Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Dossier Tunisie (Anti-k)

 

Tunisie : La guerre contre la corruption est-elle réellement déclarée ?

Les associations démocratiques de l’immigration tunisienne depuis toujours mobilisées contre la corruption qui gangrène le pays s’associent à l’appel ci-dessous « la guerre contre la corruption est-elle réellement déclarée ? » et appellent l’ensemble des tunisien(ne)s à l’étranger à faire barrage à ce fléau.

Depuis quelques jours, les Tunisiens découvrent avec un sentiment d’émoi et d’indignation les effets de cette campagne d’arrestations qui vise des affairistes véreux sur lesquels, et depuis longtemps, de graves soupçons pèsent sur eux : activités douteuses, des grands contrebandiers, d’anciens cadres de la Douane suspectés de corruption et impliqués dans le commerce parallèle… La Commission de confiscation a d’ores et déjà procédé à la confiscation des biens de certains d’entre eux.

Tout en exprimant notre soutien à cette campagne de salubrité publique qui constitue un début de concrétisation de l’un des objectifs de notre Révolution, nous tenons toutefois à affirmer que :

- Cette campagne ne doit en aucune manière être sélective. Les arrestations doivent s’inscrire réellement dans un processus de démantèlement de tout le système de la corruption qui, au mépris de toutes les lois, gangrène encore la société tunisienne et met en péril l’institution étatique elle-même.

- Les procédures légales et les normes de la justice équitable doivent être observées pour tous les acteurs publics afin d’éviter les risques d’abus, mais aussi les atteintes aux libertés ainsi que les possibles règlements de comptes, fussent-ils, sous couvert des recours « judiciaires ».

- La justice doit examiner les affaires qui lui seront soumises en toute indépendance, sans pression aucune ; afin que nous, citoyens de ce pays, puissions en toute objectivité, constater la souveraineté de la loi et apprécier l’engagement résolu des autorités publiques dans la lutte contre le fléau de la corruption.

- Nous tenons également à souligner que la détermination du gouvernement à combattre la corruption suppose également le respect du processus de la Justice transitionnelle. 
En conséquence, nous appelons le gouvernement à retirer le projet de loi dit de réconciliation économique et financière car, son maintien, ne peut que semer le doute sur sa ferme détermination à s’attaquer durablement et sans exclusive à la corruption, sous toutes ses formes.

- Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme CRLDHT
- Association vigilance pour la démocratie et l’État civique (Yakhadha)
- Association Démocratique des Tunisiens en France – ADTF
- Association des Tunisiennes et Tunisiens de Suisse – ATTS
- Association des Tunisiens de l’Isère Citoyens des Deux Rives – l’ATI-CDR
- Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie – Belgique – CVDT
- Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme CRLDHT
- Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives – FTCR
- Réseau Euro Maghrébin Citoyenneté et Culture – REMCC

Espérant mettre fin à son impopularité croissante, le pouvoir tunisien coupe quelques branches pourries

En grande difficulté face à la révolte des populations paupérisées du sud tunisien (1), où rien n’est à ce jour réglé, le pouvoir a brusquement déclenché le 23 mai une grande opération contre certains affairistes.

Un inventaire à la Prévert

Tout a commencé par l’arrestation de Chafik Jarraya. « Ancien associé d’Imed Trabelsi (le neveu de Leïla Ben Ali), Jarraya se targuait publiquement d’acheter parlementaires, juges et journalistes. Longtemps proche du parti Nidaa Tounes, aujourd’hui dirigé par Hafedh Caïd Essebsi (le fils du chef de l’État), mais aussi des islamistes tunisiens et libyens, Jarraya personnifiait la caste des intouchables ».(2)
Dans la foulée, ont été notamment arrêtés plusieurs importants « hommes d’affaires », des hauts responsables de la douane dont un ancien colonel, des gros bonnets et des lampistes de la contrebande, des petits et gros trafiquants de drogue, de métaux, de fruits secs, d’armes, l’ancien responsable de la lutte anti-terroriste et actuel responsable de la « police touristique », etc.
Les biens de certains « hommes d’affaires », dont un yacht, ont été saisis, ainsi que des voitures et appartements qu’ils avaient mis à la disposition d’hommes politiques ou de journalistes. D’après certains media, la valeur totale des biens saisis serait « astronomique ».

La volonté de mettre un coup d’arrêt à l’impopularité croissante du pouvoir

D’après un sondage, 91,7% des citoyens tunisiens interrogés ont exprimé leur soutien à ces arrestations.(3)
Reflétant cet état d’esprit, l’UGTT qualifie celles-ci de « courageuses » : « La lutte contre la corruption en Tunisie et son déracinement ont toujours été parmi les principales revendications de l’UGTT ».
Gardant ses distances, l’UGTT ajoute néanmoins : « Il est nécessaire d’aller jusqu’au bout de cette campagne, de ne pas céder aux pressions et d’appliquer la loi contre tous ceux qui ont spolié l’argent public, et utilisé leur position et liens pour faire fortune ».

De « curieux oublis »

A ce jour, des individus connus pour faire partie des rouages essentiels du système de corruption qui ravage la Tunisie depuis des années continuent tranquillement à vaquer à leurs activités prédatrices. Il en va de même du côté d’hommes politiques particulièrement « arrosés ». La plupart d’entre eux appartiennent aux partis qui dirigent ou ont dirigé le pouvoir depuis 2011 :
- Nidaa Tounès, constitué autour de notables de l’ancien régime (et qui dirige le pouvoir depuis janvier 2015),
- le parti islamiste Ennahdha (qui a été au gouvernement en 2012-2013, et y participe à nouveau depuis 2015 aux côtés de Nidaa).

Un pouvoir aux prétentions contradictoires

- D’un côté, il déclare avoir engagé une offensive « anti-corruption » implacable ;
- De l’autre, il persiste à vouloir imposer une loi de « réconciliation » (4) blanchissant les corrompus de l’époque Ben Ben Ali … dont fait justement partie Chafik Jarraya arrêté le 23 mai !

Des menaces sur les libertés

S’appuyant sur la proclamation de l’état d’urgence à la suite des attentats jihadistes, le pouvoir utilise abondamment des pratiques en vigueur du temps de Ben Ali, comme par exemple la comparution de civils devant le tribunal militaire.

Le 1er juin 2017

http://www.anti-k.org/

 

Lire aussi:

De Tataouine à Ouargla, le même malaise (El Watan)

Tunisie : la guerre contre la corruption doit être globale et crédible (Front Populaire)

Tunisie : le mouvement des chômeurs continue (Lutte Ouvrière)

Tunisie : la bataille écologique des élections municipales (MEE)

 

 

Les commentaires sont fermés.