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  • Égypte : inflation, répression et… Rafale (Lutte Ouvrière)

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    La nouvelle ministre des Armées, Sylvie Goulard, s’est rendue au Caire le 5 juin pour représenter les intérêts des marchands de canons français.

    Le service après-vente concernant les 24 Rafale, la frégate Fremm et les deux porte-hélicoptères Mistral, pour plus de 6 milliards, demande en effet au minimum la visite de courtoisie d’un membre du gouvernement créancier, après l’élection du nouveau président.

    Après l’Inde, l’Égypte est en effet le deuxième client pour ces engins de mort à 101 millions d’euros pièce, à égalité avec le Qatar. Entretenir les relations avec la clientèle, c’est ce qu’avaient fait Sarkozy et Hollande, c’est ce que continue Macron. L’ex-maréchal Sissi, qui dirige l’Égypte d’une main de fer, a d’ailleurs fait état d’une conversation téléphonique au cours de laquelle Macron lui-même, présentant comme il se doit ses condoléances suite à l’attentat de Daech contre les chrétiens coptes d’al-Minya, aurait mentionné l’urgence de la coopération entre les deux pays face au terrorisme.

    En fait, les 30 morts d’al-Minya ont surtout servi d’occasion aux deux chefs d’État pour renouveler les paroles hypocrites qui recouvrent un renouvellement d’alliance diplomatique. Dans le jeu du Moyen-Orient, la bourgeoisie française tient à garder en main une carte égyptienne, comme elle le fait depuis longtemps, en concurrence avec la Grande-Bretagne et bien sûr les États-Unis. L’évolution des rapports de force entre puissances régionales exige cette réaffirmation, du point de vue des intérêts de l’impérialisme français.

    Mais, du point de vue des intérêts des 90 millions d’Égyptiens, la visite de la ministre a dû passer d’autant plus inaperçue que les préoccupations sont ailleurs : l’inflation a atteint en avril le taux de 33 %, et 44 % pour les produits alimentaires, auxquels la majeure partie des familles populaires consacrent près de la moitié de leurs revenus. La récente mise en place de la TVA et la baisse des subventions sur les carburants ont aggravé le problème, et il est question, pour répondre aux demandes de réformes du FMI, d’une nouvelle diminution de ces subventions.

    Il n’est donc pas étonnant que, fréquemment, des travailleurs entrent en lutte pour réclamer des salaires en retard ou bien des renouvellements de contrats avec davantage d’heures. Le 4 juin, 32 travailleurs de la Compagnie des ciments de Tourah, au sud du Caire, ont été condamnés à trois ans de prison au cours d’un simulacre de jugement. Ils avaient participé depuis le 15 mai à des sit-in pour des contrats à plein temps. Une pétition de soutien, présentée par plusieurs syndicats indépendants du pouvoir et quelques personnalités de l’opposition politique, circule tant bien que mal. Une loi d’août 2015 « contre le terrorisme » favorise la répression des manifestations, et permet en particulier de qualifier de criminelle toute grève ouvrière. L’interdiction récente d’accéder à un site Internet d’information indépendant du pouvoir, celui de Mada Masr où les débrayages et protestations ouvrières étaient relatées, va dans le même sens.

    Cela n’empêche apparemment pas Mme Goulard de dormir et encore moins de faire faire des affaires à Dassault, DCNS et Thales.

    Viviane LAFONT 07 Juin 2017
     
  • Crise entre les monarchies réactionnaires du Golfe Campagne d’isolement du Qatar (Essf)

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    Le 4 juin, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabe Unis et l’Egypte (suivis, quelques heures plus tard, par Bahreïn, le Yémen, les Maldives, la Mauritanie et le gouvernement dissident libyen) ont rompu leurs relations avec l’émirat du Qatar

    pour les liens qu’entretient, selon eux, Doha avec “des organisations terroristes et des groupes confessionnels cherchant à déstabiliser la région, parmi eux les Frères musulmans, l’Etats Islamique, et al-Qaïda », sans oublier le maintien de relations avec la République Islamique d’Iran, malgré des divergences.

    La crise intervient en effet une semaine après une vive polémique suscitée par des propos attribués à l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, où il aurait critiqué la volonté de Riyad d’isoler diplomatiquement l’Iran tout en prenant la défense du Hezbollah et des Frères musulmans, tous deux considérés comme des groupes terroristes par Riyad. Doha a par été ailleurs exclu de la coalition militaire arabe mené par Ryad contre l’alliance des Houtistes, soutenu par l’Iran et de l’ancien dictateur Ali Abdallah Saleh, tandis la diffusion des médias qataris, comme al-Jazeera, ont été interdits dans la majorité des pays ayant rompu leurs relation avec le Qatar.

    Quelques jours après, l’Arabie saoudite et ses alliés, avaient publié une liste de “terroristes” soutenus, selon eux, par Doha. Cette liste répertoriait 59 personnes et 12 entités “liées au Qatar et au service d’un programme politique suspect du Qatar”. Parmi elles figuraient des responsables ou des organisations originaires d’Egypte, du Bahreïn ou de la Libye, comme le leader spirituel des Frères Musulmans et d’une association de religieux sunnites, Youssef al-Qaradawi. Les Etats arabes du Golfe n’ont émis aucune demande publique au Qatar, mais une liste qui a circulé comprend la rupture des relations diplomatiques avec l’Iran, l’expulsion de tous les membres du mouvement palestinien du Hamas et du mouvement des Frères musulmans, le gel de tous les comptes bancaires des membres du Hamas, la fin du soutien aux “organisations terroristes” et la fin de l’ingérence dans les affaires égyptiennes.

    L’émir du Qatar, M. Al-Thani, a assuré que son pays pouvait tenir “éternellement” malgré les sévères restrictions aériennes et maritimes imposées par ses voisins et la fermeture par l’Arabie saoudite de sa seule frontière terrestre, par lequel transite 40% de son approvisionnement alimentaire. Le riche émirat a par ailleurs affirmé qu’il était en mesure de garantir ses accords de livraison de gaz naturel liquéfié (GNL) et de pétrole, qui lui procurent plus de 90% de ses recettes. Une semaine après le déclenchement de la crise, le Qatar rejetait à nouveau toutes les accusations et affiché sa volonté de ne pas fléchir sous la pression. Le ministre qatari des Affaires étrangères cheikh Mohammad ben Abdel Rahman Al Thani, en tournée européenne pour “informer” les pays “alliés et amis” de la crise, a dénoncé les mesures “iniques” et “illégales” imposées par des pays du Golfe et l’Egypte à son pays. Le ministre a également nié les allégations de soutien au mouvement des Frères musulmans et ne comprenait pas pourquoi il fallait rompre les relations politiques avec le Hamas, puisqu’il s’agissait d’un mouvement de résistance et non d’un groupe terroriste comme le ministre des affaires étrangères saoudien avait déclaré. Le Qatar cherche néanmoins à trouver des soutiens internationaux pour rompre son isolement et a appelé à “un dialogue ouvert et honnête” avec l’Arabie Saoudite pour sortir de cette crise.

