Depuis la mi-juillet, la guerre civile s'étend en Libye.
Les combats qui font rage auraient déjà fait plus de 200 morts et des centaines de blessés. L'aéroport international de Tripoli est pratiquement détruit, les relations aériennes avec la Libye sont suspendues et les ressortissants étrangers fuient un pays en proie à un chaos grandissant. Le nouveau Parlement issu des élections du 25 juin a dû tenir sa séance inaugurale du 4 août dans la ville de Tobrouk, à l'extrême est du pays, la seule retenue comme étant sûre. Ainsi, trois ans après le renversement de Kadhafi, plus aucune véritable autorité politique ne s'impose dans le pays.
En effet, depuis trois ans, toutes les tentatives de mettre en place un gouvernement disposant d'une quelconque autorité ont échoué.
Les milices des « révolutionnaires » de 2011, puissamment armées après avoir mis la main sur les stocks d'armes du régime, sont maintenant sous l'autorité de divers seigneurs de guerre qui se disputent les zones d'influence. Elles peuvent s'affirmer islamistes ou nationalistes, s'accuser réciproquement d'être des « résidus » de l'ancien régime, mais veulent surtout exercer une autorité sans partage sur leur région et s'en approprier les bénéfices.
En 2011, les États occidentaux, au premier rang desquels la France de Sarkozy, avaient décidé d'intervenir militairement pour prêter main-forte aux milices soulevées contre le dictateur libyen, ami d'hier devenu homme à abattre. Il s'agissait à en croire les discours d'apporter la « démocratie » dans le pays, mais bien sûr c'était l'exploitation du pétrole libyen qui éveillait les appétits des grandes compagnies, et non les intérêts de la population libyenne.
En fait, dans leur intervention en Libye, comme cela a été le cas en Irak, en Syrie ou en Afghanistan, les puissances occidentales ont appuyé des bandes militaires sans foi ni loi, les jouant les unes contre les autres ou pour affaiblir ou abattre le pouvoir en place. Mais maintenant, ces milices ainsi renforcées, se battent pour leur propre compte. Visiblement, les Obama, Hollande et leurs alliés arabes ne savent désormais plus comment intervenir face à ce chaos, voire s'en désintéressent car même l'exploitation pétrolière est devenue impossible. Il leur faut maintenant attendre qu'une bande plus forte qu'une autre émerge et leur permette de s'approprier les ressources du pays.
La population libyenne, elle, subit maintenant le pouvoir de ces milices, plus arbitraire encore que celui du pouvoir précédent, dans une situation où rien n'est assuré, ni la sécurité ni même l'approvisionnement quotidien. Elle vit ce que vit d'ailleurs la population d'une part croissante de l'Irak, de la Syrie, de l'Afghanistan, de larges zones de l'Afrique. Il y a bien à cela une raison commune : la domination des puissances impérialistes et le brigandage qu'elle suscite et entretient, au point de n'être même plus capable de le contrôler. Il n'y aura pas de véritable liberté pour les populations sans mettre fin à cette domination.
André FRYS
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