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  • Bataille d’Alep: chaos dans les rues alors que les civils fuient l’assaut de l’armée (A l'Encontre)

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    Chargés de valises, ils arrivent à Sakhour, un quartier d’Alep, depuis les régions du nord submergées par les combats, juste pour trouver plus de violence.

    D’autres habitants ont déjà décidé que ce quartier est d’Alep est un endroit où il n’est plus possible pour eux de se cacher.

    Dans le chaos qui règne dans les rues, les habitants de longue date s’en vont alors que d’autres arrivent, en essayant d’aller plus vite que les forces gouvernementales qui progressent rapidement, infligeant défaite sur défaite aux rebelles qui tiennent cette région depuis 2012.

    Les civils ont commencé à fuir l’assaut par milliers – 10 000 auraient traversé vers les zones aux mains du gouvernement ou des Kurdes pendant le week-end.

    La marée humaine de ces gens en train de courir ne semble pas vouloir se calmer et personne ne sait où et quand elle se terminera.

    Depuis la fenêtre de son appartement à Sakhour, un habitant décrit une nouvelle vague de destructions pendant le week-end et un afflux de réfugiés depuis le nord-est de la ville où les lignes rebelles ont cédé.

    «Des centaines de gens sont dehors dans les rues, sans savoir où aller pour trouver de la nourriture et un abri», raconte un habitant souhaitant rester anonyme. «Les gens quittent leur maison avec leurs valises et tout ce qu’ils peuvent emporter parce qu’ils sont désespérés et craignent pour leur vie.»

    Pendant tout ce temps, les bombes continuent de tomber. Abu Modar, qui vit dans le même pâté de maisons, rapporte que l’immeuble a été ciblé hier à deux reprises par les tirs d’artillerie. «Nous ne savons pas où aller et nous voulons juste que les bombardements cessent pour que nous puissions trouver où aller et vivre nos vies normalement», confie-t-il.

    A Ansari, une autre région à l’est d’Alep, la situation est la même: «désastreuse», selon les termes d’Ibrahim Abou al-Leith, un porte-parole du groupe de secours les Casques blancs.

    Ce que de nombreux habitants de l’est d’Alep craignent depuis longtemps est en train d’arriver: selon les alliés russes du gouvernement, presque la moitié des zones tenues par les rebelles sont tombées ces derniers jours, cédant sous la pression de cette guerre de siège, des attaques aériennes, de la faim, et, selon les dires de certains, parce qu’ils ont été abandonnés par la communauté internationale.

    Selon Yasser Youssef, un représentant du groupe rebelle Noureddine al-Zinki, l’avance du gouvernement est le résultat du soutien de la Russie et de l’Iran, tous les deux fidèles alliés de Damas.

    «Ces dernières années, nous avons résisté avec les moyens primitifs dont nous disposions, mais aujourd’hui, nous tenons tête à l’Iran et à la Russie», résume-t-il.

    «Le régime était hors-jeu il y a cinq ans, mais aujourd’hui, nous nous battons contre des armées et des milices de chaque coin du globe.»

    La question de savoir s’il faut fuir préoccupe de nombreux civils que Middle East Eye a rencontrés à Sakhour. A ce propos, Modar craint que sa famille ne se retrouve sans toit, à l’instar de nombreux Syriens qui ont choisi de rester à Alep-Est.

    Fatima Zehra, la voisine de Modar, se tient sur le pas de sa porte pendant que ses cinq enfants pleurent derrière elle. Encore une fois, la famille n’a pas fermé l’œil de la nuit à cause des bombardements incessants. Alors que peut-elle faire?

    «Les enfants ne font que pleurer parce qu’ils ont trop faim et trop peur des bombes», témoigne Fatima. «Je n’ai rien à leur donner à manger et les écoles sont fermées. Les enfants ne font rien d’autre que rester dans ces couloirs à attendre que cet enfer se termine.»

    Peut-être que la fin est proche. Mais ce n’est pas la fin que beaucoup espéraient, et pour laquelle ils ont tant supporté pendant ces longs mois de siège. Les forces rebelles se sont retirées pour sécuriser leur ligne de front. En quatre ans de combats, c’est la pire défaite que les forces du gouvernement ont infligée à l’opposition. Mais leurs ennemis ne donnent pas de signe de répit.

