L’association ATTAC suit avec une grande inquiétude l’opération de prêt en cours de réalisation par le Conseil de ville de Casablanca auprès de la Banque mondiale (BM), sans cadre légal.
Ce prêt de 2 milliards de DH (200 millions de dollars) sur une durée de 29 ans est un financement aggravant l’endettement extérieur de l’ensemble des communes marocaines, qui ne dépasse pas les 280 millions de DH.
Le Conseil présente cette dette comme un financement du Plan de développement de la Région du Grand Casablanca de 2015-2020 qui coutera 33 milliards de DH. Or, ce prêt est une opportunité pour la BM de contrôler la gestion de la ville au profit des hommes d’affaires.
Ce prêt s’étale sur cinq ans, il est conditionné par l’application des réformes suivantes :
« Modernisation de l’administration fiscale locale »,
« L’amélioration de la gestion des RH »,
« L’amélioration du climat des affaires » au profit des promoteurs immobiliers et
« L’amélioration de la propreté de la ville ».
Ce n’est pas la première fois que les Casablancais bénéficieront de « l’expertise » de la BM. La mise à niveau du secteur des déchets ménagers et des décharges a reçu un financement de cette institution en 2009. Tout le monde est unanime pour dire que les résultats de ce programme sont catastrophiques.
Le projet de prêt a été adopté par le Commission des finances du Conseil en présence de 5 élus seulement et à quelques jours de la fin de leur mandat. Pourtant, ce prêt représente 50% du budget du Conseil. Pour faire passer ce projet, la majorité corrompue du Conseil fait miroiter aux élus le faible taux du prêt (1,29%) par rapport au taux pratiqué par le Fonds d’équipement communal (6,5%). Ce qu’omettent de dire ces dirigeants, c’est que le taux d’endettement de la Ville a atteint les lignes rouges, alors que la qualité de la gestion de la ville est déplorable.
Le service de la dette grève le budget de la Ville. 125 millions de DH ont été consacrés à cette rubrique dans le budget de 2014 pour payer que les intérêts d’anciens prêts, ce montant est en progression de 68% par rapport à 2011. Ce prêt est clairement un financement destiné à un conseil communal corrompu et va contribuer à alourdir la dette extérieure des communes et au passage la dette publique à travers la garantie fournie par l’Etat.
Suite à ces éléments, Attac Maroc annonce ce qui suit :
• Nous refusons totalement ce projet de prêt et ce qui comporte comme conditionnalités
• Nous exigeons de réaliser un audit de la dette de la Ville de Casablanca et de son budget
• Nous revendiquons que les responsables corrompus rendent des comptes sur leur gestion de la Ville
• Nous exigeons de recouvrir les créances dues à la Ville estimées à 3,7 milliards de DH et qui éviteront à la Ville de recourir à la BM
• Nous appelons toutes les forces vives de Casablanca de s’opposer à ce projet dangereux de prêt qui devrait entrer en vigueur en 2016
Communiqué du 3 août 2015 à Casablanca
4 août par ATTAC/CADTM Maroc