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Luttes ouvrières

  • Le “Hirak” dans le Rif marocain continue sa résistance et la contestation s’étends ! (ESSF)

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    Depuis plus de six mois, un mouvement de contestation populaire massif s’est développé dans la région du Rif au nord du Maroc, et a culminé par un rassemblement de plusieurs dizaines de milliers de manifestant·e·s à dans la ville de al-Hoceima le 18 mai dernier.

    Tout a débuté en octobre 2016 lorsqu’un jeune pêcheur, Mohsen Fikri, a été broyé dans une benne à ordures à al-Hoceima. Les populations locales du Rif se sont alors organisées dans des comités locaux, demandant le jugement des responsables de ce décès et de celui de cinq autres Rifains tués dans une agence de la Banque Populaire lors des manifestations populaires du 20 février 2011. Le mouvement de protestation réclame aussi la levée de la militarisation de la province d’al-Hoceima, l’arrêt des poursuites et du harcèlement contre les petits paysans, la libération de tous les prisonniers·ères politiques du Rif et l’augmentation et l’amélioration des services de santé, d’éducation, culturelles, et les infrastructures qui font défaut dans la région.

    Contre les politiques d’austérités

    Ces mobilisations sont le résultat de l’autoritarisme de la monarchie marocaine et surtout des politiques néolibérales destructrices au niveau social pour les classes populaires, encouragées et imposées par les institutions financières et commerciales internationales et les gouvernements des puissances impérialistes. Cela s’est en effet traduit par des politiques démolissant le tissu productif, par le pillage des ressources maritimes et forestières, la faiblesse des principaux services publics et l’absence d’emploi pour les jeunes.

    Ces dynamiques populaires sont également liées à la question Amazigh au Maroc, dont la région du Rif est peuplée. En plus de la justice sociale et la dignité, les manifestant·e·s demandent en effet que les services locaux de la fonction publique recrutent des habitant·e·s de la région, et l’adoption de l’amazigh comme langue de l’administration locale. Les autorités monarchiques ont en effet l’habitude d’envoyer des fonctionnaires et policiers d’autres régions du Maroc non Amazigh pour contrôler et intimider les habitant·e·s locaux, souvent en toute impunité. Le Rif a d’ailleurs des spécificités historiques, longtemps exclu par la monarchie, il a une longue histoire de résistance : de la création de la République du Rif avec Abdekrim el Khattabi, au soulèvement au lendemain de l’indépendance contre le pouvoir central, au cœur des révoltes contre les politiques d’ajustement structurel, particulièrement mobilisé durant le M20 Février. Le drapeau amazigh est d’ailleurs très présent dans les manifestations, associés aux slogans sociaux et démocratiques contre les autorités centrales de Rabat.

    L’Etat autoritaire marocain tente de son côté de réprimer et diffamer le mouvement de contestation pour qu’il ne soit pas suivi dans d’autres villes et régions du Maroc qui vivent dans les mêmes conditions de marginalisation, de paupérisation et de répression. Le pouvoir présente notamment les manifestant-es comme des « séparatistes » financés par l’étranger qui contestent l’autorité et l’intégrité territoriales. La répression est également très dure de la part des forces répressives et « balatgias » (voyous employés par le régime) contre les manifestant.es.

    Ces politiques répressives et autoritaires n’ont néanmoins pas permis de mettre fin au mouvement, qui s’étends même avec des discours et mobilisations de soutien en faveur du mouvement populaire dans le Rif à travers plusieurs villes du pays. Le 28 mai au soir, des rassemblements de solidarité ont eu lieu dans plusieurs villes (Tanger, Nador, Marrakech, M’diq), y compris devant le parlement à Rabat, avec le mouvement du Rif. Plus de 40 personnes du « Hirak » ont été arrêtées par les autorités depuis le début du mouvement du Rif, dont Nasser Zefzafi, le leader de la contestation populaire, incarcéré le 29 mai sous prétexte qu’il avait 3 jours plus tôt interrompu le prêche de l’imam à la mosquée qui accusait les manifestations d’apporter la « fitna » (discorde) dans le Royaume. Le soir même de son arrestation, près de 3000 manifestant·e·s réclamaient sa libération dans les rues d’al-Hoceima et « la liberté, la dignité et la justice sociale ». D’autres manifestations ont également eu lieu dans la région, plus précisément à Nador et dans les villes d’Atroukoute et Imzouren. Ce mouvement de contestation populaire s’est poursuivi toute la semaine.

    Le vendredi 2 juin, une grève générale a été lancée depuis la ville d’Al-Hoceïma à l’initiative du « hirak », contre les politiques autoritaires du gouvernement et la libération des activistes du mouvement incarcérés. La grève a été suivi dans plusieurs villes proche d’Al-Hoiceima. Les prêches officiels dans les mosquées ont également été boycottés dans al-Hoceima et ses environs. Cette journée fut marqué par de nombreux affrontements entre manifestant-es et forces répressive de l’état.

    Le 5 juin, c’était le tour de deux membres de premier plan du « Hirak » (mouvement) d’être arrêtés : Nabil Ahamjik, considéré comme le numéro deux du mouvement, et Silya Ziani, l’une des nouvelles figures des manifestations. Ces arrestations n’ont qu’attiser la colère de plusieurs milliers de manifestant-es qui continuent de se réunir chaque soir à Al-Hoceima et ses environs.

