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  • Maroc. Les rebelles du Rif dans le viseur du roi Mohammed VI (L'Humanité + El Watan)

    Nasser Zefzafi est accusé d’atteinte à la sûreté de l’état. Youssef Boudlal/Reuters
    Nasser Zefzafi est accusé d’atteinte à la sûreté de l’état. Youssef Boudlal/Reuters
     

    Le Rif marocain est secoué depuis huit mois par un soulèvement populaire.

    Aux revendications sociales et culturelles de cette région marginalisée, le Palais répond par la répression. Nasser Zefzafi, porte-voix de la contestation, a été arrêté.

    Fin de cavale pour Nasser Zefzafi. Hier après-midi, les autorités marocaines ont annoncé l’arrestation de cette figure du soulèvement populaire qui secoue depuis huit mois le Rif, dans le nord du pays. Cette région traditionnellement rebelle s’est encore embrasée au mois d’octobre 2016 après la mort tragique de Mohcine Fikri, un poissonnier d’Al-Hoceima broyé par une benne à ordure alors qu’il tentait de récupérer sa marchandise, saisie par la police.

    Une illustration de la « hogra », du mépris du pouvoir central que dénoncent sans relâche, depuis, les protestataires de cette zone marginalisée. Vendredi, la situation s’est de nouveau brutalement tendue, lorsque Zefzafi a fait irruption dans la mosquée Mohammed-V, principal lieu de culte d’Al-Hoceima, pour interrompre un prêche hostile au « hirak » (la mouvance). L’imam reprochait aux manifestants de semer la « fitna », la discorde parmi les croyants. « Est-ce que les mosquées sont faites pour Dieu ou pour le makhzen (pouvoir – NDLR) ? » s’est exclamé le porte-voix de la contestation.

    Depuis cette altercation, Zefzafi était recherché pour avoir « insulté le prédicateur », « prononcé un discours provocateur » et « semé le trouble ».

    Entre-temps, des heurts ont encore éclaté, une quarantaine de personnes ont été arrêtées, chiffre sous-estimé selon certaines sources, qui parlent de 70 militants interpellés. Certains devaient comparaître dès hier devant la justice. D’autres, dont Zefzafi, ont été transférés au siège de la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) à Casablanca. Ils font l’objet d’une enquête pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État », selon le procureur du roi à Al-Hoceima. Dans un contexte d’extrême tension, les défenseurs des droits humains dénoncent cette nouvelle vague de répression contre les animateurs d’un mouvement social pacifique.

    « Le centre d’Al-Hoceima est bouclé par la police pour empêcher toute manifestation.

    Dans toute la région, des maisons sont fouillées, des jeunes militants kidnappés, témoigne Faissal Aoussar, un responsable local de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH). Tout cela va envenimer la situation. La seule voie raisonnable serait d’écouter les Rifains, d’entendre leur soif de dignité et de respect, leurs revendications sociales, économiques, culturelles. »

    Les protestataires ont élaboré une solide plateforme revendicative, pour mettre fin au « blocus économique » infligé selon eux à la région, lutter contre « la corruption généralisée », créer des emplois, assurer le droit à l’éducation et à la formation pour tous, favoriser le développement de la région. Mais si la fracture est d’abord économique et sociale, elle se déploie aussi sur le terrain culturel et fait remonter à la surface un lourd contentieux historique.

    Les protestataires revendiquent fièrement leur filiation politique avec Abdelkrim El Khattabi, héros de la première guerre anticoloniale du XXe siècle (1921-1926), figure effacée de l’historiographie officielle, fondateur d’une éphémère république du Rif dont le drapeau rouge et blanc flotte sur les manifestations, un signe explicite de défi au pouvoir monarchique.

    Dans les mémoires, le souvenir de la révolte de 1958, écrasée dans le sang, reste vif.

    À l’époque, la région était devenue le théâtre d’une militarisation dont les contestataires demandent encore aujourd’hui la levée. Plus récemment, la passivité des autorités après le séisme de 2004, qui a fait plus de 600 morts, a attisé le sentiment de marginalisation.

    Cette région berbérophone réclame enfin la pleine reconnaissance de l’identité, du patrimoine culturel et de la langue amazigh.

