Lors de leurs visites en France, les partenaires palestiniens et israéliens du CCFD-Terre Solidaire expliquent toujours à quel point les dispositions et lois discriminatoires et foncières qui pèsent sur la population sont au cœur du conflit israélo-palestinien : Réfugiés, exilés et déplacés aux biens confisqués, Bédouins du Néguev privés de leur terre, « résidents » de Jérusalem menacés de perdre leur droit à habiter leur ville, habitants de Cisjordanie confrontés à l’expropriation de leurs terres et à la captation de leur eau par les colons...
Les membres du réseau thématique Palestine-Israël se demandaient comment rendre compte de tous ces dispositifs administratifs, juridiques et militaires complexes, qui se traduisent au fil des ans et des décennies par le déplacement des populations palestiniennes et leur regroupement sur un territoire de plus en plus restreint.
Documenter les déplacements forcés et témoigner
Treize bénévoles ont été sur place du 27 septembre au 12 octobre 2014 pour documenter de façon claire les déplacements forcés des populations palestiniennes et pouvoir en témoigner [1]
Tous avaient déjà participé à l’un des voyages en Palestine organisés par le CCFD-Terre Solidaire. Leur objectif à leur retour : transmettre une compréhension globale des violations des droits des populations palestiniennes qui conduisent à leur déplacement et empêchent le conflit de se résoudre. L’originalité de leur démarche : ne pas seulement s’attarder sur les expropriations récentes, mais aller aussi dans des sites où le processus de déplacement des populations palestiniennes est à l’œuvre depuis plusieurs décennies, notamment en Israël.
Sept lieux emblématiques
Pour cela, ils ont choisi sept lieux particulièrement emblématiques. Ils sont situés à la fois en Israël, avec la ville d’Acre, le Néguev, les villes de Ramle et Lod, et en Cisjordanie, avec la Vallée du Jourdain, Jérusalem-Est, les collines du sud d’Hébron et des villages près de Bethléem cernés par le mur. Chaque jour, un binôme prenait des notes et des photos. Le soir, il faisait un compte-rendu au groupe pour que celui-ci puisse le compléter et le valider.
Au final, ils ont choisi de restituer leur mission sous forme d’un carnet de voyage, pour rester au plus près de la rencontre avec celles et ceux qui vivent au quotidien la réalité des expulsions. Pour chaque site, le carnet explique le contexte pour que le lecteur puisse décrypter une situation complexe, des témoignages, et une rubrique plus personnelle sur ce qui a frappé les participants.
Un seul regret pour les bénévoles : n’avoir pas pu aller à Gaza, du fait du blocus, bien que le CCFD-Terre Solidaire y appuie plusieurs partenaires. La bande de Gaza, qui abrite 1,82 million d’habitants, dont 1,26 million de réfugiés, sur une bande de territoire de seulement 41 km de long sur 7 km de large, est pourtant une illustration frappante de cette politique visant à regrouper et isoler la population palestinienne sur un territoire le plus restreint possible.
Pour Françoise Guyot, qui organise régulièrement des voyages sur place, l’important était aussi de montrer comment
« ces hommes et ces femmes s’organisent pour rester debout, ne pas se résigner, résister de façon créative, face à ces mesures qui n’en finissent pas de s’inventer et de se légaliser ».