rester transparents et de respecter la volonté de chaque sit-inneur. Cela est possible à travers les votes et les concertations entre nous. Nous passons tout notre temps à discuter de tous les détails de nos demandes et des solutions que nous proposons au pouvoir ».

    La nationalisation des ressources naturelles à l’ordre du jour

    Même si elle ne fait pas partie de la plate-forme revendicative, cette question est posée par de nombreux manifestants : « Sur des milliers de postes crées pour exploiter les hydrocarbures, seules quelques centaines sont attribués aux jeunes de Tataouine ». « Les sociétés étrangères agissent comme si la Tunisie était encore colonisée. »
    Malgré sa radicalité, le mouvement bénéficie d’un soutien populaire assez large dans tout le pays.

  • Nuages sur la Tunisie (Le Monde Diplomatique)

    tebourba.jpg

    Mercredi 10 mai 2017, la petite localité de Tebourba, située à 35 kilomètres à l’ouest de Tunis, dans le gouvernorat (préfecture) de La Manouba, a été le théâtre d’affrontements entre jeunes et forces de sécurité, ces dernières usant de gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs centaines de manifestants en colère.

    À l’origine de ces violences, la tentative d’immolation par le feu d’un jeune vendeur de fruits à la sauvette empêché de travailler par les policiers. Cela rappelle sans conteste l’événement fondateur de la révolution tunisienne de décembre 2010-janvier 2011, quand des représentants de l’ordre confisquèrent sa marchandise à Mohamed Bouazizi, le poussant à s’asperger d’essence avant de l’enflammer pour mettre fin à ses jours (17 décembre 2010).

    Malgré le retour au calme — les autorités du gouvernorat ont promis d’aménager des espaces de vente pour les marchands ambulants —, le drame de Tebourba est loin d’être isolé. Suicides ou automutilations sont fréquents chez une jeunesse désabusée et les protestations populaires qui suivent ces actes s’ajoutent aux tensions sociales qui aggravent un climat politique des plus délétères. Jour après jour, la Tunisie s’interroge sur son avenir dans un contexte de crise multiforme.

    Lire aussi Thierry Brésillon, « Grand déballage historique en Tunisie », Le Monde diplomatique, mai 2017. La veille des affrontements de Tebourba, le pays apprenait ainsi la démission de M. Chafik Sarsar, le président de l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie). En poste depuis 2014, cette personnalité indépendante et très respectée devait préparer les élections municipales — les premières depuis la chute de l’ancien régime — du 17 décembre prochain. Suivi dans son départ par deux autres membres du conseil de l’Isie, dont le vice-président, l’intéressé s’est dit contraint à la démission » et a évoqué des « divergences internes » menaçant l’organisation « d’élections libres et transparentes ».

    Pour de nombreux Tunisiens, il ne fait nul doute que M. Sarsar subissait les pressions des autorités et de partis politiques désireux de remporter le scrutin. Cela afin de bénéficier d’assises territoriales et financières susceptibles de les aider à préparer au mieux leurs campagnes électorales pour les législatives de 2019. Du coup, l’opinion publique se demande si les municipales auront bien lieu. Un report, même de quelques semaines, aurait un effet fâcheux dans la mesure où ce rendez-vous, maintes fois décalé, est considéré comme une étape fondamentale dans la poursuite du processus de transition démocratique entamé depuis la chute de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011.

    Dans un discours prononcé ce même 10 mai, le président Béji Caïd Essebsi a néanmoins assuré que les élections locales auront bien lieu. Annoncée depuis plusieurs jours, son adresse à la nation a surtout été l’occasion de fustiger les mouvements sociaux qui paralysent l’activité économique en divers points du pays, notamment dans les régions du Kef (nord-ouest) et de Tataouine (sud-est). Revendiquant la nécessité de défendre « l’État de droit », et estimant que les manifestations « ne sont pas toutes légitimes » M. Essebsi a fait savoir qu’il avait décidé de recourir à l’armée pour protéger « les outils de production » et défendre les sites d’extraction de pétrole et de phosphate. Pour mémoire, en 2011, alors qu’il était chef du gouvernement (du 27 février au 24 décembre 2011), celui qui fut, entre autres, ministre de l’intérieur (1965-1969) du président Habib Bourguiba, s’était déjà élevé contre « le dégagisme néfaste à l’économie » dont, selon lui, se rendaient coupables nombre de Tunisiens désireux de chasser tous les responsables en place, qu’ils soient élus, gouverneurs (préfets) ou chefs d’entreprise.

