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Yemen

  • Comprendre la crise humanitaire au Yémen (Orient 21)

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    Choléra, famine et crimes de guerre

    La situation des civils au Yémen après plus de deux années de guerre continue de susciter l’immense inquiétude des organisations humanitaires. L’épidémie de choléra qui depuis fin avril a frappé au moins 30 000 personnes selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se développe de façon exponentielle. Face à cette tragédie, les décideurs politiques et militaires locaux, régionaux et internationaux poursuivent, avec entêtement, des politiques aussi criminelles que contre-productives.

  • Yémen. Famine, choléra, mortalité maternelle, dizaines de milliers de civils tués. Une guerre oubliée (Al'Encontre.ch)

    Rédaction A l’Encontre

    En date du 9 mai, Médecins sans frontières rapporte: «Après 25 mois de conflit au Yémen, la population vit toujours à l’heure de la guerre opposant les Houthis, qui contrôlent le nord du pays avec le soutien du président déchu Saleh, aux groupes armés de la Résistance du Sud alliés au président Hadi. Ce dernier avait fui Sanaa début 2015, quand les Houthis avaient pris le contrôle de la capitale, et a installé à Aden son propre gouvernement. Autre acteur du conflit, une coalition internationale menée par l’Arabie saoudite, qui intervient aux côtés des forces du sud depuis mars 2015 et a le soutien des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne.

    Bombardements et tirs d’artillerie frappent le pays, du gouvernorat de Saada dans le nord, au gouvernorat de Taiz dans le sud. Le 15 août 2016, l’hôpital de la ville de Abs, située dans le gouvernorat de Hajjah, dans le nord-ouest du Yémen, a été touché par une frappe aérienne de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite. Cette attaque était la quatrième en un an touchant une structure de soins MSF. Avec 19 morts et 24 blessés, c’était aussi la plus meurtrière.

    Pour des raisons de sécurité, MSF a alors décidé d’évacuer son personnel des six hôpitaux qu’elle soutenait dans le nord du Yémen, à savoir les hôpitaux de Haydan, Razeh, Joumouri et Yasnim (gouvernorat de Saada) et ceux de Abs et Gamhouri (gouvernorat de Hajjah). Depuis, MSF a repris ses activités à Abs et Gamhouri en novembre 2016, puis à Haydan en mars 2017.

    Globalement, le bilan de ce conflit est très lourd. Il a fait plus de 6000 morts et plus de trois millions de déplacés, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires aux Nations unies. Le pays est également confronté à des restrictions sur les importations, rendant difficile l’approvisionnement.

    Pour la population, l’accès aux soins est très difficile. De nombreuses structures de soins ne fonctionnent plus. Celles encore ouvertes manquent souvent de matériel essentiel, de personnel, de médicaments et de carburant pour faire fonctionner les générateurs électriques, ou alors elles sont situées dans des zones trop dangereuses.

    Entre mars 2015 et avril 2017, MSF a reçu plus de 493 000 patients dans ses services d’urgence et a pris en charge plus de 60 000 blessés de guerre. Les équipes MSF ont également dispensé plus de 191 000 consultations à des personnes déplacées, grâce à des dispensaires mobiles.

    Epidémie de choléra

    Depuis le 30 mars 2017, les équipes MSF reçoivent et traitent un nombre croissant de cas de choléra et de diarrhée aqueuse aiguë dans les gouvernorats d’Amran, Hajjah, Al-Dhale, Taiz et Ibb. Au 9 mai, le nombre de patients avait atteint plus de 780.

    En réponse à cette épidémie, MSF a mis en place des centres de traitement du choléra dans cinq hôpitaux afin d’isoler les patients et de traiter ceux qui présentent des symptômes. L’organisation soutient également d’autres structures gérées par les autorités sanitaires.»

     

     

    Mortalité maternelle

    Dans ce contexte, la mortalité en couches des femmes explose. Le taux de mortalité maternelle était déjà le plus élevé au Moyen-Orient et le taux de fécondité totale se situait à hauteur de 3,77 naissances par femme. La référence au taux de mortalité. La dernière estimation du taux de mortalité maternelle date d’avril 2015 (voir tableau ci-dessous)

     

