Le Hamas a officiellement reconnu l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme le « cadre national » du peuple palestinien, mais demande qu’elle « soit reconstruite sur des fondements démocratiques pour protéger les droits des Palestiniens ».
Cette reconnaissance historique est énoncée dans un nouveau document « de référence » dévoilé à Doha lundi et tranche énormément avec la charte d’origine du Hamas qui était conçue comme une alternative à l’OLP.
Le Hamas demande la refonte de l’OLP. Il stipule que l’organisation : « doit donc être préservée, développée et reconstruite sur des fondements démocratiques afin d’assurer l’implication de toutes les composantes et forces du peuple palestinien, d’une manière qui protège les droits des Palestiniens. »
L’OLP doit donc être préservée, développée et reconstruite sur des fondements démocratiques – Document du Hamas
En outre, le Hamas mentionne le rôle de l’Autorité palestinienne, qui doit consister à « servir le peuple palestinien et assurer sa sécurité, ses droits et son projet national ».
Autre grande première, le Hamas a officiellement accepté les frontières du 4 juin 1967 pour un État palestinien. Cette reconnaissance est loin d’être une solution à deux États, car le Hamas refuse de reconnaître Israël ou « toute alternative à la libération pleine et entière de la Palestine, du fleuve [Jourdain] à la mer ».
Il rejette également les accords d’Oslo et tous les accords qui en découlent.
Il précise qu’il accepte les frontières de 1967, uniquement avec Jérusalem comme capitale et le retour des réfugiés dans leurs foyers, comme une « formule de consensus national ».
S’exprimant à Doha après la révélation du document lundi, le dirigeant politique du Hamas, Khaled Meshaal, a déclaré que celui-ci visait à rendre « limpides » les véritables convictions du Hamas.
« Le Hamas est un mouvement viable et renouvelable en matière de sensibilisation idéologique et de performance politique, de même qu’il se développe dans ses aspects de lutte et de combat », a-t-il déclaré.
« C’est un résultat naturel du développement du Hamas en tant que mouvement. »
Il a ajouté que le Hamas « se développait sans perdre de vue ses principes fondamentaux ni renoncer aux droits établis et aux exigences de notre peuple. »
Une source du Hamas a déclaré à MEE : « Ce n’est pas la solution à deux États, car les deux États ne se reconnaîtront pas. Peut-être que certains États arabes se réjouiront de voir évoquées les frontières de 1967, mais les conditions nécessaires pour accepter cela ne seront pas acceptées par l’Initiative de paix arabe. »
« Quand on parle du droit au retour, de ne pas reconnaître le droit d’Israël d’exister, de ne céder aucune partie de la Palestine, Israël n’en sera pas satisfait. Ce n’est pas fait pour satisfaire ces acteurs extérieurs. C’est pour que les gens du mouvement s’expriment. »
Israël a immédiatement dénigré le document. David Keyes, un porte-parole du bureau du Premier ministre, a déclaré : « Le Hamas essaie de tromper le monde, mais il ne réussira pas. »
« Ils construisent des tunnels terroristes et ont lancé des milliers et des milliers de missiles contre des civils israéliens. Voilà le vrai Hamas. »
Le troisième engagement majeur du document publié lundi stipule que le combat du Hamas est contre le sionisme et non le judaïsme. C’est le principal revirement par rapport à sa charte d’origine, qui a été largement condamnée par les libéraux au sein du mouvement et ses détracteurs extérieurs comme étant grossièrement antisémite.
Le nouveau document indique : « Le Hamas affirme qu’il s’oppose au projet sioniste et non aux juifs en raison de leur religion. Le Hamas ne lutte pas contre les juifs parce qu’ils sont juifs, mais lutte contre les sionistes qui occupent la Palestine. »
Le document continue toutefois d’ajouter la mise en garde selon laquelle c’est le sionisme qui se réfère au judaïsme et aux juifs dans son identification de la terre d’Israël.
Le statut du nouveau document a fait l’objet d’un débat interne. Des responsables du Hamas soutiennent que le document est censé servir de nouveau « point de référence », bien qu’il ne remplace pas sa charte originale, écrite en 1988 lors de la création du mouvement.
« Le Hamas affirme qu’il s’oppose au projet sioniste et non aux juifs en raison de leur religion » – Document du Hamas
Une source ayant connaissance du processus interne qui a permis de produire le document a déclaré : « Le Hamas est très sensible en raison de l’histoire de l’OLP, lorsque l’OLP a subi des pressions pour qu’il annule sa charte. »
« Le Hamas ne le fera pas sous la pression. C’est pourquoi il est délicat d’affirmer que le document remplace la charte. »
Néanmoins, la source a déclaré que contrairement à la charte, qui a été écrite par un seul homme, le document de ce lundi a été le fruit de quatre ans de débat interne et a obtenu un large consensus à travers le mouvement.
Le document, qui comporte d’autres ruptures par rapport au passé, tente de moderniser la vision et les objectifs politiques du Hamas.
Le document ne fait aucune mention des Frères musulmans, abandonnant ainsi dans les faits la connexion qui a été énoncée explicitement dans la charte de 1988.
Il indique seulement que le Hamas est un mouvement national palestinien « avec une référence islamique ».
Le document mentionne également les Palestiniens chrétiens et leurs lieux saints et décrit plus clairement l’importance des femmes et des jeunes.
« Les femmes palestiniennes jouent un rôle fondamental dans le processus de construction du présent et de l’avenir, tout comme elles ont joué un rôle fondamental dans l’histoire de la lutte palestinienne, souligne le document. Ce rôle est central dans le projet de résistance, de libération et de construction du système politique. »
Alors que la charte du Hamas prenait la lutte armée comme base de la résistance à l’établissement d’Israël, le nouveau document se réfère également à la résistance non violente.
« La gestion de la résistance, en matière d’escalade ou de désescalade ou en matière de diversification des moyens et des méthodes, fait partie intégrante du processus de gestion du conflit et ne doit pas se faire au détriment du principe de résistance », précise le document.
« L’indemnisation des réfugiés palestiniens […] va de pair avec leur droit au retour » – Document du Hamas
Le document évoque également le rôle de la société civile palestinienne pour mettre fin à l’occupation : « La société palestinienne est enrichie par ses personnalités de premier plan, ses figures, ses dignitaires, ses institutions de la société civile et ses groupes de jeunes, d’étudiants, syndicaux et de femmes qui œuvrent ensemble en vue d’atteindre les objectifs nationaux et de parvenir à la construction de la société, de poursuivre la résistance et d’obtenir la libération. »
Ce n’est que sur un point phare que le nouveau document durcit le ton officiel du Hamas : le mouvement rejette toutes les tentatives visant à effacer les droits des réfugiés, y compris les efforts déployés pour les installer en dehors de la Palestine et les projets de patrie alternative.
« L’indemnisation des réfugiés palestiniens pour le préjudice qu’ils ont subi en raison de leur bannissement et de l’occupation de leurs terres est un droit absolu qui va de pair avec leur droit au retour », stipule-t-il.
« Ils doivent recevoir une compensation à leur retour et cela ne nie ni ne restreint leur droit au retour. »
Ce document est considéré comme le dernier acte de Meshaal, démissionnaire de son poste de chef du bureau politique du Hamas.
Dans un nouveau document politique, le mouvement indique que l’Organisation de libération de la Palestine devrait servir un projet national et assurer les droits des Palestiniens