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  • La fermeture des sites de presse est une violation de la liberté d'expression (FPLP)

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    Le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) a condamné le blocage de plusieurs sites de presse palestiniens et arabes, en Cisjordanie occupée par une décision de l'Autorité palestinienne (AP).

    Dans un communiqué, le FPLP a déclaré : "Cette action est une grave atteinte à la liberté de la presse et d'expression, ainsi qu'une dangereuse tendance et acquiescement aux diktats des ennemis de la lutte de notre peuple, et la concordance avec les tentatives de museler la voix palestinienne et de l'étrangler et la camoufler, tout en appelant à annuler cette action immédiatement et arrêter la politique de punir le peuple palestinien ferme."

    Le communiqué ajoute que la décision a été prise en de mauvaises circonstances, par laquelle l'occupation sioniste soutenue par la machine médiatique siono-américaine de fausser, falsifier et distordre les significations nobles nationales de la lutte et la résistance de notre peuple fermement établie par le sang, les sacrifices, la vérité et les mots sincères et libres face au récit et à la désinformation sionistes.

    Le FPLP a poursuivi dans son communiqué: « La bataille est toujours ouverte contre notre peuple résistant, notamment en raison de ce qui a été annoncé au sommet de Riyad, en présence du président américain Trump, des déclarations désespérées stigmatisant la résistance de notre peuple au terrorisme en présence des dirigeants arabes et de l'AP, afin de bouleverser les cartes et les concepts, et resserrer l'attaque contre les forces de la résistance et tous ceux qui la soutiennent au profit des crimes de l'occupation israélienne, et la pratique fasciste couverte par le système officiel américano-arabe conspirateur derrière la normalisation avec l'occupation et le terrorisme sioniste".

    Le FPLP a dénoncé fermement la décision de fermeture et blocage des sites de presse, la qualifiant de violation flagrante du droit d'opinion publique et de la liberté d'expression, appelant l'AP dirigée par Mahmoud Abbas à revenir sur cette action illégale et injuste contre la lutte du peuple palestinien qui souffre des crimes de l'occupation israélienne.

    Dimanche   18/Juin/2017

    https://french.palinfo.com/

  • Il y a 55 ans, jour pour jour, un commando de l'OAS a méthodiquement assassiné : Marcel BASSET, Robert EYMARD, Mouloud FERAOUN, Ali HAMMOUTENE, Max MARCHAND, Salah OULD AOUDIA

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    Le Blog des Amis des Pieds-Noirs Progressistes et de tous les Pieds-Noirs non extrémistes nostalgériques

    Il y a 55 ans, jour pour jour, un commando de l'OAS a méthodiquement assassiné : Marcel BASSET, Robert EYMARD, Mouloud FERAOUN, Ali HAMMOUTENE, Max MARCHAND, Salah OULD AOUDIA

    " Ils étaient six, Algériens et Français mêlés. Tous inspecteurs de l’Education nationale, réunis le 15 mars 1962, trois jours avant la signature des accords d’Evian, à Château-Royal dans le quartier d’El Biar, près d’Alger. Parmi eux, Max Marchand, leur responsable, un Normand passionné d’Algérie, et Mouloud Feraoun, l’écrivain kabyle. Ils dirigent des centres sociaux lancés en 1955 par Germaine Tillion, où l’on crut jusqu’au bout à l’alphabétisation et à la formation professionnelle des jeunes et des adultes pour apprendre, enfin, à vivre ensemble un peu moins mal. Un commando Delta de tueurs de l’OAS, commandé semble-t-il par l’ex-lieutenant Degueldre, les déchiqueta à l’arme automatique, ce jour-là, comme des chiens, dos au mur, pour qu’un dernier espoir s’éteigne. " [Jean-Pierre Rioux]

    ********************

    Lettres de Mouloud Feraoun et ses amis

    Par Kader Bakou

    En ce jour du 14 mars 1962, Mouloud Feraoun ne sait pas qu’il vient d’écrire la dernière page de son journal et de sa vie :

    «A Alger, c’est la terreur. Les gens circulent tout de même, et ceux qui doivent gagner leur vie ou tout simplement faire leurs commissions sont obligés de sortir et sortent sans trop savoir s’ils vont revenir ou tomber dans la rue.
    Nous en sommes tous là, les courageux et les lâches, au point que l’on se demande si tous ces qualificatifs existent vraiment ou si ce ne sont pas des illusions sans véritable réalité. Non, on ne distingue plus les courageux des lâches. A moins que nous soyons tous, à force de vivre dans la peur, devenus insensibles et inconscients. Bien sûr, je ne veux pas mourir et je ne veux absolument pas que mes enfants meurent, mais je ne prends aucune précaution particulière en dehors de celles qui, depuis une quinzaine (de jours) sont devenues des habitudes : limitation des sorties, courses pour acheter en «gros», suppression des visites aux amis. Mais, chaque fois que l’un d’entre nous sort, il décrit au retour un attentat ou signale une victime.»

    Le lendemain, il a une réunion au centre social de Château-Royal, sur les hauteurs d’Alger. Le 15 mars 1962 à 10h45, un commando de l’OAS fait irruption dans la salle de réunion.

    Les assassins font sortir six hommes et les fusillent. Les victimes sont Mouloud Feraoun, Marcel Basset, Robert Eymard, Ali Hammoutène, Max Marchand et Salah Ould Aoudia.

    Le fils de Mouloud Feraoun écrit à Emmanuel Roblès : «Mardi, vous avez écrit une lettre à mon père qu’il ne lira jamais… C’est affreux ! Mercredi soir, nous avons — pour la première fois depuis que nous sommes à la villa Lung — longuement veillé avec mon père dans la cuisine, puis au salon. Nous avons évoqué toutes les écoles où il a exercé (…) C’était la dernière fois que je le voyais. Je l’ai entendu pour la dernière fois le matin à huit heures. J’étais au lit. Il a dit à maman : «Laisse les enfants dormir.» Elle voulait nous réveiller pour nous envoyer à l’école. «Chaque matin, tu fais sortir trois hommes. Tu ne penses pas tout de même qu’ils te les rendront comme ça tous les jours !» (…) Je l’ai vu à la morgue. Douze balles, aucune sur le visage. Il était beau mon père, mais tout glacé et ne voulait regarder personne.»

    Pour Jean El-Mouhoub Amrouche, l’acte de l’OAS qui avait ciblé trois Français et trois Algériens était bien calculé : «Traîtres à la race des seigneurs étaient Max Marchand, Marcel Basset, Robert Eymard, puisqu’ils proposaient d’amener les populations du bled algérien au même degré de conscience humaine, de savoir technique et de capacité économique que leurs anciens colonisateurs français. Criminels présomptueux, Mouloud Feraoun, Ali Hamoutene, Salah Aït Aoudia, qui s’étant rendus maîtres du langage et des modes de pensée du colonisateur, pensaient avoir effacé la marque infamante du raton, du bicot, de l’éternel péché originel d’indigénat pour lequel le colonialisme fasciste n’admet aucun pardon.» Après ces remarques amères, Amrouche conclut : «Voilà pourquoi les six furent ensemble condamnés et assassinés par des hommes qui refusent l’image et la définition de l’homme élaborées lentement à travers des convulsions sans nombre parce qu’il faut bien nommer la conscience universelle.»