    Actuellement, dans la mesure où, comme indiqué par MSF, la majorité des hôpitaux sont fermés, le manque de soins pour les femmes enceintes est quasi total, particulièrement dans les zones rurales qui rassemblent quelque 70% de la population. Face à cette situation désastreuse, une action déterminée a été engagée par des femmes professionnelles du système sanitaire, à la fois pour permettre des mesures de contraception accessibles – le salaire moyen, pour autant qu’il puisse être calculé est de 45 euros par mois et la pilule contraceptive coûte 35 centimes d’euro pour 32 jours – et l’accès à des avortements. Une gynécologue basée à Taïzz a confié à la reporter de MME: «Dans la plupart des cas, ma première réponse à une patiente est de lui suggérer que sa grossesse est une bénédiction d’Allah et qu’elle doit garder le bébé. Je lui explique que les Hadiths – le recueil des paroles du prophète Mahomet – interdisent les avortements après 42 jours, mais que le Coran ne comporte pas de tels versets. Si la vie de la femme est menacée, alors je demande à rencontrer son mari pour obtenir un accord et j’interromps la grossesse avant 12 semaines.» Pour un avortement après cette période, cette obstétricienne ne le fait qu’en cas de fatwa émise par un cheikh. Ahmed al-Fioush, cheikh de la province de Taïzz, confie aux deux reporters de MME: «Il n’y a pas de versets clairs dans le Coran qui interdit l’avortement. Toutefois, plusieurs Hadiths interdisent l’avortement, car cela revient à tuer l’âme. Si toutes les femmes pouvaient interrompre leur grossesse, cela contribuerait à répandre l’adultère. La société doit rejeter les femmes qui interrompent leur grossesse après 42 jours pour une quelconque raison car elles désobéissent à l’islam.» (MME, 5 mai 2007)

    Se conjuguent ainsi les multiples effets de la guerre, la quasi-absence de services médicaux et la désapprobation sociale (qui, ne l’oublions pas, est une réalité qui est encore activement présente dans de nombreux pays européens, en particulier ceux où domine l’Eglise catholique).

    Une famine de proportion «biblique»

    La famine a pris des proportions «bibliques», selon un vétéran de l’aide humanitaire. Jan Egeland considère que le nombre de tués dépasse 10’000. Il est à la tête du Conseil norvégien pour les réfugiés et a informé sur la situation, par téléphone, depuis Sanaa un journaliste de l’agence Reuters. Il a répété une fois de plus que l’aide des agences humanitaires – telle que proclamée lors du sommet de Genève de fin avril 2017 – répondait au maximum, pour autant qu’elle soit concrétisée, à un tiers des nécessités. Egeland affirme sobrement: «Cette crise est faite de mains d’hommes et ne relève pas d’une science concernant l’exactitude des bombes chirurgicales des bombardements ou des roquettes.» Selon lui, un demi-million d’enfants peuvent mourir de faim à chaque instant. L’état de dénutrition étant très avancé et ses effets à long terme terrifiants. Sur 27 millions d’habitants, dit-il, 19 millions ne peuvent pas être maintenus en vie grâce à des «injections d’aide» dans un contexte où l’Arabie saoudite et ses alliés s’affrontent avec l’Iran et d’autres forces en mettant à profit un conflit interne ayant des racines historiques. Quelques jours après la conférence de Genève, cet expert en crises humanitaires insistait sur «la non-existence de réserves alimentaires au Yémen».

    Etats-Unis et Arabie saoudite… face à l’Iran

    Le 4 mai, Donald Trump, suite à la visite en mars 2017 de Mohamed ben Salmane, vice-prince héritier et ministre de la Défense, a annoncé un prochain voyage en Arabie saoudite pour «construire les nouvelles bases d’une coopération et d’un soutien avec nos alliés musulmans pour combattre l’extrémisme, le terrorisme et la violence». Il est vrai que Donald Trump, une semaine avant, avait tempêté contre le manque d’aide financière de l’Arabie saoudite au système de défense des Etats-Unis, bien que le royaume soit le principal acheteur d’armes aux transnationales états-uniennes. L’administration Trump, le Pentagone et le commandement du Cemtcom (centre opérationnel pour le Moyen-Orient) vont-ils non seulement accentuer leurs activités meurtrières au Yémen, mais accroître les menaces face à l’Iran? Un danger qui n’est pas à négliger.

    L’Arabie saoudite censure l’information (BBC)

    Dès lors, au regard du drame qui se joue actuellement au Yémen, comment expliquer que la presse, dans son ensemble, ne s’intéresse pas davantage à ce conflit? Nawal Al-Maghafi, de la BBC (24 avril), est l’une des dernières journalistes étrangères à avoir pu se rendre dans ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique et où pleuvent, littéralement, les bombes. «Le Yémen, c’est vrai, est un pays compliqué», soupire-t-elle. Mais cela ne saurait suffire, bien entendu, à expliquer toute la négligence des médias. Tout d’abord, «il est aujourd’hui extrêmement difficile d’accéder aux régions tenues par les rebelles», admet-elle. «L’Arabie saoudite ne permet plus, par exemple, que des journalistes embarquent sur des vols humanitaires de l’ONU. Cela signifie qu’il faut passer par le sud du pays, où Al-Qaida est aujourd’hui présent. Et pour les Occidentaux (explique la jeune femme à la nationalité yéménite et britannique) c’est trop dangereux.»

