Le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) a condamné le blocage de plusieurs sites de presse palestiniens et arabes, en Cisjordanie occupée par une décision de l'Autorité palestinienne (AP).
Dans un communiqué, le FPLP a déclaré : "Cette action est une grave atteinte à la liberté de la presse et d'expression, ainsi qu'une dangereuse tendance et acquiescement aux diktats des ennemis de la lutte de notre peuple, et la concordance avec les tentatives de museler la voix palestinienne et de l'étrangler et la camoufler, tout en appelant à annuler cette action immédiatement et arrêter la politique de punir le peuple palestinien ferme."
Le communiqué ajoute que la décision a été prise en de mauvaises circonstances, par laquelle l'occupation sioniste soutenue par la machine médiatique siono-américaine de fausser, falsifier et distordre les significations nobles nationales de la lutte et la résistance de notre peuple fermement établie par le sang, les sacrifices, la vérité et les mots sincères et libres face au récit et à la désinformation sionistes.
Le FPLP a poursuivi dans son communiqué: « La bataille est toujours ouverte contre notre peuple résistant, notamment en raison de ce qui a été annoncé au sommet de Riyad, en présence du président américain Trump, des déclarations désespérées stigmatisant la résistance de notre peuple au terrorisme en présence des dirigeants arabes et de l'AP, afin de bouleverser les cartes et les concepts, et resserrer l'attaque contre les forces de la résistance et tous ceux qui la soutiennent au profit des crimes de l'occupation israélienne, et la pratique fasciste couverte par le système officiel américano-arabe conspirateur derrière la normalisation avec l'occupation et le terrorisme sioniste".
Le FPLP a dénoncé fermement la décision de fermeture et blocage des sites de presse, la qualifiant de violation flagrante du droit d'opinion publique et de la liberté d'expression, appelant l'AP dirigée par Mahmoud Abbas à revenir sur cette action illégale et injuste contre la lutte du peuple palestinien qui souffre des crimes de l'occupation israélienne.
Dimanche 18/Juin/2017
Solidarité
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La fermeture des sites de presse est une violation de la liberté d'expression (FPLP)
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Nouveautés sur Agence Médias Palestine
Si l’on en croit nos principaux médias, il ne se passe rien en Palestine occupée.
Du 5 au 10 juin, Israël a assassiné 5 civils palestinien-nes en Cisjordanie occupée et à Gaza. Les morts se succédant sans que les principaux médias français les relèvent, vous trouverez ci-dessous le recensement de ces meurtres commis par l’armée israélienne, uniquement pour cette période. Ils – Elles s’appellaient :Comment mettre fin à l’occupation israélienne de 1967
Par Alaa Tartir, juin 2017 À l’heure des anniversaires de la Déclaration Balfour, de la Nakba palestinienne, de l’occupation israélienne, des accords d’Oslo et de la division intra-palestinienne, la réalité sur le terrain empire, les ramifications entre ces événements tragiques s’enracinent davantage, tandis que la justice et la paix s’éloignent de plus en plus....Une catastrophe se profile à Gaza
Par Charlotte Silver le 12 juin 2017 La crise de l’électricité déjà désastreuse à Gaza s’apprête à devenir bien pire. (Ashraf Amra / APA images) Israël va réduire de 40 % sa fourniture d’électricité dans la Bande de Gaza occupée, transformant une situation déjà désastreuse en catastrophe. Israël dit que la prochaine réduction, approuvée...700.000 colons juifs vivent maintenant dans les territoires palestiniens occupés
10 juin 2017 La colonie illégale de Psagot près de Ramallah en Cisjordanie Haaretz écrivait vendredi, qu’il y a maintenant 590.000 colons juifs qui vivent dans les colonies officielles de Cisjordanie occupée et de Jérusalem occupée. Le journal fait remarquer que 380.000 colons vivent en Cisjordanie, tandis que leur nombre dans Jérusalem occupée s’élève maintenant...50 ans d’occupation du Golan syrien
Le 8 juin 2017 Par « Al-Marsad » (Centre arabe des droits de l’Homme dans les Hauteurs du Golan ) Cette semaine marque le 50ème anniversaire de l’occupation du Golan syrien – période qui a eu un impact catastrophique sur la vie de la population syrienne autochtone. A la suite de l’occupation israélienne...« La clef du Sol » مفتاح الارض a besoin de notre soutien
Le reportage La clé du sol est un voyage dans le temps passé et actuel sur la transmission de la mémoire collective autour de la clé du droit au retour qui veille dans le coeur de chacun-e des palestiniens. En octobre 2016 la camerawoman et réalisatrice Muriel Jacoub et la journaliste Annie Fiore ont parcouru...Communiqué de presse de Raed Andoni (réalisateur) et Frédéric Corvez (distributeur, Urban distribution)
Communiqué de presse de Raed Andoni (réalisateur) et Frédéric Corvez (distributeur, Urban distribution) Paris, le 2 juin 2017 À l’occasion de la projection de son film ce soir au Luminor Hôtel de Ville pour l’ouverture du Festival Ciné Palestine 2017, Raed Antoni (réalisateur) et Frédéric Corvez (distributeur, Urban distribution) souhaitent attirer l’attention sur le...Comment ont évolué les tendances de la cause palestinienne depuis 1967
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Ziad Medoukh L’armée israélienne a tué ce mardi 6 juin 2017 un jeune palestinien de 25 ans au sud de la bande de Gaza. Il s’agit de Fadi Najjar, originaire de la ville de Khan-Younis au sud de la bande de Gaza. Ce jeune se manifestait avec plus de 200 personnes dans la... -
« 1967 Une agression planifiée depuis longtemps par Israël » (Dossier)
Guerre des Six-Jours. Dans un entretien, Alain Gresh évoque le climat qui règne alors en France et la position de De Gaulle, qui, contre tous les partis à l’exception du PCF, condamne l’attitude de Tel-Aviv.
Le 5 juin 1967 éclatait ce qu’on a ensuite appelé la guerre des Six-Jours. Dans quel contexte se produisent ces événements ?
Alain Gresh Personnellement, je n’utilise pas le terme de guerre des Six-Jours parce que c’est un terme israélien qui renferme un certain mépris vis-à-vis des pays arabes. En 1967, on est en pleine guerre froide, en pleine guerre du Vietnam.
C’est un affrontement soviéto-américain et, au Proche-Orient, un affrontement politique entre un courant nationaliste-révolutionnaire, représenté par Nasser en Égypte et le parti Baas en Syrie, et les pays arabes réactionnaires représentés par l’Arabie saoudite d’un côté et Israël de l’autre.
La guerre israélo-arabe de 1948 s’est terminée par des accords d’armistice, pas par des accords de paix. Il y a des conflits permanents notamment entre Israël et la Syrie dans la zone démilitarisée. En 1966, une fraction radicale du parti Baas a pris le pouvoir à Damas, qui proclame la nécessité de libérer la Palestine. Ce qui inquiète les Israéliens. Les tensions sont fortes, l’aviation israélienne abat des avions militaires syriens. C’est donc une période particulièrement tendue et l’Égypte de Nasser décide de fermer le détroit d’Akaba et de demander le retrait des troupes de l’ONU qui stationnent là depuis la guerre de 1956. Jusqu’en 1956, ce détroit était fermé aux navires israéliens.
Un des résultats de la guerre de 1956, une guerre d’agression israélo-franco-britannique, est d’obtenir l’installation des forces des Nations unies qui permettent, entre autres, le passage des navires israéliens. Dans le cas de cette escalade entre Israël et les pays arabes, Nasser demande à l’ONU de retirer partiellement ses troupes. En fait, elles vont être retirées totalement. En solidarité avec la Syrie, le président égyptien va faire entrer une partie de son armée dans le Sinaï.
