Nous reproduisons, ci-dessous, l’appel international à libérer Wafaa Charaf, emprisonnée à Tanger en raison de ses activités militantes.
Wafaa Charaf a été arrêtée et mise en détention préventive le 9 juillet 2014 à Tanger. Elle avait déposé plainte contre X le 27 avril 2014 pour enlèvement séquestration et menaces qu’elle avait subis à l’issue d’un rassemblement de soutien aux membres du bureau syndical de la multinationale Greif licenciés pour avoir créé une section syndicale.
Elle a déclaré avoir été séquestrée plusieurs heures, questionnée sur ses activités militantes et insultée, avant d’être abandonnée hors de la ville de Tanger. De victime, Wafaa deviendra une accusée. Comme sa famille et ses camarades ,elle sera convoquée plusieurs fois par semaine au commissariat et harcelée de questions alors que la police n’avançait pas sur l’identité des responsables de l’enlèvement de Wafaa . Le 11 août, Wafaa a été condamnée à un an de prison ferme et à 1000dh d’amende et 50 000dh (5000€) de dommages pour « mensonges et diffamation », au cours d’un procès inéquitable alors que le militant Boubker Khamlichi, ex-detenu politique accusé de complicité avec Wafaa est acquitté. Wafaa fera appel.
Le procès en appel sera reporté 3 fois et le tribunal doublera la peine de Wafa qui sera condamnée à deux ans de prison tandis que Boubker sera condamné à un an avec suris. Les amendes et dommages maintenus. Rappelons que la jeune femme de 26 ans est une militante active au sein de la jeunesse de la Voie Démocratique, du mouvement du 20 Février et de l’Association Marocaine des Droits Humains. Elle a participé à plusieurs réunions et sit-in de soutien aux ouvriers et ouvrières de la zone Franche de Tanger. Elle est membre du réseau de soutien aux migrants subsahariens réprimés par les forces de police marocaines. L’arrestation de Wafaa à Tanger n’est pas due au hasard. La Zone franche bénéficie d’exonération de charges fiscales et sociales : The « Tangier Free Zone » (TFZ) confère aux opérateurs des avantages exceptionnels, notamment la dispense du régime de contrôle du commerce, l’exonération de tous les droits et taxes ainsi que des procédures douanières spéciales.
La zone franche de Tanger est classée par le Financial Times parmi les six meilleures zones mondiales du point de vue des multinationales et elle emploie près de 45.000 personnes dont une majorité de femmes dans des conditions précaires. Ainsi Wafaa a été enlevée, incarcérée puis condamnée, car elle est coupable de solidarité avec des syndicalistes et défend les droits des salariés. Wafaa paye le prix fort de son engagement pour les droits des ouvriers et pour la démocratie et la liberté d’expression au Maroc. Le procès de Wafaa est un procès politique. Il met en évidence la complicité entre les autorités marocaines et les grands groupes industriels qui veulent faire taire la voix des défenseurs des droits des travailleurs.
Il s’inscrit dans un contexte marqué par la répression sauvage des militants et de tout citoyen épris de justice et de liberté. Il montre le vrai visage du régime marocain que le gouvernement et les médias en France voudraient présenter comme « une exception dans la région ». Force est de constater que les autorités persistent dans leurs pratiques de non respect des droits humains, droits des femmes et droits syndicaux. Le Maroc se prépare à accueillir le forum mondial « des droits humains » à Marrakech du 27 au 30 Novembre 2014. Un décors pour cacher de terribles réalités. A l’étranger il essaye de redorer son blason et s’acheter une virginité à grand renfort de publicité et organise des événements politiques et culturels en Europe et au niveau mondial.
Wafaa Charaf et Boubker soutenus par leurs avocats bénévoles, se sont pourvu en cassation pour dénoncer l’iniquité de ce jugement. Wafaa continue de clamer haut et fort son innocence, de dénoncer son enlèvement. Elle renouvelle clairement sa quête de vérité sur son enlèvement et sur l’identité de ses ravisseurs. Des dizaines de personnalités, organisations et d’anonymes ont signé l’appel international pour la libération de Wafaa Charaf. Nous continuons à le faire signer, à lui écrire et à réclamer sa relaxe l’arrêt de la criminalisation de l’engagent politique au Maroc.
Nous exigeons la libération immédiate de Wafaa en attendant le pourvoi en cassation, la relaxe de Wafaa et de Boubker, Continuons à faire connaitre les atteintes aux libertés fondamentales au Maroc, à dénoncer l’impunité des tortionnaires et la libération de tous les détenus d’opinion.