    En ce sens, l’Arabie saoudite a tout mis en œuvre pour organiser un véritable blocus sur l’information. Evidemment, c’est une stratégie délibérée. Cette volonté d’écarter les témoins s’explique, en particulier, du fait des critiques de plus en plus vives contre les carnages provoqués par l’aviation saoudienne et ses alliés du Golfe. Or même si la journaliste précise, par ailleurs, n’éprouver aucune espèce de sympathie à l’égard des rebelles, «corrompus et brutaux», tant que les bombardements saoudiens continueront, prévient-elle, la population ne se désolidarisera pas d’eux.

    Alencontre le 10 - mai - 2017

    http://alencontre.org/

  • Nouveautés sur "Amnesty International"

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    Yémen. La communauté baha’i persécutée aux mains des autorités Houthi/Saleh

    Yémen. La sécurité des civils suscite de fortes craintes, alors que se profile une offensive contre Hodeida

    Égypte. La condamnation à 10 ans de prison pour outrage au président est une attaque éhontée contre la liberté d'expression

    Égypte. Une vidéo montrant des exécutions extrajudiciaires offre un aperçu des violations commises par l'armée dans le nord du Sinaï

  • Nouveautés sur "Amnesty International"

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    Oumou Kane

    Mauritanie. La condamnation d’une jeune manifestante vise à intimider les défenseurs des droits humains

    Le Qatar ne doit pas expulser vers l'Arabie saoudite les militants des droits humains qui risquent d'y être torturés et persécutés

    Yémen. Le journaliste Yahia al Jubaihi condamné à mort par les forces houthies

  • Nouveautés sur "Amnesty International"

    Résultat de recherche d'images pour "amnesty prisons israel"

    Israël doit mettre fin à sa politique « illégale et cruelle » à l’égard des prisonniers palestiniens

    Égypte. La condamnation à 10 ans de prison pour outrage au président est une attaque éhontée contre la liberté d'expression

    Yémen. Le journaliste Yahia al Jubaihi condamné à mort par les forces houthies

  • Yémen : deux ans après, la guerre et la famine(JDD)

    Au Yémen, les orphelins sont laissés à leur sort

    Au Yémen, les orphelins sont laissés à leur sort (Reuters)

    Plongé dans la guerre civile depuis deux ans, le Yémen est frappé également par la famine. Rien ne semble apaiser les deux parties qui s'opposent

    Le Yémen est un trou noir que seuls des chiffres effrayants viennent tristement éclairer. Deux ans après avoir été chassé de la capitale Sanaa par les rebelles Houthis , Abd Rabbo Mansour Hadi reste le président "légitime" mais réside le plus souvent à Ryad, en Arabie saoudite. Il est devenu le spectateur impuissant et lointain de ce que certains appellent "le bourbier yéménite". Selon les toutes dernières estimations de l'ONU, les combats auraient fait plus de 10.000 morts, majoritairement des civils dont au moins 1.546 enfants,dans un pays où près de 50% des 27 millions d'habitants ont moins de 18 ans. De son côté le Haut Commissariat aux Réfugiés (UNHCR), rappelle que 21 millions de Yéménites, soit 82% de la population, sont dans un besoin urgent d'assistance humanitaire. Il y aurait en outre près de trois millions de déplacés.

    A l’initiative de Handicap International, six organisations humanitaires françaises non gouvernementales (ONG) - Médecins du Monde, Care, Solidarités international, Première urgence internationale et Action contre la Faim - sont montées au créneau cette semaine, après l’annonce de l’ONU invoquant  "la pire crise humanitaire" et "un grave risque de famine" pour ce pays, déjà l’un des plus démunis au monde. Onze millions de personnes vivent dans les zones disputées où les combats font rages. Les Nations-Unies font état de 325 attaques, soit près d’un bombardement par jour que Jean-Pierre Delomier, directeur de l’action humanitaire de Handicap, dénonce comme "la preuve d’un mépris absolu pour la vie des civils". L’organisation CARE s’alarme "des zones grises" où la famine aurait frappé et Médecins du Monde rappelle que "les humanitaires sont confrontés chaque jour à la détresse des civils sans accès aux soins". Aujourd'hui, vingt et un million de Yéménites vivent sous assistance humanitaire et près de 3,5 millions de jeunes sont déscolarisés. Soit le double en deux ans. "Toute une génération risque de voir son avenir compromis", a prévenu la porte-parole du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) pour le Yémen, Shabia Mantoo.

