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A Alger, la cherté de la vie et les augmentations générales des produits de large consommation commencent à susciter l’exaspération de la population de la localité d’Ain Benian. Des jeunes issus des quartiers populaires de cette commune ont déclenché un violent mouvement de contestation.
Ce lundi soir, la route nationale numéro 11 est fermée à la circulation par des groupes d’émeutiers au niveau du quartier dit du cimetière, un quartier populaire ravagé par la pauvreté. Les émeutes ont commencé en début de soirée. Les affrontements avec les forces de l’ordre risquent de dégénérer et plusieurs arrestations nous ont été signalées par des témoins oculaires. Les émeutiers scandent des slogans hostiles à la Loi de Finances 2017 et dénoncent la cherté excessive de la vie.
La localité d’Ain Bénian a connu une nuit de tensions depuis dimanche où des poubelles ont été incendiées au niveau de la cité AADL située à proximité de la Cité Belle-Vue, un autre quartier populaire qui abrite des familles défavorisées. En ce moment-même, une forte présence policière a été observée dans toutes les rues d’Ain Bénian et la tension demeure perceptible.
Le Fond Monétaire International (FMI) souhaite depuis un certain temps remettre de l’ordre dans l’économie du pays, et propose un plan d’austérité.
Le 29 décembre 1983, à la surprise générale des Tunisiens, le gouvernement du Premier ministre Mohamed Mzali réduit les subventions sur les produits céréaliers.
Résultat : le prix des aliments de base flambe. La baguette coûte désormais 90 millimes, au lieu de 50, et le prix de la semoule augmente de 70% !
Dès cette annonce, les braises de la révolte se propagent, du sud au nord du pays. Le Sud, désertique, est la région des déshérités, des plus pauvres, mais le Nord lui aussi se lève et sort manifester sa colère dans la rue. C’est le début des émeutes du pain de 1983-1984.
La plus grande révolte populaire depuis l’indépendance
Douz, Kebili, Kasserine, Gafsa, puis El Hamma s’embrasent tour à tour. Les centres urbains se transforment en lieux d’émeute. Les manifestants − surtout des jeunes, des chômeurs et des paysans pauvres − inondent les rues pour crier leur rage. Ils brandissent une baguette ou du pain, tel un drapeau ou une pancarte de protestation.
Face à ces manifestants, pacifiques, s’oppose une répression policière féroce. Les lacrymogènes brûlent les yeux, les coups de matraque pleuvent. Toutefois, ils n’arrêtent pas la colère des lycéens qui bientôt rejoignent la fronde.
Le vent de la révolte souffle fort et atteint Gabès – où une statue de Bourguiba est renversée – le 2 janvier 1984, puis c’est au tour de Sfax et de Monastir de s’enflammer.
État d’urgence et intervention de l’armée
Le 3 janvier, la révolte atteint son paroxysme lorsque la capitale Tunis se soulève également. Le président Habib Bourguiba décrète un couvre-feu et déclenche l’état d’urgence.
Pour la troisième fois en 27 ans d’indépendance – après la grève générale du 26 janvier 1978 et l’insurrection armée de Gafsa le 26 janvier 1980 – l’État fait appel à l’armée, qui investit alors la capitale avec ses blindés.
Les émeutes se poursuivent durant trois jours, dans un climat de guérilla urbaine. Une épaisse fumée noire recouvre plusieurs points de la capitale. Pillages de commerces, incendies de voitures, bâtiments publics investis, barricades dressées : la ville et, plus largement, le pays sont totalement paralysés.
Devant cette fronde populaire, le président Bourguiba intervient le 6 janvier à la télévision nationale. Dans un bref discours, il annonce que « toutes les augmentations sont annulées » et termine son allocution par « Que Dieu bénisse le peuple tunisien ». La Chambre des députés confirme la décision du « Combattant suprême » et vote l’annulation immédiate des augmentations céréalières.
Pour la première fois, le régime cède face à la gronde de la rue. L’annulation des augmentations est accueillie avec ferveur par la foule qui rend hommage à Bourguiba.
Jeune Afrique dresse le bilan de 143 morts
Dans les jours qui suivent cette semaine d’émeute, à cheval sur 1983 et 1984, Jeune Afrique parvient à interviewer le Premier ministre, Mohamed Mzali.