    Celle-ci est inscrite depuis 2011 comme langue officielle dans la Constitution, mais sans effets sérieux sur l’administration et le système éducatif, dénoncent ses locuteurs. En guise de réponse à ce mouvement social et culturel profond, le makhzen manie l’accusation de séparatisme et crie au complot algérien. Pour mieux justifier ses opérations répressives et tenter d’isoler les rebelles du Rif. Sans succès : dimanche soir, des sit-in de solidarité ont eu lieu à Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech. Signe que le ras-le-bol de la « hogra » ne s’arrête pas aux montagnes du Rif.

  • Maroc Hirak: Grande manifestation à Al Hoceima, sit-in dispersés à Casablanca et Rabat (Tel Quel)

    Hirak: Grande manifestation à Al Hoceima, sit-in dispersés à Casablanca et Rabat
     

    Plusieurs manifestations et rassemblements de soutien au hirak se sont déroulées cette nuit, notamment à Al Hoceima. Certaines ont été rapidement dispersées par les forces de l'ordre.

    "Nous sommes tous Nasser Zafzafi". Portrait du leader récemment arrêté aux bouts des bras, plusieurs manifestants ont défilé cette nuit dans la ville d'Al Hoceima. Une foule "massive qui a rempli le quartier de Sidi Abid" rapporte notre journaliste. La presse internationale comme les policiers étaient massivement présents. Les avocats des prisonniers étaient aussi sur place pour réclamer leur libération. Le père de Nasser Zafzafi a également pris la parole en fin de l'événement pour remercier les participants et appeler à conserver le caractère "pacifique" des protestations. Un enregistrement sonore de Nasser Zafzafi a également été diffusé à la foule, mais nous n'avons pas pu en écouter la teneur exacte.

    Outre le grand rassemblement à Al Hoceima, plusieurs rassemblements de soutien ont eu lieu à Marrakech, Fès, Oujda et Nador. Des sit-in de soutien plus modestes se sont aussi déroulés dans de petites localités comme Martil. "Les rifains ne sont pas des awbach (sauvages)" pouvait-on entendre dans les lives diffusés par des participants à Martil.

    Dispersion de la foule

    A Casablanca et Rabat, les manifestants n'ont pas pu observer de sit in. La foule a été dispersée devant le parlement à Rabat, où se trouvait quelque 200 personnes, selon un journaliste de Telquel présent sur les lieux. Les manifestants ont à peine eu le temps de prononcer quelques slogans avant une charge des forces de l'ordre. Ils ont par la suite tenté de se regrouper près de la gare Rabat ville, mais ont de nouveau été dispersés. Les autorités ont continué de pourchasser les manifestants pour éviter tout rassemblement.

    A Casablanca, un rassemblement à l'appel du mouvement Anfass était prévu devant Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) où avaient été transférés les détenus du hirak. Sur place, notre journaliste décrit de nombreux policiers en civil, brassards orange sur l'épaule, dispersant rapidement les manifestants avant qu'ils ne puissent se regrouper. Les forces de l'ordre se sont déployées tout le long du boulevard Roudani, jusqu'aux intersections avec Zerktouni et Moulay Youssef.

    Selon nos confrères du Desk, des "policiers ont d’abord poussé les manifestants avant de les courser et les frapper à l’aide de matraques pour les disperser, non loin de l’Institut Français de Casablanca." Des points de contrôles auraient alors été établis pour empêcher les rassemblement. Toujours selon le desk, "les noeuds autoroutiers desservant la rocade et l’entrée sud de la ville et les bretelles des autoroutes A1  et A3" ont été filtrées.

    Les manifestants ont tout même réussis à se rassembler plus tard dans la soirée. Selon notre confrère Mohamed Ezzouak, directeur du site d'informations Yabiladi, qui appuie ses propos par un live vidéo retransmis par le média.

    mai 31
     

    Lire aussi : 

    Procès à Al Hoceima : 25 manifestants restent derrière les barreaux

  • Maroc Solidarité avec les mobilisations dans le Rif (Inprecor)

    © inprecor/jr

    Déclaration du Bureau de la IVe Internationale

    Depuis sept mois un mouvement de contestation populaire ne cesse de croître dans la région du Rif au nord du Maroc, et a culminé par un rassemblement de plusieurs dizaines de milliers de manifestants à Al-Hoceima le 18 mai dernier. Ce mouvement prend racine dans la mobilisation populaire qui s’est affirmée dans la région à partir du 20 février 2011, reprenant au Maroc la dynamique des soulèvements dans toute le Maghreb et le Moyen-Orient. Il a été relancé en octobre 2016 lorsque le jeune pêcheur Mohsen Fikri a été broyé dans une benne à ordures à Al-Hoceima.