    Sept trêves depuis le début du conflit

    Les frappes aériennes n'épargnent pas les pêcheurs nombreux dans la région. Toujours selon le UNHCR, les petites embarcations sont visées sans sommation. Le 15 mars, un hélicoptère Apache a pilonné un bateau de pêcheur près de la côte de Al Hudaydah, faisant deux morts et en blessant cinq autres. Un autre bateau a été pulvérisé par un missile, dans la même région et le même jour cinq pêcheurs ont péri, touchés par un missile de la Coalition, commandée par l'Arabie saoudite et parti-prenante du conflit depuis le 26 mars 2015, près de la côte de Ad Durayhimi, toujours dans le district de Al Hudaydah.

    Il y a eu sept trêves arrangées par l'ONU depuis le début du conflit et l'ex-Secrétaire d'Etat américain John Kerry. Mais selon l'ONU, les belligérants refusent de négocier. L'enjeu est crucial pour les Saoudiens qui cherche ainsi à contrer leur grand rival iranien, accusé de soutenir les rebelles Houthis. Barack Obama n'était pas très bien disposé à leur égard et ils semblent compter davantage sur Donald Trump qui semble mieux disposé à leur encontre. Jusqu'à présent, Washington fournit les armes à la coalition et l'assiste en ravitaillement aérien et en renseignements. La question est de savoir si l'administration Trump va augmenter cette aide. Ce qui serait perçu selon Joost Hiltermann et April Alley de l'International Crisis Group, "comme un signal fort de sa déterminationface à l'Iran".

    L'ancien Président Ali Abdallah Saleh s'est rallié aux Houthis alors que pendant longtemps il les a combattus.

    Saleh avait été obligé de laisser sa place en 2012, après un accord politique passé avec les Saoudiens qui lui garantissaient en échange l’immunité à vie. Il n'a clairement pas abandonné l'idée de revenir au centre du jeu politique yéménite. Pendant ce temps-là, le Président "légitime" Hadi campe sur ses positions et affirme qu'il ne remettra le pouvoir qu'à un "président élu". Deux ans, jour pour jour, après le début du conflit, il persiste à exiger une reprise du processus politique.

    Karen Lajon - leJDD.f

    Lire aussi :

    Yémen : lourdes pertes pour la coalition arabe

    Le Yémen, la guerre oubliée?

    http://www.lejdd.fr/

  • Guerre au Yémen : la France finance le conflit… et empoche 455 millions d’euros (Anti-k)

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    François Hollande vient de donner son accord pour vendre à l’Arabie saoudite des armes en masse dans le cadre de la guerre au Yémen où sunnites et chiites se déchirent.

    Un contrat de près de 455 millions d’euros suffisant pour fermer les yeux sur l’horreur de la situation… et de l’intervention saoudienne.

    Yémen : un conflit entre sunnites et chiites

    Depuis près de deux ans, le Yémen est en proie à un conflit interne entre le gouvernement de Sanaa et les rebelles houtis. Ce conflit dépasse largement les frontières nationales puisque les puissances présentes au Moyen-Orient alimentent le conflit de leur soutien et se livrent une guerre par procuration. Dans le camp des houtis, c’est l’Iran chiite qui finance la guerre tandis que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et soutenue par les États-Unis entend remettre en selle le président Abd Rabbo Mansour Hadi, d’obédience sunnite.

    Les conflits au Yémen font rage et touchent sans distinction les combattants, les populations civiles, les hôpitaux et les écoles.

    Le nombres de victimes de raids aériens sur des hôpitaux est astronomique à l’image de celui qui a fait 140 morts et 500 blessés en octobre 2016 ou celui perpétré par les États-Unis au mois de janvier dernier. Alors que les violations des droits les plus élémentaires sont monnaie courante dans ce conflit, que de nombreuses associations comme Amnesty International dénoncent l’implication des États-Unis et du Royaume-Uni dans la coalition, la France fait la sourde oreille à propos des souffrances des civils et n’écoute que l’appel des profits que la vente d’armes peut lui rapporter. Avec près de 20 milliards d’euros de matériel vendu en 2016, la France a battu son précédent record de 17 milliard atteint en 2015. Elle entend donc consolider sa place dans le trio mondial d’exportateurs d’armes.