Dans le n°1201 de JA du 11 janvier 1984, le chef du gouvernement évoque 70 morts, plus de 400 blessés et environ 800 arrestations. Après enquête, Jeune Afrique annonce pour sa part environ 143 morts et plus d’un millier d’arrestations.
Si le Premier ministre conserve son poste (jusqu’à son remplacement par Ben Ali en 1986), la semaine suivante Bourguiba renvoie son ministre de l’Intérieur Driss Guigah pour sa gestion des troubles.
A Bouira, à une centaine de kilomètres au sud d’Alger, une manifestation organisée par les syndicats autonomes a été violemment empêchée et réprimée le 30 novembre.
A l’appel du Snapap (Syndicat national autonome des travailleurs de l’administration publique), les manifestant-es entendaient notamment protester contre des réformes désastreuses pour les travailleurs et travailleuses : réforme du code du travail, du régime général des retraites... La marche prévue a été neutralisée avant même de commencer : la police avait installée des barrages à l’entrée de la ville et contrôlait le trafic des transports publics. Elle a procédé à des arrestations en faisant usage de la violence. Nous tenons particulièrement à dénoncer celles subies par notre camarade Yamina Maghraoui, représentante du Snapap et coordinatrice de son Comité des femmes. Violemment bousculée, elle a été interpellée avec d’autres manifestant-es et mise en garde à vue au poste de police. Des poursuites ont été notifiées par la police à plusieurs manifestant-e-s.
Une fois de plus, c’est la liberté d’expression sous plusieurs de ses formes que bafoue le pouvoir algérien. Un pays qui ne tolère aucune contestation exprimée pacifiquement et conformément au droit international (et national !) ne mérite pas le nom de démocratie.
Nous exigeons l’arrêt de toutes les poursuites intentées contre nos camarades.
Nous exigeons plus généralement la réintégration immédiate dans leur emplois de tous les syndicalistes autonomes suspendus en raison de leurs activités syndicales.
Pour la démocratie et la justice en Algérie, toutes et tous Solidaires avec les syndicalistes autonomes algériens !
Vague de grèves annoncées en Tunisie. Le 25 novembre, la Commission administrative nationale de l’UGTT a décidé d’appeler à une grève générale du secteur public pour le 8 décembre. Le but de celle-ci est de mettre un terme à la dégradation considérable du pouvoir d’achat des salarié-es ainsi qu’aux (...)
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Entretien avec Joseph Daher* initialement publié sur le site grec Ela Liberta Quels sont les objectifs du PYD et quel est le but de ses alliances ? Joseph Daher : Un consensus existe entre tous les partis politiques kurdes, y compris le PYD, pour mettre en place dans une future Syrie (...)
Elle a réussi à passer à une action de rue hier et braver les forces de l’ordre pour tenir un rassemblement à Alger. Les syndicats autonomes, empêchés de rejoindre le siège de l’APN, ont été rejoints par les groupes parlementaires du PT et de l’Alliance verte à proximité de la Grande-Poste, où le sit-in s’est finalement tenu.
La capitale était quadrillée hier aux premières heures de la matinée.
Un important dispositif sécuritaire a été déployé et des barrages dressés pour fermer tous les axes menant vers le boulevard Zighoud-Youcef, où est située l’Assemblée populaire nationale et où l’Intersyndicale a annoncé la tenue d’un rassemblement pour protester contre la réforme de la loi du travail. Les forces de l’ordre ont bouclé aussi la gare routière du Caroubier pour empêcher les manifestants et les syndicalistes venant des autres wilayas du pays de rejoindre le centre-ville, paralysant ainsi la circulation sur tout l’axe routier de l’est d’Alger.
Des citoyens ont été contraints de descendre des bus et prendre le tramway et le métro pour rallier le centre-ville et leurs lieux de travail. De simples citoyens ont été même interpellés ou fouillés à proximité de la gare du Caroubier. A 10h, devant le siège de l’APN, où le ministre du Travail présentait en plénière le nouveau projet de loi du code du travail, la place était déjà quadrillée par un nombre impressionnant de policiers. L’endroit était interdit aux piétons. Seuls les journalistes ont eu droit d’y accéder.