    Mouloud Mammeri écrira plus tard : «Le 15 mars 1962, au matin, une petite bande d’assassins se sont présentés au lieu où, avec d’autres hommes de bonne volonté, il (Mouloud Feraoun) travaillait à émanciper des esprits jeunes; on les a alignés contre le mur et… on a coupé pour toujours la voix de Fouroulou. Pour toujours ? Ses assassins l’ont cru, mais l’Histoire a montré qu’ils s’étaient trompés, car d’eux, il ne reste rien… rien que le souvenir mauvais d’un geste stupide et meurtrier, mais de Mouloud Feraoun la voix continue de vivre.» Le fils du pauvre repose du sommeil du juste.

    http://lesoirdalgerie.com/

    *******************

     Au cours de la nuit qui suivit cet assassinat, Germaine Tillion a écrit le texte suivant qui est paru dans Le Monde du 18 mars 1962.

    La bêtise qui froidement assassine

    "Mouloud Feraoun était un écrivain de grande race, un homme fier et modeste à la fois, mais quand je pense à lui, le premier mot qui me vient aux lèvres c’est le mot : bonté...

    C’était un vieil ami qui ne passait jamais à Paris sans venir me voir. J’aimais sa conversation passionnante, pleine d’humour, d’images, toujours au plus près du réel - mais à l’intérieur de chaque événement décrit il y avait toujours comme une petite lampe qui brillait tout doucement : son amour de la vie, des êtres, son refus de croire à la totale méchanceté des hommes et du destin.

    Certes, il souffrait plus que quiconque de cette guerre fratricide, certes, il était inquiet pour ses six enfants - mais, dans les jours les plus noirs, il continuait à espérer que le bon sens serait finalement plus fort que la bêtise...

    Et la bêtise, la féroce bêtise l’a tué. Non pas tué : assassiné. Froidement, délibérément ! ...

    Cet honnête homme, cet homme bon, cet homme qui n’avait jamais fait de tort à quiconque, qui avait dévoué sa vie au bien public, qui était l’un des plus grands écrivains de l’Algérie, a été assassiné... Non pas par hasard, non pas par erreur, mais appelé par son nom, tué par préférence, et cet homme qui croyait à l’humanité a gémi et agonisé quatre heures - non pas par la faute d’un microbe, d’un frein qui casse, d’un des mille accidents qui guettent nos vies, mais parce que cela entrait dans les calculs imbéciles des singes sanglants qui font la loi à Alger...

    Entre l’écrivain Mouloud Feraoun, né en Grande-Kabylie ; Max Marchand, Oranais d’adoption et docteur ès lettres ; Marcel Basset, qui venait du Pas-de-Calais ; Robert Aimard, originaire de la Drôme ; le catholique pratiquant Salah Ould Aoudia et le musulman Ali Hammoutène, il y avait une passion commune : le sauvetage de l’enfance algérienne - car c’était cela leur objectif, l’objectif des Centres Sociaux : permettre à un pays dans son ensemble, et grâce à sa jeunesse, de rattraper les retards techniques qu’on appelle "sous-développement". Dans un langage plus simple cela veut dire : vivre.

    Apprendre à lire et à écrire à des enfants, donner un métier à des adultes, soigner des malades - ce sont des choses si utiles qu’elles en paraissent banales : on fait cela partout, ou, à tout le moins, on a envie de le faire. [...]

    Et c’était de quoi s’entretenaient ces six hommes, à 10 heures du matin, le 15 mars 1962 ..."

    Germaine Tillion

    Jean-Philippe Ould Aoudia, fils de Salah Ould Aoudia, a publié, une enquête sur l’assas- sinat de Château-Royal (éditions Tiresias). Jean-Philippe Ould Aoudia enquête minutieuse- ment, recoupe les documents, vomit les clauses des amnisties successives qui rendent le crime innommable et font taire les proches des victimes. Il n’a qu’un but : traquer les assas- sins de son père à El Biar, relire cette tuerie planifiée, établir les complicités en hauts lieux, pointer du doigt les inconscients et les aveugles, reconstituer l’atmosphère d’affolement à Alger au printemps de 1962, qui laissait proliférer l’exécution à la raflette entre deux anisettes et l’attentat méthodique des commandos surentraînés. [d’après Jean-Pierre Rioux, Le Monde du 20 mars 1992]

    Une association et un livre pour ne pas oublier :

    - l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons,
    siège social : UNSA-Education - 87 bis rue Georges Gosnat - 94 853 Ivry-sur-Seine ;

    - L'assassinat de Château-Royal, de Jean-Philippe Ould Aoudia - introduction de Germaine Tillion, préface d’Emmanuel Roblès et postface de Pierre Vidal-Naquet - (Éditions Tirésias, 1992 -  http://www.editionstiresias.com)

    http://www.dandelotmije.com/

  • Egypte: les riches se barricadent, les inégalités s’accentuent (Anti-k)

    Des résidences fermées de la banlieue du Caire ( AFP / MOHAMED EL-SHAHED )
     
    La tendance, lancée à la fin des années 1990, traduit le fossé grandissant entre les classes sociales, estiment des économistes.
     
    Iman Khalifa a abandonné son appartement avec vue sur le Nil en plein centre du Caire pour trouver refuge dans l’opulence des résidences fermées de la banlieue, un phénomène qui illustre les inégalités croissantes en Egypte. Pour l’élite égyptienne, ces « gated communities » ou « compounds », inspirées des résidences privées très populaires aux Etats-Unis, sont devenues le seul échappatoire dans une mégalopole chaotique de quelque 20 millions d’habitants, surpeuplée et polluée.

    « Il y a de jolis paysages, une belle vue, alors que là-bas (au Caire), il y a des ordures partout », explique Mme Khalifa, installée avec son mari dans un compound à l’est du Caire. Comme cette trentenaire, les riches Cairotes fuient des rues bruyantes et paralysées par de gigantesques embouteillages. Ils se retrouvent dans le calme et la verdure luxuriante des résidences fermées qui poussent comme des champignons aux portes du désert, avec terrains de golf, piscines et salles de sport. « Vous payez plus pour l’entretien, mais ils vous fournissent une meilleure sécurité », poursuit Mme Khalifa.

    Minorité

    Elle fait toutefois partie d’une minorité de privilégiés, dans un pays où le pourcentage d’Egyptiens vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 16,7% en 2000 à 27,8% des 90 millions d’habitants en 2015, selon des statistiques officielles. Et à l’ouest du Caire, dans la banlieue du 6-Octobre, Mohamed et plusieurs ouvriers journaliers attendent en bordure de route de trouver un petit boulot qui leur apportera leur salaire de la journée.

    Tous vivent dans le même appartement et dorment à même le sol. « On mange des fèves matin, midi et soir », ironise Mohamed, originaire de la province de Souhag, dans le sud. Installé au Caire depuis deux ans, le jeune homme de 18 ans a dû abandonner l’école pour travailler.

    A travers un projet évaluant la répartition des revenus en Egypte sur la base des prix de l’immobilier, un économiste de la Banque mondiale, Roy van der Weide, a constaté que les inégalités étaient « bien plus élevées que ce que peuvent suggérer les estimations des sondages conventionnels ».

    Pour relancer une économie à la traîne depuis la révolte de 2011 qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, l’Egypte a obtenu un prêt de 12 milliards de dollars du Fond monétaire international (FMI) en contrepartie de réformes économiques drastiques.

    Les autorités ont ainsi libéré le taux de change de la livre égyptienne, faisant chuter de moitié sa valeur face au dollar, taillé dans les subventions publiques allouées au carburant et adopté une taxe sur la valeur ajouté (TVA). Des mesures qui ont entraîné une forte hausse de l’inflation.

     Risque de grogne sociale

    Pour éviter la grogne sociale, le gouvernement a annoncé un programme d’aides de 2,5 milliards de dollars, prévoyant des exemptions fiscales et une hausse des salaires des fonctionnaires et des allocations chômage.

    Le gouvernement a également maintenu les subventions allouées aux denrées alimentaires, qui permet- tent aux plus démunis d’obtenir certains biens de première nécessité, comme le pain, l’huile ou le riz, à bas prix.

