Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Féminisme - Page 3

  • Syrie Les femmes de la Révolution

    Ajoutée le 3 janv. 2017

    Zein Al sham is one of the women documented in the Syria Rebellious Women series. She was forced to evacuate her sieged city Aleppo at the end of last year, she was one of the latest to leave.
    زين واحدة من النساء اللواتي تتناول سلسلة "الثائرات" حكايتها٫ بقيت زين في حلب حتى آخر قافلات التهجير لتجبر أخيراً علي مغادرتها لإدلب.
    www.zaina-erhaim.com

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

    cropped-alep-university.jpg

     

     

  • Femmes en résistance dans les prisons israéliennes « 3000 nuits » de Mai Masri (Orient 21)


    En salle en France le 4 janvier 2017, le nouveau film de la réalisatrice palestinienne Mai Masri 3000 Nuits porte avec force la voix des détenues palestiniennes.

    Nous avons pu le voir dans le cadre de la quatrième édition des rencontres internationales des cinémas arabes à l’initiative de l’association de promotion et de diffusion des cinémas arabes à Marseille et en Méditerranée (Aflam) au musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem).

    Une pluie battante qui tombe cinglante. Des prisonniers dans un fourgon menottés. Les images en fondu enchaîné se figent sur le visage ensanglanté de Layal Asfour. La jeune institutrice de Ramallah était là au mauvais moment. Elle est intervenue pour porter secours à un tout jeune Palestinien blessé. Il est poursuivi pour terrorisme. Elle le sera à son tour, mécaniquement. Descente aux enfers. Prison israélienne de haute sécurité. Le scénario se déroule dans les années 1980, lorsque les prisonniers politiques et de droit commun israéliens et palestiniens sont encore détenus ensemble.

    Cette captivante œuvre de fiction ancrée dans le réel est la dernière création de Mai Masri, que l’on connaît davantage pour son travail documentaire, souvent en coréalisation avec son compagnon Jean Chamoun. Tous deux archivent la résistance palestinienne et libanaise. Mai Masri a abondamment traité de la guerre et de la détention, et plus particulièrement de leurs conséquences sur la vie des femmes et des enfants. Cette première fiction lui a déjà valu d’être distinguée par une vingtaine de prix, dont sept en France, et une présentation aux Oscars, avant que le film, réalisé de manière indépendante (Nour Films, Orjouane Productions, Les Films d’ici) ne sorte en salle en janvier 2017.

     

    Nour (lumière) dans la nuit

    Une fois incarcérée, Layal Asfour devient le matricule 735. Elle est d’abord mise en cellule avec des Israéliennes qui éructent leur haine des Arabes et de la langue arabe au premier regard. Un huis clos insoutenable. Puis elle rejoindra des Palestiniennes. Il y a là Jamilé, Ouma Ali, Sanaa, résistante libanaise qui a perdu un bras… : tous les visages et toutes les générations de femmes en lutte contre l’occupation. Layal Asfour découvre avec stupéfaction qu’elle est enceinte, puis que l’homme qu’elle aimait, son mari, ne va pas hésiter à l’abandonner, refusant de renoncer au visa qu’ils avaient demandé pour rejoindre le Canada. Contre son chantage à l’avortement et à la dénonciation, pour sauver la peau du jeune Palestinien qu’elle a aidé, elle n’hésite pas une seconde et lui tourne le dos et le cœur. Pour Mai Masri, il fallait aussi montrer cette facette de la réalité. Parler des femmes détenues, sur lesquelles il existe très peu de documentation, mais aussi de cet abandon par les hommes — un grand classique universel — tandis que les prisonniers sont toujours soutenus par les femmes et les familles.

    Lorsque la condamnation à huit ans de réclusion, soit trois mille nuits, tombe, Layal Asfour est sonnée. En prison, elle va devenir une autre. C’est d’abord l’arrivée de son fils, Nour, dont elle accouche menottée, qui change son rapport au monde et la relation avec ses codétenues. L’enfant devient pour elles une flamme de vie à protéger et faire grandir. Les images de Mai Masri et de son opérateur, Gilles Porte, sont d’une beauté rare, saisissant la vie et la joie comme des herbes folles surgies de ce monde de non-droit et de terreur parfaitement restitué par le travail sur les décors d’Hussein Baydoun.

    Le prix de l’insoumission

    Mai Masri creuse aussi jusqu’à l’os toutes les relations perverses et sadiques mises en place par les gardiennes, le chantage permanent à la dénonciation et à la collaboration, la complexité des relations entre détenues. Les Palestiniennes sont assignées au ménage et à la cuisine. Les scènes de rébellion sont quotidiennes et finissent parfois en batailles homériques de nourriture entre détenues israéliennes et palestiniennes. Mais ce qui va vraiment devenir l’insoumission absolue, c’est lorsque les nouvelles du massacre de Sabra et Chatila pénètrent à l’intérieur de la prison. Plus rien ne peut arrêter la rage et la grève de la faim des prisonnières qui vont s’étendre au bâtiment voisin où sont détenus les hommes. La répression est sauvage. « Je ne veux plus les entendre respirer », hurle une geôlière.