    La contestation est loin d’être finie, et la détermination des manifestant-es du Rif persiste. La solidarité se développe en même temps progressivement à travers le pays, malgré les tentatives de la monarchie marocaine d’empêcher tout effet boule de neige à travers le pays. L’extension est la clé de la réussite et de la survie du mouvement. On a notamment observé des manifestations et grèves dans plusieurs villes du pays ces derniers jours pour protester contre leurs marginalisations économiques et sociales. Le 6 juin, une grève et des manifestations ont par exemple eu lieu dans la ville de Imintanoute, proche de Marrakech, contre le coût élevé des factures d’eau et d’électricité qui ont augmenté de plus de 50 %, en plus d’autres revendications sociales et économiques comme la construction d’un hôpital. La contestation continuait dans la ville.

    Solidarité avec la lutte pour la liberté, la dignité et la justice sociale des classes populaires du Rif et du Maroc !

    Joe Daher mercredi 7 juin 2017

    https://syriafreedomforever.wordpress.com/

    http://www.europe-solidaire.org/

     

    Lire aussi:

    Au Maroc, le «Hirak» des manifestants de la région du Rif gagne tout le royaume (Médiapart)

     

  • Nouveautés sur Algeria Watch

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    «Le FMI propose l'austérité !»

    Les dockers menacent de paralyser les ports

    500 000 enfants sans scolarité en Algérie

    Alger verrouillée, Bejaia est devenue la capitale des contes- tations sociales et politiques

     

  • Nawel Ben Aissa, une voix vive du Rif (Cadtm)

     

    Le Maroc vit actuellement une vague de protestation sociale très large initiée par le mouvement de contestation populaire dans le Rif au nord du Maroc.

    L’État a répondu par une campagne de calomnie et la répression. Il a arrêté des dizaines d’activistes de ce mouvement et poursuit d’autres. Les sit-in de solidarité dans plusieurs villes sont dispersés par les forces de police. Mais ce climat de terreur renforce plutôt la détermination des citoyens et des citoyennes à combattre, exiger la libération des détenus et la satisfaction des revendications sociales. Des comités de solidarités se constituent un peu partout au Maroc.

    Le cri de Nawel Ben Aissa, militante et nouvelle figure du mouvement de contestation avec d’autres, reflète bien cet état d’esprit fort et inébranlable contre la répression. Un mandat d’arrêt a été lancé contre elle par les services de sécurité qui le lui ont délivré à la maison de sa famille. Elle a décidé de se rendre. Elle s’est effectivement rendue à la police aujourd’hui (1 juin). Elle a été relâchée, sans être poursuivie. Voilà son message d’après une retranscription de sa vidéo en Amazigh.

    Mon nom est Nawel Ben Aissa.

    Je suis mariée et je suis mère de quatre enfants.

    Je suis née, j’ai grandi sur cette terre du Rif. Cette terre broyée par la corruption, la marginalisation et l’injustice.

    J’ai participé à toutes les manifestations pacifiques, parce que je revendique mes droits, et les droits du Rif à la Santé, à l’éducation et au Travail.

    J’aime cette terre généreuse et j’aime ses gens, rifains soient-ils ou pas. J’ai appris de mon père, homme modeste et démuni, à souhaiter le bien pour tous, à apporter mon aide à tous. Et ce sont là les meurs des Rifains.

    Je revendique de simples droits totalement inexistants au Rif. Le Rif est broyé par le cancer. Ici, dans chaque famille vous rencontrer non pas un cas ; mais, des cas de cancer. C’est la conséquence de l’usage de gaz toxiques par l’occupant espagnol. Le Rif est décimé par le cancer et la marginalisation. Nous n’avons pas d’hôpitaux capables de soigner toutes ces variétés de cancers. Dans ma demeure, de sorte à les rapprocher des soins, j’ai hébergé de nombreuses victimes de ce fléau venues de lointaines montages. Des zones montagneuses enclavées, dépourvues de routes et tenues hors du monde par la pauvreté et le dénuement. Des femmes broyées par le cancer, la pauvreté, qui ne subsistent que par la charité qui leur est donnée par les bonnes âmes. Voilà la réalité du Rif, broyé dans tous les droits.

    Je manifeste pour la justice. Je manifeste pour mes droits et ceux de mes enfants. Je manifeste pour que nous puissions avoir un hôpital à même de prendre en charge tous les malades. Je manifeste parce que j’ai vu les larmes d’impuissance des cancéreux laissés pour compte ici au Rif.

    Je manifeste pour ces familles dont je sais qu’elles n’ont même une bouchée de pain, car ici, il n’y a ni travail, ni ateliers, ni usines.

    Je manifeste parce que je veux le meilleur pour ma patrie. Le meilleur se construit avec des écoles et nous n’avons pas d’université ; alors nous écourtons prématurément nos parcours d’études.

    Pour tout cela je manifeste. Je n’ai pas peur et je ne me cacherai pas, comme on me le demande. Ma protestation est pacifique et elle est de mon droit le plus absolu.