    Saudi-French Military Contract : 455 millions d’euros de contrat d’armement

    Les relations commerciales en matière d’armement entre la France et la pétromonarchie du golfe remontent, pour la période récente, à 2014. Le contrat Donas, signé par l’Arabie saoudite et la France au profit du Liban s’est finalement mué en achat direct d’armes pour le compte du principal pays de la péninsule arabique. D’un montant de 3 milliard d’euros, il a déjà fait la joie des industriels français. Aujourd’hui le contrat a été rebaptisé SFMC pour Saudi-French Military Contract. C’est sur ce nouveau contrat que les saoudiens ont entrepris de refaire leur stock d’armement pour une somme qui atteint actuellement les 455 millions d’euros mais qui pourrait, à terme, représenter 1,2 à 1,4 milliard d’euros.

    Dans ces conditions, pas question de faire perdre de juteux contrats en munitions et canons à Nexter et Thalès TDA Armements. Pourtant, la procédure de transfert des armes dans le golfe n’a pas été facile et il a finalement fallu qu’Hollande mette un terme aux réticences de Cazeneuve et du Quai d’Orsay et tranche en faveur de l’autorisation de la vente d’armes à l’Arabie saoudite. C’est donc la ligne du ministère des Finances, toujours près à rendre service aux grands groupes, et de celle Le Drian, toujours près à combattre le terrorisme en finançant les pires dictatures, qui l’a emporté.

    Pour masquer un financement ouvert du conflit, le contrat a été rédigé dans des termes qui ne laissent pas entendre qu’il finance une guerre d’influence locale, alors que les armes une fois livrées y serviront sans aucun doute. Une partie des fournitures est directement destinée à la garde nationale qui n’intervient pas en dehors du pays et les munitions livrées le seront sans qu’on s’inquiète de leur usage, bien que la quantité commandée indique un besoin supérieur aux demandes ordinaires de Riyad.

    Dans le domaine des règles commerciale comme dans celui des droits démocratiques, la France fait une fois de plus la démonstration qu’elle se moque éperdument de celles qu’elle s’enorgueillit de respecter et de promouvoir. En dépit de la ratification du traité sur le commerce des armes qui interdit la vente d’équipements militaires s’il est avéré qu’ils serviront à perpétrer des violences contre les civils, la France finance bel et bien une guerre ouverte qui la conforte dans sa position de puissance industrielle et militaire d’envergure internationale.

    Boris Lefebvre mercredi 22 mars

    http://www.anti-k.org/

    http://www.revolutionpermanente.fr/

    Commentaire:

    Anti-k est le site de la Commission Economie du NPA. Révolution Permanente est un courant interne du NPA.

     

     

  • Yémen : De la guerre à la famine (NPA)

    C’est une guerre largement oubliée ici mais qui sévit depuis plusieurs années. Mais les humanitaires y pensent, par la force des choses...

    Ainsi, dans ce pays d’environ 26 millions d’habitantEs, deux millions de personnes dépendaient d’une aide alimentaire d’urgence fin janvier. Fin février, c’est même le chiffre de 7,3 millions de personnes qui a été évoqué auprès des Nations unies, qui chiffraient le besoin d’aide urgentissime à 1,7 milliard de dollars. Le 26 janvier, le dirigeant des opérations humanitaires de l’ONU, Stephen O’Brien, évoquait « la plus grande urgence pour la sécurité alimentaire dans le monde ». 14 millions de Yéménites ont par ailleurs besoin d’un soutien alimentaire venu de l’extérieur. Les réserves de blé du pays sont en train de s’épuiser, et 2,2 millions d’enfants souffrent de malnutrition, soit une augmentation de + 53 % par rapport à la situation de 2015.

    C’est essentiellement le blocage des ports du pays qui est responsable de cette situation catastrophique, ainsi qu’un arrêt des transactions des banques avec le Yémen, alors que ce pays dépend largement des importations. Dans un rapport élaboré par un groupe d’experts des Nations unies rendu public fin février, il est écrit que « toutes les parties (du conflit armé) ont fait obstacle à la distribution de l’aide alimentaire dans le pays »...

    Ces parties belligérantes sont essentiellement d’un côté une coalition menée par l’Arabie saoudite (soutenue par les monarchies arabes et notamment les Émirats arabes unis), et de l’autre une alliance de circonstance entre l’ex-président Ali Abdallah Saleh (déchu en 2012 suite à une révolte dans le contexte du « printemps arabe ») et des miliciens chiites.

