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Luttes ouvrières - Page 8

  • L’intolérable attente des chômeurs en Tunisie (Orient 21)

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    Quand l’État abandonne ses « enfants »

    Un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, s’est suicidé devant le bâtiment du gouvernorat de Kasserine le 16 janvier dernier. Depuis cet événement qui rappelle immanquablement l’immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, prélude à la révolution de 2011, la contestation menée par des jeunes sans emploi est montée du sud jusqu’à la capitale. Ils attendent depuis deux mois des réponses du gouvernement à leurs revendications, mais celui-ci semble n’en avoir aucune et s’en tient à la rhétorique éculée de « l’atteinte à la sûreté de l’État ».

    «  Nous sommes le 9 avril 2016, il est une heure du matin, la pluie tombe, voici comment vivent ceux qui demandent du travail et de la dignité à Tunis  », commente Wajdi Khadhraoui tandis qu’il filme avec son téléphone portable les jeunes repliés sur les marches du ministère du travail. Comme chaque jour, il raconte à travers sa caméra les conditions de vie des participants du sit-in des chômeurs, contraints de dormir à même le sol en affrontant le froid, la pluie et les regards des passants. Leur quotidien : l’attente. L’attente allégée par des discussions nocturnes sans fin, de la dérision et des fous-rires, des poèmes, une vraie solidarité et beaucoup de cigarettes. Comme tous les jours depuis deux mois, Khadhraoui enverra sa vidéo sur les réseaux sociaux afin d’en informer Kasserine, la Tunisie et le monde, devant l’absence quasi totale de relais médiatique national de leur revendication sociale.

    Cette revendication pour le droit au travail est pourtant l’une des plus fortes jamais connues en Tunisie. Elle est née à Kasserine, dans le centre-ouest, le 16 janvier dernier à la suite du suicide d’un habitant. Ridha Yahyaoui, 28 ans, s’est jeté du haut d’un poteau électrique en apprenant que son nom avait été radié sans raison valable de la liste de recrutement de la fonction publique. Corruption, clientélisme : ces pratiques indignes d’un pays en transition démocratique blessent encore plus dans ces régions qui ont initié les premiers pas de la révolution et qui possèdent un fort sens de la justice. Après ce suicide protestataire, des affrontements avec les forces de l’ordre ont embrasé le pays, gouvernorat par gouvernorat1, avec le même effet boule de neige que l’hiver 2010 menant à la révolution le 14 janvier 2011. Depuis le 22 janvier dernier, une forte répression et l’instauration d’un couvre-feu sur tout le pays ont endigué les manifestations et contraint les contestataires à adopter de nouvelles formes de protestations.

    «  Le prix Nobel pour quoi faire  ?  »

    Nous sommes pourtant bien dans le pays qui a été célébré dans le monde entier lors de l’attribution du prix Nobel de la paix en octobre 2015. Il a été décerné à quatre organisations de la société civile pour leur rôle dans le «  dialogue national  », présenté comme une des clés centrales du modèle de réussite de la transition démocratique tunisienne. L’idée d’une success-story de la Tunisie se base sur la vision internationale d’une «  Révolution du jasmin  » et d’une mentalité du compromis2 qui caractériserait les échanges politiques dans le pays. Si les participants à l’actuel mouvement social préfèrent parler de «  révolution de la mort  » (thawra al mawt) ou «  révolution du sang  » (thawra addem), l’inclination au compromis porte en lui des effets pervers, comme celui de neutraliser tout jeu politique et de taire les sujets brûlants comme la justice transitionnelle ou la réforme législative. La logique du compromis dénature le champ politique naissant et, renforcé par la chasse au terrorisme, peut potentiellement laisser libre cours au retour de pratiques autoritaristes tout comme mettre en péril l’avenir démocratique du pays.

    Réclamer ses droits

    Pour les jeunes contestataires, la révolution a été confisquée et détournée de ses objectifs premiers — dont le principal était le droit au travail. Elle a été dérobée par l’élite des côtes enracinée au pouvoir depuis l’indépendance. Preuve en est, la rhétorique de l’ancien régime s’est remise en place insidieusement. Pour elle, réclamer ses droits est une attaque contre l’État, une attitude ennemie contre le bien général et l’intérêt du pays. L’«  atteinte à la sûreté de l’État  » était en effet invoquée sous les règnes de Habib Bourguiba et de Zine El-Abidine Ben Ali pour réprimer légalement tout mouvement d’opposition politique.

    Malgré le retour de l’appréhension des luttes sociales en tant que dissidence et atteinte à l’intérêt du pays, dès janvier dernier, des sit-in permanents sont mis en place dans plusieurs gouvernorats, principalement Kasserine, Gafsa et Sidi Bouzid. Mobilisés contre la pauvreté, la marginalité, la répression et pour le droit au travail, entre cent et deux cents jeunes chômeurs organisent un sit-in, par exemple au siège de la wilaya de Kasserine. Treize d’entre eux suivront également pendant plusieurs semaines une grève de la faim ponctuée de tentatives de suicide régulières.

    Face à l’absence totale de prise en considération de l’État, des groupes de plusieurs gouvernorats (Kasserine, Gafsa, Kairouan, Jendouba, etc.) ont décidé, début février 2016, de venir directement faire valoir leur droit au travail devant les institutions étatiques à Tunis. Des groupes ont rejoint symboliquement la capitale à pied. D’autres ont été stoppés aux portes de la ville et contraints de s’installer dans un jardin public (El Mourouj). Le groupe d’une trentaine de protestataires venus de Kasserine, après un rendez-vous raté avec le ministre du travail, s’assied devant son ministère. Leurs revendications sont essentiellement l’obtention immédiate d’un emploi pour au moins un membre de chaque famille, la discrimination positive pour les régions et les villes marginalisées, la mise en place des projets de développement promis par l’État, la construction des infrastructures routières afin d’atteindre les régions, la lutte contre la corruption de l’administration et la transparence des procédures de recrutement dans les services publics.

    «  Un citoyen qui cherche sa citoyenneté  »

    Ces citoyens luttent contre la relégation régionale, Kasserine faisant l’effet d’être située dans une autre Tunisie. Infrastructures routières et publiques à leur strict minimum comme ces «  maisons de la culture sans culture  », pauvreté et pollution3 criantes participent de la relégation ancestrale de ce gouvernorat. Victimes d’un régionalisme atavique qui privilégie les régions côtières soutenues par un racisme de classes, les citoyens dénoncent le mépris de l’État et des habitants du nord qui perçoivent cette partie du pays comme rebelle, sauvage et dissidente. Pour Abdellah M., un des protestataires, les régions du nord, dont la capitale, perçoivent les gens du centre et du sud comme des sous-développés (raja’i). Ils méprisent et occultent tout symbole de la révolution, de Mohamed Bouazizi aux martyrs.