    Encerclement, gaz, coups. Layal Asfour va payer le prix fort pour sa révolte. Elle se verra arracher son fils qui a atteint ses deux ans et que seule la soumission aurait pu lui permettre de garder auprès d’elle un peu plus longtemps.

    Mai Masri a tourné ce film fort et dérangeant dans une prison jordanienne désaffectée, avec d’anciens détenus palestiniens qui ont interprété tous les rôles après un long travail de recueil de témoignages. L’interrogateur israélien est un Palestinien qui a été détenu durant cinq ans en Israël. L’une des actrices a rendu visite à son frère durant quinze ans et retrouvé en jouant la violence de cette histoire intime et collective. Layal Asfour est interprétée à fleur de peau par Maisa Abd Elhadi, actrice palestinienne qui crève l’écran et joue ici son premier rôle aussi politiquement engagé, inspiré de l’histoire vraie d’une jeune mère palestinienne, et qu’elle porte avec fierté.

    Un miroir aux yeux du monde

    Depuis 1948, plus de 700 000 Palestiniens ont été détenus dans les geôles israéliennes. Ils sont aujourd’hui près de 7 000, hommes, femmes et enfants à y croupir. Pourquoi inscrire le film dans les années 1980 alors que la situation perdure ? Pour la documentariste, ces années étaient particulièrement éclairantes et rendent compte d’un parcours de lutte politique avec des avancées et des reculs. Aujourd’hui les détenus politiques et de droit commun, israéliens et palestiniens, sont séparés. Les moyens de déjouer les interdictions de communiquer sont devenus plus difficiles à contourner. La détention frappe toutes les familles. Entre août 2015 et avril 2016, le nombre d’enfants emprisonnés a triplé. Les prisonniers restent donc un enjeu emblématique et déterminant de la lutte pour l’autodétermination, et l’obtention de leur libération s’inscrit dans l’histoire nationale. Comme lors de cet échange, en 1983, — auquel le film fait référence —, de six Israéliens détenus par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) contre 4 700 prisonniers palestiniens et libanais. Un événement marquant que Mai Masri fait jouer et qu’elle redouble d’images d’archives, tout comme pour l’évocation de Sabra et Chatila. Cela participe aussi à donner à la fiction son ancrage et son souffle. Ici l’on sait que tout est vrai. Les histoires se mélangent et se télescopent, mais elles ont toutes été vécues. Et elles perdurent.

    Le film a été projeté dans plusieurs pays arabe, primé à Carthage, et aussi diffusé en Israël, en Cisjordanie et à Gaza. Un miroir brandi aux yeux du monde.

     

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

    syr.jpg

     

    • Syria
      List of Progressive & Democratic Syrian Opposition Groups, Individuals, Websites

      , by DAHER Joseph

      Reach out and contact these groups, individuals and websites to help Syrians who are still fighting for justice and human rights. This is a long list. Please scroll down to the end and past the graphics.
      Al-Jumhurriya website, Yassin al-Haj Saleh, Karam Nachar, Yassin Swehat (...)

    • Kuwait
      Syria: Ode to Fallen Dreamers

      , by HASSAN Budour

      “The only revenge to which I aspire is witnessing the triumph of the noble ideals for which I fought, and for which so many men and women in this country have lost their lives and their freedom.”
      — Marcos Ana, communist poet who spent 23 years in General Franco’s prisons
      For those of us not (...)

    • Syria
      Syria: Damascus’ stifled voice from the left

      , by HASSAN Budour

      The story of Syrian Revolutionary Youth: the rise and fall of a grassroots movement offering a third alternative beyond the regime/Islamists binary, whose clear, principled stance made it the target of extreme regime persecution.
      It has been over a year and a half since the last organized (...)

    • Islam politique, islamisme
      Un théâtre intégré d’opérations terroristes – III – La campagne d’Europe de Daech : l’Espagne

      , par FILIU Jean-Pierre

      Après l’Allemagne et le Danemark, nous complétons cette série sur la campagne de Daech en Europe par une troisième et dernière étude de cas : l’Espagne.
      Le 11 mars 2004, l’Espagne a été frappée par ce qui demeure à ce jour, avec 192 morts, le pire attentat djihadiste sur le continent européen . Rappelons (...)

    • Islam politique, islamisme
      Un théâtre intégré d’opérations terroristes – I – La campagne d’Europe de Daech : l’Allemagne

      , par FILIU Jean-Pierre

      Cet article a été écrit avant l’attentat de Berlin du 20 décembre 2016.
      Daech considère le continent européen comme un théâtre intégré d’opérations terroristes. La fermeture toute récente du corridor d’accès des djihadistes à la Turquie est intervenue trop tard pour casser l’élan de la campagne d’Europe, (...)

