Un autre revers pour la coalition arabe
Lancée le 25 mars 2015, l’opération de raids aériens de la coalition arabe menée par l’Arabie Saoudite contre les rebelles houthis n’a pas atteint jusque-là son objectif. A savoir, chasser les Houthis, une minorité zaïdite d’obédience chiite, de la capitale Sanaa, qu’ils occupent militairement depuis septembre 2014 et rétablir le pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié à Riyad.
Ces rebelles ont bravé encore ladite coalition en convoquant hier le Parlement. Avec la tenue de cette session, les rebelles souhaitent faire approuver par les députés la création, le 28 juillet, d’un «Conseil supérieur». «L’objectif» de cette instance consiste à «rassembler les efforts en vue de faire face à l’agression menée par l’Arabie Saoudite et ses alliés» et «gérer les affaires publiques aux niveaux politique, militaire, économique, administratif, social et en matière de sécurité», selon un communiqué des rebelles et le parti du Congrès populaire général (CPG) de l’ex-président Ali Abdallah Saleh.
Impasse
L’émissaire de l’ONU, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, qui a suspendu les pourparlers entre rebelles et gouvernement la semaine dernière, a décrit le conseil de gouvernance rebelle comme une violation des engagements pour un processus de paix. Le gouvernement yéménite a annoncé, le 31 juillet, avoir accepté un projet d’accord de paix proposé par l’ONU, mais les rebelles l’ont rejeté.
Il s’agit notamment du retrait dans un délai 45 jours des rebelles, le retrait des zones occupées depuis 2014, dont la capitale Sanaa, la restitution des armes lourdes à l’armée, la levée du siège des villes et la libération des détenus.
L’accord du gouvernement à ce plan est intervenu après une réunion à Riyad dirigée par le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, considéré comme l’autorité légitime par la communauté internationale.
Mercredi dernier, l’ONU et l’Iran se sont alarmés de la reprise des raids et des combats à grande échelle.
«Le secrétaire général de l’ONU est profondément inquiet des informations sur l’intensification des combats dans les provinces de Hajjah, Saada et Sanaa», a déclaré l’un de ses porte-parole. «L’escalade aggrave la situation humanitaire et les souffrances du peuple yéménite». L’Iran a dénoncé l’«inaction» de la commu- nauté internationale face aux «atrocités que font subir les Saoudiens au peuple yéménite». Le ministère des Affaires étrangères à Téhéran a appelé l’ONU et les pays fournisseurs d’armes à l’Arabie Saoudite à entreprendre des «efforts effectifs pour arrêter ces attaques et prendre les mesures nécessaires pour protéger les civils».
La veille, le département américain de la Défense avait annoncé que les Etats-Unis allaient vendre à l’Arabie Saoudite des chars, véhicules blindés, mitrailleuses lourdes et munitions, représentant un contrat de 1,15 milliard de dollars.
Conformément à la procédure américaine en la matière, c’est le département d’Etat qui a approuvé cette vente d’équipements à Riyad, contrat qui sera concrétisé par le feu vert technique du Congrès, selon un communiqué du Pentagone. «Cette vente, telle qu’elle est proposée, contribuera à la politique étrangère et à la sécurité nationale des Etats-Unis en permettant d’améliorer la sécurité d’un partenaire régional stratégique qui a été et qui continue d’être un acteur leader pour la stabilité politique et les avancées économiques du Moyen-Orient», a indiqué l’Administration américaine.
Depuis 2004, les Houthis mènent la guerre au pouvoir central de Sanaa. Jusqu’en 2010, six guerres ont eu lieu entre les deux belligérants. Le président de l’époque, Abdallah Saleh, les justifie par le fait que les Houthis veulent rétablir l’imamat aux dépens de la République. Le Qatar propose ses bons offices pour trouver une issue au conflit. Cependant, la médiation de 2007, suivie d’un traité en février 2008, n’a pas empêché la reprise des combats en avril de la même année.
De son côté, Riyad est intervenu militairement en novembre 2009 à Saada, bastion des Houthis, une ville située à ses frontières. En août 2010, un autre traité a été signé à Doha entre le gouvernement et les insurgés. Après le départ de Abdallah Saleh du pouvoir, ils poursuivent leur guerre contre les nouvelles autorités de Sanaa. En la circonstance, les partisans de l’ancien président deviennent les alliés des Houthis.
Amnay idir 14.08.16
http://www.elwatan.com/international/un-autre-revers-pour-la-coalition-arabe
Lire aussi:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Houthis
https://fr.wikipedia.org/wiki/Insurrection houthiste_au_Yemen