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Palestine

  • La fermeture des sites de presse est une violation de la liberté d'expression (FPLP)

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    Le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) a condamné le blocage de plusieurs sites de presse palestiniens et arabes, en Cisjordanie occupée par une décision de l'Autorité palestinienne (AP).

    Dans un communiqué, le FPLP a déclaré : "Cette action est une grave atteinte à la liberté de la presse et d'expression, ainsi qu'une dangereuse tendance et acquiescement aux diktats des ennemis de la lutte de notre peuple, et la concordance avec les tentatives de museler la voix palestinienne et de l'étrangler et la camoufler, tout en appelant à annuler cette action immédiatement et arrêter la politique de punir le peuple palestinien ferme."

    Le communiqué ajoute que la décision a été prise en de mauvaises circonstances, par laquelle l'occupation sioniste soutenue par la machine médiatique siono-américaine de fausser, falsifier et distordre les significations nobles nationales de la lutte et la résistance de notre peuple fermement établie par le sang, les sacrifices, la vérité et les mots sincères et libres face au récit et à la désinformation sionistes.

    Le FPLP a poursuivi dans son communiqué: « La bataille est toujours ouverte contre notre peuple résistant, notamment en raison de ce qui a été annoncé au sommet de Riyad, en présence du président américain Trump, des déclarations désespérées stigmatisant la résistance de notre peuple au terrorisme en présence des dirigeants arabes et de l'AP, afin de bouleverser les cartes et les concepts, et resserrer l'attaque contre les forces de la résistance et tous ceux qui la soutiennent au profit des crimes de l'occupation israélienne, et la pratique fasciste couverte par le système officiel américano-arabe conspirateur derrière la normalisation avec l'occupation et le terrorisme sioniste".

    Le FPLP a dénoncé fermement la décision de fermeture et blocage des sites de presse, la qualifiant de violation flagrante du droit d'opinion publique et de la liberté d'expression, appelant l'AP dirigée par Mahmoud Abbas à revenir sur cette action illégale et injuste contre la lutte du peuple palestinien qui souffre des crimes de l'occupation israélienne.

    Dimanche   18/Juin/2017

    https://french.palinfo.com/

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

     
    Si l'on en croit nos principaux médias, il ne se passe  rien en Palestine occupée.

    Si l’on en croit nos principaux médias, il ne se passe rien en Palestine occupée.

    Du 5 au 10 juin, Israël a assassiné 5 civils palestinien-nes en Cisjordanie occupée et à Gaza. Les morts se succédant sans que les principaux médias français les relèvent, vous trouverez ci-dessous le recensement de ces meurtres commis par l’armée israélienne, uniquement pour cette période.     Ils – Elles s’appellaient :
     
     
     
    Comment mettre fin à l’occupation israélienne de 1967

    Comment mettre fin à l’occupation israélienne de 1967

      Par Alaa Tartir, juin 2017 À l’heure des anniversaires de la Déclaration Balfour, de la Nakba palestinienne, de l’occupation israélienne, des accords d’Oslo et de la division intra-palestinienne, la réalité sur le terrain empire, les ramifications entre ces événements tragiques s’enracinent davantage, tandis que la justice et la paix s’éloignent de plus en plus....
     
     
    Une catastrophe se profile à Gaza

    Une catastrophe se profile à Gaza

      Par Charlotte Silver le 12 juin 2017 La crise de l’électricité déjà désastreuse à Gaza s’apprête à devenir bien pire. (Ashraf Amra / APA images)   Israël va réduire de 40 % sa fourniture d’électricité dans la Bande de Gaza occupée, transformant une situation déjà désastreuse en catastrophe. Israël dit que la prochaine réduction, approuvée...
     
     
    700.000 colons juifs vivent maintenant dans les territoires palestiniens occupés

    700.000 colons juifs vivent maintenant dans les territoires palestiniens occupés

    10 juin 2017 La colonie illégale de Psagot près de Ramallah en Cisjordanie Haaretz écrivait vendredi, qu’il y a maintenant 590.000 colons juifs qui vivent dans les colonies officielles de Cisjordanie occupée et de Jérusalem occupée.  Le journal fait remarquer que 380.000 colons vivent en Cisjordanie, tandis que leur nombre dans Jérusalem occupée s’élève maintenant...
     
     
    50 ans d’occupation du Golan syrien

    50 ans d’occupation du Golan syrien

    Le 8 juin 2017 Par « Al-Marsad » (Centre arabe des droits de l’Homme dans les Hauteurs du Golan )       Cette semaine marque le 50ème anniversaire de l’occupation du Golan syrien – période qui a eu un impact catastrophique sur la vie de la population syrienne autochtone.   A la suite de l’occupation israélienne...
     
     
    « La clef du Sol » مفتاح الارض a besoin de notre soutien

    « La clef du Sol » مفتاح الارض a besoin de notre soutien

      Le reportage La clé du sol  est un voyage dans le temps passé et actuel sur la transmission de la mémoire collective autour de la clé du droit au retour qui veille dans le coeur de chacun-e des palestiniens. En octobre 2016 la camerawoman et réalisatrice Muriel Jacoub et la journaliste Annie Fiore ont parcouru...
     
     
    Communiqué de presse de Raed Andoni (réalisateur) et Frédéric Corvez (distributeur, Urban distribution)

    Communiqué de presse de Raed Andoni (réalisateur) et Frédéric Corvez (distributeur, Urban distribution)

    Communiqué de presse de Raed Andoni (réalisateur) et Frédéric Corvez (distributeur, Urban distribution)   Paris, le 2 juin 2017 À l’occasion de la projection de son film ce soir au Luminor Hôtel de Ville pour l’ouverture du Festival Ciné Palestine 2017, Raed Antoni (réalisateur) et Frédéric Corvez (distributeur, Urban distribution) souhaitent attirer l’attention sur le...
     
