Deux courts articles de Michael Warschawski, militant anti-sioniste israélien.
Le premier (« La double guerre d’Israël ») porte sur la montée d’un courant fasciste au sein de la société israélienne. Le second (« Surpris! ») rappelle que le mépris raciste pour les opprimés caractérise toute guerre coloniale et rappelle que toutes ces guerres ont finalement été perdues par les oppresseurs, malgré leur supériorité écrasante. « Gaza ne fera pas exception », conclut notre camarade. Solidarité avec le peuple palestinien ! Tous à Bruxelles le 17 août (gare du Nord, 14H). Palestine vaincra ! (LCR-web)
La double guerre d’Israël
Israël est impliqué dans une double guerre : une guerre contre le peuple palestinien et une guerre pour l’avenir de l’État. La démonstration de samedi (19 juillet, NDLR) à Tel-Aviv est une tentative tardive, beaucoup trop tardive, pour sauver une certaine image d’Israël, un Israël qui n’existe pas.
Est-ce le début d’un retour à la santé mentale pour la société israélienne?
Il est beaucoup trop tôt pour répondre à cette question, mais la manifestation anti-guerre de samedi à Tel-Aviv a été la première manifestation de masse pour protester contre l’opération sanglante d’Israël… envers la population de Gaza. Entre quatre et cinq mille personnes ont exprimé leur opposition à l’agression israélienne, mais aussi leur inquiétude sur le parcours dangereux que la société israélienne a emprunté ces derniers mois.
En fait, je crois que le destin d’Israël était la principale préoccupation de la majorité des manifestants.
Alors que le noyau des manifestants était les « usual suspects », c’est-à-dire des militants du mouvement contre l’occupation des territoires, j’ai identifié beaucoup de femmes et d’hommes qui ne viennent généralement pas à ce genre d’événements, des gens qui sont plus proches du consensus national. Leur principale préoccupation est que le vieux consensus n’existe plus, et qu’une nouvelle voix effrayante occupe le devant de la scène.
Comme de très nombreux autres journalistes israéliens, j’utilise le terme de «fasciste» pour caractériser cette nouvelle force politique. Comme les autres mouvements fascistes dans l’histoire moderne, le fascisme israélien tente de terroriser les voix et les mouvements d’opposition. Et les actions des fascistes israéliens ont en effet réussi à répandre la peur, y compris parmi les défenseurs des vétérans.
Pour un segment important de la société israélienne, «leur» Israël est donc en péril, un Israël qui essaie de garder une image de démocratie et de libéralisme, pas un État brutal qui consiste à importer dans sa propre société les méthodes utilisées contre la population palestinienne colonisée. Cette image a été sérieusement érodée au cours des trois dernières décennies mais, pour une forte minorité, il reste important de l’entretenir.
Tout à coup, ceux-là vont se regarder dans le miroir et découvrir qu’ils sont des monstres. En quelque sorte, après trois semaines d’une opération meurtrière, composée de crimes de guerre et qui a fait plus de 1 000 morts (le 24 juillet, NDLR), des civils pour la plupart, ils essaient de se dissocier de ce qu’ils voient dans le miroir.
L’importance de la manifestation de samedi doit être trouvée, cependant, dans le fait que c’était une manifestation contre la peur: « Nous n’avons pas peur », a dit le peuple à Tel-Aviv, ou, au moins, « nous sommes en mesure de surmonter notre peur ».
D’une certaine manière Israël, est impliqué dans une double guerre : une guerre contre le peuple palestinien et une guerre pour l’avenir de l’État. La démonstration de samedi à Tel-Aviv est une tentative tardive, beaucoup trop tardive, pour sauver une certaine image d’Israël, un Israël qui n’existe pas.
Publié dans alternativenews.org, site de l’Alternative Information Center.
(Sur base d’une traduction française par D. Hamon).
Surpris!
Un ami architecte me disait, il y a déjà longtemps, qu’une des premières choses qu’il a apprise à l’école d’architecture c’est qu’un mur invite toujours soit un pont soit un tunnel. Les êtres humains ne supportent pas d’être enfermés dans une cage, et feront toujours tout pour trouver les moyens de franchir les murs qui les entourent. Il suffit d’ailleurs de se souvenir du ghetto de Varsovie, et des multiples moyens qu’utilisaient les Juifs assiégés pour passer du cote aryen afin de s’y refugier ou d’y trouver de la nourriture ou des armes. Les égouts, en particulier. A Gaza ce sont des tunnels, vers le territoire égyptien, mais aussi vers Israël.
En découvrant le système ingénieux des tunnels creusés par le Hamas pour pouvoir pénétrer sur le territoire israélien, les militaires israéliens n’ont pas pu cacher leur surprise: « On savait qu’il y avait des tunnels, mais ce que nous venons de découvrir dépasse tout ce que nous imaginions » a déclaré à la télévision un officier supérieur.
Une fois de plus les services de renseignements sont surpris:
surpris en 1973 par l’offensive syro-égyptienne; surpris en 1982 par la capacité de résistance des Palestiniens dans les camps de réfugiés; surpris en 1987 par l’Intifada; surpris par la résistance du Hezbollah en 2007; toujours surpris!
On dit pourtant que les services de renseignements israéliens sont parmi les meilleurs du monde; comment expliquer alors cette surprise récurrente?
Les experts israéliens ne sont pas plus bêtes que leurs collègues français à l’époque de la guerre d’Algérie ou états-uniens pendant la guerre du Vietnam, et ils souffrent de la même lacune: l’hybris colonialiste: la supériorité militaire rend aveugle et le racisme, inhérent à toute guerre coloniale, engendre la bêtise.
C’est la raison pour laquelle les militaires et les colonialistes de tous genres sont toujours pris de surprise; ils sont incapables de se mettre à la place des colonisés et de prédire leurs comportements comme des êtres humains qui seraient comme eux. C’est pourquoi ils ont toujours perdu leurs guerres coloniales, malgré leur supériorité militaire écrasante. Gaza ne sera pas une exception.
http://www.lcr-lagauche.org/non-a-limpunite-des-criminels-de-guerre-israeliens/