À partir de là, il va y avoir une campagne de presse, notamment en France, disant qu’Israël est encerclé.
Et, le 5 juin 1967, Israël détruit au sol l’aviation égyptienne et syrienne, ce qui est le déclenchement des hostilités. Au départ, les Israéliens affirment que ce sont les Égyptiens qui ont attaqué. France Soir titre même sur l’attaque égyptienne et l’on sait aujourd’hui que c’est faux. Mais l’argument qui va prévaloir est qu’Israël était menacé d’extermination. En France, il y a une véritable émotion autour de cette question. On assiste à de grandes manifestations de soutien à Israël. Or on sait par les archives et les déclarations des généraux israéliens qu’à aucun moment ils n’ont cru qu’ils étaient menacés d’extermination ! C’est une guerre qu’Israël a planifiée depuis très longtemps pour reconquérir Jérusalem et l’ensemble de la Palestine historique. L’armée égyptienne est vaincue très rapidement, l’armée syrienne aussi. Israël sort grand vainqueur de cette guerre, a la main sur la Palestine historique, occupe le Golan et le Sinaï.
Un des résultats de cette guerre de 1967, n’est-ce pas le lancement d’une politique de colonisation des territoires palestiniens par Israël ?
Alain Gresh Ce qui est caractéristique de la politique sioniste depuis ces années, c’est la politique du fait accompli. L’idée fondamentale est que toute la Palestine est juive, donnée par Dieu. Même pour des gens qui sont des laïques et des athées. Ensuite, ils jouent avec le rapport de forces. Dès qu’ils le peuvent, ils font un pas en avant. C’est comme ça que la colonisation s’est développée après 1967. Il faut rappeler qu’il existait déjà une politique de colonisation interne à l’égard de la minorité arabe israélienne notamment par la confiscation des terres. Ça va se développer petit à petit en Cisjordanie et dans le Golan. Au départ, des raisons militaires sont invoquées mais, très vite, les colonies se répandent. Pour les travaillistes qui sont au pouvoir de 1967 à 1977, il y a l’idée qu’il faudra un accord avec la Jordanie. Après 1977, avec l’arrivée au pouvoir de la droite et de Menahem Begin, la colonisation va se poursuivre pour ne plus s’arrêter.
En 1967, au moment de la guerre, les pays occidentaux soutiennent Israël, mais la France se démarque de cette position ?
Alain Gresh C’est une décision prise essentiellement par le général de Gaulle. Durant la crise qui a précédé la guerre, la France essaie de jouer les médiateurs. De Gaulle reçoit des émissaires arabes à qui il demande de ne pas déclencher le conflit et fait de même avec le ministre israélien des Affaires étrangères. Et quand Israël déclenche quand même le conflit, la France, ou plutôt de Gaulle, va condamner. Il va décréter un embargo sur les armes. Ce qui est important puisque, jusqu’en 1967, la France est le principal fournisseur d’Israël, notamment des Mirage. En même temps, pour montrer qu’il n’est pas anti-israélien ou antisioniste, il va fournir les pièces de rechange à l’aviation israélienne. Il condamne car il pense que c’est une guerre d’agression qui va rendre plus compliquée la situation dans la région. L’histoire va lui donner raison. Il le fait contre l’opinion publique et contre l’ensemble de la classe politique, y compris les gaullistes qui sont pour la plupart pro-israéliens, à l’exception du Parti communiste français (PCF), qui est le seul à mettre en garde et à dénoncer la politique israélienne.
Ce revirement de la politique française est-il de circonstance ou est-ce un véritable changement dans la durée ?
Alain Gresh Il faut prendre en considération la vision de De Gaulle sur la Méditerranée et les relations avec le monde arabe. Dès la fin de la guerre d’Algérie, il va faire un effort pour développer les relations avec l’Algérie indépendante, avec l’Égypte de Nasser… Évidemment, il considère aussi les intérêts économiques et politiques de la France. Il ne voit pas seulement le cas israélien. Sinon, une fois de Gaulle parti, cette politique aurait changé. Or une des choses étonnantes est que, globalement, avec des nuances, la politique qu’il lance en 1967 va être celle de ses successeurs, indépendamment des sensibilités des uns et des autres. Il est vrai que lorsque Mitterrand arrive à la présidence, les Israéliens ont beaucoup d’espoirs sur l’amélioration des relations. Ce sera le cas mais ça ne changera rien fondamentalement. Giscard a ainsi inscrit dans le marbre une politique avec la déclaration de Venise. C’est une déclaration faite en 1980 par les six pays européens qui fixe deux principes pour toute solution : le droit à l’autodétermination des Palestiniens et la négociation avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Cela va rester même sous Mitterrand, malgré son syndrome pro-israélien. Ce sont ces principes qui vont permettre la négociation entre Israéliens et Palestiniens. Ce qui montre le rôle que la France peut jouer politiquement en fixant des orientations qui correspondent aux principes du droit international. C’est ce qui, à l’époque, explique le rayonnement de la France dans la région.
On a néanmoins le sentiment que, depuis, il y a un véritable rapprochement de la France vis-à-vis de la politique israélienne…
Alain Gresh Il y a un véritable tournant qui commence après 2003, même si Chirac reste sensible à la question palestinienne. Mais, avec Sarkozy et Hollande, on assiste à ce que j’appelle un « tournant silencieux ». Les responsables français affirment que la politique n’a pas changé : pour un État palestinien, condamnation de la colonisation… Mais, en fait – et c’est nouveau –, on développe les relations bilatérales avec Israël comme si la question de la Palestine n’existait pas. Avant, ces relations bilatérales dépendaient, d’une certaine manière, de ce qu’Israël faisait en Palestine. Nicolas Sarkozy disait que, pour avoir une influence, il fallait être gentil avec Israël. Mais, à la fin de son mandat, il a reconnu que cette politique était une erreur en traitant Benyamin Netanyahou de menteur. François Hollande est allé encore plus loin dans cette politique avec cette fameuse rencontre avec Netanyahou et son chant d’amour pour Israël (allusion à une soirée privée dont on a néanmoins pu voir des images sur YouTube, très certainement postées par les Israéliens, où l’on voit le président français dire son « amour » pour Israël – NDLR). En fait, c’est le retour à l’idée occidentale, à l’Otan. Israël fait partie du camp occidental, nous sommes en guerre contre l’islam et le terrorisme, et Israël est notre allié. Une argumentation que l’on retrouve aussi bien à droite (LR) qu’au PS. Là est le véritable tournant. Il est presque difficile à combattre parce que l’idée qui est développée est de laisser Palestiniens et Israéliens négocier seuls. Comme si au moment de l’invasion du Koweït par l’Irak on avait dit que l’émir koweïtien devait négocier seul avec Saddam Hussein. Et puis, il y a cette capitulation de la France. Nous sommes dans l’Otan, nous n’avons jamais été aussi suiviste des États-Unis. De Gaulle a pourtant montré que la France pouvait avoir une volonté politique et jouer un rôle.
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Brest Foot Palestine
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Nouveautés "Palestine" sur Amnesty
Les États doivent interdire les produits en provenance des colonies israéliennes pour contribuer à mettre un terme à un demi-siècle de violations des droits fondamentaux des Palestiniens
Israël et territoires palestiniens occupés: Appel aux États pour qu’ils cessent de soutenir des colonies illégales
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Lyon Conférence Débat: « Les Forces Politiques Syriennes Clandestines » (Souria Houria)
CONFERENCE DEBAT
LES FORCES POLITIQUES SYRIENNES CLANDESTINES
1970-2010
Samedi 10 juin 19h,
Maison des Passages,
44 rue st.Georges, Lyon 69005Avec le militant et opposant syrien MAZEN ADI, membre dirigeant du « Parti Démocrate du Peuple en Syrie ».