    La population du Rif organisée dans des comités locaux, réclame le jugement des responsables de cette mort ainsi que de cinq autres rifains tués dans une agence bancaire lors des événements du 20 février 2011. Elle demande également la levée de la militarisation de la province d’Al Hoceima, l'arrêt des poursuites et du harcèlement contre les petits paysans, et porte d’autres revendications sociales concernant les services de santé, d'éducation et les infrastructures qui manquent aux habitants. C'est une indication claire de la faillite des politiques économiques et sociales promues par l'État marocain en vue de rembourser son énorme dette publique, qui se manifestent par la destruction du tissu productif, le pillage des ressources maritimes et forestières, la faiblesse des principaux services publics et l'absence d'emploi pour les jeunes

    Ces politiques néolibérales au profit du grand capital étranger et local, dictées par les institutions financières et commerciales internationales et les gouvernements des puissances impérialistes, sont mises en œuvre par des institutions marocaines corrompues et qui n’ont rien de démocratiques. Les divers organes gouvernementaux, sécuritaires et médiatiques du système monarchique cherchent à faire taire la voix de la population rifaine, à criminaliser le mouvement de contestation et à saper sa crédibilité pour qu’il ne serve pas d’exemple pour d'autres villes et régions du Maroc qui vivent dans les mêmes conditions de marginalisation, d’appauvrissement et de bafouement de la dignité.

    Nous saluons la lutte des Rifains leur organisation par la base, leur créativité et leur détermination, ainsi que les forces qui soutiennent cette lutte au Maroc.

    Nous condamnons la politique de répression et de désinformation de l'État marocain.

    Nous appelons à l'élargissement de la solidarité internationale, pour que ce mouvement obtienne la satisfaction de ses revendications permettant d’obtenir des améliorations significatives de leurs conditions de vie sociales, démocratiques et culturelles. Ce sont des revendications partagées par toutes les couches populaires marocaines et des pays proches, qui cherchent la voie de leur émancipation du despotisme politique et de l'exploitation capitaliste.

    Victoire pour la lutte populaire rifaine !

    Vive la lutte pour la liberté, la dignité et la justice sociale !

     29/05/2017

    http://www.inprecor.fr/

    Lire aussi:

    Articles

    Maroc

     

  • Nouveautés "Arabie"

    arabie.jpg

    Le Qatar expulse vers l'Arabie saoudite un militant des droits de l'Homme

    Bahreïn. Au moins un mort et des centaines de blessés dans le cadre de la violente répression que mène le gouvernement contre l'opposition

    Bahreïn : la police ouvre le feu, un mort et des dizaines de blessés

    Bahreïn. Le pays se dirige vers une «répression totale» des droits humains avec l’interdiction d’un parti d’opposition laïc

    De Cuba au Bangladesh : Comment l’Arabie saoudite veut influencer l’islam mondial et étendre le wahhabisme

     

     

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    Victoire des grévistes de la faim !

    Déclaration de la Campagne internationale pour la libération de Marwan Barghouthi et tous les prisonniers palestiniens, samedi 27 mai 2017
    Les prisonniers palestiniens en grève de la faim ont gagné. Après de longues négociations entre les autorités d’occupation israéliennes, Marwan Barghouthi et la direction de la grève, un accord a été trouvé et la grève de la faim est suspendue. C’est une étape importante vers le plein respect des droits des prisonniers palestiniens en conformité (...)
     

  • Maroc : le leader du Rif dans la clandestinité, situation explosive à Al-Hoceïma (Anti-k)

    Rif Maroc
    La situation est très tendue à Al-Hoceïma
     
    Les heurts se multiplient à Al-Hoceïma.
     
    Nasser Zefzafi, le leader de la contestation populaire dans la région, actuellement en fuite et recherché par la justice, a appelé à des manifestations pacifiques avant de rejoindre la clandestinité. La police a arrêté plusieurs de ses camarades du «Hirak» (mouvance).
     
