La santé de Bilal Kayid – prisonnier gréviste de la faim – a continué de se détériorer à un rythme rapide, selon le chef du Comité palestinien des Affaires des Prisonniers qui a appelé dans un communiqué publié ce mardi, les Palestiniens à participer à une « journée de colère » en solidarité avec tous les prisonniers en grève de la faim.
Dans la déclaration, Qaraqe a exprimé son inquiétude concernant la santé de Kayid qui est entré ce jour-là dans son 63e jour sans alimentation, en disant après une visite avec le gréviste de la faim que Bilal Kayid s’est « transformé en un squelette. »
Il a ajouté que le prisonnier souffre d’un épuisement sévère, d’une incapacité à parler, à entendre, à voir, à se tenir debout, tout en souffrant de graves douleurs à l’estomac, aux poumons et aux reins.
Le gréviste de la faim est incarcéré à l’unité de soins intensifs à l’hôpital Barzilai en Israël [Palestine de 1948], où il a été menotté à son lit depuis que sa santé s’est gravement détériorée le mois dernier.
Qaraqe a exhorté les médias et la communauté internationale à mettre Israël sous pression afin d’arrêter les violations du droit commises contre les prisonniers palestiniens, tout en appelant à une intervention arabe et internationale pour mettre fin à la détention arbitraire des Palestiniens dans les prisons israéliennes.
Il a ajouté que le jeudi serait déclaré « journée de colère » en solidarité avec les prisonniers palestiniens.
Bilal Kayid est un membre éminent du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP). Après avoir été condamné à six mois de détention administrative – une politique israélienne d’internement sans inculpation ni jugement et sans limite de temps – le jour même où il devait être libéré d’une peine de prison de 14 ans et demi, il s’est déclaré en grève de la faim.
Extension du mouvement de grève
Les prisonniers affiliés au FPLP et dans les prisons israéliennes ont lancé des grèves de la faim de solidarité pour soutenir Kayid, avec au moins 100 prisonniers palestiniens participant à ce mouvement depuis ce lundi.
Kayid est l’un des plus connus des grévistes de la faim depuis que le journaliste palestinien Muhammad al-Qiq s’est trouvé au bord de la mort lors d’une grève de la faim de 94 jours, pour finir par être finalement libéré en mai.
D’autres prisonniers palestiniens ont également rejoint le mouvement de grève pour protester contre leur placement en détention administrative. Muhammad et Mahmoud Balboul sont en grève depuis respectivement le 4 et le 1° juillet, et le bien connu journaliste palestinien Omar Nazzal s’est déclaré en grève le 4 août, tandis que Ayyad al-Hreimi et Malik al-Qadi sont également en grève de la faim pour protester contre leur détention sans inculpation ni jugement.
La politique d’Israël de la détention administrative, presque exclusivement utilisée contre les Palestiniens, a été largement critiquée par les organisations de défense des droits de l’homme qui ont accusé Israël d’utiliser cette politique afin d’éroder la vie politique et sociale palestinienne en kidnappant des dizaines de Palestiniens, sans aucune preuve d’actes condamnables.
Mardi dans quatre prisons israéliennes différentes, quatre autres prisonniers palestiniens ont annoncé qu’ils se mettaient en grève de la faim ouverte en solidarité avec les grévistes de la faim en détention administrative et pour protester contre les récentes décisions de placer des restrictions sur les visites familiales et d’interdire la chaîne de télévision Ma’an d’être diffusée à l’intérieur des prisons israéliennes.
Le prisonnier Walid Masalmeh est également en grève de la faim pour protester contre son maintien à l’isolement.
Violente répression
Le mouvement de solidarité à grande échelle parmi les prisonniers a donné lieu à une répression tout aussi massive contre les prisonniers, et principalement contre ceux du FPLP par le Service pénitentiaire d’Israël (IPS), qui a mené plusieurs raids, fermant des blocs de cellules, confisquant les biens personnels et transférant les détenus pour tenter de réprimer leur mouvement de grève.
Les autorités israéliennes d’occupation ont également interdit toute visite d’avocat aux prisonniers en grève de la faim, affirmant [avec leur cynisme habituel] que leur état de santé ne pouvait pas permettre de telles visites…
Pendant ce temps, ces mêmes autorités d’occupation ont récemment interdit les visites familiales à au moins 54 Palestiniens emprisonnés.
L’IPS a interdit à plusieurs reprises les visites familiales pour des dizaines de prisonniers palestiniens détenus dans des prisons à travers l’état d’Israël, et certaines familles ont déclaré avoir été retenues aux points de contrôle israéliens et contraintes de retourner chez elles dans le territoire occupé, en dépit de l’octroi de permis de visite.
Tous ces incidents surviennent au milieu des protestations provoquées par la décision du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de limiter, par suite de coupures budgétaires, à un seul jour par mois les visites familiales pour les prisonniers palestiniens de sexe masculin.
Toutefois, l’Autorité palestinienne a annoncé sa décision la semaine dernière de couvrir les frais de la deuxième visite de famille pour les prisonniers palestiniens, tandis que le CICR resterait en charge d’organiser ces visites avec les autorités israéliennes d’occupation.
18 août 2016 - Ma’an News