    Depuis deux ans, le stigmate du terrorisme vient accentuer cette considération négative. Kasserine se situe au pied du mont Chaambi, nouvellement médiatisé pour les assassinats liés à des actes terroristes. Dans cette région hors-sol, l’État est considéré comme voleur des richesses locales, et ce depuis l’indépendance. Ce qui amène certains habitants à déclarer vouloir renier leur citoyenneté réduite, selon eux, à de simples papiers d’identité : «  je suis un citoyen qui cherche sa citoyenneté  », déplore Khadhraoui. Certains partiront à pied aux frontières algérienne ou libyenne afin de demander symboliquement le statut de réfugié politique. Les protestataires du sit-in du ministère font les frais de cette extranéité depuis leur poste de Tunis. Des passants leur jettent des «  Laissez-nous notre Tunisie  » (sayibouna tounisna) ou encore «  Retournez dans votre pays  » (bara arj’ou bledkoum).

    «  Notre point de vue doit être pris au sérieux. L’État doit être plus responsable. Pendant les élections, l’emploi était brandi comme un slogan politique puis évoquer ce sujet est apparu comme un crime  », affirme Abdellah M.. Au chômage depuis la fin de ses études de mathématiques il y a huit ans, il «  se débrouille  » en vendant des fruits et des légumes afin de subvenir aux besoins de sa famille. Dans la région de Kasserine, beaucoup de jeunes sont contraints d’arrêter leurs études dans ces conditions. C’est aussi un sacrifice que font ceux qui siègent sur le trottoir du ministère du travail à Tunis depuis deux mois : ils disent lutter pour la nouvelle génération et plus pour eux.

    Un mouvement social hétéroclite

    Ce mouvement social défie toute catégorie en vigueur. Abdellah M. se veut également indépendant de l’Union des diplômés chômeurs (UDC) fondée en 2008. Il refuse aussi toute récupération politique, jusqu’à décliner l’offre d’une tente qui arborait un sigle de parti. Toute hiérarchie interne au mouvement est aussi évincée : pas de porte-parole ou de leader, et pas de distinction entre les chômeurs diplômés et ceux qui ne le sont pas. «  On est un seul homme et c’est pour cela qu’on va gagner  », assure Wajdi Khadhraoui.

    En ce qui concerne le militantisme ou les sensibilités politiques, le groupe est hétéroclite : un premier engagement pour certains, de longs parcours militants pour d’autres. Islamistes, syndicalistes, gauchistes… se fondent dans une lutte commune : celle de l’emploi et du développement social et économique des régions défavorisées. Abdellah M. se définit comme un militant des causes sociales et politiques, toutes appartenances politiques confondues. Arrêté en mai 2010, c’est un ancien militant à l’UDC, et auparavant à l’Union générale des étudiants tunisiens (UGET), durant ses études. Il a participé aux sit-in de la casbah dans les jours suivant la révolution, il a assisté aux funérailles de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, assassinés pour leur engagement politique, et il rejoint chaque année Tunis le 14 janvier pour la célébration de la révolution. Sa seule appartenance revendiquée : celle au club de football le Club africain, l’«  équipe du peuple  » selon lui, contrairement à la deuxième grande équipe nationale L’Espérance tenue par des hommes d’affaires et de pouvoir issus des régions développées. Au-delà de toute affiliation politique, seuls des mots d’ordre fédèrent le mouvement social : le travail, la dignité et la citoyenneté (shoughl, hourriya, karama watanya).

    De leur côté, les ONG de la «  société civile  » tant vantées par les observateurs internationaux sont peu loquaces, si ce n’est l’appel du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FSDES) et ses communiqués de presse réguliers. Les médias, eux, sont peu intéressés ou lassés4. Face à cette absence criante, ce sont les partcipants qui organisent la logistique au quotidien et communiquent sur leur cause, avec des photos, des vidéos et des communiqués publiés chaque jour sur les réseaux sociaux.

    Le silence de l’État

    Mais le principal absent reste l’État. Jusque-là, il n’a donné aucune réponse concrète — si ce n’est des promesses — des propositions reçues comme insultantes comme celle du recrutement de jeunes des régions défavorisées dans l’armée ou la mise en place d’un «  dialogue national pour l’emploi  » en mars dernier, auquel répondra ironiquement Wajdi Khadhraoui : «  comment un gouvernement qui a raté le dialogue au niveau régional pourrait-il réussir un dialogue national pour l’emploi  ?  » Le gouvernement joue sur le sentiment d’usure de ces jeunes qui résistent aux conditions climatiques, à l’épuisement et à l’indifférence de l’État. Comment un État démocratique peut-il abandonner ainsi ses citoyens, ses «  enfants  », comme aime à répéter le président  ? Qu’attend-il de dizaines de jeunes livrés à eux-mêmes depuis deux mois, à qui il n’a pas daigné adresser la parole, eux qui ne demandent que le dialogue et la considération et qui, en réclamant leurs droits, clament fondamentalement leur citoyenneté  ?

    1Henda Chennaoui, «  Cartographie de la contestation : le mouvement social continue  », nawaat.org, 25 janvier 2016.

    2Nadia Marzouki, «  Tunisia’s Rotten Compromise  », Middle East Research and Information Project (Merip), 10 juillet 2015.

    3Eros Sana, «  La Tunisie est confrontée à la pollution et au manque d’eau  », Reporterre (reporterre.org), 22 mars 2016.

  • Rapport Ruggie : les travailleurs migrants au Qatar n'en peuvent plus des engagements non tenus de la FIFA (Amnesty)

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    Le président de la FIFA, Gianni Infantino, n'est plus à même de préserver l'indifférence de son organisation face aux atteintes aux droits humains commises au Qatar, a déclaré Amnesty International jeudi 14 avril, à la suite de la publication d'un rapport mettant en lumière de graves failles concernant la politique et les pratiques de la FIFA.

    La FIFA a demandé en décembre 2015 à John Ruggie, enseignant à la Kennedy School de Harvard, d'examiner les pratiques commerciales de cette organisation et de présenter un rapport. Ce rapport présente des réformes de grande ampleur en matière de droits humains, mais il ne pointe pas spécifiquement du doigt la crise des droits humains au Qatar, où des milliers de travailleurs embauchés sur des chantiers de la Coupe du monde sont exposés à des abus.

    « La FIFA pratique la politique de l'autruche en ce qui concerne les abus commis au Qatar depuis plus de cinq ans, et préfère se dire et déclarer à la face du monde que les autorités qatariennes vont régler les problèmes. Il n'en est rien, et à présent seule une action concertée de la FIFA visant à empêcher les abus sur les sites de la Coupe du monde permettra de sauver l'âme de la Coupe du monde Qatar 2022, a déclaré Mustafa Qadri, chercheur sur les droits des migrants dans les pays du Golfe à Amnesty International.

    « Le rapport Ruggie souligne que la FIFA a "un long chemin à parcourir" pour que soit respecté son "engagement initial en matière de droits humains". Mais les travailleurs migrants au Qatar ne peuvent plus attendre. Ils ont besoin maintenant d'une protection de leurs droits humains. Alors que la FIFA tarde à réagir, ils sont exposés à toute une série d'abus, y compris au travail forcé. Gianni Infantino ne peut pas se réfugier derrière ce rapport. Il doit sans plus tarder prendre des mesures concrètes pour remédier aux abus commis au Qatar. »

    Un ensemble de mesures claires ont déjà été formulées à l'intention de la FIFA

    Le 31 mars 2016, Amnesty International a rendu public un rapport exposant des abus commis contre des ouvriers des chantiers de construction du Khalifa international stadium à Doha, au Qatar, qui accueillera une demi-finale de la Coupe du monde en 2022. La FIFA a réagi avec indifférence face à ces abus, qui dans certains cas constituaient du travail forcé.