    Dans la région du Rif, réputée frondeuse, la province d’Al-Hoceima est le théâtre de manifestations récurrentes depuis la mort fin octobre 2016 d’un vendeur de poisson, broyé accidentellement dans une benne à ordures. La situation est très tendue depuis vendredi 26 mai 2017. La police est intervenue en force samedi soir pour empêcher toute manifestation d’ampleur en soutien à Nasser Zefzafi, le leader de la contestation populaire, actuellement en fuite et recherché par la justice.

    Nasser Zefzafi fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour avoir interrompu la prière du vendredi dans une mosquée de la ville. Vingt personnes, dont plusieurs militants connus de la contestation, ont été arrêtées depuis vendredi. Des heurts similaires ont été signalés dans la ville voisine d’Imzouren, où les forces de l’ordre sont là aussi intervenues pour disperser les rassemblements, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.

    Discours identitaire

    Au fil des mois, la contestation, menée par un petit groupe d’activistes locaux, a pris une tournure plus sociale et politique, exigeant le développement du Rif, dans un discours identitaire teinté de conservatisme et de références religieuses.

    Le Rif, berbérophone, entretient des rapports de méfiance avec le Makhzen (Palais royal). Ostracisée par Hassan II, la région a longtemps souffert du manque de développement économique. Al-Hoceima a aussi été l’un des principaux foyers de la contestation lors du mouvement du 20-Février, la version marocaine des Printemps arabes en 2011. L’un des éléments déclencheurs de ce mouvement de révolte avait été le suicide en Tunisie d’un vendeur ambulant qui s’était immolé en réaction à la saisie de sa marchandise.

    ​Qui est Nasser Zefzafi, la nouvelle figure du Rif ?

    «Le Rifain qui défie l’Etat», selon la formule de Tel Quel, est un homme très connecté. A 39 ans, Nasser Zefzafi a su s’imposer comme leader grâce à ses interventions sur les réseaux sociaux. Tribun hors-pair, ses discours enflammés contre les autorités trouvent écho auprès d’une population conservatrice. Ses dernières sorties médiatiques, notamment le discours moralisateur enflammé tenue à la mosquée, ont refroidi certains de ses concitoyens.  Un mélange de religieux, de gauchisme et de régionalisme.

    Rabat réalise que le tout répressif ne peut être la solution devant une fronde sociale si forte. Depuis une semaine, le Rif assiste à un véritable défilé de ministre. Pas moins sept d’entre eux se sont rendus sur place. L’Etat marocain a depuis annoncé la mise en œuvre d’un catalogue de projets de développement de la région, désormais une «priorité stratégique».

    Par Géopolis @GeopolisFTV

    Publié le 28/05/2017

    http://www.anti-k.org

  • Appel pour le Rif en lutte (CADTM)

     

    A toutes les victimes du despotisme, de l’oppression, à toutes celles et ceux qui voient leur dignité bafouée et qui aspirent à un Maroc démocratique.

    A tous ceux et toutes celles qui luttent contre l’injustice et pour un pays de liberté, de dignité et de justice sociale.

    A tous et à toutes les personnes solidaires et sympathisantes avec le mouvement de contestation populaire dans le Rif et ses revendications justes et légitimes.

    A tous ceux et toutes celles qui refusent la répression de la lutte des habitants du Rif et de leurs voix et l’arrestation de leurs activistes.

    ATTAC CADTM Maroc propose :


    - L’organisation d’une journée de colère au Maroc pour lever le siège sur le Rif ;
    - D’élargir la solidarité au niveau mondial.


    Le contexte du mouvement de contestation populaire

    Le mouvement de contestation populaire dans la région du Rif au nord du Maroc prend ses racines dans la mobilisation populaire qui a eu lieu dans la région lors des soulèvements du 20 février 2011. Il a été redynamisé par la mort fin octobre 2016 du vendeur de poisson Mohcine Fikri, broyé sauvagement dans une benne à ordures. La population du Rif réclame le jugement des responsables de la mort de Mohcine ainsi que de cinq autres Rifains tués dans une agence bancaire lors des événements du 20 février 2011. Elle demande également la levée de la militarisation de la province d’Al Hoceima qui devrait être déclarée comme une zone sinistrée, l’arrêt des poursuites contre les petits paysans, et plusieurs autres revendications sociales qui ont trait au modèle de développement que souhaitent réellement les habitants du Rif.