    En décidant de faire appel à l’armée pour « protéger » l’activité économique, le président tunisien prend le risque de dérapages tant les protestations s’accroissent. Après six années de transition, une grande majorité de Tunisiens ne voit aucune amélioration dans la situation économique et reproche aux autorités de ne pas agir contre la marginalisation de nombreuses régions. À Tataouine, des manifestants multiplient sit-in, blocages de route et marches publiques pour exiger des investissements pour le développement régional et la mise en place, par les compagnies pétrolières, d’une politique de recrutement favorable à la jeunesse locale. En somme, les mêmes revendications qu’il y a vingt, dix ou six ans… S’il a été favorablement accueilli par la bourgeoisie tunisienne qui se dit lassée par le désordre dans le pays, ce recours à la soldatesque fait craindre un tour de vis sécuritaire et un retour déguisé à l’ordre ancien.

    Il faut dire que les alertes en ce sens s’intensifient. En avril dernier, l’Union générale des étudiants de Tunisie (Uget) dénonçait les violences policières commises lors de manifestations estudiantines. Début mai, la rédaction du site indépendant Nawaat condamnait « le harcèlement du directeur de sa rédaction et l’intention manifeste des autorités à s’acharner contre ses journalistes. » Sami Ben Gharbia, cofondateur et directeur de la rédaction avait alors été convoqué — le 3 mai, jour de la célébration mondiale de la liberté de la presse ! — par la brigade centrale d’investigation de la Garde nationale pour y être interrogé à propos de fuites concernant un projet présidentiel d’amnistie des cadres de l’ancien régime.

    Sur les réseaux sociaux, mais aussi lors des nombreux talk-shows sur les chaînes de télévisions tunisiennes, cette tentation sécuritaire est d’autant plus critiquée que le gouvernement de M. Youssef Chahed (lire l’encadré ci-dessous) peine à apporter des réponses aux inégalités et aux déséquilibres régionaux. C’est d’ailleurs la persistance de la marginalisation d’une partie du pays que met en exergue le dernier rapport de l’International Crisis Group (ICG) (1). Pour les experts de ce laboratoire d’idées basé à Bruxelles, le compromis politique en place depuis 2014, fruit de l’alliance entre le parti Nidaa Tounès (camp présidentiel) et la formation islamo-conservatrice d’Ennahda, est menacé à moyen terme. Relevant la paralysie qui empêche l’accomplissement des réformes, le document insiste sur le poids néfaste des « réseaux clientélistes » et, plus encore, sur l’existence d’une bataille de l’ombre entre l’élite économique traditionnelle et de nouveaux entrepreneurs originaires de l’intérieur du pays ou des zones défavorisées.

    « Alors que les équilibres macroéconomiques sont mis à mal, la polarisation se renforce dans le monde des affaires entre chefs d’entreprises, mais aussi entre ces derniers et les barons de l’économie informelle, notamment de la contrebande, note ainsi le rapport. D’un côté, une élite économique établie issue de la région côtière de l’Est du pays et des grands centres urbains est protégée et privilégiée par des dispositifs réglementaires, et entend le rester. De l’autre, une nouvelle classe d’entrepreneurs issus des régions déshéritées, dont certains sont cantonnés au commerce parallèle, soutiennent en partie les protestations violentes contre le pouvoir central et aspirent à se faire une place parmi l’élite établie, voire à la remplacer. »

    Pour l’ICG, seuls un dialogue national et la mise en place d’un certain nombre de mesures sont susceptibles d’empêcher que cet affrontement régionaliste ne mène à l’échec de la transition démocratique. Et parmi les changements que suggère le laboratoire d’idées, il y a le « renforcement de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc) » ainsi que la « soumission par les partis politiques de leurs rapports financiers à la Cour des comptes. »

    L’un des mérites du document de l’ICG est d’insister sur le fait que « des hommes de l’ombre du milieu des affaires tirent les ficelles en coulisses pour défendre leurs intérêts. » Une réalité que nombre de Tunisiens valident en faisant systématiquement référence à l’existence de « mafias » organisées dont l’argent irrigue non seulement le champ politique mais aussi celui des médias et même des organisations non gouvernementales (ONG) locales.

