Les mouvements de colère se multiplient dans les gouvernorats du centre-ouest de la Tunisie.
La ville de Kasserine, en particulier, connaît une vague de protestations des chômeurs, qui réclament des emplois, le développement de la région et la fin de la corruption. Des manifestations et sit-in se sont déroulés dans une vingtaine de villes.
À l’origine de cette récente flambée, il y a la mort, le 16 janvier, d’un jeune chômeur qui s’est tué en escaladant un poteau électrique lors d’un rassemblement. Son nom, comme d’autres noms, avait été retiré par l’administration d’une liste d’embauchés. Le même désespoir touche des milliers d’autres jeunes, comme ceux qui, grimpés pendant le rassemblement sur le toit de la préfecture, menaçaient de se jeter dans le vide.
Face à la colère qui s’exprime à Kasserine, Sidi Bouzid, Siliana, villes où le chômage atteint près de 25 % et l’analphabétisme 32 %, et jusque dans les faubourgs de Tunis, les gaz lacrymogènes et l’appel à la patience sont la seule réponse du gouvernement. Le pouvoir, aux mains du parti de droite Nidaa Tounès, secondé par la parti islamiste Ennahda, déplore ne pas posséder de « baguette magique » pour régler la situation des classes travailleuses. À part des promesses de créations d’emplois et de formations, les jeunes chômeurs ne voient rien venir.
Les prix grimpent, les grèves pour les salaires se développent dans les transports, les aéroports, le phosphate.
L’état d’urgence proclamé depuis novembre dernier, à la suite d’un attentat meurtrier à Tunis, ne fait pas taire les protestations de la jeunesse ouvrière, pas plus que le couvre-feu instauré récemment.
La promesse d’une aide financière d’un milliard d’euros est venue de la France, dont les groupes capitalistes ne voient pas d’un bon œil le mécontentement monter en Tunisie. Cette aide sera étalée sur cinq ans et représentera chaque année moins que le prix de deux Rafale. Il reste aussi à voir qui en seront les vrais bénéficiaires. En tout cas, elle fera au mieux l’effet d’un sparadrap sur une plaie béante.