    L’incapacité de l’État à satisfaire les revendications

    Ces revendications sociales démontrent clairement la faillite des politiques économiques et sociales promues par l’État dans cette région, qui se manifeste par la destruction du tissu productif, le pillage des ressources maritimes et forestières, la faiblesse des principaux services publics comme les dispensaires, les universités, les écoles et l’absence d’emplois pour les jeunes.


    La dette et les politiques d’austérité sont bien la cause de nos malheurs

    Les grands choix économiques de l’État sont fondés sur la nécessité de rembourser une énorme dette publique en renforçant l’austérité pour les budgets sociaux, sur l’ouverture des secteurs rentables de notre pays aux capitaux étrangers, sur plus allègements fiscaux en faveur des riches, la généralisation de la corruption, l’expropriation des terres et l’accaparement des richesses par une minorité, etc. Ces politiques sont légitimées par des institutions non démocratiques.


    La répression comme réponse de l’État aux revendications sociales

    Les habitants du Rif subissent une grande vague de répression. A partir du vendredi 26 mai 2017, les forces de police ont entrepris une série d’arrestations de jeunes militants, et sont d’intervenues brutalement dans les rues et les places pour disperser les manifestants. Telle est la réponse de l’État après la visite d’une délégation ministérielle à Al Hoceima et ses environs, qui apparaît plutôt comme une visite de reconnaissance et de surveillance pour préparer le raid, et qui n’a rien d’une volonté sérieuse de résoudre des problèmes de développement en suspens dans la région.

    À toutes les organisations de lutte.

    À tous les militant-e-s qui aspirent à la liberté et à la démocratie.

    A tous ceux et celles qui veulent combattre pour briser l’isolement des Rifains.

    L’association ATTAC CADTM Maroc propose d’entamer des concertations afin d’organiser des luttes dans tout le pays, sous des formes à déterminer et élargir la solidarité avec les habitants du Rif qui résistent. L’intensité de la répression pour vaincre le mouvement de contestation augmentera dans les jours qui viennent et il est de notre devoir d’empêcher que cela arrive.

    Les Rifains ont besoin d’une barricade populaire de protestation et de solidarité qui s’étende dans tout le pays et soit composée de milliers de jeunes qui clameront haut et fort dans les rues et les places :
    - Non à la militarisation d’Al Hoceima et ses environs. Non à la répression de la population.

    Mobilisons-nous d’urgence pour concrétiser l’idée d’organiser une journée de colère populaire dans tout le pays pour lever le siège de l’État sur le Rif, et élargir la solidarité internationale.

    Le secrétariat national
    28 mai 2017


    Auteur.e

    ATTAC/CADTM Maroc

    Membre du réseau CADTM en bref : L’Association pour la Taxation des Transactions en Aide aux Citoyens au Maroc (ATTAC Maroc) a été créée en 2000. ATTAC Maroc est membre du réseau international du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) depuis 2006 (devenu Comité pour l’abolition des dettes illégitimes depuis juin 2016). Nous comptons 11 groupes locaux au Maroc. ATTAC veut être un réseau aidant à l’appropriation par les acteurs engagés dans l’activité sociale, associative, syndicale et plus largement militante des enjeux de la mondialisation sur les problématiques de résistance sociale et citoyenne. www.attacmaroc.org http://arabic.cadtm.org/

    Adresse : n°140, rue Cadi Bribri Akkari 10000. Rabat. Maroc

    Emai:l azikiomar2008@gmail.com

    Site Web attacmaroc.org

    Tel 00 212 6 61 17 30 39

    29 mai par ATTAC/CADTM Maroc

    http://www.cadtm.org/

  • Maghreb : les jeunes mettent la pression (Le Point)

    tun.jpg

    Du Sud tunisien au Rif marocain en passant par l'Algérie, la jeunesse maghrébine crie ses frustrations à la face des gouvernements.

    Les années se suivent, se ressemblent et s'assemblent au Maghreb. Les revendications d'avant-hier, d'hier et d'aujourd'hui seront-elles celles de demain. L'histoire bégaie dans le ventre mou du Maghreb. Au Maroc, Al Hoceïma est une province jetée en bord de mer, avec pêche et tourisme pour sources de revenus. La mort suspecte d'un vendeur de poissons en octobre 2016 – broyé par le mécanisme de compactage d'une benne à ordures alors que la police venait de saisir sa marchandise – avait provoqué manifestations et heurts avec la police. L'événement avait été hâtivement rapproché de l'immolation d'un vendeur de fruits et légumes à Sidi Bouzid, en Tunisie, le 17 décembre 2010. Dans le cas tunisien, la police avait aussi confisqué le gagne-pain de Mohamed Bouazizi, le vendeur de fruits. Un mois plus tard, le régime chutait et la Tunisie entrait en démocratie. Mais Tunis n'est pas Rabat. Et réciproquement.