    Les rations alimentaires données par le Programme mondial alimentaire (PAM) avant que l’accès des Nations unies soit fermé en juillet dernier sont arrivées à épuisement en novembre.

    Selon le personnel humanitaire, les gens à l’est de la ville sont à «quelques jours» de la famine.

    L’hiver a aussi forcé plusieurs personnes à allumer des feux de fortune dans leurs maisons en brûlant ce qui leur tombe sous la main pour cuire la nourriture ou garder un peu la chaleur.

    Lundi, l’Observatoire syrien pour les droits de l’homme (OSDH) a rapporté qu’avec Sakhour, les rebelles avaient aussi perdu Haydariya et Cheikh Khodr.

    Selon le journal syrien Al Watan, proche du gouvernement, l’armée avance à grands pas. La prochaine étape de l’opération consistera à «diviser la région restante en quartiers de sécurité facile à contrôler pour les capturer un à un».

    La progression obligerait ensuite les tireurs à se replier ou… à accepter la réconciliation nationale selon les termes de l’État syrien.

    Pour les habitants d’Alep-Est comme pour les tireurs, l’offre de «réconciliation nationale» a souvent été soumise et toujours refusée.

    Mais pour la marée humaine dans les rues de Sakhour, Ansari et d’autres quartiers de l’est, le point de rupture semble être tout près.

    (Article publié sur le site MEE, le 28 novembre 2016, mis à jour le 29 novembre)

     Zouhir Al-Shimale

    Publié par Alencontre le 29 - novembre - 2016
     
  • Syrie. Dans l'est d'Alep, les civils craignent les actes de représailles (Amnesty)

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    Les forces gouvernementales syriennes qui ont pris le contrôle de quartiers de l'est de la ville d'Alep ces derniers jours doivent veiller à ce que les civils vivant dans ces secteurs puissent circuler librement et soient protégés contre les actes de représailles, notamment la détention arbitraire, la torture, la disparition forcée et le harcèlement, a déclaré Amnesty International lundi 28 novembre 2016.

    Le 27 novembre, les forces gouvernementales syriennes ont pris le contrôle de deux quartiers dans l'est de la ville d'Alep, Jabal Badro et Maskaen Hanano, où vivent actuellement une centaine de familles. Parmi les civils qui sont restés dans ces quartiers, beaucoup ont déclaré à Amnesty International craindre des actes de représailles de la part des forces gouvernementales.

    « Les forces gouvernementales syriennes ont à plusieurs reprises lancé des attaques illégales contre la ville d'Alep, en faisant preuve d'un mépris flagrant pour la sécurité des civils qui vivent dans les secteurs de la ville contrôlés par les groupes armés d'opposition, a déclaré Samah Hadid, directrice adjointe des campagnes au bureau régional d'Amnesty International à Beyrouth.

    « Étant donné le lourd passif du régime syrien en matière de détentions arbitraires et de disparitions forcées à grande échelle, il est crucial que les civils soient protégés dans les quartiers reconquis de la ville d'Alep. Le gouvernement syrien ne doit pas restreindre arbitrairement la liberté de mouvement des civils et doit permettre à ceux qui souhaitent quitter la zone de le faire librement, sans menace ni entrave. »

    Fadi, militant local, a déclaré à Amnesty International que les habitants de Masaken Hanano et Jabal Badro n'ont pas pu fuir face à l'avancée des forces gouvernementales et sont aujourd'hui trop effrayés pour quitter leur domicile.

    « Je connais certaines familles et elles m'ont dit qu'elles se trouvent chez elles et ont peur de circuler dans le quartier, parce que les soldats du gouvernement sont partout », a-t-il déclaré.

    Un autre militant a déclaré que les forces gouvernementales ont emmené des habitants (des hommes) de Masaken Hanano à l'aéroport d'al Nairab pour les interroger et les filtrer. Amnesty International n’a pas pu vérifier ces informations.

    Des habitants de Sheikh Maqsoud – quartier d'Alep sous contrôle des Unités de protection du peuple kurde (YPG) – ont déclaré que près de 8 000 habitants de l'est d'Alep avaient également fui la semaine dernière, alors que les combats et les frappes aériennes s'intensifiaient. Les civils n'ont d’autre issue pour quitter Sheikh Maqsoud que de passer par l'ouest d'Alep, que contrôle le régime syrien. Beaucoup ont trop peur de quitter la zone, craignant les actes de représailles des forces gouvernementales s'ils partent.