    Depuis la campagne d’isolement du Qatar, l’Iran s’est empressé d’envoyer des tonnes de produits alimentaires depuis une semaine à l’émirat du Qatar. Téhéran a envoyé cinq avions chargés de 90 tonnes de fruits et légumes, et 350 tonnes de fruits et légumes ont également été chargées sur trois petits bateaux. La Turquie de son côté a accéléré l’envoi de troupes militaires, augmentant le nombre de soldats dans l’émirat de 100 à 3000 soldats, prévues depuis longtemps dans l’émirat. Le président turc Erdogan a également déclaré le 13 juin que les mesures d’isolements contre le Qatar sont une violation des valeurs islamiques.

    Cette crise provoque l’embarras de nombreux pays étrangers, dont les Etats-Unis malgré les déclarations du président états-unien Trump au début de la crise soutenant la position saoudienne contre le Qatar, qui hébergent la plus grande base aérienne américaine dans la région, forte de 10.000 hommes et siège du commandement militaire américain chargé du Moyen-Orient. Cette base est cruciale pour le combat de la coalition internationale menée par les Etats Unis contre le groupe EI en Syrie et Irak. Des efforts diplomatiques impliquant Washington, Paris et Koweït se sont intensifiés pour contenir la crise dans le Golfe.

    Gonflés par la visite de Donald Trump il y a peu à Riyad, où le président américain s’est complètement aligné sur la doctrine saoudienne visant à endiguer l’Iran dans la région, les Saoudiens en profitent pour faire le ménage au sein de leur camp contre tout état ne suivant pas complètement sa ligne politique. Le Qatar a poursuivi sa propre politique régionale depuis longtemps, renforcé par un coup d’état en 1995 par le Sheikh Hamad bin Khalifa al-Thani, agaçant son voisin saoudien, mais ce sont les stratégies politiques différentes dans le cadre des processus révolutionnaires de la région débuté à la fin de l’année 2010 et début 2011 de l’Arabie Saoudite et de son allié des Emirats Arabes Unis d’un côté et du Qatar de l’autre qui ont progressivement fait éclaté ces tensions provoquant une crise sans précédent. L’Arabie Saoudite et ses alliés ont généralement soutenu les anciens régimes contre toute forme de protestation, à l’exception de la Lybie et de la Syrie (à cause de son alliance avec l’Iran et soutenant les formes les plus réactionnaires de l’opposition), tandis que le Qatar a soutenu le mouvement des Frères Musulmans et d’autres mouvements fondamentalistes islamiques contre les anciens régimes, à l’exception du cas du Bahrain où le Qatar comme le reste des monarchies du Golfe s’était opposé à la révolte populaire.

    Une première crise avait déjà éclaté en 2014 avec le retrait des ambassadeurs de l’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis, et du Bahrain du Qatar en Mars de cette année sous le prétexte que Doha menaçait la sécurité régionale. La crise s’était résolu par un accord entre ces différents états, mais les promesses du Qatar n’ont pas été respecté, comme l’arrêt du soutien au mouvement des Frères Musulmans et d’autres mouvements fondamentalistes islamiques dans la région, comme en Syrie ou en Lybie. C’est pourquoi aujourd’hui, l’Arabie Saoudite et ses alliés exigent un “engagement politique” du Qatar incluant le respect de promesses faites lors d’une première crise en 2014, ainsi qu’une “feuille de route” avec des “mécanismes clairs” de mise en œuvre. Il y avait néanmoins eu une forme d’apaisement entre le Qatar et l’Arabie Saoudite après l’arrivée au pouvoir en janvier 2015 du roi Salmane d’Arabie saoudite, moins hostile que son demi-frère Abdallah aux Frères musulmans. Au nom de l’unité d’un « camp sunnite », par opposition a un « camp chiite » mené par l’Iran, Riyad a arbitré les conflits entre Doha, Abou Dhabi et Le Caire, tandis que le Qatar participait à la coalition saoudienne au Yémen. La continuation de la politique indépendante du Qatar a eu raison de la patience du royaume saoudien.

    Dans cette crise politique entre états réactionnaires, il faut bien sûr dénoncer l’opportunisme politique et les mensonges de l’Arabie Saoudite et ses alliés dans leurs campagnes d’isolement et de pressions contre le Qatar. Ces Etats sont des dictatures qui répriment toute forme d’opposition. Ces Etats sont des dictatures qui répriment toute forme d’opposition. L’idéologie réactionnaire wahabite est promeut par le royaume saoudien à travers le monde, inspirant des groupes jihadistes, salafistes et fondamentalistes islamiques. Pour autant, cette réalité ne doit par contre nous mener à une forme d’idéalisation ou d’angélisme envers l’émirat du Qatar, qui est également une dictature promouvant la même idéologie réactionnaire wahabite.

    Malgrél ces divergences politiques, toutes ces dictatures ont un agenda contre révolutionnaire par leurs soutiens à des anciens régimes et ou des forces islamiques fondamentalistes. Toutes ces monarchies sont en opposition totale aux objectifs des soulèvements populaires pour la démocratie, la justice sociale et l’égalité et ne cherchent qu’à renforcer leurs intérêts politiques à travers le soutien à différents acteurs. Ryad et Doha soutiennent les deux des politiques impérialistes, néo-libérales et autoritaires, traitent la grande majorité de leurs travailleurs- euses, comme des esclaves modernes, particulièrement étrangers. Sans oublier une diffusion d’un discours confessionnel rivalisant de haine, tout en promouvant une vision rétrograde de la société et des droits des femmes.

    Face à cette crise entre états réactionnaires, souhaitons la chute de leurs élites et la libération des peuples de la région.

    Joseph Daher

    https://syriafreedomforever.wordpress.com/

    http://www.europe-solidaire.org/

     

    Lire aussi:

    Dangereuses reconfigurations au Moyen-Orient (Révolution Permanente)

    Profil bas pour le Qatar, par Alain Gresh (Le Monde Diplomatique, juin 2016)

    Qatar et Arabie saoudite : crise entre deux alliés de l’impérialisme (Lutte Ouvrière)

     

  • Le “Hirak” dans le Rif marocain continue sa résistance et la contestation s’étends ! (ESSF)

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    Depuis plus de six mois, un mouvement de contestation populaire massif s’est développé dans la région du Rif au nord du Maroc, et a culminé par un rassemblement de plusieurs dizaines de milliers de manifestant·e·s à dans la ville de al-Hoceima le 18 mai dernier.

    Tout a débuté en octobre 2016 lorsqu’un jeune pêcheur, Mohsen Fikri, a été broyé dans une benne à ordures à al-Hoceima. Les populations locales du Rif se sont alors organisées dans des comités locaux, demandant le jugement des responsables de ce décès et de celui de cinq autres Rifains tués dans une agence de la Banque Populaire lors des manifestations populaires du 20 février 2011. Le mouvement de protestation réclame aussi la levée de la militarisation de la province d’al-Hoceima, l’arrêt des poursuites et du harcèlement contre les petits paysans, la libération de tous les prisonniers·ères politiques du Rif et l’augmentation et l’amélioration des services de santé, d’éducation, culturelles, et les infrastructures qui font défaut dans la région.