    Tataouine, Al Hoceïma : même combat ?

    Il y a huit jours à peine, le Sud tunisien s'embrasait. La mort « accidentelle » d'un manifestant, renversé par un véhicule de la garde nationale, déclenchait une fureur, provoquant des dizaines de blessés, la destruction de biens publics liés aux institutions sécuritaires et l'image terriblement symbolique de la destruction d'une vanne d'un puits de pétrole par une poignée d'individus. Quarante-huit heures après, le chef du gouvernement lançait une opération anticorruption qui éclipsait les événements du Sud. Mais, dans la zone d'El-Kamour, les sit-in perdurent. Cela fait deux mois.

    À Al Hoceïma, au nord-est du Maroc, de sérieux affrontements se sont déroulés samedi. La police a procédé à une vingtaine d'arrestations.

    En Algérie, on ne compte plus les sautes d'humeur. Ce que Boualem Sansal expliquait : « La jeunesse est pressurée par le pouvoir et par les religieux. Elle n'a pas d'horizon, a des angoisses existentielles. Elle est prise dans la nasse. En Algé- rie, c'est l'explosion de colère chaque jour. Des émeutes. Deux à trois mille chaque année. Le régime est d'un mépris et d'une arrogance à l'égard des jeunes.  »

    Des pays si différents et si proches

    Si l'Algérie, le Maroc et la Tunisie sont des nations aux régimes politiques différents, aux us sociaux divergents, aux cultures nuancées d'un pays à l'autre, il existe un point commun : le ras-le-bol d'une grande partie de la jeunesse. Ras-le-bol à l'égard d'un État jugé partial, injuste, protégeant les puissants, écrasant les sans-grade avec une administration élevant la « tatillonnerie » au rang de chef-d'œuvre sadique. Ces coups de colère enregistrés à intervalles réguliers font partie du quotidien. On s'émeut, on disserte, on s'apostrophe sur les plateaux télé, puis on oublie. Mais le ressentiment se nourrit de ce statu quo. Et l'irrationnel l'emporte parfois sur une perspective d'avenir construite sur la réalité et non sur l'utopie. La jeunesse attend tout de l'État, État qui ne peut plus assumer ce rôle paternaliste.

    Une solution économique

    En 1992, James Carville lançait au candidat démocrate Bill Clinton « it's the economy, stupid » , lui enjoignant de concentrer sa campagne et son action future sur l'économie, à rebours d'un George Bush. Depuis, cette phrase est devenue une maxime politique. Il serait bon que certains pays du Maghreb s'en emparent. Les taux de chômage des jeunes recueillis par la Banque mondiale sont alarmants. 31,8 % en Tunisie, 29,9 % en Algérie, 38,8 % au Maroc pour les jeunes en milieu urbain.

    Au royaume de Mohamed VI, le cap a été mis sur le continent africain afin que le pays devienne le hub logistique, bancaire et politique entre l'Europe et l'Afrique. Une stratégie à long terme.

    En Algérie, dans les décombres de la fin de règne d'Abdelaziz Bouteflika, on n'attend pas Godot, mais la fin du régime. Les législatives du 4 mai l'ont prouvé jusqu'à l'absurde : les deux partis qui dirigent le pays ont engrangé moins de voix que les bulletins blancs ou nuls. Et l'économie algérienne, dépendante à plus de 90 % des revenus des hydrocarbures, plonge avec un baril de pétrole dont le prix oscille entre 49 et 52 dollars.

    Quant à la Tunisie, son entrée en démocratie lui vaut les satisfecit internationaux. Mais sa politique économique – sept gouvernements se sont succédé depuis 2011 –  lui vaut les remontrances polies du FMI. L'absence de réformes structurelles (masse salariale de la fonction publique, maquis administratif, caisses des retraites dans le rouge…) est pointée du doigt. Si le tourisme redémarre, secteur saccagé par les attentats du Bardo et de Sousse en 2015, si le phosphate reprend une activité normale après des années de grèves et de malversations, la Tunisie compte 650 000 chômeurs. Difficile mission pour le chef du gouvernement, dont une grosse partie du budget est grevée par les salaires des fonctionnaires et le remboursement de la dette. Sa marge de manœuvre est très étroite alors que les exigences sont nombreuses.