    « Ces mesures ne sont que des analgésiques », estime toutefois Heba el-Laithy, professeur de statistiques à l’université du Caire. « Les gens réduisent leur consommation de nourriture et déscolarisent leurs enfants pour les faire travailler », déplore-t-elle, estimant que la pauvreté touche actuellement 35% de la population.

    Selon elle, le gouvernement pourrait fournir de meilleurs services d’éducation et de santé en les finançant grâce à un système d’imposition progressif, qui taxerait plus sévèrement les plus aisés.

    Mais les autorités rechignent à adopter une telle réforme, estime Salma Hussein, chercheuse sur l’inégalité au sein de l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), une ONG locale.

    « Il y a une sorte de collusion. Les classes aisées disent au gouvernement: laissez-nous faire des profits sans des impôts élevés. Nous ne réclamerons pas de démocratie et construirons nos propres communautés », explique Mme Hussein.

    Pour M. van der Weide, combler les inégalités est un défi difficile à surmonter « si l’élite vit coupée du reste de la société ».

    Boursorama – AFP le

    http://www.anti-k.org/

  • Syrie. Utilisation de phosphore blanc par la coalition dirigée par les États-Unis : un possible crime de guerre (Amnesty)

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    L'utilisation de munitions au phosphore blanc par la coalition dirigée par les États-Unis met gravement en danger la vie des milliers de civils piégés dans la ville de Raqqa et aux alentours, et pourrait dans ces circonstances constituer un crime de guerre.
    Samah Hadid, directrice Campagnes pour le Moyen-Orient à Amnesty International

    L'utilisation par la coalition emmenée par les États-Unis de munitions au phosphore blanc dans la banlieue de Raqqa, en Syrie, est illégale et pourrait constituer un crime de guerre, a confirmé Amnesty International après avoir étudié soigneusement cinq vidéos des faits.

    Ces vidéos, publiées en ligne les 8 et 9 juin 2017, montrent des tirs d'artillerie de la coalition utilisant de telles munitions sur les quartiers civils de Jezra et d'El Sebahiya. Le droit international humanitaire interdit d'utiliser du phosphore blanc à proximité de civils. 

    « L'utilisation de munitions au phosphore blanc par la coalition dirigée par les États-Unis met gravement en danger la vie des milliers de civils piégés dans la ville de Raqqa et aux alentours, et pourrait dans ces circonstances constituer un crime de guerre. Cette substance peut provoquer de terribles blessures en brûlant la chair et les os, et reste dangereuse pendant des semaines après son utilisation car des résidus peuvent se rallumer spontanément et atteindre des températures extrêmement élevées », a déclaré Samah Hadid, directrice Campagnes pour le Moyen-Orient à Amnesty International.

    « Les forces dirigées par les États-Unis doivent enquêter immédiatement sur les tirs d'artillerie qui ont visé Jezra et El Sebahiya et prendre toutes les mesures possibles pour protéger les civils. L'utilisation de phosphore blanc dans des zones densément peuplées fait courir aux civils un risque inacceptable et s'apparente presque immanquablement à une attaque menée sans discrimination. »

    Amnesty International a vérifié et recoupé cinq vidéos rendues publiques les 8 et 9 juin 2017.

    Celles-ci montrent clairement, sous différents angles, du phosphore blanc exploser au dessus de ces zones et une pluie de particules de phosphore en combustion retomber sur des bâtiments de faible hauteur. L'utilisation répétée de phosphore blanc dans des conditions où des civils risquent d'entrer en contact avec des particules en combustion est contraire au droit international humanitaire.

    Selon le groupe d'observateurs locaux « Raqqa est assassinée en silence » et d'autres sources locales, 14 civils ont été tués lors d'une des frappes. Des militants de « Raqqa est assassinée en silence » ont dit à Amnesty International que, outre la population civile, de nombreuses personnes déplacées ayant fui l'ouest de Raqqa avaient aussi trouvé refuge dans ces zones au moment de l'attaque.

    Du phosphore blanc de fabrication américaine

    Selon l'analyse réalisée par Amnesty International, les obus au phosphore blanc que l'on voit sur les images sont très probablement des M825A1 de 155 millimètres, fabriqués aux États-Unis.

    Le phosphore blanc est le plus souvent utilisé pour créer un écran de fumée dense susceptible de dissimuler des mouvements de troupes aux forces ennemies, ainsi que pour marquer des cibles en vue d'une nouvelle attaque. Si son utilisation à ces fins n'est pas interdite, elle doit être entourée des plus grandes précautions. Cette substance ne doit en aucun cas être utilisée à proximité de civils.

    « La protection des forces ne doit pas être prioritaire sur la protection des civils. La coalition emmenée par les États-Unis, ainsi que les Forces démocratiques syriennes, doivent s'abstenir d'utiliser des armes explosives puissantes et des armes imprécises dans des zones habitées, et doivent prendre toutes les mesures possibles pour protéger la population civile », a déclaré Samah Hadid.

    Utilisation confirmée de phosphore blanc à Mossoul, en Irak

    La coalition dirigée par les États-Unis a confirmé avoir récemment utilisé du phosphore blanc dans la ville irakienne de Mossoul, mais n'a pas confirmé l'utilisation de cette substance à Raqqa. À Mossoul, elle a affirmé avoir utilisé du phosphore blanc pour créer un écran de fumée afin d'aider les civils à fuir les zones de la ville contrôlées par le groupe armé se faisant appeler État islamique (EI).

    Complément d’information

    Les combats s'intensifient à Raqqa tandis que les Forces démocratiques syriennes, soutenues par la coalition emmenée par les États-Unis, cherchent à reprendre le contrôle de la ville à l'EI. Des centaines de milliers de civils restent pris au piège dans la ville et aux alentours.

    Amnesty International surveille le comportement de toutes les parties au conflit à Raqqa, au regard de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et du droit international relatif aux droits humains qui s'applique.

    16 juin 2017

    https://www.amnesty.org/

  • Wahhabisme (Orient 21)

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    Conférence

    Orient XXI et Le Monde des Religions organisent le 22 juin une conférence intitulée :

    « Vers la fin du wahhabisme ? »

    avec Fatiha Dazi-Héni, politologue spécialiste de la péninsule Arabique, maître de conférences à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et auteure de L’Arabie Saoudite en 100 questions (éditions Tallandier, 2017).

    Né en Arabie saoudite au 18è siècle, le wahhabisme imprègne le pays depuis sa fondation et s’est répandu au-delà de ses frontières. Mais aujourd’hui, cette doctrine s’avère être en perte de vitesse dans ce pays en dépit d’un conservatisme ancré, qui demeure la toile de fond à partir de laquelle les autorités comme la société tentent d’agir.

    Inscription obligatoire ici.

    Auditorium du journal Le Monde
    80, boulevard Auguste Blanqui
    75013 Paris
    Tarif : 8 €
    De 19 h à 21 h (justificatif d’identité demandé à l’accueil)

    http://orientxxi.info/

  • Présentation du livre de Hocine Aït Ahmed : « L'affaire Mécili » (Algeria Watch)

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    avec Annie Mécili, veuve d'Ali Mécili, José Garçon, journaliste et François Gèze, éditeur à La Découverte

    jeudi 29 juin à 19 h

    LIBRAIRIE RESISTANCES : 4 Villa Compoint 75017 PARIS

    Le 7 avril 1987, Ali Mécili, avocat au barreau de Paris, figure marquante de l'opposition démocratique au régime d'Alger, était assassiné devant son domicile parisien. Deux mois plus tard, la police française arrêtait le tueur, un petit truand algérien aux ordres de la Sécurité militaire, les services secrets de l'armée algérienne. Mais au lieu d'être remis à la justice, il était... réexpédié à Alger. Et, depuis trente ans, ce crime qui déshonore la Ve République est resté impuni. D'où l'importance de ce livre, publié pour la première fois en 1989, pour comprendre la vraie nature du régime algérien et les réseaux secrets de la "Françalgérie".