    Alors que les forces du régime syrien resserrent l'étau autour de l'est d'Alep, le siège dans cette partie de la ville devrait se renforcer, avec son cortège de conséquences désastreuses pour les civils.

    Un homme ayant fui avec sa famille vers Sheikh Maqsoud a décrit cette situation désespérée : « Je suis arrivé avec mon frère et nos familles il y a quelques jours. Nous avons pris le risque, sans savoir si les Unités de protection du peuple kurde nous laisseraient passer, mais nous ne supportions plus la faim ni le bruit des avions de guerre toute la journée, alors nous avons décidé de partir... La pénurie des denrées alimentaires est générale, et elles sont donc très chères. Chaque jour qui passait, j'étais reconnaissant d'être encore en vie, face aux frappes aériennes et aux tirs d'obus. Nous ne pouvons plus vivre comme ça. »

    28 novembre 2016

    https://www.amnesty.org/

  • Cuba Algérie (Algeria Watch + CADTM)

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  • Violence à l’encontre des femmes : Insoutenable situation en Algérie (El Watan)

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    Au moins trois femmes sur cinq sont violentées en Algérie.

    D’après l’enquête menée par le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap), dont les résultats finaux ne sont pas encore dévoilés, 9% des hauts responsables femmes sont violentées en Algérie et près de 93% de femmes de moindre responsabilité, telles que les femmes de ménage, font l’objet de violences.

    Sur la base de ces chiffres effrayants, le Snapap a organisé, samedi à Alger, une rencontre à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la violence à l’égard des femmes. Dans un langage ferme, Yamina Meghraoui, présidente du comité des femmes travailleuses-Snapap, dénonce la pression dont fait l’objet la femme algérienne, que ce soit dans son lieu de travail ou dans son domicile. «Cette rencontre est pour nous une occasion d’exprimer notre colère quant à la maltraitance de la femme.

    Nous considérons que toutes les lois du gouvernement algérien instaurent la violence à l’encontre des femmes. A leur tête, la réforme du système de départ à la retraite qui pénalise la femme, majoritaire dans les demandes de retraite anticipée. L’obliger à travailler et lui ôter la possibilité de partir en retraite est aussi une forme de violence», a déclaré Mme Meghraoui, qui n’a pas manqué de dénoncer la loi de finances 2017 adoptée la semaine dernière qui, selon ses propos, ne fera que généraliser la précarité, affaiblir le pouvoir d’achat, augmenter le taux de chômage et réduire le niveau de vie des foyers.

    De pareilles conséquences vont, selon l’oratrice, «directement peser sur la femme, étant donnée qu’elle est le noyau de la cellule familiale». «La précarité et la pauvreté en Algérie commencent à prendre des couleurs féminines. L’importance du taux de chômage et la difficulté d’accéder au travail obligent la femme à accepter des postes précaires, souvent sous contrat à durée déterminée. Ce mode de recrutement en lui-même est une source de violence.

    De plus, la femme est toujours dans la crainte de voir son contrat non renouvelé et se trouve obligée de se taire face à la maltraitance qu’elle pourrait subir. Toutes les femmes recrutées en CDD sont exposées systématiquement à la répression, à la violence et au harcèlement dans toutes ses formes pour voir leurs contrats renouvelés de manière régulière. La majorité des postes de travail précaires sont occupés par des femmes», abonde-t-elle, avant de s’en prendre au code du travail qui, selon elle, légalise et instaure cette sous-traitance et devient alors une source légale de violence à l’égard des femmes.

    Asma Bersali El Watan, 28 novembre 2016

    http://www.algeria-watch.org/

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    Lire aussi:

     

  • Pari réussi pour les syndicats autonomes (Le Soir d'Alger)

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    Pari réussi pour l’Intersyndicale.

    Elle a réussi à passer à une action de rue hier et braver les forces de l’ordre pour tenir un rassemblement à Alger. Les syndicats autonomes, empêchés de rejoindre le siège de l’APN, ont été rejoints par les groupes parlementaires du PT et de l’Alliance verte à proximité de la Grande-Poste, où le sit-in s’est finalement tenu.

