Ne laissons pas se reproduire le scénario criminel de la Samir1 dans le secteur portuaire.
Le 20 juin 2016, l’État a décidé de mettre en bourse 40 % des actions de la société Marsa Maroc, entreprise d’exploitation des ports du Maroc. Après la libéralisation du secteur et son ouverture au capital national et international, c’est le dernier épisode de privatisation du secteur portuaire. Dans un premier temps, l’État a disloqué la société d’exploitation des ports du Maroc , puis l’a privatisée et donner la gestion des nouveaux ports à l’Agence Nationale des Ports, en gestion déléguée comme le cas du port de Tanger Méditerranée 1 et 2. Ensuite les offrir aux sociétés multinationales. Avec la privatisation de Marsa Maroc, l’État marocain a décidé de céder au privé ce secteur stratégique et vital pour notre souveraineté.
Cette privatisation est dans la continuité d’un long processus de privatisations des secteurs publics rentables au profit du capitalisme local et international. Des Offices ont bénéficié de lourds investissements publics permettant leur réfection et rénovation avant le retrait de l’État de ces secteurs. Dans le cas de Marsa Maroc, une des premières conséquences de cette politique est la baisse continue des parts de l’entreprise dans le secteur passant de 49 à 46% en 2015.
Marsa Maroc est une société publique rentable, avec une croissance annuelle moyenne de 5% et un résultat net consolidé en évolution de 18% en 2015. Pour ATTAC Maroc, ce retrait de la gestion, du contrôle et de la propriété publique de ce secteur stratégique représente une autre nouvelle catastrophe. Le cas de la Samir en est le triste exemple de cette politique.
Cette entreprise a versé dans les caisses de l’État en 2015, 882 millions de DH, et est sans endettement.
Toute sa dette a été payée grâce au soutien des finances publiques. Au contraire, elle dispose d’un excédent de 1,4 milliards de DH. Cette société est la poule aux œufs d’or pour son actionnaire (l’État) et elle est promise à un avenir prospère, malgré la concurrence et la libéralisation de ce secteur. Faisant fi de tous ces indicateurs favorables, l’État offre cette entreprise en cadeau au capital financier.
Cette introduction en bourse vise à relancer un marché boursier morose depuis 2008. L’État se range une nouvelle fois du côté des acteurs de ce marché spéculatif. Les banques seront les premières bénéficiaires de cette opération. Elles ont accompagné Marsa Maroc dans tout le processus de privatisation (évaluation, intermédiation, placement). Le groupe Attijariwafabank est le premier gagnant de cette opération, à travers ses filiales Attijari Corporate Finance et Attijari Intermédiation.
Sur la base de ces données et partant de notre double conviction : la défense de nos biens publics et la lutte pour une économie au service des citoyens répondant à leurs besoins essentiels, au lieu d’être au service des capitaux étrangers et nationaux, l’Association des ATTAC Maroc annonce ce qui suit :
Nous nous opposons au retrait de l’État de Marsa Maroc, cette entreprise publique est stratégique dans un secteur vital, d’autant plus que la société est aujourd’hui rentable. Nous refusons à ce que l’État joue le rôle de catalyseur de la bourse via les biens publics en présentant des cadeaux à cette « économie casino ». Nous défendons Marsa Maroc, comme entreprise publique et un outil de la souveraineté économique et un créateur d’emplois. Nous appelons les travailleurs de l’entreprise à s’opposer aux plans visant le démantèlement d’une entreprise qu’ils ont bâti à la sueur de leur front.. Nous restons mobilisé.es aux côtés des travailleurs de l’entreprise dans leurs actions de lutte pour préserver leurs acquis et droits.
Le secrétariat national, le 29 juin 2016. 2 juillet 2016
http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/privatisation-de-marsa-maroc