    • Islam politique, islamisme
      Attentat sur un marché de Noël à Berlin : ce que l’on sait et ce que l’on ignore

      , par Le Monde.fr

      L’attaque sur un marché de Noël lundi soir a fait douze morts, dont un passager du camion, et 48 blessés. Les autorités recherchent toujours l’auteur de l’attentat.
      Au moins douze personnes sont mortes dans l’attaque contre le marché de Noël de la Breitscheidplatz à Berlin, lundi 19 décembre. Les (...)

    • Kuwait
      Kuwait: Prison sentence overturned for human rights defender Rana Al-Sadoun

      , by GCHR

      The Gulf Centre for Human Rights (GCHR) welcomes the news that a three-year prison sentence with hard labour imposed against human rights defender Rana Al-Sadoun was overturned by the Criminal Court in Kuwait on 04 December 2016.
      According to news reports, Al-Sadoun was obliged to sign a (...)

    • Bahrain
      Bahrain: Women Human rights defender Ghada Jamsheer freed from prison

      , by GCHR

      Bahrain: Human rights defender Ghada Jamsheer freed from prison, allowed to work off remainder of her sentence
      Women’s rights defender, writer and blogger Ghada Jamsheer was freed on 12 December after four months in prison in Bahrain, after reaching an agreement to work for the rest of her (...)

     

  • Lyon Femmes en Révolutions

    femmerev1-483ae.jpg

    Samedi 3 décembre 2016
    Temps fort sur les luttes des femmes

    Cinq ans après, des femmes du Maghreb et du Proche-Orient prennent la parole

    Journée organisée par le collectif "Femmes en Révolutions"
    à la Maison des Associations, Lyon 3ème

    Rendez-vous

    • À Lyon, "Femmes en révolutions au Maghreb comme au Proche-Orient" 
      Le samedi 3 décembre 2016 à 09h30
      Maison des Associations

      36 avenue Lacassagne
      69003 LYON

    http://www.ujfp.org/

  • Violence à l’encontre des femmes : Insoutenable situation en Algérie (El Watan)

    original.jpg

    Au moins trois femmes sur cinq sont violentées en Algérie.

    D’après l’enquête menée par le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap), dont les résultats finaux ne sont pas encore dévoilés, 9% des hauts responsables femmes sont violentées en Algérie et près de 93% de femmes de moindre responsabilité, telles que les femmes de ménage, font l’objet de violences.

    Sur la base de ces chiffres effrayants, le Snapap a organisé, samedi à Alger, une rencontre à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la violence à l’égard des femmes. Dans un langage ferme, Yamina Meghraoui, présidente du comité des femmes travailleuses-Snapap, dénonce la pression dont fait l’objet la femme algérienne, que ce soit dans son lieu de travail ou dans son domicile. «Cette rencontre est pour nous une occasion d’exprimer notre colère quant à la maltraitance de la femme.

    Nous considérons que toutes les lois du gouvernement algérien instaurent la violence à l’encontre des femmes. A leur tête, la réforme du système de départ à la retraite qui pénalise la femme, majoritaire dans les demandes de retraite anticipée. L’obliger à travailler et lui ôter la possibilité de partir en retraite est aussi une forme de violence», a déclaré Mme Meghraoui, qui n’a pas manqué de dénoncer la loi de finances 2017 adoptée la semaine dernière qui, selon ses propos, ne fera que généraliser la précarité, affaiblir le pouvoir d’achat, augmenter le taux de chômage et réduire le niveau de vie des foyers.

    De pareilles conséquences vont, selon l’oratrice, «directement peser sur la femme, étant donnée qu’elle est le noyau de la cellule familiale». «La précarité et la pauvreté en Algérie commencent à prendre des couleurs féminines. L’importance du taux de chômage et la difficulté d’accéder au travail obligent la femme à accepter des postes précaires, souvent sous contrat à durée déterminée. Ce mode de recrutement en lui-même est une source de violence.

    De plus, la femme est toujours dans la crainte de voir son contrat non renouvelé et se trouve obligée de se taire face à la maltraitance qu’elle pourrait subir. Toutes les femmes recrutées en CDD sont exposées systématiquement à la répression, à la violence et au harcèlement dans toutes ses formes pour voir leurs contrats renouvelés de manière régulière. La majorité des postes de travail précaires sont occupés par des femmes», abonde-t-elle, avant de s’en prendre au code du travail qui, selon elle, légalise et instaure cette sous-traitance et devient alors une source légale de violence à l’égard des femmes.

    Asma Bersali El Watan, 28 novembre 2016

    http://www.algeria-watch.org/

    .

    Lire aussi:

     

  • La révolution des femmes : un siècle de féminisme arabe (Cetri)

    evenementon589.png

    Louvain-la-Neuve 1er Décembre
    14H Institut Cardijn

    Projection suivie d’une discussion avec Aurélie Leroy, chargée d’étude au CETRI et Aïcha Adahman, coordinatrice de Génération Espoir autour du film « La révolution des femmes : un siècle de féminisme arabe ». Film de Feriel BEN MAHMOUD (France, 2014)

    Quelle place les révolutions arabes ont-elles accordé aux femmes ?