    Alors que pendant ses années au pouvoir (1979 à 2012), Saleh s’était surtout appuyé sur l’Arabie saoudite voisine et les USA, une fois évincé, il s’est rappelé qu’il était lui-même chiite... Et alors qu’il avait combattu le groupe armé des houthistes, une rébellion de type intégriste issue de la minorité chiite du pays, il s’est rapproché de ces mêmes houthistes après son remplacement au palais présidentiel par son ancien vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi (élu en 2012 lors d’une élection où il fut le seul candidat...).

    Le jeu des puissants

    L’alliance Saleh-houthistes a conquis une large partie du pays en 2014, ce qui a déclenché en mars 2015 une intervention militaire de l’Arabie saoudite appuyée par des régimes arabes sunnites. La guerre, dont le nombre de morts civils était chiffré à 10 000 fin 2016, a donc pris des allures de conflit confessionnalisé. Mais c’est aussi une lutte d’influence entre le régime saoudien et son grand rival chiite, le régime iranien, soupçonné d’appuyer les houthistes.

    La coalition dirigée par le régime saoudien bloque les ports du pays, surtout ceux de la Mer rouge, ce qui empêche les importations alimentaires d’entrer. Le principal port, celui de Hodeida, est toujours tenu par les houthistes, alors que le président Rabo a pu reprendre celui de Moka.

    Les USA, qui se contentaient jusque-là d’appuyer les monarchies du Golfe (alors que l’Arabie saoudite est aussi armée par la France et l’Allemagne), se sont mêlés du conflit ces dernières semaines. Les Saoudiens sont soupçonnés de complaisance avec les forces djihadistes sunnites, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) et dans une moindre mesure Daesh opérant dans le pays.

    Or, depuis l’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump, les USA ont bombardé les combattants d’AQPA. Le 29 janvier, un premier raid étatsunien contre une mosquée et un dispensaire à Yakla a tué 57 personnes... dont au moins 16 civils. Et le Yémen figure aussi sur la liste des pays – initialement sept, désormais six puisque l’Irak a été retiré de la liste – dont les ressortissants sont interdits d’entrée aux USA par l’administration Trump...

    Bertold du Ryon


  • Yémen. La coalition dirigée par l’Arabie saoudite utilise des armes à sous-munitions brésiliennes contre des zones résidentielles (Amnesty)

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    Amnesty International a confirmé de nouveaux éléments qui attestent que la coalition dirigée par l'Arabie saoudite a récemment tiré des roquettes fabriquées au Brésil qui contiennent des armes à sous-munitions interdites, frappant trois zones d'habitation et les terres agricoles alentour au centre de la ville de Saada. Cette attaque a blessé deux civils et causé des dégâts matériels.

    Elle s'est déroulée le 15 février 2017 à 22h30. Il s'agit de la troisième utilisation confirmée d'armes à sous-munitions de fabrication brésilienne, recensée par Amnesty International au cours des 16 derniers mois.

    « La coalition dirigée par l'Arabie saoudite justifie de manière absurde l’usage d'armes à fragmentation en affirmant qu'elle respecte le droit international, malgré les preuves concrètes de pertes en vies humaines parmi la population civile prise au piège du conflit, a déclaré Lynn Maalouf, directrice des recherches au bureau régional de Beyrouth.

    « Les armes à sous-munitions sont non-discriminantes par nature et infligent des pertes inimaginables aux civils. Le droit international humanitaire coutumier en interdit l'usage en toutes circonstances. À la lumière des preuves qui s'accumulent, il est urgent que le Brésil adhère à la Convention sur les armes à sous-munitions et que l'Arabie saoudite et les membres de sa coalition cessent d'utiliser ces armes. »

    Les armes à sous-munitions sont non-discriminantes par nature et infligent des pertes inimaginables aux civils.
    Lynn Maalouf, directrice des recherches au bureau régional de Beyrouth

    Au lendemain des tirs de roquettes, Amnesty International a interrogé huit habitants, dont deux témoins – dont l'un a été blessé au cours de l'attaque. Elle s'est également entretenue avec un militant local et a analysé des preuves photos et vidéos fournies par l'organisme national de déminage, le Yemen Executive Mine Action Centre (YEMAC), qui a inspecté le site dans la demi-heure qui a suivi l'attaque.

    Les employés du YEMAC ont confirmé l'utilisation du même type d'armes à sous-munitions lors d'une autre attaque qui s'est déroulée fin janvier dans le directorat d'Abdeen, à cinq kilomètres au sud de la ville de Saada.