    La capitale était quadrillée hier aux premières heures de la matinée.

    Un important dispositif sécuritaire a été déployé et des barrages dressés pour fermer tous les axes menant vers le boulevard Zighoud-Youcef, où est située l’Assemblée populaire nationale et où l’Intersyndicale a annoncé la tenue d’un rassemblement pour protester contre la réforme de la loi du travail. Les forces de l’ordre ont bouclé aussi la gare routière du Caroubier pour empêcher les manifestants et les syndicalistes venant des autres wilayas du pays de rejoindre le centre-ville, paralysant ainsi la circulation sur tout l’axe routier de l’est d’Alger.

    Des citoyens ont été contraints de descendre des bus et prendre le tramway et le métro pour rallier le centre-ville et leurs lieux de travail. De simples citoyens ont été même interpellés ou fouillés à proximité de la gare du Caroubier. A 10h, devant le siège de l’APN, où le ministre du Travail présentait en plénière le nouveau projet de loi du code du travail, la place était déjà quadrillée par un nombre impressionnant de policiers. L’endroit était interdit aux piétons. Seuls les journalistes ont eu droit d’y accéder.

    Aux environs de 10h30, les groupes parlementaires du PT et de l’Alliance verte sont sortis du siège de l’APN pour rejoindre les journalistes qui attendaient dehors l’arrivée des syndicats. Peine perdue, aucun syndicaliste n’a réussi à rallier le lieu du rassemblement. Le groupe de journalistes et les parlementaires, apprenant que les syndicats étaient un peu plus loin et empêchés de rejoindre les lieux, ont décidé de marcher jusqu'au jardin Khemisti, à proximité de la Grande-Poste.

    Un groupe de manifestants, à sa tête Meziane Meriane, Sadek Dzeri, Lyes Merabet, et les autres présidents de syndicats, a réussi à rejoindre le jardin Khemisti, scandant des slogans contre le nouveau code du travail et la suppression de la retraite anticipée.

    Les forces de l’ordre et anti-émeutes et des agents en civil ont réussi à boucler le périmètre et interdire aux manifestants d’avancer. Leur nombre important était difficile à cerner. Le rassemblement s’est tenu sur place avant que les forces de sécurité ne procèdent à plusieurs arrestations. Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d’Algérie (CLA) était l’un des syndicalistes interpellés à la première heure avant d’être déposés à la gare du Caroubier, où un autre rassemblement était, d’ailleurs, improvisé par les manifestants qui n’ont pas pu prendre part au rassemblement de la Grande-Poste, selon les déclarations du coordonnateur de l’Unpef qui a souligné que 25 bus ont été bloqués à l’intérieur de la gare routière. La répression policière n’a rien entamé de la détermination de l’Intersyndicale.

    Lors d’un point de presse, les syndicats autonomes, tout en dénonçant l’oppression, ont réaffirmé leur volonté d’aller jusqu’au bout de leur démarche. «L’Intersyndicale est plus que jamais déterminée à aller de l’avant et durcir son mouvement pour protéger les acquis sociaux des travailleurs», ont déclaré les membres des syndicats autonomes. Ces derniers vont poursuivre leur mouvement de grève aujourd’hui et demain. Ils se réuniront dans une semaine pour décider de leur prochaine action qui risque de se radicaliser en absence de dialogue avec les pouvoirs publics.

    Salima Akkouche - Alger (Le Soir) -

    http://www.algeria-watch.org/fr

     

  • Ce que révèle la mort atroce de Mouhcine Fikri au Maroc (Orient 21)

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    Retour sur un « fait divers »

    Samedi 19 novembre 2016, une nouvelle manifestation s’est tenue à Al-Hoceima en hommage à Mouhcine Fikri, le marchand de poisson broyé le 28 octobre dans un camion-benne pour avoir voulu protéger sa marchandise lors d’une intervention policière. La colère populaire semble ne pas faiblir, un mois après un drame qui a surtout révélé les multiples dysfonctionnements de l’État marocain.

