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Les dindons de Palestine (Anti-k)

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«Le monde commence à sauver Israël de lui-même», titrait lundi le quotidien israélien progressiste Haaretz, saluant la résolution de vendredi dernier du Conseil de sécurité qui déclarait «illégales» les colonies de l’Etat hébreu en Palestine.

Un vote historique, puisque pour la première fois depuis 1980 les Etats-Unis ont décidé de ne pas opposer leur droit de véto à une décision sur ce sujet au sein de l’organe suprême de l’ONU.

Un «cadeau de Noël» d’Obama à l’avant-veille de son départ, qui contraste avec ses oppositions constantes aux résolutions épinglant Israël aux Nations Unies durant huit ans de mandat. Volonté de laisser sa marque dans l’histoire à la dernière minute? Ou de savonner la pente au nouveau président Donald Trump, notoirement favorable à la colonisation israélienne?

Quoi qu’il en soit, la résolution du Conseil de sécurité constituera désormais un outil de campagne pour les partisans de la paix au Proche-Orient. Il ne faudra pas en attendre davantage. Le texte n’entraîne ni sanctions, ni mécanismes de mise en œuvre dignes de ce nom.

Israël peut continuer à feindre de ne pas comprendre le soit disant «biais anti-israélien» de l’ONU, et retirer des financements à l’institution internationale, voire crier à l’antisémitisme. Sa réaction montre encore une fois les claires intentions de la clique au pouvoir dans ce pays: continuer à morceler peu à peu la Cisjordanie afin de, tôt ou tard, l’annexer en partie, quitte à déplacer en masse les Palestiniens.

Et il ne faut pas se leurrer. Israël a déjà transformé la Palestine en peau de léopard, avec des colonies disséminées sur tout le territoire (sauf Gaza) qui réunissent quelque 500 000 personnes et constituent pour certaines de véritables villes.

Ainsi, si la résolution de l’ONU – qui réaffirme l’attachement de la communauté internationale à la solution de deux Etats séparés – est la bienvenue, elle apparait comme bien tardive.  Et même hypocrite: car ni les Etats européens membres du Conseil de sécurité, ni les Etats-Unis n’ont la moindre intention d’exiger réellement le démantèlement de ces complexes urbains israéliens. Encore moins d’adopter des sanctions contre Israël afin de le contraindre à rétablir une unité du territoire palestinien nécessaire à la création du nouvel Etat de Palestine.

Quand à la solution d’un seul Etat laïque et démocratique pour les deux peuples sur l’ensemble du territoire Israël-Palestine, pas grand monde n’ose l’envisager. A l’aune de cette impasse, les Palestiniens restent les dindons de cette farce de Noël.

Le Courrier

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