     
    Comment ont évolué les tendances de la cause palestinienne depuis 1967

    Comment ont évolué les tendances de la cause palestinienne depuis 1967

      Par Nadia Hijab et Mouin Rabbani – Al Shabaka, le 5 juin 2017 La cause palestinienne aujourd’hui, à certains égards, est revenue là où en elle était avant la guerre de 1967. Il est intéressant de retracer cette trajectoire pour comprendre comment elle est arrivée à la situation actuelle, et se faire une idée,...
     
     
    En Direct de Gaza : Un mort et sept blessés au sud de la bande de Gaza

    En Direct de Gaza : Un mort et sept blessés au sud de la bande de Gaza

    Ziad Medoukh     L’armée israélienne a tué ce mardi 6 juin 2017 un jeune palestinien de 25 ans au sud de la bande de Gaza. Il s’agit de Fadi Najjar, originaire de la ville de Khan-Younis au sud de la bande de Gaza. Ce jeune se manifestait avec plus de 200 personnes dans la...

  • « 1967 Une agression planifiée depuis longtemps par Israël » (Dossier)

    Alain Gresh Spécialiste du Proche-Orient, directeur de la revue Orient XXI
    Alain Gresh Spécialiste du Proche-Orient, directeur de la revue Orient XXI
     

    Guerre des Six-Jours. Dans un entretien, Alain Gresh évoque le climat qui règne alors en France et la position de De Gaulle, qui, contre tous les partis à l’exception du PCF, condamne l’attitude de Tel-Aviv.

    Le 5 juin 1967 éclatait ce qu’on a ensuite appelé la guerre des Six-Jours. Dans quel contexte se produisent ces événements ?

    Alain Gresh Personnellement, je n’utilise pas le terme de guerre des Six-Jours parce que c’est un terme israélien qui renferme un certain mépris vis-à-vis des pays arabes. En 1967, on est en pleine guerre froide, en pleine guerre du Vietnam.

    C’est un affrontement soviéto-américain et, au Proche-Orient, un affrontement politique entre un courant nationaliste-révolutionnaire, représenté par Nasser en Égypte et le parti Baas en Syrie, et les pays arabes réactionnaires représentés par l’Arabie saoudite d’un côté et Israël de l’autre.

    La guerre israélo-arabe de 1948 s’est terminée par des accords d’armistice, pas par des accords de paix. Il y a des conflits permanents notamment entre Israël et la Syrie dans la zone démilitarisée. En 1966, une fraction radicale du parti Baas a pris le pouvoir à Damas, qui proclame la nécessité de libérer la Palestine. Ce qui inquiète les Israéliens. Les tensions sont fortes, l’aviation israélienne abat des avions militaires syriens. C’est donc une période particulièrement tendue et l’Égypte de Nasser décide de fermer le détroit d’Akaba et de demander le retrait des troupes de l’ONU qui stationnent là depuis la guerre de 1956. Jusqu’en 1956, ce détroit était fermé aux navires israéliens.

    Un des résultats de la guerre de 1956, une guerre d’agression israélo-franco-britannique, est d’obtenir l’installation des forces des Nations unies qui permettent, entre autres, le passage des navires israéliens. Dans le cas de cette escalade entre Israël et les pays arabes, Nasser demande à l’ONU de retirer partiellement ses troupes. En fait, elles vont être retirées totalement. En solidarité avec la Syrie, le président égyptien va faire entrer une partie de son armée dans le Sinaï.

    À partir de là, il va y avoir une campagne de presse, notamment en France, disant qu’Israël est encerclé.

    Et, le 5 juin 1967, Israël détruit au sol l’aviation égyptienne et syrienne, ce qui est le déclenchement des hostilités. Au départ, les Israéliens affirment que ce sont les Égyptiens qui ont attaqué. France Soir titre même sur l’attaque égyptienne et l’on sait aujourd’hui que c’est faux. Mais l’argument qui va prévaloir est qu’Israël était menacé d’extermination. En France, il y a une véritable émotion autour de cette question. On assiste à de grandes manifestations de soutien à Israël. Or on sait par les archives et les déclarations des généraux israéliens qu’à aucun moment ils n’ont cru qu’ils étaient menacés d’extermination ! C’est une guerre qu’Israël a planifiée depuis très longtemps pour reconquérir Jérusalem et l’ensemble de la Palestine historique. L’armée égyptienne est vaincue très rapidement, l’armée syrienne aussi. Israël sort grand vainqueur de cette guerre, a la main sur la Palestine historique, occupe le Golan et le Sinaï.

    Un des résultats de cette guerre de 1967, n’est-ce pas le lancement d’une politique de colonisation des territoires palestiniens par Israël ?

    Alain Gresh Ce qui est caractéristique de la politique sioniste depuis ces années, c’est la politique du fait accompli. L’idée fondamentale est que toute la Palestine est juive, donnée par Dieu. Même pour des gens qui sont des laïques et des athées. Ensuite, ils jouent avec le rapport de forces. Dès qu’ils le peuvent, ils font un pas en avant. C’est comme ça que la colonisation s’est développée après 1967. Il faut rappeler qu’il existait déjà une politique de colonisation interne à l’égard de la minorité arabe israélienne notamment par la confiscation des terres. Ça va se développer petit à petit en Cisjordanie et dans le Golan. Au départ, des raisons militaires sont invoquées mais, très vite, les colonies se répandent. Pour les travaillistes qui sont au pouvoir de 1967 à 1977, il y a l’idée qu’il faudra un accord avec la Jordanie. Après 1977, avec l’arrivée au pouvoir de la droite et de Menahem Begin, la colonisation va se poursuivre pour ne plus s’arrêter.