    Je ne me cacherai pas, même si cela doit conduire à mon arrestation. Je te demande pardon ma mère adorée, pardon mon père adoré, mes très chers enfants, pardon à tous ceux qui m’aiment, pour la douleur que je risque de vous causer, mais je ne vais pas me terrer comme une souris.

    Je manifeste pacifiquement pour une cause juste et si je venais à être arrêtée, comme c’est le sort de beaucoup, je sais que nous avons un Dieu qui sait ce qu’il y a dans les cœurs et qu’il ne nous abandonnera pas.

    Je manifeste pour les rêves de tous les enfants du Rif, pour les mères du Rif qui espèrent le changement, rêves d’une vie digne comme ils ne cessent de le scander dans la rue.

    Liberté ! Dignité ! Justice sociale !

    Je vous aime mes enfants. Je manifeste pacifiquement pour les droits broyés du Rif et je persévérerai jusqu’à mon dernier souffle.

    Je ne me cacherai [terrerai] pas.

    3 juin par Omar Aziki , Nawel Ben Aissa

    http://www.anti-k.org/

     

  • Dossier Tunisie (Anti-k)

     

    Tunisie : La guerre contre la corruption est-elle réellement déclarée ?

    Les associations démocratiques de l’immigration tunisienne depuis toujours mobilisées contre la corruption qui gangrène le pays s’associent à l’appel ci-dessous « la guerre contre la corruption est-elle réellement déclarée ? » et appellent l’ensemble des tunisien(ne)s à l’étranger à faire barrage à ce fléau.

    Depuis quelques jours, les Tunisiens découvrent avec un sentiment d’émoi et d’indignation les effets de cette campagne d’arrestations qui vise des affairistes véreux sur lesquels, et depuis longtemps, de graves soupçons pèsent sur eux : activités douteuses, des grands contrebandiers, d’anciens cadres de la Douane suspectés de corruption et impliqués dans le commerce parallèle… La Commission de confiscation a d’ores et déjà procédé à la confiscation des biens de certains d’entre eux.

    Tout en exprimant notre soutien à cette campagne de salubrité publique qui constitue un début de concrétisation de l’un des objectifs de notre Révolution, nous tenons toutefois à affirmer que :

    - Cette campagne ne doit en aucune manière être sélective. Les arrestations doivent s’inscrire réellement dans un processus de démantèlement de tout le système de la corruption qui, au mépris de toutes les lois, gangrène encore la société tunisienne et met en péril l’institution étatique elle-même.

    - Les procédures légales et les normes de la justice équitable doivent être observées pour tous les acteurs publics afin d’éviter les risques d’abus, mais aussi les atteintes aux libertés ainsi que les possibles règlements de comptes, fussent-ils, sous couvert des recours « judiciaires ».

    - La justice doit examiner les affaires qui lui seront soumises en toute indépendance, sans pression aucune ; afin que nous, citoyens de ce pays, puissions en toute objectivité, constater la souveraineté de la loi et apprécier l’engagement résolu des autorités publiques dans la lutte contre le fléau de la corruption.

    - Nous tenons également à souligner que la détermination du gouvernement à combattre la corruption suppose également le respect du processus de la Justice transitionnelle. 
    En conséquence, nous appelons le gouvernement à retirer le projet de loi dit de réconciliation économique et financière car, son maintien, ne peut que semer le doute sur sa ferme détermination à s’attaquer durablement et sans exclusive à la corruption, sous toutes ses formes.

    - Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme CRLDHT
    - Association vigilance pour la démocratie et l’État civique (Yakhadha)
    - Association Démocratique des Tunisiens en France – ADTF
    - Association des Tunisiennes et Tunisiens de Suisse – ATTS
    - Association des Tunisiens de l’Isère Citoyens des Deux Rives – l’ATI-CDR
    - Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie – Belgique – CVDT
    - Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme CRLDHT
    - Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives – FTCR
    - Réseau Euro Maghrébin Citoyenneté et Culture – REMCC

    Espérant mettre fin à son impopularité croissante, le pouvoir tunisien coupe quelques branches pourries

    En grande difficulté face à la révolte des populations paupérisées du sud tunisien (1), où rien n’est à ce jour réglé, le pouvoir a brusquement déclenché le 23 mai une grande opération contre certains affairistes.

    Un inventaire à la Prévert

    Tout a commencé par l’arrestation de Chafik Jarraya. « Ancien associé d’Imed Trabelsi (le neveu de Leïla Ben Ali), Jarraya se targuait publiquement d’acheter parlementaires, juges et journalistes. Longtemps proche du parti Nidaa Tounes, aujourd’hui dirigé par Hafedh Caïd Essebsi (le fils du chef de l’État), mais aussi des islamistes tunisiens et libyens, Jarraya personnifiait la caste des intouchables ».(2)
    Dans la foulée, ont été notamment arrêtés plusieurs importants « hommes d’affaires », des hauts responsables de la douane dont un ancien colonel, des gros bonnets et des lampistes de la contrebande, des petits et gros trafiquants de drogue, de métaux, de fruits secs, d’armes, l’ancien responsable de la lutte anti-terroriste et actuel responsable de la « police touristique », etc.
    Les biens de certains « hommes d’affaires », dont un yacht, ont été saisis, ainsi que des voitures et appartements qu’ils avaient mis à la disposition d’hommes politiques ou de journalistes. D’après certains media, la valeur totale des biens saisis serait « astronomique ».