    Capitalisme de rente et corruption

    Si l'État, qu'il soit algérien, marocain où tunisien, n'est plus en mesure de fournir des jobs à toute sa jeunesse, l'État peut agir d'une autre façon pour doper des économies anémiées. En luttant contre la corruption, en cessant de privilégier le capitalisme de rente qui profite à quelques clans, en misant sur une éducation nationale pragmatique, dénuée de diktats idéologiques, en créant un climat propice à l'entrepreneuriat (ce qui nécessite une forte réduction de l'économie informelle)… En s'attaquant sur le long terme à ces sujets-là, l'État cesserait de devenir l'unique réceptacle de toutes les frustrations.

     Correspondant à Tunis, Benoît Delmas
    Le Point Afrique
     
     
    Commentaire: Nous ne partageons pas l'orientation de ce journal!
     
  • Nouveautés "Tunisie"

    Résultat de recherche d'images pour "tunisie tataouine greve"

    Tunisie : Le sud du pays en ébullition (NPA)

    Tunisie : soutien du Front populaire aux luttes dans le sud tunisien (ESSF)

    Tunisie : Solidarité avec les manifestations pour l’emploi et le développement! (Union Syndicale Solidaires)

  • Les balles du 14 juillet 1953. Un massacre policier oublié de nationalistes algériens à Paris (NPA)

    la breche.jpg

    De Daniel Kupferstein. La Découverte, 2017, 18 euros. 

    Documentariste, Daniel Kupferstein a changé de média pour approfondir le travail qu’il avait fait en 2014 à travers un film enquête éponyme...  

    Daniel Kupferstein rend hommage à Maurice Rajsfus qui avait déjà traité ce sujet en 2003 dans Un 14 Juillet sanglant, et le reprend après une enquête de quatre ans en France et en Algérie.

    En 1953, juste après la fin de la ­Seconde Guerre mondiale, en pleine guerre froide – dont la conséquence est un redoutable anticommunisme qui a déjà autorisé Jules Moch à envoyer mater les mineurs du Nord en 1948 –, au moment où le système colonial commence à être ébranlé, la violence répressive est à son comble.

    Jusqu’en 1953, le 14 Juillet n’était pas seulement une exhibition militaire, mais aussi un défilé des syndicats qui se faisait de Bastille à Nation. 10 000 à 15 000 manifestantEs, dont 6 000 à 8 000 travailleurs algériens (à cette date, ils sont plus de 300 000 en France), sous le drapeau nationaliste du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) créé en 1945 par Messali Hadj suite aux massacres perpétrés par les Français, notamment à Sétif.

    Les paras agressent violemment les Algériens sur la place de la Nation, faisant en quelques minutes six morts et des dizaines de blessés. Les 2 200 policiers présents protègent les paras. En fin de journée, les paras attaquent le siège du PCF.

    Aux prémices de la guerre d’Algérie

    Daniel Kupferstein démonte à travers les archives et les entretiens très riches avec les manifestantEs et les policiers la machine d’État qui va mentir sur l’origine de la violence, disculper les paras et la police, et mettre en cause les manifestantEs. La presse bourgeoise joue bien le jeu : l’Aurore titre « Ce 14 Juillet, hélas, ensanglanté par une émeute communiste », et Paris Match montre les cars de police brûlés…

    Cette manifestation signe le vrai début de la guerre, et elle est d’ailleurs suivie en Algérie de grèves et de débrayages à l’arrivée des cercueils et lors des enterrements.

    Ce massacre de 1953 a ensuite été occulté aussi bien en France qu’en Algérie, les morts n’ont pas été reconnus comme victimes politiques, la guerre et la contestation du rôle de Messali Hadj n’y étant pas étrangère. En France bien sûr, la politique du déni a prévalu.

    Grâce à Maurice Rajsfus dans un premier temps et aujourd’hui à Daniel Kupferstein, ce drame – qui pourrait avoir de sinistres échos dans le contexte actuel – peut être enfin compris et son rôle essentiel dans la guerre de libération de l’Algérie reconnu.

    Catherine Segal