Arrêté au début du mouvement de contestation du régime syrien en Mars 2011, il a quitté la Syrie dès sa libération.Réfugié en France depuis 2012, il est membre fondateur du CODSSY et du mouvement Damir. Militant de la branche dissidente du Parti Communiste syrien, branche connue sous le nom du Bureau Politique présidée par Riad Turk, devenu ‘Parti du Peuple’, il rentre dans la clandestinité dès 1980.
Raconter la complexité et la difficulté de mener une action politique dans la Syrie d’Assad père et fil un devoir de tout instant que nous avons voulu concrétiser avec la conférence d’un bon connaisseur en la personne de Mazen ADI.
L’ayant vécue de l’intérieure et dont il était acteur majeur, le conférencier nous relatera la vie politique syrienne clandestine de 1970 au 2010.
CISYLDComité d’Information pour une Syrie Libre et DémocratiqueAvec le soutien du « Collectif Unitaire Lyon-69 avec la Révolution Populaire Syrienne »
Voici le lien vers la page Facebook de l’événement :
https://www.facebook.com/events/197784684074498/
Et le lien vers la page Facebook de CISYLD : -
Angers Palestine (Afps)
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Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité
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Jeudi noir au Parlement européen : quand le lobby pro-israélien instrumentalise la lutte contre l’antisémitisme
dimanche 4 juin 2017
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Michael Sfard : « L’occupation repose sur trois pieds : le pistolet, la colonie et la loi »
LE MONDE - Propos recueillis par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) , samedi 3 juin 2017 -
Sculptures de sable sur la plage de Gaza : un artiste rend hommage à la cause palestinienne
Hani Abu Rezeq, Middle East Eye, vendredi 2 juin 2017 -
Israël : Donald Trump renonce, pour l’instant, à délocaliser l’ambassade américaine à Jérusalem
Le Monde avec AFP, vendredi 2 juin 2017 -
Suisse : plainte pénale contre une ex-ministre israélienne
Tribune de Genève avec ATS, jeudi 1er juin 2017
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50 ans d’occupation de la Palestine
Isabelle Avran - NVO, lundi 5 juin 2017 -
De la défaite arabe émergea la résistance palestinienne
Maher Al-Charif - Orient XXI, dimanche 4 juin 2017 -
Les ONG, la « cinquième colonne » israélienne
Piotr Smolar, Le Monde, vendredi 2 juin 2017 -
Guerre des Six-Jours : 50 ans d’hypocrisie et de lâcheté
Denis Sieffert, Politis, vendredi 2 juin 2017
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Maroc. Le Hirak Errif – le Mouvement du Rif – poursuit sa lutte sociale et démocratique (Al'Encontre.ch)
Dossier
Le vendredi 2 juin 2017, dans la bourgade d’Imzouren, à 20 km d’Al Hoceima, la capitale du Rif. Les manifestants réclamaient la libération du leader du mouvement, Nasser Zefzafi, ainsi que celle de plusieurs dizaines d’autres personnes. Des «affrontements» ont éclaté entre les jeunes et les forces antiémeute après la prière du vendredi, boycottée par le mouvement. [Voir sur l’essor du récent mouvement le dossier publié sur le site alencontre.org en date du 2 juin 2017:
L’«Hirak» bouscule le «Makhzen».]
Imzouren est la ville d’origine du leader du mouvement, Nasser Zefzafi, et elle est sous tension depuis son arrestation, lundi 29 mai. L’exaspération des manifestant·e·s de cette bourgade est due au fait que les forces de police empêchent régulièrement les militants du mouvement «Al Hirak» de se rassembler sur la place principale.
En date du 3 juin, la publication Tel quel indiquait: «Dans un communiqué publié ce 3 juin, le parquet d’Al Hoceima annonce le transfert du dossier d’instruction de cinq personnes «arrêtées à Al Hoceima et placées en garde à vue pour leur implication présumée dans des crimes d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat». Ces dossiers ont été transférés à la Cour d’appel de Casablanca suite à une décision de la Chambre criminelle près de la Cour de cassation. La même source précise que ces cinq personnes ont été transférées à la prison d’Oukacha à Casablanca.
Parmi elles, le leader du mouvement de contestation du Rif, Nasser Zefzafi, qui a pu rencontrer des avocats de son comité de défense ce 3 juin au siège du Bureau national de police judiciaire (BNPJ). L’un d’entre eux, Abdessadak Elbouchattaoui, affirme que le chef de file du Hirak «est dans de bonnes dispositions physiques et mentales» dans un statut publié sur Facebook. Bien qu’il déplore «la violence physique» dont Nasser Zefzafi aurait fait l’objet à Al Hoceima, l’avocat affirme que la BNPJ de Casablanca s’est comporté avec son client dans le respect de la loi.
Tel quel ma, du 3 juin 2017, indique que mardi 6 juin Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, répondra aux questions des députés concernant la situation au Rif.
Nous publions ci-dessous divers articles qui contribuent à saisir des facettes de cette mobilisation populaire dont le cours ne peut être détaché des soubassements socio-économiques et politiques qui ont nourri les «processus révolutionnaires de longue durée» dans un ensemble de régions – certes différentes – d’une même aire. (Rédaction A l’Encontre)
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La question sociale, un facteur clé pour expliquer
l’actuelle explosion de colèreDans El Watan du 1er juin 2017, Pierre Vermeren, spécialiste du Maroc, explique que la question sociale est un facteur à prendre en compte pour expliquer l’actuelle explosion de colère, indiquant que les seules ressources dont bénéficie la région (du RIF) «sont l’argent de l’émigration, de la contrebande et la culture et le trafic de haschich».
Malgré l’arrestation de Nasser Zefzafi, le leader du mouvement Hirak Errif [Le mouvement du Rif], la contestation ne faiblit pas dans le Rif marocain, où plusieurs milliers de personnes ont une nouvelle fois manifesté pacifiquement, mardi soir, contre l’«injustice» et la «marginalisation». Les manifestants ont exigé également la libération de Nasser Zefzafi, arrêté lundi par la police pour «atteinte à la sécurité intérieure». C’est aux cris de «Pacifique», «Nous sommes tous Zefzafi», «Dignité pour le Rif» et «Etat corrompu» que les protestataires ont envahi les rues proches du centre-ville d’Al Hoceima après la rupture du jeûne.
Selon des médias présents sur place, «ils étaient plus nombreux que la veille à descendre dans le quartier Sidi Abed, où les forces antiémeute avaient pris position en grand nombre». La manifestation s’est finalement dispersée peu avant minuit sans incident. D’après des images diffusées sur les réseaux sociaux, d’importantes manifestations ont eu lieu également dans d’autres localités de la province, comme ce fut le cas à Imzouren et Beni Bouyaach.
La contestation a touché aussi les grandes villes du royaume. A Rabat, un sit-in d’environ 200 personnes devant le Parlement a été violemment dispersé par les policiers. Scénario analogue à Casablanca, à proximité de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), où Zefzafi a été transféré. Les autorités marocaines craignent visiblement le phénomène de contagion, surtout que le contexte social est tendu dans plusieurs régions du pays.
La peur de la contagion
L’ancien porte-parole de Mohammed VI, Hassan Aourid, a pointé, dans un article publié cette semaine sur le site Al Aoual, «les erreurs et les tergiversations de l’Etat quant à la prise en considération de la situation économique, sociale et culturelle qui prévaut dans cette région depuis longtemps». Qualifiant de «légitimes les revendications des Rifains». Il a estimé nécessaire «d’amorcer un dialogue franc dans un climat de sérénité».