    La volonté de mettre un coup d’arrêt à l’impopularité croissante du pouvoir

    D’après un sondage, 91,7% des citoyens tunisiens interrogés ont exprimé leur soutien à ces arrestations.(3)
    Reflétant cet état d’esprit, l’UGTT qualifie celles-ci de « courageuses » : « La lutte contre la corruption en Tunisie et son déracinement ont toujours été parmi les principales revendications de l’UGTT ».
    Gardant ses distances, l’UGTT ajoute néanmoins : « Il est nécessaire d’aller jusqu’au bout de cette campagne, de ne pas céder aux pressions et d’appliquer la loi contre tous ceux qui ont spolié l’argent public, et utilisé leur position et liens pour faire fortune ».

    De « curieux oublis »

    A ce jour, des individus connus pour faire partie des rouages essentiels du système de corruption qui ravage la Tunisie depuis des années continuent tranquillement à vaquer à leurs activités prédatrices. Il en va de même du côté d’hommes politiques particulièrement « arrosés ». La plupart d’entre eux appartiennent aux partis qui dirigent ou ont dirigé le pouvoir depuis 2011 :
    - Nidaa Tounès, constitué autour de notables de l’ancien régime (et qui dirige le pouvoir depuis janvier 2015),
    - le parti islamiste Ennahdha (qui a été au gouvernement en 2012-2013, et y participe à nouveau depuis 2015 aux côtés de Nidaa).

    Un pouvoir aux prétentions contradictoires

    - D’un côté, il déclare avoir engagé une offensive « anti-corruption » implacable ;
    - De l’autre, il persiste à vouloir imposer une loi de « réconciliation » (4) blanchissant les corrompus de l’époque Ben Ben Ali … dont fait justement partie Chafik Jarraya arrêté le 23 mai !

    Des menaces sur les libertés

    S’appuyant sur la proclamation de l’état d’urgence à la suite des attentats jihadistes, le pouvoir utilise abondamment des pratiques en vigueur du temps de Ben Ali, comme par exemple la comparution de civils devant le tribunal militaire.

    Le 1er juin 2017

    http://www.anti-k.org/

     

    Lire aussi:

    De Tataouine à Ouargla, le même malaise (El Watan)

    Tunisie : la guerre contre la corruption doit être globale et crédible (Front Populaire)

    Tunisie : le mouvement des chômeurs continue (Lutte Ouvrière)

    Tunisie : la bataille écologique des élections municipales (MEE)

     

     

  • Non à la répression ! Solidarité avec les luttes des masses populaires du Rif ! (PST)

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    Non à la répression !
    Solidarité avec les luttes des masses populaires du Rif !

    Depuis plusieurs mois, une formidable mobilisation populaire a embrassé toute la région du Rif marocain pour exiger le jugement et le châtiment des responsables de la mort du jeune vendeur de poissons Mohsen Fikri, broyé dans une benne à ordures en octobre 2016.

    Organisé démocratiquement et structuré autour des comités de base, le mouvement populaire du Rif a pris une ampleur sans précédent, après avoir intégré d’autres revendications démocratiques et sociales rappelant le soulèvement du 20 février 2011 au Maroc.

    En effet, c’est contre la répression et la militarisation de la région d’El Hoceima d’une part et, d’autre part, pour le développement des infrastructures sociales, notamment dans l’éducation et la santé, que le mouvement s’est cristallisé. Mais, le soulèvement des masses populaires du Rif a fini par remettre en cause les politiques libérales, imposées par le FMI, la BM, l’UE et les diktats des multinationales, et qui n’ont engendré que l’austérité, la marginalisation, la paupérisation et le chômage de masse.

    Après avoir misé vainement sur son essoufflement et son isolement, le régime monarchique et répressif marocain a tenté sans succès de discréditer le mouvement populaire en l’accusant d’être à la solde de l’étranger et qu’il vise à semer « le chaos et l’insécurité ». Face à la résistance du mouvement et la perspective de son développement dans d’autres régions du pays, le régime a enclenché, depuis le vendredi 28 mai, une répression criminelle de grande ampleur et une vague d’arrestations des principaux dirigeants du mouvement.

    Le PST dénonce la répression et les arrestations arbitraires qui s’abattent sur la population du Rif et des autres régions du Maroc et exprime sa solidarité avec les militants et les détenus du mouvement populaire du Rif.

    Le PST appelle les forces politiques, les syndicats et le mouvement associatif algériens à se solidariser avec la lutte du peuple marocain et à dénoncer la répression et les atteintes aux libertés démocratiques au Maroc.

    Non à la répression du Rif ! Solidarité avec les luttes du peuple marocain !
    Liberté pour Zefzafi et ses camarades !
    Pour le respect des libertés démocratiques au Maroc !
    Pour la satisfaction des revendications légitimes des masses populaires du Rif !
    Vive la solidarité et la lutte des peuples pour la liberté, la dignité et la justice sociale !