    Ce rapport, intitulé Le revers de la médaille. Exploitation sur un site de la Coupe du monde de football Qatar 2022 (Synthèse), exhortait la FIFA à :

    • rendre public un cadre pour les droits humains comprenant des mesures concrètes et des comptes rendus périodiques permettant de veiller à ce que la Coupe du monde 2022 ne soit pas bâtie par des travailleurs exploités ;
    • mener ses propres inspections indépendantes et régulières des conditions de travail au Qatar, et rendre publics les activités d'enquête, les résultats de ces enquêtes et les mesures prises pour remédier aux problèmes ;
    • appeler publiquement les autorités qatariennes à publier un calendrier de réformes systématiques à mettre en œuvre en amont du pic d'activité prévu pour mi-2017, où le nombre d'ouvriers travaillant sur les chantiers de la Coupe du monde devrait alors atteindre les 36 000.

    La FIFA n'a pas encore mis en œuvre ces recommandations.

    Une longue liste d'abus mis en lumière

    Le rapport d'Amnesty International présentait des informations sur les conditions de vie des travailleurs, qui vivaient dans des logements sordides et surpeuplés, faisaient l'objet de menaces visant à les dissuader de se plaindre au sujet de ces conditions, et étaient privés de paie pendant plusieurs mois. Des employeurs ont également confisqué des passeports de travailleurs, ou refusé de leur remettre un permis de séjour ou de sortie du Qatar, ce qui signifie que ces derniers ne pouvaient pas quitter le pays ou leur travail, sous peine d'être arrêtés ou expulsés du pays en tant que travailleurs « fugueurs ».

    Amnesty International a également rassemblé des éléments prouvant qu'une entreprise de fourniture de main-d'œuvre a menacé des migrants de leur imposer des pénalités afin de les obliger à travailler ; elle a notamment menacé de retenir leur salaire, de les livrer à la police ou de les empêcher de quitter le Qatar. De telles pratiques constituent une forme de travail forcé aux termes du droit international.

    14 avril 2016

    https://www.amnesty.org/fr/migrant-workers-in-qatar-cannot-afford-more-broken-promises-from-fifa

  • Qatar. Des ouvriers du chantier de la Coupe du monde de football sont victimes d’abus (Amnesty)

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    Les travailleurs migrants employés sur le chantier du Khalifa International Stadium à Doha pour la Coupe du monde de football de 2022 sont victimes d’abus, y compris de travail forcé dans certains cas, écrit Amnesty International dans un nouveau rapport rendu public jeudi 31 mars.

    Intitulé Le revers de la médaille. Exploitation sur un site de la Coupe du monde de football Qatar 2022, ce rapport met en lumière l’indifférence de la FIFA face au traitement révoltant réservé aux travailleurs migrants. Le nombre de personnes travaillant sur les sites de la Coupe du monde va presque être multiplié par 10 pour atteindre le chiffre de 36 000 environ au cours des deux prochaines années.

    « Les abus dont sont victimes les travailleurs migrants entachent la conscience du football mondial. Pour les joueurs et les fans de football, un stade de coupe du monde est un lieu qui fait rêver. Mais pour certains des ouvriers qui se sont entretenus avec nous, c’est un cauchemar, a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.

    « Après avoir fait des promesses durant cinq ans, la FIFA a en grande partie manqué à son devoir d’empêcher que la Coupe du monde ne soit bâtie sur un socle d’atteintes aux droits humains. »

    Graves abus incluant la pratique du travail forcé

    Le rapport est basé sur des entretiens réalisés auprès de 132 ouvriers migrants des chantiers de rénovation du stade Khalifa, qui doit selon les prévisions être le premier stade terminé en vue du tournoi et accueillir la demi-finale de la Coupe du monde de 2022. Des entretiens ont également été réalisés auprès de 99 migrants travaillant sur l’aménagement paysager des espaces verts entourant le complexe sportif de l’Aspire Zone, où le Bayern Munich, l’Everton et le Paris Saint-Germain se sont entraînés cet hiver.

    Chacun des ouvriers employés sur les espaces verts et sur les chantiers de construction qui a parlé à Amnesty International a fait état d’abus de diverses sortes, notamment :

    • des logements sordides surpeuplés ;
    • avoir versé de grosses sommes (allant de 500  à 4 300 dollars) à des recruteurs dans leur pays pour obtenir un travail au Qatar ;
    • avoir été trompés quant à la rémunération ou au type de travail offerts (tous à l’exception de six d’entre eux ont perçu à leur arrivée un salaire inférieur à celui qu’on leur avait promis, parfois moitié moins) ;
    • ne pas avoir été payés pendant plusieurs mois, ce qui fait peser une forte pression financière et émotionnelle sur ces travailleurs qui ont déjà de lourdes dettes ;
    • des employeurs ne leur donnent pas de permis de séjour ou ne le renouvellent pas, ce qui leur fait courir le risque d’être arrêtés et expulsés en tant que travailleurs « fugueurs » ;
    • des employeurs confisquent les passeports des travailleurs et ne leur donnent pas de permis de sortie du territoire, ce qui les empêche de quitter le pays ;
    • des travailleurs ont reçu des menaces parce qu’ils s’étaient plaints de leur situation.

    Amnesty International a rassemblé des éléments prouvant que des cadres d’une entreprise de fourniture de main-d’œuvre ont menacé des migrants de leur imposer des pénalités afin de les obliger à travailler ; ils ont notamment menacé de retenir leur salaire, de les livrer à la police ou de les empêcher de quitter le Qatar. De telles pratiques constituent une forme de travail forcé aux termes du droit international.

    Les ouvriers, qui viennent pour la plupart du Bangladesh, d’Inde et du Népal, se sont entretenus avec Amnesty International au Qatar entre février et mai 2015. Quand les chercheurs d’Amnesty International sont retournés au Qatar en février 2016, certains ouvriers avaient été relogés dans de meilleures conditions et des entreprises ayant répondu aux observations d’Amnesty International leur avaient rendu leur passeport, mais d’autres abus n’avaient pas été réglés.

    « La situation des travailleurs migrants, qui sont endettés, qui vivent dans des campements sordides dans le désert et qui sont payés une misère,  tranche résolument avec celle des footballeurs de haut niveau qui vont jouer dans ce stade. Ces ouvriers ne veulent qu’une chose, que leurs droits soient respectés : recevoir leur salaire en temps voulu, pouvoir quitter le pays si nécessaire et être traités avec dignité et respect », a déclaré Salil Shetty.

    Du fait du système de parrainage en vigueur au Qatar, les travailleurs subissent des menaces et vivent dans la peur

    Les menaces utilisées pour faire travailler les ouvriers sont axées sur le système de parrainage en vigueur au Qatar appelé « kafala » ; en vertu de ce système, les travailleurs migrants ne peuvent changer de travail ou de pays que si leur employeur (ou « parrain ») les y autorise. La réforme de ce système de parrainage qui a été annoncée fin 2015 et qui a fait beaucoup de bruit ne va guère modifier les rapports de force entre les travailleurs migrants et leurs employeurs.