Aux environs de 10h30, les groupes parlementaires du PT et de l’Alliance verte sont sortis du siège de l’APN pour rejoindre les journalistes qui attendaient dehors l’arrivée des syndicats. Peine perdue, aucun syndicaliste n’a réussi à rallier le lieu du rassemblement. Le groupe de journalistes et les parlementaires, apprenant que les syndicats étaient un peu plus loin et empêchés de rejoindre les lieux, ont décidé de marcher jusqu'au jardin Khemisti, à proximité de la Grande-Poste.
Un groupe de manifestants, à sa tête Meziane Meriane, Sadek Dzeri, Lyes Merabet, et les autres présidents de syndicats, a réussi à rejoindre le jardin Khemisti, scandant des slogans contre le nouveau code du travail et la suppression de la retraite anticipée.
Les forces de l’ordre et anti-émeutes et des agents en civil ont réussi à boucler le périmètre et interdire aux manifestants d’avancer. Leur nombre important était difficile à cerner. Le rassemblement s’est tenu sur place avant que les forces de sécurité ne procèdent à plusieurs arrestations. Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d’Algérie (CLA) était l’un des syndicalistes interpellés à la première heure avant d’être déposés à la gare du Caroubier, où un autre rassemblement était, d’ailleurs, improvisé par les manifestants qui n’ont pas pu prendre part au rassemblement de la Grande-Poste, selon les déclarations du coordonnateur de l’Unpef qui a souligné que 25 bus ont été bloqués à l’intérieur de la gare routière. La répression policière n’a rien entamé de la détermination de l’Intersyndicale.
Lors d’un point de presse, les syndicats autonomes, tout en dénonçant l’oppression, ont réaffirmé leur volonté d’aller jusqu’au bout de leur démarche. «L’Intersyndicale est plus que jamais déterminée à aller de l’avant et durcir son mouvement pour protéger les acquis sociaux des travailleurs», ont déclaré les membres des syndicats autonomes. Ces derniers vont poursuivre leur mouvement de grève aujourd’hui et demain. Ils se réuniront dans une semaine pour décider de leur prochaine action qui risque de se radicaliser en absence de dialogue avec les pouvoirs publics.
Par ces mots, Soliman Bakar et sa femme résument la situation économique en Égypte, où les rapports montrent de plus en plus à quel point la situation est aujourd’hui désespérée, beaucoup sont incapables de s’offrir de la nourriture de base et ont du mal à joindre les deux bouts.
Bakar, père de trois enfants, est un employé du gouvernement. Après sa journée de travail, il travaille comme chauffeur de taxi toute la nuit jusqu’au petit matin. «Je jongle avec deux emplois et ma femme travaille aussi, mais même avec les trois salaires, nous parvenons à peine à vivre.»
«Les problèmes semblent sans fin, peu importe où vous regardez, vous êtes confronté à de plus en plus de difficultés. Le prix du gaz, l’électricité, l’eau, l’essence, tout a subitement augmenté. Maintenant que le prix de la nourriture a augmenté, la livre a également pris un coup. Le lait subventionné que nous avions pour nos enfants n’est plus disponible. Le prix des médicaments a quadruplé – et encore, quand vous parvenez à en trouver. Les pharmaciens nous disent soudainement qu’il y a une grave pénurie pour des milliers de médicaments, y compris les médicaments pour les insuffisances cardiaques et hépatiques. Nous mourons.»
Avec sa plus jeune à l’école primaire, la plus grande crainte de Bakar est d’anéantir l’adoration innocente de sa fille. Elle croit encore en son père – son héros. «Je me sens impuissant», dit Solimon d’un air abattu. «Il n’y a rien qu’un père ne souhaite plus que d’être en mesure d’offrir le meilleur à ses enfants. Mais comment? Comment puis-je faire face à mes enfants?»
Bakar n’est pas le seul à lutter. Ahmed, un avocat, analyse les dépenses mensuelles de sa famille pour illustrer la situation de plus en plus désespérée.
«Donc, 1250 [livres égyptiennes] pour le loyer. L’électricité, le gaz et l’eau reviennent à 500. Les cours de mon frère cadet 1000 et la nourriture 2000… et cela ne comprend pas les dépenses personnelles et les transports.»