    Secrétariat National.
    Alger, le 30 mai 2017

    Parti Socialiste Des Travailleurs
  • Nouveautés "Tunisie"

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    Tunisie : Le sud du pays en ébullition (NPA)

    Tunisie : soutien du Front populaire aux luttes dans le sud tunisien (ESSF)

    Tunisie : Solidarité avec les manifestations pour l’emploi et le développement! (Union Syndicale Solidaires)

  • Le sud tunisien en ébullition (ESSF)

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    Depuis 2011, les revendications sociales ne cessent d’alimenter la grogne un peu partout dans le pays, empêchant la stabilisation du régime.

    C’est en ce moment le cas de la région de Tataouine d’où est issue une grande partie de la production d’hydrocarbures.

    Petite chronologie

    16 mars
    Face à cette pression, particulièrement intense dans la région, L’UGTT de Tataouine appelle à la grève générale du secteur pétrolier où de nombreux conflits ont eu lieu ces dernières années. Cette grève fait notamment suite au licenciement de 24 salariés par la société canadienne Winstar qui refuse par ailleurs de participer au développement économique et social de la région.
    8 avril
    Des jeunes chômeurs exigeant notamment des créations massives d’emplois occupent les routes empruntées par les camions de pétrole. Ils appellent à la grève générale de toute la population pour le 11.
    11 avril
    Toutes les activités sont bloquées à Tataouine, à l’exception de quelques boulangeries, des pharmacies et de l’Hôpital régional. Les manifestants permettent à nouveau la circulation, sauf pour les camions des sociétés pétrolières.
    23 avril
    Des milliers de jeunes organisent un sit-in illimité à proximité de la zone pétrolière protégée par les forces armées.
    27 avril
    Le Premier ministre lors de sa venue à Tataouine propose la création 2 500 emplois précaires et mal payés, dont 500 immédiatement. Il est vivement contesté aux cris de « travail, liberté et dignité » et doit être évacué en catastrophe.
    7 mai
    La population manifeste massivement pour soutenir les sit-ins.
    16 mai
    Une nouvelle proposition du gouvernement inclue notamment l’embauche de 1 500 personnes par les sociétés pétrolière et 2 000 emplois précaires dans d’autres activités. Une partie des jeunes mobilisés juge ce compromis acceptable. Une partie le juge insuffisant et continue à bloquer l’exploitation pétrolière.
    20 mai
    Malgré des tirs de sommation de l’armée, les manifestants réussissent à mettre à l’arrêt la principale station de pompage de gaz du Sud tunisien ! Du jamais vu depuis le début de l’exploitation des hydrocarbures dans la région il y a plus d’un demi-siècle.

    Les principales revendications

    En plus de la création immédiate d’emplois, les manifestants veulent obliger les sociétés pétrolières et gazières à verser 20 % de leur profits à une caisse chargée du développement économique de la région.
    Cette dernière mesure est catégoriquement refusée par le gouvernement néolibéral de coalition constitué essentiellement d’islamistes d’Ennahdha et de certains notables de l’ancien régime.

    Une volonté d’auto-organisation

    Depuis des années, le gouvernement fait des promesses ou signe des accords qu’il ne respecte pas. Cette fois-ci, les jeunes chômeurs sont bien décidés à ne pas se faire avoir une nouvelle fois.

    L’un d’entre eux explique : « En 2013, après des mois d’occupation de la place centrale de la ville, on nous a baratiné avec une dizaine de postes dans un chantier appartenant à la présidente du syndicat patronal. Les contrats, sans couverture sociale, ont pris fin au bout de six mois », explique l’un des jeunes mobilisés. Il assure que cette fois-ci « ni la société civile, ni les partis politiques, ni l’UGTT ne négocieront à notre place. »

    Pour cette raison, chaque décision est prise après un vote effectué au niveau de chaque sit-in, puis au niveau de leur coordination.
    L’un de ses membres explique : « Nous essayons de rester transparents et de respecter la volonté de chaque sit-inneur. Cela est possible à travers les votes et les concertations entre nous. Nous passons tout notre temps à discuter de tous les détails de nos demandes et des solutions que nous proposons au pouvoir ».

    La nationalisation des ressources naturelles à l’ordre du jour

    Même si elle ne fait pas partie de la plate-forme revendicative, cette question est posée par de nombreux manifestants : « Sur des milliers de postes crées pour exploiter les hydrocarbures, seules quelques centaines sont attribués aux jeunes de Tataouine ». « Les sociétés étrangères agissent comme si la Tunisie était encore colonisée. »
    Malgré sa radicalité, le mouvement bénéficie d’un soutien populaire assez large dans tout le pays.

  • Nuages sur la Tunisie (Le Monde Diplomatique)

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    Mercredi 10 mai 2017, la petite localité de Tebourba, située à 35 kilomètres à l’ouest de Tunis, dans le gouvernorat (préfecture) de La Manouba, a été le théâtre d’affrontements entre jeunes et forces de sécurité, ces dernières usant de gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs centaines de manifestants en colère.

    À l’origine de ces violences, la tentative d’immolation par le feu d’un jeune vendeur de fruits à la sauvette empêché de travailler par les policiers. Cela rappelle sans conteste l’événement fondateur de la révolution tunisienne de décembre 2010-janvier 2011, quand des représentants de l’ordre confisquèrent sa marchandise à Mohamed Bouazizi, le poussant à s’asperger d’essence avant de l’enflammer pour mettre fin à ses jours (17 décembre 2010).