    En 1967, au moment de la guerre, les pays occidentaux soutiennent Israël, mais la France se démarque de cette position ?

    Alain Gresh C’est une décision prise essentiellement par le général de Gaulle. Durant la crise qui a précédé la guerre, la France essaie de jouer les médiateurs. De Gaulle reçoit des émissaires arabes à qui il demande de ne pas déclencher le conflit et fait de même avec le ministre israélien des Affaires étrangères. Et quand Israël déclenche quand même le conflit, la France, ou plutôt de Gaulle, va condamner. Il va décréter un embargo sur les armes. Ce qui est important puisque, jusqu’en 1967, la France est le principal fournisseur d’Israël, notamment des Mirage. En même temps, pour montrer qu’il n’est pas anti-israélien ou antisioniste, il va fournir les pièces de rechange à l’aviation israélienne. Il condamne car il pense que c’est une guerre d’agression qui va rendre plus compliquée la situation dans la région. L’histoire va lui donner raison. Il le fait contre l’opinion publique et contre l’ensemble de la classe politique, y compris les gaullistes qui sont pour la plupart pro-israéliens, à l’exception du Parti communiste français (PCF), qui est le seul à mettre en garde et à dénoncer la politique israélienne.

    Ce revirement de la politique française est-il de circonstance ou est-ce un véritable changement dans la durée ?

    Alain Gresh Il faut prendre en considération la vision de De Gaulle sur la Méditerranée et les relations avec le monde arabe. Dès la fin de la guerre d’Algérie, il va faire un effort pour développer les relations avec l’Algérie indépendante, avec l’Égypte de Nasser… Évidemment, il considère aussi les intérêts économiques et politiques de la France. Il ne voit pas seulement le cas israélien. Sinon, une fois de Gaulle parti, cette politique aurait changé. Or une des choses étonnantes est que, globalement, avec des nuances, la politique qu’il lance en 1967 va être celle de ses successeurs, indépendamment des sensibilités des uns et des autres. Il est vrai que lorsque Mitterrand arrive à la présidence, les Israéliens ont beaucoup d’espoirs sur l’amélioration des relations. Ce sera le cas mais ça ne changera rien fondamentalement. Giscard a ainsi inscrit dans le marbre une politique avec la déclaration de Venise. C’est une déclaration faite en 1980 par les six pays européens qui fixe deux principes pour toute solution : le droit à l’autodétermination des Palestiniens et la négociation avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Cela va rester même sous Mitterrand, malgré son syndrome pro-israélien. Ce sont ces principes qui vont permettre la négociation entre Israéliens et Palestiniens. Ce qui montre le rôle que la France peut jouer politiquement en fixant des orientations qui correspondent aux principes du droit international. C’est ce qui, à l’époque, explique le rayonnement de la France dans la région.

    On a néanmoins le sentiment que, depuis, il y a un véritable rapprochement de la France vis-à-vis de la politique israélienne…

    Alain Gresh Il y a un véritable tournant qui commence après 2003, même si Chirac reste sensible à la question palestinienne. Mais, avec Sarkozy et Hollande, on assiste à ce que j’appelle un « tournant silencieux ». Les responsables français affirment que la politique n’a pas changé : pour un État palestinien, condamnation de la colonisation… Mais, en fait – et c’est nouveau –, on développe les relations bilatérales avec Israël comme si la question de la Palestine n’existait pas. Avant, ces relations bilatérales dépendaient, d’une certaine manière, de ce qu’Israël faisait en Palestine. Nicolas Sarkozy disait que, pour avoir une influence, il fallait être gentil avec Israël. Mais, à la fin de son mandat, il a reconnu que cette politique était une erreur en traitant Benyamin Netanyahou de menteur. François Hollande est allé encore plus loin dans cette politique avec cette fameuse rencontre avec Netanyahou et son chant d’amour pour Israël (allusion à une soirée privée dont on a néanmoins pu voir des images sur YouTube, très certainement postées par les Israéliens, où l’on voit le président français dire son « amour » pour Israël – NDLR). En fait, c’est le retour à l’idée occidentale, à l’Otan. Israël fait partie du camp occidental, nous sommes en guerre contre l’islam et le terrorisme, et Israël est notre allié. Une argumentation que l’on retrouve aussi bien à droite (LR) qu’au PS. Là est le véritable tournant. Il est presque difficile à combattre parce que l’idée qui est développée est de laisser Palestiniens et Israéliens négocier seuls. Comme si au moment de l’invasion du Koweït par l’Irak on avait dit que l’émir koweïtien devait négocier seul avec Saddam Hussein. Et puis, il y a cette capitulation de la France. Nous sommes dans l’Otan, nous n’avons jamais été aussi suiviste des États-Unis. De Gaulle a pourtant montré que la France pouvait avoir une volonté politique et jouer un rôle.

     
    Entretien réalisé par Pierre Barbancey
    Mercredi, 7 Juin, 2017
    L'Humanité

    http://www.humanite.fr/

    Un chant d’amour et une bande dessinée

    Sans doute inspirés par les déclarations de François Hollande qui, en privé, a déclamé son amour pour Israël devant Benyamin Netanyahou, Alain Gresh et Hélène Aldeguer viennent d’éditer un ouvrage assez remarquable, car il propose en même temps une bande dessinée de qualité et un texte aussi didactique qu’agréable. Même ceux qui pensent connaître cette histoire, qui s’étend de 1967 à 2017, sont étonnés de découvrir des informations assez peu révélées. Comme par exemple cette chanson commandée à Serge Gainsbourg mais jamais enregistrée, dans laquelle il affirme être prêt à aller se battre pour Israël ! Plus sérieusement, on se plongera dans l’atmosphère d’une époque pas si révolue. Un livre à mettre entre toutes les mains.

