Les milices houthistes sont en voie de perdre le contrôle de la deuxième ville du pays. La presse saoudienne parle du succès de son intervention militaire, mais, à Aden, on y voit surtout la victoire du mouvement sécessionniste sudiste.
“Que signifie la libération d’Aden ?” s’interroge l’éditorial du journal saoudien Al-Riyadh. Dans la deuxième ville du pays, les milices houthistes reculent en effet face à une offensive lancée par les forces progouvernementales, des milices locales et la coalition arabe menée par l’Arabie Saoudite.
“Cette avancée stratégique s’étendra progressivement aux autres provinces actuellement contrôlées par les houthistes, poursuit le journal. Dans quelques jours, le gouvernement légitime [actuellement en exil en Arabie Saoudite] pourra tenir son premier Conseil des ministres à Aden, qui sera [la capitale provisoire] du Yémen en attendant la reconquête de Sanaa.”
“D’ores et déjà, un hélicoptère de l’armée [saoudienne] a ramené à Aden les ministres de l’Intérieur, des Transports [...] ainsi que le chef du service de la sécurité nationale”, rapporte pour sa part la chaîne saoudienne Al-Arabiya. “Et cela alors que les forces progouvernementales poursuivent les opérations d’épuration de plusieurs quartiers d’Aden.”
Vue d’Aden, un pas vers la sécession du Yémen du Sud
Alors que la presse saoudienne fête ainsi une victoire censée rétablir le statu quo ante, la presse d’Aden parle au contraire d’une “victoire des forces sudistes”. A l’en croire, les événements en cours à Aden constituent un nouveau pas vers la sécession du Yémen du Sud.
Brandissant le drapeau du Sud, les héros de la résistance sudiste affirment qu’ils ne se battent pas pour le rétablissement de la ‘légitimité’ et le retour du président Hadi, mais pour libérer le Sud et rétablir un Etat indépendant”, rapporte par exemple Aden Al-Ghad.
“Je ne peux que féliciter les Yéménites du Sud”, écrit Ali Al-Boukhayti, journaliste yéménite du Nord, ancien sympathisant des houthistes.” Ils doivent maintenant faire un choix, quel qu’il soit, fût-ce la sécession. Même s’ils devaient tomber sous le contrôle de Daech ou se mettre sous la tutelle d’Israël, cela leur appartiendrait. Ce n’est pas au Nord de leur dicter ce qu’ils doivent faire.”
Et d’ajouter : “Je crains seulement que d’autres tirent opportunément avantage de la victoire à Aden, que ce soit le président en titre Hadi, [les Saoudiens] ou encore la vieille classe politique du Sud. De même, je crains que les forces sudistes se divisent et finissent par se combattre entre elles. Et que des organisations terroristes en profitent pour établir leur domination.”
Lire aussi:
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34728
http://rue89.nouvelobs.com/2015/04/11/non-tous-les-houthis-yemen-sont-chiites-autres-erreurs-258615
Commentaire: D'après Wikipédia:
Contexte historico-politique
La monarchie zaydite yéménite a été abolie à la suite d'un coup d'état républicain en 1962, soutenu par l'Égypte de Nasser, ( monarchie soutenue par l'Arabie Saoudite! NDBlog) conduisant à la mise en place du Yémen du Nord.
À la suite de la Réunification du Yémen en 1990, les Zaydites sont devenus minoritaires dans un Yémen majoritairement sunnite entre le Nord et le Sud. Les Zaydites ont obtenu des garanties du président Ali Abdallah Saleh dans le cadre de la Guerre civile de 1994 au Yémen (avec la tentative avortée de sécession du Yémen du Sud). S'estimant insatisfaits, ils ont pris les armes en 2004 contre le gouvernement.