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Santé

  • Syrie, des centres éducatifs en zone assiégée de la banlieue de Damas «pour casser la routine quotidienne de la mort» (A l'Encontre.ch)

    Garderie d’enfants bombardée

    Entretien avec Majd al-Dik

    En mai 2017, deux quartiers de Damas (Qaboun et Barzeh) ont été repris par le régime syrien et les habitants déportés. Par conséquent le siège s’est accru dans la banlieue de Damas, sur la Ghouta Est, et ses habitants sont à leur tour menacés de déportation. Ces déportations s’accompagnent entre autres d’une destruction du tissu social et de la vie civile, soit avec les conseils locaux d’organisation de la survie, les structures associatives, médicales, éducatives.

    Bombardés par le régime de Assad, assiégés depuis 2013, de nombreux civils syriens de la banlieue Est de Damas (la Ghouta orientale, entre 350’000 et 400’000 habitant·e·s) cherchent à organiser «la vie au quotidien». Parmi eux Majd al-Dik, qui a grandi dans la Ghouta et a pris part à la révolution syrienne, a fondé des centres éducatifs comme Nabea El-Hayat (Source de vie). Il continue de s’occuper aujourd’hui, depuis la France, de l’appui à ces centres qui offrent un soutien psycho-social aux enfants. Cet entretien témoigne d’un aspect de la lutte pour la vie dans la Ghouta. Il a été publié dans le n° 9 de la revue de l’Emancipation syndicale et pédagogique. L’entretien a été effectué par Laure Jinquot. La traduction a été assurée part Luiza Toscane. (Avril 2017)

    Comment t’est venue l’idée de fonder un centre éducatif et psychologique?

    Majd al-Dik: En 2007, j’ai travaillé pour le projet “Child Friendly Spaces”, mené par le Croissant-Rouge et l’Unicef à destination des enfants irakiens réfugiés en Syrie. Avec la révolution syrienne, la répression et les bombardements, j’ai vu que ce qui se passait avec les enfants syriens, c’était comme ce qui se passait avec les enfants irakiens.

    On a eu ce rêve de développer un projet éducatif, mais pas comme l’éducation officielle sous la dictature de Assad, un projet alternatif. Les écoles avaient souffert de deux choses : les bombardements et les salaires qui n’étaient plus payés aux instituteurs.

    Le premier centre a ouvert en 2013. Au début, il ne devait être que provisoire. Aujourd’hui Nabea El-Hayat a neuf centres pour enfants. En parallèle à l’enseignement, nous avons mis en place un soutien psychologique et une aide alimentaire pour les enfants.

    Comment s’organise la journée pour les enfants?

    Majd al-Dik: Les enfants arrivent à 9h. Quand tous sont à la porte du centre, nous regardons s’il y a des avions ou non, nous évaluons si la situation est dangereuse pour que, si besoin, les enfants puissent repartir. Mais l’école est en général plus sûre que les maisons. Il y a trois ou quatre jours, il y a eu 90 survols d’avions dans la journée. On faisait chanter les enfants pour qu’ils n’entendent pas le bruit des avions.

    La matinée commence toujours par une activité avec des jeux, pour que les enfants oublient, afin qu’ils puissent ensuite se concentrer. De façon générale, l’enseignement n’est pas traditionnel, il y a toujours une part de jeu qui y est intégrée. Il y a des jeux, beaucoup de jeux collectifs, de la musique, des activités poétiques quotidiennes. L’objectif est de voir les enfants heureux, pour casser la routine quotidienne de la mort.

    Après manger, il y a une autre séance pour que les enfants révisent ce qu’ils ont fait dans la journée. Puis nous attendons que les parents viennent chercher leurs enfants. C’est là que nous rencontrons le plus de problèmes, nous sommes souvent obligés de ramener les enfants chez eux. Si un enfant est absent, nous voulons savoir pourquoi, nous nous sentons une responsabilité. Un matin, un enfant était absent, il avait été tué chez lui à cause d’un bombardement d’avion.

    Le repas du midi est préparé sur place?

    Majd al-Dik: Non, nous avons une cuisine centrale dans le Ghouta, dans laquelle dix adultes travaillent. Ils achètent la nourriture, préparent les repas. Puis les voitures amènent les repas dans chacun des neuf centres. Il y a souvent des problèmes pour circuler, à cause des bombardements. Il y a aussi des problèmes pour trouver et acheter de la nourriture à cause du siège.

    A 9h, des enfants arrivent avec la tête qui tourne à cause de la faim, car ils n’ont rien à manger chez eux. C’est pourquoi aussi le matin, dans les centres, nous leur donnons un petit en-cas.

    Comment s’organisent les sessions?

    Majd al-Dik: Au début les sessions étaient de trois mois, mais ce n’était pas assez important pour arriver à mettre en place un suivi psychologique. Aujourd’hui, les sessions vont de quatre mois et demi à un an. Sur les neuf centres, quatre prennent en charge les petits, de quatre à six ans, et cinq écoles prennent en charge les plus grands, de sept et huit ans. Dans les deux types de centres, il y a un soutien psychologique. Chaque centre accueille 150 à 170 enfants, pour chaque session, et cela six jours sur sept.

    Les parents remplissent une fiche au moment de l’inscription pour qu’on sache qui est l’enfant. Des enfants amenés ont parfois un lourd handicap (comme des enfants sourds, à cause des bombardements, ou comme des enfants nécessitant la pose d’une prothèse). Se pose alors la question de savoir s’il faut d’abord accueillir l’enfant dans une structure d’enseignement ou d’abord le soigner. Après l’attaque chimique d’août 2013, de nombreux enfants étaient orphelins et avaient besoin d’adultes qui jouent le rôle de parent. D’autres associations prennent en charge les enfants blessés mais elles ont peu de moyens et sont aussi débordées. Nous nous sentons impuissants face à ces handicaps.

    En début de session, lors de la première période, toutes les activités sont collectives. Puis nous évaluons les enfants pour voir comment ils se comportent. Par exemple quelle est leur réaction à un bombardement: est-ce qu’ils cherchent à se réfugier à l’intérieur ou non? Puis, dans la deuxième période, nous adaptons les activités à l’état de l’enfant.

    Le soutien psychologique les aide, mais les enfants, quand ils rentrent chez eux, voient du sang dans la rue tous les jours. Nous travaillons au quotidien, mais la cause du problème est là au quotidien.

    Les centres présentent-ils des aménagements spécifiques?