    Des ouvriers népalais ont expliqué à Amnesty International qu’ils n’avaient pas été autorisés à rendre visite à leurs proches après le séisme qui a frappé leur pays en avril 2015 et qui a fait plusieurs milliers de morts et provoqué le déplacement de millions de personnes.

    Quand Nabeel (son nom a été modifié afin de protéger son identité), ouvrier métallurgiste venu d’Inde qui a travaillé sur le chantier de rénovation du stade Khalifa, s’est plaint de ne pas avoir été payé pendant plusieurs mois, son employeur a réagi en le menaçant :

    « Il m’a insulté et m’a dit que si je me plaignais de nouveau je ne pourrais jamais quitter le pays. Depuis, je fais attention à ne pas me plaindre au sujet de mon salaire ou de quoi que ce soit d’autre. Bien sûr, si c’était possible je changerais de travail et je partirais du Qatar. »

    Deepak (son nom a été modifié afin de protéger son identité), ouvrier métallurgiste venu du Népal, a déclaré :

    « Ici, je vis comme si j’étais en prison. Le travail est difficile, on a travaillé de nombreuses heures sous un soleil de plomb. La première fois que je me suis plaint au sujet de ma situation, peu après mon arrivée au Qatar, le chef m’a dit "si tu veux te plaindre, tu peux, mais cela aura des conséquences. Si tu veux rester au Qatar, reste tranquille et continue de travailler" »

    Les normes relatives au bien-être des travailleurs sur les chantiers de la Coupe du monde ne sont pas appliquées

    Le Supreme Committee for Delivery and Legacy (SC), qui est l’instance responsable de l’organisation de la Coupe du monde de 2022 et de la rénovation du stade, a publié en 2014 des Normes de bien-être des travailleurs. Ces normes obligent les entreprises travaillant sur les chantiers de la Coupe du monde à accorder aux travailleurs de meilleures conditions de travail que celles prévues par la législation du Qatar.

    « Le SC a fait montre de son engagement en faveur des droits des travailleurs et ses normes de bien-être sont susceptibles d’apporter une solution. Mais il a du mal à faire appliquer ces normes. Compte tenu de l’apathie du gouvernement qatarien et de l’indifférence de la FIFA, il est presque impossible que la Coupe du monde puisse avoir lieu sans que des abus soient commis », a déclaré Salil Shetty.

    Il est temps pour la FIFA et les sponsors d’intensifier la pression

    Amnesty International demande aux principaux sponsors de la Coupe du monde tels qu’Adidas, Coca-Cola et McDonald’s de faire pression sur la FIFA pour qu’elle s’attaque au problème de l’exploitation des travailleurs sur le chantier du stade Khalifa, et pour qu’elle révèle son projet de prévention des abus sur les chantiers de la Coupe du monde.

    La FIFA devrait pousser le Qatar à rendre public un plan de réforme exhaustif avant que les travaux réalisés en vue de la Coupe du monde n’atteignent leur point culminant mi-2017.

    Il est notamment essentiel de retirer aux employeurs le pouvoir d’empêcher les travailleurs étrangers de changer de travail ou de quitter le pays ; de mener des enquêtes sérieuses sur les conditions de travail des ouvriers ; d’infliger des sanctions plus sévères aux entreprises qui commettent des abus. La FIFA devrait elle-même mener de manière régulière et indépendante ses propres inspections des conditions de travail au Qatar, et en rendre publics les résultats.

    « Le fait d’accueillir la Coupe du monde de football a permis au Qatar de se présenter comme une destination privilégiée pour certains des plus grands clubs du monde. Mais le football mondial ne peut pas fermer les yeux sur les abus commis dans les infrastructures et les stades où se joueront les rencontres », a déclaré Salil Shetty.

    « Si la nouvelle direction de la FIFA veut réellement tourner une page de son histoire, elle ne peut pas laisser un événement de cette ampleur se dérouler dans des stades construits par des travailleurs migrants soumis à des abus. »

    Les infrastructures au cœur du football mondial

    Le stade Khalifa fait partie du complexe sportif de l’Aspire Zone, où se situent le centre d’entraînement de l’Aspire Academy et le centre médical Aspetar qui ont été utilisés par certains des plus grands clubs de football du monde (voir le document d’information).

    « Certaines des plus grandes stars du football mondial s’entraînent peut-être déjà sur des terrains aménagés et entretenus par des travailleurs migrants exploités. Elles joueront probablement bientôt dans des stades construits par ces mêmes personnes », a déclaré Salil Shetty.

    « Il est temps que les dirigeants du football dénoncent à voix haute ces abus s’ils ne veulent pas être salis indirectement, qu’il s’agisse de marques mondiales comme le Bayern Munich ou le PSG, ou de sponsors de premier plan comme Adidas ou Coca-Cola. » 31 mars 2016

    Pour en savoir plus

  • Mouvement des chômeurs (Algeria Watch)

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    Tahar Belabbès et Aïbek Abdelmalek

    En quoi ils ont changé le Sud

    El Watan, 4 mars 2016

    Les protestations des chômeurs sont devenues une fatalité face à des mécanismes de l’emploi qui connaissent plusieurs dysfonctionnements et la loi du passe-droit.

    Le sable s’insinue partout. Le vent qui le dissémine l’inocule en tout lieu, surtout dans les yeux. Alors on y voit plus très bien. L’ocre de Ouargla devient gris, jaune foncé, parfois. Cela aveugle et donne des céphalées qui brouillent la pensée en cette saison des vents de sable avant le printemps chaud du Sahara vers avril-mai. Même les avions d’Air Algérie on du mal à s’acquitter de leur devoir d’assurer les rotations.

    Mais il n’y a pas que le sable dans les yeux qui aveugle. Parce que lorsqu’on entend le discours de l’exécutif local qui parle de «chômeurs de luxe» et de «manipulation», on y décèle rapidement l’aveuglement des autorités locales et centrales. Le plus grand bassin d’emploi du pays, la «capitale de l’or noir», pour reprendre Malek, chômeur protestataire de Ouargla, serait sujet à des opportunistes fainéants et objet de manipulation de plusieurs douzaines d’organisations internationales ou de services secrets étrangers, de la Fondation Soros et Freedom House à la CIA ou la DGSE, etc. (voir liste surréaliste et complète chez les paranos des services de sécurité algériens et leurs médias y afférents).

    «Les puissants et les services secrets du monde entier, en se réveillant le matin, de Pékin à Washington, quittent leur lit avec cette idée obsédante : ‘‘Bon, qu’est-ce qu’on va faire avec l’Algérie ?’’», ironise Tahar Belabbès, las, les traits tirés, leader du mouvement des chômeurs de Ouargla, qui s’est retiré, depuis, de la direction du Comité national de la de défense des droits des chômeurs (CNDDC). «Il est vrai que le rythme des protestations des chômeurs a diminué depuis 2013 à Ouargla et ailleurs dans la wilaya, reconnaît Khaled du bureau local de la Ligue algérienne des droits de l’homme. Mais malheureusement nous assistons aux mêmes dysfonctionnements dans l’octroi des postes. Il y a toujours autant de passe-droits et d’opacité.»