    Grande figure de la lutte d'indépendance algérienne et opposant historique au régime militaire qui contrôle l'Algérie, Hocine Aït-Ahmed (1926-2015) y retrace en détail les circonstances du meurtre de son ami, ainsi que l'attitude scandaleuse des autorités françaises. Mais aussi, à travers le parcours d'Ali Mécili, la lutte d'opposants courageux contre un "pouvoir de l'ombre" qui a confisqué dès 1962 la lutte de libération du peuple algérien. Et, dans une postface inédite, il évoque le "bain de sang" dans lequel ce pouvoir a plongé son pays à partir de 1992, et l'incroyable omerta qui continue depuis à recouvrir, en France comme ailleurs, les crimes contre l'humanité d'une junte de généraux corrompus.

    Trente années à ce jour qu'Annie Mécili, sa famille et ses amis exigent que justice soit rendue depuis l'expulsion en Algérie de l'assassin présumé par Charles Pasqua et Robert Pandraud en juin 1987. Jusqu' à l'ordonnance de non lieu de novembre 2014, confirmée depuis par la Cour d'appel de Paris et par la Cour de cassation, la raison d'Etat n'a cessé de s'affirmer et la justice ne s'est pas accomplie en France. Reste la Cour européenne des droits de l'homme qui vient d' être saisie. C'est pour soutenir ce combat et faire connaitre au grand public "L'Affaire Mécili" que les éditions La Découverte ont décidé de réimprimer ce livre.

     

    LIBRAIRIE RESISTANCES : 4 Villa Compoint 75017 PARIS
    (angle 40 rue Guy Môquet)
    Métro ligne 13 : station Guy Môquet ou Brochant
    TEL. 01.42.28.89.52 

    info@librairie-resistances.com

    www.librairie-resistances.com

    http://www.algeria-watch.org

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

     
    Si l'on en croit nos principaux médias, il ne se passe  rien en Palestine occupée.

    Si l’on en croit nos principaux médias, il ne se passe rien en Palestine occupée.

    Du 5 au 10 juin, Israël a assassiné 5 civils palestinien-nes en Cisjordanie occupée et à Gaza. Les morts se succédant sans que les principaux médias français les relèvent, vous trouverez ci-dessous le recensement de ces meurtres commis par l’armée israélienne, uniquement pour cette période.     Ils – Elles s’appellaient :
     
     
     
    Comment mettre fin à l’occupation israélienne de 1967

    Comment mettre fin à l’occupation israélienne de 1967

      Par Alaa Tartir, juin 2017 À l’heure des anniversaires de la Déclaration Balfour, de la Nakba palestinienne, de l’occupation israélienne, des accords d’Oslo et de la division intra-palestinienne, la réalité sur le terrain empire, les ramifications entre ces événements tragiques s’enracinent davantage, tandis que la justice et la paix s’éloignent de plus en plus....
     
     
    Une catastrophe se profile à Gaza

    Une catastrophe se profile à Gaza

      Par Charlotte Silver le 12 juin 2017 La crise de l’électricité déjà désastreuse à Gaza s’apprête à devenir bien pire. (Ashraf Amra / APA images)   Israël va réduire de 40 % sa fourniture d’électricité dans la Bande de Gaza occupée, transformant une situation déjà désastreuse en catastrophe. Israël dit que la prochaine réduction, approuvée...
     
     
    700.000 colons juifs vivent maintenant dans les territoires palestiniens occupés

    700.000 colons juifs vivent maintenant dans les territoires palestiniens occupés

    10 juin 2017 La colonie illégale de Psagot près de Ramallah en Cisjordanie Haaretz écrivait vendredi, qu’il y a maintenant 590.000 colons juifs qui vivent dans les colonies officielles de Cisjordanie occupée et de Jérusalem occupée.  Le journal fait remarquer que 380.000 colons vivent en Cisjordanie, tandis que leur nombre dans Jérusalem occupée s’élève maintenant...
     
     
    50 ans d’occupation du Golan syrien

    50 ans d’occupation du Golan syrien

    Le 8 juin 2017 Par « Al-Marsad » (Centre arabe des droits de l’Homme dans les Hauteurs du Golan )       Cette semaine marque le 50ème anniversaire de l’occupation du Golan syrien – période qui a eu un impact catastrophique sur la vie de la population syrienne autochtone.   A la suite de l’occupation israélienne...
     
     
    « La clef du Sol » مفتاح الارض a besoin de notre soutien

    « La clef du Sol » مفتاح الارض a besoin de notre soutien

      Le reportage La clé du sol  est un voyage dans le temps passé et actuel sur la transmission de la mémoire collective autour de la clé du droit au retour qui veille dans le coeur de chacun-e des palestiniens. En octobre 2016 la camerawoman et réalisatrice Muriel Jacoub et la journaliste Annie Fiore ont parcouru...
     
     
    Communiqué de presse de Raed Andoni (réalisateur) et Frédéric Corvez (distributeur, Urban distribution)

    Communiqué de presse de Raed Andoni (réalisateur) et Frédéric Corvez (distributeur, Urban distribution)

    Communiqué de presse de Raed Andoni (réalisateur) et Frédéric Corvez (distributeur, Urban distribution)   Paris, le 2 juin 2017 À l’occasion de la projection de son film ce soir au Luminor Hôtel de Ville pour l’ouverture du Festival Ciné Palestine 2017, Raed Antoni (réalisateur) et Frédéric Corvez (distributeur, Urban distribution) souhaitent attirer l’attention sur le...
     
     
    Comment ont évolué les tendances de la cause palestinienne depuis 1967

    Comment ont évolué les tendances de la cause palestinienne depuis 1967

      Par Nadia Hijab et Mouin Rabbani – Al Shabaka, le 5 juin 2017 La cause palestinienne aujourd’hui, à certains égards, est revenue là où en elle était avant la guerre de 1967. Il est intéressant de retracer cette trajectoire pour comprendre comment elle est arrivée à la situation actuelle, et se faire une idée,...
     
     
    En Direct de Gaza : Un mort et sept blessés au sud de la bande de Gaza

    En Direct de Gaza : Un mort et sept blessés au sud de la bande de Gaza

    Ziad Medoukh     L’armée israélienne a tué ce mardi 6 juin 2017 un jeune palestinien de 25 ans au sud de la bande de Gaza. Il s’agit de Fadi Najjar, originaire de la ville de Khan-Younis au sud de la bande de Gaza. Ce jeune se manifestait avec plus de 200 personnes dans la...

  • Maroc : Vers une nouvelle vague révolutionnaire ? (ESSF)

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    Les ingrédients d’une crise politique majeure s’accumulent

    De la journée du 18 Mai à la manifestation nationale du 11 juin, la situation sociale et politique est marquée par l’accélération des contradictions. Le pouvoir est réellement mis en difficulté et les ingrédients d’une crise politique majeure s’accumulent.

