Accompagnant son « virage sécuritaire », Hollande a décidé d’un virage en matière de politique étrangère. Après la décision le 8 septembre dernier de procéder à des frappes aériennes en Syrie, il vient d’abandonner, au lendemain des attentats du 13 novembre, le « Ni Bachar ni Daesh » pour se faire le champion d’une coalition élargie intégrant la Russie, amie de Bachar mais aussi de l’Iran.
Les bombardements décidés en septembre engageaient la France dans une nouvelle aventure militaire répondant plus au besoin de la politique intérieure de Hollande qu’à celui de combattre Daesh… Au besoin aussi de servir sa politique extérieure en lui permettant de trouver une place dans le jeu diplomatique alors que la France n’est pas en mesure de peser réellement dans la situation. La suite s’inscrit dans la même logique : une fuite en avant sécuritaire et militaire bien incapable tant de combattre Daesh que de prévenir les menaces terroristes.
Comment cet attelage hétéroclite de la grande coalition qui regroupe, sous la houlette des grandes puissances occidentales, l’Arabie saoudite, le Qatar ou le Turquie d’Erdogan, tous motivés par la défense de leur propre intérêt, aurait-il la moindre légitimité, la moindre crédibilité vis à vis des peuples qui sont leurs victimes ?
Obama, sans doute lui aussi touché par l’esprit de W. Bush, a déclaré depuis Kuala Lumpur : « Détruire l’État islamique n’est pas seulement un objectif réaliste, c’est une tâche que nous allons mener au bout. […] Nous les éliminerons. Nous reprendrons les terres où ils sont, nous supprimerons leurs financements, nous traquerons leurs dirigeants, nous démantèlerons leurs réseaux, leurs lignes de ravitaillement, et nous les éliminerons. » Au-delà de leurs implications, une éventuelle intervention au sol étatsunienne jusqu’ici écartée, ces discours va-t-en guerre ne peuvent que fournir des armes politiques aux djihadistes, au même titre que les bombardements aériens qui provoquent de multiples « dégâts collatéraux » : la mort de nombreux civils, la destruction d’hôpitaux, d’infrastructures civiles…
La guerre et la propagande militariste, xénophobe et raciste qui l’accompagne, combiné au soutien des régimes les plus réactionnaires, aux politiques libérales dans une région du monde où les inégalités sociales sont les plus criantes, ont produit le terreau sur lequel se développe l’État islamique. Ce dossier revient sur ces processus et leur histoire.
http://www.anti-k.org/moyen-orient-la-guerre-ne-peut-vaincre-le-terrorisme-quelle-engendre
L’État islamique, symptôme d’une crise de la domination régionale
Daesh ? Le nom court sur toutes les lèvres depuis plusieurs mois, a fortiori depuis les attentats de Paris...