    Anem

    «Depuis 2013 et la manifestation géante du 14 mars à Ouargla, les choses ont un peu évolué, nous étions sous les projecteurs des médias et le gouvernement avait compris qu’il fallait en urgence améliorer le système de l’emploi dans les zones pétrolières, admet Abdelmalek Aybak, ex-n° 2 du CNDDC. Mais sur le terrain, après un léger mieux, les choses sont redevenues comme avant, l’Agence de l’emploi n’est plus surveillée et les entreprises font ce qu’elles veulent.»

    Une bonne partie de l’aveuglement des autorités est causée par ce paradoxe : au moment où l’Etat tente une meilleure approche de la politique de l’emploi, les problèmes persistent, les chômeurs protestent et occupent la rue deux à trois fois par mois depuis trois ans. Saâd Agoudjil, wali de Ouargla, très bon connaisseur de la région – il était secrétaire général de la wilaya de 1998 à 2002 – insiste sur le fait que l’offre est supérieure à la demande et que le secteur de la formation professionnelle a triplé son offre.

    D’où son agacement face aux dernières protestations, allant jusqu’à parler de «chômeurs de luxe» ! «Je suis resté trois ans sans emploi, j’ai abandonné l’idée de trouver un travail en rapport avec ma licence en droit, j’ai essayé de travailler sur des chantiers, mais les entrepreneurs s’enfuyaient avec la caisse et nos salaires, je m’inscris chaque mercredi à l’ANEM de ma commune, sans succès, et je passe mes journées à chercher un poste, énumère Malek, 28 ans, qui a fini, en désespoir de cause et après un mois de sit-in, par se taillader le corps le 24 février devant la wilaya. Nous ne sommes pas des chômeurs de luxe, nous ne demandons pas des milliards. On veut un travail et c’est tout.»

    Logiciel

    La wilaya évoque la transparence et l’efficacité du Wasit, un portail web de l’ANEM qui a pour objectif de rendre visible les demandes et les offres d’emploi. «Que peut un logiciel contre la mafia de l’emploi, s’emporte Ahmed, 30 ans, habitant le quartier Roussiat à Ouargla. Si au niveau de la wilaya il y a une certaine transparence chez l’ANEM, tout se perd dès que les offres arrivent au niveau local. Il y a des centaines d’emplois qui se perdent ainsi, qui deviennent un fonds de commerce, qui sont monnayés ou distribués aux amis et à la famille des fonctionnaires.

    Est-ce normal que je ne peux même pas trouver un poste de manœuvre depuis trois ans ? Est-ce normal que toutes les entreprises ici ou à Hassi Messaoud acceptent la règle des 5%, c’est-à-dire le quota automatiquement prévu pour les enfants des puissants ?» «Après la marche du 14 mars, Sonatrach a décidé de relancer la formation des soudeurs homologués, bien.

    Mais les gars de la toute première promotion de 2013 sont encore au chômage», indique Aybak qui parle de «mesures d’urgence décidées à la va-vite, mais sans réel impact sur le terrain». Le sable aveugle. Les urgences aussi. Comme cette histoire de commission d’enquête envoyée par Sellal à Ouargla un an après la manifestation de mars 2013 : présidée par le directeur général de l’ANEM (donc juge et partie), elle n’a fait que constater que tout allait pour le mieux !


    Adlène Meddi

    Ce qui a changé depuis la melyounia du 14 mars 2013

    Le 11 mars 2013, à la veille de la melyounia des chômeurs annoncée à Ouargla, deux décisions avaient été prises par le gouvernement afin d’apaiser les esprits échauffés par les déclarations du Premier ministre et son ministre de l’Intérieur à propos des chômeurs taxés de «séparatistes» et d’«importateurs du Printemps arabe».

    Il s’agit de la nomination d’un nouveau wali, à savoir Ali Bouguerra, venu en pompier, et la publication de l’instruction de Sellal aux walis du Sud, donnant priorité absolue aux enfants de la région dans l’emploi et un feu vert à la refonte des programmes de la formation universitaire et professionnelle dans le Sud.

    Ces mesures ont permis un recrutement plus orienté vers la main-d’œuvre locale sous-qualifiée qui constitue les deux tiers des inscrits au fichier de l’Agence nationale de l’emploi (ANEM). Ces dispositions ont posé avec acuité la problématique du refus des chômeurs de retourner aux bancs de l’école d’une part et d’autre part leur insistance à n’être recrutés que dans le quatuor d’or du groupe Sonatrach, à savoir l’ENTP, l’ENSP, l’Enafor et la Direction de la production (DP). Le constat est corroboré par les chiffres annoncés par les autorités qui donnent 10 054 placements en 2014 et 11 210 en 2015.

    La direction de l’emploi constate avec satisfaction que «les enfants de la région ont de plus en plus de postes dans les grandes entreprises nationales, ce qui est leur droit absolu», selon Mohamed Guergueb, directeur de l’emploi de la wilaya. C’est un des rares gestionnaires, sinon le seul, bénéficiant du respect des chômeurs qui dénoncent régulièrement les dépassements et passe-droits des cadres de l’ANEM. Guergueb clame à qui veut l’entendre : «Je ne suis jamais intervenu pour un proche, je n’ai aucun parent à Sonatrach, je n’interviens que pour placer des chômeurs lambda».

    Les insuffisances, toutes les instances de l’emploi les reconnaissent, à commencer par l’Inspection du travail qui a établi 138 PV d’infractions transmis à la justice en 2015. Elle fait état de 1 398 travailleurs recrutés selon des procédures non conformes à la réglementation dans le secteur pétrolier. Même l’ANEM, au cœur de cette polémique chronique de l’emploi reconnaît ses torts, sans pourtant y remédier. En 2012, constatant de faux bulletins portant un visa falsifié de ses services, l’agence de l’emploi de Ouargla a déposé plainte contre X. La justice n’a rien fait depuis.

    Visibilité du Sud

    Par ailleurs, à l’université Kasdi Merbah de Ouargla, la passerelle avec le secteur économique, notamment pétrolier, n’a jamais été aussi simplifiée. «Nous visons la formation d’excellence, adaptée aux besoins du marché voire même à la carte», nous a déclaré, jeudi dernier, Ahmed Bouterfaia, son recteur. 80 conventions de partenariat et de coopération on été signées et 5190 étudiants ont bénéficié de stages pratiques dans des entreprises, dont plus de 80% de stagiaires dans les compagnies pétrolières au titre de l’année universitaire 2014/2015. A elle seule, l’Enafor compte recruter 1 000 diplômés de l’université de Ouargla entre 2017 et 2022, a annoncé Abdelkader Khedimi, son directeur des ressources humaines lors de la cérémonie de signature de cinq nouvelles conventions.

    Mais il serait très réducteur de restreindre les répercussions de la melyounia du 14 mars 2013 au seul dossier de l’emploi. Si le pouvoir central regardait d’un demi-œil la population des régions sahariennes, les réduisant souvent à un désert humain, l’idée générale qui voudrait que le sud de l’Algérie ne pèse que par ses innombrables ressources naturelles, a bien changé depuis la révolte des chômeurs, suivie par celles des anti-gaz de schiste.