    Lire aussi:

    Juin 1967, la guerre des Six-Jours : un tournant vers la guerre permanente au Moyen-Orient (Lutte Ouvrière)

    A 50 ans de la Guerre des Six Jours (Julien Salingue Npa)

    Comment les généraux israéliens ont préparé la conquête bien avant 1967 (Afps)

    Cette matinée incandescente qui a scellé le destin des juifs de Tunisie (Orient 21)

     

  • Nouveautés "Palestine" sur Amnesty

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    Les États doivent interdire les produits en provenance des colonies israéliennes pour contribuer à mettre un terme à un demi-siècle de violations des droits fondamentaux des Palestiniens

    Israël et territoires palestiniens occupés: Appel aux États pour qu’ils cessent de soutenir des colonies illégales

  • Israël. Cinquante ans (1967) de mensonges (A l'Encontre.ch)

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    Cela a commencé avec la question comment nommer la «West Bank» (la Cisjordanie) et Gaza. Sur la Radio d’Israël, il fut décidé d’utiliser le terme «territoires temporairement occupés». C’était le mensonge N° 1.

    Acceptons l’idée que l’occupation est justifiée. Disons aussi qu’Israël n’a pas le choix. Décidons même de ne pas la qualifier d’occupation. Affirmons qu’elle a été reconnue par le droit international et que le monde l’a applaudie. Prétendons que les Palestiniens sont reconnaissants de sa présence. Reste cependant un petit problème qui continue à flotter sur le sujet: tout ceci repose totalement sur des mensonges.

    Du début jusqu’à la fin, sans cesse repoussée, c’est un véritable tissu de mensonges. Il n’y a pas un mot de vérité qui y soit attaché.

    Sans ces mensonges, tout ce récit se serait décomposé depuis longtemps. Sans ces mensonges, il est peu probable que cela eût pu jamais exister. Ces mensonges, dont la droite est fière de certains d’entre eux («pour le bien de la Terre d’Israël, il est acceptable de mentir»), suffisent à faire reculer d’horreur toute personne honnête. On n’a pas besoin de ces autres horreurs pour en être convaincu.

    • Cela a commencé avec la question de savoir comment qualifier les territoires. Sur la radio israélienne, on a décidé d’utiliser le terme «territoires temporairement occupés». C’était le mensonge N° 1, impliquant que l’occupation était temporaire et qu’Israël avait l’intention d’évacuer ces territoires, qu’il ne s’agissait que d’un élément de négociation dans la recherche de la paix. C’est probablement le plus gros mensonge et certainement le plus décisif. C’est celui qui a permis de célébrer son jubilé.

    La vérité, c’est qu’Israël n’a jamais eu l’intention de mettre fin à l’occupation. Son supposé caractère temporaire n’a servi qu’à tromper le monde grâce à sa vertu dormitive.

    • Le deuxième mensonge majeur résidait dans l’argument selon lequel l’occupation sert les intérêts sécuritaires d’Israël, qu’il s’agit d’une mesure d’autodéfense utilisée par une nation démunie, sans défenses, cernée par des ennemis.

    • Le troisième mensonge fut le «processus de paix», qui n’a jamais véritablement pris forme et qui, de toute façon, n’a été envisagé que pour allouer encore plus de temps à l’occupation. Ce mensonge pouvait reposer sur plusieurs appuis. Le monde en a été complice, se mentant continuellement à lui-même. Il y a eu des discussions, le déploiement de cartes (toutes similaires), des conférences de paix ont été organisées avec de nombreux cycles de négociations et des «sommets», avec des délégués qui multipliaient des allers-retours, et surtout un verbiage vide.

    Tout cela reposait sur un mensonge, l’hypothèse invalide qu’Israël eût un jour l’intention de mettre fin à l’occupation.

    • Le quatrième mensonge, évidemment, est l’entreprise de colonisation. Ce projet est né et a grandi dans un mensonge. Aucune colonie n’a été établie honnêtement, depuis la nuit passée au Park Hôtel d’Hébron [occupation du Park Hôtel, le 4 avril 1968, par le Gush Emunim – formation intégriste acteur d’une politique de colonisation – prétextant vouloir passer Pessah (Pâques) à Hébron, avant d’en faire, de suite, une ville en voie d’occupation], en passant par les «camps de travail», les «camps de protection», les «fouilles archéologiques», les «réserves naturelles», les «espaces verts», les «zones protégées lors des opérations militaires», les «terrains devant être cadastrés» [dans la foulée du système de la colonisation anglaise], les avant-postes et autres expansions – toutes ces inventions furent mises en place en un clin d’œil ou sur la base d’un hochement de tête [donc avec la dimension, souvent, de reconnaissance post-factum], et ont culminé dans le plus gros mensonge de ce contexte, celui des «terres d’Etat», mensonge qui ne peut être comparé qu’à celui des «absents présents» palestiniens d’Israël.

    • Les colons ont menti et les politiques ont fait de même, l’armée et l’Administration civile dans les territoires ont menti – ils ont tous menti au monde et à eux-mêmes. De la protection d’un pylône d’antennes est née une méga colonie et d’un «week-end» dans cet hôtel d’Hébron est né le pire de l’ensemble de ces «acquisitions». Les membres du cabinet ministériel qui ont ratifié, les membres de la Knesset [parlement] qui ont opiné du chef et cligné de l’œil, les officiers qui ont signé et les journalistes qui ont blanchi le propos, tous connaissaient la vérité.