Pour lui, cela «passe par la libération de tous les détenus et la levée de toutes les poursuites, puisque ces individus ont exprimé des revendications sociales et politiques et ne sont en aucun cas des criminels». M. Aourid a insisté sur le fait, en outre, que «dans un Etat qui se veut démocratique et moderne, il ne faut en aucun cas donner la primauté au sécuritaire aux dépens de la loi et de la justice».
Une partie de la classe politique marocaine partage ce point de vue. Les antennes à Al Hoceima de trois partis, dont celle du PJD (Parti de la Justice et du développement) au pouvoir, ont d’ailleurs publié un communiqué commun, s’alarmant d’une «situation grave» et désapprouvant «l’approche sécuritaire de l’Etat».
A la question de savoir si l’arrestation des leaders du mouvement Hirak Errif peut porter un coup d’arrêt à la contestation qui dure depuis plus de 6 mois, le chercheur Pierre Vermeren, de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, a fait remarquer, dans un entretien accordé mardi au quotidien français Libération, que les autorités marocaines ont choisi d’effectuer leur coup de filet au premier jour du Ramadhan, un mois de nervosité propice aux débordements. «Je vois deux scénarios possibles. Privé de ses meneurs, le mouvement peut doucement s’essouffler. Ou au contraire, il peut déraper et basculer dans la violence. Au moindre incident, la situation peut dégénérer. Depuis toujours, le Palais surveille le Rif comme le lait sur le feu», avertit-il. Pierre Vermeren rappelle que «la province est hyper-militarisée».
Le spécialiste français du Maroc note que «pour l’instant, la mobilisation reste cantonnée à Al Hoceima, qui est somme toute une petite ville de province», estimant toutefois que «si elle devait s’étendre aux grandes villes du Nord, en particulier Nador, peut-être trois fois plus grande et mal contrôlée par la police, les autorités commenceraient à paniquer».
«Hassan II a puni le Rif»
Pierre Vermeren souligne que la question sociale est un facteur à prendre en compte pour expliquer l’actuelle explosion de colère, indiquant que les seules ressources dont bénéficie la région «sont l’argent de l’émigration, de la contrebande, et la culture et le trafic de haschich». Pour le chercheur français, la responsabilité de la situation actuelle incombe en premier lieu à Hassan II qui a privé de manière systématique le Rif de programmes de développement.
«C’est en grande partie de la responsabilité de Hassan II, car après la Révolte du Rif de 1958-1959 et sa répression extrêmement brutale, le roi a puni la région pour avoir osé se soulever contre l’Etat marocain. Il ne s’y est pas rendu une seule fois, il ne lui a laissé aucun investissement. La seule porte de sortie, c’était la culture du kif, dont le privilège avait été accordé par le père de Hassan II aux Rifains», indique-t-il.
Pierre Vermeren révèle en outre que «le trafic va croître, l’implantation va devenir gigantesque: il y a aujourd’hui des dizaines de milliers d’hectares, qui nourrissent 800 000 paysans».
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Au cœur de la Révolte du RIF
Par Djamel Alilat
Un reportage au Rif dans El Watan en date du 1er juin 2017.
Partir à la rencontre des animateurs du Hirak (Le mouvement), les artistes, les intellectuels, les pêcheurs, les montagnards et les citoyens de cette vaste région pour rendre compte des réalités socio-économiques et politiques de cette région frondeuse.
Raconter le combat de la population rifaine pour la liberté, la dignité et plus de justice sociale. Quand je propose cette idée aux responsables de mon journal, ils sont tout de suite enthousiasmés. «Tu connais bien le Maroc pour y avoir réalisé des reportages et tu y comptes beaucoup d’amis et de connaissances, donc tu es bien placé pour faire ce reportage. Vas-y», me dit-on.
• Aéroport international de Casablanca, fin d’après-midi du jeudi 26 mai. Le policier de la PAF (Police aux frontières) marocaine ne me pose qu’une seule question: «El Watan, c’est un quotidien ou un hebdo?» Sur ma fiche de contrôle, j’avais coché «tourisme» quant aux motifs de ma visite pour éviter d’être prié de me rendre dans un bureau de la PAF pour m’expliquer longuement.
Les formalités expédiées, je m’achète une «puce» (carte SIM) marocaine pour communiquer plus facilement avec les amis qui m’attendent et qui, justement, me demandent de venir directement à Rabat au lieu de séjourner à Casa, comme je l’avais prévu. «Prends le train directement de l’aéroport et viens sur Rabat. T’as une heure et demie de route», me dit-on. Décision est donc prise de prolonger vers Rabat.
Arrivée vers 20h dans la capitale marocaine et première discussion dans un café non loin de la gare avec des militants et des journalistes. On me donne tous les contacts qu’il me faut dans toutes les localités que j’ai décidé de visiter. Je tiens à rencontrer Nasser Zefzafi, le leader du Hirak, mais également à me rendre à Nador, Al Hoceima, Tanger puis dans deux ou trois villages, dont Ajdir où repose l’immense Abdelkrim El Khettabi, alias «Moulay Mhand», l’icône du Rif. [Dirigeant d’un mouvement de résistance contre la France et l’Espagne au Maroc lors de la guerre du Rif entre 1921 et 1926, avec intervention de l’armée espagnole en 1925-1926; il est décédé en 1963 au Caire.]
• On me promet un rendez-vous avec Zefzafi, mais ce ne sera pas facile, car le makhzen [le réseau de pouvoir «autour» du roi] et ses relais accusent ouvertement le mouvement d’être manipulé par Alger. S’afficher avec un Algérien, même journaliste indépendant, revient à s’exposer à cette redoutable accusation. Les militants me demandent d’être très prudent et décision est prise d’éviter les hôtels pour ne s’appuyer que sur les activistes, les amis et les connaissances.
• La première nuit est passée chez Mounir Kejji, activiste et militant infatigable du mouvement amazigh [voir article ci-dessous]. La vie de Mounir n’est qu’une suite de combats et sa maison un véritable musée où les livres, les journaux et les revues montent en piles imposantes jusqu’au plafond. Il possède des collections complètes d’œuvres de chanteurs, comme Matoub Lounes et Aït Menguellet, tous les livres d’histoire qui parlent des Berbères où qu’ils se trouvent. Après un bac anglais et des études de droit à l’université, l’enfant de Goulmima s’est engagé corps et âme dans un combat multiple. Journaliste amateur, il collabore à des publications périodiques et des livres et réalise des documentaires. Mounir est partout.
• Justement, il est à Al Hoceima, ce 28 octobre 2016, lorsque le malheureux poissonnier Mohcine Fikri se fait écraser dans une benne à ordures pour avoir voulu récupérer une partie de la marchandise que la police lui avait confisquée avant de la jeter dans la poubelle. C’est le point de départ de la grande révolte du Rif qui dure jusqu’à ce jour.
Originaire d’Imzouren, à 18 kilomètres d’Al Hoceima, le papa de Mohcine est un militant du PJD, parti islamiste au pouvoir. Au père qui s’exprimait un peu trop dans les médias, au goût des autorités, le Premier ministre de l’époque, Abdelilah Benkirane, envoie un message verbal par des émissaires. «Enterre ton fils et tais-toi!» Il lui fait comprendre que le Maroc qui préparait la COP 22, un événement mondial, devait se passer de toute mauvaise image qui pouvait écorner la belle image qu’il tentait soigneusement de donner.