    Majd al-Dik: Les centres sont localisés dans les sous-sols d’immeubles, pour qu’ils soient protégés des bombardements. En 2011, l’État a commencé à couper plusieurs fois par semaine l’accès à l’eau, l’électricité, le gaz et l’accès à internet. En 2012, les coupures ont été définitives. Pour obtenir l’électricité, la méthode alternative mise en place est l’utilisation de générateurs. Mais cela nécessite d’importer du diesel, ce qui coûte cher. Dans les centres éducatifs, nous obtenons de l’électricité grâce à des panneaux solaires. Mais l’éclairage est parfois insuffisant.

    Les locaux que nous occupons sont soit prêtés par le Conseil local des villes soit loués à des particuliers. Les centres sont localisés dans huit villes de la Ghouta orientale contrôlées par différentes forces (l’Armée Syrienne Libre et Jaish al-Islam [qui parfois s’affrontent – réd. A l’Encontre]).

    Comment se répartit le personnel?

    Majd al-Dik: Par centre, pour 150-170 enfants environ, on compte: une directrice, quatre institutrices, quatre animatrices (pour les activités), deux personnes pour le nettoyage, une personne pour les menus travaux (réparation,…), une personne formée aux premiers secours. Il y a également un photographe, qui travaille sur plusieurs centres. Les réunions d’équipe sont quotidiennes.

    Une partie du matériel utilisé est celui qui était présent avant la mise en place du siège. Nous fabriquons aussi du mobilier (chaises, tables, tableaux…) et pouvons faire rentrer du petit matériel (stylos, livres…) par des tunnels, au niveau de points de passages. Depuis un mois, les tunnels sont fermés, le régime ayant bombardé nombre d’entre eux. Par conséquent, les taxes prélevées aux points de passage d’entrée du siège ont augmenté de 3% à 12%.

    Les salaires perçus par le personnel sont obtenus grâce à des ONG. Ces ONG, souvent internationales, passent des accords avec nous. Nous devons, en contrepartie, constituer une documentation sur ce que nous faisons.

    Aujourd’hui, nous avons trois bailleurs pour tous les centres. A chaque fois se pose la question de comment on va arriver à financer ces activités. Parfois, les financements durent trois mois, parfois un an. Le financement d’un de nos centres va s’arrêter en juin. Mon rôle est de chercher les financements. C’est le devoir du monde de protéger cette société civile.

    Nabea El-Hayat prend part à d’autres aspects de la vie civile, en plus des centres éducatifs?

    Majd al-Dik: En plus des neuf centres pour enfants, nous avons cinq centres délivrant une formation professionnelle pour les femmes: premiers secours, couture, informatique, langue, gestion de la maison en cas de blocus. Il y a environ 125 femmes par centre. Comme dans les centres pour enfants, tout est gratuit.

    Nous distribuons aussi des chèvres, à raison de quatre par famille. Ceci permet de produire du lait et maintenir une activité économique pour certaines familles. Depuis octobre 2016, nous louons des terres où sont cultivés du blé, du maïs et des légumes. Une quarantaine de personnes travaillent ces terres puis distribuent les récoltes aux familles, gratuitement toujours.

    Au total, il y a 185 personnes qui travaillent dans la Ghouta orientale dans les centres éducatifs, dans les centres pour femmes et dans l’agriculture. (Avril 2017)

    Publié par Alencontre le 9 - juin - 2017
     
  • Comprendre la crise humanitaire au Yémen (Orient 21)

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    Choléra, famine et crimes de guerre

    La situation des civils au Yémen après plus de deux années de guerre continue de susciter l’immense inquiétude des organisations humanitaires. L’épidémie de choléra qui depuis fin avril a frappé au moins 30 000 personnes selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se développe de façon exponentielle. Face à cette tragédie, les décideurs politiques et militaires locaux, régionaux et internationaux poursuivent, avec entêtement, des politiques aussi criminelles que contre-productives.

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Des centaines d’étudiants solidaires dans la rue à Oran (Liberté.dz)

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    Sit-in devant la faculté de médecine

    Les étudiants, en dépit des pressions et du pourrissement recherché par les pouvoirs publics, restent solidaires.

    Le sit-in de protestation, dans la matinée d’hier, devant la faculté de médecine d’Oran, des étudiants de médecine dentaire, s’est transformé en une véritable célébration de la solidarité estudiantine, allant bien au-delà du cas des étudiants grévistes depuis 3 mois et ayant atteint le 6e jour de grève de la faim pour 15 de leurs camarades.

    Et pour cause, en répondant à l’appel à la solidarité avec les grévistes, des centaines d’étudiants ont afflué vers les lieux, à partir de 10h, venant de plusieurs facultés à l’image des étudiants en pharmacie, aussi en grève, ceux de l’Institut de maintenance et de sécurité industrielle (ex-IAP), qui bouclent un mois et demi de grève, et d’autres venant du campus de l’Usto. L’arrivée des étudiants en pharmacie, en rangs serrés, derrière une grande banderole, est accueillie par des applaudissements, des cris et l’on entend fuser de la foule “Solidaires, solidaires !... Étudiants solidaires !…”

    À peine la jonction faite, c’était au tour des étudiants de maintenance et sécurité industrielle, qui ont marché depuis le campus à Es Senia, de se joindre à la manifestation. Là encore, fortes et chaleureuses retrouvailles entre tous ces étudiants mus par un seul élan : se faire entendre et ne pas céder aux pressions. Les slogans vantant et célébrant cette solidarité ne cessent de monter en puissance et, à cet instant, des centaines de voix reprennent sans interruption “Ni soumission ni retour en arrière”, “Les étudiants sont dans la rue, donnez-nous nos droits”, “Ministère honte, honte…”, “Donnez-nous un avenir”.

    L’accès à la faculté est totalement bloqué, la rue envahie, les automobilistes obligés de faire demi-tour, ne pouvant se frayer un passage. Certains d’entre eux, pas rancuniers, klaxonnent en guise de soutien aux jeunes. Au loin, on aperçoit les fourgons de police tentant de se faire discrets, alors que d’autres, en civil, filment les étudiants. Mais ces derniers n’en ont cure et filment eux-mêmes leur “manif” qui est diffusée en direct sur les réseaux sociaux. Pendant plus de deux heures, et ne voulant rien lâcher, les centaines d’étudiants restent massées devant la faculté, brandissant leurs banderoles et reprenant leurs slogans, infatigablement.

    À un moment, la foule s’écarte pour laisser passer une ambulance du Chuo. Quelques instants avant le rassemblement, deux étudiants grévistes de la faim ont dû être évacués vers les urgences, provoquant l’émoi chez leurs camarades. L’un d’entre eux, un jeune de 22 ans, inquiétait particulièrement avec un pic de tension à 21 tandis qu’une autre gréviste avait vu sa glycémie chuter brutalement. Les délégués des étudiants en médecine dentaire tiennent à réagir et ciblent avec colère l’administration de la faculté, mais également les tutelles. “Vous avez là des responsables dans la faculté qui ne font rien et qui laissent des étudiants mourir à petit feu. Au lieu d’être à leur côté, ils font pression sur nous.”

