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Palestine, l’Agriculture : le nerf de la guerre (Résistance Npa 64)

Le 7 février dernier a eu lieu à Macaye une journée d’information et de soutien à la Palestine. A cette occasion nous avons rencontré Ana qui y a fait une intervention sur l’agriculture dans ce pays.

 

Résistances : Peux-tu nous dire dans quel cadre tu as rencontré des représentantEs de l’agriculture palestinienne et ta motivation pour le faire ?

Ana : Je représentais ELB au sein de la délégation d’observation des droits des paysans et des paysannes et des pêcheurs dans les Territoires Occupés Palestiniens, organisée par La Via Campesina, mouvement paysan international. Cette délégation était composée de représentantEs de différentes organisations paysannes du Pays Basque et d’Andalousie (EHNE-Bizkaia, SOC, ELB), certaines travaillant pour la souveraineté alimentaire des peuples. La Via Campesina a répondu ainsi à l’appel à soutien lancé par le syndicat agricole palestinien l’Union of Agricultural Workers Commitee (UAWC) qui est la première organisation paysanne palestinienne à rejoindre le mouvement de La Via.

La délégation avait donc deux objectifs : premièrement, exprimer notre reconnaissance, notre soutien et notre solidarité à l’UAWC et aux paysanNEs et pêcheurs palestiniens dans leur lutte quotidienne face à l’occupation israélienne et deuxièmement, recueillir les témoignages des organisations et de la population palestinienne sur la violation systématique des droits humains et la spécificité de la situation vécue par les pêcheurs et les paysanNEs palestiniennes. Cette information a été recueillie dans la cadre de  la Déclaration des Droits des paysans et des travailleurs ruraux qui est actuellement en discussion à Genève. Ce dossier, en cours de rédaction, servira pour l’approbation de cette déclaration proposée par La Via Campesina afin de protéger les droits de la paysannerie partout dans le monde (droit à la terre, aux semences,

: Quels sont les produits les plus cultivés en Palestine et quels sont les problèmes rencontrés pour pouvoir le faire, en particulier ceux posés par Israël ?

A : L’agriculture a toujours été une composante très importante dans la vie et l’économie  palestiniennes et continue à l’être malgré l’occupation israélienne. Elle représente 6 % du P.I.B. (Produit Intérieur Brut) et concerne 13 % de la population active.

Les productions les plus importantes sont les olives, les légumes, la volaille, les œufs, les fruits tels que le raisin, les figues, les oranges, les citrons ou les dates et les céréales. La Palestine est autosuffisante pour certaines de ces productions mais elle dépend des importations pour la viande rouge et surtout pour le blé. 

Le gouvernement sioniste utilise deux outilss principaux pour mener sa politique d’occupation : la construction des colonies illégales dans les territoires occupés et la construction du mur. Toutes ces constructions impliquent confiscation et expropriation des terres, ainsi que d’autres ressources telles que l’eau. La terre et l’eau sont les deux moyens de production principaux en agriculture et Israël limite ou empêche leur accès.

Beaucoup des paysanNEs ont leurs terres de l’autre côté du mur. Pour traverser les portes du mur elles/ils doivent faire  des détours de dizaines de kilomètres et doivent avoir un permis. Les horaires pour la traversée du mur sont très limités : une demi-heure à 6 heures le matin, à 12 et 17 heures l’après-midi. Malgré le permis, l’armée israélienne qui en contrôle les portes peut décider d’en refuser le passage. Le plus souvent au moment des récoltes ou lors de la vente au marché local jusqu’à péremption des produits. 

D’autres pratiques communes employées contre la paysannerie sont : la démolition des infrastructures agricoles (bâtiments agricoles, installations d’irrigation, etc.) et des maisons familiales ; la destruction des cultures agricoles ; le déracinement d’oliviers centenaires ; la confiscation d’animaux et la pollution des terres et des nappes d’eau souterraines.

Le mur permet à Israël de contrôler et restreindre les mouvements de la population palestinienne mais aussi les produits en décidant quels sont ceux qui rentrent et/ou qui sortent de Cisjordanie et de Gaza. Il empêche les produits palestiniens de traverser le mur et les frontières pour être vendus ailleurs et en même temps, inonde les marchés locaux de Cisjordanie des produits à bas prix pour contrer  la vente des produits palestiniens (dumping). De plus, les paysanNEs palestiniennes doivent acheter des produits de mauvaise qualité à Israël à des prix exorbitants car tout le commerce passe par Israël, augmentant ainsi leurs charges alors que les recettes de leurs produits diminuent. Cette situation met en danger la rentabilité des exploitations palestiniennes, en les obligeant à travailler en dehors de la ferme, très souvent dans des industries ou exploitations des colonies.

R : Quelles possibilités de s’organiser pour ces paysanNEs et quelles luttes peuvent-elles/ils mener face à l’Etat sioniste ?

A : La politique d’occupation d’Israël a deux piliers principaux : l’appropriation de la terre et l’expulsion de la population. Ainsi les paysanNEs palestinienNEs deviennent l’objectif principal de cette politique, ils/elles sont la première ligne de la résistance. Le fait de rester sur ses terres et de continuer à les travailler constitue la résistance la plus puissante. Leur identité est liée au travail de leur terre et leur conscience de l’importance de continuer à produire pour nourrir leur peuple.Malgré les attaques israéliennes, leur nombre se maintient. Il y a environ 110.000 fermes dans les Territoires occupés palestiniens et 120.000 hectares cultivés, dont la moitié d’oliviers.

R : Comment pouvons-nous aider ces personnes et par là même le peuple palestinien dans la production/vente de leurs produits ? Le boycott tel que prôné par B.D.S. est-il une solution ? Est-elle approuvée par les agriculteurs/trices en Palestine ? Quel message faire passer à la population du Pays basque à ce sujet ?

A : La campagne de Boycott, Désinvestissements et Sanctions est l’outil que les organisations palestiniennes nous offrent pour les soutenir et il faut absolument y adhérer et le mettre en place à tous les niveaux. Toutes les organisations et touTEs les paysanNEs avec lesquelles nous nous sommes entretenuEs soutiennent le BDS. L’occupation actuellement ne coûte rien à Israël, au contraire, il gagne de l’argent avec le tourisme international dans la Mer Morte et en exploitant les meilleures terres agricoles palestiniennes avec de main d’œuvre pas chère.

C’est le moment d’agir individuellement et collectivement,  d’utiliser la force de nos choix de consommation contre l’occupation sioniste. Boycott d’Israël !

La journée « Palestina Eguna » a été positive et a rencontré un écho certain.

Entretien avec Ana Bados militante d’ELB (Euskal Herriko Laborarien Batasuna)

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