    Il y a 50 ans déjà, au lendemain des indépendances, la liberté et l’émancipation semblaient promises aux femmes arabes. Pourtant, aujourd’hui encore, elles doivent lutter plus que jamais pour conquérir ou défendre leurs droits. Que s’est-il passé ? Et comment parviendront-elles à bousculer des sociétés cadenassées par le sexisme et le patriarcat ? Ce film raconte l’histoire de leurs luttes, commencées il y a plus d’un siècle. De Beyrouth à Casablanca, en passant par Riyad, Le Caire, Tunis, et Alger, Feriel Ben Mahmoud a recueilli les témoignages de militantes de la première heure, d’artistes engagées et de jeunes féministes.

    Historienne de formation, Feriel Ben Mahmoud a réalisé de nombreux reportages et une dizaine de documentaires pour la télévision. Le monde arabo-musulman, autant sous l’angle de l’actualité que sous l’angle de l’histoire, est au cœur de ses préoccupations et de son travail de réalisatrice.

    http://www.cetri.be/La-revolution-des-femmes-un-siecle-589

  • Irak. Les Yézidies victimes de sévices en captivité aux mains de l’EI sont négligées par la communauté internationale (Amnesty)

    _85078372_85078370.jpg

    Des femmes, des jeunes filles et des fillettes yézidies ayant été réduites en esclavage, violées, frappées et soumises à d’autres actes de torture par le groupe armé se faisant appeler État islamique (EI) ne bénéficient pas d’un soutien adéquat de la part de la communauté internationale, a déclaré Amnesty International lundi 10 octobre.

    Lors d’une mission dans la région semi-autonome du Kurdistan irakien en août 2016, des délégués de l’organisation ont recueilli les propos de 18 femmes et jeunes filles qui avaient été enlevées par l’EI. Soit ces femmes et jeunes filles s’étaient échappées, soit elles avaient été libérées après le paiement d’une rançon par leur famille. Plusieurs d’entre elles ont très sérieusement envisagé le suicide, ou ont des sœurs ou des filles qui se sont donné la mort après avoir subi de terribles abus en captivité. La souffrance des victimes est exacerbée par leurs misérables conditions de vie actuelles, leur peine pour leurs proches tués par l’EI et leurs craintes pour ceux qui restent en captivité.

    « L’horreur subie par ces femmes et jeunes filles yézidies aux mains de l’EI donne un éclairage nouveau sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par ce groupe. De nombreuses femmes et jeunes filles ont été violées, frappées ou soumises à d’autres actes de torture de manière répétée, et continuent à souffrir du traumatisme causé par ce qu’elles ont traversé », a déclaré Lynn Maalouf, directrice adjointe pour les recherches au bureau régional d’Amnesty International à Beyrouth.

    « Ces témoignages soulignent la nécessité absolue d’un soutien international accru, afin d’aider ces personnes à faire face aux traumatismes physiques et psychologiques à long terme causés par les sévices qu’elles ont subis et dont elles ont été témoins. »

    Il n’existe actuellement aucun système unifié permettant d’évaluer les besoins des personnes ayant connu la captivité aux mains de l’EI. Il faut en faire beaucoup plus pour s’assurer qu’elles reçoivent les soins et le soutien dont elles ont besoin en urgence pour reconstruire leur vie.

    Depuis que des combattants de l’EI ont attaqué la région de Sinjar, dans le nord-ouest de l’Irak en août 2014, les Yézidis sont systématiquement et délibérément pris pour cible.

    Des milliers de personnes ont été enlevées ; des centaines d’hommes et de garçons ont été massacrés ; beaucoup ont été menacés de mort s’ils ne se convertissaient pas à l’islam. Des femmes et des jeunes filles yézidies enlevées sont séparées de leurs proches, puis « offertes » ou « vendues » à d’autres combattants de l’EI en Irak et en Syrie. Elles sont souvent échangées à plusieurs reprises entre combattants, violées, frappées ou victimes d’autres violences physiques, privées de nourriture et d’autres biens de première nécessité, et forcées à nettoyer, cuisiner et accomplir d’autres corvées pour leurs ravisseurs.

    Beaucoup de personnes auxquelles Amnesty International a parlé ont dit que leurs enfants leur ont été arrachés. Des garçons ayant plus de sept ans ont été emmenés pour être endoctrinés et entraînés au combat, tandis que des fillettes n’ayant pas plus de neuf ans ont été « vendues » comme esclaves sexuelles. Selon certains politiciens, militants et prestataires de services de santé locaux, quelque 3 800 femmes et enfants se trouvent toujours en captivité aux mains de l’EI. On ne sait pas ce qui est advenu de centaines d’hommes yézidis enlevés et on craint que la plupart ne soient morts.

    L’horreur en captivité

    Jamila*, une jeune femme de 20 ans originaire de la ville de Sinjar, enlevée le 3 août 2014, a déclaré à Amnesty International qu’elle avait été violée à plusieurs reprises par au moins 10 hommes différents après avoir été « revendue » d’un combattant à l’autre. Elle a finalement été libérée en décembre 2015 après que sa famille a versé une forte somme à son tortionnaire.

