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Après un été d’horreur (Agence Médias Palestine)

Ned’a al-Najjar – connue aussi sous le nom d’Um Ayman – ne peut récupérer les vêtements qu’elle a achetés pour le bébé qu’elle attend. Ils sont ensevelis sous les décombres de sa maison, bombardée par Israël cet été. Sa grossesse s’avance et elle passe beaucoup de temps à essayer de maintenir aussi propre que possible son hébergement provisoire – une baraque exiguë en métal.

Um Ayman et son époux ont trois enfants, dont deux filles jumelles. Le dernier enfant est aveugle. Leur cabane comporte deux petites pièces. L’eau dans sa minuscule cuisine ne cesse de goutter sur le plancher. Et Um Ayman a peur que son logement temporaire ne soit entièrement inondé s’il pleut beaucoup durant l’hiver.

« J’espère que ce sera la dernière guerre contre nous » dit-elle. « Nous voulons une vie normale ».

Beaucoup de ses proches et voisins, dans le secteur de Khuzaa (gouvernorat de Khan Younis), sont confrontés aux mêmes problèmes. La maison d’Hamdan Suleiman al-Najjar a été bombardée par Israël dans les dernières heures du 51e jour de l’attaque contre Gaza, cet été.

Sa famille se compose de neuf personnes. Mais la cabane où elle s’abrite n’a de place que pour six. « J’essaie de poser quelques plaques de métal autour de ma caravane afin de l’agrandir » dit-il.


« Complètement détruites »

Les cabanes ont été fournies par la municipalité de Khuzaa, aidée par des organismes humanitaires étrangers. Hatem al-Khour, coordinateur pour l’attribution des hébergements : « Nous avons dénombré 460 maisons complètement détruites à Khuzaa. Nous espérons fournir des logements à toutes les personnes touchées. Mais nous sommes limités par des donations réduites ». Chacun des héber- gements provisoires revient à 6000 dollars (4700 €). Il ajoute que la municipalité a loué un terrain de deux km² pour des abris provisoires. Les branchements pour l’électricité et l’eau ont été installés.

Boucliers humains

Khuzaa, proche de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, a été le théâtre de certaines des pires atrocités durant l’offensive d’Israël. Il est prouvé que certains des habitants de Khuzaa ont été, à dessein, utilisés comme boucliers humains par Israël. Le 25 juillet, par exemple, les troupes israéliennes ont pris d’assaut la maison de la famille Qdeih à Khuzaa, où de nombreuses personnes avaient trouvé refuge. Après avoir abattu Muhammad Qdeih, 65 ans, certains membres de la famille élargie, notamment des enfants, ont été forcés de se tenir devant des fenêtres ouvertes, et les soldats tiraient en étant derrière eux. Certains des membres de la famille al-Najjar ont été tués par un bombardement israélien sur Khuzaa ce même jour. Parmi eux, Motassem al-Najjar, un petit garçon de 5 ans.

« Tremblement de terre »

Shehda Abu Rouk, le maire de Khuzaa, a comparé l’impact de l’agression israélienne à un tremblement de terre. Même si l’agression est terminée, on n’échappe pas aux destructions qu’elle provoquées. « Nous avons besoin d’au moins quinze engins – notamment des bulldozers et des camions – pour pouvoir enlever tous les décombres des maisons qui ont été démolies » dit Abu Rouk. Dimanche, les donateurs internationaux, qui participaient à une conférence au Caire, ont promis 5,4 milliards de dollars en aide à la reconstruction pour Gaza.

Ce chiffre peut paraître impressionnant.

Mais Oxfam, un groupe qui se bat contre la pauvreté, a mis en garde, car une grande partie de cet argent pourrait dormir sur des comptes bancaires pendant des décennies si Israël ne lève pas son siège sur Gaza. Avec les restrictions actuelles, la construction de 89 000 nouvelles maisons, 226 écoles et installations pour la santé, l’eau et le sanitaire, qu’il faut pour la bande de Gaza, pourrait prendre 50 ans, a estimé Oxfam.

Et il y a un problème encore plus fondamental à résoudre.

Israël a mené trois offensives majeures contre la bande de Gaza depuis décembre 2008. A chaque fois, les donateurs internationaux ont promis une aide à la reconstruction. Mais Israël n’a jamais été conduit devant les tribunaux pour les dommages qu’il a causés aux précédents projets d’aides, pas plus que pour ses crimes contre l’humanité. Les familles qui vivent à Khuzaa ont besoin de nouvelles maisons, certainement. Plus important encore, elles ont besoin qu’Israël soit tenu pour responsable.

À moins de prendre cette mesure, elles seront vulnérables lors des prochaines agressions.

Rami Almeghari est un journaliste et conférencier universitaire basé dans la bande de Gaza.

Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

Source: Electronic Intifada

Rami Almeghari – The Electronic Intifada – 17 octobre 2014

http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2014/10/20/apres-un-ete-dhorreur-les-familles-gazaouies-sont-maintenant-confrontees-a-lhiver-dans-des-cabanes-exigues/

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