    Il serait tout aussi réducteur d’isoler cette correction de la vision interne au seul enjeu national, car le Sud qui cristallise à la fois les craintes et les espoirs de tous les Algériens en un avenir meilleur «est au centre d’une dynamique où la compréhension des enjeux économiques et géostratégiques est capitale», estime le Dr Hamza Bengrina. Cet enseignant d’économie de l’environnement à l’université de Ouargla nous expliquait, déjà en 2011, que «les jeunes ne réclament pas seulement un poste à Sonatrach.

    L’individu n’est plus un petit boulon dans une grande machine, c’est un facteur de changement, de révolution». Cette révolution des esprits, Tahar Belabbès et ses camarades estiment y avoir largement participé, d’abord en refusant «d’être traités de cherdhima, un groupuscule terroriste», par Sellal au lendemain de la fin de l’opération Tiguentourine. Ensuite par leur action de starter à un mouvement social porteur d’«une meilleure visibilité, une image positive d’un Sud jeune, écocitoyen s’opposant pacifiquement aux politiques du gouvernement».

    Une image largement reflétée par les médias nationaux et internationaux et là, on est bien loin de l’esprit revendicatif de 2013 où il contestait «les paroles outrageuses d’Ould Kablia sur la neutralisation des protestations et la maîtrise de la situation sécuritaire au Sud pour préserver les installations pétrolières». Une certaine valorisation de la ressource humaine locale est partagée par des cadres qui se sont «enfin» vu permaniser ou nommés à des postes dont ils assuraient la fonction ou l’intérim pendant de longues années, «avant qu’un cadre parachuté d’Alger n’atterrisse du jour au lendemain à Ouargla», nous confie O. B., un cadre de la région.

    A la tête d’instances étatiques locales ou régionales, il est loisible de constater que des énarques et universitaires du Sud ont été nommés au poste de directeur. Parmi eux des femmes qui ont longtemps été marginalisées et reléguées aux postes subalternes. A l’université de Ouargla, à la station ENTV, à l’Office du patrimoine, à la direction de la culture, y compris le poste de ministre de l’Intérieur, pour ne citer que ces derniers, des cadres qui n’auraient jamais espéré accéder à des postes valorisants savent ce qu’ils doivent au mouvement des chômeurs.

    Houria Alioua

    Tahar Belabbès et Aïbek Abdelmalek. Ex-leaders du Comité national pour la défense des droits des chômeurs

    Le 24 février dernier, anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, des chômeurs de Ouargla se tailladent le corps pour protester contre la politique de l’emploi dans cette wilaya pétrolière. Tahar Belabbès et Aïbek Abdelmalek, ex-leaders du mouvement des chômeurs, reviennent sur ce drame et analysent pourquoi peu de choses avancent sur ce dossier.

    Les chômeurs de Ouargla ont franchi un cap dans la violence contre eux-mêmes : aujourd’hui ils se cousent la bouche ou s’auto-mutilent. Est-ce que vous comprenez ce qui se passe ?

    Tahar. Même si nous n’aurions jamais utilisé ces moyens d’expression extrêmes, on les comprend, bien sûr, et surtout, nous sommes solidaires avec eux. Ils en sont arrivés à un stade de désespoir absolu. Parce qu’ils voient bien que l’Etat a réprimé tous les mouvements pacifiques, qu’il a détruits par le noyautage et la corruption. Au point qu’aujourd’hui, il n’y a plus personne pour encadrer ces chômeurs, il n’y a plus d’espace où ils pourraient militer «normalement», pacifiquement, sans excès et sans en arriver à s’auto-mutiler.

    Alors ils se disent qu’ils n’ont pas d’autre solution pour se faire entendre, attirer l’attention de ceux, les autorités notamment, qui ne veulent pas les écouter, qui ne veulent pas les voir. Mais nous, jamais nous n’aurions demandé à des chômeurs de se faire du mal. Au contraire, nous avons toujours dit à nos militants de se battre avec l’administration avec des moyens intelligents et s’imposer comme interlocuteurs incontournables.

    Quand on entend que les chômeurs de Ouargla «ne veulent pas travailler», qu’est-ce vous répondez ?

    Tahar. C’est faux. Mais il est vrai que l’on incite les jeunes à travailler dans les sociétés nationales en priorité. C’est la seule option pour éviter les contrats esclavagistes. Dans le privé, les salaires représentent le quart de la moyenne des salaires dans le public, sans aucun avantage. Et la charge de travail est beaucoup plus importante, en contradiction avec la réglementation.

    Certains employés peuvent travailler sept semaines d’un coup et ne se reposer que deux semaines. Dans une société nationale, tu as droit à la sécurité sociale et à la retraite, ce sont des choses auxquelles les jeunes pensent maintenant. D’ailleurs, l’Etat devrait imposer aux sociétés privées ou étrangères le respect du code du travail par des mesures fortes afin d’éviter ces contrats esclavagistes.

    Trois ans après la melioniya du 14 mars, 80% des chômeurs qui avaient protesté avec vous ont trouvé un travail. Est-ce que vous considérez que vous avez réussi ?

    Aïbek. Oui, la plupart ont trouvé du travail mais on ne peut pas s’arrêter à ça. Pendant un an, ça a bien marché, il y avait une véritable surveillance interne de la politique de l’emploi. Comme le mouvement était très médiatisé, les plus hautes autorités du pays, à commencer par Sellal, ont pris le dossier des chômeurs au sérieux et des mesures. Mais les autorités locales ont gâché la dynamique du 14 mars. Par exemple, un centre de formation Sonatrach a été ouvert pour les soudeurs. Mais la première promotion ne travaille pas parce que l’entreprise n’a pas besoin de ces profils-là. Et la surveillance interne des agences locales de l’emploi n’est plus effective depuis plusieurs mois.

    Tahar. Notre véritable victoire, notre plus grand acquis, a été d’imposer le droit à manifester même sous état d’urgence. Et de créer un sentiment de solidarité, qui n’existait pas avant, entre les différentes couches et segments de la société autour du mouvement des chômeurs. C’est quelque chose qu’il faut préserver pour l’avenir, parce que tout cela dépasse le droit au travail ou le droit au logement et les autres droits, disons, «matériels».

    Mais on ne vous entend plus beaucoup aujourd’hui…

    Aïbek. En diabolisant notre mouvement et en achetant les gens, le pouvoir a fait fuir les gens du véritable militantisme pacifique. Le Comité n’a toujours pas le droit d’avoir un agrément, alors que depuis 2013, le ministère de l’Intérieur ou les autorités locales ont agréé d’autres associations qui sont dans l’allégeance et la corruption. La seule réponse qui leur reste est une réponse répressive. Difficile donc de militer dans ce climat-là.