    Les Américains qui ont «condamné» et les Européens qui ont «été furieux», l’Assemblée générale de l’ONU qui «a fait appel» et le Conseil de sécurité qui «a décidé», aucun d’entre eux n’a jamais eu la moindre intention d’y donner suite avec quelque action que ce soit. Le monde se ment aussi à lui-même. Cette façon de faire arrange tout le monde.

    • Cela facilite aussi l’émission sans fin de mensonges quotidiens qui camouflent les crimes commis par les Forces de défense israéliennes, la Police des frontières, le Shin Bet, l’Administration des prisons et l’Administration civile – la totalité de l’appareil de l’occupation. Cela favorise aussi l’utilisation d’un langage aseptisé, le langage de l’occupant tant aimé des médias, le même langage que celui utilisé pour décrire leurs excuses et leurs auto-justifications. Il n’y a pas en Israël de stérilisation du langage comparable à celui qui décrit l’occupation et il n’y a pas d’autre large coalition qui la diffuse et la soutienne avec autant de dévotion.

    • La seule démocratie du Moyen-Orient qui utilise une tyrannie militaire brutale et «l’armée la plus morale du monde» qui tue plus de 500 enfants et 250 femmes en un seul été – quelqu’un peut-il concevoir un mensonge plus gros que celui-là? Quelqu’un peut-il imaginer une plus grande auto-illusion que celle qui prévaut en Israël et qui dit que tout ceci nous a été imposé, que nous ne le voulions pas, que ce sont les Arabes qu’il faut blâmer? Et encore, nous n’avons pas mentionné le mensonge des deux Etats et le mensonge comme quoi Israël recherche la paix, les mensonges sur la Nakba de 1948 et la «pureté» de nos armes dans cette guerre, le mensonge à propos du monde entier qui serait contre nous et le mensonge comme quoi les deux côtés sont à blâmer.

    • Depuis les paroles de Golda Meir [1898-1978, premier ministre de 1969 à 1974, «la grande mère d’Israël» pour la presse israélienne et la «Dame de fer», ainsi nommée, bien avant Mme Thatcher]: «nous ne pardonnerons jamais aux Arabes d’obliger nos enfants à les tuer» à «une nation ne peut pas être un occupant sur sa propre terre», les mensonges succèdent aux mensonges. Cela ne s’est pas arrêté jusqu’à aujourd’hui. Cinquante ans d’occupation, cinquante nuances de mensonges. Et maintenant? Encore cinquante ans de plus? (Article publié dans le quotidien israélien Haaretz, le 1er juin 2017; traduction A l’Encontre)

    Alencontre le 5 - juin - 2017

    Gideon Levy

    http://alencontre.org/

  • Cisjordanie-Gaza 1967, un nettoyage ethnique occulté (Orient 21)

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    Juin 1967, une guerre de six jours qui n’en finit pas

    Dix-neuf ans après la Nakba (1947-1949), Israël a procédé à une seconde vague d’expulsion des Palestiniens hors de leur terre natale pendant et après la guerre de 1967. Sans espoir de retour, ils ont été déplacés de force de la zone du Latroun, de Jérusalem-Est et de la vallée du Jourdain vers la Jordanie.

    Les personnes au fait du conflit palestino-israélien connaissent le terme de « Nakba », qui signifie littéralement « catastrophe » et se réfère à la guerre advenue entre 1947 et 1949, qui se termina par le déracinement de plus de 80 % de la population palestinienne qui habitait depuis des siècles le territoire sur lequel fut érigé Israël. Alors que la Nakba représente un événement catastrophique dans la conscience collective du peuple palestinien, il a été suivi, 19 ans plus tard, par une autre guerre épouvantable, qui a provoqué le déplacement d’entre un quart et un tiers des Palestiniens hors du territoire conquis par Israël, ainsi que le début d’une nouvelle ère. Depuis, la population qui est restée vit sous une domination israélienne complexe. Cet événement-là est nommé la « Naksa », terme qui évoque l’aggravation importante et rapide d’une catastrophe antérieure. Cette Naksa est advenue durant et au lendemain de la guerre entre Israël et trois des pays arabes environnants, qui dura six jours et se clôtura par une facile victoire d’Israël et l’occupation des territoires qui étaient sous la souveraineté ou administrés par ces États voisins.

    Une guerre démographique

    Alors que pendant cette guerre les combats ont été rapides et peu nombreux, les personnes déplacées dans les territoires palestiniens conquis se comptent par centaines de milliers. Leur nombre est, indubitablement, sans proportion avec l’événement militaire. Cela ne peut se comprendre qu’en se référant au contexte idéologique qui, depuis la Nakba, a sous-tendu les opérations militaires, législatives et administratives israéliennes. Comme l’a montré tout un courant d’historiens israéliens qui ont mené des recherches dans les archives de leur pays couvrant la période de la Nakba, ainsi que d’autres qui ont travaillé sur l’héritage des premiers dirigeants sionistes, l’expulsion du peuple palestinien hors de Palestine a toujours été perçu par les dirigeants israéliens comme faisant partie de la solution au problème juif. Dès lors que les sionistes entendaient créer un « État juif » sur un territoire où ils étaient une minorité, faire basculer l’équilibre démographique en leur faveur ne devenait possible que par la combinaison d’une colonisation de la terre par eux-mêmes et du déplacement des Palestiniens hors de cette même terre.

    Lorsque la guerre advint en 1967, les dirigeants sionistes y virent l’occasion de procéder à des changements démographiques dans les territoires nouvellement occupés de manière générale, et dans certaines zones spécifiques en particulier. Durant la guerre et dans les jours qui suivirent, entre 250 000 et 420 000 Palestiniens, selon les sources, ont été déplacés de chez eux1. Cela fut exécuté par des moyens militaires, et consolidé ensuite par l’imposition de règlements empêchant les personnes expulsées de rentrer chez elles.