    Vers une crise de l’hégémonie du pouvoir

    Face à la profondeur de la mobilisation populaire dans le Rif, le pouvoir a cherché à la diviser et à l’isoler sans succès réel. Il espérait que le temps jouerait en sa faveur et que le mouvement faute de débouchés, s’épuiserait de lui-même. La contestation dévoile une crise profonde de la façade démocratique, de ses relais institutionnels, des dispositifs hégémoniques des dominants :

    - Les partis du système, associés à la gestion d’un système clientéliste, répressif et corrompu, sont discrédités. Le système politique officiel est contesté dans les urnes par un boycott massif et dans la rue. Les péripéties qui ont accompagné la formation du nouveau gouvernement, loin des résultats des urnes exprimées dans le cirque électoral de novembre 2016, ont fait la démonstration que les partis ne sont rien d’autre que des exécutants dociles, l’antichambre du clientélisme et des gratifications royales. Il n’y a même plus de forces politiques du système qui peuvent vendre la possibilité de réformes dans le cadre de la continuité, à l’instar du PJD il y a quelques années ou avant eux de l’USFP. La monarchie a épuisé ses médiations à force de domestiquer le champ social et politique en ne lui laissant aucune autonomie.

    - Ce n’est pas un hasard si le mouvement actuel refuse de négocier sans conditions et s’adresse directement à la monarchie. Ce qui et mis au-devant de la scène, c’est le dévoilement de la façade : le monarque est le pouvoir réel. Une nouvelle séquence, en termes d’horizon politique, commence à être posée et qui aura un effet majeur sur les perspectives d’ensemble, quelle que soit l’issue de cette lutte. Lorsque les demandes sociales et démocratiques sont adressées directement à la monarchie qui n’a même plus de fusible à présenter, elle devient la cible potentielle. Ce qui est nouveau ou du moins se manifeste avec une nouvelle ampleur, c’est la combinaison de la crise sociale et de la crise politique.

    - Autre fait qui a son importance symbolique et politique. La vague de répression actuelle a été initiée après l’interruption du prêche d’un imam officiel qui a tenu un sermon contre le Hirak. Nasser Zefzafi posait la question de savoir si « les mosquées sont la maison de dieu ou celle du makhzen ? » suivi par un mouvement de boycott des mosquées du pouvoir. C’est sans doute la première fois que la contestation s’immisce sous cette forme dans l’un des dispositifs les plus ancrées de la légitimation pré-moderne de la monarchie (où le roi s’affirme comme « commandeur des croyants »). Par ailleurs, le discours de la contestation puise, non pas dans les référents théologiques de l’islam politique organisé ou d’Etat, mais dans les ressorts culturels de l’islam populaire mis au service des luttes sociales et démocratiques. Il s’agit d’un discours politique laïc dans son contenu social et démocratique et les explications rationnelles des motifs de la lutte, mais qui s’irrigue en partie de la religion comme culture et langue intégrée dans le vécu populaire. Cette symbiose est corrosive pour le pouvoir. C’est donc autant les éléments de légitimité moderne de la façade démocratique que traditionnelle qui sont fissurés par la contestation actuelle.

    - L’autre bras du système, la répression organisée ou la menace de son emploi, produit un effet contraire. La peur du makhzen a largement reculé. Réprimer frontalement, provoquer un massacre, c’est prendre le risque d’un embrasement général et l’effondrement de la façade démocratique. La monarchie deviendrait la cible directe. L’image d’un royaume stable sur l’échiquier régional, « en transition démocratique », en mesure de respecter, dans un contexte de paix sociale, les conditions exigées par le FMI et les multinationales, volerait en éclat. Les ressources externes à la reproduction de la domination sur le plan interne se trouveraient considérablement affaibli, voire remises en cause en se combinant à des processus ouverts de délégitimation interne.

    - Le système témoigne d’une faiblesse grandissante. La nature même de la propagande contre le Hirak est révélatrice : la théorie du complot légitime la répression et révèle que face aux tensions sociales, le pouvoir ne véhicule plus la promesse d’un changement social et d‘une auto reforme. Le mythe d’une unité nationale menacée sonne creux tellement les injonctions sont multiples : un jour le mouvement serait à la botte des services secrets algériens, un autre il serait financé par le Polisario, une autrefois des accointances existeraient avec le chiisme sur fond de lourds motifs d’inculpation et de suspicion. Ce discours de fabrique de l’ennemi intérieur se nourrit d’une réactivation d’un racisme culturel latent. Le pouvoir en crise n’incarne plus un idéal type qui permet une identification positive permettant de temporiser les attentes qui émergent de la société. Les illusions tombent.

    - Il a perdu la bataille de la communication. On ne peut plus étouffer à l’heure des réseaux sociaux la réalité de la contestation et de sa parole. Les medias aux ordres ne sont plus en mesure d’invisibiliser et de détourner le sens des révoltes populaires et quand ils le font, ils renforcent la conviction que ce système n’est pas prêt au dialogue, ni à se reformer, parce qu’il ment et le mensonge est disséquée, analysée, contestée donnant des raisons supplémentaires à la détermination d’en finir avec lui.

    L’échec politique du pouvoir

    - La vague répressive qui a suivi le 26 Mai a visé le noyau dur de la direction du Hirak espérant ainsi désorganiser le mouvement. Cette stratégie ne marche pas :

    a) Le Hirak a fait émerger une nouvelle direction civile organiquement liée au mouvement de contestation car il a produit une large couche de militant-es anonymes ayant fait leurs armes dans l’expérience de masse de la confrontation avec le pouvoir. Signe de l’enracinement de la protestation même si celle-ci devient plus difficile

    b) La contestation s’est enracinée dans une activité quotidienne. Elle a également stimulé la solidarité dans tout le pays et le début d’extension géographique au-delà du Rif.

    c) La répression a fait émerger dans la lutte un mouvement de femmes à l’avant-garde du combat pour la libération des détenus mais aussi comme acteur dans la mobilisation.

    d) Il n’y aucun changement au niveau des exigences du Hirak. C’est l’ensemble des revendications portées depuis plusieurs mois qui constituent le socle de la lutte. La question de la libération des détenus porte à un niveau supérieur la combinaison de la lutte pour la liberté politique et la satisfaction des revendications sociales.

    e) Le dialogue est toujours refusé pour les mêmes (bonnes) raisons : tant qu’il n’y a pas de libération de tous les détenu-es, la levée de la militarisation, la reconnaissance des représentant-es décidés par le Hirak lui-même. Pas plus qu’il ne s’agit d’un dialogue en échange de l’arrêt de la mobilisation ou avec les personnages de la façade ou pour des objectifs contraires à la satisfaction des revendications assorties de mécanismes de garanties et de contrôle

    Le pouvoir a été mis en échec sur le plan politique. Entre le 18 mai et le 11 juin se sont succédés les appels de solidarité alors que le niveau de répression dans le RIF a imposé une chape de plomb. Celle ci vise à rendre impossible tout rassemblement ou manifestation massive et empêcher une activité de masse quotidienne. Tout en continuant la vague d’arrestation des animateurs de la mobilisation (plus de 120 aujourd’hui). Les mobilisations dans le reste du pays ont également été fortement réprimées. C’est dans ce contexte que l’appel à une initiative centralisée à rabat a vu le jour avec pour slogan fédérateur « Nous sommes un seul pays, un seul peuple, Tous contre la Hogra ».

    Cette initiative a été soutenue par un arc de force assez large regroupant des secteurs militants du mouvement social, la gauche non gouvernementale, les forces de la gauche radicale, l’opposition islamiste indépendante, les associations des droits de l’homme, les coordinations locales de soutien au RIF, les courants amazighs. Son objectif était de contrer la propagande du pouvoir contre le prétendu séparatisme, de situer le terrain du conflit sur le refus de la Hogra et des questions sociales, d’apporter une solidarité à la mobilisation du rif et d’exiger la libération des détenus et l’arrêt de la répression. Mais derrière ces objectifs, il s’agissait aussi de vérifier les possibilités de la construction d’un mouvement au niveau national. Malgré le contexte du ramadan, La manifestation ouverte par le comité des détenus des familles du Rif fut un véritable succès avec une participation de 100 à 150000 manifestants.