    “Nous n’abandonnerons pas, nos revendications sont légitimes, nous irons jusqu’au bout et chaque étudiant qui ne peut plus suivre la grève de la faim est aussitôt remplacé par un autre”, affirme notre interlocuteur. Dans leur ensemble, les étudiants, en dépit des pressions et du pourrissement recherché par les pouvoirs publics, restent solidaires entre eux et derrière leurs délégués. D’ailleurs, au moment de mettre fin au rassemblement, nous apprenons que les membres de la coordination des étudiants ont été conviés à une rencontre aujourd’hui avec les trois ministères concernés. Un début de dialogue pour désamorcer une crise qui va en s’aggravant.

    D. LOUKIL 13 mars

    http://www.liberte-algerie.com/

  • L’interview du dimanche avec Ahlem Belhadj, membre du bureau de l’Association tunisienne des femmes démocrates: «La violence est le dernier bastion du patriarcat» (Le Temps.tn)

    L’interview du dimanche avec Ahlem Belhadj, membre du bureau de l’Association tunisienne des femmes démocrates: «La violence est le dernier bastion du patriarcat»
    Ahlem Belhadj

    La semaine dernière a été marquée par la colère des médecins qui ont réclamé la mise en place d’une loi qui détermine la responsabilité médicale. Toutefois, le corps médical s’est retrouvé au cœur d’une grande campagne de dénigrement après avoir été accusé, par certains, de vouloir légitimer l’erreur médicale. Ahlem Belhadj, pédopsychiatre et militante féministe au sein de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), est revenue, au cours de notre interview dominicale, sur la délicate nuance entre ces deux concepts, les réelles attentes des médecins et sur l’incontournable projet de loi relatif aux violences et discriminations faites aux femmes.

    -Le Temps: Les médecins ont exprimé, la semaine dernière, leur colère après l’éclatement du dossier du nouveau-né à l’hôpital Farhat Hached. Plusieurs versions relatives à cette affaire nous ont été présentées et, bien que l’affaire soit dépassée, la confusion plane toujours. Que s’est-il réellement passé à la maternité de Sousse ?

    Ahlem Belhadj:Ce qui s’est passé à l’hôpital Farhat Hached n’est pas une exception ; cela arrive dans tous les hôpitaux de la République. Malheureusement, cette affaire témoigne de l’état des lieux de la santé publique dans le pays. Toutefois, sur le plan technique et s’agissant de la conduite médicale, il n’y a eu aucune erreur. Il s’agit d’un fœtus de vingt-six semaines, né suite à une complication maternelle et qui pèse un 1,6 Kg. Il est vrai que, dans certains pays, il est peut être viable mais cela demeure très difficile et implique un coût trop important. En Tunisie, nous n’avons pas les moyens pour un cas pareil. Le médecin a tout-de-même réanimé le fœtus pendant vingt-minutes comme l’indique le protocole ; même s’il n’est pas né mort à la naissance, le fœtus n’était pas viable d’où toute la confusion dans cette affaire. Ce qui peut trancher dans un cas pareil c’est l’acte médicolégal et l’acte de décès qui n’a pas été signé. Reste qu’au niveau de la description de l’état du fœtus, il y a eu plusieurs termes techniques qui ne sont pas toujours évidents pour quelqu’un qui n’est pas du domaine.

    Maintenant, s’agissant de l’humanisation de l’hôpital, je dirai que cela fait en effet défaut au niveau de la santé publique qui va très mal. Pour moi, ce qui a réellement fait défaut c’est tout ce qui a suivi l’affaire et qui en a fait une affaire d’opinion publique. La faute médicale est écartée dans ce cas et cela nous ramène aux conditions d’exercice en Tunisie où la faute, ou la responsabilité médicale, n’est pas correctement définie, où les médecins sont jugés sur la base du Code pénal qui comprend l’homicide volontaire et les coups et blessures ce qui est totalement inadmissible puisque l’on ne pratique pas dans un cadre de violence mais, au contraire, on pratique dans une relation qui doit être basée sur la confiance mutuelle et d’obligation de moyens et non pas de résultats. Nous avons besoin d’un cadre légal qui définit la responsabilité médicale et la conduite à tenir en cas de faute médicale. L’emprisonnement préventif ne peut être une réelle solution. D’ailleurs, nous luttons contre cet emprisonnement pour toutes les affaires. Je trouve que la prévention de liberté est un acte trop facile chez nous ; on ne devrait priver les personnes de leur liberté que lorsqu’un procès clair est en cours.

    -L’emprisonnement préventif et l’emprisonnement rapide et facile en Tunisie est devenu un réel problème puisqu’une majorité de nos prisons connaissent une surpopulation importante. On explique cela par les problèmes que pose aujourd’hui le Code pénal avec, entre autres, sa loi 52 relative à la consommation du cannabis.

    Il y a une grande résistance aux tentatives de changement des mentalités. Finalement, on ne conçoit la punition qu’en privant l’individu de sa liberté et cela n’est pas du tout adapté et donne, surtout, l’effet inverse. La punition doit, normalement, amener les personnes à se remettre en question et à revoir ce qu’elles ont commis pour réparer leur faute et pour apprendre à respecter autrui et savoir vivre en respectant la loi. Mais nous, nous allons directement à la privation de liberté ce qui est totalement dépassé. La machine judiciaire est très difficile à changer et les mentalités ne sont pas prêtes à changer non plus. Nous avons mené plus d’actions par rapport à ce problème et il ne faut surtout pas baisser les bras dans ce combat. Il faut que la Justice prenne son temps avant de priver quelqu’un de sa liberté. En plus, il existe plusieurs situations où l’on peut se passer de cette punition pour aller vers d’autres formes de peine qui peuvent améliorer l’individu qui a commis le délit et apporter le plus pour la société. Il ne faut pas fonctionner avec l’esprit de la vengeance ; c’est une étape que nous n’avons pas encore réussi à atteindre.

    -La rigidité de cet appareil judiciaire et des mentalités risque-t-elle de bloquer la loi organique de lutte contre les violences et discriminations faites aux femmes ?

