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Syrie : Kobane, ville symbole (Npa)

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Attaquée et assiégée depuis deux semaines environ, la ville kurde de Kobane au nord de la Syrie (Ayn Al-Arab en arabe) est en train de tomber entre les mains des forces réactionnaires de l’État islamique, communément appelé Daesh, qui bénéficient de la complicité de l’armée turque.

Kobane a connu un exode massif de la population, en particulier vers la Turquie, dont les forces militaires ont commencé par fermer les frontières. Mais Kobane a résisté et continue de résister héroïquement face aux forces imposantes et lourdement armées de Daesh.

Résistance exemplaire

Cette résistance – contrairement à d’autres villes telles Mossoul en Irak ou Raqqa en Syrie, tombées facilement et rapidement entre leurs mains – suscite l’admiration et fait figure d’exemple. Des manifestations dans plusieurs villes syriennes ont exprimé leur solidarité avec Kobane.

Dans cette ville à majorité kurde, la résistance est organisée par le parti Union démocratique kurde (YPD) et ses forces militaires, les Unités de protection du peuple (YPG), et bénéficie aussi de la participation active d’au moins trois bataillons de combattants arabes présents dans la ville : bataillon « révolutionnaire de Al Raqqa », bataillon « Soleil du nord » et bataillon de « Jirablis ».

Le 4 octobre, l’Armée syrienne libre a décidé l’envoi de mille combattants pour défendre Kobane.

La coalition internationale dirigée par les USA a commencé à bombarder les positions de Daesh depuis le 23 septembre, sans réel effet pour l’instant, puisque Daesh qui était alors à soixante kilomètres de Kobane... occupe à l’heure où nous écrivons plusieurs quartiers de la ville. Le chef de l’Union démo- cratique kurde a déclaré le 30 septembre que son parti « a demandé des armes aux pays occidentaux, mais les USA et l’UE ont refusé jusqu’à maintenant… ». Kobane résiste, comme tout le peuple syrien, seul.

Grèves et manifestations

L’émergence de Daesh est le fruit de l’occupation américaine de l’Irak et de la fusion du courant des djihadistes d’Al-Qaïda et des officiers baathistes de l’ancien régime de Saddam Hussein, ce qui lui confère un caractère fascisant. Son offensive militaire n’a pas ralenti depuis le début des bombardements de la coalition qui ont causé des victimes civiles, bien au contraire.

Une centaine de manifestations ont eu en Syrie le 26 septembre sous le slogan « Les civils n’ont pas besoin des nouveaux assassins internationaux ! », exprimant ainsi leur sentiment de l’inutilité des bombardements et une conscience « nationaliste » et anti-impérialiste émergente depuis la dernière agression sioniste contre Gaza. Ce changement d’état d’esprit des masses syriennes se traduit aussi par un retour aux origines du mouvement populaire et de la révolution, et se voit dans les slogans des manifestations du 3 octobre.

Mais les faits les plus notables restent deux grèves dans les régions libérées d’Alep. Celle des éboueurs d’Alep le 20 septembre contre le « gouvernement provisoire », organe de la coalition nationale de l’opposition, et celle des agents de « la défense civile », équivalent des pompiers, contre le même « gouvernement » le 21 septembre. Il y a aussi la création le 3 octobre d’une campagne indépendante de dénonciation et de poursuites de la corruption au sein des structures de l’opposition…

Retour aux sources ?

Du côté des régions sous contrôle du régime, il est intéressant de noter le 2 octobre une manifestation importante dans les quartiers « loyalistes » de la ville de Homs, manifestation contre les responsables gouvernementaux, suite à une explosion qui a tué des dizaines d’enfants. Le même jour a eu lieu une manifestation dans le quartier « rebelle » de Homs en solidarité avec les familles des victimes. Ceci survient un mois après l’arrestation d’activistes « loyalistes » à l’origine d’une campagne de protestation appelée « Où sont-ils ? », contre l’abandon par le régime bourgeois et sanguinaire de centaines de soldats qui iront se faire massacrer par Daesh.

En juillet et août, les régions sous contrôle du régime ont été submergées par une avalanche de tracts frappés du slogan « Nous voulons vivre : tes enfants s’allongent au palais et nos enfants dans les cercueils ».

Un des effets de l’intervention impérialiste en Syrie est le renouveau d’une conscience anti-impérialiste et sociale. Un retour aux origines de la révolution.

Ghayath Naisse

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