    Comme lors du M20F, les organisations n’apparaissent pas en tant que telles, même si on pouvait signaler l’imposante démonstration de force d’Al adl wal ihsanne. Mais l’essentiel est dans le fait que cette initiative a pu unifier les slogans sur des bases progressistes de revendications des droits pour tous et toutes contre la hogra et la repression. Elle annonce la constitution d’un front pour la défense des libertés, de la dignité et la justice sociale comme l’affirme son communiqué final, s’engageant dans toutes les régions du pays à construire les mobilisations. En tout état de cause, le pouvoir est maintenant confronté à deux processus qui doivent se combiner : le maintien de la résistance populaire dans le rif, le réveil social et démocratique dans les autres régions du pays.

    Le HIRAK Et le M20F

    - Nombre de manifestant-es actuell-es, slogans et le recul de la peur sont liés à l’expérience de 2011. Mais la comparaison s’arrête là. L’inquiétude du pouvoir n’est pas seulement que le Hirak puisse inciter d’autres populations à revendiquer mais que se cristallise une nouvelle vague révolutionnaire portée, cette fois çi, par un mouvement populaire sans médiations , sans revendications gérables pour le système, sans cibles secondaires ou dérivatifs, plus articulé à la population et aux urgences sociales dans leur globalité. Ce qui se profile est un mouvement qui tire sa légitimité et sa radicalité de la lutte pour mettre fin aux politiques d’austérité et à la militarisation et répression. Lorsque les demandes sociales sont traduites en revendications concrètes et claires, nul alchimie et tour de passe-passe électorale ou constitutionnel ne peut y répondre. Lorsque la lutte exige la fin de la militarisation, elle va plus loin que le dispositif en vigueur, elle touche l’architecture interne de l’appareil répressif et un système basé sur la violence de l’état. Quand la lutte exige la fin du règne de l’austérité, de la Hogra et de la répression, elle trace des lignes de fracture avec l’ordre établi qui ne peuvent être désamorcée sur le champ institutionnel.

    - Le pouvoir ne peut satisfaire les revendications. Le faire, c’est indiquer que par la lutte collective, il est possible de gagner. Le faire suppose une réorientation globale des politiques publiques. Une équation impossible pour le pouvoir associé organiquement à un capitalisme patrimonial fondé sur la dépossession continue, la dépendance et l’impunité économique de la caste dirigeante. La situation est telle, que de simples concessions minimes ou formelles, ne serait-ce que pour gagner du temps, relève maintenant d’une inefficacité politique. Car des secteurs de la population ont aussi assimilé l’expérience du 20 février et de sa suite. Les concessions accordées sont faites pour être reniées. Les changements constitutionnels ou du personnel politique, les élections ne changent rien au rapport de l’Etat à la société. Le dialogue social c’et échanger la lutte contre une promesse qui n’aboutit jamais. D’une certaine manière, le pouvoir a fait trop peu ou trop tard. [1] Sa stratégie de concessions partielles, de récupération/neutralisation des directions, d’éparpillement des revendications, sa guerre d’usure est sans effet.

    Par bien des aspects, le Hirak est un mouvement plus radical que le M20F.Il faut saisir la dynamique de lutte comme un processus ouvert de radicalisation qui, de la défense des questions sociales et démocratiques élémentaires en vient à contester progressivement la gestion sécuritaire et politique de ses demandes et de ses donneurs d’ordre. Ce qui nourrit cette radicalisation ce ne sont pas des mots d’ordre politiques centraux mais la contradiction concrète entre les revendications portées et la nature répressive et antipopulaire du pouvoir dans un contexte d’affrontement de masse qui passe par des phases multiples. Nous sommes loin de la simple revendication de la justice pour Fikri et le combat aujourd’hui est global bien que limitée par la situation d’isolement de la région. Dans ce contexte comment poser la question de la construction d’un mouvement populaire global ?

    Enjeux et défis de phase qui s’ouvre

    La possibilité qu’émerge une dynamique nationale victorieuse nécessitera d’éviter les pièges et la répétition des erreurs ou limites du M20F :

    - Il s’agit de mettre en cœur de la mobilisation les urgences sociales et démocratiques concrètes, de décliner la lutte contre la Hogra sur le plan local. En somme de combiner la défense des droits fondamentaux (« la fin du règne de la prédation de l’austérité de la hogra et de la répression ») en les associant aux besoins concrets et préoccupations immédiates des masses populaires.

    - De refuser les mots d’ordres qui canalisent la lutte populaire vers des objectifs constitutionnels (une constitution démocratique ou une monarchie parlementaire) ne traduisant pas concrètement, à cette étape, la nécessité de se mobiliser et d’en finir avec le makhzen de la prédation et de la répression, de répondre aux urgences sociales, et qui diviseraient le mouvement sur la nature des « solutions politiques ».

    - De refuser les officines politiques, les pseudos dialogues avec les marionnettes du pouvoir, les médiations et relais du système. Les demandes sociales et démocratiques doivent être orientées vers le pouvoir réel et les véritables centres de décisions à l’image des exigences du Hirak dans le Rif.

    - De structurer le mouvement à travers à des fronts de lutte locaux qui ne se résument pas à un cartel d’organisations ou des réseaux militants. Il s’agit d’avancer vers des cadres de mobilisation de masses, d’unité d’action populaire, réellement participatifs et inclusifs, vers un mouvement structuré par en bas, qui ne dépende pas de l’agenda des organisations, mais développe ses propres forces et directions de luttes. Cet enracinement populaire et local, où ceux et celles qui luttent, élaborent leurs revendications et dirigent leur lutte, est la condition d’une représentation organique du mouvement, y compris à l’échelle nationale. C’est ce processus qui permettra de massifier la mobilisation et de maintenir l’unité des forces qui luttent réellement pour le changement. Sans la prise en compte de cette dimension, c’est rester à une vision des rapports entre mouvements sociaux/populaires et forces politiques, contestable, historiquement dépassé et qui constitue un problème et non pas un début de solution.

    - De développer et élargir l’unité , en incluant d’une manière stable les différents mouvements sociaux et les secteurs syndicaux sans attendre l’aval des bureaucratie ou leur bon vouloir pour donner consistance à un véritable front social, démocratique et populaire tournée vers l’action. L’unité en ce qui concerne les forces politiques doit être sans exclusive mais sans concessions sur le fond : 1) l’unité pour la défense des revendications sociales et démocratiques immédiates de l’ensemble du peuple sans restreindre la lutte actuelle à des objectifs limités : libération des détenus, arrêt de la répression, solidarité avec le Rif. 2) l’unité sur la nécessité de construire un rapport de force sur la durée par les mobilisations jusqu’à la satisfaction des revendications. 3) l’unité sur la nécessité de respecter l’indépendance organisationnelle du Hirak, des mouvements populaires et de leurs structures propres.

    - L’enjeu est de surmonter les inégalités de rythmes, la diversité des configurations sociales et culturelles, faire face aux manœuvres du pouvoir, imposer le droit de manifestation. Mais si des « temps forts « nationaux sont nécessaires, nous ne pouvons oublier une leçon du M20F : des manifestations massives et régulières ne suffisent pas à déplacer le rapport de force. Il nous faudra, chemin faisant, développer des formes de luttes qui impulsent la désobéissance généralisée, les occupations des espaces publics, les arrêts et grèves sur les lieux de travail.

    - Il y a également un enjeu de solidarité internationale. Si la lutte du Rif a une relative visibilité médiatique sur le plan international, l’axe essentiel ne peut se réduire à mobiliser les communautés immigrés, les réseaux militants marocains existants, il faut mener une bataille de longue haleine et publique, visant inclure les forces progressistes des pays en question, dans le soutien concret au combat populaire et contre les complicités des Etats avec le pouvoir en place. Il s’agit de traquer le régime au niveau de ses appuis internationaux étatiques, de construire un courant d’opinion publique solidaire, de briser l’image d’un roi moderne qui camouffle une tyrannie réelle et un système maffieux.

