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  • Le roi du Maroc face aux révoltés du Rif (JDD)

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    Au Maroc, cela fait maintenant plus d’une semaine que des manifestations ont lieu tous les jours dans l’une des plus importantes villes de la région du Rif où l’on n’a pas oublié la mort il y a 6 mois d’un vendeur de poisson, broyé dans une benne à ordures.

    Le mouvement prend de l’ampleur, ce qui embarrasse le gouvernement et le roi Mohammed VI.

    A tous ceux qui seraient tentés de croire que ce qui se passe en ce moment dans le Rif, au Maroc, correspond à un nouveau printemps arabe, autant dire tout de suite que ce n’est pas le cas. Certes, il y a des ressemblances. Les foules réclament justice, dignité, des investissements lourds pour soutenir l’une des régions les plus défavorisées du pays, une meilleure éducation, davantage  de considération en fait de la part des autorités centrales.

    Il y a aussi le fait que le leader du mouvement, Nasser Zefsafi, un chômeur de 39 ans, est extrêmement charismatique et qu’il utilise les réseaux sociaux brillamment, y compris depuis qu’il est détenu par les forces de l’ordre depuis une semaine pour menace à l’ordre public. Mais la comparaison s’arrête là.

    Le Rif a toujours été en révolte

    D’abord parce que le Rif a toujours été en révolte. Cette région était déjà rebelle du temps du protectorat français. C’est une région de culture intensive du cannabis depuis des siècles, raison pour laquelle les Français y avaient installé leur Régie du kif et des tabacs, une région où économie et trafics ont donc toujours été liés, ce qui a maintenu vivantes des pratiques de corruption, d’abus de pouvoir, et d’impunité très fortes.

    Ensuite parce que cette révolte n’est pas arabe mais majoritairement berbère. La population locale a long- temps souffert de ne pas faire valoir reconnaître ses droits à la différence, avec sa langue et ses pratiques religieuses différentes. Il n’est pas question de séparatisme mais d’être traité au contraire sur un pied d’égalité avec les autres régions à majorité arabe qui bénéficient de programmes sociaux et d’éducation plus avantageux. Cela ne veut pas dire pour autant que rien n’a été fait. Le Roi a en effet contribué à faire évoluer les choses sur le plan économique et social mais ce n’est pas suffisamment. (Affirmation gratuite! Note du blog)

    Les provinces enclavées, un défi pour Mohammed VI

    Il y a enfin de grandes différences avec les principaux mouvements d’opinion qui ont marqué le règne de Mohammed VI. Ce qui se passe dans le Rif n’a pas grand-chose à voir ( Ah Bon? Note du blog) avec le mouvement du 20 février, qui avait mobilisé dans les grandes villes marocaines des centaines de milliers de jeunes et qui réclamaient plus de libertés individuelles et publiques, une plus grande libéralisation de la société et des réformes modernes, notamment en faveur des femmes.

    Il ne s’agit pas non plus d’un mouvement traditionaliste et religieux comme on a pu le voir aussi dans le pays et qui a contribué à porter au pouvoir un parti islamiste, le PJD. Cette révolte du Rif montre en fait une dernière facette de la société marocaine. Celle des provinces enclavées, loin des grandes cités touristiques, celle de la pauvreté, souvent cachée et occultée. Et qui pourrait bien donner du fil à retordre à Mohammed VI, qui s’était autoproclamé au début de son règne, le "Roi des Pauvres". 

    Sur le même sujet :

      1 juin 2017

    http://www.lejdd.fr/

    Commentaire:

    Nous pensons au contraire que le Rif au Maroc, s'inscrit dans la situation globale déclenchée par les "Printemps Arabes" qui malgré des reculs n'a pas fini d'agiter la région. Les pays arabes monarchiques ou républicains, partagent un mode d'exploitation similaire des masses. Extorsion des richesses appuyée par l'armée (partie prenante de l'économie y compris frauduleuse) , obéissance aveugle au FMI: destruction des rares services publics. Grave crise écologique et désertification (réchauffement climatique). La situation est explosive du Maghreb au Moyen-Orient pour des dizaines d'années. Il suffit d'une étincelle.

