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Retraite, éducation, pouvoir d’achat, santé… Les attentes du front social (Algeria Watch)

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Implications de la loi de finances, projet de code du travail, retraite... l’année qui s’ouvre sera l’occasion pour les syndicats de réitérer les revendications restées en suspens.

Une réunion de l’intersyndicale autonome est prévue pour le 7 janvier avec à l’ordre du jour la loi sur la retraite principalement. Le Conseil des lycées d’Algérie (CLA), partenaire du groupement d’une quinzaine de syndicats autonomes, s’attend à «un bras de fer entre le mouvement social et le gouvernement».

«Chacun tient à ses positions. Le gouvernement veut faire passer une politique antisociale et les syndicalistes la rejettent énergiquement. Si nous acceptons la loi sur la retraite, le gouvernement voudra sûrement faire passer son projet de code du travail», prédit Idir Achour. Selon le porte-parole du CLA, «la médiation n’a plus de sens». «Les Algériens se rendront vite compte dès le premier mois de 2017 qu’il leur est impossible de boucler sereinement leur budget malgré les sacrifices. On ira à terme vers l’explosion sociale, sauf si le gouvernement décide de réviser ses positions», affirme-t-il.

Le gouvernement compte reprendre langue avec le partenaire social. Une réunion est ainsi programmée demain entre la ministre de l’Education nationale et les syndicats de son secteur. «La réunion vient en application de l’instruction du Premier ministre envoyé à Mme Benghabrit pour associer dans la prise de décision les syndicalistes du secteur social. Mais il y a là un dilemme. En juillet 2016, nous avons appelé le Premier ministre à un dialogue, dans le cadre de l’intersyndicale, sans l’obtenir.

Ce même responsable instruit sa ministre de nous recevoir», s’étonne Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef). Le syndicaliste regrette les reculades de Mme Benghabrit sur les réformes promises (enseignement du secondaire et baccalauréat, rythme scolaire). «La ministre est venue pleine de bonne volonté pour engager des réformes. Elle a subi des pressions qui l’ont contrainte à s’adapter.

Elle aurait pu engager la réforme du secondaire avant celle de l’examen du baccalauréat. Le dossier du rythme scolaire finalisé et remis le 22 mai 2011 aurait pu aussi être adopté pour nous éviter les problèmes des congés», détaille le syndicaliste. M. Amoura reproche aussi à la ministre de passer leurs «caprices» aux élèves. «Il ne faudra pas s’étonner de voir les élèves sortir pour exiger le ‘seuil’ et de ne pas passer l’examen durant le Ramadhan», craint-il. Le Satef appréhende, par ailleurs, la rentrée scolaire prochaine, avec le départ massif des personnels, tous corps confondus, principalement les enseignants.

«Il y aura un déficit de 70 000 enseignants à la rentrée scolaires 2017-2018. Actuellement, le ministère puise dans les listes d’attente. Il y aura une catastrophe, si le ministère et le gouvernement ne prennent pas leurs dispositions à temps. Les pouvoirs publics doivent anticiper et faire des projections», relève-t-il.

Revendications maintenues, solutions reportées

Le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) réitère, lui aussi pour cette année, les mêmes revendications formulées par son syndicat, qui vient de tenir son congrès. Le Dr Lyes Merabet annonce la tenue de la réunion du bureau national pour discuter de la situation professionnelle et débattre des dossiers en suspens ; il assure que «la relation avec la tutelle n’est pas au beau fixe». Plusieurs dossiers sont en suspens à cause du refus de l’administration de répondre aux revendications du SNPSP.

Le syndicat réclame ainsi l’amendement de certains articles du décret exécutif 09-393 de 2009 portant statut particulier des praticiens médicaux généralistes de santé publique. Il exige la classification des nouveaux diplômes (dentistes et pharmaciens) sur la grille des salaires de la Fonction publique. «Les étudiants en chirurgie dentaire et pharmacie sont en grève depuis deux mois. Ils sont en pourparlers avec le ministère mais il semble que les discussions n’ont pas abouti. Depuis 2012, le cursus de ces étudiants a été allongé de cinq à six ans. Il y a eu aussi la création d’un nouveau diplôme, le doctorat de pharmacie et de médecine dentaire. Les anciens praticiens sont toujours dans la catégorie 13.

On se retrouve ainsi avec deux diplômes pour une même spécialité», regrette Dr Merabet. Le syndicat réitère sa position concernant le projet de la loi sur la santé reporté en appelant à la prise en charge des propositions du SNPSP à travers un débat sérieux. Tout en réaffirmant sa solidarité avec l’intersyndicale pour l’abrogation de la loi sur la retraite, le syndicaliste dénonce l’entrave au droit syndical et au droit de grève par la menace et les pressions exercées sur les délégués syndicaux.

Ferguenis Nabil, chargé de communication à la fédération éducation du Snapap, regrette que les relations avec les partenaires sociaux soient tendues, surtout après l’adoption de la loi de finances. «La situation s’aggrave de jour en jour avec cette loi de finances qui s’attaque directement à la poche des travailleurs et du citoyen algériens avec une augmentation des prix. Dommage dans notre pays, on a que lutte et résistance», regrette M. Ferguenis, dont le syndicat est intégré à la Confédération générale des travailleurs (CGTA), initiatrice d’une action de protestation des communaux prévue le 4 janvier.
Nadir Iddir

El Watan, 2 janvier 2017

http://www.algeria-watch.org/

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