L'assassin revient sur les lieux de son crime
Interrogé par le Figaro, le ministre de la Défense Le Drian parle de « dégradation de la situation sécuritaire en Libye ». C'est peu dire ! Trois ans après l'intervention des armées occidentales, les bombardements, l'armement des différentes milices combattant Kadhafi et l'élimination de ce dernier, le pays est plongé dans le chaos.
Des bandes armées se disputent les villes et les régions.
Les fronts semblent se déplacer suivant que les différents sponsors de ces bandes, services américains, monarchies du Golfe, militaires égyptiens, etc., arment plus ou moins bien leurs sinistres poulains. Des envoyés de l'ONU n'ont pu que constater des faits de séquestrations, enlèvements, tortures, assassinats, à l'encontre de civils terrorisés. Des avions sans immatriculation bombardent de temps à autre les positions des uns ou des autres, des hélicoptères inconnus débarquent des hommes armés, les routes sont hérissées de barrages où on rançonne et on tue.
Le Drian sait bien que ce sont l'aviation et la marine françaises qui ont commencé à bombarder la Libye en 2011.
Il sait aussi que les premières milices furent équipées, voire encadrées, par des « conseillers » français, britanniques, américains. Comme il sait que les énormes stocks d'armes disponibles en Libye furent achetés, en son temps, par le dictateur Kadhafi auprès des industriels occidentaux, dans des marchés préparés et bénis par les gouvernements des « grandes démocraties ». Il sait aussi, pour l'avoir approuvée, que l'intervention de 2011 était une vitrine pour les marchands de canons français. Sarkozy a fait donner les Rafale et autres Mistral, Hollande et Le Drian finalisent les contrats, les Libyens servent de chair à canon de démonstration et sont plongés dans un enfer dont ils ne voient pas la fin.
Aujourd'hui, le chaos est tel qu'il risque, selon Le Drian, d'avoir des conséquences hors des frontières libyennes. Le ministre parle donc d'une nouvelle intervention, terrestre cette fois-ci. Il s'agirait d'étendre « vers la frontière libyenne » le dispositif militaire français déjà présent au Mali, en Centrafrique et au Tchad. Pour financer ce supergendarme sous direction française, il voudrait obtenir l'accord et l'aide des États africains, de l'ONU et des autres grandes puissances. On voit le résultat : de l'Afrique centrale au Moyen Orient et à la Libye, les interventions militaires impérialistes ne font qu'accroître le chaos. Le Drian ne demande qu'à continuer.
Paul GALOIS
http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2406&id=43