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A Gaza, le blocus se renforce et les prix s’envolent (Afps)

Les prix flambent à Gaza.

Les Gazaouis subis­saient déjà le blocus israélien. Dans les décombres de la guerre, ils font désormais les frais de la zone-​​tampon créée par l’Egypte le long de la fron­tière avec l’enclave palestinienne.

Avant, Jihad Ahmed payait son paquet de ciga­rettes 10 shekels, soit deux euros. Aujourd’hui, le prix en a qua­siment triplé : 28 shekels ! Ce Gazaoui de 18 ans en est réduit à acheter ses ciga­rettes au détail. Trois shekels pour trois ciga­rettes qu’il fumera avec par­ci­monie tant son budget est maigre.

Imed Chalbiya, qui lui tend ses ciga­rettes, explique la hausse des prix par le chantier en cours du côté égyptien de la fron­tière, au sud de la bande de Gaza. Les Egyp­tiens construisent un glacis pour contrer la menace d’attentats jiha­distes qui se mul­ti­plient car ils soup­çonnent des acti­vistes pales­ti­niens de prêter main forte à leurs auteurs. Les tunnels qui reliaient Gaza et l’Egypte "ont été fermés et, d’un coup, la réserve de ciga­rettes à Gaza a fondu, faisant monter en flèche les prix", dit Imed Chalbiya à l’AFP. En plus, "les pro­prié­taires des rares tunnels encore en fonc­tion­nement exigent 650 euros pour le transport de chaque carton de cin­quante car­touches de ciga­rettes". Les mêmes causes pro­duisent les mêmes effets sur les pro­duits de pre­mière nécessité ou l’électronique.

Fini, le fromage égyptien

Ter­ri­toire exigu et sur­peuplé coincé entre Israël, l’Egypte et la Médi­ter­ranée, la bande de Gaza est depuis 2006 étouffée par un strict blocus israélien. La seule bouffée d’oxygène venait des tunnels de contre­bande d’où se déver­saient toutes sortes de pro­duits venus d’Egypte. Après la des­ti­tution du pré­sident isla­miste Mohamed Morsi en juillet 2013, le nouveau pouvoir égyptien a radi­ca­lement changé de poli­tique à l’égard des 1,8 million de voisins gazaouis, détruisant 1.600 tunnels et coupant quasi-​​totalement leurs voies d’approvisionnement.

La guerre de juillet-​​août déclenchée par Israël, l’ampleur de la dévas­tation et des besoins et la rareté des mar­chan­dises fai­saient déjà redouter aux habi­tants de Gaza une envolée des prix. Mais le ren­for­cement du blocus égyptien alourdit les fac­tures. "On vendait du fromage égyptien pour 10 ou 11 shekels, raconte Abou Mohammed, qui possède un petit super­marché à l’ouest de la ville de Gaza. Il est à plus de 23 shekels main­tenant. Je n’en vends plus. Plus per­sonne ne l’achète à ce prix".

Dans son magasin d’électronique, Mohammed Safi abonde : "L’iPhone 5 coûtait 2.200 shekels. Main­tenant, c’est 2.600".

La bande de Gaza est plus que jamais un marché captif pour Israël. Hanine Youssef, 27 ans, achetait "seulement des pro­duits égyp­tiens, ils étaient moins chers et je ne voulais pas sou­tenir l’économie israé­lienne". A présent, "il n’y a plus le choix : les seuls pro­duits dis­po­nibles sont israéliens".

Situation "catastrophique"

Quand les tunnels fonc­tion­naient à plein régime, les maté­riaux de construction repré­sen­taient un business de plus d’un mil­liard d’euros par an, selon Ayman Abed, du ministère de l’Economie. Sans ciment ni gra­viers, ce sont 35.000 Gazaouis qui se sont retrouvés au chômage - fléau qui touche désormais 63% des jeunes - alors que des dizaines de mil­liers de maisons ont été détruites ou endom­magées par la der­nière guerre, dit-​​il.

Les maté­riaux de recons­truction rentrent par char­ge­ments limités, en raison de l’inquiétude d’Israël qu’ils ne soient détournés contre lui. Dis­tribués via l’agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés pales­ti­niens (UNRWA), les sacs de 50 kilos de ciment sont revendus aux par­ti­cu­liers 5,5 euros pièce, mais 42 sur le marché noir. "A l’époque des tunnels, la tonne de ciment se vendait 380 shekels (80 euros). Main­tenant, elle est à 3.800 shekels au marché noir", affirme Souheil Touman, qui vend des maté­riaux de construction.

A Gaza, où selon l’ONG Oxfam 80% de la popu­lation vit de l’aide huma­ni­taire, les prix étaient tra­di­tion­nel­lement bien moins élevés qu’en Cis­jor­danie occupée a for­tiori à Jéru­salem. Aujourd’hui, les étals gazaouis pro­posent "des pro­duits d’exportation israé­liens, au prix initial plus élevé, et aux­quels ont été ajoutées de fortes taxes" imposées à leur entrée dans l’enclave, dit l’économiste Amr Chaabane. Pour lui, "la situation éco­no­mique est lit­té­ra­lement catas­tro­phique. Elle n’a jamais été aussi mau­vaise à Gaza depuis des décennies".

OLJ/​AFP, dimanche 30 novembre 2014

http://www.france-palestine.org/A-Gaza-le-blocus-se-renforce-et

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