    On considère que la loi organique est le fruit et l’aboutissement des luttes féministes depuis plusieurs années et dont l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) a été une principale actrice. Le projet de loi est aujourd’hui soumis à l’ARP et la Commission en charge vient d’entamer sa discussion. Toutefois, on constate beaucoup de résistance. Nous avons une lecture assez critique du texte – même si on se félicite de cette loi organique qui comprend une vision intégrale de la violence à l’égard de la femme – et nous avons d’ailleurs une publication critique du texte article par article avec les avancées et les propositions. Nous avons préparé ce travail depuis quelques temps et nous avons demandé à être auditionné par la Commission de l’ARP.

    -Pouvez-vous nous présenter quelques exemples des articles qui font défaut à ce projet de loi ?

    Le référentiel, bien que l’on fasse référence aux droits humains, est manquant à nous yeux parce qu’on aimerait bien qu’il y ait un préambule qui évoque clairement tout ce référentiel. Nous avons, aussi, quelques remarques relatives aux définitions existantes dans ce projet de loi pour les améliorer. Par contre, au niveau de la prévention, nous pensons qu’il est vital de mettre un terme à toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes comme étant la base de toutes les violences ; la violence existe aujourd’hui parce qu’il existe un système de domination homme/femme, c’est le patriarcat en quelque sorte.

    -Le système actuel de l’héritage entre-t-il dans cette formule ?

    Justement, toute forme de discrimination est un préalable à la violence contre la femme et c’est pour cela que l’on s’attaque à toutes les lois discriminatoires. D’ailleurs, nous avons demandé l’harmonisation de la loi avec la Constitution parce qu’on pense que cette dernière est avancée par rapport à nos lois et qu’il n’y a pas moyen de lutter contre la violence si on n’abolit pas toutes les lois discriminatoires. Le noyau dur de ces lois existe au sein de la famille où le chef c’est le père et la tutelle est toujours paternelle sauf cas réglementé par la loi (il n’existe pas de tutelle conjointe). Quand l’enfant est élevé dans un milieu où, dès sa naissance, le père est toujours le chef, il ne peut pas échapper à la déduction que la domination est toujours masculine. Le garçon comprend donc qu’il a un rôle supérieur à celui de la fille. Cela crée la mentalité que nous sommes en train de combattre et fait le lit des violences à l’égard des femmes. La violence existe pour maintenir les femmes dans une forme de soumission. Parfois je me dis que plus la femme progresse, plus les violences, à son encontre, augmentent. En Tunisie, on s’étonne de la croissance du phénomène de la violence puisque c’est un pays où il y a pas mal d’avancées en termes d’acquis de la femme.

    Pour moi, la violence est le dernier bastion du patriarcat ; quand on sent que ce système est menacé, on tente de le réinstaurer par tous les moyens et notamment par la violence. On n’a recours à la violence que lorsqu’on n’arrive plus à dominer. Donc, il faut que les lois qui favorisent cette mentalité de discrimination soient revues conformément aux engagements de la Tunisie au niveau de sa Constitution et des conventions internationales. En ce qui concerne l’égalité successorale, il est clair qu’il s’agit d’une discrimination ; au-delà de la part qui revient à la femme, l’héritage est une manière de voir les femmes comme étant des sous-catégories. Aujourd’hui, les femmes sont responsabilisées dans tout ce qui est dépense mais elles continuent d’hériter la moitié et cela est inadmissible.

    Pour revenir aux points qui font défaut à ce projet de loi, je citerai les articles relatifs à la violence sexuelle ; bien que des avancées existent, elles demeurent insuffisantes. Par exemple, l’article 227 bis où il n’y a plus de mariage, le consentement existe encore. Comment peut-on parler de consentement lorsque la fille n’a que treize ans ? Pour nous, du moment où la fille est mineure, on ne peut pas parler de consentement. La loi évite de parler de la majorité sexuelle alors que cela est vital.

    -C’est peut-être parce que toute la notion de sexualité est taboue en Tunisie.

    A partir du moment où l’on réglemente le Code pénal on est bien obligé d’en parler, de bien fixer les définitions. En tout cas, l’article tel qu’il est actuellement est inadmissible puisqu’un homme de trente ans ou plus peut avoir des relations avec une fille de treize ans ‘consenties’. Certains pays réglementent en fonction de l’âge et cela peut être intéressant mais le problème, pour eux, c’est que cela veut dire que l’on reconnait les relations sexuelles hors cadre du mariage.

    -Est-ce que le viol conjugal a été introduit dans cette loi organique ?

    Le texte comprend une définition mieux adaptée du viol conjugal mais qui nécessite encore quelques autres arrangements ; on n’exclut plus le mari comme un violeur mais, après, la punition ne cite pas le viol conjugal. On aimerait bien qu’il y ait une citation explicite du viol conjugal. Dans notre centre d’écoute, nous avons accompagné beaucoup de femmes victimes du viol conjugal avec des lésions graves : ce n’est pas parce qu’on est l’époux que l’on possède le corps de son épouse. Il existe une autre amélioration relative à la définition de l’harcèlement sexuel mais il y a d’autres points qui doivent être revus.

    Par ailleurs, le rôle de la société civile dans l’accompagnement des femmes victimes de violence n’est pas très clair ; nous avons, à cet effet, proposé l’article 11 bis où on parle de ce rôle puisque c’est la société civile qui s’est chargée, pendant de longues années, d’accompagner ces femmes et aujourd’hui, on responsabilise l’Etat tout en tentant de mettre en place une prise en charge multisectorielle. Il faut que l’Etat s’engage à aider la société civile afin qu’elle puisse ce rôle crucial. Donc, nous avons des critiques mais on accompagne ce processus et on essaie de jouer correctement notre rôle dedans. On demeure inquiet par rapport à certaines réactions de ceux qui attaquent ce projet de loi et qui le considèrent comme étant dicté par l’Occident.

    -Il y a justement eu une conférence à cet effet où le syndicat des Imams a prévenu contre ce projet de loi en expliquant qu’il va autoriser le mariage homosexuel.

    Ce syndicat attaque la loi en se basant sur l’homosexualité – qui n’a aucun lien avec la réalité – parce que cela représente l’argument qu’ils utilisent à tout bout de champ. En 2011, et lorsqu’ils avaient voulu attaquer l’ATFD, ils avaient annoncé que notre association, qui est pour toutes les libertés individuelles et on ne s’en cache pas, défendait le mariage homosexuel. La question du mariage ne s’est, à aucun moment, posé en Tunisie. Depuis bien longtemps, nous évoquons la dépénalisation de l’homosexualité et nous avons mentionné cela au niveau de notre rapport adressé au CEDAW. Donc, pour faire peur au grand public, le premier argument qu’ils emploient c’est le mariage homosexuel. Or, cette loi n’évoque pas du tout ce sujet. Ceux qui avancent cela, veulent en fait que la violence et la domination continuent et je les appelle à dire cela directement sans passer par des arguments pareils. Faire peur à la société sans aucun argument solide, c’est se moquer de l’intelligence des autres. Il est toujours bon d’avoir un débat d’idée surtout autour de questions pareilles mais faut-il encore que chacun dise clairement ce qu’il pense. Cette loi vise le bien des femmes, des hommes et, surtout, le bien être des enfants. La société a besoin d’une loi qui protège tous les Tunisiens contre les violences. On n’a pas besoin de régler nos différends avec autant de violence, il faut que cela cesse. Ceux qui utilisent à cet argument doivent nous dire, clairement, qu’ils sont pour la violence !