    Jamila a expliqué que des combattants les ont forcées, elle et d’autres femmes et jeunes filles à se déshabiller et à « poser » pour des photos à Mossoul, avant de les « revendre ». Elle a essayé de s’échapper à deux reprises mais a été rattrapée à chaque fois. À titre de punition, elle a été attachée à un lit par les mains et les jambes, a subi un viol en réunion, et a été frappée à coups de câbles et privée de nourriture.

    Comme de nombreuses autres femmes, ce qu’elle a vécu en captivité l’a amenée à envisager le suicide. Mais elle est déterminée à s’exprimer : « Je ne veux pas cacher ce qui s’est passé, pour que les gens puissent aider non seulement celles qui sont toujours avec Daech [acronyme arabe de l’EI], mais aussi les anciennes victimes à reconstruire leur vie. »

    Nour, une jeune fille de 16 ans de Siba Sheikh Khidir ayant donné naissance à une petite fille durant sa période de captivité aux mains de l’EI, qui a duré près de deux ans, a été transférée à au moins six reprises entre plusieurs lieux en Syrie et en Irak, notamment à Tal Afar, à Mossoul, à Alep et à Raqqa.

    Elle a décrit à quel point les mauvais traitements que les combattants de l’EI infligent aux Yézidis sont déshumanisants.

    « Pour eux nous sommes des "kouffar" [infidèles] et ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Ce fut tellement humiliant. Nous étions emprisonnés ; ils ne nous donnaient pas à manger ; ils nous frappaient [tous] même les jeunes enfants ; ils nous achetaient et nous vendaient et nous faisaient ce qu’ils voulaient [...] C’est comme si nous n’étions pas humains pour eux », a-t-elle dit, ajoutant que ses trois sœurs et sa tante sont toujours en captivité.

    « Je suis libre maintenant, mais d’autres continuent à vivre ce cauchemar, et nous n’avons pas assez d’argent pour subvenir à nos besoins et payer pour faire revenir nos proches. »

    Fahima, 31 ans, mère de sept enfants, est originaire de la région de Sinjar. Elle s’est échappée en février 2016, mais deux de ses filles, Nadia, 12 ans, et Nurin, trois ans, sont toujours aux mains du groupe armé, ainsi que trois de ses sœurs, son père, son frère et quatre nièces et neveux. Elle a expliqué à Amnesty International qu’avant leur enlèvement, sa fille Nadia vivait déjà dans la terreur : « Ellesavait que Daech prenait des filles. Elle m’a dit de nombreuses fois : "Maman s’ils m’emmènent, je me tuerai". »

    Les femmes et jeunes filles rencontrées ont répété à Amnesty International qu’elles traversent des phases de dépression profonde, ainsi que de colère, et beaucoup ont des pensées suicidaires. Certaines ont fait des tentatives de suicide en captivité ou après s’être échappées.

    Shirin, 32 ans, mère de six enfants originaire de Tel Qasab, un village situé dans l’ouest de la région de Sinjar, a été enlevée à Solakh le 3 août 2014 avec cinq de ses enfants, alors âgés de cinq à 11 ans. Sa fille de 13 ans s’est suicidée après s’être échappée.

    « Il y avait des combattants de Daech de toutes sortes de nationalités différentes. J’ai vu des Européens et des arabes, et même des Kurdes [...] Ils ont pris mon fils aîné [âgé de 10 ans] et deux de mes filles, Nermeen [11 ans] et Seveh [17 ans]. Seveh a été enlevée avec son bébé », a déclaré Shirin.

    Sa fille Seveh a indiqué à Amnesty International que six combattants se l’étaient échangée en Irak et en Syrie, avant de la « revendre » à sa famille en novembre 2015. Elle a été violée et agressée à de nombreuses reprises en captivité, et a dit que ses ravisseurs avaient aussi frappé son bébé de trois mois et les affamaient régulièrement. Elle a essayé de se tuer à trois reprises, mais d’autres captives l’en ont empêchée.

    Seveh continue à souffrir des graves conséquences physiques et psychologiques de ce qu’elle a traversé, et elle reste bouleversée que sa sœur se soit suicidée après s’être échappée et par le sort réservé aux membres de sa famille manquant à l’appel.

    Sa sœur Nermeen était dans un tel désarroi après ce qu’elle avait vécu en captivité qu’elle s’est enfermée dans une cabane et s’est immolée par le feu au camp pour personnes déplacées de Zakho, dans le gouvernorat de Dohuk. Elle a rapidement été transportée à l’hôpital, mais est morte trois jours plus tard.

    « À l’hôpital, je lui ai demandé pourquoi elle avait fait ça, et elle m’a dit qu’elle n’en pouvait plus. Elle souffrait en permanence, elle pleurait tout le temps », a déclaré Shirin, la mère de Nermeen, à Amnesty International, ajoutant que la famille avait demandé à de nombreuses reprises qu’elle puisse faire une thérapie spécialisée à l’étranger.