    Le Latroun et Jérusalem-Est, zones stratégiques

    Durant la guerre, les Israéliens focalisèrent les activités de déplacement dans certaines zones d’importance stratégique. L’une des plus significatives fut l’expulsion de la population de trois villages de la zone centrale du Latroun, au bord de la frontière israélienne de juin 1967 à l’ouest de la Cisjordanie, où 10 000 civils furent expulsés2. Sur la carte, le Latroun apparaît comme un doigt dépassant de la Cisjordanie. Israël n’était pas parvenu à le conquérir en 1948. Ses villages sont restés habités jusqu’à la guerre de 1967, lorsqu’Israël expulsa leur population et détruisit immédiatement la totalité des bâtiments. Les terres appartenant aux villageois devinrent un parc naturel, le Canada Park, et une colonie fut également créée sur une partie d’entre elles.

    Israël a depuis également construit un tronçon de ligne de chemin de fer sur une autre partie du Latroun d’où des réfugiés avaient été expulsés. Les expulsions de population dans les zones situées le long de la frontière entre Israël et la Cisjordanie touchèrent encore d’autres bourgs et villages. Ceux de Bait Marsam, Bat Awa, Habla, Jiftlik et El-Burj furent tous détruits3, ainsi qu’une importante partie de la bourgade de Qalqilya (850 de ses 2 000 bâtiments, selon le rapport de l’envoyé spécial de l’ONU à l’époque).

    De même, dès l’occupation de Jérusalem-Est, Israël procéda à l’évacuation de la population du vieux quartier Al-Magharbeh dans la Vieille Ville et détruisit toutes ses maisons, laissant leurs occupants sans abri. Ce quartier résidentiel était habité par des familles palestiniennes depuis des siècles. Les officiels israéliens virent cependant dans le déroulé de la guerre l’occasion de « nettoyer » cette zone et ouvrir l’espace faisant face au mur des Lamentations, à Jérusalem-Est. Pareillement, 4 000 Palestiniens furent évacués du quartier juif de la Vieille Ville. Dans ce cas-là, leurs maisons ne furent pas détruites. Leurs occupants furent remplacés plus tard par des habitants juifs4.

    De l’autre côté du Jourdain

    Une autre zone d’importance stratégique fut constituée par la vallée du Jourdain, qui sépare la Cisjordanie du royaume hachémite de Jordanie. Durant la guerre, Israël déplaça 88 % de la population de cette région ! Les premiers à être expulsés furent des Palestiniens qui s’y étaient installés après la guerre de 19485. Les habitants de trois camps de réfugiés dans cette zone furent chassés en totalité et refoulés vers la Jordanie. La moitié du reste de la population palestinienne autochtone le fut également. Plus largement, au lendemain de la guerre, Israël procéda à l’expulsion de quelque 200 000 Palestiniens en les envoyant en autobus de l’autre côté du Jourdain. Les autobus partaient de Jérusalem et d’autres lieux de Cisjordanie.

    Avant d’être expulsés, les Palestiniens devaient signer un document stipulant qu’ils quittaient les lieux « volontairement »6. Ce fut le cas pour certains, mais un soldat israélien, cité par Masalha, témoigna qu’une part significative d’entre eux fut expulsée par la force :

    Bien qu’il y ait eu des personnes qui sont parties volontairement, nombreux sont ceux qui ont été purement et simplement expulsés. On les obligeait à signer. Je vais vous dire comment cela se passait. Un bus arrivait et seuls les hommes en descendaient. (…) On nous avait dit qu’il s’agissait de saboteurs (…) et qu’il valait mieux qu’ils se retrouvent hors de nos frontières. Ces gens ne voulaient pas partir, mais ils ont été traînés du bus tout en étant frappés à coups de pied et de crosses de pistolets. Au moment où ils arrivaient devant moi, ils étaient généralement déjà complètement sonnés et à ce stade ils ne se préoccupaient plus de savoir s’il fallait signer ou pas. C’était pour eux comme un élément du processus qu’ils subissaient. Dans la plupart des cas, la violence utilisée à leur égard produisait les conséquences souhaitables de notre point de vue. La distance entre la position frontalière où on se situait et le pont [sur le Jourdain] était d’une centaine de mètres.

    Apeurés comme ils l’étaient, ils traversaient en courant. Des gardes-frontières et des parachutistes étaient là en permanence. Lorsque quelqu’un refusait de me donner sa main [pour qu’on lui prenne ses empreintes] ils venaient et le battaient affreusement. Après, je lui prenais le pouce de force, je le plongeais dans l’encre et je prenais son empreinte. Puis l’homme était viré. Je n’ai aucun doute que des dizaines de milliers d’hommes ont ainsi été expulsés contre leur volonté7.

    Cette opération d’expulsion, selon le chercheur Nur Masalha, a suscité peu d’attention, probablement parce qu’elle n’a pas impliqué d’action militaire spectaculaire comme dans le Latroun ou à Qalqiliya. Elle a commencé cependant à être publiquement évoquée et prise en considération lorsque Haïm Herzog, l’organisateur de cette expulsion qui devint aussi le premier gouverneur militaire de la Cisjordanie8, déclara fièrement en 1991 qu’il avait géré le transfert sans bruit de 200 000 Palestiniens en usant de cette méthode.