    Contre les politiques d’austérités

    Ces mobilisations sont le résultat de l’autoritarisme de la monarchie marocaine et surtout des politiques néolibérales destructrices au niveau social pour les classes populaires, encouragées et imposées par les institutions financières et commerciales internationales et les gouvernements des puissances impérialistes. Cela s’est en effet traduit par des politiques démolissant le tissu productif, par le pillage des ressources maritimes et forestières, la faiblesse des principaux services publics et l’absence d’emploi pour les jeunes.

    Ces dynamiques populaires sont également liées à la question Amazigh au Maroc, dont la région du Rif est peuplée. En plus de la justice sociale et la dignité, les manifestant·e·s demandent en effet que les services locaux de la fonction publique recrutent des habitant·e·s de la région, et l’adoption de l’amazigh comme langue de l’administration locale. Les autorités monarchiques ont en effet l’habitude d’envoyer des fonctionnaires et policiers d’autres régions du Maroc non Amazigh pour contrôler et intimider les habitant·e·s locaux, souvent en toute impunité. Le Rif a d’ailleurs des spécificités historiques, longtemps exclu par la monarchie, il a une longue histoire de résistance : de la création de la République du Rif avec Abdekrim el Khattabi, au soulèvement au lendemain de l’indépendance contre le pouvoir central, au cœur des révoltes contre les politiques d’ajustement structurel, particulièrement mobilisé durant le M20 Février. Le drapeau amazigh est d’ailleurs très présent dans les manifestations, associés aux slogans sociaux et démocratiques contre les autorités centrales de Rabat.

    L’Etat autoritaire marocain tente de son côté de réprimer et diffamer le mouvement de contestation pour qu’il ne soit pas suivi dans d’autres villes et régions du Maroc qui vivent dans les mêmes conditions de marginalisation, de paupérisation et de répression. Le pouvoir présente notamment les manifestant-es comme des « séparatistes » financés par l’étranger qui contestent l’autorité et l’intégrité territoriales. La répression est également très dure de la part des forces répressives et « balatgias » (voyous employés par le régime) contre les manifestant.es.

    Ces politiques répressives et autoritaires n’ont néanmoins pas permis de mettre fin au mouvement, qui s’étends même avec des discours et mobilisations de soutien en faveur du mouvement populaire dans le Rif à travers plusieurs villes du pays. Le 28 mai au soir, des rassemblements de solidarité ont eu lieu dans plusieurs villes (Tanger, Nador, Marrakech, M’diq), y compris devant le parlement à Rabat, avec le mouvement du Rif. Plus de 40 personnes du « Hirak » ont été arrêtées par les autorités depuis le début du mouvement du Rif, dont Nasser Zefzafi, le leader de la contestation populaire, incarcéré le 29 mai sous prétexte qu’il avait 3 jours plus tôt interrompu le prêche de l’imam à la mosquée qui accusait les manifestations d’apporter la « fitna » (discorde) dans le Royaume. Le soir même de son arrestation, près de 3000 manifestant·e·s réclamaient sa libération dans les rues d’al-Hoceima et « la liberté, la dignité et la justice sociale ». D’autres manifestations ont également eu lieu dans la région, plus précisément à Nador et dans les villes d’Atroukoute et Imzouren. Ce mouvement de contestation populaire s’est poursuivi toute la semaine.

    Le vendredi 2 juin, une grève générale a été lancée depuis la ville d’Al-Hoceïma à l’initiative du « hirak », contre les politiques autoritaires du gouvernement et la libération des activistes du mouvement incarcérés. La grève a été suivi dans plusieurs villes proche d’Al-Hoiceima. Les prêches officiels dans les mosquées ont également été boycottés dans al-Hoceima et ses environs. Cette journée fut marqué par de nombreux affrontements entre manifestant-es et forces répressive de l’état.

    Le 5 juin, c’était le tour de deux membres de premier plan du « Hirak » (mouvement) d’être arrêtés : Nabil Ahamjik, considéré comme le numéro deux du mouvement, et Silya Ziani, l’une des nouvelles figures des manifestations. Ces arrestations n’ont qu’attiser la colère de plusieurs milliers de manifestant-es qui continuent de se réunir chaque soir à Al-Hoceima et ses environs.

    La contestation est loin d’être finie, et la détermination des manifestant-es du Rif persiste. La solidarité se développe en même temps progressivement à travers le pays, malgré les tentatives de la monarchie marocaine d’empêcher tout effet boule de neige à travers le pays. L’extension est la clé de la réussite et de la survie du mouvement. On a notamment observé des manifestations et grèves dans plusieurs villes du pays ces derniers jours pour protester contre leurs marginalisations économiques et sociales. Le 6 juin, une grève et des manifestations ont par exemple eu lieu dans la ville de Imintanoute, proche de Marrakech, contre le coût élevé des factures d’eau et d’électricité qui ont augmenté de plus de 50 %, en plus d’autres revendications sociales et économiques comme la construction d’un hôpital. La contestation continuait dans la ville.

    Solidarité avec la lutte pour la liberté, la dignité et la justice sociale des classes populaires du Rif et du Maroc !

    Joe Daher mercredi 7 juin 2017

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    http://www.europe-solidaire.org/

     

    Lire aussi:

    Au Maroc, le «Hirak» des manifestants de la région du Rif gagne tout le royaume (Médiapart)

     

  • Syrie, des centres éducatifs en zone assiégée de la banlieue de Damas «pour casser la routine quotidienne de la mort» (A l'Encontre.ch)

    Garderie d’enfants bombardée

    Entretien avec Majd al-Dik

    En mai 2017, deux quartiers de Damas (Qaboun et Barzeh) ont été repris par le régime syrien et les habitants déportés. Par conséquent le siège s’est accru dans la banlieue de Damas, sur la Ghouta Est, et ses habitants sont à leur tour menacés de déportation. Ces déportations s’accompagnent entre autres d’une destruction du tissu social et de la vie civile, soit avec les conseils locaux d’organisation de la survie, les structures associatives, médicales, éducatives.

    Bombardés par le régime de Assad, assiégés depuis 2013, de nombreux civils syriens de la banlieue Est de Damas (la Ghouta orientale, entre 350’000 et 400’000 habitant·e·s) cherchent à organiser «la vie au quotidien». Parmi eux Majd al-Dik, qui a grandi dans la Ghouta et a pris part à la révolution syrienne, a fondé des centres éducatifs comme Nabea El-Hayat (Source de vie). Il continue de s’occuper aujourd’hui, depuis la France, de l’appui à ces centres qui offrent un soutien psycho-social aux enfants. Cet entretien témoigne d’un aspect de la lutte pour la vie dans la Ghouta. Il a été publié dans le n° 9 de la revue de l’Emancipation syndicale et pédagogique. L’entretien a été effectué par Laure Jinquot. La traduction a été assurée part Luiza Toscane. (Avril 2017)

    Comment t’est venue l’idée de fonder un centre éducatif et psychologique?

