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Le FMI vole au secours d’une Egypte plombée par les déficits (Anti-K)

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Le Fonds monétaire international va prêter 12 milliards de dollars au Caire.

Le Caire et le Fonds monétaire international (FMI) ont annoncé jeudi être parvenus à un « accord initial » pour un crédit de 12 milliards de dollars sur trois ans à l’Egypte. Une aide indispensable au vu du déficit budgétaire équivalent à 11 % du PIB et de celui de la balance des paiements, 7,5 % du PIB.

Le chef de la mission du FMI, arrivée au Caire fin juillet, Chris Jarvis, a souligné que le programme avait pour objectif « d’améliorer le fonctionnement du marché des changes, augmenter les réserves de change, ramener l’inflation sous les 10 %, réduire le déficit budgétaire et relancer la croissance ». Le Caire table sur un total de 21 milliards de dollars avec l’apport de la Banque mondiale et de financiers non précisés.

Le gouvernement s’est engagé en contrepartie à mener des réformes :

introduction de la TVA, flexibilité du taux de change, modération des rémunérations dans la fonction publique pléthorique et suppression des subventions à la consommation d’énergie. Mais le FMI, qui doit encore valider l’accord dans les prochaines semaines, restera prudent en débloquant l’argent tranche par tranche. L’Egypte est déjà revenue deux fois depuis le printemps arabe en 2011 sur des accords avec le FMI, par nationalisme ou crainte d’agitation sociale. Mais, cette fois, Le Caire n’a plus le choix. Ses taux d’intérêt à 17 % sont punitifs, l’inflation à 14 % rogne le pouvoir d’achat de la plupart des 80 millions d’Egyptiens et le service de la dette publique absorbe le tiers des dépenses de l’Etat. La croissance est retombée à 3 % en 2015-2016, bien trop bas dans un pays en forte croissance démographique et où plus d’un jeune sur trois est au chômage.

Un plan de réformes

Le déficit des paiements (lire ci-dessous) met en outre la livre sous pression. Le gouverneur de la banque centrale, Tareq Amer, a reconnu que la défense du taux fixe de change de la livre était « une grave erreur » et l’a dévalué de 5 % en mars, à 8,8 pour 1 dollar. Sans vraiment rétablir la confiance, puisque la livre se négocie aujourd’hui à 12 dollars au marché noir. Les réserves de la banque centrale sont tombées à 15,5 milliards de dollars en juillet, juste assez pour financer trois mois d’importations, au plus bas depuis seize ans. En essayant de lutter contre le marché noir de devises, au prix de la fermeture récente de dizaines de bureaux de change le pratiquant, le gouvernement n’a réussi qu’à provoquer une pénurie de devises qui pénalise les importations de pièces détachées dont l’industrie locale a besoin. Une nouvelle dévaluation semble inévitable.

Le président Al Sissi, ex-chef de la junte militaire, applique toutefois déjà une ébauche de plan de réformes. Medhat Nafei, professeur d’économie à l’université Misr International, souligne dans le journal « Al Monitor » qu’il s’est résolu à réduire les subventions aux carburants qui représentent encore un cinquième des dépenses publiques. Et le Parlement étudie depuis mi-juillet un projet de loi instaurant la TVA, dont on parle depuis des années. Le Caire compte aussi instaurer le guichet unique pour la création d’une entreprise, alors qu’il faut actuellement… 78 permis différents.

YVES BOURDILLON

http://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/0211199744599-le-fmi-vole-au-secours-dune-egypte-plombee-par-les-deficits-2020223.php?CJ8SjFhvSLr41dJU.99

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