En réaction à la décision prise vendredi 18 novembre par la Cour d'appel de Nouadhibou d’acquitter et de libérer trois militants anti-esclavagistes, et de réduire la peine pour 10 autres- y compris sept qui sont libres pour avoir déjà purgé leur peine-Kiné Fatim Diop, chargée de campagne pour l'Afrique de l'Ouest à Amnesty International, a déclaré :
« La libération des trois militants anti-esclavagistes, qui avaient été injustement condamnés à des peines allant jusqu’à 15 ans d'emprisonnement pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions, est un grand soulagement pour les personnes arrêtées arbitrairement, leurs familles et pour tous ceux qui ont fait campagne pour mettre fin à la répression violente des défenseurs des droits humains en Mauritanie.»
“Toutefois, le fait que la Cour n’ait pas acquitté les 10 d’entre eux dont trois qui vont rester en prison représente un signe inquiétant du rétrécissement de l’espace dont disposent les organisations de la société civile et les personnes qui défendent les droits humains en Mauritanie. Il est aussi consternant que la décision du tribunal ait ignoré les allégations de torture formulées par les accusés et qu'aucune enquête n'ait encore été ouverte ».
« Les autorités doivent reconnaitre explicitement la légitimité de toutes les organisations qui travaillent à mettre fin à l’esclavage et la discrimination, y compris l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste tout en s’assurant que la justice ne soit pas utilisée contre ceux qui défendent les droits humains »
Complément d’information
Vendredi 18 novembre, la Cour d'appel a libéré trois militants anti-esclavagistes et réduit la peine de 10 autres qui ont été emprisonnés depuis le 30 juin. Sur les 10, sept ont été condamnés à un an de prison dont quatre mois ferme, deux à trois ans de prison dont deux ans ferme, et un dernier à six mois ferme. En dehors des acquittés, tous les autres vont payer une amende de 45. 897 USD.
La Cour a condamné sept d’entre eux pour appartenance à une organisation non reconnue. Les deux condamnés à deux ans de prison sont accusés d’attroupement non armé, d’avoir empêché la police de faire son travail, et d’appartenance à une organisation non reconnue. Un dernier est accusé d’avoir ordonné un regroupement non armé et d’appartenance à une organisation non reconnue.
En première instance, ils avaient été condamnés à des peines allant de trois à 15 ans d’emprisonnement pour des accusations forgées de toutes pièces de rébellion, de recours à la violence, d’agressions contre des policiers et des représentants de la justice, et d’appartenance à une organisation non reconnue.
Ces accusations étaient liées à une manifestation qui a eu lieu dans la capitale, Nouakchott, en juillet 2016 pour protester contre l'expulsion des habitants d’un bidonville. Pourtant, aucun des 13 militants n’était présent à cette manifestation et l’organisation dont ils sont membres, l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste, n’y a pas apporté son soutien.
Cinq des sept personnes du bidonville qui ont été arrêtées sont aussi condamnées à des peines allant d’un à cinq ans d’emprisonnement par la Cour d’appel qui a ordonné une amende d’environ 3000 USD. Les deux ont été acquittés.
18 novembre 2016