    Rassembler la gauche de lutte

    Dans l’ensemble de cette séquence, Les courants de la gauche radicale et de lutte devraient s’unir sans préalables ou conditions. Cette unité ne peut se limiter à se coordonner ponctuellement dans des initiatives conjoncturelles de soutien à la mobilisation. L’enjeu est que se développe une expression politique commune permanente dans les batailles explicites ou implicites à venir et autour de quelques repères fondamentaux : aucune solution aux revendications populaires n’est possible sans une large mobilisation unitaire et combative, sans la perspective d’un affrontement majeur avec le pouvoir de la minorité maffieuse et prédatrice, sans mettre fin au makhzen et à toutes ses institutions. Nul ne peut se substituer au peuple et aux exploités dans la lutte pour la justice sociale, la dignité et la liberté ou décider à leur place ou parler en leur nom. Nous luttons pour que le mouvement populaire se représente lui-même, construit ses organes de lutte et de décisions en toute indépendance du pouvoir, ses relais et des partis, et mène la lutte jusqu’au bout pour la fin du règne de l’austérité, de la Hogra et de la matraque. Qu’ils soient organisés ou non, il s’agit de rassembler tous ceux et celles qui luttent pour une société sans discrimination et oppression, tournée vers la satisfaction des besoins sociaux, les libertés collectives et individuelles, des droits pour tous et toutes et l’égalité effective, tous ceux et celles qui luttent pour une autodétermination démocratique et sociale du peuple, une répartition égalitaire des richesses, pour agir ensemble, ici et maintenant. Quelque soient les différences passées ou actuelles, l’émergence d’un pôle dans la lutte clairement progressiste et radical est un atout pour la défense des intérêts généraux des classes populaires, la dynamique de la mobilisation, et la construction à terme d’une alternative politique plus crédible.

    Cette unité ne signifie pas masquer nos différences, mais à partir d’un socle commun défendue publiquement, nous pouvons les discuter sereinement, en partant des enjeux concrets et possibilités de la lutte. Nous ne pouvons prétexter la présence massive de AWI et de tactiques différentes vis-à-vis de ce courant pour paralyser l’expression collective, unitaire et indépendante de la gauche de lutte et les possibilités d’interventions communes. Nous ne pouvons non plus nous borner à construire des cartels d’organisations alors que l’enjeu pour une victoire réelle est que naisse un mouvement de masse indépendant, auto organisé, coordonné démocratiquement et qui compte sur ses propres forces. La gauche de lutte doit s’appuyer avant tout sur le peuple et les catégories populaires qui restent aujourd’hui majoritairement peu ou pas organisées. C’est aussi cela la leçon du Rif. La gauche de lutte doit aider que s’exprime une radicalité, non pas minoritaire mais de masse, évitant le piège de ceux, qui affolés devant les batailles qui peuvent venir, cherche encore une fois les compromis qui donneront une bouée d’oxygène au pouvoir actuel et à la perpétuation de la situation telle qu’elle est. C’est aussi cela la leçon du Rif. La gauche de lutte doit aider à ce que s’affirme un combat global qui vise à obtenir la victoire, loin des stratégies de pression, de calculs tactiques et de démonstration de force où se marchandent d’éventuels compromis ou retrait de la lutte demain. En tout état de cause, ne répétons pas l’erreur du M20F où les courants militants politiques et sociaux de la gauche de lutte sont entrés dans la bataille en rang dispersés et divisés, sans capacité de peser dans l’élargissement aussi bien du rapport de force que des perspectives d’émancipation sociale et démocratique. Notre responsabilité est collective et elle est clairement engagée vis-à-vis de notre peuple. La gauche réelle en sortira renforcée et reconnue où durablement défaite.

    Chawqui Lotfi

    note:

    [1L’envoi d’une délégation interministérielle après la manifestation du 18 mai supposée faire la démonstration que le gouvernement cherche des solutions a été accueillie comme il se doit. Un ouvrier du port de Hoceima a expliqué au ministre de l’agriculture et de la pêche, qu’il n’avait pas le temps d’écouter (ses balivernes). Le ministre de l’éducation a été accueilli par des manifestations, les étudiants l’obligeant à se présenter au milieu d’eux et à répondre à leurs interventions, le faisant quitter précipitamment les lieux. Le ministre de l’intérieur visitant une zone marquée par un conflit issue de l’expropriation de paysans dans la province de Hoceima , a été encerclé par les habitants devant son refus de s’expliquer devant eux tous, en plein air et face aux médias. Les habitants ont bloqué aux milieux de slogans son hélicoptère pendant deux heures. Ces faits peuvent apparaitre anecdotiques mais révèlent un fait : la fracture entre les élites et le peuple, le recul de la peur, l’insolence rebelle des pauvres quand ils ont conscience de leurs droits.

    http://taharour.org/

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article41302

    Lire aussi:

    Maroc : contre le chômage et la pauvreté mobilisation dans le Rif (Lutte Ouvrière)

     

  • « 1967 Une agression planifiée depuis longtemps par Israël » (Dossier)

    Alain Gresh Spécialiste du Proche-Orient, directeur de la revue Orient XXI
    Alain Gresh Spécialiste du Proche-Orient, directeur de la revue Orient XXI
     

    Guerre des Six-Jours. Dans un entretien, Alain Gresh évoque le climat qui règne alors en France et la position de De Gaulle, qui, contre tous les partis à l’exception du PCF, condamne l’attitude de Tel-Aviv.

    Le 5 juin 1967 éclatait ce qu’on a ensuite appelé la guerre des Six-Jours. Dans quel contexte se produisent ces événements ?

    Alain Gresh Personnellement, je n’utilise pas le terme de guerre des Six-Jours parce que c’est un terme israélien qui renferme un certain mépris vis-à-vis des pays arabes. En 1967, on est en pleine guerre froide, en pleine guerre du Vietnam.

    C’est un affrontement soviéto-américain et, au Proche-Orient, un affrontement politique entre un courant nationaliste-révolutionnaire, représenté par Nasser en Égypte et le parti Baas en Syrie, et les pays arabes réactionnaires représentés par l’Arabie saoudite d’un côté et Israël de l’autre.

    La guerre israélo-arabe de 1948 s’est terminée par des accords d’armistice, pas par des accords de paix. Il y a des conflits permanents notamment entre Israël et la Syrie dans la zone démilitarisée. En 1966, une fraction radicale du parti Baas a pris le pouvoir à Damas, qui proclame la nécessité de libérer la Palestine. Ce qui inquiète les Israéliens. Les tensions sont fortes, l’aviation israélienne abat des avions militaires syriens. C’est donc une période particulièrement tendue et l’Égypte de Nasser décide de fermer le détroit d’Akaba et de demander le retrait des troupes de l’ONU qui stationnent là depuis la guerre de 1956. Jusqu’en 1956, ce détroit était fermé aux navires israéliens.

    Un des résultats de la guerre de 1956, une guerre d’agression israélo-franco-britannique, est d’obtenir l’installation des forces des Nations unies qui permettent, entre autres, le passage des navires israéliens. Dans le cas de cette escalade entre Israël et les pays arabes, Nasser demande à l’ONU de retirer partiellement ses troupes. En fait, elles vont être retirées totalement. En solidarité avec la Syrie, le président égyptien va faire entrer une partie de son armée dans le Sinaï.

    À partir de là, il va y avoir une campagne de presse, notamment en France, disant qu’Israël est encerclé.

