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Albert Camus disait que « mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur au monde », paroles qui se confirment tout à fait à propos du conflit syrien.
Ainsi les médias – qui nous donnent envie de les détester chaque jour davantage, quand cela n’est juste pas possible – et leurs journalistes pressés pour infos et réflexions rapides présentent et mettent en scène que deux camps: les rebelles et les forces loyalistes fidèles à Bachar el-Assad.
Les plus futés nous jouent les « experts » en invoquant la fameuse guerre de religion entre les chiites et les sunnites… La connotation défavorable du terme rebelle s’installe dans tous les esprits et aide à légitimer les atrocités commises par le soit-disant autre camp dit gouvernemental.
Parmi ces « rebelles » Daesh était peu ou pas représenté à Alep.
Les autres groupes que nous qualifierions de résistants au régime fasciste du boucher Assad, rassemblent des soldats perdus de différentes milices financées par des ressources improbables et qui se livrent elles aussi à des atrocités mais, parmi ces forces, particulièrement à Alep se trou- vaient également des combattant issus du processus de libération de la Syrie que sous soutenons.
C’est contre ces derniers que toutes les autres forces, se sont en dernier ressort liguées et c’est contre eux que tous les impérialismes se sont dressés, pour appeler les choses par leur nom.
Contre un processus révolutionnaire, il valait mieux pour les puissants conforter un Assad en ne lui laissant qu’un seul ennemi Daesh, susceptible de pouvoir fédérer contre lui, le monde entier, tout en étant incapable de fournir la moindre perspective de libération populaire.
Une guerre sans fin pour remplacer la « guerre froide » qui a si bien servi les impérialismes des décennies durant. Les forces soit-disant « loyalistes » ou « gouvernementales » comme on dit positi- vement dans les médias, alors que l’armée régulière est exsangue, et ceux qui ont martyrisé Alep ne sont qu’un ramassis de bandes armées, « pistoleros » modernes comme le Hezbollah libanais, les diverses milices irakiennes, afghanes et pakistanaises dirigés par les Gardiens de la révolution iraniens.
Elles sont responsables d’odieux massacres, y compris de l’utilisation d’armes chimiques pros- crites. Ces mercenaires ne peuvent agir qu’avec l’appui déterminants de l’aviation russe et ses bom- bardements sauvages qui sont tout autant des crimes de guerre tournés contre les populations civiles. Nous sommes devant une guerre d’inspiration fasciste comme à Guernica, Dresde ou Gaza, fondée sur le massacre et la terreur des populations civiles mais qui n’a pu empêcher la reprise de Palmyre par les autres assassins de Daesch.
Ces forces regroupées sont à l’origine du retournement militaire en Syrie au profit du clan Assad en attendant les autres bouleversements qui ne manqueront de se produire dans le chaos installé au Moyen Orient, et en Afrique du Nord, Egypte, Lybie, Mali. L’aventure coloniale de la Russie et de la Turquie en Syrie ne fait peut-être que commencer sur des territoires désertés par leurs habitants.
Tous les impérialismes occidentaux, y compris le russe, l’iranien, le turc, le saoudien voulaient en Syrie extirper les idées portées par les « révolutions arabes » en faisant payer à un peuple qui se soulève le prix fort. L’expression « choc des barbaries » avancée par notre camarade Gilbert Achcar n’est pas qu’une formule d’expert, elle se révèle à Alep dans son immense cruauté; nous sommes confrontés à un drame de portée considérable et à l’insondable incurie de toutes les machins nationaux ou internationaux qui cause d’humanité.
Pour notre part nous aurons d’autres comptes à régler avec toutes celles et tous ceux qui par une analyse « campiste » imbécile ont témoigné un vague soutien (et bloqué toute protestation internationale Note du Blog!) ou même une timide reconnaissance à l’égard du grand assassin Poutine même si son insigne brutalité n’excuse pas celle de ses compères de l’autre alliance, en particulier américains, anglais et français.
Mais c’est d’Alep dont il est question aujourd’hui, ce sont de ces crimes-là dont nous devons parler et contre eux qu’il nous faut agir. Ils et elles se sont montréEs imprudentEs voire complaisants envers ce torrent d’atrocités, l’un des pires commis depuis l’intervention militaire américaine en Irak, la cause de tous ces malheurs.
L’absence de critique conséquente donc spécifique de la sauvagerie meurtrière qui a été mise en œuvre à Alep par Poutine, les a conduits à assimiler tous les « rebelles » à Daesch comme les médias mainstream, à relativiser le caractère inhumain des crimes de guerre commis contre toute la population, à sous-estimer ensuite les raisons du soulèvement populaire contre Assad, et finalement ne pas soutenir les groupes issus du mouvement de libération nationale Syrien; les plus fous et les plus folles en venaient à trouver un caractère « progressiste » au régime dictatorial du clan Assad et condamner ainsi les résistants de l’intérieur que nous soutenons, comme agents des « nord-américains ». L’élimination scatologique des dernières bribes de crypto-stalinisme ne nous aura rien épargné!
La faiblesse du mouvement anti-guerre pour l’arrêt des bombardements et des interventions militai- res en France s’explique en partie par ces considérations négationnistes venant d’une certaine gauche étatiste et « républicaine », de la droite et de « l’extrême droite ».
Les grands criminels existent et prospèrent parce qu’ils savent qu’il y aura toujours des lâches pour ne pas s’opposer radicalement à leurs crimes comme l’on doit s’opposer à tout crime, et qui vont trouver des arguments pour construire du consentement à leurs pires horreurs.