Ses revenus? 1500 livres égyptiennes (LE) – près de trois fois plus que le seuil de pauvreté qui est fixé à 500 LE par mois, l’équivalent de 50 euros. «Je ne sais vraiment pas comment nous parvenons à vivre, ni comment nous parvenons à joindre les deux bouts. Comment survivons-nous? Honnêtement, je ne saurais le dire. Dieu seul le sait.»
Alors que le taux d’Égyptiens vivant sous le seuil de pauvreté est de 28% selon les chiffres officiels, ce taux s’élève jusqu’à 60% en Haute-Égypte et semble augmenter.
Jasmine Ali, mère célibataire, figure parmi les milliers d’Egyptiens vivant en dessous du seuil de pauvreté et estime qu’il est difficile, comme unique soutien de famille, de ne pas excéder ses moyens.
«Comment peut-on attendre de quelqu’un gagnant 500 LE qu’il vive avec ses dépenses et trois enfants? Les dépenses liées à la maison, les frais de voyage, les études… Nous n’avons pas mangé de viande et de fruits depuis des mois et deux des garçons font des petits boulots pour payer leurs études.»
«Les fruits? Les fruits sont un luxe. C’est de sucre, d’huile et de riz dont nous avons besoin, et même ces nécessités de base sont introuvables, et encore faut-il que vous puissiez vous le permettre. Et si vous avez assez de chance pour en trouver dans un magasin privé, ils refusent de vous vendre plus d’un kilo ou deux.»
Le manque de viande abordable a conduit à l’escroquerie, avec un phénomène choquant de bouchers qui tentent de faire passer de la viande d’âne pour du bœuf. L’escroquerie et la corruption ne sont pas nouvelles en Egypte, ni la vente de viande d’âne, ce qui est toutefois nouveau, c’est l’assurance d’un certain nombre de «spécialistes» qui cherchent à rassurer l’opinion publique sur le fait que la viande d’âne est comestible sans danger.
Hussein Mansour, chef de l’organisation de la sécurité alimentaire, une ramification du ministère de la Santé, a provoqué la controverse lorsqu’il a affirmé qu’il était pratiquement impossible de faire la différence entre les différents types de viande, qu’il s’agisse d’âne, de chat ou de chien, si celle-ci a été hachée. Lofty Shawer, un ancien employé du ministère de la Santé, a déclaré que la viande d’âne avait contribué à réduire un écart alimentaire au cours des dernières années.
Scandales de sécurité alimentaire
La sécurité et la qualité des aliments produits localement suscitent une inquiétude croissante. «De plus en plus, j’entends parler de gens intoxiqués par les fruits et légumes. Même lorsqu’on peut se le permettre, on ne sait pas s’il faut le risquer», explique Ali.
L’enquête sur l’intoxication alimentaire qui s’est produite à l’école Awlad Nour à Manzala plus tôt ce mois-ci – 33 enfants de l’école primaire sont tombés malades après la vente de sacs de pop-corn périmé – a révélé que les dates sur les emballages avaient été changées par le propriétaire du supermarché.
Cet incident n’est qu’un des nombreux incidents récents en matière de sécurité alimentaire. Plus tôt cette année, une épidémie d’hépatite A a éclaté – laquelle aurait été causée par des fraises produites en Égypte – ce qui a donné lieu au retrait de produits égyptiens des rayons de chaînes de supermarchés.
Ahmed, l’avocat, a affirmé que beaucoup de produits locaux sont contaminés à cause de l’eau polluée qui est utilisée suite à une sécheresse provoquée par la construction du barrage géant en Ethiopie, lequel réduit le débit du Nil en Égypte. «En raison de la pénurie d’eau après [la construction du] Renaissance Dam, des sources alternatives ont dû être trouvées et les cultures ont été irriguées avec de l’eau recyclée venant du système d’égout.»
«L’eau est toujours sale, sombre, parfois même brune. Les enfants sont constamment malades», indique Jasmine Ali.
Les inquiétudes concernant la sécurité alimentaire ne sont pas nouvelles.