  • Maroc : Une mobilisation populaire massive et radicale (NPA)

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    Les nervis "baltajis" sont ressortis

    Voilà maintenant près de 7 mois que la mobilisation dans le Rif dure.

    Déclenchée en réaction à l’assassinat de Mohcine Fikri, un vendeur de poisson écrasé dans une benne à ordure, le mouvement s’est doté d’ une plateforme revendicative dans le cadre d’un processus d’assemblées populaires.

    Celle-ci fait ressortir des demandes élémentaires : la construction d’universités, d’hôpitaux, de centres de formation, l’accès aux services de base, la lutte contre le chômage et les expropriations de terre, ainsi que la levée du décret de militarisation établi dans les années 1950, la fin de la corruption, la libération des prisonniers du mouvement, la condamnation des vrais responsables de la mort de Fikri. Les comités locaux du mouvement populaire structurent à la base la mobilisation qui a essaimé, y compris dans les plus petites localités.  

    Le pouvoir a cherché à invisibiliser la lutte, comptant sur un épuisement.

    Mais en se dotant de structures d’auto-organisation, en contournant les médiations traditionnelles discréditées (partis, syndicats, société civile, élus), le mouvement était en phase directe avec les aspirations populaires. Aucune institution, aucun relais du pouvoir, aucune « opposition » n’est en mesure de canaliser la lutte, avec en toile de fond, une crise profonde de la façade démocratique.

    Cinq ans après 2011, le régime n’a jamais été aussi autoritaire, corrompu et dans l’incapacité de vendre l’illusion d’un semblant d’auto-réforme. Le rejet massif des institutions se traduit aussi bien dans les urnes que dans les mobilisations qui n’ont cessé de s’étendre sur tous les terrains et dans tous les recoins du pays. Le Rif présente par ailleurs une spécificité historique, longtemps ostracisé par le pouvoir, il a une longue histoire de résistance : de la fondation de la République du Rif avec Abdekrim el Khattabi, au soulèvement au lendemain de l’indépendance contre le pouvoir central, au cœur des révoltes contre les politiques d’ajustement structurel, particulièrement mobilisé durant le M20 Février. Ce n’est pas un hasard si l’emblème de la contestation est celui de la République du Rif et le drapeau amazigh.

    Escalade répressive

    Devant la persistance de la mobilisation, le pouvoir a cherché à la présenter comme répondant à un agenda étranger séditieux mené par des « séparatistes », et n’a cessé de déployer ses forces répressives et « balatgias ». La journée du 18 mai a été emblématique : malgré un dispositif militaire impressionnant et des barrages systématiques, des milliers de personnes les ont forcés et rejoint al Hoceima, acculant le pouvoir à assister à une manifestation de masse sans précédent doublée d’une grève générale.

    Le mouvement populaire a posé des exigences très claires : ce ne sont pas les institutions élues corrompues et les ONG bidons mais les représentants du mouvement qui doivent être à la table des négociations, et celle-ci ont pour préalable la libération des détenus, la levée de la militarisation, et pour seul objectif la satisfaction des revendications assorties de garanties. Le mouvement ne s’arrêtera pas tant que la population n’aura pas obtenu satisfaction.

    L’escalade répressive est en cours : plusieurs dizaines d’arrestations dont les animateurs du mouvement et ses porte-parole ont eu lieu, et la liste s’allonge... Depuis plusieurs nuits des heurts ont lieu. La radicalisation politique est explicite à travers des mots d’ordre qui visent la fin du makhzen ou la transformation du fameux « Dieu, la patrie, le roi » en « Dieu, la patrie, le peuple ».

    Un affrontement majeur se dessine, massif et radical, et dans de nombreuses autres villes, la contestation s’étend malgré la violence de l’État. Les prochaines semaines seront déterminantes pour la relance du processus révolutionnaire et l’affrontement avec la monarchie. La solidarité internationale pour la satisfaction des revendications du peuple du Rif, le soutien à toutes les mobilisations sociales et démocratiques et l’arrêt de la répression est urgente. 

    Chawqui Lotfi (militant de Tahadi / Émancipation démocratique)

    https://npa2009.org/

    Commentaire: Il ne fait pas de doute pour nous que le Rif est une région berbère...