    Tahar. On s’est retirés pour passer le relais à d’autres. Si on nous entend moins, c’est d’abord parce que la majorité d’entre nous a pu recouvrir ses droits. Mais aussi parce que le Comité a beaucoup souffert du noyautage. Le pouvoir a vu qu’on était devenu une sorte de front social parallèle, que nous étions d’authentiques syndicalistes, ancrés dans les véritables conditions de vie dramatique des chômeurs et qui refusent le chantage ou la corruption. Le pouvoir a donc tout fait pour nous barrer la route. Malgré cela, on peut toujours mobiliser ceux qui travaillent, justement parce que notre situation sociale s’est améliorée.

    On peut mieux s’organiser. Par exemple, notre base discute aujourd’hui de la nécessité de dépasser la problématique du chômage pour débattre de la participation aux mécanismes de décision et de la redistribution équitable des richesses. Ce qui nous conduit à réfléchir autour d’une idée centrale, celle qui préside à toutes ces problématiques : la bonne gouvernance.

    Le mouvement est en train de se politiser, donc, alors que vous refusiez l’étiquette politique...

    Tahar. A partir du moment où on demande l’équité, la justice, le développement local, on sait que tout ce que l’on fait est politique. Mais on ne veut pas se «politiser» au sens où vous l’entendez, au sens partisan. Nous avons été soutenus par des mouvements politiques, des islamistes à la gauche, certains ont tenté de nous récupérer. Mais nous leur avons bien expliqué que nous faisions la distinction entre la solidarité des combats et l’adhésion à telle ou à telle mouvance.

    A travers le combat des chômeurs et sa dynamique, quelle leçon peut en tirer la société civile qui peine à s’organiser ailleurs dans le pays ?

    Tahar. Je ne veux pas croire que si nous, à Ouargla, avons réussi à créer toute cette dynamique à partir du néant, dans d’autres villes où existent déjà une élite, une tradition de militantisme, des espaces de mobilisation… il ne se passe rien.

    Aïbek. La société civile, à travers le pays, bouge beaucoup, s’active et propose des solutions, même si cela n’est pas trop visible. Nous avons beaucoup d’espoir justement parce qu’on voit que les citoyens s’impliquent et cherchent à militer dans le cadre d’une société civile dynamique.

    Comment voyez-vous l’avenir ?

    Aïbek. La situation s’est envenimée. Cela va empirer à cause du discours du pouvoir qui reste enfermé dans l’idée que les chômeurs sont manipulés. Le pouvoir tente de faire face à la situation en distribuant des calmants un peu partout pour contenir la colère de la société, mais il ne distribue ces tranquillisants que selon des critères d’allégeance. Donc ça ne marche pas. Sans égalité de développement entre les régions, la marginalisation continuera.

    Tahar. Le problème des autorités, c’est qu’elles n’ont plus aucune alternative. Il ne leur reste que la répression. D’ailleurs, ce 14 mars, comme par hasard c’est l’anniversaire de notre melioniya de 2013, un de nos camarades passera devant la justice pour rassemblement non autorisé ! Les autorités ont consommé toutes les vieilles recettes, notamment la diabolisation du mouvement, la «main de l’étranger», etc. Tout cela c’est un discours de fiction, comme si les chômeurs n’existaient pas réellement. Mais les autorités oublient que la répression provoque la tempête. Elles n’ont pas retenu la leçon. Sauf que cette fois-ci, à cause la conjoncture économique et de l’incertitude politique, ce sera pire.

    Bio-express

    Aïbak Abdelmalek et Tahar Belabbès étaient les leaders et fondateurs du Comité national pour la défense des droits des chômeurs. Belabbès s’est engagé dans ce mouvement très tôt, après le suicide de son frère aîné désespéré par sa condition de chômeur. Il vient d’être licencié de son poste à Sonatrach après des années sans emploi pour avoir continué ses luttes syndicales. Aïbak, ex-n° 2 de la CNCDDC, tête pensante du mouvement, a retrouvé récemment du travail sur un chantier pétrolier, mais reste membre actif du comité.

    Adlène Meddi, Mélanie Matarese

    http://www.elwatan.com/sans-egalite-de-developpement-entre-les-regions-la-marginalisation-continuera

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/syndicat/chomeurs/changer_le_sud.htm

  • Tunisie : les ouvrières vont diriger une usine abandonnée par son propriétaire (Réalités.tn)

    TUNISIE USINE

    Après avoir déclaré faillite, le propriétaire de l’entreprise de confection « Mamotex », a donné son accord au syndicat des travailleurs de Mahdia pour se retirer de la société et laisser les ouvrières de l’usine se charger de la production et de l’administration de l’entreprise.

    Le Secrétaire Général de l’Union Régionale du Travail de Chebba et Melloulech, Bahri Hedili, a affirmé à Radio Kalima, que cet accord « audacieux » est une première en Tunisie. Les 70 ouvrières ré-ouvriront les portes de l’usine à partir de mars 2016.
    Le syndicat se chargera, pour sa part, de trouver de nouveaux partenaires.

    http://www.realites.com.tn/2016/02/tunisie-les-ouvrieres-vont-diriger-une-usine-abandonnee-par-son-proprietaire/

  • Le Maroc paralysé par une grève générale (Anti K)


    Le Maroc a connu hier un mouvement de grève qui a touché tous les secteurs d’activité, suite à l’appel lancé par quatre influents syndicats, il y a quelques jours.

    D’une durée de 24 heures, ce mouvement a été déclenché en signe de protestation contre le projet de réforme des retraites et la cherté de la vie. Excepté l’Union nationale des travailleurs marocains, syndicat proche du Parti pour la justice et le développement (PJD, islamiste), le mouvement qui préside aux destinées de l’actuel gouvernement, les autres syndicats ont réussi à mobiliser leurs troupes, a rapporté la presse marocaine.

    En effet, l’appel à la grève a été lancé par l’Union marocaine des travailleurs (UMT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), la Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération démocratique du travail (FDT).

    Ces quatre syndicats, considérés comme les plus influents, sont opposés au projet de réforme des retraites que l’actuel gouvernement, dominé par les islamistes du PJD, sous la direction du Premier ministre, Abdelilah Benkirane. Ils protestent également contre la cherté de la vie et la hausse incessante des prix des produits de base. Selon les médias marocains, l’appel à la grève nationale générale a été relayé et soutenu par nombre de confédérations syndicales internationales notamment, la puissante confédération allemande des syndicats DGB qui a exprimé sa solidarité avec les centrales syndicales marocaines qui passent à l’action après l’échec du dialogue social entamé depuis plusieurs mois avec le gouvernement.


    Il est reproché à l’Exécutif le non-respect de ses engagements, dans le cadre de ce dialogue, et ses décisions contraires aux intérêts des travailleurs.

    À noter que la grève touche aussi bien les établissements privés que publics, ainsi que les collectivités territoriales et les professions libérales. Les enseignants stagiaires sont partie prenante  de ce mouvement, ainsi que le secteur de la santé à travers le syndicat indépendant des médecins du secteur public.

     25 février 2016

    http://www.liberte-algerie.com/international/le-maroc-paralyse-par-une-greve-generale-242781

    http://www.anti-k.org/2016/02/25/le-maroc-paralyse-par-une-greve-generale/

  • Maroc : Appel à la grève nationale générale du mercredi 24 février 2016 (Afriques en Lutte)

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    Appel intersyndical UMT, CDT, UGMT et SNE-Sup à la grève générale le 24 février au Maroc.