    -Récemment, la ministre de la Femme, de la famille et de l’enfance, a annoncé des chiffres alarmants relatifs aux abus sexuels contre les enfants (une augmentation de six cent cas). Ce sujet n’est plus tabou en Tunisie et c’est devenu un sujet de plus en plus médiatisé. Qu’en pensez-vous ?

    Le problème c’est qu’on n’est pas en train de respecter les intérêts de l’enfant victime d’abus sexuel. En tant que pédopsychiatre, j’ai assisté à des situations catastrophiques et je peux en témoigner. L’impact à moyen et court termes est terrible. Après traitement médiatique, quelques enfants se retrouvent dans une situation désastreuse avec, entre autres, leur sortie de l’anonymat (on les reconnait au niveau de leur école et de leur entourage). Certaines histoires sont surmédiatisées et cela donne l’effet inverse et l’enfant est, par la suite, abandonné : 80% des cas n’aboutissent pas et les familles finissent par abandonner. Cependant, je considère qu’il est très positif que le débat soit publiquement ouvert aujourd’hui autour de cette question mais le parcours de l’enfant victime d’abus sexuel est un parcours terrible. Cela fait quelques années que je m’occupe de ce dossier que cela soit au sein de l’ATFD ou au niveau de mon travail et je peux vous assurer qu’à plusieurs reprises, j’hésite à signaler les cas que je traite même si j’y suis obligée ; le parcours judiciaire est tellement infernal pour l’enfant que la victimisation secondaire est plus importante que la victimisation primaire. Parfois, l’abus sexuel a moins d’impact traumatique que le processus qui s’en suit.

    -Ce que vous dites est extrêmement grave, que se passe-il après la signalisation de l’abus pour que l’enfant en sorte encore plus traumatisé ?

    Tout d’abord, l’enfant peut ne pas être cru par son entourage ; au lieu d’être écouté et soutenu, il peut être taxé de menteur et peut même subir des violences physiques en signe de punition pour son supposé mensonge. Parfois, il peut même être responsabilisé de l’abus qu’il a subi surtout lorsqu’on parle d’inceste. Par moment, la réaction de la famille est tellement dramatique que les parents décompensent totalement. J’ai eu à faire à un cas où le père est décédé suite à l’abus sexuel de l’enfant. Après le niveau de la famille, arrive le niveau des institutions où commence la descente aux enfers ; nous avons une seule brigade des mineurs qui existe à Tunis. Donc l’enfant passe, ailleurs, par un poste de police normal où les agents ne sont pas forcément habilités à mener des enquêtes pareilles. J’ai suivi un cas où l’enfant victime a été confronté à son père. Je n’oublierai jamais cet adolescent que j’ai suivi à l’hôpital Razi : il avait cinq ans lorsqu’il a été abusé par son père et le procureur de la République l’avait mis devant son père et lui a demandé de lui raconter ce que ce dernier lui avait fait subir. L’enfant été incapable de placer un mot. Je l’ai revu lorsqu’il avait treize ans et il n’avait qu’une seule idée en tête : voir son père puni pour ce qu’il lui avait fait. Le jeune adolescent avait plein de troubles psychiatriques et il ne parlait que de la punition de son père. L’affaire n’a pas abouti puisque l’enfant a retiré sa plainte et la mère a préféré quitter sa ville et s’est réfugiée, avec son fils, à Tunis pour le protéger de son père.

    Parfois, nous avons à faire à des enfants à peine âgés de trois et quatre ans qui, après être passés par toutes les étapes de l’enquête, sont malmenés par une procédure pénale totalement inadaptée. Normalement, l’enfant est entendu par une juridiction spéciale représentée, en Tunisie, par le juge de la famille mais, comme l’accusé est adulte, l’enfant victime est obligé d’être entendu par une juridiction habituelle. Il y a une Commission qui est en train de revoir actuellement les conditions de ces procédures spéciales et il existe, depuis 2010, un projet de loi dans ce sens. La prise en charge de ces enfants n’est pas toujours possible, faite à temps, suivie, l’accès aux traitements est difficile etc. 

     Entretien mené par Salma BOURAOUI

    http://www.letemps.com.tn/

  • Nouveautés sur AURDIP

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  • Djibouti : choléra (Afriques en Lutte)

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    Le choléra tue toujours en silence à Djibouti alors que le département Ministériel de la Santé brille par son absence de réponse à cette terrible maladie.

    Après les régions du NORD le choléra a élu domicile dans la Capitale surtout dans les quartiers populaires à BALBALA et PK12.

    Il ne se passe pas un jour sans que la maladie emporte plusieurs djiboutiens de tout âge confondu.

    Face à cette situation terrible, que fait le Ministère de la Santé ? Rien ! Le petit centre hospitalier de PK12 où sont traités les malades atteints de choléra est débordé car le manque du personnel soignant et le déficit de l’infrastructure sont criants et enfin les responsables de la Santé publique sont loin de la volonté de palier à cette situation déplorable.

    En attendant les djiboutiens meurent en silence faute de volonté politique pour arrêter le choléra.

    La LDDH dénonce et condamne sans réserve le comportement irresponsable et le manque de volonté politique au sommet du Ministère de la Santé et lance la présente alerte à l’adresse de la Communauté nationale et internationale pour que les victimes de choléra soient secourues !

    Le Président de la LDDH OMAR ALI EWADO

    21 décembre 2016 Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH)

    http://www.afriquesenlutte.org/

  • Palestine Mucoviscidose (AFPS)

     

    photo à gauche, claude léaustic, de france palestine, association qui a pris en charge la venue de la palestinienne amal nassar (à droite), à brest.

    À gauche, Claude Léaustic, de France Palestine, association qui a pris en charge la venue de la Palestinienne Amal Nassar (à droite), à Brest en Juin 2009.