    En plus de se débattre avec leurs traumatismes, de nombreuses victimes comme Shirin se retrouvent à devoir rembourser d’énormes dettes - jusqu’à des dizaines de milliers de dollars américains -, après que leur famille a fait des emprunts pour payer leur libération.

    Un soutien international insuffisant

    La majorité des centaines de femmes et de jeunes filles yézidies parvenues à s’échapper après avoir été capturées par l’EI vivent dans des conditions difficiles, soit avec des membres de leur famille sans ressource qui ont été déplacés de chez eux, soit dans des camps pour personnes déplacées du Kurdistan irakien. Leurs besoins sont bien supérieurs au soutien disponible.

    La situation de beaucoup d’entre elles nécessite une aide financière ainsi qu’une prise en charge psychologique. Une femme de 42 ans originaire de la région de Sinjar, qui a passé 22 mois en captivité avec ses quatre enfants, a indiqué qu’ils restent traumatisés. Elle a expliqué qu’un combattant de l’EI particulièrement brutal a cassé les dents de son fils de six ans et s’est moqué de lui, et frappé sa fille de 10 ans si sauvagement qu’elle s’est uriné dessus. 

    « Il frappait mes enfants et les enfermait dans une pièce. Ils pleuraient à l’intérieur et je pleurais aussi, assise devant la porte. Je l’ai supplié de nous tuer mais il m’a répondu qu’il ne voulait pas aller en enfer à cause de nous », a-t-elle dit.

    Elle s’inquiète également du remboursement de l’argent emprunté pour obtenir leur libération. Elle a arrêté d’aller chez le médecin parce qu’elle n’en a plus les moyens.

    Il faut renforcer les moyens d’agir des victimes et leur donner la capacité de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Il n’existe actuellement aucun système unifié permettant d’évaluer et satisfaire les besoins des personnes ayant connu la captivité aux mains de l’EI, et la plupart dépendent de réseaux familiaux ou de proximité pour obtenir de l’aide. Les services et l’assistance humanitaire dont bénéficient actuellement les victimes, fournis par divers gouvernements, organisations non gouvernementales et agences des Nations unies sont sous-financés et leur qualité est variable.

    Un programme soutenu par le gouvernement allemand a permis à 1 080 Yézidis - des personnes ayant subi des violences sexuelles et leur famille immédiate - de se rendre en Allemagne pour recevoir des soins spécialisés, mais les victimes ont désespérément besoin d’autres initiatives de ce genre.

    Une femme d’une soixantaine d’années de la région de Sinjar, qui vit désormais dans le camp de Chem Meshko pour personnes déplacées, et dont 32 parents sont aux mains de l’EI ou manquent à l’appel, a dit à Amnesty International : « Le monde entier sait ce qui est arrivé aux Yézidis [...] Je veux savoir ce qu’ils vont faire maintenant ? »

    « Le monde peut et doit en faire plus pour aider à panser les profondes blessures physiques et psychologiques des femmes et des enfants qui ont passé de longues périodes en captivité, et leur offrir un espoir de reconstruire leur vie brisée », a déclaré Lynn Maalouf.

    « La communauté internationale doit traduire en actions concrètes le choc et l’horreur que lui inspirent les crimes de l’EI et sa sympathie pour les victimes yézidies de violences sexuelles et d’autres sévices. Les donateurs doivent en faire plus, en établissant et finançant des programmes de soutien et de soins spécialisés, en consultation avec les victimes, les militants de cette communauté et les prestataires de soins. »

    La capacité des victimes à bénéficier de services et à se déplacer librement est par ailleurs souvent entravée par la bureaucratie irakienne - beaucoup éprouvent des difficultés à obtenir des papiers d’identité, qu’elles ont perdus lorsque l’EI a attaqué Sinjar.

    Si la proportion de victimes prêtes à parler de ce qu’elles ont vécu a augmenté étant donné qu’un grand nombre de captifs de l’EI ont pu s’échapper ces deux dernières années, la stigmatisation et la crainte des comportements sociaux négatifs et de leur impact sur les perspectives de mariage pour les femmes et les filles demeurent.

    Obligation de rendre des comptes pour les violations

    Jusqu’à présent, pas une seule personne accusée d’avoir commis des crimes contre la communauté yézidie n’a été poursuivie ni jugée en Irak. Les quelques procès ayant eu lieu concernant des crimes que l’EI aurait commis en Irak n’ont pas fait grand chose pour établir la vérité sur les violations, ni rendre justice et accorder des réparations aux victimes. Par exemple, les procès de 40 personnes accusées d’avoir pris part au massacre de quelque 1 700 élèves officiers chiites au camp d’entraînement de Speicher en juin 2014 ont été entachés d'irrégularités, et de nombreuses personnes ont été déclarées coupables sur la base d’« aveux » arrachés sous la torture.