    Le 28 octobre, la police marocaine a intercepté à la sortie de la ville d’Al-Hoceima un véhicule qui avait quitté le port sans autorisation avec 500 kilos d’espadon, une espèce protégée en Méditerranée. Voyant que sa marchandise risquait d’être déversée dans un camion-benne amené à cet effet, Mouhcine Fikri, le propriétaire de la marchandise, est entré dans la broyeuse pour protéger son bien. Avec le recul dont nous disposons à présent, il apparaît probable que c’est l’un des compagnons de la victime qui a actionné accidentellement le système de compactage de la benne.

    La photo du drame a circulé rapidement sur les réseaux sociaux, accompagnée d’informations difficiles à vérifier : la victime aurait refusé de payer des pots-de-vin, suscitant la colère d’un représentant de l’autorité qui aurait alors hurlé « Broie-le, sa mère ! », à la suite de quoi quelqu’un aurait intentionnellement actionné la machine et causé la mort de l’homme. L’émotion a été intense : l’image de ce corps broyé dont on voit dépasser la tête et un bras, l’association entre la dépouille et les ordures ménagères dans un pays où le corps du mort est sacré, l’idée que cela aurait été un acte délibéré perpétré contre un indigent qui s’opposait au racket… De surcroît, dans une ville frondeuse dont les habitants conservent en mémoire l’écrasement de la révolte du Rif en 1958, et les insultes officielles du roi Hassan II suite à leur soulèvement en 1984.

    Calmer la colère populaire

    Le roi, en vacances à Zanzibar au moment des faits, a dépêché son ministre de l’intérieur Mohamed Hassad pour présenter ses condoléances à la famille de la victime et l’assurer de son intention de « poursuivre les responsables de la mort de Mouhcine Fikri ». La mobilisation a donc suffisamment inquiété le pouvoir pour qu’il cherche à apaiser la colère des manifestants qui ont envahi les rues de plus de vingt-cinq agglomérations, mettant en cause sa responsabilité. Cependant, en agissant de la sorte, il montre qu’en pareilles circonstances, il n’agit que sur injonction royale, quand bien même la Constitution adoptée en 2011 dit en substance que le roi ne peut agir que par édit (dahir) dans les domaines précis de ses attributions et non donner ordres et instructions aux ministres, à l’administration ou à la magistrature.

    Le pouvoir a également lié ainsi l’intérêt des ayants droit de la victime à la volonté royale, en leur faisant miroiter d’éventuels intérêts matériels ou moraux. Il a pu empêcher que la famille joue un rôle de catalyseur de la contestation. Cette démarche s’avère d’autant plus payante que le père du défunt est membre du Parti de la justice et du développement (PJD), auquel appartient le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. Ce dernier ne cesse par ailleurs de donner des gages de bonne volonté au roi ; aussi a-t-il rapidement demandé à ses militants de ne pas s’associer à la mobilisation, et délégué plusieurs de ses collègues ministres auprès de la famille de la victime pour l’exhorter à la modération.

    Pour faire bonne figure, onze personnes ont été arrêtées pour faux et usage de faux — passibles de peines pouvant aller jusqu’à la prison à perpétuité —, et d’homicide par imprudence (jusqu’à cinq ans de prison). Deux agents d’autorité, deux fonctionnaires du ministère des pêches et un vétérinaire sont accusés d’avoir falsifié le procès-verbal de saisie et destruction de la marchandise. Ils l’auraient établi a posteriori et auraient déclaré que la marchandise avait été détruite alors que ce n’était pas encore fait. Les autres prévenus sont trois employés de la société de ramassage des ordures et trois amis du défunt. Aujourd’hui, les fonctionnaires du ministère des pêches, les vétérinaires des services d’hygiène, les syndicats de pêcheurs et de travailleurs des entreprises de transit condamnent l’arrestation et les poursuites contre leurs collègues, et menacent de débrayages qui mettraient leurs secteurs en difficulté. Ils affirment que les prévenus n’ont fait que leur devoir et que les poursuites n’ont pour objet que de jeter des « lampistes » en pâture à la vindicte populaire.

    « L’État faible »

    Si les circonstances du décès de ce malheureux vendeur de poisson sont loin d’établir une responsabilité directe du pouvoir, les liens avec les fondamentaux du régime n’en sont pas moins évidents. Car à la racine de ce drame et des manifestations qu’il a provoquées, il y a l’application sélective et discrétionnaire des lois. Les petits exploitants de la pêche artisanale refusent d’être brimés alors que les gros exploitants bénéficient, eux, de passe-droits. Derrière cette affaire se profilent donc l’insécurité politique liée à l’arbitraire et à la corruption, ainsi que l’insécurité économique et la frustration pour les 45 % de la population vivant de l’économie informelle et leur écrasement par l’économie de rente.

