Cela fait 10 ou 30 ans qu'ils habitent cet hôtel meublé du Faubourg Saint-Antoine, à Paris, qui n'a plus d'hôtel que le nom et qui tombe tristement en lambeaux.
Malgré la vétusté des lieux, l'absence d'eau chaude et les cafards sur les murs, ces vieux messieurs, immigrés venus d'Algérie et du Maroc, des "chibanis", font de la résistance pour conserver leurs chambres. Reportage d'Agathe Mahuet à découvrir dans ce journal et ci-dessous.
Parce qu'il veut vendre, le propriétaire (la CISE, Compagnie des immeubles de la Seine) les menace d'expulsion. Eux réclament d'être relogés, décemment. Tout de même, ils n'ont pas travaillé quarante ans en France, sur les chantiers ou dans les cuisines, pour finir abandonnés sur le trottoir.
Sur les murs de sa chambre de 9m², Smaïl Regredj a collé les photos de sa famillenombreuse, restée en Kabylie. A Tizi-Ouzou, j'ai une femme, huit enfants, et pleins de petits-enfants. Mais cela fait 47 ans que je travaille en France! Je ne peux pas retourner là-bas. Ma vie est ici, j'ai mes habitudes ici
Smaïl espère maintenant que la ville de Paris transformera le vieil hôtel en un immeuble de logements sociaux. Le problème, comme l'explique Moncef Labidi, responsable du Café social, à Belleville, c'est que les politiques français n'ont jamais pensé que ces travailleurs immigrés solitaires envisageraient de finir leurs jours ici, en France, loin de leur femme, de leurs enfants et du pays qu'ils ont quitté il y a bien trop longtemps pour pouvoir, aujourd'hui, retourner y vivre leur retraite :
Pour Moncef Labidi, sociologue de formation, le sentiment d'intégration des jeunes Français issus de l'immigration maghrébine serait plus fort si l'on prenait davantage soin de leurs aînés, les Chibanis. En attendant que les politiques se saisissent du dossier, Moncef et son association ont mis en place des colocations pour immigrés âgés : quatre "domiciles partagés" sont déjà loués dans le nord parisien :
10.09.2014 - 18:00