    « Amaigrir » durablement la population palestinienne

    En conclusion, on peut voir que l’action des forces armées israéliennes était guidée, selon les termes de Masalha, par le désir d’« amaigrir » la population palestinienne du territoire nouvellement occupé. Cela eut pour conséquence un grand nombre de nouveaux réfugiés et aussi de déplacés. Après que l’expulsion eut été mise en œuvre, Israël la consolida par l’adoption d’outils législatifs pérennisant leur exil. Ces réglementations incluaient en premier lieu le refus opposé à toute personne absente au moment de la guerre ou devenue réfugiée ou déplacée à l’issue de cette guerre et se trouvant au-delà des frontières de la Palestine d’être autorisée à revenir vivre dans son foyer. Cela fut rendu possible en établissant de nouveaux statuts de résidence pour la partie orientale de Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la bande de Gaza, et en n’autorisant à y habiter que les seuls Palestiniens inclus dans le recensement qu’Israël mena dans les territoires occupés. Tous ceux qui avaient été expulsés ou qui se trouvaient à l’étranger furent intentionnellement exclus du statut de résident. En outre, le gouvernorat militaire israélien en Cisjordanie et à Gaza émit des ordonnances selon lesquelles toute entrée non autorisée préalablement dans les territoires occupés était considérée illégale et passible de punitions, parmi lesquelles figurait l’expulsion.

    Ces diverses mesures ont eu pour résultat de pérenniser le déplacement des individus concernés et de leurs familles. La plupart n’ont jamais pu revenir en Palestine jusqu’à ce jour. Ils ont même été rejoints dans leur exil forcé par de nombreux autres Palestiniens, victimes de ce que l’on nomme localement la « Nakba permanente », à savoir des mesures permanentes d’expulsion. Ces mesures incluent les révocations de permis de résidence, les restrictions d’enregistrement des enfants, les démolitions de maisons et bien d’autres encore…

    Aucune paix juste n’adviendra sans que soit résolue la situation critique des réfugiés des deux guerres de 1948 et de 1967 et celle des personnes expulsées hors de Palestine par le régime israélien depuis lors. Plus important : la paix ne pourra être instaurée et renforcée qu’en s’attaquant aux motivations idéologiques israéliennes qui ont engendré un tel problème.

    Munir Nuseibah
     
  • De la défaite arabe émergea la résistance palestinienne (Orient 21)

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    Juin 1967, une guerre de six jours qui n’en finit pas

    Paradoxalement, de la défaite des pays arabes en juin 1967 face à Israël allait émerger une résistance palestinienne autonome affirmant que la libération des Palestiniens serait l’œuvre des Palestiniens eux-mêmes.

    La défaite des pays arabes face à l’attaque israélienne de juin 1967 a eu des répercussions directes sur le plan palestinien : le combat national s’est affranchi de la tutelle arabe officielle. La lutte armée s’est affirmée et a pris de l’ampleur. Les Palestiniens ont cessé définitivement de miser sur le soutien des armées régulières arabes dans leur combat, notamment après l’acceptation par l’Égypte et la Jordanie de la résolution 242 adoptée par l’ONU en novembre 1967. Libérer la Palestine n’était plus le but des pays arabes, il s’agissait désormais d’effacer les traces de l’agression de juin 1967.

    La défaite a également eu pour effet de confirmer l’orientation prônée par le Fatah au milieu des années 1960 selon laquelle le peuple palestinien ne devait compter que sur ses propres forces dans son combat pour la libération. Il lui fallait pour cela recourir à la lutte armée, seule voie effective à ses yeux. Ce choix devait donner naissance à de nouveaux mouvements palestiniens, nationalistes ou de gauche. Grâce à la résistance armée, l’image du Palestinien était transfigurée : de réfugié et d’exilé il devenait un combattant fedayin portant les armes.

    Échec de la « deuxième campagne »

    La première ambition du Fatah et des autres organisations palestiniennes avait d’abord été de faire des territoires palestiniens occupés le principal front du conflit israélo-arabe. La direction du Fatah avait conçu d’y mener des opérations militaires. Une minorité avait manifesté des réserves, estimant nécessaire de commencer par la création d’une organisation secrète, l’entraînement des combattants et la fourniture d’armes, mais la majorité menée par Yasser Arafat faisait valoir l’impact positif que de telles opérations ne manqueraient pas d’avoir sur le moral des habitants, ainsi encouragés à demeurer sur place. Le commandement du Fatah avait préconisé l’installation d’avant-postes, à partir desquels seraient menées des opérations commandos ciblées et limitées devant déboucher par la suite sur une guérilla classique. La recommandation s’appuyait sur des signes avant-coureurs qui faisaient état d’une résistance civile sous la forme de grèves, manifestations et mouvements de contestation pacifique.

    Yasser Arafat s’était alors vu confier la mission de créer ces bases militaires en Cisjordanie occupée. Avec une trentaine d’hommes, il installa à Naplouse sa base de commandement. Le 28 août, le Fatah annonçait les premières opérations en Cisjordanie, pour « la deuxième campagne », ainsi qu’elle fut appelée par allusion à « la première campagne » du premier janvier 1965, lorsqu’une unité militaire secrète avait mené une attaque contre une cible israélienne.

    L’idée était que ces bases secrètes allaient s’élargir avec le temps pour devenir des territoires en voie de libération. Mais cette vision du Fatah et des organisations palestiniennes s’était heurtée à une vaste répression policière israélienne, voire à un couvre-feu imposé par l’armée. Celle-ci s’était livrée à un véritable quadrillage sécuritaire pour débusquer abris et passages secrets.

    La campagne s’était soldée par des centaines de morts et d’arrestations de fedayin et de sympathisants, de même que par un recul de la résistance armée en Cisjordanie. La résistance allait malgré tout demeurer vigoureuse à Gaza jusqu’en 1971, tout espoir de constituer des bases pour la lutte armée dans les territoires occupés était cependant révolu. Le centre de gravité se déplaça alors vers l’extérieur. Les stratégies de résistance civile et de mobilisation populaire recommandées par les militants communistes furent ignorées, tendance qui n’allait connaître de retournement qu’une vingtaine d’années plus tard, avec le soulèvement de l’Intifada en Cisjordanie et dans la bande de Gaza en décembre 1987.