La Russie, l’un des plus grands fournisseurs de blé de l’Egypte, a déclaré qu’elle allait interdire l’importation de fruits et légumes égyptiens après que son organisme de surveillance réglementaire a déclaré que ces produits violaient les normes internationales. Cependant, à l’époque, les rumeurs prétendaient qu’il s’agissait de représailles à propos de la débâcle concernant le blé qui s’était produite plus tôt dans l’année, lorsque le ministère de l’Agriculture égyptien a rétabli sa tolérance zéro à l’égard de la contamination par des champignons du blé importé, rendant les achats de grains extrêmement difficiles.
L’Égypte a tergiversé sur la réglementation relative à l’ergot [qui contamine le blé], un champignon qui touche les céréales, dans un contexte de débats quant à son caractère cancérogène. L’ergot peut provoquer des hallucinations s’il est consommé en grande quantité, mais est considéré comme inoffensif en faibles quantités. Plus tôt cette année, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a mené une évaluation des risques et a constaté que l’ergot ne représentait aucune menace pour les cultures égyptiennes. Le ministère de l’Agriculture, cependant, a formé un comité pour enquêter sur les risques, lequel a conclu que le grain doit être importé de régions depuis lesquelles les précédentes expéditions ne contenaient pas d’ergot, comme la Russie, l’Ukraine, la Lettonie et la Lituanie.
Comme la dispute sur la sécurité des céréales importées perdurait, les marchés mondiaux ont pris peur avec l’Egypte stipulant la tolérance zéro sur l’ergot, revenant sur sa décision précédente, puis en infirmant à nouveau sa décision avant un appel d’offres.
Avec des estimations à 11,5 millions de tonnes par an, l’Egypte est actuellement le plus grand importateur de blé au monde, et le blé reste une question de vie et de mort pour les dizaines de millions de personnes qui dépendent du système vital de subvention du gouvernement. Des changements dans les conditions d’achat signifient des prix alimentaires encore plus élevés, bien loin des prétentions du gouvernement d’essayer de rendre les aliments plus abordables.
L’approvisionnement en pain peu onéreux est essentiel à la survie du gouvernement égyptien et avoir du pain était le slogan de la révolution égyptienne en 2011. En 1977, une hausse du prix du pain a forcé le gouvernement à déployer des chars dans les rues pour réprimer les émeutes qui s’en sont suivies.
«Le pain, la liberté et la justice sociale»
C’est sur ces trois exigences, «le pain, la liberté et la justice sociale», que le gouvernement Moubarak semble s’être effondré en Egypte. Des milliers de personnes étaient descendues dans les rues en 2011 pour demander sa chute et la satisfaction de ces trois nécessités de base. Cinq ans plus tard, la liberté et la justice sociale s’érodent rapidement et les prix montent en flèche.
Dans une vidéo choquante, filmée par des témoins sur leurs téléphones, un chauffeur de taxi – dont l’identité n’est pas encore connue – s’immole en face d’un centre de l’armée à Alexandrie, après avoir critiqué vivement le gouvernement du président Sissi et protesté contre les prix élevés et les conditions de vie médiocres. Au moment de la rédaction de cet article, il était soigné pour des brûlures sur 95% de son corps. Par cet acte, le chauffeur de taxi désespéré reflète celui du vendeur de rue tunisien qui s’est immolé il y a six ans, mettant le feu aux poudres de ce qu’on appelle aujourd’hui le Printemps arabe.
La dévaluation de la livre affecte le prix du sucre et la spéculation limite sa disponibilité
«La situation économique a été mauvaise pendant un certain temps, mais elle empire à un rythme auquel peu de gens s’attendaient. Elle est sur le point d’entamer un virage plus net, tandis qu’on prévoit que le gouvernement supprime davantage de subventions – quelque chose de plutôt inévitable – et dévalue la livre égyptienne», explique le Dr H. A. Hellyer, chercheur non-résident à Atlantic Council et au Royal United Services Institute à Londres.
«Tout cela est susceptible de conduire à une inflation et une hausse de prix – hélas, plutôt inévitable, mais cela frappera très durement les franges les plus vulnérables de la société», ajoute le Dr Hellyer.
À mesure que la situation économique du pays se détériore, de plus en plus de gens expriment leurs préoccupations, avec un certain nombre de vidéos apparaissant sur les réseaux sociaux, tandis que les Egyptiens expriment leur frustration et leur désespoir par rapport à leurs conditions de vie.