    Majd al-Dik: En 2007, j’ai travaillé pour le projet “Child Friendly Spaces”, mené par le Croissant-Rouge et l’Unicef à destination des enfants irakiens réfugiés en Syrie. Avec la révolution syrienne, la répression et les bombardements, j’ai vu que ce qui se passait avec les enfants syriens, c’était comme ce qui se passait avec les enfants irakiens.

    On a eu ce rêve de développer un projet éducatif, mais pas comme l’éducation officielle sous la dictature de Assad, un projet alternatif. Les écoles avaient souffert de deux choses : les bombardements et les salaires qui n’étaient plus payés aux instituteurs.

    Le premier centre a ouvert en 2013. Au début, il ne devait être que provisoire. Aujourd’hui Nabea El-Hayat a neuf centres pour enfants. En parallèle à l’enseignement, nous avons mis en place un soutien psychologique et une aide alimentaire pour les enfants.

    Comment s’organise la journée pour les enfants?

    Majd al-Dik: Les enfants arrivent à 9h. Quand tous sont à la porte du centre, nous regardons s’il y a des avions ou non, nous évaluons si la situation est dangereuse pour que, si besoin, les enfants puissent repartir. Mais l’école est en général plus sûre que les maisons. Il y a trois ou quatre jours, il y a eu 90 survols d’avions dans la journée. On faisait chanter les enfants pour qu’ils n’entendent pas le bruit des avions.

    La matinée commence toujours par une activité avec des jeux, pour que les enfants oublient, afin qu’ils puissent ensuite se concentrer. De façon générale, l’enseignement n’est pas traditionnel, il y a toujours une part de jeu qui y est intégrée. Il y a des jeux, beaucoup de jeux collectifs, de la musique, des activités poétiques quotidiennes. L’objectif est de voir les enfants heureux, pour casser la routine quotidienne de la mort.

    Après manger, il y a une autre séance pour que les enfants révisent ce qu’ils ont fait dans la journée. Puis nous attendons que les parents viennent chercher leurs enfants. C’est là que nous rencontrons le plus de problèmes, nous sommes souvent obligés de ramener les enfants chez eux. Si un enfant est absent, nous voulons savoir pourquoi, nous nous sentons une responsabilité. Un matin, un enfant était absent, il avait été tué chez lui à cause d’un bombardement d’avion.

    Le repas du midi est préparé sur place?

    Majd al-Dik: Non, nous avons une cuisine centrale dans le Ghouta, dans laquelle dix adultes travaillent. Ils achètent la nourriture, préparent les repas. Puis les voitures amènent les repas dans chacun des neuf centres. Il y a souvent des problèmes pour circuler, à cause des bombardements. Il y a aussi des problèmes pour trouver et acheter de la nourriture à cause du siège.

    A 9h, des enfants arrivent avec la tête qui tourne à cause de la faim, car ils n’ont rien à manger chez eux. C’est pourquoi aussi le matin, dans les centres, nous leur donnons un petit en-cas.

    Comment s’organisent les sessions?

    Majd al-Dik: Au début les sessions étaient de trois mois, mais ce n’était pas assez important pour arriver à mettre en place un suivi psychologique. Aujourd’hui, les sessions vont de quatre mois et demi à un an. Sur les neuf centres, quatre prennent en charge les petits, de quatre à six ans, et cinq écoles prennent en charge les plus grands, de sept et huit ans. Dans les deux types de centres, il y a un soutien psychologique. Chaque centre accueille 150 à 170 enfants, pour chaque session, et cela six jours sur sept.

    Les parents remplissent une fiche au moment de l’inscription pour qu’on sache qui est l’enfant. Des enfants amenés ont parfois un lourd handicap (comme des enfants sourds, à cause des bombardements, ou comme des enfants nécessitant la pose d’une prothèse). Se pose alors la question de savoir s’il faut d’abord accueillir l’enfant dans une structure d’enseignement ou d’abord le soigner. Après l’attaque chimique d’août 2013, de nombreux enfants étaient orphelins et avaient besoin d’adultes qui jouent le rôle de parent. D’autres associations prennent en charge les enfants blessés mais elles ont peu de moyens et sont aussi débordées. Nous nous sentons impuissants face à ces handicaps.

    En début de session, lors de la première période, toutes les activités sont collectives. Puis nous évaluons les enfants pour voir comment ils se comportent. Par exemple quelle est leur réaction à un bombardement: est-ce qu’ils cherchent à se réfugier à l’intérieur ou non? Puis, dans la deuxième période, nous adaptons les activités à l’état de l’enfant.

    Le soutien psychologique les aide, mais les enfants, quand ils rentrent chez eux, voient du sang dans la rue tous les jours. Nous travaillons au quotidien, mais la cause du problème est là au quotidien.

    Les centres présentent-ils des aménagements spécifiques?

    Majd al-Dik: Les centres sont localisés dans les sous-sols d’immeubles, pour qu’ils soient protégés des bombardements. En 2011, l’État a commencé à couper plusieurs fois par semaine l’accès à l’eau, l’électricité, le gaz et l’accès à internet. En 2012, les coupures ont été définitives. Pour obtenir l’électricité, la méthode alternative mise en place est l’utilisation de générateurs. Mais cela nécessite d’importer du diesel, ce qui coûte cher. Dans les centres éducatifs, nous obtenons de l’électricité grâce à des panneaux solaires. Mais l’éclairage est parfois insuffisant.

    Les locaux que nous occupons sont soit prêtés par le Conseil local des villes soit loués à des particuliers. Les centres sont localisés dans huit villes de la Ghouta orientale contrôlées par différentes forces (l’Armée Syrienne Libre et Jaish al-Islam [qui parfois s’affrontent – réd. A l’Encontre]).

    Comment se répartit le personnel?

    Majd al-Dik: Par centre, pour 150-170 enfants environ, on compte: une directrice, quatre institutrices, quatre animatrices (pour les activités), deux personnes pour le nettoyage, une personne pour les menus travaux (réparation,…), une personne formée aux premiers secours. Il y a également un photographe, qui travaille sur plusieurs centres. Les réunions d’équipe sont quotidiennes.

    Une partie du matériel utilisé est celui qui était présent avant la mise en place du siège. Nous fabriquons aussi du mobilier (chaises, tables, tableaux…) et pouvons faire rentrer du petit matériel (stylos, livres…) par des tunnels, au niveau de points de passages. Depuis un mois, les tunnels sont fermés, le régime ayant bombardé nombre d’entre eux. Par conséquent, les taxes prélevées aux points de passage d’entrée du siège ont augmenté de 3% à 12%.

    Les salaires perçus par le personnel sont obtenus grâce à des ONG. Ces ONG, souvent internationales, passent des accords avec nous. Nous devons, en contrepartie, constituer une documentation sur ce que nous faisons.

    Aujourd’hui, nous avons trois bailleurs pour tous les centres. A chaque fois se pose la question de comment on va arriver à financer ces activités. Parfois, les financements durent trois mois, parfois un an. Le financement d’un de nos centres va s’arrêter en juin. Mon rôle est de chercher les financements. C’est le devoir du monde de protéger cette société civile.