    Des zones d’habitation touchées

    Selon des témoins et des habitants, les roquettes ont frappé des zones d'habitation à Gohza, al Dhubat et al Rawdha, et des sous-munitions ont également atterri sur des maisons d'al Maallah et d'Ahfad Bilal, ainsi que sur l'ancien et le nouveau cimetière situés au centre de la ville, et sur les fermes environnantes.

    Latifa Ahmed Mueed, 22 ans, a raconté l'attaque contre Ahfad Bilal, qui s'est déroulée alors qu'elle se trouvait chez elle. Elle dormait avec son époux Talal al Shihri, son bébé de trois mois Hasan et son fils de trois ans Hussain.

    « La bombe s'est abattue sur la maison, et a pénétré dans la chambre par le plafond. Elle a laissé un grand trou rond dans le plafond. À ce moment-là, nous avons entendu une forte explosion et quelques secondes plus tard, la bombe explosait dans la chambre et nous avons été blessés. Trois autres bombes ont explosé à l’extérieur... Les enfants n'ont pas été blessés, mais étaient sous le choc... Mon mari a été blessé au pied par des éclats d'obus, et moi au pied gauche, et nous sommes allés le soir-même à l'hôpital d'al Salam. »

    La bombe s'est abattue sur la maison, et a pénétré dans la chambre par le plafond. Elle a laissé un grand trou rond dans le plafond. [...] Trois autres bombes ont explosé à l’extérieur... Les enfants n'ont pas été blessés, mais étaient sous le choc... Mon mari a été blessé au pied par des éclats d'obus, et moi au pied gauche
    Latifa Ahmed Mueed, rescapée d'une attaque aux armes à sous-munitions

    Il y a quatre mois, lorsque leur maison de Baqim, à 12 kilomètres au sud de la frontière saoudienne, avait été touchée par une bombe, la famille avait fui, parcourant 78 kilomètres pour rejoindre la ville de Saada.

    « Nous avons dû fuir notre maison de Baqim lorsqu'elle a été bombardée. La bombe est arrivée directement dans notre salon et a détruit l’habitation. Tout le monde a dû quitter la zone. Les bombardements étaient incessants. Nous sommes partis deux-trois mois après la frappe sur notre maison... Nous sommes partis à pied vers Saada et avons marché 20 kilomètres. J'étais enceinte de six mois à ce moment-là, et une voiture s'est arrêtée pour nous conduire jusqu'à Saada. »

    Un habitant d'al Maallah, l'une des zones touchées par l'attaque, a raconté à Amnesty International avoir entendu une forte explosion.

    « J'ai entendu une détonation très forte. Et juste après, j'ai entendu des sons très intenses, comme si quelque chose se répandait. C'était très rapide, cela a duré 20 à 30 secondes. »

    Le responsable de la 12e équipe du YEMAC, Yahya Rizk, a raconté à Amnesty International la visite de son équipe dans les quartiers d'al Rawdha et d'Ahfad Bilal.

    « Nous avons trouvé un disperseur et une sous-munition non explosée à al Rawdha. Al Rawdha est un quartier à forte population, où des bombes [sous-munitions] ont fracassé les toits de deux maisons. Une bombe a transpercé le toit et a blessé un homme et son épouse à Ahfad Bilal – l’engin est tombé dans leur chambre [vers] 23 heures. Ils ont été conduits à l'hôpital pendant la nuit. Ce sont surtout les propriétés, les maisons et les voitures qui ont subi des dégâts. Nous avons constaté 12 traces d'impact à al Rawdha, à côté des fermes fruitières. Et 12 ou 13 à Ahfad Bilal. Nous avons découvert une bombe [sous-munition] non explosée à al Rawdha qui est tombée d'un arbre et a atterri sur le sol ; nous l’avons photographiée. »

    L'équipe du YEMAC a confirmé avoir fait des recherches dans des zones à forte population de Gohza, où elle a constaté des traces d’impact et des dégâts sur les maisons. Yahya Rizk a déclaré : « Les bombes [sous-munitions] ont atterri sur les porches et entre les maisons. Elles ont toutes explosé et personne n'a été blessé. Cependant, toutes les fenêtres étaient brisées et jusqu'à 30 voitures endommagées. »

    En se fondant sur la description de l'équipe du YEMAC et après avoir examiné des photos et des vidéos des suites de l'attaque, notamment les photos de disperseurs et d'une sous-munition non explosée, Amnesty International a pu identifier les fragments de l’arme utilisée lors de l'attaque : il s’agit d’un missile sol-sol ASTROS II.

