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La crise humanitaire s’aggrave à Ghaza (El Watan)

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Jamais depuis 1948, un exode forcé aussi massif de la population palestinienne n’a été signalé, à la différence que cette fois, personne n’a franchi la frontière.

En l’absence d’une solution négociée, dans ce qui ressemble, désormais, à une guerre d’usure entre les factions palestiniennes armées et Israël, cinq Palestiniens sont tombés au deuxième jour ayant suivi un cessez-le-feu de 72 heures qui a expiré vendredi à 8h. Deux cousins de la famille Al Msadar ont été tués par une roquette tirée à partir d’un drone israélien, qui ne rate presque jamais sa cible, alors qu’ils circulaient à motocyclette dans le camp de réfugiés de Maghazi, dans le centre de la bande de Ghaza.

Les trois autres victimes ont été retirées des décombres de la mosquée Al Qassam, dans le camp de refugiés de Nousseirat, non loin de Maghazi. Des avions de chasse de type F16 ont bombardé trois mosquées dans la seule matinée d’hier. Deux dans le camp de Nousseirat, sur la côte ghazaouie, et un dans le quartier Ezzeitoun, au sud-est de la ville de Ghaza. Dans ce qui semble être une campagne planifiée contre les lieux de culte, près de 70 mosquées ont été rasées par la machine de guerre israélienne depuis le début de l’opération militaire baptisée Bordure protectrice.

Après le retrait des forces israéliennes terrestres et leur redéploiement à l’intérieur du territoire israélien, dans la nuit de lundi à mardi, les bombardements et les destructions sont devenus moins intensifs. Depuis vendredi matin, c’est surtout l’aviation israélienne qui se charge d’attaquer. Les frappes sont moins fréquentes et moins fortes qu’avant, ce qui explique le nombre relativement peu élevé de victimes palestiniennes tombées quotidiennement.

Avant l’annonce de la trêve de trois jours, plus de 100 Palestiniens tombaient par jour sous les bombardements effectués non seulement par l’aviation mais aussi par l’artillerie et la marine de guerre. De son côté, la résistance palestinienne se contente de tirer seulement quelques dizaines de roquettes quotidiennement au lieu de plusieurs centaines comme auparavant. Les brigades Ezzedine El Qassam, branche armée du Hamas, avaient prévenu Israël qu’elles lui imposeraient une guerre d’usure qu’il ne pourra pas supporter, au cas où il ne répond pas positivement aux revendications présentées par la délégation palestinienne qui se trouve au Caire.

En effet, bien que les roquettes palestiniennes soient moins nombreuses à tomber en territoire israélien, la vie reste paralysée dans l’Etat hébreu, où les gens vivent dans les abris depuis le début des hostilités. L’aéroport international Ben Gourion, près de Tel-Aviv, a été fermé vendredi, pour la deuxième fois depuis le début de cette guerre sanglante. Pour la population palestinienne de Ghaza, l’actuelle agression s’est avérée beaucoup plus sanglante que tout ce qu’a entrepris l’armée israélienne dans l’étroite bande côtière auparavant. L’opération Plomb durci, lancée en décembre 2008 avait duré trois semaines avec moins de 1500 morts et 5000 blessés.

Piliers de fumée de novembre 2012 s’est soldée par la mort de moins de 200 Palestiniens, tandis que l’actuelle agression, dont c’est la 5e semaine consécutive, a fauché près de 2000 vies de citoyens, en majorité des civils, et causé des dégâts matériels considérables, surtout dans le domaine de l’habitat. Près de 30 000 maisons palestiniennes ont été directement bombardées ou ont subi des dommages collatéraux, qui les ont rendues inhabitables.

De ce fait, près de 300 000 citoyens sont aujourd’hui sans domicile. Jamais depuis 1948, un exode forcé aussi massif de la population palestinienne n’a été signalé, à la différence que cette fois personne n’a franchi la frontière. Il s’agit d’un déplacement de la population à l’intérieur de son territoire.

Une crise humanitaire à plusieurs facettes

Avec des localités et des quartiers entiers rasés et rayés de la carte et un nombre toujours croissant de réfugiés, la bande de Ghaza mérite aujourd’hui sa dénomination de zone sinistrée. Les responsables de l’Unrwa, l’agence onusienne pour l’aide aux réfugiés palestiniens, qui accueille dans ses écoles la grande majorité des réfugiés de cette guerre, ainsi que les responsables du ministère palestinien de la Santé ne cessent, depuis plusieurs jours, d’attirer l’attention du monde entier sur la nécessité vitale de faire parvenir des aides humanitaires internationales à toutes ces victimes d’une guerre qu’ils n’ont pas voulue.

Avec plus de 50 personnes par classe, des conditions d’hébergement inadéquates et hygiéniques déplorables vu le manque d’eau potable, des rations alimentaires insuffisantes, l’apparition de maladies contagieuses, cutanées, du système digestif, du système respiratoire et même des cas de méningite, la crise humanitaire peut faire encore plus de dégâts que les attaques féroces de l’armée israélienne. L’Unrwa, et les initiatives locales ne peuvent subvenir aux besoins de ce grand nombre de citoyens. Il suffit de visiter une de ces écoles pour se rendre compte de l’ampleur du drame que vivent les Ghazaouis.

Leur situation a changé en un temps record. Après avoir perdu leur habitation, généralement le fruit de toute une vie de travail, même s’ils avaient eu la chance de s’en sortir tous vivants, ils se retrouvent à demander l’aumône. Chose difficile à concevoir par la plupart, dont la dignité a été égratignée. «J’ai perdu non seulement ma maison, mais aussi mon petit camion qui nous permettait de vivre dignement avec mes 7 enfants. Le plus âgé de mes fils a 22 ans, il est encore étudiant à l’université.

Aujourd’hui, je suis sans abri et surtout sans revenus... Je ne sais pas ce que je vais faire après la fin de cette sale guerre», nous a dit en soupirant Abou Omar, réfugié de Chedjaiya, rencontré dans une école de l’Unrwa, dans le quartier Ennasr, à l’ouest de Ghaza. Chedjaiya est ce quartier de l’est de la ville de Ghaza, dont des pâtés entiers ont été rasés et plus de 150 citoyens ont été tués en une seule nuit. Des cas comme celui d’Abou Omar se comptent malheureusement par milliers à Ghaza aujourd’hui.

La crise humanitaire qui frappe l’enclave palestinienne ne se limite pas aux seuls réfugiés. Le manque terrible de courant électrique s’est répercuté sur d’autres secteurs stratégiques, en particulier ceux de l’hydraulique et de la santé. La population de la bande de Ghaza dans son ensemble a soif aujourd’hui. L’eau potable est devenue un luxe difficile à obtenir. Les stations de pompage des eaux usées sont à l’arrêt dans certaines régions. Des mares d’eaux usées commencent à se former dans certains quartiers.

Des épidémies de toutes sortes peuvent apparaître à tout moment. Avec des hôpitaux dépassés par le grand nombre de blessés, manquant de médicaments et de matériel médical, le système de santé palestinien ne pourra jamais faire face à autant de défis. Cette situation chaotique ne prendra fin qu’avec une aide internationale adéquate et l’arrêt de la campagne militaire israélienne, dont l’un des objectifs, était justement de punir collectivement une population qui ne fait que revendiquer son droit à la vie. le 10.08.14 | 10h00

 

Fares Chahine

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