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Reconnaissance des crimes coloniaux commis par la France L’Etat français et les candidats à la présidentielle interpellés (Algeria Watch)

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Nombre de personnalités françaises montent au créneau et interpellent l’Etat français, à la veille de l’élection présidentielle, pour la reconnaissance par la France des crimes coloniaux.

En dépit du poids des ans et de la résistance des nostalgiques de l’empire colonial, de nombreux éléments de la société française exercent non seulement une forte pression sur la classe politique, mais aussi multiplient les initiatives visant à obliger l’Etat français à reconnaître les crimes coloniaux commis en son nom.

Rédigé par l’historien Olivier Le Cour Grandmaison, le président du Conseil représentatif des associations des Noirs de France (CRAN) Louis-Georges Tin et l’écrivain Patrick Farbiaz, l’appel fait tache d’huile. Il est appuyé par les signatures de femmes et hommes de lettres, d’artistes, d’historiens, d’écrivains, d’universitaires, de membres du mouvement associatif et de citoyens.

N’ayant négligé aucun méfait de cette sombre page de l’histoire de l’ex-empire colonial, les rédacteurs du document (dont El Watan détient une copie) fustigent, dans le préambule, «l’esclavage et les tueries collectives — populations indigènes soumises au travail forcé, dispositions racistes et d’exception, code de l’indigénat, internement administratif, responsabilité collective... — imposés aux colonisés qui, dans leur écrasante majorité, n’étaient pas considérés comme des citoyens, mais comme des ‘sujets français’ jusqu’à la libération.

Déportations, exécutions sommaires et massacres, autant de pratiques qui ont été constitutives de la construction et de la défense de l’empire colonial français. Les massacres de Thiaroye au Sénégal (décembre 1944), ceux de Sétif, Guelma et Kherrata en Algérie, qui ont débuté le 8 mai 1945 et leurs dizaines de milliers de morts en témoignent sinistrement. Il y a soixante-dix ans, au mois de mars 1947, la guerre d’Indochine et l’insurrection malgache débutaient».

Les terribles conséquences de la guerre d’Algérie et la répression des militants des territoires d’outre-mer ne sont pas éludés : «Le 1er novembre 1945, un conflit long et sanglant commençait en Algérie. Entre 1945 et 1962, la France a donc été presque constamment engagée dans des opérations militaires coloniales qui se sont soldées par près d’un million de morts. N’oublions pas la guerre longtemps occultée menée au Cameroun (1955-1971) et les répressions sanglantes des militants guadeloupéens et kanaks».

En dernier lieu, les pétitionneurs interpellent les hautes autorités de l’Etat ainsi que les candidats aux élections présidentielles françaises afin de se positionner : «Si la loi Taubira et les initiatives de la société civile ont permis un début de reconnaissance sociale et politique de l’esclavage et de la traite négrière, il n’en est pas de la même pour les crimes commis avant ou après la Seconde Guerre mondiale. Cette situation est inacceptable car elle ajoute aux massacres l’outrage aux victimes, à leurs descendants et leurs proches...

Aussi, nous demandons aux plus hautes autorités de l’Etat et aux candidats à l’élection présidentielle qu’ils se prononcent pour la réaction d’un lieu du souvenir à la mémoire de celles et ceux qui furent assassinés, l’ouverture de toutes les archives relatives à ces événements et la reconnaissance de ces crimes de guerre et de ces crimes d’Etat. C’est ainsi que justice sera rendue aux héritiers de l’immigration coloniale et postcoloniale et que les discriminations mémorielles qui les affectent toujours pourront être combattues.

Enfin, de tels actes permettront à tous les Français et Françaises de mieux connaître cette histoire singulière.» Notons que des personnalités telles que l’historienne Bantigny Ludivine, l’ex- sénatrice Alima Boumediène, le philosophe Brossat Alain, le maire du 2e arrondissement de Paris Jacques Boutault (EELV), les sociologues Cours-Salies Pierre et Fassin Eric, l’écrivain Daenick Didier, le président de l’Association les oranges M’hamed Kaki, les historiens Mbembé Achille, Gilbert Meynier, Riceputi Fabrice, Riot-Sarcy Michelle, Taraud Christelle, Ruscio Alain et beaucoup d’autres intellectuels adhèrent à la démarche qui, sans nul doute, prendra une bonne place dans l’élection présidentielle. «Avec cette forte mobilisation, il peut y avoir un espoir de reconnaissance», espère Olivier Le Cour Grandmaison …


Kamel Beniaiche El Watan, 1 février 2017

http://www.algeria-watch.org/fr/

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