La réponse du gouvernement a consisté à offrir des platitudes vides de sens, conseillant aux gens de «se serrer la ceinture» et, peut-être le plus étrange, leur demander de faire don de leur petite monnaie à l’Egypte.
Dissidence croissante
«Certains des projets du gouvernement nous donnaient de l’espoir – que ce soit les projets de construction d’une nouvelle capitale ou le canal de Suez ou d’autres encore – et nous espérions que cela permettrait d’améliorer notre qualité de vie, mais ce que nous voyons à la place est un rapide déclin de l’économie», a déclaré Bakar. «Tout va de pire en pire, la livre égyptienne n’a plus aucune valeur, les jeunes sont massivement au chômage et encore plus choisissent de risquer leur vie pour émigrer illégalement. Ils ont choisi de risquer la mort ou d’être emprisonnés plutôt que de rester et faire face à une mort certaine.»
Tandis que la foi dans le gouvernement diminue, les troubles dans les rues sont de plus en plus prononcés, avec des appels à une «révolution des pauvres» prévue pour le 11 novembre 2016.
Malgré la répression par les forces de sécurité, Solimon est catégorique: il ira. «Je suis avec la “révolution des pauvres”. Combien de temps devrai-je rester là et accepter cette demi-vie? Je descendrai dans la rue, mais pensez-vous que quelqu’un va s’en soucier? Vais-je recevoir une tape réconfortante ou des balles qui finiront dans mon cœur? Cela n’a plus d’importance», a déclaré Bakar.
Il a ajouté: «Les gens parlent. Surtout les jeunes, ils sont au chômage, ils ont obtenu leur diplôme et des licences et n’ont rien en retour, ils sont de plus en plus inquiets et frustrés. Les gens sont désespérés.»
Dans un contexte de répression sans précédent de la dissidence, l’idée de descendre dans les rues semble audacieuse, sinon téméraire. Depuis l’adoption de la loi sur les manifestations, les agents de sécurité ont été prompts à démanteler, souvent avec une force brutale, toute forme de protestation naissante et il semble peu probable qu’une répétition des événements du 25 janvier 2011 qui ont renversé Moubarak puisse se produire.
«L’Egypte n’est pas sur le point de tomber dans une sorte de chaos sociétal – la situation économique est difficilement tenable, mais le régime qui gouverne l’Egypte est sécurisé, car il n’existe pas d’alternative au régime actuel auquel les principaux détenteurs du pouvoir en Egypte s’intéressent», a ajouté le Dr Hellyer.
«Tout peut arriver en Égypte et le 11 novembre est encore loin, alors les choses pourraient changer, mais je ne vois aucun signe, du moins pour l’instant, indiquant que le 11 novembre soit plus qu’un petit phénomène localisé, et encore.»
(Article publié le 26 octobre 2016 par MEE; traduit de l’anglais par VECTranslation; titre de la rédaction A l’Encontre)
Plusieurs syndicats autonomes appellent à deux nouvelles journées de grève lundi et mardi prochain pour protester contre la réforme du Code du Travail, qui prévoit notamment une révision du système des retraites. Un premier mouvement social avait déjà été observé le 17 octobre.
Le dossier des retraites secoue le front social algérien. Les enseignants, les médecins du secteur public, ou encore les fonctionnaires de l’administration observeront deux nouvelles journées de grève, le 24 et le 25 octobre.
« Le mouvement de contestation grossit »
Réunie jeudi à Alger, la coalition syndicale, qui regroupe 16 syndicats autonomes de différents secteurs, a décidé de reconduire le mouvement de grève, déclenché le 17 octobre dernier. Un mouvement « largement suivi, avec une moyenne nationale estimée à 70% des effectifs au sein du secteur public », d’après les organisateurs.
Les représentants syndicaux espèrent que les grévistes seront plus nombreux la semaine prochaine. « Le mouvement de contestation grossit. On a enregistré l’adhésion d’unités locales de l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens, syndicat proche du gouvernement, ndlr), ainsi que le soutien du Syndicat national autonome des travailleurs de l’électricité et du gaz, le Snateg » , indique le docteur Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP).
L’intersyndicale rejette un projet de loi amendant le Code du Travail, en discussion au Parlement, dénonçant notamment la suppression de la retraite anticipée. À partir de janvier, les travailleurs algériens ayant cumulé 32 ans d’activité ne pourront plus partir à la retraite s’ils n’ont pas atteint l’âge légal, fixé à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes par le texte voté en conseil des ministres.