    « Si les autorités irakiennes veulent réellement obliger les membres de l’EI à rendre des comptes pour leurs crimes, elles doivent de toute urgence ratifier le Statut de Rome et déclarer la Cour pénale internationale compétente pour juger de tous les crimes perpétrés en Irak dans le cadre de ce conflit. Elles doivent promulguer des lois érigeant en infraction les crimes de guerre et crimes contre l'humanité, et réformer les secteurs de la sécurité et de la justice afin de les mettre en conformité avec les normes internationales », a déclaré Lynn Maalouf.

    « En attendant, l’Irak doit coopérer avec la communauté internationale afin de garantir que ces crimes donnent lieu à des enquêtes et des poursuites efficaces. Il convient d’accorder une priorité élevée à la préservation des éléments de preuve, afin que les responsables présumés d’atteintes aux droits humains puissent être traduits en justice dans le cadre de procès équitables, ce qui est essentiel pour que les victimes yézidies - et toutes les victimes de crimes de droit international en Irak - obtiennent justice et réparations, ainsi qu’elles le méritent. » 10 octobre 2016

    * Tous les noms ont été modifiés pour protéger l’identité des victimes.

    https://www.amnesty.org/fr/

    Lire aussi:

    Yézidisme

  • Pétition en Arabie pour libérer les femmes de leur tuteur (TV5 Monde)

    L'activiste Aziza Youssef lors d'un entretien, à Ryad, le 27 septembre 2016
    L'activiste Aziza Youssef lors d'un entretien, à Ryad, le 27 septembre 2016
    afp.com - FAYEZ NURELDINE

    Des milliers de Saoudiens ont signé une pétition appelant à l'abolition du système de tutelle dans ce royaume ultraconservateur où les femmes ont besoin de l'autorisation d'un tuteur pour travailler, étudier ou voyager, selon des militants.

    La pétition, qui s'adresse au roi Salmane au pouvoir depuis 20 mois, a recueilli au moins 30 000 signatures, a indiqué mardi à l'AFP l'activiste Aziza Youssef.

    Les promoteurs de cette initiative réclament que les 10 millions de femmes du royaume soient traitées comme "des citoyens à part entière" et que soit fixé "un âge (...) à partir duquel elles sont adultes et responsables de leurs propres actes", a-t-elle ajouté.

    Cette universitaire à la retraite a indiqué que la pétition serait transmise par email au cabinet royal après avoir tenté en vain lundi de la remettre directement au cabinet.

    En Arabie saoudite, grand pays du Golfe qui applique strictement la loi islamique, les femmes ont besoin de l'autorisation d'un tuteur pour "travailler, voyager, se faire soigner, se doter d'une carte d'identité ou d'un passeport" ou encore se marier, rappellent les signataires. Le royaume est aussi le seul pays au monde où les femmes n'ont pas le droit de conduire.

    Le tuteur, un fils

    Le tuteur est en principe le père ou le mari, mais il peut être aussi entre autres un frère, un fils ou un neveu.

    Des activistes relèvent que même une ex-prisonnière doit être remise à un tuteur lors de sa libération, ce qui signifie qu'une détenue peut être maintenue en prison si son tuteur refuse de l'accueillir.

    "Nous souffrons de ce système de tutelle", a déclaré Nassima al-Sadah, une activiste dans la province Orientale. La campagne a été lancée il y a deux mois sur Twitter sous un hashtag en langue arabe, appelant à l'abolition de la tutelle.

    "L'élan s'est particulièrement accéléré après la création du hashtag" et la publication d'un rapport de Human Rights Watch (HRW), a expliqué Mme Youssef.

    "Le système de tutelle masculine en Arabie saoudite reste l'entrave la plus importante aux droits des femmes dans le pays, malgré les réformes limitées de la dernière décennie", a prévenu l'organisation de défense des droits de l'Homme.

    Bien que le gouvernement n'exige plus l'autorisation d'un tuteur pour employer une femme, HRW a noté que cette autorisation est toujours exigée par des employeurs mais aussi par des hôpitaux pour certains actes médicaux.

    "Assez d'humiliation (...), je veux ma liberté", a écrit une internaute dans un tweet.

    "Comment un père illettré peut-il devenir le tuteur d'une femme très éduquée?", s'est par ailleurs interrogé un chroniqueur, Abdallah Al-Alweet, dans le quotidien local Saudi Gazette. Des militantes notent qu'obtenir l'autorisation d'un tuteur éclairé ne pose pas de problème mais la difficulté, c'est qu'il est tenu de donner son accord par écrit.

    "C'est une directive du gouvernement", en vigueur depuis une trentaine d'années, a déploré Mme Sadah.

    Chômage à 33,8%

    Pour des activistes, mettre fin au système de tutelle aidera les Saoudiennes à travailler au moment où le royaume cherche à renforcer l'emploi des femmes.

    "Cela ne peut pas se faire avec la moitié de la population paralysée", selon Mme Youssef. En avril, le vice-prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a annoncé un ambitieux plan, appelé "Vision 2030", pour diversifier l'économie et réduire la dépendance du pétrole. En vertu du Programme de Transformation nationale qui fixe des objectifs pour la mise en oeuvre de "Vision 2030", la part des femmes sur le marché de l'emploi devrait passer de 23% à 28% en 2020.