«Il y a eu une grande marche de 18 kilomètres de la morgue d’Al Hoceima jusqu’au domicile de Mohcine Fikri. Au départ, on demandait que les responsables de cette tragédie soient jugés, puis, petit à petit, des revendications sociales sont venues se greffer sur cette demande et un noyau de dirigeants a émergé», raconte Mounir Kejji. Toutes les rancœurs et les frustrations longtemps contenues dans cette région berbérophone, qui rappelle à bien des égards la frondeuse Kabylie, se sont réveillées.
• D’Al Hoceima, la révolte s’est propagée dans tout le Rif. «Plutôt que de répondre aux revendications légitimes de la population par le dialogue et la concertation, le pouvoir accuse les membres du Hirak d’être des séparatistes, des sécessionnistes, d’être manipulés par des mains étrangères», poursuit Mounir. Le feu de la révolte des Rifains couvait toujours, même après sept mois d’un combat de rue pacifique et citoyen. Le makhzen, qui comptait sur un essoufflement à long terme, cherche à présent à rattraper le temps perdu en envoyant une flopée de ministres en visite dans le Rif. Leur visite sera un flop retentissant.
• Dans l’après-midi du vendredi, le lendemain de mon arrivée, les choses se précipitent brutalement à Al Hoceima. L’incident de la grande prière qui a vu Zefzafi répondre à l’imam, qui avait passé l’essentiel de son prêche à vilipender le Hirak, met le feu aux poudres. La presse du makhzen s’en donne à cœur joie. Un journal va jusqu’à faire le parallèle entre Zefzafi et Al Baghdadi, l’émir de Daech, qui avait un jour proclamé le califat dans une mosquée de Mossoul. Les couteaux sont désormais tirés et l’ordre est lancé: il faut coûte que coûte en finir avec cet insurgé de Zefzafi et son mouvement qui défient les autorités.
• Train de nuit vers Nador. Je débarque avec les premières lueurs du jour dans une ville endormie un premier jour de Ramadhan. Je ne rencontre mon contact qu’à 11h. Pour les activistes du Hirak, il faudra attendre la soirée, après le ftour [rupture du jeûne lors du ramadan]. Mon projet est de partir à Al Hoceima le plus rapidement possible, mais la répression qui s’est abattue sur les militants du Hirak fait que la plupart se cachent ou sont étroitement surveillés par les services.
• La patience est de mise. Je passe donc le dimanche, soit un jour de plus que ce qui était prévu, à Nador. Dans la soirée de samedi, je rencontre les activistes de Nador dans un café. Pour ces animateurs, dont la plupart viennent de la mouvance amazighe, la seule chose qui a changé par rapport à la répression qui s’est abattue sur leur mouvement est qu’il y a désormais une revendication de plus dans l’agenda déjà bien étoffé qu’ils présentent au gouvernement: la libération des détenus.
«Pour nous, c’est juste une revendication de plus pour toutes ces arrestations. Nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre notre combat», souligne Saïd Fannich, animateur du Hirak dans la ville de Nador. Pour eux, la priorité est désormais de défendre les détenus en constituant des collectifs d’avocats, élaborer une nouvelle stratégie de lutte qui s’adapte à la répression et aux arrestations puis continuer à mobiliser la rue tout en informant l’opinion publique nationale et internationale.
• Dans la journée de dimanche, un appel est lancé pour un rassemblement sur la place publique à 22h après les prières du Tarawih. Pour moi, c’est l’occasion de voir enfin le Hirak sur le terrain. Je décide d’y aller et d’observer de loin. A l’heure convenue, les citoyens commencent à se rassembler. Quand ils deviennent assez nombreux, ils s’organisent très vite. On sort les mégaphones, les banderoles et les drapeaux. Hommes et femmes se donnent la main pour former une haie autour des animateurs qui évoluent dans un grand espace. L’ambiance monte très vite.
• A tour de rôle, les animateurs lancent des slogans que la foule reprend en chœur. «Houria, karama, adala ijtimaâiya!» (Liberté, dignité et justice sociale), «Nous sommes tous Zefzafi!» scande la foule. Fustigé en termes acerbes, le makhzen en prend pour son grade. L’ambiance est tellement chaude que j’en oublie les consignes de sécurité que je m’étais fixées pour commettre une erreur de débutant. Je me dis que je n’aurais peut-être pas l’occasion de faire des photos de manifestation et il m’en fallait absolument quelques-unes pour illustrer mon reportage.
Au début, je demande à mon contact de me prendre quelques photos, mais il me dit: «Vas-y donc. N’aie pas peur.» Je prends deux ou trois photos avec mon téléphone, puis je sors carrément mon appareil photo et je fais quelques prises. Je n’arrive pas toujours à capter les slogans en derja marocaine et en tamazight du Rif, alors je fais deux ou trois courtes vidéos afin de décortiquer plus tard, tranquillement, ces fameux slogans.
• C’est probablement à ce moment-là que les services me repèrent. Au bout d’une heure, le rassemblement se transforme en marche qui s’ébranle à travers les rues de la ville. Je décide de rentrer. Je regarde, de loin, la manif grossir, lorsque trois hommes en civil m’accostent pour me demander mes papiers avant de m’embarquer dans un fourgon. Direction le commissariat. Dans un minuscule bureau, ils sont quatre ou cinq policiers autour de moi.
A vérifier le contenu de mon sac, ma sacoche, mes papiers, mon téléphone et tout ce qui leur tombe sous la main. Je décline mon identité et ma profession et leur dis que je réalise un reportage sur le Hirak du Rif. Les policiers sont indignés: un journaliste algérien qui réalise un reportage sur le Rif!! «Qu’est-ce que tu en as à faire du Rif? Occupez-vous de vos problèmes et ils sont assez nombreux!! Allez balayer devant votre propre porte!!», crie l’un d’eux.
Les questions vont se succéder jusqu’au matin. Dans un premier temps, ils croient avoir attrapé un espion algérien venu apporter des fonds et des instructions pour déstabiliser le Maroc. «Je ne crois pas que tu sois un journaliste. Si tu l’es, pourquoi ne pas avoir demandé une autorisation pour travailler?» me dit celui qui a l’air d’être leur chef. J’explique que j’étais déjà venu faire des reportages au Maroc.
Que lors du mouvement du 20 février, j’avais pris contact avec le ministère de la Communication marocain sis à Rabat Agdal. Au bureau des journalistes étrangers dans lequel je m’étais rendu, on m’avait expliqué que les autorisations n’étaient délivrées que pour les télévisions et les journalistes qui se fixaient au Maroc en tant que correspondants d’une chaîne ou d’un journal. J’avais travaillé et réalisé des reportages à Rabat et Casablanca sans aucune autorisation et sans être inquiété le moins du monde. Je leur explique également que si j’avais su qu’une autorisation était nécessaire, je l’aurais demandée et travaillé en toute quiétude.
Mes carnets de notes sont décortiqués et analysés. Quand, bien entendu, ils arrivent à déchiffrer ma technique de prise de notes qui n’a pas grand-chose à envier à l’écriture d’un médecin rédigeant une ordonnance. Ils scannent tout et vérifient alors que je suis soumis au même feu roulant de questions sur ma filiation, mon parcours journalistique, mes relations avec les citoyens marocains que j’ai rencontrés, mes déplacements, etc.
Les policiers sont néanmoins polis et courtois. Passé les premiers moments de tension, ils ne vont à aucun moment outrepasser leurs prérogatives. A l’aube, je suis transféré dans un autre commissariat vide, où un policier que l’on venait visiblement de tirer de son sommeil allait devoir rédiger un long rapport. A la fin, on me demande de le lire et le signer. Je ne m’y oppose pas du moment que cela reflète fidèlement mes déclarations. On me signifie que mes deux téléphones, mon dictaphone, mon appareil photo et une clé USB sont saisis sur ordre du juge.
