Avec la crise économique qu’a connue l’Algérie dans les années 1990, une nouvelle forme d’emploi avec des contrats à durée déterminée a vu le jour, une situation qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
A l’inverse des enseignants qui ont vu leur situation débloquée, pour les contractuels des autres secteurs, la régularisation tarde à se concrétiser, plongeant ces derniers dans une grande précarité.
Ils n’ont pas le droit à la création des syndicats comme le stipule la loi, mais la mobilisation des travailleurs contractuels n’a pas laissé les autorités indifférentes à leur égard, comme cela été le cas pour de nombreux syndicats. «La mobilisation des enseignants contractuels tire sa force principalement de la situation précaire qu’ils vivent quotidiennement : travail sans perception de salaire pendant deux à trois ans», explique Idir Achour, secrétaire général du Conseil des lycées Algérie (CLA). Cet ex- enseignant contractuel estime que la précarité était à l’origine de cette prise de conscience.
«Le salaire d’un enseignant contractuel représente la moitié de celui d’un permanent», déplore Idir Achour. A cela s’ajoute «la corruption dans l’organisation des concours de recrutement et l’instabilité dans leurs affectations dans les divers établissements». De l’avis du syndicaliste du CLA, «la persistance de cette situation pour un contractuel le met devant deux alternatives : le premier et celui d’abandonner le métier et changer de vocation, le deuxième est la voie de la lutte pour la régularisation de sa situation.» Vu le peu d’opportunités proposées par le marché de l’emploi en Algérie, la plupart des jeunes diplômés aspirent à arracher un poste de travail permanent.
Et ce, non seulement dans le secteur de l’Education mais pratiquement dans tous les secteurs ayant opté pour les contrats à durée déterminée. A titre d’exemple, le secteur de l’Education fonctionne, selon les statistiques du CLA, avec un taux de 10 à 20% des contractuels depuis 1988. Cet état de fait a donné lieu à plusieurs mouvements de protestation des enseignants contractuels. Soit un mouvement tous les 5 ans pour réclamer leur intégration dans les postes qu’ils occupent depuis plusieurs année.
Ainsi, plusieurs décrets d’intégration de ces enseignants ont été promulgués de 1989 à 2011. A présent, 20 000 enseignants protestent depuis trois mois pour réclamer encore une fois des postes permanents. Idem pour les ouvriers professionnels et les corps communs de l’enseignement supérieur dont les contractuels représentent 60% selon la fédération nationale des travailleurs du supérieur affiliée au Snapap.
Contractuels pour gérer la masse salariale
Les jeunes recrutés dans le cadre de pré-emploi ne cessent d’investir la rue pour réclamer leur intégration dans les postes qu’ils occupent depuis des années. 90 000 travailleurs ont été recensés à l’échelle nationale alors qu’environ 3000 travailleurs se sont déjà structurés en comité affilié au Snapap. La durée moyenne pour ces travailleurs contractuels est estimée à 4 ans, tandis que les plus anciens ont déjà travaillé pendant plus de 10 ans avec des CDD.
Idem pour les autres contractuels du secteur de la santé affilié au Snapap dont le nombre dépasse 24 700. Ces derniers luttent depuis 2010 pour leur intégration. Ni les protestations sur le terrain, encore moins les négociations avec leur tutelle n’ont pu satisfaire leurs doléances. Tandis que leur nombre ne cesse d’augmenter. «On s’attend à avoir 50 000 travailleurs contractuels en 2015», estime M. Ben Messaoud, président de la Fédération nationale de la santé publique affiliée au SNAPAP.