    L’État faible a convenu avec chaque corporation de métier des arrangements ponctuels et factuels (recrutements, autorisations pour occuper l’espace public, promesses d’amélioration du statut…) or ces arrangements sont demeurés informels, laissant les concernés sous le coup de la contravention.

    Les pêcheurs d’Al-Hoceima sont privés de titres professionnels depuis trois ans, mais sont en activité tout à fait normale, entrant au port et en sortant leur marchandise sans que la police, la douane ou les services des pêches et vétérinaires s’en offusquent, et c’est ce même État qui a distribué des équipements mécaniques de pêche à des dizaines de pêcheurs une semaine après la mort de Fikri. De très nombreux Mouhcine Fikri peuvent ainsi faire commerce des produits de la pêche alors qu’ils ne sont ni reconnus ni autorisés comme professionnels. Ils sortent pourtant leur marchandise en temps normal sans avoir à payer de droits et sans la voir subir le contrôle sanitaire.

    C’est l’État faible qui, parce que le Maroc est sous les feux des projecteurs de la COP22, a décidé d’un seul coup d’imposer le respect de la règle théorique et de broyer toute victime collatérale, interdisant tout débat contradictoire sur les ondes de médias systématiquement muselés. Et qui se laisse instrumentaliser par ses hauts fonctionnaires prêts aux compromissions pour ne pas apparaître comme des complices des fautes et abus. Il permet que les lobbies saisissent toutes les occasions pour se « sucrer » un peu plus, comme c’est le cas actuellement avec les exploitants de la pêche hauturière de l’Atlantique qui profitent de la tension actuelle pour demander que leurs quotas de pêche soient relevés de 150 000 à 200 000 tonnes. Et c’est toujours l’État faible qui a décidé de faire profil bas devant l’exaspération de la population et de mettre à l’index des boucs émissaires qui n’ont fait qu’appliquer la loi et obéir aux ordres. Ces victimes expiatoires (auxquelles seraient rajoutées le préfet d’Al-Hoceima et des cadres dirigeants du ministère des pêches), sont présentées comme responsables de la gabegie des pêcheries, incapables d’assurer une gestion efficiente — c’est-à-dire sans vagues politiques — des protestations de la population.

    Au mépris du droit

    L’État marocain est pourtant doté de règles claires. Il n’est pas privé de cadres compétents ni de relais et recours capables de relever les dysfonctionnements et de les traiter en temps utile. Ce qui lui manque, c’est la volonté politique et la cohérence globale, qui feraient que la règle serait appliquée de manière pertinente et indifférenciée. Le corpus législatif est assez complet en la matière : lois sur les pêches, la pêche illégale, la vente de poissons au gros, la surveillance des navires à grande capacité, les plans d’aménagement concernant l’essentiel des poissons disponibles dans les mers relevant du domaine maritime ou de la zone d’intérêt économique du Maroc, les périodes de repos biologique pour la reconstitution des stocks… De même, les équipements sont actuellement assez développés : halles aux poissons à chaque point de débarquement, marchés aux poissons dans l’ensemble des villes, véhicules frigorifiques, triporteurs pour la vente de proximité. Et les instances de contrôle policier, douanier, sanitaire et commercial sont présentes partout.

    Mais pour ce secteur comme pour pratiquement tous les autres, les lois, les institutions et les autorités mises en place sont en butte au pouvoir des barons et de leurs protecteurs, qui ignorent superbement les règles et ceux qui ont la charge de les faire respecter. Alors, lorsque les laissés-pour-compte considèrent qu’ils n’ont pas d’autre solution dans le cadre du système formel et que le système réel est laxiste — et qu’ils pensent que la sanction des écarts est inférieure à l’espoir de s’en sortir indemne avec des gains honorables — rares sont ceux qui continuent de se plier au droit. On apprend ainsi que la majorité des pêcheurs d’Al-Hoceima s’adonnaient à leur activité dans le port alors qu’ils n’avaient plus d’autorisations depuis 2013. Que la vente de poissons se faisait sans déclarations ni contrôles, à des commerçants qui n’ont aucune habilitation. Et que les espèces de poissons qu’on prétend protéger par des périodes de repos biologique ou par un moratoire international sur leur pêche en Méditerranée font en réalité l’objet d’une exploitation massive et désordonnée.

