Le Conseil de sécurité des Nations unies s’apprête à adopter ce vendredi 7 août une résolution pour établir une procédure d’enquête sur l'utilisation d'armes chimiques dans le conflit syrien.
“Cette avancée arrive après des mois d’efforts déployés par les Etats-Unis et ses alliés européens pour convaincre la Russie d’atténuer le soutien diplomatique qu'elle offre à Bachar El-Assad, l'homme fort de la Syrie”, souligne Foreign Policy. C'est chose faite à la suite de l'accord finalisé le mercredi 5 août par le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov.
“Il s’agit de la meilleure opportunité pour les Nations unies d’accuser officiellement le gouvernement syrien d'utiliser des bombes au chlore pour frapper des zones habitées”, poursuit le magazine américain.
Le projet de la résolution qui sera soumis au vote ce vendredi 7 août stipule que des recommandations seront faites dans les vingt jours pour établir un “mécanisme conjoint d'enquête”, sous la houlette des Nations unies et de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).
“C'est la première fois que nous avons une résolution des Nations unies avec un mandat pour déterminer la responsabilité de quoique ce soit dans le conflit syrien”, commente un diplomate du Conseil de sécurité dans Foreign Policy. Il ajoute : “C'est une percée importante. Elle révèle une évolution de la position de la Russie, qui s'est attachée jusqu'à maintenant à défendre le régime syrien et à lui éviter toute accusation ou blâme.”
Et le magazine d'émettre quelques réserves : la résolution qui doit être adoptée par les quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU ne propose pas de moyens spécifiques pour poursuivre des membres du gouvernement d'Assad ou des membres des groupes extrémistes qui seraient désignés comme responsables d'utilisation d'armes chimiques. “L'établissement d'une cour pénale pour les juger nécessitera une autre résolution et il n'est pas du tout certain que la Russie ira jusqu'à la soutenir.”
Foreign Policy rappelle que la Syrie est censée avoir détruit tout son arsenal chimique, conformément à un accord américano-russe conclu en septembre 2013 et entériné par une résolution du Conseil de sécurité, après un bombardement au gaz sarin qui avait fait des centaines de morts en août 2013 dans la ville de Ghouta, située dans la banlieue de Damas.
Mais, selon l'OIAC, qui a pu se rendre sur place en mai 2014 pour une mission d’inspection, l'usage “systématique et répété” de bombes chimiques ne s'est pas pour autant arrêté. Toutefois, la mission, qui a remis son rapport en septembre 2014, n'était pas en mesure de désigner les auteurs de ces attaques.