    Malgré le retour au calme — les autorités du gouvernorat ont promis d’aménager des espaces de vente pour les marchands ambulants —, le drame de Tebourba est loin d’être isolé. Suicides ou automutilations sont fréquents chez une jeunesse désabusée et les protestations populaires qui suivent ces actes s’ajoutent aux tensions sociales qui aggravent un climat politique des plus délétères. Jour après jour, la Tunisie s’interroge sur son avenir dans un contexte de crise multiforme.

    Lire aussi Thierry Brésillon, « Grand déballage historique en Tunisie », Le Monde diplomatique, mai 2017. La veille des affrontements de Tebourba, le pays apprenait ainsi la démission de M. Chafik Sarsar, le président de l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie). En poste depuis 2014, cette personnalité indépendante et très respectée devait préparer les élections municipales — les premières depuis la chute de l’ancien régime — du 17 décembre prochain. Suivi dans son départ par deux autres membres du conseil de l’Isie, dont le vice-président, l’intéressé s’est dit contraint à la démission » et a évoqué des « divergences internes » menaçant l’organisation « d’élections libres et transparentes ».

    Pour de nombreux Tunisiens, il ne fait nul doute que M. Sarsar subissait les pressions des autorités et de partis politiques désireux de remporter le scrutin. Cela afin de bénéficier d’assises territoriales et financières susceptibles de les aider à préparer au mieux leurs campagnes électorales pour les législatives de 2019. Du coup, l’opinion publique se demande si les municipales auront bien lieu. Un report, même de quelques semaines, aurait un effet fâcheux dans la mesure où ce rendez-vous, maintes fois décalé, est considéré comme une étape fondamentale dans la poursuite du processus de transition démocratique entamé depuis la chute de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011.

    Dans un discours prononcé ce même 10 mai, le président Béji Caïd Essebsi a néanmoins assuré que les élections locales auront bien lieu. Annoncée depuis plusieurs jours, son adresse à la nation a surtout été l’occasion de fustiger les mouvements sociaux qui paralysent l’activité économique en divers points du pays, notamment dans les régions du Kef (nord-ouest) et de Tataouine (sud-est). Revendiquant la nécessité de défendre « l’État de droit », et estimant que les manifestations « ne sont pas toutes légitimes » M. Essebsi a fait savoir qu’il avait décidé de recourir à l’armée pour protéger « les outils de production » et défendre les sites d’extraction de pétrole et de phosphate. Pour mémoire, en 2011, alors qu’il était chef du gouvernement (du 27 février au 24 décembre 2011), celui qui fut, entre autres, ministre de l’intérieur (1965-1969) du président Habib Bourguiba, s’était déjà élevé contre « le dégagisme néfaste à l’économie » dont, selon lui, se rendaient coupables nombre de Tunisiens désireux de chasser tous les responsables en place, qu’ils soient élus, gouverneurs (préfets) ou chefs d’entreprise.

    En décidant de faire appel à l’armée pour « protéger » l’activité économique, le président tunisien prend le risque de dérapages tant les protestations s’accroissent. Après six années de transition, une grande majorité de Tunisiens ne voit aucune amélioration dans la situation économique et reproche aux autorités de ne pas agir contre la marginalisation de nombreuses régions. À Tataouine, des manifestants multiplient sit-in, blocages de route et marches publiques pour exiger des investissements pour le développement régional et la mise en place, par les compagnies pétrolières, d’une politique de recrutement favorable à la jeunesse locale. En somme, les mêmes revendications qu’il y a vingt, dix ou six ans… S’il a été favorablement accueilli par la bourgeoisie tunisienne qui se dit lassée par le désordre dans le pays, ce recours à la soldatesque fait craindre un tour de vis sécuritaire et un retour déguisé à l’ordre ancien.

    Il faut dire que les alertes en ce sens s’intensifient. En avril dernier, l’Union générale des étudiants de Tunisie (Uget) dénonçait les violences policières commises lors de manifestations estudiantines. Début mai, la rédaction du site indépendant Nawaat condamnait « le harcèlement du directeur de sa rédaction et l’intention manifeste des autorités à s’acharner contre ses journalistes. » Sami Ben Gharbia, cofondateur et directeur de la rédaction avait alors été convoqué — le 3 mai, jour de la célébration mondiale de la liberté de la presse ! — par la brigade centrale d’investigation de la Garde nationale pour y être interrogé à propos de fuites concernant un projet présidentiel d’amnistie des cadres de l’ancien régime.

    Sur les réseaux sociaux, mais aussi lors des nombreux talk-shows sur les chaînes de télévisions tunisiennes, cette tentation sécuritaire est d’autant plus critiquée que le gouvernement de M. Youssef Chahed (lire l’encadré ci-dessous) peine à apporter des réponses aux inégalités et aux déséquilibres régionaux. C’est d’ailleurs la persistance de la marginalisation d’une partie du pays que met en exergue le dernier rapport de l’International Crisis Group (ICG) (1). Pour les experts de ce laboratoire d’idées basé à Bruxelles, le compromis politique en place depuis 2014, fruit de l’alliance entre le parti Nidaa Tounès (camp présidentiel) et la formation islamo-conservatrice d’Ennahda, est menacé à moyen terme. Relevant la paralysie qui empêche l’accomplissement des réformes, le document insiste sur le poids néfaste des « réseaux clientélistes » et, plus encore, sur l’existence d’une bataille de l’ombre entre l’élite économique traditionnelle et de nouveaux entrepreneurs originaires de l’intérieur du pays ou des zones défavorisées.