    Et, le 5 juin 1967, Israël détruit au sol l’aviation égyptienne et syrienne, ce qui est le déclenchement des hostilités. Au départ, les Israéliens affirment que ce sont les Égyptiens qui ont attaqué. France Soir titre même sur l’attaque égyptienne et l’on sait aujourd’hui que c’est faux. Mais l’argument qui va prévaloir est qu’Israël était menacé d’extermination. En France, il y a une véritable émotion autour de cette question. On assiste à de grandes manifestations de soutien à Israël. Or on sait par les archives et les déclarations des généraux israéliens qu’à aucun moment ils n’ont cru qu’ils étaient menacés d’extermination ! C’est une guerre qu’Israël a planifiée depuis très longtemps pour reconquérir Jérusalem et l’ensemble de la Palestine historique. L’armée égyptienne est vaincue très rapidement, l’armée syrienne aussi. Israël sort grand vainqueur de cette guerre, a la main sur la Palestine historique, occupe le Golan et le Sinaï.

    Un des résultats de cette guerre de 1967, n’est-ce pas le lancement d’une politique de colonisation des territoires palestiniens par Israël ?

    Alain Gresh Ce qui est caractéristique de la politique sioniste depuis ces années, c’est la politique du fait accompli. L’idée fondamentale est que toute la Palestine est juive, donnée par Dieu. Même pour des gens qui sont des laïques et des athées. Ensuite, ils jouent avec le rapport de forces. Dès qu’ils le peuvent, ils font un pas en avant. C’est comme ça que la colonisation s’est développée après 1967. Il faut rappeler qu’il existait déjà une politique de colonisation interne à l’égard de la minorité arabe israélienne notamment par la confiscation des terres. Ça va se développer petit à petit en Cisjordanie et dans le Golan. Au départ, des raisons militaires sont invoquées mais, très vite, les colonies se répandent. Pour les travaillistes qui sont au pouvoir de 1967 à 1977, il y a l’idée qu’il faudra un accord avec la Jordanie. Après 1977, avec l’arrivée au pouvoir de la droite et de Menahem Begin, la colonisation va se poursuivre pour ne plus s’arrêter.

    En 1967, au moment de la guerre, les pays occidentaux soutiennent Israël, mais la France se démarque de cette position ?

    Alain Gresh C’est une décision prise essentiellement par le général de Gaulle. Durant la crise qui a précédé la guerre, la France essaie de jouer les médiateurs. De Gaulle reçoit des émissaires arabes à qui il demande de ne pas déclencher le conflit et fait de même avec le ministre israélien des Affaires étrangères. Et quand Israël déclenche quand même le conflit, la France, ou plutôt de Gaulle, va condamner. Il va décréter un embargo sur les armes. Ce qui est important puisque, jusqu’en 1967, la France est le principal fournisseur d’Israël, notamment des Mirage. En même temps, pour montrer qu’il n’est pas anti-israélien ou antisioniste, il va fournir les pièces de rechange à l’aviation israélienne. Il condamne car il pense que c’est une guerre d’agression qui va rendre plus compliquée la situation dans la région. L’histoire va lui donner raison. Il le fait contre l’opinion publique et contre l’ensemble de la classe politique, y compris les gaullistes qui sont pour la plupart pro-israéliens, à l’exception du Parti communiste français (PCF), qui est le seul à mettre en garde et à dénoncer la politique israélienne.

    Ce revirement de la politique française est-il de circonstance ou est-ce un véritable changement dans la durée ?

    Alain Gresh Il faut prendre en considération la vision de De Gaulle sur la Méditerranée et les relations avec le monde arabe. Dès la fin de la guerre d’Algérie, il va faire un effort pour développer les relations avec l’Algérie indépendante, avec l’Égypte de Nasser… Évidemment, il considère aussi les intérêts économiques et politiques de la France. Il ne voit pas seulement le cas israélien. Sinon, une fois de Gaulle parti, cette politique aurait changé. Or une des choses étonnantes est que, globalement, avec des nuances, la politique qu’il lance en 1967 va être celle de ses successeurs, indépendamment des sensibilités des uns et des autres. Il est vrai que lorsque Mitterrand arrive à la présidence, les Israéliens ont beaucoup d’espoirs sur l’amélioration des relations. Ce sera le cas mais ça ne changera rien fondamentalement. Giscard a ainsi inscrit dans le marbre une politique avec la déclaration de Venise. C’est une déclaration faite en 1980 par les six pays européens qui fixe deux principes pour toute solution : le droit à l’autodétermination des Palestiniens et la négociation avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Cela va rester même sous Mitterrand, malgré son syndrome pro-israélien. Ce sont ces principes qui vont permettre la négociation entre Israéliens et Palestiniens. Ce qui montre le rôle que la France peut jouer politiquement en fixant des orientations qui correspondent aux principes du droit international. C’est ce qui, à l’époque, explique le rayonnement de la France dans la région.

    On a néanmoins le sentiment que, depuis, il y a un véritable rapprochement de la France vis-à-vis de la politique israélienne…

    Alain Gresh Il y a un véritable tournant qui commence après 2003, même si Chirac reste sensible à la question palestinienne. Mais, avec Sarkozy et Hollande, on assiste à ce que j’appelle un « tournant silencieux ». Les responsables français affirment que la politique n’a pas changé : pour un État palestinien, condamnation de la colonisation… Mais, en fait – et c’est nouveau –, on développe les relations bilatérales avec Israël comme si la question de la Palestine n’existait pas. Avant, ces relations bilatérales dépendaient, d’une certaine manière, de ce qu’Israël faisait en Palestine. Nicolas Sarkozy disait que, pour avoir une influence, il fallait être gentil avec Israël. Mais, à la fin de son mandat, il a reconnu que cette politique était une erreur en traitant Benyamin Netanyahou de menteur. François Hollande est allé encore plus loin dans cette politique avec cette fameuse rencontre avec Netanyahou et son chant d’amour pour Israël (allusion à une soirée privée dont on a néanmoins pu voir des images sur YouTube, très certainement postées par les Israéliens, où l’on voit le président français dire son « amour » pour Israël – NDLR). En fait, c’est le retour à l’idée occidentale, à l’Otan. Israël fait partie du camp occidental, nous sommes en guerre contre l’islam et le terrorisme, et Israël est notre allié. Une argumentation que l’on retrouve aussi bien à droite (LR) qu’au PS. Là est le véritable tournant. Il est presque difficile à combattre parce que l’idée qui est développée est de laisser Palestiniens et Israéliens négocier seuls. Comme si au moment de l’invasion du Koweït par l’Irak on avait dit que l’émir koweïtien devait négocier seul avec Saddam Hussein. Et puis, il y a cette capitulation de la France. Nous sommes dans l’Otan, nous n’avons jamais été aussi suiviste des États-Unis. De Gaulle a pourtant montré que la France pouvait avoir une volonté politique et jouer un rôle.

     
    Entretien réalisé par Pierre Barbancey
    Mercredi, 7 Juin, 2017
    L'Humanité

    http://www.humanite.fr/

    Un chant d’amour et une bande dessinée

    Sans doute inspirés par les déclarations de François Hollande qui, en privé, a déclamé son amour pour Israël devant Benyamin Netanyahou, Alain Gresh et Hélène Aldeguer viennent d’éditer un ouvrage assez remarquable, car il propose en même temps une bande dessinée de qualité et un texte aussi didactique qu’agréable. Même ceux qui pensent connaître cette histoire, qui s’étend de 1967 à 2017, sont étonnés de découvrir des informations assez peu révélées. Comme par exemple cette chanson commandée à Serge Gainsbourg mais jamais enregistrée, dans laquelle il affirme être prêt à aller se battre pour Israël ! Plus sérieusement, on se plongera dans l’atmosphère d’une époque pas si révolue. Un livre à mettre entre toutes les mains.

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