    La bataille de Karameh

    Après l’échec du pari sur les territoires de 1967 comme incubateur de la résistance armée, le besoin se faisait sentir de trouver des abris sûrs dans les pays arabes voisins de la Palestine. La Jordanie apparaissait clairement comme le lieu le plus propice, dans la mesure où elle accueillait déjà la majorité des réfugiés palestiniens. Elle avait en outre avec l’État d’Israël et la Cisjordanie occupée la frontière la plus longue de tous les pays voisins. La rive orientale du Jourdain devint ainsi rapidement le plus large tremplin pour les combattants, offrant le principal passage pour leur infiltration. La création de bases de fedayin au milieu de l’année 1968 en Syrie favorisa l’extension de la résistance armée dans le sud du Liban.

    Le 21 mars 1968 une grande bataille eut lieu dans le petit village jordanien de Karameh dans la vallée du Jourdain, entre les forces israéliennes et un groupe de combattants palestiniens et de soldats jordaniens. Malgré la destruction par Israël de la base de fedayin dans le village, la bataille causa des pertes relativement lourdes aux forces israéliennes, jamais subies auparavant. Les échos de cette bataille et la remarquable pugnacité des combattants palestiniens renforcèrent la popularité du mouvement de la résistance palestinienne qui enregistra des adhésions par dizaines de milliers, de la part de volontaires palestiniens et arabes venus grossir ses rangs.

    La ténacité des combattants palestiniens durant la bataille de Karameh devait également avoir d’importantes répercussions sur le plan officiel dans les pays arabes. Les organisations de fedayin ouvrirent des bureaux à Amman et dans les camps de réfugiés palestiniens au vu et au su du gouvernement jordanien. Le roi saoudien Fayçal accueillit une délégation de dirigeants du Fatah, en promettant une aide financière importante. Après l’évolution favorable de leurs rapports avec la Syrie, les relations du Fatah avec l’Égypte furent rehaussées au niveau d’une alliance stratégique.

    Gamal Abdel Nasser, qui se préparait à une guerre d’usure contre Israël sur le front du canal de Suez, estimait pouvoir s’appuyer sur les opérations menées par les organisations palestiniennes — notamment le Fatah — contre des cibles israéliennes. Après avoir reçu une délégation de dirigeants du Fatah présidée par Yasser Arafat, il fit envoyer au mouvement une importante cargaison d’armes destinées à compenser les pertes subies lors de la bataille de Karameh. Le nombre de combattants entraînés en Égypte augmenta sensiblement.

    La « patrie du peuple arabe palestinien »

    Cette influence grandissante de la résistance s’est également répercutée au sein de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Du fait d’avoir été créée en juin 1964 par une décision officielle des gouvernements arabes, l’Organisation perdait en 1967, année de la débâcle arabe, toute crédibilité. Son président Ahmed Choukairy fut contraint à la démission, ce qui créa les conditions d’un changement structurel de l’organisation matérialisé par une prise du pouvoir sans précédent par les organisations armées, notamment le Fatah, au sein des organes de l’OLP, dès la quatrième session du Conseil national palestinien de juillet 1968.

    Cette quatrième session du Conseil national palestinien adopta une nouvelle charte nationale (« Watani ») qui consacra l’idée d’une « nation » palestinienne, alors que la charte nationale de 1964 (« Qawmi ») n’accordait pas le même sens à l’adjectif « national », référence à un nationalisme panarabe qui faisait de la Palestine une partie d’un tout arabe.

    Le texte de 1968 la présente comme la « patrie du peuple arabe palestinien » et souligne que celui-ci est le « premier et véritable détenteur du droit de mener un combat pour récupérer sa terre ». Il « refuse toute forme d’interventionnisme, de tutelle ou d’inféodation ». Conformément à cette orientation, la clause selon laquelle l’OLP n’exerce aucune souveraineté sur la région de Cisjordanie fut supprimée de la nouvelle charte. On y souligne également que l’OLP offre aux forces combattantes de la révolution palestinienne « un cadre représentatif » et que l’organisation est « responsable du mouvement palestinien dans sa lutte pour la libération de son pays et l’exercice de son droit au retour et à l’autodétermination ». Consécration de cette évolution, Yasser Arafat fut élu président du comité exécutif de l’OLP lors de la cinquième session du Conseil national palestinien tenue au Caire début février 1969. Il avait été désigné, dès avril 1968, porte-parole officiel du Fatah.

    Après avoir dominé l’OLP, le Fatah et les autres organisations palestiniennes ont eu pour ambition d’obtenir pour elle la reconnaissance arabe et internationale, en sa qualité de représentante unique et légitime du peuple palestinien. Ils commencèrent en même temps à ressentir le poids de la responsabilité qui leur incombait. La cruelle défaite subie par les armées arabes avait clairement dévoilé l’irréalisme des visions qui avaient prévalu dans la période précédente concernant l’avenir des juifs israéliens en Palestine.

    Elle avait établi une autre évidence, à la suite de la reconnaissance par certains pays arabes de l’état de fait que constituait Israël : la coexistence des Palestiniens avec les juifs installés en Palestine était désormais incontournable, et il appartenait à leurs dirigeants de proposer une formule raisonnable, acceptable par la communauté internationale, pour organiser cette coexistence. Le Fatah prit alors l’initiative d’avancer celle d’un « État palestinien démocratique », dans une note adressée à l’ONU en octobre 1968, avant même que le Conseil national palestinien ne l’adopte à l’issue de discussions houleuses fin février-début mars 1971.

    Maher Al-Charif 30 mai 2017
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