    « Alors que les équilibres macroéconomiques sont mis à mal, la polarisation se renforce dans le monde des affaires entre chefs d’entreprises, mais aussi entre ces derniers et les barons de l’économie informelle, notamment de la contrebande, note ainsi le rapport. D’un côté, une élite économique établie issue de la région côtière de l’Est du pays et des grands centres urbains est protégée et privilégiée par des dispositifs réglementaires, et entend le rester. De l’autre, une nouvelle classe d’entrepreneurs issus des régions déshéritées, dont certains sont cantonnés au commerce parallèle, soutiennent en partie les protestations violentes contre le pouvoir central et aspirent à se faire une place parmi l’élite établie, voire à la remplacer. »

    Pour l’ICG, seuls un dialogue national et la mise en place d’un certain nombre de mesures sont susceptibles d’empêcher que cet affrontement régionaliste ne mène à l’échec de la transition démocratique. Et parmi les changements que suggère le laboratoire d’idées, il y a le « renforcement de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc) » ainsi que la « soumission par les partis politiques de leurs rapports financiers à la Cour des comptes. »

    L’un des mérites du document de l’ICG est d’insister sur le fait que « des hommes de l’ombre du milieu des affaires tirent les ficelles en coulisses pour défendre leurs intérêts. » Une réalité que nombre de Tunisiens valident en faisant systématiquement référence à l’existence de « mafias » organisées dont l’argent irrigue non seulement le champ politique mais aussi celui des médias et même des organisations non gouvernementales (ONG) locales.

    C’est dans ce contexte que le président Béji Caïd Essebsi tente de convaincre ses concitoyens d’accepter le projet de loi de réconciliation économique dont la troisième mouture est en discussion à l’Assemblée. Pour les autorités tunisiennes, l’amnistie, sous conditions, de personnes impliquées dans des crimes de corruption est susceptible de tourner la page du passé et de permettre le redémarrage de l’économie. La gauche, les syndicats, ainsi que de nombreuses associations y sont opposées et manifestent régulièrement pour exiger le retrait de ce projet qu’ils qualifient de « blanchiment de la corruption ». Des militants pour la défense des droits humains voient dans ce projet une tentative pour amoindrir les prérogatives de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), en charge du processus de justice transitionnelle et dont les travaux font face à une hostilité plus ou moins assumée de la part du pouvoir.

    Lire aussi Jérôme Heurtaux, « Le triple déni des cadres déchus », Le Monde diplomatique, mai 2017. Quoi qu’il en soit, l’avenir de ce texte dépend de la position que prendra Ennahda. À l’image de son guide Rached Ghanouchi, la direction de ce parti semble encline à soutenir le texte pour au moins deux raisons. La première est liée à l’idée qu’une opposition à son adoption sonnerait le glas de la coalition avec Nidaa Tounès et précipiterait le pays dans une grave crise politique à l’issue incertaine. La seconde est d’ordre stratégique. En absolvant certains cadres de l’ancien régime, qui fut pourtant un impitoyable persécuteur des islamistes, Ennahda élargirait son influence au sein des élites économiques traditionnelles, sachant que son poids chez les entrepreneurs du secteur informel est déjà conséquent. Seul problème pour la direction de ce parti, sa base demeure opposée à cette absolution. Le sort du projet de loi de réconciliation économique en dira long sur la recomposition politique en Tunisie.

     

    Un gouvernement affaibli

    Tombera ou ne tombera pas ? Installé à la fin août 2016, le gouvernement de M. Youssef Chahed fait l’objet de nombreuses spéculations quant à sa pérennité. Obligé de composer avec une Assemblée hostile, le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire de la Tunisie indépendante (il a 41 ans) doit faire face à un flot ininterrompu de critiques liées notamment à son incapacité à répondre aux attentes sociales nées de la révolution.

    Certes, M. Chahed a été conforté à son poste par le président Essebsi lors du discours de ce dernier, mais le limogeage de deux de ses ministres, visiblement décidé par le palais de Carthage — le siège de la présidence — a illustré le manque d’autonomie du gouvernement. C’est un conflit avec le syndicat de l’enseignement secondaire, une branche de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui a coûté son poste à M. Néji Jelloul, ministre de l’éducation. Ce dernier, personnalité ambitieuse et d’autant plus désireuse de jouer un rôle de premier plan que le parti présidentiel Nidaa Tounès est miné par les dissensions, s’est attiré les foudres des syndicats en cherchant à légiférer sur les cours particuliers. Une pratique discrétionnaire et peu encadrée qui représente néanmoins une part substantielle des revenus des enseignants. Son limogeage signe le glas de ce projet, au grand dam de nombreux ménages qui dénoncent le poids financier excessif de ces enseignements additionnels.