Des milliers de fonctionnaires anticipent la réforme
Ce départ à la retraite après 32 ans d’activité avait été institué par l’ordonnance 97-13 (de mai 1997) instituant le départ à la retraite sans condition d’âge. Alors au bord de la cessation de paiement, l’Algérie avait négocié avec le FMI un rééchelonnement de sa dette.
Parmi les contreparties demandées par l’institution financières dans le cadre d’un plan d’ajustement structurel figurait l’instauration d’un départ à la retraite anticipée à même d’alléger le poids des paies dans les finances algériennes. De fait, la mesure s’était traduite par de nombreuses suppressions d’emplois et d’entreprises.
Selon les chiffres de la Caisse nationale de retraite (CNR), 246 503 Algériens bénéficiaient de cette retraite sans condition d’âge, sur un total de 1 740 281 allocataires au 31 décembre 2015. Résultat de la réforme annoncée : des milliers de fonctionnaires anticipent leur départ à la retraite pour ne pas être pénalisés par la réforme.
« Cette réforme pousse des cadres avec un capital expérience vers la sortie. D’après nos informations, 40 000 employés de l’Éducation publique et 25% des effectifs de la Santé publique ont déposé une demande de retraite anticipée. C’est une déperdition pour des secteurs qui sont déjà touchés par des déficits d’effectifs », déplore le docteur Merabet.
La Caisse nationale de retraite menacée de faillite ?
Pour l’État algérien, acculé par l’érosion des recettes pétrolières, cette réforme permettra de préserver la CNR de la faillite. Si le système de retraite en vigueur est maintenu, la CNR sera entièrement vidée d’ici six ans, a averti le ministre du Travail Mohamed El Ghazi, interrogé par l’agence de presse algérienne APS mardi. « Ces prévisions sont erronées. Les autorités gonflent les chiffres pour faire passer la pilule », dénonce quant à lui le docteur Merabet.
La gronde sociale ne devrait pas faiblir. La coalition intersyndicale a déjà programmé une nouvelle rencontre pour le 29 octobre, afin de décider des suites à donner au mouvement de contestation. « La grève contre la réforme du Code du travail continuera tant que le gouvernement méprisera nos revendications. Nous pourrons avoir recours à d’autres modes d’action », affirme Salim Soulha, président du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), « nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout ».
Le 18 octobre, un tribunal militaire devrait prononcer son jugement concernant 15 travailleurs des chantiers navals d'Alexandrie.
Ils sont poursuivis suite à une mobilisation revendiquant notamment :
- De meilleures conditions de travail,
- L'assurance santé pour les familles des salariés,
- Une compensation financière pour les travaux dangereux,
- Une augmentation de salaire.
En mai 2016, le militaire qui dirige cette entreprise, devenue en 2003 propriété du ministère de la Défense, avait refusé toute négociation. Il avait renvoyé chez eux 2 400 salariés avec le tiers de leur paye normale et lancé des poursuites contre 26 salariés pour "incitation à la grève" et "refus de travailler".
En août, sous la pression de la campagne de solidarité en Egypte et dans le monde, 600 travailleurs ont été autorisés à retourner au travail.
Immédiatement, un nouvel accident mortel dans l'un des ateliers a montré combien le mépris du management pour les règles de sécurité.
Le crime" qui est reproché aux inculpés est d'avoir "poussé les travailleurs à cesser le travail ainsi qu'avoir appelé à des rassemblements et organisé une mobilisation à l'intérieur de l'entreprise visant à bloquer la production". En d'autres termes des actes conformes aux conventions internationales concernant les droits des salariés, et dont l'Egypte et la France sont signataires.
En attendant, ces quinze salariés sont détenus depuis plus de quatre mois, et leurs familles n'ont plus de quoi vivre, car le versement de leurs salaires a été suspendu.
Le pouvoir français est partie prenante de cette répression, car c’est dans ce chantier naval que doivent être construites trois des quatre corvettes Gowind, vendues par la société française DCNS. Le gouvernement français, qui sous-traite en Egypte la construction d'une partie de ses contrats d'équipements militaires, participe à la normalisation de la répression du mouvement ouvrier égyptien et à la dégradation des conditions de travail.
