Une grande mobilisation pour la sécurité des réfugiés palestiniens à Damas s’organise, après leur évacuation
Ramallah — Manifestations, appel de personnalités, déplacement à Damas d’un dirigeant de l’OLP : les Palestiniens se sont mobilisés lundi pour le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk en Syrie, pris en étau entre les troupes syriennes et le groupe État islamique.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a en outre réclamé que les agences humanitaires puissent avoir accès aux milliers de Palestiniens bloqués dans le camp afin qu’ils puissent être évacués en toute sécurité.
Un haut cadre de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Ahmed Majdalani, a expliqué à l’AFP être en route pour Damas pour discuter avec des responsables du gouvernement syrien des « moyens d’offrir une protection à notre peuple à Yarmouk ». « Le gouvernement est la partie principale, c’est lui qui est responsable de la sécurité en Syrie et qui est concerné dès lors qu’il s’agit de protéger le camp », a-t-il estimé.
Camp assiégé
L’OLP a appelé « tous les mouvements à se mettre d’accord immédiatement pour protéger le camp des tentatives d’en faire un champ de bataille ». Elle rappelle en outre « l’obligation d’éloigner les civils via des couloirs sécurisés et d’autoriser l’entrée immédiate d’une aide humanitaire et médicale d’urgence ».
Cet appel a été soutenu par les mouvements présents à Gaza — des islamistes à la gauche — qui, dans un communiqué commun, ont demandé à « s’accorder avec la délégation de l’OLP sur une position commune pour tenir les camps à l’écart [du conflit] et ne pas interférer dans les affaires syriennes ».
L’OLP a organisé ces derniers jours l’évacuation de 2000 personnes de Yarmouk, qui comptait encore la semaine passée quelque 18 000 habitants. Assiégés depuis plus d’un an par l’armée syrienne, les habitants de ce camp situé à environ sept km du centre de Damas souffrent de pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments.
Selon M. Majdalani, c’est parce que son emplacement aux portes de la capitale est « stratégique » que le groupe EI tente de le prendre « pour y installer des bases d’où il peut lancer ses attaques ». Mais, a-t-il prévenu, « nous ne voulons pas que notre peuple paie le prix d’une bataille qui n’est pas la sienne ».
Le groupe armé État islamique a lancé mercredi une offensive sur le camp avec l’aide de djihadistes du Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Ils en contrôlent désormais une grande partie après plusieurs jours d’affrontements contre des combattants palestiniens, qui ont fait une trentaine de morts.
Dans le même temps, l’armée syrienne a renforcé son siège autour de Yarmouk et mène des raids aériens réguliers sur le camp, dans lequel elle n’est jusqu’ici pas entrée.
Manifestation
Dans la bande de Gaza, des dizaines de personnalités politiques, dont les députés du Hamas, se sont rassemblées devant le Parlement pour demander aux belligérants d’arrêter immédiatement les tueries. Il faut que Yarmouk « soit un lieu neutre, à distance de la folie de la guerre », a lancé Mohamed Faraj al-Ghoul, un dirigeant du mouvement islamiste.
Dans le même temps, une centaine de femmes ont manifesté devant un bureau de l’ONU à Gaza pour, selon une participante, « lancer un appel aux pays arabes et à l’ONU pour qu’ils aident Yarmouk ».
Des jeunes Palestiniens ont également bloqué l’entrée de la Croix-Rouge à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël. Sur la porte qu’ils ont cadenassée, ils ont accroché des pancartes de soutien aux habitants de Yarmouk abandonnés selon eux par la Croix-Rouge, a rapporté un photographe de l’AFP
7 avril 2015