    Quant à Mme Lamia Zribi, désormais ex-ministre des finances, son renvoi est dû à une bourde bien étonnante pour qui connaît les exigences de prudence oratoire pour un tel poste. En estimant publiquement que le dinar tunisien, déjà bien faible, pourrait tomber à un taux de 1 euro pour 3 dinars d’ici la fin de l’année, elle a provoqué une panique sur le marché local des changes et obligé le chef du gouvernement à démentir toute imminence de dévaluation de la monnaie nationale. Un cafouillage de mauvais aloi quand on sait que la Tunisie est engagée dans de difficiles négociations avec le Fonds monétaire international (FMI).

    Akram Belkaïd  14 mai 2017

    http://blog.mondediplo.net/

  • Tunisie: "ni terroristes ni casseurs", des manifestants du sud ne "lâchent rien" (Le Point)

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  • Risque d’escalade en Tunisie après la mort d’un manifestant dans le sud (ESSF)

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    Un jeune manifestant est mort lundi après avoir été écrasé par un véhicule de la gendarmerie dans le sud de la Tunisie, faisant craindre une escalade dans cette région agitée depuis plusieurs semaines par des protestations sociales.


    Une cinquantaine de personnes ont également été hospitalisées pour asphyxie au gaz lacrymogène ou fractures, lors de heurts entre manifestants et forces de l’ordre à El-Kamour et Tataouine, sa préfecture, a indiqué à l’AFP le ministère de la Santé.

    La tension est montée durant le week-end à El-Kamour, site désertique à une centaine de km de Tataouine où campent depuis près d’un mois des habitants réclamant une meilleure répartition des richesses et des recrutements prioritaires dans les sociétés pétrolières.

    Face à ce mouvement entravant la circulation des camions vers les champs pétroliers et gaziers de Tataouine, le président Béji Caïd Essebsi a solennellement demandé le 10 mai aux militaires de protéger les sites de production du pays d’éventuels blocages. Lundi matin, « un citoyen a été tué à El-Kamour par un 4x4 de la Garde nationale (l’équivalent de la gendarmerie) qui faisait marche arrière. Il est mort après son transport à l’hôpital », a confirmé devant la presse le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Yasser Mesbah.

    Tout est fermé

    Ce décès est survenu lors d’une manifestation devant le complexe pétrolier et gazier, où les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour repousser les protestataires qui tentaient d’y pénétrer.
    Selon le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, les manifestants « ont utilisé des camions pour forcer le barrage » érigé autour des installations. « La situation est stable », a-t-il ajouté lors de ce point de presse.

    Son homologue de l’Intérieur a indiqué que 13 policiers avaient été blessés à El-Kamour et Tataouine. Six agents de la Garde nationale ont aussi été touchés dont deux grièvement. Un agent de la protection civile est en soins intensifs, a-t-il ajouté.

    M. Mesbah a également déclaré que le siège de la Garde nationale à Tataouine avait été incendié, des véhicules des forces de l’ordre brûlés et la fourrière dévalisée.
    Après le décès du manifestant d’El-Kamour, une manifestation de soutien organisée devant le gouvernorat à Tataouine a elle aussi fini en heurts.

    Ce rassemblement n’a dégénéré « qu’après les violences à El-Kamour », a assuré à l’AFP, sous couvert de l’anonymat, un participant. « Tout est fermé à Tataouine. Seule l’armée est là, les policiers et gendarmes sont partis. Nous n’avons aucun problème avec l’armée, qui se comporte de manière très civilisée », a-t-il ajouté.

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    On ne lâche rien

    Dans le centre de Tunis, deux manifestations -des dizaines de personnes puis quelques centaines- ont été organisées lundi en soutien aux contestataires du sud. Les participants ont notamment repris à leur compte le slogan phare des habitants de Tataouine : « On ne lâche rien ».
    « Le peuple de Tataouine revendique son droit au travail et au partage des ressources et (Béji Caïd) Essebsi répond par la force », a fustigé Marwane, la trentaine.

    Parmi les rares réactions politiques, le parti islamiste Ennahdha a appelé au calme, tout en jugeant « légitimes » les revendications des habitants de Tataouine.

    Dès samedi, l’armée avait procédé à des tirs de sommation pour disperser la foule à El-Kamour, pour la première fois depuis l’appel du président Essebsi aux militaires. Le lendemain, le ministère de la Défense a prévenu que l’armée aurait recours à la force contre quiconque tenterait de pénétrer à l’intérieur du site d’El-Kamour.
    « La tentative d’entrer par la force dans l’installation protégée par l’armée (...) n’est pas un acte pacifique (...) Cela requiert une réaction », a insisté lundi à la radio le porte-parole du ministère Belhassen Oueslati.

    En fonctions depuis moins d’un an, le gouvernement d’union de Youssef Chahed est à son tour confronté à une grogne sociale croissante, en particulier dans les régions périphériques.
    Les mouvements prennent régulièrement l’allure de sit-in bloquant routes et accès à certains sites.
    La Tunisie, unique pays rescapé du Printemps arabe, avait connu début 2016 sa plus importante contestation sociale depuis la chute de la dictature cinq ans plus tôt, après le décès d’un jeune manifestant lors d’une manifestation pour l’emploi à Kasserine (ouest).

    mardi 22 mai 2012