• Je suis également autorisé à passer un coup de fil pour prévenir une de mes relations que j’ai été arrêté. Je leur demande de prévenir l’ambassade d’Algérie, puis j’appelle Mounir Kejji pour l’informer de mon arrestation. Retour au premier commissariat. Je vais rester là toute la journée jusqu’à minuit en face de deux portraits de Mohammed VI dont l’un semble me narguer et l’autre me souhaiter la bienvenue en son royaume.
• Vers 6h du matin, on ramène dans le bureau où je me trouve un jeune Algérien. Pâle et amaigri, il tient à peine debout sur ses jambes. Je lui cède le banc pour qu’il puisse s’allonger un peu. En l’interrogeant, j’apprends que c’est un jeune harrag [migrant clandestin] de 22 ans, originaire d’El Harrach qui a tenté sa chance à Melilla, l’enclave espagnole.
Il a traversé clandestinement les frontières du côté d’Oujda en payant 30’000 DA à un passeur. Ses amis ont pu passer les frontières de Melilla, mais pas lui. Entre-temps, tout l’argent qu’il avait ramené avec lui avait fondu, il ne pouvait même pas se nourrir. «Le soir, je vais à la gare et quand les gens mangent, je m’assois à leurs côtés et ils m’en donnent un peu…», dit-il. Faute de pouvoir se payer un billet d’avion, il ne peut pas non plus retourner chez lui. «J’attends que les autorités marocaines m’expulsent…», dit-il.
• Dans la cour du commissariat de police dans lequel je me trouvais, ils étaient deux Algériens à partager le sort de la dizaine de réfugiés subsahariens qui campaient là et dormaient sur des matelas crasseux dans une partie couverte du parking. Son histoire me bouleverse et les sous-entendus lourds d’allusions sarcastiques des policiers sur un pays riche qui abandonne ses citoyens font mal au cœur. J’attends que le policier ait le dos tourné pour lui glisser un billet de 100 dirhams. De quoi se payer deux ou trois repas chauds. Il est évacué, je ne sais, où au bout de deux heures.
• Je vais passer toute la journée dans ce minuscule bureau sous la surveillance d’un ou deux policiers. De temps à autre, on vient me poser une question ou demander une précision. Dans l’après-midi, on me fait sortir pour me conduire dans une agence de la Royal Air Maroc pour avancer la date de mon retour initialement prévu pour le 1er juin. Je paie une pénalité de 450 dirhams et obtiens mon billet. «Tu prends le train de nuit accompagné d’un policier ce soir», me dit celui qui a l’air d’être le responsable du commissariat.
A l’heure du ftour, on me ramène deux pains, une boîte de thon, une bouteille de jus et une bouteille d’eau, mais les policiers chargés de ma surveillance me disent que je peux tout comme eux commander à manger à l’extérieur en payant. Je commande une hrira (soupe) dont j’avale quelques cuillerées. Impossible de nourrir un estomac noué. Dans la soirée, je réclame la restitution de ma valise restée dans l’appartement que j’occupais. Promesse m’est faite de la ramener.
Aux alentours de minuit, les clameurs d’une foule en colère me parviennent de plus en plus fortes. Il me faut quelques longues minutes pour comprendre que cela ne vient pas du bureau du chef où les policiers suivent en direct les manifestations, mais bel et bien de la rue. Le commissariat est en alerte maximale. Les portières claquent et les portes se ferment. La foule assiège l’édifice en criant les habituels slogans du mouvement. Pacifiquement, sans jeter de pierre ni quoi que ce soit. Au bout d’une demi-heure, les clameurs s’estompent avant de s’éteindre au loin, dans la nuit.
On me demande alors de prendre mes affaires et de sortir rapidement. Au milieu des réfugiés subsahariens, le jeune harraga algérien et son ami me font de grands gestes d’amitié. Je prends place à bord d’une voiture de la sûreté nationale avec trois policiers. Jusqu’au matin, nous allons faire près de 650 kilomètres de Nador jusqu’à l’aéroport de Casablanca. Les policiers vont se charger de toutes les formalités du passage des douanes. Je serais escorté jusqu’à mon siège d’avion qui décolle vers 11h pour Alger.
• Arrivé à Alger, ma première préoccupation est d’abord d’acheter un téléphone pour prévenir ma famille et mon journal que je viens d’arriver plus tôt que prévu et que j’ai été arrêté par la police marocaine et empêché de faire mon travail. Dans ce petit bureau d’un commissariat de Nador, je n’ai aucune idée de ce qui se passe ailleurs. Dès que j’en finis avec la PAF, je suis d’abord surpris de l’accueil des policiers heureux de me voir débarquer, me souhaitant la bienvenue chez moi. Puis je découvre les collègues du journal, à leur tête Omar Belhouchet, ravi de me voir revenu, les amis, les membres de ma famille, les confrères venus nombreux. Moi qui pensais être seul.
J’en suis ému jusqu’aux larmes. Ma fatigue et mes deux nuits sans sommeil s’effacent d’un coup. Puis je prends connaissance du formidable élan de solidarité et de la mobilisation des lecteurs, des citoyens, des Algériens en général et cela fait chaud au cœur. On se dit que le travail du journaliste, malgré ses risques et ses contraintes, demeure une mission noble qui informe et unit les hommes au-delà de leurs appartenances politiques et leurs préjugés.
Au-delà aussi des esprits et des frontières fermées. Pour tous ceux qui me disent: «Ne remets jamais les pieds au Maroc», je dirais que je ne suis pas près de sacrifier ce magnifique pays frère pour les beaux yeux du makhzen. J’ai beaucoup de considération pour ce peuple et tous les peuples du monde qui luttent pour leur liberté et leur dignité et je retournerai là bas à la première occasion. En demandant cette fois-ci une autorisation en bonne et due forme. On verra bien… (El Watan, 1er juin 2017)
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La question amazighe
Par Karim Oub
Une des facettes de la contestation actuelle est liée à l’existence d’un mouvement culturel amazigh et aux luttes des populations autochtones. La défense de la culture et de la langue a aussi un fondement social et se traduit par la recherche d’une jonction entre la défense d’une identité spécifique discriminée et la lutte pour une émancipation sociale et démocratique. Cet article a été publié le 7 février 2007 dans la revue mensuelle du NPA, L’Anticapitaliste. (Réd. A l’Encontre)
A Al Hoceima, les mobilisations contre la «hogra» (l’arbitraire et le mépris), suite à la mort du jeune vendeur de poisson Mohcine Fikri due à l’intervention des autorités locales, ont un lien avec la situation particulière du Rif et la mémoire collective de la population.
• Le Rif, c’est l’épopée d’Abdelkrim Al Khattabi qui a fondé une république (1917-1926) dans sa guérilla anti-coloniale et témoigné toute sa vie d’une défiance vis-à-vis du makhzen; ce sont les milliers de morts en 1958, après un soulèvement populaire noyé dans le sang par Hassan II, alors prince héritier; c’est le cœur des émeutes populaires de 1984 contre les politiques d’ajustement structurel; ce sont les cinq jeunes dont les corps ont été retrouvés carbonisés pendant le Mouvement du 20 février.
• Et c’est la persistance d’une identité amazighe. Le terme Amazigh signifie «Homme libre». Il est revendiqué face aux autres noms imposés par les différentes colonisations ou les élites, tels que «berbère». La mobilisation à Al Hoceima associe le drapeau amazigh, celui de la république du Rif et les slogans sociaux et démocratiques contre le makhzen. Cette jonction entre revendications sociales, démocratiques et culturelles renvoie à une histoire spécifique
La population autochtone amazighe a dû faire face, pendant une longue période, aux tentatives de négation de son identité et ses formes d’organisation sociale. Les communautés paysannes regroupées en tribus (confédérées) avaient un droit d’usage collectif sur la terre et les ressources naturelles. Elles ont historiquement manifesté une autonomie plus ou moins marquée par rapport au pouvoir central. La colonisation française a visé une assimilation et une politique de déstructuration de leurs bases économiques et de leur rapport à la terre, suscitant des résistances populaires armées. Mais à l’indépendance, la question amazighe a été tout autant évacuée.
