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Israël : le boycott que Valls veut criminaliser (Regards)

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Alors que le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) s’étend contre les produits israéliens, le premier ministre trouve que « ça suffit » et annonce des mesures. Sur ce sujet comme sur les autres, il faut juguler la contestation.

Manuel Valls préfère la liberté d’expression sur une plaque commémorative que dans la bouche des militants pro-palestiniens. Le 5 janvier il dévoilait l’hommage « à la mémoire des victimes de l’attentat terroriste contre la liberté d’expression perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 ». Deux semaines plus tard, le premier ministre confiait aux "Amis du CRIF" vouloir durcir les mesures contre les appels au boycott des produits israéliens.

« Je pense que les pouvoirs publics doivent changer d’attitude vis-à-vis de ce type de manifestations », a-t-il déclaré lundi soir. « Je pense que nous allons prendre des dispositifs – mais toujours dans l’État de droit – qui doivent montrer que ça suffit, et qu’on ne peut pas tout se permettre dans notre pays. » Dans la lignée de l’interdiction des manifestations pro-Gaza à l’été 2014, Manuel Valls demeure dans une logique de criminalisation du mouvement de solidarité avec la Palestine.

BDS : des victoires importantes

La manœuvre est toujours la même, et bien rodée : disqualifier les critiques de la politique israélienne en les assimilant à de l’antisémitisme. « On est passé de la critique d’Israël à l’antisionisme et de l’antisionisme à l’antisémitisme. » En décembre dernier déjà, Manuel Valls condamnait devant l’Assemblée nationale le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), dénonçant la volonté « de confondre critique légitime de la politique de l’État d’Israël avec l’antisionisme et l’antisionisme qui bascule dans l’antisémitisme ».

Lancée en juillet 2005 par 170 organisations palestiniennes, cette campagne internationale préconise des « mesures de sanction non violentes (...) jusqu’à ce qu’Israël honore son obligation de reconnaître le droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination et respecte entièrement les préceptes du droit international ». Trois types de mesures sont recommandées : boycott de l’économie et des institutions israéliennes, notamment universitaires, retrait des investissements étrangers, sanctions contre l’État et ses dirigeants.

Le mouvement a remporté des batailles importantes l’année dernière, y compris en France : Orange a promis de rompre son contrat avec la société de téléphonie israélienne Partner Communications, le festival de BD d’Angoulême a annulé le sien avec Sodastream, une entreprise de machines à soda installée dans une colonie de Cisjordanie, et Veolia s’est complètement retiré du pays. Sur le front culturel, des vedettes comme Lauryn Hill et Thurston Moore de Sonic Youth ont refusé de jouer dans le pays.

L’interdiction d’une critique citoyenne

La campagne pourrait toutefois être mise à mal par la décision de la Cour de cassation, qui a déclaré illégal en octobre dernier, l’appel à boycotter des produits israéliens et confirmé la lourde condamnation de quatorze militants BDS. Ces derniers étaient entrés dans des supermarchés à Mulhouse où ils avaient crié des slogans, distribué des tracts et porté des vêtements appelant au boycott des produits israéliens. La France devient ainsi le seul pays à pénaliser les appels à ne pas acheter les produits israéliens.

La Cour a invoqué un article de la loi de la presse qui évoque le délit de "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race, ou une religion déterminée". Or cette loi « ne prévoit nullement de protéger la politique d’un État contre une critique citoyenne, lorsque cette critique prend la forme d’un appel au boycott de produits, rappellent les militants et intellectuels signataires d’un appel à renforcer le mouvement BDS. À de nombreuses reprises, des organisations ont appelé dans le monde au boycott de la Birmanie ou de la Russie, de la Chine ou du Mexique, sans que soit jamais évoquée une telle clause ».

Dans le contexte d’un état d’urgence dont on a vu comment il était utilisé contre les mouvements sociaux durant la COP21, la dissuasion et la répression de la contestation étendent leur emprise, activement soutenues par un Manuel Valls dont les combats sont décidément très sélectifs.

http://www.regards.fr/web/article/israel-le-boycott-que-valls-veut

http://www.politis.fr/articles/2016/01/pour-valls-bds-ca-suffit-37/

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