    Frères et sœurs !

    Les centrales syndicales : l’Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et le Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNE-Sup) ayant épuisé tous les efforts visant à amener le gouvernement à la table des négociations au sujet des questions intéressant la classe laborieuse et l’ensemble des salariés, et vu l’entêtement de l’Exécutif et sa politique de la fuite en avant ainsi que ses tentatives d’imposer le fait accompli en gelant le dialogue social et en occultant le rôle constitutionnel du mouvement syndical ;

    Etant donné le refus du gouvernement d’assumer ses responsabilités politiques et sociales ; vu son reniement de ses engagements et promesses, sa propension à s’en prendre systématiquement aux acquis sociaux et matériels de l’ensemble des couches populaires, à violer les libertés syndicales et son entêtement à ignorer les revendications de la classe laborieuse et de l’ensemble des salariés,

    Lesdites centrales syndicales ont décidé d’observer une grève nationale générale de 24 heures le mercredi 24 février 2016 au niveau de la Fonction publique, des collectivités territoriales, des établissements publics et semi publics, du secteur privé industriel, agricole, forestier et des services, du transport toutes catégories confondues, des commerçants, artisans, des secteurs minier, portuaire, de la pêche maritime et de tous les secteurs professionnels…

    Impliquons-nous tous dans grève nationale générale en vue de :

    - mettre un terme aux atteintes au pouvoir d’achat de l’ensemble du peuple marocain,
    - (d’obtenir) une augmentation des salaires, l’application de l’échelle mobile et l’augmentation des pensions de retraite,
    - l’exécution du reliquat de l’accord du 26 avril 2011 : (institution d’un nouvel échelon, d’indemnités pour le travail dans des régions éloignées et unification du salaire minimum dans les secteurs industriel et agricole),
    - d’atténuer la pression fiscale sur les salaires et les revenus des commerçants et artisans et la mise en place d’un système fiscal équitable,
    - de renoncer à l’approche paramétrique et comptable du dossier des retraites et de concevoir une réforme globale et juste du système de retraites,
    - renforcer la position de l’université marocaine, améliorer la situation des enseignants du supérieur et mettre fin à la privatisation du secteur,
    - imposer le respect des dispositions du Code du travail et auitres lois et règlements sociaux comme (ceux relatifs à) la sécurité sociale et autres, satisfaction des revendications sectorielles et catégorielles et solution immédiate des dossiers des professeurs stagiaires, des étudiants médecins (médecins internes), des administrateurs, des techniciens, des ingénieurs et de toutes les catégories lésées…,
    - promouvoir la situation de la femme travailleuse et reconnaissance des droits humains de la gent féminine (en général),
    - généralisation de la couverture sociale aux chauffeurs de taxis et aux routiers tout en s’occupant de leur situation matérielle et sociale,
    - promulgation du statut des fonctionnaires des collectivités territoriales, -intégration des détenteurs de la licence et création d’une institution sociale,adoption d’une politique sociale visant à résoudre le phénomène du chômage, à embaucher les diplômés et à éradiquer l’emploi précaire,
    - mettre fin à la violation des libertés publiques et syndicales et abrogation de l’article 288 du Code pénal.

    Frères et sœurs !

    Fonctionnaires, travailleurs et travailleuses, salarié(e)s, commerçants et artisans, acteurs politiques et humanitaires, forces vives et société civile ! adhérons tous ensemble, massivement et avec force, à ce combat militant en guise de protestation de la légèreté avec laquelle le gouvernement traite les revendications de la classe laborieuse marocaine et à l’ensemble des strates sociales marocaines !

    Mobilisons-nous donc pour exécuter cette décision historique le mercredi 24 février 2016 !

    Vive la classe laborieuse marocaine ! Vive l’unité syndicale !

    23 février 2016

    http://www.afriquesenlutte.org/maroc/article/maroc-appel-a-la-greve-nationale

  • Six syndicalistes et militants des droits de l’homme arrêtés par la police (Algeria Watch)

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    Le Wali d’Alger empêche une réunion du Snapap

    Des syndicalistes et des membres d’associations ont été empêchés, hier, de tenir une réunion sur le pouvoir d’achat et la loi de finances 2016.

    Un dispositif policier dépêché par le wali d’Alger a empêché la tenue de la rencontre, programmée par le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap) hier à la maison des syndicats à Bab Ezzouar, Alger.

    Salah Debbouz, président la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) a été arrêté avec d’autres membres du Snapap, mais aussi du Syndicat autonome des travailleurs du secteur des transports.

    Au total, six syndicalistes et militants ont été arrêtés et conduits au commissariat d’El Djorf (Bab Ezzouar) pour «rassemblement sans autorisation», précise Mourad Tchiko, membre du conseil national du Snapap. «Ce motif est nul, puisqu'il s’agit d’une réunion programmée au siège du syndicat qui ne nécessite pas, selon la loi en vigueur, une autorisation préalable des autorités locales», souligne le même syndicaliste, qui exprime une sérieuse inquiétude sur l’exercice des activités syndicales.

    Ce syndicaliste, qui dénonce la force utilisée par les policiers pour empêcher la tenue de la réunion — la troisième du genre depuis quelques semaines — sur ordre du wali d’Alger. «C’est une décision arbitraire qui trahit la volonté des pouvoirs publics à museler tout ce qui ne concorde pas avec le discours officiel servi par les médias publics et les satellites du pouvoir», dénonce Mourad Tchiko, contacté hier.

    Le Snapap organise depuis quelques semaines des rencontres entre syndicalistes et société civile autour de la situation socioéconomique du pays. Les réunions passées avaient trait au pouvoir d’achat des Algériens, sérieusement menacé par les dispositions de la loi de finances 2016 qui comporte de nouvelles augmentations des tarifs de produits de large consommation.

    «La rencontre d’aujourd’hui (hier, ndlr) devait porter sur les dispositions de la loi de finances mais aussi sur la lutte contre la corruption. Les autorités ne veulent apparemment pas de fausses notes pour le vote des nouvelles constitutions qu’elles présentent comme voies salutaires vers l’Etat civil tant recherché et voilà qu’elles nous affichent la couleur de ce qui attend les syndicats et les autres formes de militantisme», soutient encore M. Tchiko.

    Plusieurs réunions ont été consacrées par ce syndicat à l’analyse du salaire des fonctionnaires algériens. On se rappelle de l’étude réalisée par un groupe de syndicalistes, rendue publique il y a quelques semaines, faisant état de la détérioration du pouvoir d’achat et appelant à l’instauration de mesures d’urgence au profit des ménages aux revenus modestes. Le Snapap compte saisir les organisations et instances nationales et internationales sur «cet abus de pouvoir» et n’écarte pas la possibilité de poursuivre en justice M. Zoukh, le wali d’Alger. El Watan, 7 février 2016


    Fatima Aït Khaldoun-Arab

    http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvrepr/syndicalistes_militants_arretes.htm

    http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvrepr/snapap_denonce_arrestations.htm

    Voir aussi:

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/syndicat/praticiens_sante_privatisations.htm