    Nabea El-Hayat prend part à d’autres aspects de la vie civile, en plus des centres éducatifs?

    Majd al-Dik: En plus des neuf centres pour enfants, nous avons cinq centres délivrant une formation professionnelle pour les femmes: premiers secours, couture, informatique, langue, gestion de la maison en cas de blocus. Il y a environ 125 femmes par centre. Comme dans les centres pour enfants, tout est gratuit.

    Nous distribuons aussi des chèvres, à raison de quatre par famille. Ceci permet de produire du lait et maintenir une activité économique pour certaines familles. Depuis octobre 2016, nous louons des terres où sont cultivés du blé, du maïs et des légumes. Une quarantaine de personnes travaillent ces terres puis distribuent les récoltes aux familles, gratuitement toujours.

    Au total, il y a 185 personnes qui travaillent dans la Ghouta orientale dans les centres éducatifs, dans les centres pour femmes et dans l’agriculture. (Avril 2017)

    Publié par Alencontre le 9 - juin - 2017
     
  • Nouveautés "Palestine" sur Amnesty

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    Les États doivent interdire les produits en provenance des colonies israéliennes pour contribuer à mettre un terme à un demi-siècle de violations des droits fondamentaux des Palestiniens

    Israël et territoires palestiniens occupés: Appel aux États pour qu’ils cessent de soutenir des colonies illégales

  • Lyon Conférence Débat: « Les Forces Politiques Syriennes Clandestines » (Souria Houria)

    CONFERENCE DEBAT
    LES FORCES POLITIQUES SYRIENNES CLANDESTINES
    1970-2010
    Samedi 10 juin 19h,
    Maison des Passages,
    44 rue st.Georges, Lyon 69005

    Avec le militant et opposant syrien MAZEN ADI, membre dirigeant du « Parti Démocrate du Peuple en Syrie ».
    Arrêté au début du mouvement de contestation du régime syrien en Mars 2011, il a quitté la Syrie dès sa libération.

    Réfugié en France depuis 2012, il est membre fondateur du CODSSY et du mouvement Damir. Militant de la branche dissidente du Parti Communiste syrien, branche connue sous le nom du Bureau Politique présidée par Riad Turk, devenu ‘Parti du Peuple’, il rentre dans la clandestinité dès 1980.

    Raconter la complexité et la difficulté de mener une action politique dans la Syrie d’Assad père et fil un devoir de tout instant que nous avons voulu concrétiser avec la conférence d’un bon connaisseur en la personne de Mazen ADI.

    L’ayant vécue de l’intérieure et dont il était acteur majeur, le conférencier nous relatera la vie politique syrienne clandestine de 1970 au 2010.

    CISYLDComité d’Information pour une Syrie Libre et DémocratiqueAvec le soutien du « Collectif Unitaire Lyon-69 avec la Révolution Populaire Syrienne »

    Voici le lien vers la page Facebook de l’événement :

    https://www.facebook.com/events/197784684074498/


    Et le lien vers la page Facebook de CISYLD :

     https://www.facebook.com/CISLD-Comité-dInformation-pour-une-Syrie-Libre-et-Démocratique-639187106121742/

    https://souriahouria.com/

  • Les luttes LGBTIQ, mal aimées des processus révolutionnaires arabes (NPA)

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    La dimension inédite atteinte par les combats des LGBTIQ dans les pays arabes est largement liée au déclenchement des processus révolutionnaires.

    Les lignes qui suivent, extraites d’un article beaucoup plus long et détaillé, tentent de décrypter l’inscription de ces luttes dans ces processus, leurs dynamiques, leur mode d’expression et d’action.

    Avant 2010, date formelle du début des processus, existaient déjà des initiatives dans la région, notamment au Liban, au Soudan, en Algérie, dans les Territoires occupés, le sultanat d’Oman, en Syrie, au Maroc ou en Tunisie, qu’il s’agisse de blogs, d’associations ou de noyaux plus ou moins clandestins. Au plan régional, Bekhsoos (« A propos »), est une revue arabe féministe et queer, un site et une page Facebook. 

    Ces initiatives étaient contemporaines de la montée d’une série de luttes qui ont débouché sur des mouvements de rue dans l’écrasante majorité des pays arabes, ou de minorités arabes (Iran).

    Les processus révolutionnaires vont voir les LGBTIQ participer aux mouvements, manifestations et initiatives de rue dans une série de pays ; à ce stade, ils et elles se joignent à titre individuel aux soulèvements et mêlent leurs voix à celles de millions de manifestant-e-s qui veulent en découdre avec les pouvoirs en place. Leurs slogans sont ceux de l’ensemble du peuple insurgé, leurs drapeaux ceux du pays en révolution, leurs espoirs ceux de voir s’effondrer des régimes despotiques et antisociaux.

    Lors de cette phase initiale des soulèvements, ils et elles ne développent pas de revendications particulières. C’est une nouvelle génération qui n’a pas connu, ni participé aux initiatives des militants LGBT de la décennie 2000, ne serait-ce qu’en raison de son extrême jeunesse. Le caractère de masse des révolutions les inclut naturellement, alors que les associations qui avaient vu le jour dans les années précédentes avaient une dynamique concernant plus des militant-e-s confiné-e-s dans des capitales ou des villes importantes.

    Une multiplicité d’expressions

    De là va naître un triple mouvement : 

    • Une série limitée de coming out individuels qui sont de fait des actes militants, que ce soit au niveau de la famille, du lycée, du quartier ou de façon médiatisée, à la télévision, la radio, les réseaux sociaux ou des autobiographies publiées dans la région.

    • Un mouvement d’expression individuel ou collectif à travers à travers des sites, blogs, pages Facebook ou hashtags (en Algérie, Arabie Saoudite, Egypte, Bahrein, Irak, Yémen, Khouzestan d’Iran, Liban, Libye, Emirats arabes unis, Soudan, Syrie, Tunisie), une revue papier clandestine (au Maroc), des revues électroniques (Tunisie, Syrie, Algérie, Soudan, Egypte) et même une radio (radio Alouen, en Algérie).

    • Et enfin, un nouvement d’action collective, qui va se dissocier partiellement de la dynamique des révolutions. Celles-ci, qui sont nées et se sont développées dans les zones les plus éloignées des centres urbains et des capitales, rassemblent chaque jour des milliers de manifestant-e-s sur des bases largement spontanées et se heurtent à mains nues à la répression des contre-révolutionnaires. Les militant-e-s LGBTIQ, s’ils et elles sont né-e-s de ce mouvement et en utilisent la symbolique (le drapeau national), ne vont pas suivre la dynamique de ces révolutions. Ils et elles vont lutter et combattre dans les villes les plus importantes, sans occuper la rue spontanément pour des raisons faciles à comprendre. Ils et elles se regroupent et s’organisent sur leurs propres bases, créent des organisations ou des associations susceptibles de porter leurs revendications.

    Le mouvement LGBTIQ est en rupture avec la spontanéité et le caractère de masse du mouvement révolutionnaire arabe, dont il est largement issu.