    Le taux de chômage des femmes saoudiennes s'est encore aggravé l'an dernier à 33,8%, selon des statistiques citées par la firme Jadwa Investment.

    En mars 2014, une initiative similaire avait été lancée par des militantes saoudiennes. Elles avaient appelé dans une pétition le Majlis Al-Choura, un Conseil consultatif, à agir pour promulguer un code de statut personnel et prévenir le mariage des mineures, la répudiation et le harcèlement sexuel.


  • La campagne des femmes saoudiennes pour la suppression de la tutelle masculine dans le royaume rallie des centaines de milliers de soutiens (Global Voices)

    prison_1_1.png

    ‘En prison : Mettre fin à la tutelle masculine en Arabie Saoudite’ – Capture d'écran de la campagne de Human Rights Watch Source: YouTube Video.

    Dans le cadre des actions visant à abroger les draconiennes lois anti-féminines de leur pays, les femmes d'Arabie Saoudite ont lancé une campagne exigeant la fin de l'autorisation masculine pour des activités aussi courantes que le travail, la propriété et les voyages.

    Sous le hashtag #TogetherToEndMaleGuardianship [Ensemble pour mettre fin à la tutelle légale des hommes] et sa version arabe #سعوديات_نطالب_باسقاط_الولاية (signifiant ‘Les Saoudiennes exigent la fin de la tutelle légale’), la campagne a récolté des centaines de milliers de soutiens à travers le monde.

    Financée par Human Rights Watch, la campagne suit la publication de son rapport détaillé intitulé “Coincées : les femmes et l'institution de la garde légale masculine en Arabie Saoudite”. L'organisation internationale de défense des droits humains explique :

    En Arabie Saoudite, la vie d'une femme est contrôlée d'un homme de la naissance à la mort. Toute femme saoudienne doit avoir un gardien masculin, d'ordinaire son père ou son mari, dans certains cas un frère ou même un fils, qui a le pouvoir de prendre toute une gamme de décisions cruciales à sa place. Comme l'ont déclaré des dizaines de femmes à  Human Rights Watch, l'institution de la tutelle légale est l'obstacle le plus considérable à la mise en oeuvre des droits des femmes dans ce pays, transformant efficacement les femmes adultes en mineures juridiques incapables de prendre des décisions clés les concernant.

    Le rapport comportait trois courtes vidéos illustrant les effets de l'institution sur la vie des femmes, et des déclarations de citoyennes et militantes féministes saoudiennes qui considèrent la loi comme un handicap social et économique.Ainsi, une ancienne directrice d'école et Saoudienne engagée de 44 ans, Hayat, disait à Human Rights Watch le 7 décembre 2015 :

    L'institution de la tutelle légale affecte aussi la capacité des femmes à chercher du travail à l'intérieur de l'Arabie Saoudite et à saisir des opportunités à l'étranger qui pourraient faire progresser leur carrière. Plus précisément, les femmes ne peuvent demander un passeport sans l'accord d'un gardien masculin, et ont besoin de sa permission pour voyager hors du pays. Les femmes ne peuvent pas non plus étudier à l'étranger avec une bourse du gouvernement sans approbation du gardien, et, même si ce n'est pas toujours appliqué, doivent officiellement être accompagnées d'un parent masculin tout au long de leurs études.

    Cela sème le doute en vous et dans votre conscience de soi. Comment pouvez-vous vous respecter, comment votre famille vous respectera, s'il est votre gardien légal ?

    Human Rights Watch explique aussi que les motifs religieux qui justifieraient prétendument l'institution de la tutelle légale masculine ont été contestées à maintes reprises :

    L'imposition en Arabie Saoudite de l'institution de la garde légale est fondée sur l'interprétation la plus restrictive d'une sourate coranique ambiguë—interprétation contestée par des dizaines de Saoudiennes, parmi lesquelles des universitaires et des féministes musulmanes, qui ont été interrogées par Human Rights. Les théologiens contestent eux aussi cette interprétation, y compris un ancien magistrat saoudien qui a dit à Human Rights Watch que l'imposition par le pays de la garde légale n'est pas requise par la charia, et l'ancien directeur de la police religieuse, lui aussi théologien respecté, qui a dit en 2013 que l'interdiction de conduire pour les femmes en Arabie Saoudite n'est pas exigée par la loi islamique.

    Voilà, parmi de nombreuses autres raisons, pourquoi les femmes saoudiennes et ceux qui les soutiennent contestent, sur Twitter et ailleurs, l'institution de la tutelle. Selon Vocativ, au 4 août 2016, pas moins de 170.000 tweets avaient été envoyés tant en arabe qu'en anglais.

    Rien d'étonnant à de telles positions si on considère que l'Arabie Saoudite a été classée 134ème sur 145 pays de l'Index mondial des inégalités hommes-femmes du Forum Economique Mondial de 2015, ce qui n'empêche pas les femmes saoudiennes de poursuivre la lutte dans l'espoir que le statu quo sera bientôt ébranlé.