Il y a une mois, jour pour jour, et dans un scénario comparable à tant d’autres contestations, les autorités ont commencé par banaliser, puis discuter, ensuite intimider avant de promettre une réponse positive à la revendication unique, à savoir l’arrêt des puits expérimentaux de Dar Lahmar et enfin maintenir le programme et lancer l’appât de la promotion de cette daïra en wilaya. L’opposition au gaz de schiste se propage à travers le pays et dans la diaspora.
In Salah a réussi le pari de la résistance, elle entame son deuxième mois de soulèvement par une série de manifestations de solidarité, une prise de conscience citoyenne contagieuse et un nouveau round de négociations avec les autorités, non pas à l’aéroport d’In Salah, mais à El Mouradia. Au moment où une dizaine de wilayas du pays ainsi que les villes de Paris et de Lyon, en France, organisent aujourd’hui une série de manifestations de soutien aux opposants au projet de gaz de schiste d’In Salah, la société civile locale de cette ville a désigné une trentaine de délégués chargés de mener un nouveau round de négociations avec la Présidence.
Le comité des 22, auto-dissous après les menaces de Mahmoud Djemaa, wali de Tamanrasset, qui avait demandé la levée du camp au lendemain du show télévisé du Premier ministre, a fini par se reconstituer. «Le groupe bénéficie de la confiance des gens, les membres ont été obligés à poursuivre les démarches, on veut qu’ils soient automatiquement présents en compagnie de huit autres personnalités reconnues», apprend-on auprès d’un proche du comité.
La marche du 31 janvier sera une nouvelle supplication, une prière collective chez cette population qui est restée pacifique jusqu’au bout : «Ya Allah ya Rahim, Arhamna Yallah». Il faut croire que la résistance continue au moment où la ville est quasiment encerclée par les radiations de la bombe nucléaire de Reggane, les puits expérimentaux de gaz de schiste à l’ouest, la séquestration du CO2 et la réinjection des eaux au nord.
La seule direction qui reste vraisemblablement libre est celle de l’est : «Le gouvernement nous a laissé la Qibla, Dieu merci, prions pour notre salut.» A la place de la Résistance, les prises de parole se succèdent tout au long de la journée : «Si le deuxième puits est torché, il emportera avec lui le reste de confiance, nous sommes en train de réprimer les jeunes qui veulent passer à la vitesse supérieure.»
Mobilisation
Ouargla, Metlili, El Ménéa, Adrar, Oran, Djelfa, Laghouat, Béjaïa, Paris et Lyon organisent aujourd’hui des «milyonias» anti-gaz de schiste
Ghazi ou Ouyahia
Pendant ce temps, la délégation des «ambassadeurs d’In Salah», tel qu’il plait à la population de les appeler, se prépare à affronter le négociateur choisi par la Présidence. Quel qu’il soit, il aura en face de lui la crème des protestataires d’In Salah qui vient d’accepter l’initiative de Mohamed Baba Ali et Abbas Bouamama, respectivement député de Tamanrasset et sénateur d’Illizi. Il s’agit des seuls élus qui se sont, dès le départ, rangés du côté des revendications de la population, tout en menant de front une campagne médiatique et de sensibilisation du gouvernement. Une quarantaine de parlementaires du FLN sont attendus demain à Tamanrasset et In Salah, apprend-on auprès de l’APW de Tamanrasset.