    Amal Nassar, kinésithérapeute en Palestine, a participé au congrès brestois sur la maladie. Depuis quinze ans, avec peu de moyens, elle se démène auprès des enfants malades. Avec énergie et sourire

    « Transformer la frustration en énergie positive. » C'est le credo d'Amal Nassar, 44 ans, kinésithérapeute auprès d'enfants atteints de la mucoviscidose en Palestine. Elle s'y attelle depuis quinze ans à Bethléem, dans un hôpital pour enfant Caritas, une organisation non gouvernementale qui relève du Secours catholique. Amal Nassar est d'ailleurs chrétienne.

    La semaine dernière à Brest, elle a participé au congrès européen sur la mucoviscidose, maladie génétique qui détruit les poumons, le pancréas et le système digestif. « J'ai beaucoup appris », dit-elle avec l'enthousiasme qui la caractérise. Vendredi, elle a visité le centre de prise en charge de Perharidy, à Roscoff. Elle y a découvert des machines performantes. Surtout, avec étonnement, elle n'a rencontré que des malades adultes. « En Palestine, explique-t-elle, il y a surtout des enfants car ils décèdent avant l'âge adulte. »

    En France, en vingt ans, d'immenses progrès ont été faits : découverte du gène, nutrition, médicaments, etc... L'espérance de vie des malades est désormais d'une quarantaine d'années.

    Pas de dépistage

    « En Palestine, tout reste à faire. » Il n'y a pas de dépistage. « Certaines familles sont très touchées avec deux à trois enfants malades. » La mucoviscidose, bien que fréquente, reste peu diagnostiquée car « peu connue ». Amal Nassar, infirmière de formation, a appris à reconnaître la maladie suite à sa formation de kiné en Écosse.

    L'hôpital, bien que moderne, n'a pas de pneumologue. « C'est un pédiatre qui voit les enfants. » Les règles de nutrition (ne pas manger de graisses) sont inexistantes. Peu de machines. Pas de centre de prise en charge. Et puis pas de sécurité sociale. « Faute d'argent, les enfants ne peuvent être soignés à l'hôpital. »

    Alors, Amal Nassar rencontre les familles chez elles. « D'abord, je gagne la confiance des enfants. Ensuite, je leur apprends des techniques pour développer leurs poumons et mieux respirer. Il faut qu'ils toussent pour expulser les secrétions qui bouchent leurs poumons. » Des méthodes simples mais efficaces. Jeter une balle, souffler dans un jeu pour faire des bulles, etc. Elle peut leur mettre des perfusions pour qu'ils bénéficient des antibiotiques qui détruisent les bactéries.

    Très investie auprès des 25 enfants qu'elle aide, elle voudrait faire plus. « Mais il est impossible d'aller en Israël. Le permis de circuler est trop compliqué à obtenir. » Lors de son séjour en France, elle cherche aussi à obtenir des aides pour faire venir du matériel de kinésithérapie en Palestine.

    Laurence GUILMO.   Ouest-France  

    http://www.brest.maville.com/

    Note: Le Téléthon 2016, c'est les 2 &3 décembre

  • Derrière les fronts: Résistance et Résiliences en Palestine (Chronique de Palestine)

    le film
     
    Un Film d’Alexandra DOLS – Un documentaire sur les conséquences invisibles de la colonisation : l’occupation intime, celle de l’espace mental.
    Espace où l’équilibre, l’estime de soi, le moral et l’âme deviennent des lieux et des enjeux de lutte, de résilience et de résistance. La colonisation au quotidien n’est pas seulement celle des terres, du ciel, des logements et de l’eau, elle ne cherche pas simplement à s’imposer par les armes, mais travaille aussi les esprits, derrière les fronts.

    Le Film

    La dernière offensive militaire israélienne de l’été 2014 a fait plus de 2 100 victimes palestiniennes dont plus de 500 mineurs. Ce massacre est une phase aiguë d’une occupation commencée il y a plusieurs décennies. Les médias traditionnels traitent ces moments critiques mais l’attention des caméras retombe ensuite. Or l’occupation ne s’arrête pas avec un cessez-le-feu.

    Au quotidien, la colonisation n’est pas seulement celle des terres, des logements, du ciel ou de l’eau. Elle ne cherche pas simplement à s’imposer par les armes, elle travaille aussi les esprits. J’ai choisi ici de m’intéresser à ses formes invisibles : l’occupation intime, celle de l’espace mental. Dans ce contexte, l’équilibre mental, l’estime de soi, le moral et l’âme deviennent des lieux et enjeux de résistance.

    Extrait

     

    Cette approche m’a été inspirée à la lecture des chroniques du Dr Samah Jabr. Psychiatre-psychothérapeute palestinienne, elle témoigne à travers articles et conférences des conséquences invisibles de l’occupation : ses dommages psychologiques.

    Dans l’héritage du psychiatre anticolonialiste, le Dr Frantz Fanon, elle tisse des liens entre libération personnelle, psychologique et libération nationale, collective. Son approche au carrefour du psychologique et du politique, identifie des symptômes développés sous occupation et souligne les liens entre la résistance et la résilience face à celle-ci.

    « Ce que je vois dépend de ce que je sais.»
    Son travail sera la tige principale du film et servira de levier de discussion dans mes rencontres avec d’autres Palestinien-ne-s de Cisjordanie et de Palestine de 48 impliqués dans cette interrogation collective : face à l’occupation intime, celle de l’espace mental, sur quelles fondations et outils psychologiques reposent leurs résiliences et résistances ? Un cheminement dans nos esprits et sur les routes de Palestine, dans une arborescence d’extraits de chroniques, de rencontres, de récits et d’échappées belles dans la terre palestinienne. Gageons que leurs témoignages résonneront et inspireront bien au-delà de leur réalité.

    Avec la participation de Rula Abu Duhou, Deema Zalloum, des membres de «Al Quds Parkour», ainsi que de Mgr Atallah Hanna, Sheikh Khodr Adnan, l’activiste Ghadir Chafie, le sociologue Abaher El Sakka et bien d’autres.

    Samah Jabr, psychiatre et enseignante

    Née à Jérusalem-Est, elle y vit mais travaille en Cisjordanie. Elle dirige le Centre médico-psychiatrique de Ramallah et une clinique en banlieue de Jérusalem. Elle est également professeure dans des universités palestiniennes et associée à l’Université Georges Washington.

    Samah Jabr

    Son champ d’activités inclut la formation de professionnels de la santé mentale palestiniens, israéliens et internationaux, de la Cisjordanie à la bande de Gaza. Elle intervient aussi auprès de détenu-es en prison et participe, en collaboration avec le PCATI, Comité public contre la torture en Israël, à un travail de collecte de témoignages de survivant-es de la torture. Parallèlement à ces activités, elle écrit régulièrement depuis la fin des années 1990 dans des publications internationales et actuellement pour le Washington Report on Middle East Affairs.