Ces gens là professent une conception géo-politicienne cynique, tacticienne et sans principes, une vision du monde complotiste dont la lutte des classes et la morale la plus élémentaire sont exclues, ils affichent un niveau d’humanité flexible, car bien sûr « toutes les guerres sont affreuses »… mais « la fin vaut les moyens » comme disait déjà les staliniens avec cette maxime toujours utilisée par les dominants contre les peuples.
Quel niveau faut-il atteindre dans les exactions, les viols, les tortures, les meurtres d’enfants, de femmes, de vieillards, pour condamner ces barbaries, pour s’indigner, pour se révolter pour s’organiser pour les stopper, sans les noyer pour qu’elles disparaissent dans le carrousel infernal de tous les autres crimes du monde. Ceux perpétrés à Alep, par le satrape russe ont leurs spécificités que nous avons le devoir d’analyser pour nous mobiliser, les relativiser c’est en être les complices.
Acculés, les rebelles d’Alep ont accepté un accord de cessez-le-feu avec les forces loyalistes qui leur permet de quitter la ville avec leurs armes.
Les combattants rebelles d’Alep-Est ont fini par plier. Après quatre semaines de combats, soumis aux pilonnages de l’artillerie et à des bombardements intensifs de l’aviation russe, les insurgés avaient perdu tout espoir de résister militairement plus longtemps à l’offensive des forces loyalistes. Ils ont accepté, ce mardi d’évacuer les derniers quartiers qu’ils contrôlaient encore, en échange d’un sauf-conduit. L’accord, annoncé mardi soir, a été conclu sous la houlette de la Russie et de la Turquie, soutiens respectifs du régime de Bachar al-Assad et de la rébellion. Le cessez-le-feu est entré en vigueur dès ce mardi soir, et les premières évacuations sont prévues pendant la nuit. Les civils et les blessés devraient être évacués en premier, suivis par les combattants rebelles, qui seront autorisés à conserver leurs armes individuelles. Les civils et les blessés devaient être évacués en premier, suivis par les combattants rebelles, qui seront autorisés à conserver leurs armes individuelles. Ils pourront ensuite choisir d’aller dans les parties de la province d’Alep encore aux mains de la rébellion ou bien vers la province d’Idlib, dans le Nord, tenue par une coalition de groupes djihadistes.
Ahrar al-Cham, autre influent groupe rebelle islamiste, a confirmé l’accord d’évacuation en précisant que les civils puis les rebelles seraient transportés en bus vers ces régions. Cette évacuation met un terme à une bataille longue de six ans pour le contrôle de la deuxième ville de Syrie, qui avait commencé en juillet 2012 avec l’entrée des rebelles dans les quartiers Est de l’agglomération.
Des habitants pris au piège
D’abord favorable aux rebelles, la fortune des armes a progressivement changé de camp. Longtemps sur la défensive, le régime syrien est repassé à l’attaque d’Alep-Est à l’été 2016, coupant les quartiers insurgés de leurs dernières voies de communication. Abandonnés par la Turquie, les rebelles se sont battus avec acharnement contre une armée syrienne appuyée par l’aviation russe, et renforcée par les milices chiites libanaises et irakiennes entraînées par l’Iran. Au cours des dernières semaines, les insurgés ont perdu les uns après les autres les quartiers qu’ils contrôlaient dans la ville.
Quelque 50.000 civils sont restés jusqu’à la fin dans les derniers secteurs tenus par la rébellion, al-Machad, al-Ansari, al-Sukari, Ard al-Sabbagh et Amriya, au sud de la vieille ville. Pris au piège des combats ou empêchés de fuir, ces gens s’étaient réfugiés dans les caves et les immeubles, privés de ravitaillement et sans soins médicaux. Beaucoup craignaient plus les représailles du régime que les bombardements.
De nombreux rapports ont fait état d’exécutions sommaires perpétrées par les forces loyalistes à leur entrée dans les quartiers insurgés. Selon le porte-parole du haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Rupert Colville, au moins 82 civils, dont onze femmes et treize enfants ont été tués pendant les deux derniers jours dans quatre quartiers d’Alep-Est, Boustan al-Qasr, Ferdous, Kallasé et al-Salihin. Colville a admis qu’il était «incroyablement difficile» de vérifier ces informations, mais qu’elles étaient «corroborées par des sources multiples et dignes de foi». En quatre semaines, les combats auraient coûté la vie à plus de 463 civils à Alep-Est, tandis que 130 civils étaient tués par des tirs rebelles dans l’ouest de la ville. Plus de 130.000 civils ont fui les quartiers Est pour se réfugier dans d’autres parties de la ville. La bataille d’Alep s’achève de la même façon que plusieurs sièges précédents au cours de la longue guerre civile syrienne. À Homs, en 2014, les insurgés avaient ainsi accepté d’évacuer la vieille ville, après trois ans de siège. En août dernier, un accord du même type avait permis de mettre fin au blocus de Daraya, un fief rebelle près de Damas, suivi en septembre par deux autres localités de la Ghouta-Orientale.
Une victoire cruciale pour Bachar el-Assad
La reconquête d’Alep-Est constitue une victoire cruciale pour le régime de Bachar el-Assad, qui reprend ainsi le contrôle de la deuxième ville du pays, et remporte un succès symbolique contre une rébellion qui avait menacé de le renverser en 2012. Lui échappent encore Idlib, fief de l’insurrection djihadiste dans le Nord-Ouest, près de la frontière turque, mais surtout la partie orientale de la Syrie. Dans ces étendues désertiques, les villes de Raqqa et de Deir ez-Zor sont toujours aux mains de l’État islamique. La victoire de Bachar et de ses alliés russo-iraniens est d’ailleurs déjà ternie par la perte de Palmyre, reprise dimanche par Daech après la débandade des forces gouvernementales.