Le gouvernement français n’a jamais pris de mesure concernant la violation des droits de l’Homme en Egypte et continue à passer des contrats d’armements avec notamment la vente de 24 Rafales, un satellite militaire et d’autres projets à venir.
Nous exigeons que le donneur d'ordres, c'est-à-dire l'Etat français, assume ses responsabilités en intervenant auprès du pouvoir égyptien pour exiger :
- L'arrêt de toutes les procédures engagées,
- La libération immédiate des salariés détenus,
- La satisfaction des revendications des salariés des chantiers navals.
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Communiqué de l’Union syndicale Solidaires (France)
Outre la version en anglais, une version en arabe figure ci-dessous qui est malheureusement alignée à gauche
Quinze salariés des chantiers navals d’Alexandrie sont détenus depuis plus de quatre mois. Le « crime » qui leur est reproché est d’avoir commis des actes conformes aux conventions internationales en vigueur concernant les droits des salariés, et dont l’Egypte est signataire. Ils sont en effet accusés d’avoir « poussé les travailleurs de différents secteurs de l’entreprise à cesser le travail ainsi qu’avoir appelé à des rassemblements et organisé une mobilisation à l’intérieur de l’entreprise visant à bloquer la production et semer le désordre. »
Après plusieurs reports, le tribunal militaire prononcera le 18 octobre son jugement concernant les 15 salariés détenus.
Depuis plus de quatre mois, leurs familles n’ont plus de quoi vivre, car le versement de leurs salaires a été suspendu.
Par ailleurs, des procédures ont été engagées pour les mêmes raisons contre 11 de leurs collègues.
Avec les organisations égyptiennes qui les soutiennent, l’Union syndicale Solidaires demande : l’arrêt de toutes les procédures engagées, la libération immédiate des salariés détenus.
Merci d’utiliser ce texte pour envoyer des messages :
* au Président égyptien, Abdelfattah al-Sisi, Office of the President Al Ittihadia Palace Cairo, Arab Republic of Egypt Fax : +202 2 391 1441 Email : p.spokesman@op.gov.eg Twitter : @AlsisiOfficial
* au Ministre du Travail égyptien, Mohammed Safan, 3 Yousef Abbas Street, Salah Salem, Nasr City, Cairo, Egypt manpower@manpower.gov.eg
Paris, le 27 septembre 2016
بيان الاتحاد النقابي متضامنون
التضامن مع عمال الترسانة البحرية بالاسكندرية (مصر)
خمسة عشر عاملا بترسانة السفن البحرية بالإسكندرية معتقلون منذ أكثر من أربعة أشهر.
« جريمتهم » الوحيدة أنّهم ارتكبوا أفعالا مطابقة للمعاهدات الدولية المتعلقة بحقوق العمال، والتي تُعدّ مصر من الدول المصادقة عليها.
هم بالفعل، متهمون « بتحريض العاملين بقطاعات الشركة المختلفة على الامتناع عن العمل من خلال قيامهم بالدعوة إلى التجمع وتنظيم وقفة احتجاجية داخل الشركة قصد عرقلة سير العمل والإخلال بانتظامه ».
وبعد التأجيلات المتكررة، ستصدر المحكمة العسكرية حكمها يوم 18 أكتوبر القادم بخصوص العمال الخمسة عشر المعتقلين.
فمنذ أكثر من أربعة أشهر، وأُسرهم بدون مورد رزق، خاصة بعد أن تم تعليق دفع رواتبهم.
ومن جهة أخرى، فقد تم اتّخاذ إجراءات لنفس الأسباب ضد إحدى عشر من زملائهم.
وإلى جانب المنظمات المصرية التي تساندهم، يطالب الاتحاد النقابي متضامنون بـ : وقف كل الإجراءات المتخذة في شأنهم الإفراج الفوري عن العمال المعتقلين
الرجاء استعمال هذا النص لتوجيه رسائلكم إلى : * الرئيس المصري، عبد الفتاح السيسي مكتب الرئيس، قصر الاتحادية القاهرة جمهورية مصر العربية البريد الإلكتروني : p.spokesman@op.gov.eg تويتر:AlsisiOfficial