    Elle est à l’initiative d’un appel à l’engagement des professionnels de la santé mentale pour la Palestine.

    La réalisatrice, Alexandra Dols

    Titulaire d’un Master II en Création et Réalisation audiovisuelle à Paris VIII Vincennes et d’un Master I en Écriture de scénario de fiction à Paris I Panthéon-Sorbonne, Alexandra Dols est auteur-réalisatrice spécialisée dans le documentaire.

    Alexandra Dols

    Son dernier long métrage documentaire, Moudjahidate, évoque des engagements de femmes dans la lutte pour l’Indépendance de l’Algérie au sein du FLN-ALN. Il a été diffusé dans plusieurs pays et dans des institutions scolaires.

    Les questions de luttes d’émancipation, de libération et leurs histoires traversent son travail. Son travail d’enquête est important pour impulser une dialectique pour aller au-delà du témoignage, en provoquant de la réflexivité, celle de l’interviewé-e et la sienne.

    Pour elle, les images sont aussi des « champs de bataille potentiels » et peuvent véhiculer des clichés destructeurs pour ceux et celles qu’elles ciblent dans leurs représentations. Elle intervient donc depuis 2010 en milieu scolaire pour transmettre des outils d’éducation à l’image et apprendre à les interroger.

    Hybrid Pulse

    Hybrid Pulse est une association créée en 2005 ayant pour but d’accompagner des jeunes femmes dans l’écriture, la réalisation, la diffusion de créations audiovisuelles et la mise en oeuvre d’ateliers d’éducation à l’image. Nous avons produit entre autres le dernier long-métrage documentaire d’Alexandra Dols, Moudjahidate, diffusé sur trois continents (Europe, Afrique et États-Unis) et distribué en DVD et VOD.

    Les projections en avant-première

    Nous nous réjouissons par ailleurs de la présence du Dr. Samah Jabr qui accompagnera le film lors de ses dates : (accès et tarif dans les liens)

    – Samedi 26 nov – Fontenay sous BoisCinéma le Kosmos – 20h
    – Dimanche 27 nov – La Roche sur YonCinéma le Concorde – 18h
    – Lundi 28 nov – GennevilliersCinéma Jean Vigo – 18h30
    – Mardi 29 nov – AngersCinéma les 400 coups – 20h15
    – Jeudi 1 déc – GrenobleCinéthéâtre La Ponatière à Échirolles à 19h15
    – Vendredi 2 déc – ParisCinéma Studio Luxembourg, l’Accatone (en soirée)

    Extrait

     

    Consultez chaque jour la page Facebook et Teaser#1 pour découvrir de nouveaux extraits.

    Novembre 2016 – Extraits du dossier de presse du Film – Contact : Alexandra Dols, Hybrid Pulse – hybridpulse8@yahoo.fr

    mercredi 23 novembre 2016

    http://chroniquepalestine.com/derriere-fronts-resistances-resiliences-palestine/

  • Yémen. Les hôpitaux et personnels de santé sont attaqués par les forces anti-Houthis à Taizz (Amnesty)

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    Les forces hostiles aux Houthis dans la ville de Taizz (sud du Yémen) mènent une campagne de harcèlement et d’intimidation contre le personnel hospitalier et mettent les civils en danger en postant des combattants et établissant des positions militaires près de centres médicaux, a déclaré Amnesty International mercredi 23 novembre.

    Lors d’une mission à Taizz ce mois-ci, des délégués de l’organisation se sont entretenus avec 15 médecins, ainsi qu’avec d’autres professionnels de la santé, qui ont expliqué que les forces armées anti-Houthis les ont régulièrement harcelés, arrêtés, voire menacés de mort ces six derniers mois.

    « Certains éléments convaincants montrent que les forces anti-Houthis mènent une campagne de peur et d’intimidation contre les professionnels de la santé à Taizz. En postant des combattants et en établissant des positions militaires près de centres médicaux, elles compromettent la sécurité d’hôpitaux et font fi de l’obligation qui leur est faite, aux termes du droit international, de protéger les civils », a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.

    « Il est impossible de justifier le fait de harceler des professionnels de la santé ou d’empêcher des médecins d’accomplir leur travail vital. Prendre pour cible des établissements médicaux ou des professionnels de la santé est interdit par le droit international, et ces agissements pourrait constituer des crimes de guerre. »

    Les forces anti-Houthis, aussi connues sous le nom de forces de la Résistance populaire, sont alliées au président Abd Rabbu Mansour Hadi et à la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite.

    Fermeture d’hôpitaux

    Dans au moins trois cas, des hôpitaux ont été fermés à cause de menaces proférées contre leurs personnels. Dans le cas le plus récent, lundi 21 novembre, une faction des forces anti-Houthis a effectué une descente à l’hôpital al Thawra, le plus grand hôpital public de Taizz, en représailles semble-t-il contre le fait que des membres du personnel hospitalier aient prodigué des soins d’urgence à trois combattants houthis blessés.

    Selon les témoins, trois hommes armés ont fait irruption dans un bureau de l’hôpital et menacé de tuer le personnel médical si l’établissement ne fermait pas immédiatement. Ils ont aussi essayé de traîner les deux combattants houthis ayant survécu hors de l’unité des soins intensifs et de la salle de réveil, mais en ont été empêchés par le personnel. Le troisième combattant houthi avait succombé alors qu’il recevait des soins. Cet hôpital ne fonctionne plus que partiellement à l’heure actuelle, ne fournissant que des services d’urgence et de dialyse, malgré la reprise de combats nourris depuis la première semaine de novembre

    « La possibilité pour les blessés - civils ou combattants - d’être secourus et soignés est un principe fondamental du droit international humanitaire. Il est choquant et inacceptable que les forces anti-Houthis s’en prennent au personnel médical parce qu’il fait son travail », a déclaré Philip Luther.

    Les personnels médicaux menacés

    Plusieurs des médecins ont déclaré à Amnesty International que le chaos qui s’est emparé de Taizz a créé un vide sécuritaire les exposant à un danger accru face aux forces anti-Houthis, qui essaient d’exercer le contrôle dans les hôpitaux.

    Un membre du personnel administratif a décrit les forces anti-Houthis comme « l’autorité de fait ». Il a déclaré qu’elles viennent souvent à l’hôpital pour demander que des combattants présentant des blessures de guerre soient soignés. Des médecins ont signalé à Amnesty International que si des combattants anti-Houthis ne sont pas acceptés à l’hôpital en raison d’un manque de place, ils deviennent violents ou insultants. Dans d’autres cas, des professionnels de santé ont indiqué que des médecins ont été forcés à faire leur travail sous la menace d’une arme.