    L’ASTROS II, un système de lance-roquettes multiple monté sur un camion, est fabriqué par l'entreprise brésilienne Avibrás. L’ASTROS II peut tirer plusieurs roquettes de suite à brefs intervalles, et chaque roquette peut être équipée au maximum de 65 sous-munitions et possède un rayon d’action pouvant atteindre les 80 kilomètres, selon le type de roquette.

    Le site Internet de l’entreprise le décrit comme « un système d’armement stratégique ayant un fort pouvoir dissuasif. »

    Des preuves qui s'accumulent

    Amnesty International a recensé la première utilisation connue de ces types d'armes à sous-munitions au Yémen le 27 octobre 2015 à Ahma, au nord de Saada. Elles ont blessé au moins quatre personnes, dont une fillette de quatre ans.

    En mai 2016, Amnesty International a découvert de nouveaux éléments attestant de l’utilisation du même type d'armes à sous-munitions dans des villages à 30 kilomètres au sud de la frontière saoudienne à Hajjah. Pas plus tard qu'en décembre 2016, Human Rights Watch a également recueilli des informations sur l'utilisation d'armes à sous-munitions fabriquées au Brésil dans la ville de Saada.

    À ce jour, Amnesty International et Human Rights Watch ont recensé l'utilisation de sept types d'armes à sous-munitions libérées dans l’air ou tirées depuis le sol, fabriquées aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Brésil. La coalition a reconnu utiliser des armes à sous-munitions britanniques et américaines dans le cadre d'attaques au Yémen.

    « Combien de civils doivent-ils encore être tués et blessés ou voir leurs biens détruits par ces armes interdites par le droit international, avant que la communauté internationale ne condamne l'utilisation d'armes à sous-munitions par la coalition que dirige l'Arabie saoudite et ne fasse pression sur les membres de cette coalition pour qu'ils adhèrent immédiatement à la Convention sur les armes à sous-munitions ? »

    COMPLÉMENT D’INFORMATION

    Les munitions à fragmentation contiennent entre des dizaines et des centaines de sous-munitions, qui sont libérées dans l’air, et se répandent sans discrimination sur une large surface pouvant mesurer des centaines de mètres carrés. Elles peuvent être larguées ou tirées depuis un avion ou, comme dans ce cas, projetées depuis des roquettes sol-sol.

    Les sous-munitions ont par ailleurs un taux de non explosion élevé – ce qui signifie qu’un fort pourcentage d’entre elles n’explosent pas à l’impact, et deviennent de fait des mines antipersonnel qui représentent une menace pour les civils des années après leur déploiement. L’utilisation, la production, la vente, et  le transfert de munitions à fragmentation sont prohibés par la Convention de 2008 sur les armes à sous-munitions, signée par près de 100 États.

    Le 19 décembre 2016, l'agence de presse étatique saoudienne a déclaré que le gouvernement saoudien avait décidé d'arrêter l'utilisation des  armes à dispersion BL-755 de fabrication britannique, tout en affirmant que « le droit international n'interdit pas l'utilisation des armes à sous-munitions » et que, si certains États sont parties à la Convention sur les armes à sous-munitions, « le royaume d'Arabie saoudite et tous les alliés au sein de la coalition ne sont pas membres » de cette Convention. Il a ajouté que la coalition avait utilisé des armes à sous-munitions britanniques contre des « cibles militaires légitimes », que ces armes n'étaient « pas déployées dans des zones résidentielles civiles » et que la coalition « a pleinement respecté les principes du droit international humanitaire de distinction et de proportionnalité ».

    Amnesty International a connaissance de la présence d'un objectif militaire, la base de Kahlan, à trois kilomètres au nord-est de la ville de Saada, mais la présence d'un objectif militaire ne saurait justifier l'utilisation d'armes à sous-munitions interdites par le droit international – particulièrement dans des quartiers civils fortement peuplés. S’il est vrai que le Brésil, le Yémen, l'Arabie saoudite et les membres de sa coalition qui prennent part au conflit au Yémen ne sont pas parties à la Convention, ils sont tenus aux termes du droit international humanitaire coutumier de ne pas utiliser d'armes qui par nature frappent sans discrimination et représentent toujours un danger pour les civils. La règle du droit coutumier qui interdit l'usage d'armes non-discriminantes par nature s'applique en toutes circonstances, y compris lorsque l'intention est de cibler un objectif militaire. 

    Selon le Landmine and Cluster Munition Monitor, qui effectue un suivi sur les mines terrestres et les munitions à fragmentation,Avibrás a vendu ce type d'armes à l’Arabie saoudite par le passé, et Human Rights Watch a recueilli des informations sur leur utilisation par les forces saoudiennes à Khafji en 1991.

    9 mars 2017

    https://www.amnesty.org/