    Mu-e-s par la certitude que ce mouvement ne portera pas leurs revendications, que les sociétés civiles émergentes sont parfois décevantes, ils et elles comptent sur leurs propres forces pour se battre. Les LGBTIQ vont créer leurs propres structures qui organisent l’expression, l’élaboration, la défense des droits et des revendications et développent des modes d’actions extrêmement divers, sur la forme et sur le fond.

    Ne pouvant mener des actions publiques, ces organisations, non reconnues pour l’écrasante majorité d’entre elles, développent néanmoins des activités.

    Des événements comme des défilés de mode sont parfois utilisés pour arborer le drapeau arc-en-ciel, certaines associations tentent d’organiser des initiatives en ligne comme en Arabie Saoudite (janvier 2012). En Algérie, des bougies sont allumées tous les 10 octobre, dit « Ten Ten », pour mettre en lumière les LGBTIQ. L’association Bedayaa, qui travaille quasiment dans la clandestinité, vise à venir en aide, écouter et protéger les LGBT en Egypte et au Soudan. L’association Aswat, au Maroc, lance une campagne en 2013 « L’amour pour tous », puis en 2015 la campagne « L’amour n’est pas un crime », surTwitter, pour la dépénalisation de l’homosexualité et l’abrogation des articles 489 et 490 du code pénal. La campagne se fait avec la participation de militants de la société civile, notamment de l’Association marocaine des droits humains.

    Le 10 décembre 2016, anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme,  Mawjoudin, qui lutte en Tunisie pour l’égalité et les droits des  LGBTQI, lance sur le net la campagne « Hetta houni fomma mithliyyin » (Même ici il y a des homosexuels) avec le hashtag de la ville et le nom de l’association. La campagne a un écho dans toute la Tunisie et cette association participe au débat sur les LGBT à l’occasion de la « Nuit des idées », en 2017 à Tunis.

    Les LGBTIQ s’expriment sur les murs par des campagnes de graffitis, tags ou peintures murales ; au Liban, « Support Gay Rights », « Stop Homophobia », « No homophobia, racism, sexism, classism. Stand up for our rights », « Gay is OK »,  « shou fiyya ? » (Et alors ?) écrit à côté d’un dessin représentant deux hommes s’embrassant, « Arab Lesbian Liberation Front », « Queers kanou houna. Thawra » (Des queers sont passés par là, Révolution)...

    De même au Caire, en Israël et dans les territoires occupés palestiniens, en Tunisie, au Kurdistan d’Irak... Ces graffitis ne relèvent généralement pas d’initiatives individuelles improvisées, mais de campagnes initiées par des associations.

    Les revendications

    Au-delà des revendications générales du droit à l’existence, de fierté ou de liberté, viennent celles de  la décriminalisation de l’homosexualité par l’abrogation des articles du Code pénal (Maroc, Tunisie, Liban, Soudan), la suppression du recours au test anal (Liban : test supprimé dans la loi, mais en vigueur dans certains commissariats, et Tunisie), la libération de femmes trans emprisonnées (Liban), d’homosexuels incarcérés (Tunisie) ou de lesbiennes en détention préventive (Maroc), et la légalisation des associations LGBTIQ.

    Certaines associations demandent à l’Etat la prévention des MST/IST/VIH. La question du mariage homosexuel n’est généralement pas à l’ordre du jour des associations, même si leurs représentants sont souvent mis en demeure de manière peu amène de se prononcer sur le sujet. Des associations s’adressent d’abord à la société et aux LGBTIQ, d’autres pensent initier le changement par des revendications s’adressant aux pouvoirs en place ou aux institutions internationales. Shams et l’Association tunisienne de soutien aux minorités (ASTM) vont participer à l’intergroupe LGBT, un forum informel du Parlement européen.

    Iraqueer sollicite l’appui des autorités du Royaume-Uni via des parlementaires, le 15 juillet 2016, salue la levée du drapeau arc-en-ciel devant le consulat américain d’Irbil en 2016, lors du très officiel Pride Month et développe une analyse critique de la fragile avancée contenue dans les déclarations de 2016 du chef chiite irakien, Moktada al Sadr.

    Au Liban, Helem, La Fondation arabe pour les libertés et l’égalité, M-Coalition, le centre de santé sexuelle Marsa et la
    LebMASH dénoncent des arrestations dans un hammam gay en août 2014 et exigent la libération des emprisonnés.

    Un front LGBTQI (incluant des associations de la société civile) appelle les autorités tunisiennes à s’engager lors du prochain Examen périodique universel de la Tunisie devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, prévu en mai 2017, à abroger l’article 230 du code pénal, interdire la pratique du test anal, lutter contre toutes les formes de discrimination envers les LGBTQI et réprimer tout appel à la haine ou la violence. 

    Des manifestations publiques

    Les LGBT organisent des manifestations publiques au Maroc, en Tunisie et au Liban. Ainsi, au Maroc, un sit-in de nuit a lieu à Rabat en 2016, pour rendre hommage aux victimes de la tuerie d’Orlando, avec drapeaux arc-en-ciel et bougies. Au Liban, en 2012, des drapeaux arc-en-ciel sont arborés lors d’une « Laïque Pride » qui exigeait la fin du système confessionnel.

    La même année, une autre manifestation est organisée par l’association Helem, à Beyrouth, contre la pratique du test anal. En 2014, une centaine de manifestant-e-s se rassemblent devant le ministère de la Justice après l’arrestation et la garde à vue, assortie d’humiliations et de violences, de six gays et personnes trans dans un club. En 2016, Helem organise une projection-débat du film Priscilla, suivie d’une conférence de presse d’un rassemblement exigeant l’abrogation de l’article 534 du code pénal et la libération de personnes trans emprisonnées. En 2016, Proud Lebanon organise une réception à Khan Al Harir, en présence d’autres organisations et de diplomates.

    En Tunisie, le drapeau arc-en-ciel est arboré dès 2011, et une Première Gay Pride a lieu en 2015 sur le campus universitaire de Tunis, avec drapeaux et pancartes :

    « L’amour n’est pas un crime », « Mon corps, ma sexualité, mon droit ». La même année, un festival d’art féministe est organisé par Chouf à Carthage, repris l’année suivante (choufouhonna, soit « vous les avez vues »). Shams organise son premier meeting pour la dépénalisation de l’homosexualité à La Marsa, en 2015. A l’occasion du Forum social mondial à Tunis, en 2015, un rassemblement a lieu arborant le drapeau arc-en-ciel. En 2016, des militants LGBT défilent à Tunis avec ce drapeau à l’occasion du cinquième anniversaire de la révolution. Puis Shams organise un événement public à l’espace El Teatro de Tunis. En 2017, des équipes de Damj se rendent à Beja, Sousse et Gabes pour diffuser un guide de sécurité, juridique, numérique et informatique. Les projets poussent comme des champignons, ainsi Shams devrait lancer une hotline et une revue pour les homosexuel-le-s, intitulée Shams Mag.

    La dimension internationale  et régionale

    Très tôt, Tunisia’s Gay Day a pris part à la campagne de solidarité avec les gays d’Irak. La dimension s’est particulièrement exprimée au moment de la tuerie d’Orlando, en 2016.