    La gestion des manifestations du 20 février 2011 a eu pour principal ressort l’achat de la paix. Il s’agissait en substance de permettre que les groupements puissent trouver satisfaction à leurs revendications dans le cadre d’une négociation corporatiste, implicite ou explicite, sur les avantages économiques et sociaux, à la seule condition de ne pas agréger ces revendications dans une approche politique globale. Cela a été particulièrement visible pour les vendeurs ambulants qui ont été autorisés à occuper l’espace public sans limites, dans les constructions anarchiques de logements qui ont explosé, dans les recrutements en masse, notamment par l’Office des phosphates et d’autres établissements publics et collectivités locales1.

    « Déboulonner l’autoritarisme »

    La conviction de la déliquescence étatique s’est généralisée graduellement à l’ensemble des corporations, et la situation de non-droit dans le secteur des pêches révélé par le cas Mouhcine Fikri en est la dernière illustration. L’État fort est un État de droit. Il implique que les règles de droit soient appliquées à chacune et chacun sans discrimination. C’est exactement ce dont les Marocains constatent la carence et qui les amène, selon les conditions, soit à chercher leur survie ou le progrès en marge du droit, soit à en forcer l’interprétation en leur faveur par des pressions ou des négociations corporatistes, soit à recourir aux divers modes de contestation.

    Trois semaines après les faits, la mobilisation commence à tomber. Les appels à manifester sont moins nombreux. Mais, encore une fois, la rue a su dire, dans la diversité et la sérénité, son exigence de levée de l’oppression. Et si, de nouveau, il est prévisible que cela ne suffise pas à déboulonner l’autoritarisme, cela n’en contribue pas moins à en effriter un peu plus la légitimité, et à construire des alternatives collectives, pacifiques et crédibles.

    Le pouvoir a adopté le discours sur les libertés et les droits humains, essentiel à l’image du régime aux yeux des puissances occidentales, mais ne veut pas remettre en cause le principe monarchique et le fait qu’il n’a aucun compte à rendre. Le chantage à la collaboration contre le terrorisme et la comparaison avec les pays de la région mis à feu et à sang suffisent pour calmer les pressions des partenaires étrangers influents. Or le Maroc a besoin de créer suffisamment d’emplois et de richesses et de les répartir plus équitablement pour résorber les frustrations et obtenir l’adhésion populaire. Le système politique autoritaire, rentier et corrupteur les en empêche.

    La corruption par l’octroi d’avantages et de sinécures à l’ensemble des diplômés et des enfants des classes moyennes n’est plus envisageable, vu le nombre élevé d’étudiants qui sortent de l’université, la saturation de la fonction publique et l’érosion des réserves de l’État. La propagande du régime a perdu le monopole de l’information avec la généralisation de l’accès aux télévisions satellitaires et aux réseaux sociaux. Les divers segments contestataires (progressistes, islamistes, libéraux et amazighistes notamment) classiques ont été incapables d’envisager une lutte commune pour la démocratie, et ils ont été de ce fait dépassés par le mouvement commun initié le 20 février 2011. Par ailleurs, le modèle de croissance de l’économie par la demande intérieure (publique et privée) est arrivé à ses limites. On ne peut donc écarter l’hypothèse que d’autres abcès de fixation soient appelés à être crevés sur la place publique marocaine dans un avenir proche, et il n’est pas dit que le régime trouvera indéfiniment des expédients pour y faire face. On peut donc s’attendre à ce que la « libéralisation sans démocratisation » que le régime a mise en œuvre depuis la chute du mur de Berlin ne puisse survivre à moyen terme, et que l’apparence de démocratie laisse la place à une démocratie effective ou sinon, à un régime plus ouvertement oppressif.

    Note:

     1 Un procès-verbal d’accord du premier ministre pour le recrutement sans appel à concurrence ni examen de compétences de plus de 6 000 docteurs chômeurs a été signé en 2011, il a été dénoncé par son successeur pour inconstitutionnalité.

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