    C’est dans ce contexte que le président Béji Caïd Essebsi tente de convaincre ses concitoyens d’accepter le projet de loi de réconciliation économique dont la troisième mouture est en discussion à l’Assemblée. Pour les autorités tunisiennes, l’amnistie, sous conditions, de personnes impliquées dans des crimes de corruption est susceptible de tourner la page du passé et de permettre le redémarrage de l’économie. La gauche, les syndicats, ainsi que de nombreuses associations y sont opposées et manifestent régulièrement pour exiger le retrait de ce projet qu’ils qualifient de « blanchiment de la corruption ». Des militants pour la défense des droits humains voient dans ce projet une tentative pour amoindrir les prérogatives de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), en charge du processus de justice transitionnelle et dont les travaux font face à une hostilité plus ou moins assumée de la part du pouvoir.

    Lire aussi Jérôme Heurtaux, « Le triple déni des cadres déchus », Le Monde diplomatique, mai 2017. Quoi qu’il en soit, l’avenir de ce texte dépend de la position que prendra Ennahda. À l’image de son guide Rached Ghanouchi, la direction de ce parti semble encline à soutenir le texte pour au moins deux raisons. La première est liée à l’idée qu’une opposition à son adoption sonnerait le glas de la coalition avec Nidaa Tounès et précipiterait le pays dans une grave crise politique à l’issue incertaine. La seconde est d’ordre stratégique. En absolvant certains cadres de l’ancien régime, qui fut pourtant un impitoyable persécuteur des islamistes, Ennahda élargirait son influence au sein des élites économiques traditionnelles, sachant que son poids chez les entrepreneurs du secteur informel est déjà conséquent. Seul problème pour la direction de ce parti, sa base demeure opposée à cette absolution. Le sort du projet de loi de réconciliation économique en dira long sur la recomposition politique en Tunisie.

     

    Un gouvernement affaibli

    Tombera ou ne tombera pas ? Installé à la fin août 2016, le gouvernement de M. Youssef Chahed fait l’objet de nombreuses spéculations quant à sa pérennité. Obligé de composer avec une Assemblée hostile, le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire de la Tunisie indépendante (il a 41 ans) doit faire face à un flot ininterrompu de critiques liées notamment à son incapacité à répondre aux attentes sociales nées de la révolution.

    Certes, M. Chahed a été conforté à son poste par le président Essebsi lors du discours de ce dernier, mais le limogeage de deux de ses ministres, visiblement décidé par le palais de Carthage — le siège de la présidence — a illustré le manque d’autonomie du gouvernement. C’est un conflit avec le syndicat de l’enseignement secondaire, une branche de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui a coûté son poste à M. Néji Jelloul, ministre de l’éducation. Ce dernier, personnalité ambitieuse et d’autant plus désireuse de jouer un rôle de premier plan que le parti présidentiel Nidaa Tounès est miné par les dissensions, s’est attiré les foudres des syndicats en cherchant à légiférer sur les cours particuliers. Une pratique discrétionnaire et peu encadrée qui représente néanmoins une part substantielle des revenus des enseignants. Son limogeage signe le glas de ce projet, au grand dam de nombreux ménages qui dénoncent le poids financier excessif de ces enseignements additionnels.

    Quant à Mme Lamia Zribi, désormais ex-ministre des finances, son renvoi est dû à une bourde bien étonnante pour qui connaît les exigences de prudence oratoire pour un tel poste. En estimant publiquement que le dinar tunisien, déjà bien faible, pourrait tomber à un taux de 1 euro pour 3 dinars d’ici la fin de l’année, elle a provoqué une panique sur le marché local des changes et obligé le chef du gouvernement à démentir toute imminence de dévaluation de la monnaie nationale. Un cafouillage de mauvais aloi quand on sait que la Tunisie est engagée dans de difficiles négociations avec le Fonds monétaire international (FMI).

    Akram Belkaïd  14 mai 2017

    http://blog.mondediplo.net/

  • Tunisie: "ni terroristes ni casseurs", des manifestants du sud ne "lâchent rien" (Le Point)

    8212386lpw-8212511-article-tunisie-tataouine-greve-jpg_4219623_660x281.jpg

  • Risque d’escalade en Tunisie après la mort d’un manifestant dans le sud (ESSF)

    tat.jpg

    Un jeune manifestant est mort lundi après avoir été écrasé par un véhicule de la gendarmerie dans le sud de la Tunisie, faisant craindre une escalade dans cette région agitée depuis plusieurs semaines par des protestations sociales.