    Les LGBTIQ joignent aux drapeaux nationaux leur bannière arc-en-ciel et participent à des manifestations au niveau international : Gay Pride d’Amsterdam (participation d’un bateau marocain en 2014 et 2016), Forum social mondial au Canada en 2016, avec la participation de Without Restriction (Tunisie). 

    Iraqueer participe au congrès de Stockholm de 2015, au Malmoë for Diversity Festival en 2016 (Suède), à la Copenhagen Winter Pride en 2016 (Danemark), à Queer Asia 2016 et à une action conjointe avec Out Right et London Young Professionnal Engagement Committee, à Londres en 2016.

    UAE LGBT Rights (Emirats arabes unis) s’associe à la célébration de l’IDAHO (Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie) en 2011, appelle à signer une pétition pour les homosexuels persécutés en Iran, appelle au Spirit Day, le 16 octobre 2014 et au Bisexual Visibility Day le 23 septembre 2014.

    En 2007, Abu Nawas (Algérie) participe à la conférence panafricaine de
    l’ILGA  (International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association) à Johannesburg, en Afrique du Sud.

    Quzah (Libye) participe à la Gay Pride 2016 en Italie, arborant drapeau libyen et drapeau arc-en-ciel.

    Des initiatives se font jour au niveau régional comme « Ensemble, notre voix est plus forte », organisée le 15 mai 2016 par des associations d’Algérie (trans et homosexuelles), d’Egypte ou du Soudan (Mesahat, Bedayaa). Ces mêmes associations lancent à  l’occasion du 8 mars 2016 la campagne « La voix des femmes queer du Nord de l’Afrique ».

    Khomsa est le premier réseau LGBT maghrébin ; il a été lancé en 2011. Queers of Levant, lancé par deux femmes de 22 ans en 2015, veut couvrir le Liban, la Syrie, la Palestine et la Jordanie. En novembre 2016, vingt-deux structures LGBTQI du Maghreb et du Moyen Orient publient une déclaration commune, suite à l’arrestation et à l’incarcération de deux marocaines mineures, en raison d’un baiser échangé sur la voie publique à Marrakech. Quatre associations du Maroc, d'Algérie, de Tunisie et Libye publient un communiqué commun pour la décriminalisation de l’homosexualité.

    MantiQitna (« Notre région », avec le Q majuscule pour Queer) est une association qui organise un stage annuel dans la discrétion, à destination des militant-e-s LGBTIQ de la région arabe. La dimension régionale se traduit aussi par l’émergence de blogs, sites et pages « arabes ».

    Pouvoirs, sociétés et répression

    Les réactions des pouvoirs en place peuvent être contradictoires. Ainsi, en Irak, on a vu Moqtada Al Sadr déclarer qu’il faut que les exactions à l’encontre des LGBT cessent, tout en réaffirmant dans la même phrase que l’homosexualité est une « maladie psychologique ». L’ambassadeur des Emirats arabes unis aux Etats-Unis s’est fendu d’une condamnation de la « tuerie haineuse d’Orlando » sans toutefois préciser qu’il s’agissait d’un massacre homophobe, tandis que les ambassadeurs des autres pays arabes se taisaient. Les Emirats arabes unis et l’Egypte  ont légalisé les opérations chirurgicales de réassignation de sexe (auquelles la minorité arabe d’Iran avait accès de plus longue date), mais cette légalisation vise à « supprimer » l’homosexualité.

    Au Liban, des évolutions sont régulièrement enregistrées au niveau juridique. L’article 534 du code pénal punit les relations sexuelles contraires « à l’ordre de la nature », une formulation sujette à diverses interprétations, qui a permis en 2009 de faire acquitter deux homos, le juge ayant estimé que « l’homosexualité (...) fait partie de la nature ». En 2017, le juge unique du tribunal du Metn n’a pu poursuivre un couple pour la même raison et en s’appuyant sur un article protégeant la liberté d’expression. En 2014, un juge acquitte une trans en se fondant notamment sur l’« égalité de tous les Libanais » prévue par la constitution. Un juge de la Cour d’appel de Beyrouth confirmera le droit d’une femme trans à faire modifier son identité, lui ouvrant l’accès aux traitements et à une vie privée.

    Il reste qu’à la différence d’autres mouvements (écologiques et féministes, notamment) ayant surgi ou s’étant renforcés dans le cadre des révolutions arabes, les LGBTIQ rencontrent l’hostilité de la majorité des sociétés et des révolutionnaires eux-mêmes. S’y ajoute le fait que les contre-révolutions ont sérieusement réduit les petits espaces militants, contraints à limiter voire suspendre leurs activités, particulièrement en Libye, Irak, Bahrein, Syrie ou au Yémen, où les homosexuel-le-s encourent la peine de mort. De façon générale, c’est la répression qui est la règle.

    En plus de celle qui vise tous les  LGBTIQ (criminalisation pénale, répression sociale et tortures spécifiques), ceux et celles qui les soutiennent, voire se contentent de leur donner la parole, sont à leur tour réprimés. Des publications sont interdites, leurs responsables pourchassés. En Tunisie, les militants de Shams sont menacés de mort et agressés régulièrement, parfois en présence de policiers impassibles. Les autorités yéménites bloquent l’accès à des sites LGBT. A Oman, Omantel bloque le blog Comunity Queer.

    D’autres sont purement et simplement assassinés comme en Libye, après passage devant des cours. En 2014, Ali Shalwi, Saad Fakhakhiri et Nassib Jazawi sont exécutés à l’issue d’un procès devant un tribunal de l’EI en Libye. C’est également le cas en Arabie Saoudite. En février 2017, Amna et Meeno, personnes trans d’origine pakistanaise, sont décédées sous la torture.

    Un mandat d’arrêt a été émis en 2017 contre Abbad Yahya, un romancier de Cisjordanie. Son polar, Jarima fi Ramallah (Un crime à Ramallah), a été saisi en Cisjordanie et à Gaza. Le procureur général de Palestine estime que le livre comporte des textes et termes dont la connotation sexuelle menace la « moralité et la pudeur publiques, et qui pourraient affecter la population, en particulier les mineurs. » Il est soutenu en cela par le président de l’Association des écrivains palestiniens, qui affirme : « c’est un roman stupide qui viole les valeurs nationales et religieuses de notre société pour flatter l’Occident et gagner des prix. Ma liberté d’écrivain s’arrête aux limites de la liberté du pays »...

    Luiza Toscane 

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  • Maroc. Vague d'arrestations massives visant des manifestants dans le Rif (Amnesty)

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    Depuis une semaine, les autorités marocaines procèdent à une vague massive d'arrestations, visant de nombreux manifestants, militants et blogueurs dans la région du Rif, dans le nord du Maroc, qui font suite à des mois de contestations réclamant la fin de la marginalisation des habitants et un meilleur accès aux services dans la région, a déclaré Amnesty International.  

