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Bachar el-Assad a-t-il aussi tué les ONG humanitaires? (JDD)

Quatre ans après le début de la guerre, les civiles sont toujours en danger. Les ONG ont été contraints à diminuer leur présence sur le terrain à cause du danger pour leurs équipes

Pour les responsables de l'ONU ou des grandes organisations non gouvernementales (ONG), le constat est identique : après quatre années de guerre en Syrie, non seulement le conflit ne touche pas à sa fin mais la situation ne cesse de se détériorer pour les populations civiles.

Les patrons de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) et du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) ont même signé un texte commun : "Nous avons exprimé notre horreur, notre indignation, notre frustration à mesure que la tragédie s'est déroulée." Mais, jusqu'ici, en vain. "Dès le début, la Syrie a été un challenge, confie au JDD Dounia Dekhili, responsable des programmes de Médecins sans frontières (MSF) pour la Syrie, mais on a un niveau de violence rarement atteint sur le terrain, en raison de la complexité du nombre des acteurs dans ce conflit."

Handicap international ne dit guère autre chose. "Le bilan est négatif et très sombre, poursuit Anne Héry, responsable du plaidoyer à Handicap. Cette guerre est d'une violence extrême, et l'année 2014 aura été la plus meurtrière. Aujourd'hui, nous avons 60% des blessures qui sont causées par des armes explosives et 40% par des armes à feu, alors que d'ordinaire, c'est l'inverse. " Les enfants sont gravement touchés. Selon Laurent Chapuis, responsable de la protection de l'enfance pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, "la crise syrienne est, dans l'histoire de l'Unicef, la plus importante par sa longueur, son ampleur, le nombre d'enfants touchés et de pays affectés". Pour le président de Médecins du monde, le Dr Thierry Brigaud, "les mots ne suffisent plus pour décrire les atrocités endurées par ces populations".

Davantage de victimes et moins d'argent

L'aide médicale est paralysée, faute d'accès. "Nous arrivons encore à travailler avec quelques groupes locaux, poursuit Dounia Dekhili de MSF, en revanche les forces d'Assad et de l'État islamique (EI) restent hermétiques à toutes nos demandes de négociation afin d'être autorisés à soigner les civils." Handicap international concède quelques actions négociées et abouties avec Jabhat al-Nosra mais pas davantage avec l'EI. Après le kidnapping de membres de ses équipes, MSF a dû se résoudre à diminuer sa présence sur le terrain.

Il ne reste désormais que deux hôpitaux contre six, il y a un an. La moitié des projets ont été abandonnés. "Ce que nous faisons est largement insuffisant, déplore la responsable de MSF, et les hôpitaux sont la cible de tous." Si le nerf de la guerre demeure souvent l'argent, l'humanitaire n'échappe pas davantage à cette équation. "Alors que les besoins humanitaires pour la Syrie ont été multipliés par douze, insiste Anne Héry de Handicap international, les financements n'ont pas suivi. Ils n'ont été que multipliés par trois." L'Unicef a appelé les pays contributeurs à verser 814 millions de dollars pour l'année 2015 mais n'a reçu jusqu'ici qu'une centaine de millions. Toutes les ONG s'accordent aussi à constater que la volonté politique n'existe pas. "L'autre spécificité du conflit syrien, conclut, visiblement très ébranlée, Dounia Dekhili, c'est l'acceptation générale, internationale et politique, des crimes de guerre commis contre les civils, par tous les combattants en présence."

http://www.lejdd.fr/International/Moyen-Orient/Bachar-El-Assad-a-t-il-aussi-tue-les-ONG-humanitaires-722886

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