    Selon un docteur de l’hôpital al Jamhouri ayant parlé à Amnesty International, un homme a ouvert le feu à l’intérieur de l’hôpital après avoir appris que son fils, un combattant anti-Houthis présentant une blessure mineure à la jambe, n’avait pas besoin de recevoir de soins d’urgence et qu’un infirmier pouvait s’occuper de lui. Il a blessé des professionnels de santé et tué un patient.

    Des membres du personnel hospitalier ont également indiqué que les hommes armés refusaient de laisser leurs armes dehors et causaient généralement des problèmes à l’intérieur, en insultant les médecins et en ayant des altercations physiques avec le personnel.

    « À des centaines de reprises, [des combattants anti-Houthis] nous ont menacés et ont entravé le fonctionnement de l’hôpital et notre prise de décisions. Lorsque nous nous élevons contre eux, ils menacent de nous tuer », a déclaré un employé administratif placé en détention avec un médecin par des hommes armés après avoir essayé de les empêcher de s’ingérer dans les affaires de l’hôpital.

    Le personnel de l’hôpital al Thawra a par ailleurs déclaré que les forces anti-Houthis ont détourné leur alimentation électrique pour leur utilisation personnelle, perturbant l’approvisionnement en électricité de certains services essentiels.

    Dans d’autres cas, des combattants ont exigé des médicaments et des fournitures, et confisqué certains équipements dans les hôpitaux.

    Des positions militaires proches d’hôpitaux

    Le personnel de l’hôpital al Thawra a déclaré à Amnesty International que des combattants ont établi des positions défensives, notamment en garant des tanks autour de l’établissement, ignorant les demandes du personnel et des autorités locales visant à les en dissuader. Tout cela expose des bâtiments hospitaliers, des professionnels de la santé et des patients à un risque grave d’attaques en représailles de la part des Houthis.

    Le directeur d’al Thawra a déclaré que les agents de sécurité de l’hôpital n’étaient pas en mesure de s’opposer aux membres des forces armés :

    « On compte des dizaines d’hommes armés à l’intérieur de l’hôpital. Est-ce que je dirige un hôpital ou un bataillon ? [...] Ces hommes armés vous créent toutes sortes d’ennuis en dehors de l’hôpital si vous refusez de les laisser entrer. »

    Un médecin qui vivait et travaillait à l’hôpital jusqu’au mois de juillet a déclaré que des combattants lançaient des attaques depuis une zone située juste à côté de l’établissement au moins deux fois par semaine en moyenne.Cela se soldait en retour par de féroces attaques contre l’hôpital et ses alentours par les Houthis.

    Le 28 septembre, un mortier tiré par des combattants houthis a atteint l’hôpital, endommageant ses panneaux solaires, réservoirs d’eau et canalisations, ce qui a amené l’établissement à suspendre temporairement les interventions chirurgicales.

    Un médecin de l’hôpital al Jamhouri a déclaré à Amnesty International :

    « Aucun projectile n’a été tiré depuis [l’intérieur] [...] Il y a trois portails avant d’atteindre l’hôpital - des hommes armés y tiennent la garde. À l’intérieur de l’hôpital, ils ont des hommes mais ils ne sont pas armés [...] Les hommes qui sont dehors ont des armes et des grenades. »

    Il a également déclaré que début novembre une attaque au mortier avait endommagé le toit de l’hôpital et traversé un des étages.

    « À peine 12 mètres séparaient l’endroit où il est tombé du secteur où nous travaillons », a-t-il indiqué, ajoutant qu’une cinquantaine de membres du personnel étaient présents dans la zone à ce moment-là.

    « En postant des combattants et des véhicules militaires à l’intérieur et aux alentours des centres médicaux de Taizz, les forces anti-Houthis mettent en danger civils et personnels hospitaliers, portant ainsi atteinte à un principe fondamental du droit international humanitaire », a déclaré Philip Luther.

    « Les parties au conflit doivent mettre un terme aux attaques ne faisant pas de distinction entre civils et cibles militaires. Elles doivent cesser d’employer de l’artillerie et des mortiers aux alentours des zones civiles, et faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter de positionner des objectifs militaires près de zones densément peuplées, et en particulier des hôpitaux et des centres médicaux. »

    Amnesty International a demandé à plusieurs reprises un embargo total sur les transferts d’armes susceptibles d’être utilisées par l’une des parties au conflit au Yémen. Les forces anti-Houthis sont soutenues par la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite, qui est armée par les États-Unis et le Royaume-Uni.

    L’organisation demande aussi aux autorités yéménites de renforcer la sécurité des établissements médicaux et de protéger le personnel et les patients contre les attaques.

    Complément d’information

    Le manquement au devoir de protéger les hôpitaux et les infrastructures civiles s’avère systématique dans le cadre du conflit au Yémen. En 2015, Amnesty International a vu des combattants des deux camps lancer des attaques depuis l’intérieur ou les alentours d’hôpitaux, et lors d’une mission en juillet 2015 a pu constater les dégâts causés à l’hôpital al Thawra par les bombardements des combattants houthis.

    Aux termes du droit international humanitaire, les centres médicaux doivent bénéficier d’une protection spéciale contre les attaques, et ne doivent pas servir à des fins militaires ni être pris pour cible par les parties au conflit. Ils ne perdent leur droit à cette protection que s’ils sont utilisés à des fins autres qu’humanitaires, pour commettre des actes nuisibles à l’ennemi.

    Soigner des soldats ou combattants blessés correspond au rôle humanitaire que doivent remplir les hôpitaux, et les établissements médicaux ne doivent jamais être attaqués pour cela. Même si un hôpital est utilisé à mauvais escient pour mener des attaques contre l’ennemi, il convient d’émettre une mise en garde préalable, accordant un délai raisonnable, et l’attaque ne peut avoir lieu que si l’avertissement n’a pas été pris en considération.

    Amnesty International a recueilli des informations sur des attaques illégales, y compris des crimes de guerre, commises par toutes les parties au conflit. Lors de leur mission dans l’est de Taizz en novembre 2016, des délégués de l’organisation ont parlé à des témoins - notamment à des professionnels de la santé - et à des victimes d’une attaque lancée par les forces anti-Houthis début octobre ayant visé un marché local connu sous le nom de Sofitel, dans une zone contrôlée par les Houthis. L’attaque a fait au moins trois morts et quatre blessés parmi la population civile.

    23 novembre 2016

    https://www.amnesty.org/