    Dans certains cas, les personnes arrêtées sont privées de la possibilité de consulter rapidement leur avocat en garde à vue. Dans d’autres, les avocats qui ont pu voir leurs clients au tribunal d’Al Hoceima ont déclaré qu'ils présentaient des blessures visibles et avaient affirmé avoir été frappés lors de leur arrestation. En outre, on craint que des manifestants et des blogueurs pacifiques relayant les manifestations sur les réseaux sociaux ne figurent parmi les accusés, probablement pour des charges liées à la sûreté de l'État.

    « Cette vague d'arrestations ressemble fort à une tentative délibérée de punir les manifestants dans le Rif pour les mois de dissidence pacifique. Les autorités marocaines doivent respecter les droits à la liberté d'expression et de réunion. Les personnes accusées d'une infraction reconnue par la loi doivent bénéficier du droit à un procès équitable. Les autorités doivent veiller à ce que les militants pacifiques ne soient pas inculpés d'accusations forgées de toutes pièces en vue de les sanctionner pour leur participation aux manifestations dans le Rif », a déclaré Heba Morayef, directrice des recherches pour l'Afrique du Nord à Amnesty International.

    La récente vague de manifestations a éclaté après qu’un leader des contestations Nasser Zefzafi a publiquement pris à parti, lors de la prière du midi à la mosquée d'Al Hoceima le 26 mai, un imam qui aurait fait des déclarations hostiles aux manifestations populaires dans le Rif. Une vidéo de l'incident a ensuite été partagée sur les réseaux sociaux et il a été arrêté quelques jours plus tard.

    Entre le 26 et le 31 mai, les forces de sécurité ont appréhendé au moins 71 personnes en marge des manifestations à Al Hoceima et dans les villes voisines d'Imzouren et de Beni Bouayach. Certaines manifestations ont dégénéré en jets de pierres sur les forces de sécurité qui ont parfois réagi à coups de canons à eau et de gaz lacrymogènes. Des blessés ont été recensés dans les deux camps. Cependant, de nombreux militants, dont des manifestants pacifiques et des blogueurs qui avaient relayé les événements sur les réseaux sociaux, ont été arrêtés après la fin des manifestations.

    Au moins 33 personnes comparaissent devant les tribunaux, inculpées par le procureur général du roi à Al Hoceima. Elles sont notamment accusées d'assaut et insulte contre des représentants de l’État, jet de pierres, rébellion et rassemblement non autorisé. Une demande concernant la libération de 26 personnes placées en détention provisoire a été refusée et l'affaire est reportée au 6 juin. Elles sont détenues à la prison locale d'Al Hoceima.

    Selon les avocats, plusieurs accusés ayant comparu devant le procureur général du roi à Al Hoceima présentaient des blessures visibles sur le visage et le corps. Les accusés leur ont raconté que les policiers les avaient battus, frappés, leur avaient donné des coups de pied et des claques lors de leur arrestation et durant leur transfert aux postes de police. Beaucoup ont relaté avoir été insultés ou menacés, notamment de viol, par les policiers qui les ont arrêtés. D'autres ont signé des procès-verbaux d'interrogatoire pour s'apercevoir ensuite que des pages y avaient été ajoutées sans leur consentement. Le procureur général du roi a ordonné des examens médicaux dans plusieurs affaires.

    Les avocats ont déclaré qu'ils n'avaient pas pu rendre visite à leurs clients pendant leur garde à vue au poste d'Al Hoceima. En effet, la police judiciaire d'Al Hoceima n'a pas informé les proches des détenus de l'endroit où ils se trouvaient, et ils n’ont donc pas pu donner d’instructions à leurs avocats. En outre, les avocats n'ont pas pu obtenir l'autorisation du procureur général du roi de rendre visite à leurs clients en garde à vue avant l'expiration du délai de 24 heures après l'arrestation, comme l'exige pourtant le droit marocain.

    Sur les 71 personnes arrêtées entre le 26 et le 31 mai, 31 ont été transférées à Casablanca pour être interrogées par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), organe national chargé des crimes graves, notamment des infractions liées à la sûreté de l'État et au terrorisme. Bien que les détenus n'aient pas encore été inculpés, il est à craindre qu’ils ne soient accusés d'atteintes à la sûreté de l'État.

    « Nous déplorons que les autorités envisagent de porter des accusations liées à la sûreté de l'État pour sanctionner des militants ayant pris part aux manifestations », a déclaré Heba Morayef.

    Les avocats n'ont pu rendre visite qu'à 22 détenus sur les 31 transférés à Casablanca le 1er juin. La plupart ont affirmé que des policiers les avaient insultés, menacés et parfois roués de coups de pied, lors de l'arrestation, durant le transfert vers le poste d'Al Hoceima ou au poste. Toutefois, ils ont décrit des conditions de détention décentes pendant leur garde à vue à la Brigade nationale de la police judiciaire. Ils seront rapidement rapatriés à Al Hoceima pour une audience devant le procureur général du roi à la cour d'appel d'Al Hoceima.

    Les avocats n'ont pas encore pu rencontrer un groupe de sept autres détenus, dont le leader des contestations Nasser Zefzafi, les magistrats ayant retardé leur entrevue. Ces détenus devraient recevoir la visite de leurs avocats le 5 juin. Deux personnes arrêtées le 31 mai n’ont toujours pas rencontré leur avocat.

    Au titre du Code de procédure pénale du Maroc, la police peut maintenir en garde à vue un détenu sans inculpation jusqu'à trois jours pour des infractions de droit commun, jusqu'à huit jours pour des infractions liées à la sûreté de l'État, et jusqu'à 12 jours pour des infractions liées au terrorisme. La loi autorise les magistrats à retarder l'accès aux avocats, pour les besoins de l'enquête.

    « Le risque d’atteintes aux droits humains est maximal au cours des premières heures suivant l'arrestation, surtout si les détenus sont coupés du monde extérieur – aussi est-il essentiel d'informer les familles et de pouvoir consulter rapidement un avocat », a déclaré Heba Morayef.

    Amnesty International demande aux autorités d'inclure dans la réforme de la procédure pénale le droit pour tous les suspects d'être assistés d'un avocat pendant les interrogatoires de la police.

    Peu après l'incident à la mosquée d'Al Hoceima qui a déclenché la vague de protestations, les forces de sécurité ont perquisitionné le domicile du leader contestataire Nasser Zefzafi en son absence, abîmant des biens et confisquant des livres appartenant à ses parents âgés avec qui il vit. Quelques jours plus tard, le 29 mai, il a été arrêté au terme d'une traque compliquée, au cours de laquelle les maisons voisines ont été réquisitionnées, et transféré par hélicoptère au siège de la BNPJ, à Casablanca.

    Amnesty International craint que les conditions de son arrestation et les déclarations officielles reprenant en détail les infractions dont il est soupçonné alors qu'il n’est pas encore inculpé ne bafouent son droit à la présomption d'innocence et celui des militants arrêtés avec lui. Des images et des vidéos divulguées de son arrestation, sur lesquelles on le voit cagoulé et contraint de baisser la tête, laissent à penser qu'il a pu être traité de manière dégradante.

    2 juin 2017

    https://www.amnesty.org/fr/