Discrimination au nom de l’identité arabo-musulmane
• Pour le mouvement national officiel, principalement urbain, la question amazighe était inexistante. Même Mehdi Ben Barka [1920-1965, cet opposant clé à Hassan II a été enlevé à Paris par des agents marocains en liaison avec les services français, puis assassiné; cela s’est passé à l’époque ou Georges Pompidou était premiers ministres] proclamait au lendemain de l’indépendance que «le berbère est simplement un homme qui n’est pas allé à l’école. Il s’agit là d’un problème d’instruction et d’évolution sociale, d’équipement intellectuel et d’équipement technique des campagnes.» L’identité nationale marocaine portée par des élites urbaines ambitionnait alors de sortir les campagnes de «l’arriération culturelle». N’étant ni «langue du pouvoir», ni «langue de développement», la langue et la culture amazighs ont été refoulées aux marges et folklorisées.
• La monarchie a mis en avant le caractère arabo-islamique de sa légitimité. L’islam officiel ne peut être concurrencé par une autre langue, ni même par un islam populaire qui soit tant soit peu différent. La conception homogène de la nation marocaine, dont l’unité est matérialisée par la monarchie en tant que pouvoir indivisible sur tout le territoire, a accentué le refoulement politique et culturel des populations amazighes.
• Les politiques linguistiques dans l’enseignement et l’administration, opposées aux langues maternelles, ont contribué à exclure socialement de larges catégories populaires. Les politiques socio-économiques ont marginalisé des territoires entiers, soit pour des motifs politiques (c’est le cas du Rif considéré comme une zone dissidente et «punie» par l’Etat), soit parce qu’ils sont intégrés au «Maroc inutile» (pour le capital local et international), en particulier dans le monde rural et dans les régions à dominante amazighe (le Souss et le Centre).
• La question amazighe n’efface pas les influences multiples qui ont façonné la réalité culturelle, sociale et démographique d’aujourd’hui. Il n’existe quasiment plus, sauf dans des zones très restreintes, d’ethnie de «pure» appartenance amazighe ou arabe. La majorité est arabo-amazighe. Mais cela ne signifie pas évacuer l’existence d’une oppression spécifique cristallisée par l’Etat, ainsi que celle de spécificités régionales ethnoculturelles. Une communauté/peuple qui ne peut ni gouverner ni s’éduquer dans sa langue est discriminée.
Genèse et développement du mouvement amazigh
• Le mouvement amazigh a connu plusieurs phases. Dans les années 1960-1970, il s’est refugié dans une défense des «cultures populaires», sans avancer de revendications à caractère politique ou démocratique. Les années 1980 ont été celles d’une gestation difficile dans un contexte répressif. Ce n’est que dans la décennie suivante qu’en résonance avec la question kabyle dans l’Algérie voisine, un regroupement des différentes associations s’est produit sur la base de la Charte d’Agadir (1991). Celle-ci revendique la constitutionnalisation de la langue amazighe, son utilisation et généralisation dans l’enseignement et l’administration.
Mais cette politisation ne s’est accompagnée que de mémorandums à destination de la classe politique et du pouvoir. La direction du mouvement ne cherchait pas la confrontation. Dans les années 2000, le pouvoir a mené une politique de cooptation. Les directions majoritaires ont soutenu la création de l’Institut royal de la culture amazighe, se contentant de l’introduction partielle de l’amazigh dans certains cours (en 2003 ) et de la création d’une chaîne de télévision à diffusion limitée (2008 ).
• La cooptation s’est également appuyée sur une crise ouverte au sein du mouvement, entraînant nombre de ses cadres et militants à se replier sur l’associatif au plan local, financé par des organismes proches du pouvoir. Le mouvement a connu un reflux et la cristallisation de plusieurs courants : ethniciste-chauvin, autonomiste, institutionnel, démocratique radical… Cependant, en 2011, le M20F (Mouvement du 20 février) a montré la possibilité d’un mouvement populaire qui intègre les revendications spécifiques dans un combat général contre le despotisme. La reconnaissance de la légitimité des revendications amazighes faisait consensus. Cette dynamique a obligé le pouvoir à reconnaître la langue amazigh comme langue officielle sans pour autant la mettre sur un pied d’égalité, cette « reconnaissance » elle-même devant attendre des décrets d’application, qui se sont avérés par la suite sans portée réelle.
Tâches et perspectives
• Le pouvoir peut réprimer ou faire des concessions formelles, mais alors en contournant les revendications. La lutte pour la satisfaction des droits culturels et démocratiques ne peut s’appuyer sur le dialogue avec lui, ni se limiter à une reconnaissance officielle de la langue. Elle nécessite une rupture avec les politiques d’austérité qui asphyxient l’enseignement public, la formation des maîtres et la possibilité de généraliser son usage.
• Mais il faut aussi lutter pour une réforme agraire et foncière. La culture et la langue amazighes ont en effet été portées par des communautés ancrées dans les liens sociaux et matériels que permettait un régime spécifique de propriété. Les terres étaient collectives, même si les communautés en avaient seulement l’usage. Le dahir (décret) de 1919 régit le «droit de propriété des tribus, fractions, douars ou autres groupements ethniques sur les terres de culture ou de parcours dont ils ont la jouissance à titre collectif». Placées aujourd’hui sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, ces terres s’étendent sur une superficie estimée à 15 millions d’hectares. Les Amazighs sont aujourd’hui particulièrement touchés par l’intensification de l’accaparement des terres agricoles et pastorales, qui prive les populations rurales de leurs ressources naturelles (mines, forêts, parcours, eau) et de leurs moyens de subsistance, en suscitant en retour une dynamique de résistance.
Les mobilisations à Imider [1] ont réactualisé les formes d’organisation communautaires, en associant l’ensemble des habitants à la conduite de la lutte. La culture amazighe s’assume ici comme un moyen de lutte collective sur des questions sociales, écologiques et démocratiques. A Al Hoceima, les assemblées générales se font dans la langue de l’opprimé. S’il est difficile de savoir sous quelle forme un mouvement de masse pourra s’unifier et se cristalliser, il y a d’ores et déjà une nouvelle génération qui ne se reconnaît pas dans les structures officielles du mouvement amazigh. L’enjeu est de reconstruire un mouvement combatif, indépendant, unitaire, laïc, qui sache combiner les luttes spécifiques et les luttes pour une émancipation globale.
Celle-ci implique un Etat laïque où les formes de légitimation du pouvoir ne reposent pas sur une religion instituée. L’égalité des droits des langues et cultures ne peut reposer sur la sacralisation de la langue arabe comme langue du coran. Une résolution démocratique implique en outre une rupture avec les conceptions centralisatrices et homogènes de la nation, afin de garantir la possibilité d’une autonomie nationale-culturelle et de l’auto-administration régionale. Mais aussi et en même temps, une lutte de classe résolue contre la classe dominante quelle que soit sa coloration ethnique, pour que les classes populaires conquièrent le pouvoir réel et construisent une société égalitaire, multiculturelle, affranchie de toute forme d’oppression et d’exploitation.
Karim Oub est un militant amazigh, maxiste-révolutionnaire
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[1] Imider: une lutte qui a commencé en 1996, mais a pris une dimension nouvelle depuis six ans, avec l’installation d’un campement permanent des habitants des différents villages qui luttent pour le droit aux ressources, accaparées par un holding royal, et contre la pollution générée par l’exploitation de la mine.