    Une cinquantaine de personnes ont également été hospitalisées pour asphyxie au gaz lacrymogène ou fractures, lors de heurts entre manifestants et forces de l’ordre à El-Kamour et Tataouine, sa préfecture, a indiqué à l’AFP le ministère de la Santé.

    La tension est montée durant le week-end à El-Kamour, site désertique à une centaine de km de Tataouine où campent depuis près d’un mois des habitants réclamant une meilleure répartition des richesses et des recrutements prioritaires dans les sociétés pétrolières.

    Face à ce mouvement entravant la circulation des camions vers les champs pétroliers et gaziers de Tataouine, le président Béji Caïd Essebsi a solennellement demandé le 10 mai aux militaires de protéger les sites de production du pays d’éventuels blocages. Lundi matin, « un citoyen a été tué à El-Kamour par un 4x4 de la Garde nationale (l’équivalent de la gendarmerie) qui faisait marche arrière. Il est mort après son transport à l’hôpital », a confirmé devant la presse le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Yasser Mesbah.

    Tout est fermé

    Ce décès est survenu lors d’une manifestation devant le complexe pétrolier et gazier, où les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour repousser les protestataires qui tentaient d’y pénétrer.
    Selon le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, les manifestants « ont utilisé des camions pour forcer le barrage » érigé autour des installations. « La situation est stable », a-t-il ajouté lors de ce point de presse.

    Son homologue de l’Intérieur a indiqué que 13 policiers avaient été blessés à El-Kamour et Tataouine. Six agents de la Garde nationale ont aussi été touchés dont deux grièvement. Un agent de la protection civile est en soins intensifs, a-t-il ajouté.

    M. Mesbah a également déclaré que le siège de la Garde nationale à Tataouine avait été incendié, des véhicules des forces de l’ordre brûlés et la fourrière dévalisée.
    Après le décès du manifestant d’El-Kamour, une manifestation de soutien organisée devant le gouvernorat à Tataouine a elle aussi fini en heurts.

    Ce rassemblement n’a dégénéré « qu’après les violences à El-Kamour », a assuré à l’AFP, sous couvert de l’anonymat, un participant. « Tout est fermé à Tataouine. Seule l’armée est là, les policiers et gendarmes sont partis. Nous n’avons aucun problème avec l’armée, qui se comporte de manière très civilisée », a-t-il ajouté.

    tata.jpg

    On ne lâche rien

    Dans le centre de Tunis, deux manifestations -des dizaines de personnes puis quelques centaines- ont été organisées lundi en soutien aux contestataires du sud. Les participants ont notamment repris à leur compte le slogan phare des habitants de Tataouine : « On ne lâche rien ».
    « Le peuple de Tataouine revendique son droit au travail et au partage des ressources et (Béji Caïd) Essebsi répond par la force », a fustigé Marwane, la trentaine.

    Parmi les rares réactions politiques, le parti islamiste Ennahdha a appelé au calme, tout en jugeant « légitimes » les revendications des habitants de Tataouine.

    Dès samedi, l’armée avait procédé à des tirs de sommation pour disperser la foule à El-Kamour, pour la première fois depuis l’appel du président Essebsi aux militaires. Le lendemain, le ministère de la Défense a prévenu que l’armée aurait recours à la force contre quiconque tenterait de pénétrer à l’intérieur du site d’El-Kamour.
    « La tentative d’entrer par la force dans l’installation protégée par l’armée (...) n’est pas un acte pacifique (...) Cela requiert une réaction », a insisté lundi à la radio le porte-parole du ministère Belhassen Oueslati.

    En fonctions depuis moins d’un an, le gouvernement d’union de Youssef Chahed est à son tour confronté à une grogne sociale croissante, en particulier dans les régions périphériques.
    Les mouvements prennent régulièrement l’allure de sit-in bloquant routes et accès à certains sites.
    La Tunisie, unique pays rescapé du Printemps arabe, avait connu début 2016 sa plus importante contestation sociale depuis la chute de la dictature cinq ans plus tôt, après le décès d’un jeune manifestant lors d’une manifestation pour l’emploi à Kasserine (ouest).

    mardi 22 mai 2012