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Hirak Errif – le Mouvement du Rif – exige la libération des détenus. Les journalistes Rifains dénoncent les méthodes du pouvoir
Par Aniss Z.
El Watan du 3 juin 2017 a publié cet article dont nous reproduisons quelques extraits. «La quasi-totalité des magasins du centre-ville ont respecté jeudi 1er juin 2017 après-midi le mot d’ordre de grève générale pour exiger la remise en liberté des activistes de Hirak Errif. Le mouvement a été très suivi dans la ville voisine de Beni Bouyaach. Une importante manifestation a également eu lieu à Imzouren et ses environs, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.
• Malgré les arrestations, les manifestations perdurent à Al Hoceima. De son côté, le mouvement Hirak Errif qui lutte contre la marginalisation de la région s’organise et mobilise, même privé de ses leaders. […]
Et leur mot d’ordre de grève générale a été largement suivi jeudi dans le nord du Maroc, où les manifestations pour réclamer la libération du leader de la contestation locale se poursuivent à un rythme quotidien. L’annonce de la grève générale avait été lancée sur les réseaux sociaux par Najib Ahmajik, le n° 2 du mouvement de contestation qui est actuellement en fuite.
Comme à chaque nuit tombée depuis presque une semaine, les manifestants se sont rassemblés de nouveau dans le quartier Sidi Abed, proche du centre-ville. Ils étaient près de 2000 à exiger de nouveau la «libération des prisonniers», brandissant en tête de cortège une banderole avec le portrait du leader de la contestation emprisonné, Nasser Zefzafi. C’est aux cris de «Nous sommes tous Nasser Zefzafi!» que les contestataires ont investi les rues.
Le rassemblement s’est déroulé sans incident, pour s’achever peu avant minuit, indiquent des médias étrangers présents sur place. […]
• Selon un décompte officiel, la police a procédé depuis vendredi dernier à une quarantaine d’arrestations, visant essentiellement le «noyau dur» du Hirak. Vingt-cinq des personnes arrêtées ont été déférées devant le parquet.
L’appel des journalistes rifains
Dans un communiqué rendu public jeudi après-midi, un groupe de journalistes rifains parmi lesquels figure Mohamed El Asrihi, directeur du site d’informations rifain Rif24, a appelé «la communauté internationale et toutes les organisations mondiales de défense des droits humains à faire pression sur les autorités marocaines afin qu’elles abandonnent les charges retenues contre les journalistes et les activistes rifains telles que les accusations d’avoir menacé la sécurité intérieure de l’Etat et d’avoir reçu des fonds étrangers».
• Dans leur appel, ils disent souhaiter également que ces organisations poussent les autorités marocaines à arrêter les harcèlements et les arrestations qui frappent le Rif. «Nous faisons face à ces menaces et persécutions pour la simple raison que nous avons traité les événements vécus dans notre région avec objectivité et conscience professionnelle, et parce que nous nous sommes battus pour rapporter et transmettre au monde entier les vérités et la réalité telle qu’elle est, d’une manière neutre», indique la même source.
Les auteurs du communiqué dénoncent en outre «les graves violations des droits de l’homme commises par les autorités marocaines envers les journalistes rifains et leurs familles, et leurs tentatives délibérées de faire taire les voix dissidentes et libres». (3 juin 2017)
le 4 - juin - 2017Lien permanent Catégories : Berbères, Kurdes...(minorités nationales), Maroc, SolidaritéOman 0 commentaire -
Maroc : Une mobilisation populaire massive et radicale (NPA)
Les nervis "baltajis" sont ressortis
Voilà maintenant près de 7 mois que la mobilisation dans le Rif dure.
Déclenchée en réaction à l’assassinat de Mohcine Fikri, un vendeur de poisson écrasé dans une benne à ordure, le mouvement s’est doté d’ une plateforme revendicative dans le cadre d’un processus d’assemblées populaires.
Celle-ci fait ressortir des demandes élémentaires : la construction d’universités, d’hôpitaux, de centres de formation, l’accès aux services de base, la lutte contre le chômage et les expropriations de terre, ainsi que la levée du décret de militarisation établi dans les années 1950, la fin de la corruption, la libération des prisonniers du mouvement, la condamnation des vrais responsables de la mort de Fikri. Les comités locaux du mouvement populaire structurent à la base la mobilisation qui a essaimé, y compris dans les plus petites localités.
Le pouvoir a cherché à invisibiliser la lutte, comptant sur un épuisement.
Mais en se dotant de structures d’auto-organisation, en contournant les médiations traditionnelles discréditées (partis, syndicats, société civile, élus), le mouvement était en phase directe avec les aspirations populaires. Aucune institution, aucun relais du pouvoir, aucune « opposition » n’est en mesure de canaliser la lutte, avec en toile de fond, une crise profonde de la façade démocratique.
Cinq ans après 2011, le régime n’a jamais été aussi autoritaire, corrompu et dans l’incapacité de vendre l’illusion d’un semblant d’auto-réforme. Le rejet massif des institutions se traduit aussi bien dans les urnes que dans les mobilisations qui n’ont cessé de s’étendre sur tous les terrains et dans tous les recoins du pays. Le Rif présente par ailleurs une spécificité historique, longtemps ostracisé par le pouvoir, il a une longue histoire de résistance : de la fondation de la République du Rif avec Abdekrim el Khattabi, au soulèvement au lendemain de l’indépendance contre le pouvoir central, au cœur des révoltes contre les politiques d’ajustement structurel, particulièrement mobilisé durant le M20 Février. Ce n’est pas un hasard si l’emblème de la contestation est celui de la République du Rif et le drapeau amazigh.
Escalade répressive
Devant la persistance de la mobilisation, le pouvoir a cherché à la présenter comme répondant à un agenda étranger séditieux mené par des « séparatistes », et n’a cessé de déployer ses forces répressives et « balatgias ». La journée du 18 mai a été emblématique : malgré un dispositif militaire impressionnant et des barrages systématiques, des milliers de personnes les ont forcés et rejoint al Hoceima, acculant le pouvoir à assister à une manifestation de masse sans précédent doublée d’une grève générale.
Le mouvement populaire a posé des exigences très claires : ce ne sont pas les institutions élues corrompues et les ONG bidons mais les représentants du mouvement qui doivent être à la table des négociations, et celle-ci ont pour préalable la libération des détenus, la levée de la militarisation, et pour seul objectif la satisfaction des revendications assorties de garanties. Le mouvement ne s’arrêtera pas tant que la population n’aura pas obtenu satisfaction.
L’escalade répressive est en cours : plusieurs dizaines d’arrestations dont les animateurs du mouvement et ses porte-parole ont eu lieu, et la liste s’allonge... Depuis plusieurs nuits des heurts ont lieu. La radicalisation politique est explicite à travers des mots d’ordre qui visent la fin du makhzen ou la transformation du fameux « Dieu, la patrie, le roi » en « Dieu, la patrie, le peuple ».
Un affrontement majeur se dessine, massif et radical, et dans de nombreuses autres villes, la contestation s’étend malgré la violence de l’État. Les prochaines semaines seront déterminantes pour la relance du processus révolutionnaire et l’affrontement avec la monarchie. La solidarité internationale pour la satisfaction des revendications du peuple du Rif, le soutien à toutes les mobilisations sociales et démocratiques et l’arrêt de la répression est urgente.
Samedi 3 juin 2017
Chawqui Lotfi (militant de Tahadi / Émancipation démocratique)
Commentaire: Il ne fait pas de doute pour nous que le Rif est une région berbère...
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